Mais qu'est ce que je faisais en ces lieux? Tout ce que je me rappelais, aussi loin que je m'en souvenais, était une sorte de maelström, comparable aux expérience de vision intérieure que j'avais pu vivre sous l'effet de narcotiques, par le passé. Et je m'étais ainsi retrouvé ici, parmi beaucoup d'autres, incapable de me mouvoir d'aucune sorte, ne pouvant qu'assister à la farce dont les Dieux Jumeaux étaient les instigateurs, ne pouvant même protester. Que pouvions nous face au pouvoir d'un dieu? Si j'avais pu en terrasser un, et un de leurs enfants démoniaques, peut être arriverais-je à bout de ces deux là...pensée complètement hallucinante, tant la puissance de ces êtres terrifiant nous écrasait tous. Tous? Oui, je pus voir autour de moi le visage des autres otages, et cela m'emplis d'horreur. Des visages connus, d'autres non, mais chaque personne, chaque combattant avait en commun une armure, une cuirasse, un cadeau des dieux. Nous étions donc tous compris dans le même panier de crabes, même si je ne pouvais précisément dire qui servait quelle divinité.

Comment protester, lorsque l'on se retrouve feuille au milieu d'une rivière? Le sol se déroba sous mes pieds et je tombais d'une chute sans fin. Atteignant finalement le sol, dans une gerbe de poussière, je me relevais prestement, aux abois, prêt à en découdre. Qui était mon partenaire d'équipe? Le vice de ces monstres était sans borne, aussi redoutais-je le pire. E c'est quand je vis la chaine de cosmos se matérialiser autour de mon cou, et que je suivis le trajet luminescent qu'elle dessinait en se formant, que je trouvais mon binôme. Une masse imposante de métal, deux yeux froids comme la mort, une aura glaciale, le constat était sans appel. J'eus pu le prendre pour un combattant du Nord, n'était-ce l'aura qui l'accompagnait dans chacun de ces gestes, résonnant des cris d'innombrables combattants se ruant à la bataille, l'écho des armes s'entrechoquant, de la chair contre la chair. J'avais entendu les récits, au Sanctuaire, parlant de nos assaillants, qui par deux fois avaient tentés de nous submerger. Si ils coïncidaient avec ce que j'avais en face de moi, alors l'un des seigneurs de guerre des Berserkers le faisait face. Rien n'était sûr, mais trop de choses concordaient, néanmoins. Nulle doute que la confirmation arriverait très vite.

Et alors que je tournais la tête, cherchant les ennemis annoncés par le discours de Thanatos et d'Hypnos, je restais sous le choc: nul autre qu'une personne connue me faisait face. Une personne ayant donné sa vie pour moi, dans un sursaut de courage et de générosité qui m'avait marqué à vie. Le chevalier du Dragon se tenait face à moi, paré de son armure, véritable Bouclier du Sanctuaire. A ses côtés, un autre inconnus, dont l'armure ne laissait cependant pas non plus de place au doute. Ces crêtes, cette couleur, j'avais en face de moi un général de Poséidon, j'en aurais mis ma main au feu. Nous étions donc dans un schéma typique, un destin tragique, fidèle à ce que je redoutais. Les Jumeaux avaient décidé d'épicer le tout en forçant des alliés à combattre, pactisant avec leurs ennemis jurés pour corrompre leurs esprits. Qu'avaient-il dit, déjà? Tout manquement aux règles serait sévèrement puni. Nul besoin de tester la véracité de ces propos.

Mon nom est Antares, Gold Saint du Scorpion. Nous sommes aujourd'hui plus que jamais les jouets des dieux, semble-t-il, quoique, dans la situation actuelle, les Saint d'Athéna soient les plus touchés par le dilemme qui se pose à nous. Vous combattrez-vous, messieurs?

Puis, me tournant vers le Dragon.

Shaokan! Autrefois, tu n'as pas hésité à te jeter face au danger, pour ma sécurité. Tu m'as offert ton bras protecteur, face à un rejeton des dieux anciens. Je n'ai pas oublié cet acte. Sur ma foi, je ne te toucherais pas!

Pouvais-je même m'abaisser à un tel acte? Car si les Dieux infâmes nous avaient réuni ici, peut être avions nous une chance de pouvoir les atteindre, au sortir de cette bataille. Serait-ce assez, alors que nous devions lutter contre des adversaire déjà dotés d'une puissance phénoménale? Je n'osais y penser. Restait à savoir qui je considérais comme le plus apte à aller leur porter un coup. L'avenir était maitre de ce qui allait se passer.

Cela ne signifie pas pour autant que je ferais de cadeau à quiconque s'en prend à moi...Vous autres, je ne vous connais pas. Mais une chose est sûre, cela ne saurait tarder. Sachez que je ne vous lâcherais rien.

« C’est quoi cette décoration pourrie ? »

Alors que les diverses Chevaliers ci-présents se demandaient ce qu’ils faisaient en ces lieux, Shaokan se permit de faire une pointe d’humour extrêmement mal placée, comme il savait si bien le faire. Lui-même avait été surpris d’atterrir là… D’autant plus le jour où il avait décidé de se reposer un peu de tous les combats qu’il venait d’enchainer. Vraiment, la situation ne pouvait pas plus mal tomber. Jetant un coup d’œil aux alentours, tout en s’abstenant de commenter la « beauté » des lieux, le Chinois se rendit compte qu’il connaissait une bonne partie des « élus ». Sokaris, Hannon & Antares furent les trois seuls Saints que reconnut le Dragon. Pour le premier, il faisait partit des premières personnes qu’a rencontré l’oriental en arrivant au Sanctuaire et, à l’époque, il n’était qu’un Silver Saint. Le découvrir en Gold fut donc une surprise pour Shaokan.

Le second avait tout simplement combattu le Bronze et avait permis à Shaokan de découvrir plus de choses concernant ses pouvoirs et ses limites. L’affrontement face à Hannon du Verseau fut un véritable enseignement et le Dragon ne peut que lui en être redevable. Quant au dernier… Antares du Scorpion. En le voyant, le chinois lâcha un sourire amical. Antares… Le mentor de son meilleur ami, Elias du Phénix. Et, plus important encore, l’homme qu’il n’avait pas hésité à sauver la vie en dépit de la perte de l’intégralité de son armure. Ce jour-là, lorsqu’il avait bravement encaissé le coup tout en protégeant le Gold Saint, Shaokan avait involontairement créé une sorte de lien entre le Scorpion et lui. Plus qu’un des douze hommes d’élite d’Athéna ou une personne dont il a sauvé la vie, le Mythique le perçoit comme l’un de ses rares amis, avec le Phénix et la Vierge.

Par la suite, l’attention de Shaokan se porta sur une personne à la chevelure longue et flamboyante et portant une Cloth qu’il ne connaissait que trop bien, pour le rôle qu’elle a joué tout au long de son existence : le Saint du Lion. Ainsi donc, était-ce cette personne qui a succédé à Trifos, Hélios et les deux autres mécréants qui ont porté cette armure… Le Dragon se devait d’en savoir plus sur cet inconnu mais l’occasion était mal venue.

En effet, deux types vinrent les rejoindre, à tour de rôle et leur fit un speech avant de les laisser tous tomber dans une immense faille. Tournoi, s’amuser, combattre. Ce fut les seuls mots qui restèrent dans l’esprit de Shaokan qui ne vit aucun inconvénient à cela. En soit, ces deux gars, bien qu’un peu étrange, ont l’air plutôt sympathique… Du moins, le cru-t-il.

En arrivant sur son « aire de combat », quelle surprise fut de constater qu’il était l’allié d’un Marina, répondant au nom de Kryo, et que l’un de ses ennemis n’était nul autre que son ami, Antares. Sur ce coup, il ne put s’empêcher de maudire intérieurement Hypnos & Thanatos, ces derniers devant se réjouir de la situation. Le savaient-ils pour le sacrifice du Dragon ? Très certainement. De plus, la chaîne de Cosmos enroulée autour de son bras droit et le reliant au Général des Lyumnades l’intriguait. Etait-ce là un moyen de connaître la possible trahison d’un Chevalier par rapport à ce « règlement » ? Ou bien lie-t-il le destin des deux protecteurs divins devant combattre main dans la main ? Il n’en savait rien et cela l’inquiétait, pour une fois. Mais sa plus grande inquiétude provenait du Cosmos de l’allié d’Antares… Il était grand, dense et immensément oppressant. Aucun doute possible sur son niveau : il était l’égal d’un Gold au minimum, tout comme Kryo et Antares. Trois Gold et un Bronze… Shaokan ricana légèrement, voyant là une « punition » de la part des Jumeaux suite à sa remarque quant à la décoration des lieux. S’approchant de Kryo, les paroles de l’homme lui rappelèrent certains souvenirs qui l’avaient aidé lors de sa quête il y a plusieurs mois de cela.

« Une sœur, hein… Je vois. Bien que nous soyons ennemis, tu m’as l’air de quelqu’un de juste Kryo des Lyumnades. Pour la retrouver, nous sommes dans l’obligation de vaincre nos adversaires. Et, t’en doutes-tu déjà, je ne peux frapper Antares. Il est mon allié, mon ami… » déclara Shaokan, juste avant de reprendre tout en regardant Antares. « … Mais il serait surtout stupide de ma part d’abattre un homme pour qui j’ai sacrifié ma Cloth par le passé. Je ne t’attaquerai pas. Je n’ai pas envie de découvrir quel genre de surprise l’on peut avoir si on ne joue pas le jeu de ces deux types… »

Il reprit alors sa marche, de manière à se placer face au quatrième homme, un Berserker semblait-t-il. Quel genre d’homme était-ce ? Shaokan avait-il une chance de le vaincre, seul ? Pour la première fois de sa vie, le Dragon en doutait sérieusement. Mais qu’importe, il se devait d’essayer.

« Antares ! J’espère qu’en tant que Gold Saint, tu auras suffisamment de force pour terrasser ce Berserker, une fois que tu auras vaincu Kryo. En attendant… Je me ferai un plaisir de le retenir pour toi ! » annonça-t-il à son ami, tout en prenant son habituel posture de combat.

Une fois encore, un redoutable adversaire se dressait sur la route du Leader des Mythiques. Un Géant, un Gold Saint et à présent, un Berserker ayant le niveau d’un Gold Saint… Que des adversaires impressionnants jusqu’alors… A croire que le Bronze était un Chevalier intéressant les grandes forces de ce monde. Peut-être Hannon avait-il raison… Peut-être que le potentiel de Shaokan était bien plus grand que tout ce qu’il pouvait imaginer. Si ces dires s’avèrent être véridiques, alors… Le Dragon ne pouvait qu’être empressé de voir la puissance qu’il aurait le jour où il atteindra le sommet, le jour où son Cosmos dégagera la même intensité que celles de ses homologues ci-présents…

Chacun avait ses raisons de ce battre. Chacun avait des choses à défendre, sauf peut être mon partenaire, qui lui n'avait d'autre intérêt que le conflit dont il portait le nom. Si je ne portais pas dans mon cœur les séides des autres dieux, je devais par ailleurs admettre que les deux personnages qui nous accompagnaient, le Dragon et moi, avaient un certain sens de l'honneur. Nous étions fixé sur le rôle qui nous était attribué, et je ne voyais aucune raison de ne pas commencer les hostilités. Me tournant vers la chose qui s'était auto-proclamé Guerre, je hochais la tête, le visage impassible.

Soit, chacun connait donc son adversaire. Général des Lyumnades, sache que je respecte tes raisons de combattre. Cela fait deux fois que je rencontre un Général de Poséidon avec un sens de l'honneur, et cela ne rend ce combat à venir que plus intéressant.

Le premier, à mon grand regret, m'avait vaincu, alors que la si fragile alliance que nous avions alors créé pour combattre le géant volait en éclat, sous l'impulsion de la Vierge farouche. J'espérais alors ne pas subir le même sort, encore une fois. Ma priorité était de vaincre mes adversaires, afin de pouvoir toucher nos deux maitres de cérémonie, et le jeune homme en face de moi m'en empêchait. Pris entre le marteau et l'enclume, nous n'avions d'autre choix que de mettre nos appréhensions de côté, et de tout donner. Même si je m'offrais la liberté de tenir mes engagements face au Dragon. C'était mon seul pied de nez aux Dieux, la dernière volonté du prisonnier. Finissant de me préparer en mon for intérieur, je raffermis ma volonté, appelant à moi le courant bouillant du Sang du Scorpion. J'avais encore une fois l'occasion de frapper les ennemis de la déesse qui, même sous l'aspect de ce jeune garçon, représentaient un danger réel.

A mes côtés, l'armure mobile laissa déferler son énergie spirituelle, refroidissant considérablement la température ambiante. Ne disait-on pas que les guerriers se perdaient dans le feu de la bataille? Si feu il y avait, il était de glace, puisque le représentant de cette ignominie en maitrisait les arcanes. Il ne tenait qu'à moi de repousser les effets néfastes d'une telle énergie dégénérée. Au fond de mon cœur, la bête rugit, laissant le feu se déverser dans mes veines. Mon corps tout entier engloutit dans ce brasier intérieur, je laissais l'atmosphère se réchauffer, combattant le froid, provoquant des courant ascendants et descendants. A nous deux, nous pouvions provoquer tempêtes et cyclones, catastrophes et fin de vie. Il fallait donc que ce combat se termine au plus vite.

Shaokan, fais moi plaisir. Brises la coquille de ce crustacé, pour voir quel mollusque en sort. Marina, quant à toi, je te promets de te laisser revoir ta sœur au plus vite. Et d'en finir avec ce jeu, en outre. Scarlet Needle!

L'avenir me dirait si l'amure sur pattes prenait ombrage de la remarque - qui avait été formulée à ce simple but. Vif comme l'éclair, je frappais de mon doigt tendu, alors que le scorpion semblait me précéder, fondant sur sa proie pour l'enserrer de ses pinces. Mon coup était net, précis, puissant. Je ne ferais pas dans la demi-mesure, plus, du moins. Ce garçon avait choisi le mauvais camp, et s'il possédait certaines qualités, son appartenance à l'armée d'un destructeur en faisait un ennemi. Le mal pouvait prendre tant de forme, pour nous perdre...Repensant aux paroles d'Arsiesys, à ce propos, j'affermissais mon esprit, laissant la colère prendre le dessus. Il valait mieux laisser au plus vite le Scorpion prendre les commande et me baigner de son ire rédemptrice, que de douter, une fois de plus. La place n'était plus à la charité, puisque je défendais les miens. Et je comptais bien ne laisser aucun répit que ce soit à celui que je considérais avec méfiance. Les marinas m'avaient déjà par deux fois causé du tord, et il valait mieux les balayer plutôt que d'attendre sagement la vague.

Étonnamment, les quatre Chevaliers parvinrent à trouver un accord entre eux, bien qu’indirect. Chacun refusera de se battre contre son équipier mais contre aussi son allié de base. En soit, ils allaient se livrer deux duels : Kryo contre Antares et Shaokan contre Guerre. Des quatre, le Cosmos du chinois était de loin le plus faible, devant sans aucun doute satisfaire le Berserker. Affronter un Bronze Saint pour lui devait être une victoire facile, un combat où il ne se foulera pas trop. C’est mal connaître l’oriental. Son combat contre Hannon lui a fait comprendre certaines choses sur sa façon de combattre, sur sa force. Et s’il y avait quelque chose qu’il avait compris, c’était qu’il pouvait tenir tête à un Or mais qu’il se doit de mieux contrôler la Colère du Dragon. Et d’après le Verseau, le Bronze d’Athéna devra en plus maîtriser le pouvoir du Septième Sens afin de devenir un réel danger pour un Gold Saint. Du moins, c’est sa vision des choses…

Guerre ne tarda guère à laisser son Cosmos jaillir de son être et laisser sa signature se répandre dans l’air. Tout devint plus difficile pour le Mythique : respirer, tenir debout, se mouvoir. Tout lui paraissait lourd. Mais il ne flanchait pas. Après tout, ce n’était pas un amateur qu’il allait s’apprêter à défier et, provenant de quelqu’un dont le Cosmos était aussi proche de celui du Scorpion, ce n’était guère étonnant. De plus… En résistant à cette énergie et en supportant celles de Kryo et d’Antares, Shaokan n’en sortira que plus fort. Il en était formellement convaincu. La pose de combat déjà engagée précédemment, le Saint du Dragon se doutait que le serviteur d’Arès ne tarderait pas à ouvrir les hostilités : aussi, fut-il important de le devancer. Et avant de se jeter à corps perdu sur cet ennemi d’Athéna depuis que la Guerre Sainte a repris, il se devait de trouver une sensibilité à son ennemi. Une faille, qui lui permettra d’exploiter ses pouvoirs à plein escient.

Mais cela releva de l’impossible et tout cela à cause d’une unique chose : la cuirasse du Berserker. La protection qu’elle lui offrait semblait intégrale, à l’instar d’Antares. A l’inverse, hormis son bouclier, ses gantelets, son torse et quelques parties diverses de son corps, le Dragon laissait de nombreuses ouvertures à son adversaire. En revanche, Shaokan remarqua la présence d’une épée lourde sur le guerrier d’Arès et cela lui fit lâcher un sourire d’une arrogance déconcertante, comme il savait si bien les faire. Une arme hein… Certes, lui qui était fidèle à Athéna voyait là une marque de faiblesse de la place de son antagoniste mais au-delà de ça, il songea surtout à la réputation de sa Cloth : sa défense et, plus particulièrement, celle de son Bouclier. En aucun cas, il ne fut inquiété par la massive arme de Guerre : le Bouclier du Dragon a su se montrer invulnérable face au terrible coup du Géant Zugilos, ce n’était pas l’épée d’un Homme – Bien que semblant provenir de la cuirasse elle-même, à l’instar du Saint de la Balance – qui allait l’inquiéter.
Cependant, il n’en restait pas moins une dangereuse personne. Se doutant qu’il devra combattre avec toutes les forces dont il dispose, l’oriental laissa volontairement la marque du Dragon s’intensifier, laissant émerger une mince aura de Cosmos émeraude tout autour de son corps.

« Je parie que certains de mes compagnons Saints pleurent du fait de combattre telle ou telle personne et qu’ils ne l’auraient pas fait en temps normal. Sache une chose me concernant : tournoi ou non, je me serai fait un plaisir de te coller mon poing en pleine gueule. D’une part, pour Athéna. D’une autre part, juste pour le plaisir de voir ma puissance s’agrandir en affrontant encore quelqu’un aussi puissant qu’un Gold Saint… Que la fête commence, Guerre ! »

Les derniers mots d’avant-bataille échangés, Shaokan s’élança soudainement vers son adversaire, fondant droit sur lui à une vitesse folle. Sans doute s’en était-il déjà rendu compte, mais son combat contre le Verseau ne semblait pas seulement l’avoir rendu plus fort et meilleur dans la maîtrise de son Cosmos : sa vitesse avait elle aussi évoluée. Fermant le poing droit et préparant son bras à délivrer un fulgurant coup avec ce même poing, l’aura enveloppant cette partie de son corps gagna en épaisseur, au point qu’une tête de dragon de Cosmos se forma au niveau du poing du jeune Saint. Voilà fort longtemps qu’il n’a plus utilisé l’attaque signature de son armure, l’estimant trop faible ou mal adapté face à tel adversaire. Mais là, face à un homme comme Guerre, il y avait difficilement d’autres alternatives : pour battre ce colosse, briser sa cuirasse s’avérait être quelque chose de décisif. Et quoi de mieux que le meilleur coup de poing du Saint pour espérer obtenir ce résultat ? Bien qu’il se doute qu’il ne l’aura qu’à l’usure…

Tout se mettait en place, tel des joueurs plaçant leurs pions sur un échiquier, tel des épéistes affûtant leurs armes avant de combattre. Une entente tacite semblait avoir émergée mais ô combien fragile, qu'adviendra t'il dès lors que le premier couple aura atteint ses objectifs ? Qu'adviendra t'il lorsque ceux qui avaient promis de ne pas se combattre seront debout au milieu de l'arène ? Succomberont t'ils aux désirs des dieux ou bien se dresseront ils fassent à leur volonté ?Il y'avait beaucoup trop de questions et d'inconnues pour que Guerre puisse trouver la sérénité qu'il appréciait tant. C'est ainsi que une telle situation lui laissait un goût étrange dans la bouche, où se mélangeaient ces sensations d'inconforts et d'excitation, car il ne fallait pas se leurrer le Cardinal était tout émoustillé par un tel coup du sort.
Ils se retrouvaient à se battre dans une arène, pour le plaisir de spectateurs cruels, les alliés se retrouvant face à face dans un combat qui s'annonçait des plus effroyables. Pour être honnête, Guerre était jaloux, il s'en voulait de ne pas avoir imaginé une telle œuvre lui-même.

Les paroles du Marina le laissèrent perplexe, faisant jaillir en lui l'ultime curiosité de voir si le garçon allait venir s'en tenir à ses propres termes ou bien s'élever contre les dieux. Une telle option le faisait saliver, un combat magnifique contre des adversaires surpuissants avec cette féroce autosatisfaction d'avoir défié une fois de plus l'autorité. Après tout, qui pouvait se prétendre capable de museler la Guerre selon sa propre volonté ? Seul Arès y était parvenu, et c'est pour cela qu'il possédait le luxe de l'avoir elle et ses soeurs : Famine, Pestilence et Mort à son service. Dussent ils arriver jusqu'à un tel choix, le Général se promit de faire son possible pour s'attirer son homologue dans son sillage pour faire face aux divinités.

Les hostilités ne tardèrent pas à éclater ainsi que les Cosmos dont le sien ne fut au final qu'un précurseur. Les énergies fusaient de partout, chacune cherchant à prendre le dessus sur les autres ou à envahir le plus de volume. C'était là tout ce qu'on pouvait attendre à entasser des êtres aussi puissants dans un lieu aussi étroit, libérez les fauves et observez quel est le dernier debout. Le Scorpion et le Marina s'étaient lancés à la gorge l'un de l'autre, tandis que son ami l'ambigu semblait vouloir s'en prendre en lui, comme il l'avait laissé entendre. Tous avaient le défaut de trop parler, défaut de caractère que Guerre peinait chaque jour à supporter un peu plus, comme si chaque acte nécessitait d'être commenté, chaque atout exagéré ou comme si chaque parade effectuée avec succès devait forcément être le sujet d'une raillerie lancée à son adversaire.
Le Dragon joignit prestement le geste à la parole et ce fut un redoutable poing de Cosmos à l'image de son Totem qui filait vers le Général des Flammes. Trop rapide pour être contré, Guerre n'eut d'autre perspective que de voir le métal de sa Cuirasse s'enfoncer sous l'impact alors que ses pieds quittèrent le sol. L'énergie de son adversaire était étonnamment agressive et le Général fit aussitôt appel à son propre Cosmos pour repousser l'éther parasite qui tentait d'entraver ses propres mouvements. Une telle attaque n'avait rien d'anodin, comme il aurait été fortement préjudiciable de penser le contraire. Entouré d'une bulle dense et protectrice pour déjouer toute tentative homologue le temps de sa chute, Guerre se ramassa sur le sol dans une position accroupie accompagnée d'un fracas de métal si l'on considérait un instant le poids de l'armure qui venait d'être violemment rappelée aux dures lois de la gravité.

- Jarma Käan.


Il aurait été fâcheux que la libération énergétique précédente était là une marque de frime de la part de l'émissaire d'Arès, c'était simplement une "levée de verrous". La puissance du Cardinal commençait à poindre le bout de son nez, de manière beaucoup plus modeste et moins massive que précédemment. C'était d'abord une recrudescence de l'éclat cyan de ses yeux, puis une perturbation de l'atmosphère, une détonation sourde et quasiment muette, mais qui n'était pas sans dégager une onde de choc muette, ou chaque atome semblait bouleversé le temps d'un instant par le Cosmos de Guerre. Ce dernier se renforça, et une perception habile des signatures énergétique n'aurait pas manquer de remarquer que ce dernier avait une tendance à "s'effilocher", comme pour prendre la forme d'une nuée de tentacules au diamètre plus ou moins fin. De tels appendices ne tardèrent pas à claquer dans les airs avant de s'étendre de toute leur longueur pour venir frapper et s'enrouler autour du Dragon.

Esquiver un tel assaut défiant les lois de la physique était à la portée de peu de personnes, et si par malheur Guerre parvenait à atteindre son adversaire ses filaments d'éther devenaient conducteurs et catalyseurs de son Cosmos maudits. Le froid devenait plus violent, plus envahissant, allant au delà de la chair, au delà des os, et forçant les barrières de votre âme. Peu importe qu'il parvienne à violer un tel saint des saints, puisqu'aussi loin qu'il parviendrait à s'insinuer, c'était autant de profondeur à partir de laquelle il pouvait diffuser son Cosmos parasitant pour handicaper autant qu'il pouvait son adversaire.

D'un geste vif, il fit poindre sa longue et interminable lame à deux mains au creux de sa paume puis s'élança droit sur son opposant, pour tenter de le sectionner net d'un puissant coup de taille. Voila qui allait lui permettre de jauger son adversaire ...

Nous avions tous accepté les termes du contrat qui nous liaient. Et, bizarrement, au milieu de cette arène dégénérée, créée pour assouvir les fantasmes malsains de deux êtres qui n'auraient du perdurer, l'honneur y trouvait sa place. Le jeune Kryo me prouvait que Marina et droiture ne divergeaient pas forcément, et j'avais même peine à comprendre comment il avait pu se retrouver à combattre pour le Seigneur des Mers. Ce ne fut que lorsque j'avisais la faux, issue de cauchemars qui pouvaient hanter certains hommes, que je compris que quelque chose clochait sous ce vernis. Qu'importe, déjà je frappais, mon coup seulement dévié de quelques centimètres par l'arme du garçon. C'était suffisant pour y distiller le poison du Scorpion, le paralysant quelque peu pour le compte. Cela ne l'empêcha tout de même pas pour réagir, appelant à lui son énergie cosmique, qui chargea l'instrument honni, lui conférant une teinte marine. Le couperet tomba, oblique, cherchant à me traverser de part en part. Je bandais mes muscles, prêt à parer la lame de mes avant bras couverts d'or, croisés pour maintenir l'arme en l'air, et m'assurer une prise dans l'éventualité où cela ne me brisait pas les poignets. Le choc fut rude, l'arme crissant sur mes plaques de métal précieux, mais plus rude fut encore l'amer constat que je fis, lorsque je découvrais le vrai potentiel de l'arcane qui m'avait été lancée. Pure ombre, une image rémanente de la faux traversa mes poignets, pour ensuite venir me frapper de plein fouet. Je n'avais en tout et pour tout été capable que d'arrêter la manifestation "physique" de l'assaut dont j'étais la cible.

Je reculais, touché en mon for intérieur plus qu'en ma chair. Piqué au vif, le Scorpion s'anima, déversant la fureur dans mes veines. J'étais de nouveau revenu à cet état de lucidité précaire, ou plutôt "dirigée", comme si la colère rouge que me procurait le sang de la Bête ne me laissait qu'entrapercevoir que les éléments qu'il daignait me faire parvenir. Ma main se crispa, les doigts cherchant un contact avec une quelconque vie. Était-ce là les effets du coup que j'avais reçu? Mon énergie en était toute chamboulée, comme si les différents canaux la conduisant s'étaient emmêlés, dirigées vers l'intérieur pour m'exploser, telle une bombe humaine. Je n'étais qu'une bête blessée, à cet instant, cherchant la protection, l'assurance d'une survie. C'est instinctivement que je frappais, enfonçant mes doigts dans ce corps pour en extraire les fils de vie, et me nourrir de cette jeunesse fraiche, avide d'en goûter la nouveauté.

Je ne constatais qu'alors l'identité de mon ennemi, ne comprenant trop tard que mon erreur.

Elias, c'est toi? Mais je ne t'ai pas vu dans la foule, je...

Était-ce là une illusion? Toujours est-il qu'elle fonctionnait, distillant le doute dans mon esprit, calmant le Scorpion, rienn qu'un instant qui sembla durer une éternité. Puis, comme surgissant du néant, le rugissement de la Bête revint à la charge, emplissant mes oreilles. Peut-être réagissait-elle au contact pernicieux de mon partenaire, ce Guerre que je ne voulais voir. En tout les cas, j'avais retrouvé ma combattivité, balayant d'un revers de mon autre main cette représentation de mon élève.

Hors de ma vue, démon! Tu n'es pas le Phénix!

Ma main tremblait, malgré tout. Le Scorpion avait bien aidé, mais le doute restait là. Machination des dieux, illusion du Marina? L'avenir me le dirait. L'instant présent, quant à lui, m'intimait d'en finir au plus vite, si je ne voulais pas m'étioler comme la soie d'une araignée sous l'effet du vent. Ce combat grotesque n'avait pour but que de nous pousser dans nos retranchements, nous montrer la futilité de notre combat, de notre puissance, et je devais avouer que l'argument était marquant.

Il s’était douté que son attaque ne briserait pas la coquille du Cardinal mais jamais il n’aurait pensé envoyer bouler de la sorte quelqu’un de sa carrure. Le regard sombre, Shaokan fut légèrement irrité que les crocs du Dragon n’aient pu se refermer correctement sur le corps du Berserker et ainsi entraver, un court laps de temps, sa force physique qui, si elle était à l’image de sa corpulence, semblait colossale. Fronçant les sourcils, l’oriental se questionna quant à ce que pouvait bien être Guerre : cet homme n’était pas normal, ne ressemblant à aucun autre Chevalier que le Bronze a pu rencontrer durant ses vingt-deux années d’existence. Qui était-il au juste ? Etait-ce réellement un Humain ou la réincarnation d’un de ses Dieux ayant juré de tuer la fille de Zeus ? Ou était-ce une abomination, comme les Géants ? Le doute se faisait de plus en plus grand et le fait que le serviteur d’Arès se relève, sans exprimer la moindre émotion, le moindre son différent d’un frottement de métal fit penser à Shaokan que son ennemi n’avait rien de commode. Il ne pouvait être qu’une abomination, animé que par le sang, le chaos et la destruction. Enfin un adversaire qui allait intéresser et effrayer le chinois à la fois : jusqu’à présent, tous ses ennemis portant une Cloth avaient démontré de l’humanité, des « bons » sentiments. Mais se retrouver face à une personne qui semblait dénuée de tout sens moral… Très intéressant.

Foudroyant du regard Guerre, Shaokan senti cependant l’atmosphère changer soudainement. A nouveau, l’Abomination avait laissé bouillir son Cosmos mais cette fois d’une manière très différente. Il semblait mieux contrôler qu’auparavant… A tel point qu’il prit une certaine forme, ressemblant à d’étranges liens, d’une épaisseur variante, et ne cessa de se multiplier jusqu’à ce que l’ensemble des « tentacules » de Cosmos vienne sur le Dragon. Ne pouvant faire quoique ce soit devant la vitesse déployée par l’énergie du Berserker, Shaokan se vit dans un premier temps ligoté, par les bras et les jambes, avant d’encaisser plusieurs coups de fouet, aussi bien sur le torse que sur le visage. Il ignorait s’il trouvait cette attaque pas assez douloureuse à cause de son aspect, de son armure ou bien de l’entraînement rigoureux dont son physique a été exposé lors de sa formation en tant que Saint mais une chose était sûre : dans le genre humiliation, la technique de Guerre excellait.

Totalement à la merci du Berserker, le Bronze Saint chercha à se libérer, en vain. Forcé de constater qu’il ne pouvait que se déplacer et ce, de manière extrêmement limité, Shaokan estima que le guerrier d’Arès a su rapidement comment contrer son antagoniste suite à son premier assaut. Cependant, un bruit de craquement fit comprendre au Dragon à quel point cet atout de Guerre était dangereux ; pivotant sa tête sur sa droite, le Chevalier remarqua l’apparition d’une première fissure sur sa Cloth au niveau de son gantelet. Pour que son armure soit en train de s’effriter, il n’y avait que deux solutions possibles : subir un choc violent, ce qui n’a guère été le cas ou bien soumettre une température d’au moins cent-cinquante degrés Celsius à la Cloth… Et ce détail était plus que probable, d’autant que le Saint se souvint des premières sensations qu’il avait ressenti lorsque l’Abomination avait relâché, sans limite, son Cosmos. Ainsi donc, était-il un manieur de la Glace, à l’instar d’Hannon ? Intéressant… Mais pas dans un sens positif. Connaître cette information changea alors les objectifs initiaux de Shaokan et Antares ne devrait en être que plus satisfait. Ralentir son ennemi en attendant l’intervention du Gold Saint ? Non, il avait mieux… Pourquoi pas tout simplement le tuer et ne pas compter sur l’intervention de l’homme de la constellation du Scorpion ?

Se doutant qu’avec un tel pouvoir, il risquait fort de se faire tuer et cela, en étant dépourvu de sa Cloth, Shaokan ferma ses paupières et intensifia son Cosmos sur l’ensemble de son bras droit alors que Guerre s’élança, arme en main, prêt à découper le protecteur d’Athéna sans scrupule. Mais se lancer dans une attaque aussi simple, avec un instrument déshonorant et croire que le Bronze Saint n’était rien d’autre qu’un vulgaire Bronze… Tel est mal connaître la réputation du Chevalier du Dragon. Et le Berserker allait très vite s’en rendre compte.
Rouvrant ses paupières et sentant son Cosmos plus dense et plus abrupt qu’auparavant, l’oriental tenta de passer outre l’entrave qu’il subissait cependant, ses mouvements s’en retrouvaient toujours limités. Mais pas au point de le faire ralentir le déplacement de ses bras. Une erreur de plus pour Guerre… Et qu’il dut se rendre compte quand il tenta d’abattre sa lame sur Shaokan. Malheureusement pour lui, l’arme lourde fut confrontée pour la première fois face au Bouclier du Dragon et due s’avouer vaincue, la protection la bloquant sans même en trembler ou en garder une quelconque cicatrice. Et puisque l’homme de main d’Arès avait été bloqué, il fallait à présent le contrer.

Repoussant l’arme de l’Abomination d’un revers du bras gauche, le Saint d’Athéna ferma son poing droit et laissa tout son Cosmos d’émeraude se canaliser sur cet endroit de son corps. Prenant de l’élan, le Chevalier projeta alors son poing vers le cœur de Guerre tandis que des centaines et des centaines de dragons de Cosmos en émergèrent et montèrent vers les « cieux » de l’arène d’Hypnos et Thanatos, avant de faire une fulgurante descente en piqué, exactement là où se trouvait le Cardinal de la Guerre. Avoir attaqué de la sorte Shaokan, s’en prendre connaissance de ses capacités et de celles de son armure, voilà une erreur monumentale qu’avait fait l’homme en armure lourde et qui pourrait lui être fatal.

La riposte du Dragon en disait long sur sa bêtise, Guerre en restait pantois. Pourtant l’occasion était magnifique et tout avait très bien commencé, le Saint avait paré l’épée magistrale du Cardinal avec ce même bouclier dont la réputation était connue par delà les lieues, l’avait repoussé et là, là où le Berserker offrait une ouverture béante sur son torse, là où il s’offrait véritablement à son adversaire. Ce dernier ne saisit pas une telle opportunité bien que jusqu’à ce qui suivit, tout avait très bien commencé, y compris la nuée de dragons cosmiques qui émergèrent du poing de son opposant. L’azimut était tout tracé, tel un sentier d’or : « quel est le chemin le plus court entre un point A et un point B ? La ligne droite, assurément ». Le Saint semblait ne pas être sensibilisé à un fait aussi élémentaire si l’on considère la montée en flèche de son attaque, laissant assez de temps à Guerre pour s’extirper du déséquilibre auquel il était soumis, à faire un bond en arrière, à planter son épée dans le sol et à se préparer à recevoir la frappe de plein fouet.

Les reptiles d’éther avaient d’ores et déjà obliqués dans sa direction, ne laissant aucun répit pour envisager une quelconque tentative d’esquive totale. L’impact fut rude et occasionna une sacrée détonation. Contractant ses muscles, raidissant ses membres et amplifiant son Cosmos, il laissait passer l’attaque sur lui et au travers de lui, alors que chaque partie de son corps hurlait en silence dans son esprit. Une fois la tempête passée, Guerre fut témoin d’un curieux phénomène qui ne s’était alors jamais produit depuis qu’il portait sa Cuirasse. Celle-ci se rétracta au niveau de son torse, se repliant dans une myriade de petits cliquetis et sons métalliques, comme si elle était animée. Il laissait le libre choix à chacun des spectateurs de penser que son armure était soit issu d’un quelconque lointain futur ou bien s’il s’agissait en réalité d’un quelconque artefact antique. Quant à lui, s’il connaissait un tel phénomène, cela avait toujours été dans d’autres sens : l’apparition de son armure à partir d’une multitude de fragments de son épée ou bien l’allègement de cette dernière afin de renforcer la cuirasse.

C’était réellement curieux, la Cuirasse semblait agir d’elle-même pour se préserver et si Guerre se serait attendu à ce que les-dits fragments aillent renforcer l’arme en tant que telle, il n’en fut rien. Toutefois, ils semblaient se fondre en énergie pure pour venir renforcer son propre Cosmos. Voilà qui allait satisfaire la curiosité des représentants d’Athéna, Antarès ne s’étant pas caché de vouloir savoir quel « mollusque » contenait cette boite de métal. Une puissante lumière bleue vivait sous l’armure, laissant pour quelques instants l’illusion comme quoi Guerre n’était qu’une gigantesque armure animée cosmiquement. La chair finit toutefois par apparaitre, en l’apparence du torse déchiré par les cicatrices du colosse ainsi que de sa longue crinière platine qui tombait jusqu’à ses mollets.

(La peau du Cardinal se mit à bleuir alors que des voluptes de fumée se mirent à s’échapper de son épiderme, mais également des interstices des dernières fragments métalliques en place. Voila qui levait le mystère sur la réelle représentation physique pour ceux qui avaient déjà pu constater le même phénomène dans le passé. Le cosmos de Guerre s’agitait, il s’intensifiait à un point où il parvenait à puiser dans les ressources vitales du Cardinal pour gagner encore et toujours en puissance.)

- Sielusi on Minun.

Matérialisant ses pics cosmiques au sein de ses paumes, de magistrales épées de Cosmos, à l’image et à l’échelle (impressionante) de leur modèle original se mirent à apparaitre au sein de ces dernières. Le Général ne se fit pas prier pour les envoyer à une vitesse défiant l’imagination en direction du Dragon, une, puis deux, puis … Mieux valait arrêter de compter. Ces lames d’éther n’avaient pas de consistance réellement physique, du moins en partie, si l’on considérait un instant leur but premier : déchirer l’âme de leur cible. L’âme, encore et toujours, Guerre n’aurait pas de répit tant qu’il ne serait pas parvenu à déchirer celle de son adversaire.

Outre l’atroce douleur de leur éventuel impact, les épées libéraient sitôt plantées dans le torse de leur cible le Cosmos de leur créateur, lequel s’insinuait une fois de plus dans le corps de sa proie avec pour effet de diffuser le mal depuis l’intérieur pour enserrer encore et toujours plus l’âme de son adversaire à la manière dont on proie un fruit au creux de sa main.

Le tour d'Antares saute. Il encaisse d'office ses dégâts. C'est à Kryo de poster.

Ephtal

« Voilà ce que tu es réellement… » marmonna-t-il en voyant la véritable apparence de Guerre, après que son armure se soit étrangement agité.

Il n’était donc rien de plus qu’un humain, comme lui, disposant juste d’un Cosmos colossal. Sur le coup, Shaokan fut rassuré de le savoir, lui qui pensait qu’il affrontait un monstre sanguinaire conçu de toute pièce par Arès. Mais bien que son aspect paraisse être des plus banals pour le Dragon, le Berserker n’en restait pas moins un redoutable adversaire, manquant presque d’éviter le Hyaku du Dragon. Le Bronze Saint ne l’afficha guère, mais il était plus que satisfait de cet antagoniste : jamais une personne n’avait tenté, d’une quelconque manière que ce soit, d’éviter l’une, si ce n’est LA, plus terrible attaque du répertoire du Chevalier du Dragon. Prenant sa posture de combat offensive, le Mythique senti son Cosmos s’intensifier encore plus que d’ordinaire, son énergie se rapprochant petit à petit du niveau qu’elle avait atteint face à Zugilos & Hannon. Cette force, cette forme, qui lui laissait souvent croire qu’il s’éveillait au Septième Sens, ou quelque chose s’en rapprochant grandement. Les dires du Verseau lui revinrent alors dans son esprit, la voix de ce dernier ne cessant d’arguer que tant que le jeune Saint ne contrôlera pas cette rage intense présente dans son Cosmos, il ne pourra obtenir victoire : sa propre force spirituelle sera ce qui le perdra. En voyant que son aura ne cessait de prendre en puissance, Shaokan l’abaissa et calma les ardeurs de sa cosmo-énergie, refusant de laisser dominer par elle. C’était parce qu’il l’avait poussé trop vite à un haut niveau que le Verseau avait pu le vaincre. Il ne laissera pas cela arriver une fois encore. Pas face à quelqu’un dont, cette fois, sa vie était mise en jeu.

Alors qu’il constata que son ami, bien qu’adversaire non-désiré en ce jour, Antares encaissa les attaques de Kryo sans pouvoir y faire quoique ce soit, quelle ne fut pas la surprise du jeune Dragon lorsque Guerre dévoila sa prochaine attaque. En la voyant être mise en œuvre, Shaokan se questionna réellement sur ce Chevalier : qui avait enseigné à ce type le Cosmos et les techniques qui en découlent ? Cela était totalement impossible que ce soit un humain. Une force colossale, un Cosmos écrasant et maintenant, ça… Une attaque qui semblait similaire au Hyaku, mais le nombre d’épées de Cosmos que faisait apparaitre le Berserker était tout bonnement hallucinant, en comparaison avec le Dragon qui n’arrivait à en déployer qu’une quelconque centaine, au maximum.

Les unes après les autres, les épées défilèrent entre Guerre et Shaokan et la réaction du Dragon fut presque immédiate : profitant des quelques instants dont il disposait avant que la frappe cosmique ne le percute, le Mythique ferma son poing droit, y concentra son Cosmos et l’élança dans la direction du Berserker, libérant une centaine de Dragons d’émeraude. Pour la première fois dans le combat, les emblèmes des deux Chevaliers allaient se confronter et se livrer une bataille acharnée dont le vainqueur allait mettre dans un état lamentable l’adversaire de son maître. Or, lorsque les attaques se croisèrent, Shaokan constata que son attaque ne rencontrera pas l’effet escompté… D’une part, bien minimal fut le nombre de créatures à parvenir à détruire les épées de Guerre, les autres se contentant de poursuivre leur chemin vers le Colosse. Mais surtout, les emblèmes du Berserker étaient d’un nombre trop bien supérieur pour être stopper intégralement. Ne pouvant rien y faire, le Saint dut se résoudre à concéder l’attaque, sentant les épées se planter à de multiples endroits sur son torse.

Il fut projeté sur une bonne dizaine de mètres avant de s’écraser lourdement au sol, sur le dos. En plus de la douleur subie par l’attaque et par le contact avec le sol, une autre fit son apparition, Shaokan ayant l’impression qu’une main, à l’intérieur de son corps, broyait ses organes. Mais malgré ce mal, le Chevalier du Dragon se releva et son visage, ensanglanté, afficha une expression qui montra l’ampleur de sa volonté à vouloir tuer Guerre. Intensifiant à un stade supérieur son Cosmos, le Bronze Saint s’élança vers le Cardinal, poing fermé. Rapidement arrivé vers son adversaire, le guerrier d’Athéna fit un léger bond en avant, prenant de l’élan avec son bras avant de le rabattre brutalement vers le visage du Berserker. Antares ayant été mis en difficulté par Kryo, Shaokan n’en put déduire qu’une seule chose : il allait devoir faire tout le travail de lui-même…

Le Cardinal de la Guerre n’aurait pu rêver d’un meilleur adversaire, comme quoi le grade n’était pas toujours synonyme de force et de puissance, à moins que cela ne soit l’inverse. Le Dragon rivalisait de ressources et d’énergie pour perpétuer toujours plus longtemps cet affrontement qui redoublait d’ores et déjà d’intensité. Mais outre certaines considérations telles que le pouvoir ou l’aura, le Saint brillait notamment aux yeux du Berserker de par sa rapidité, ses reflexes et de ce fait : sa promptitude à réagir. Bien que les chevaliers n’avaient pas les mêmes rapports à la vitesse que les mortels, qu’il s’agisse en terme de notion mais surtout d’échelle, le Dragon faisait toutefois preuve d’un taux de réaction impressionnant. Le dernier assaut de la Guerre en était un parfait exemple : peu auraient su quoi faire alors qu’un déluge de claymores s’apprêtait à s’abattre sur eux.

La situation était critique, ce qui donnait à ce combat un savoureux parfum. Guerre jubilait, tout ceci n’était qu’une source de plaisir quasi orgasmique pour lui. Avoir la chance d’affronter quelqu’un d’aussi valeureux et d’aussi impliqué dans le duel qui les opposait était une opportunité rare dont il entendait bien profiter. Bien sur, il était facile de voir cela comme une source de masochisme, à juste titre. Le Général des Flammes, lui, voyait simplement cela comme un hommage à sa personne, le Dragon l’affrontait, « guerroyait ». C’était ainsi que le Cardinal s’arrogeait toujours la victoire, même s’il finissait la tête à même le sol et baignant dans son sens, ses adversaires devaient se complaire dans la Guerre pour le mettre à terre. Ainsi, il gagnait toujours car sa raison d’être se perpétuait encore et encore.

L’heure n’était pourtant pas à de telles considérations à propos de quelconques victoires idéologiques, car si les reptiles d’ether de son adversaire n’avaient pu stopper les lames du Général, la réciproque était toute aussi vraie : c’était eux qui se rapprochaient maintenant vers l’émissaire d’Arès. Un seul coup d’œil mental suffit pour qu’il se rende compte qu’il n’échapperait pas facilement à une telle attaque, tant par la composition même du Cosmos des Dragons, bien trop instable pour qu’il ne puisse espérer sans sortir indemne sans subir de quelque manière que ce soit les effets d’une ou plusieurs détonations, bien trop nombreux pour pouvoir y échapper par un tour d’esbrouffe. Etant donné l’avancement du combat, Guerre ne préférait pas sacrifier de l’énergie pour un rendement moyen, la balance était claire et il fallait mettre chaque chance de son côté. C’était cette notion de la criticité qui lui plaisait tant, tout comme la joie d’être ainsi poussé dans ses derniers retranchements.

L’impact eut lieu, il n’aurait su dire, si c’était une simple frappe, une explosion, une lacération, mais la douleur, elle, fut inimaginable et lui arracha un cri muet alors qu’il vola sur quelques mètres pour s’encastrer dans une colonne qui s’effondra aussitôt. C’était là un détail du lieu dans lequel ils avaient été projeté qu’il n’avait alors absolument pas remarqué. Le manque de lumière avait joué ses tours et Guerre avait beau avoir des facultés de perception cosmique très affutées, il n’était pas encore une chauve souris jouant avec un quelconque sonar. Par contre, il perçut très nettement l’assaut sauvage de son adversaire, lequel avait commis l’erreur d’intensifier son Cosmos à un point où il était aussi visible qu’un phare dans la nuit, où bien aussi discret qu’un éléphant dans une échoppe de porcelaine, à vous de voir. Dopé par l’adrénaline et pressé par cette vision d’un sanglier chargeant un promeneur, Guerre se redressa, écartant avec une force impressionante les quelques blocs de pierre qui l’entravaient. Le Dragon lui fit face, le poing vengeur. C’était là une erreur de sous estimer la Guerre sur tout ce qui se rapprochait de près où de loin à des techniques de combat.

Attendant le dernier moment, le Général glissa vers le bas, une jambe fléchie et l’autre tendue, aussi souple qu’on pouvait l’imaginer raide. Le temps sembla se figer au point où il eut l’impression de voir le Dragon brasser de l’air au ralenti au dessus de lui. Se redressant tel un roseau, il posa son radius contre le derrière du coude et jouant de ses jambes à présent redressées, du basculement de son centre de gravité, de la force de ses bras, n’eut qu’à appuyer pour tenter de déséquilibrer dans sa course son adversaire. Son dos lui était à présent offert, et il n’eut de plus belle occasion pour libérer toutes les portes de sa cosmo-énergie lequel s’intensifia puis passa de la lourdeur à une clarté pure qui ne signifiait qu’une chose : son ouverture au 7ème sens. La longue crinière de platine du Berserker se mit à virevolter au gré d’un puissant vent imperceptible et invisible tandis que son Cosmos maléfique semblait attiré au bout de son index braqué, tel de l’eau absorbée par un sillon.

Il avait longtemps observé l’Univers lors de ses divaguations mentales, ses médiations où il rejoignait les étoiles. Il avait vu alors la beauté suprême, leur manière magnifique de s’affronter entre elle, de faire la guerre. Elles explosaient littéralement à une déflagration somptueuse et dont la puissance était colossale. Il les avaient vues, et avaient la prétention de pouvoir reconcentrer son énergie à l’identique.

Une boule se formait à l’extremité de son index, elle était minuscule et contenait tant d’énergie !! Il était condensé, comprimé, broyé, et s’agitait dans une instabilité que le Cardinal maitrisait mais dont les témoins étaient la vive lueur blanche qui rayonnait à partir du petit objet et la chaleur intense qui grimpait de manière exponentielle et qui tranchait brutalement avec les températures basses qu’on pouvait avoir l’habitude de ressentir aux côtés du Général.

- Nova.

De manière soudaine, toute l’énergie fut relachée, expulsée de manière à croire que le Berserker la souhaitait le plus loin possible de lui … et à juste titre. La petite sphère devient un halo surdimensionné au sein duquel le Cosmos se déchainait, tel la rage de l’étoile qui se meurt, dans une atmosphère où puissance et température avait dépassé des seuils qui n’étaient plus descriptibles par des mots. Quant tout fut terminé, quant la chaleur s’estompa soudainement pour laisser place à la froideur habituelle. Une telle chute de température avait pour conséquence directe une furieuse impression de vent glacial, lequel semblait alors s’en prendre jusqu’à vos os.

Le Cardinal ôta lentement son heaume, dévoilant la finesse des traits de son visage pourtant à l’image du colosse qu’il était. Un rictus pincait pourtant ses lèvres alors qu’il libérait toute la particularité de son Cosmos qui se déversait encore dans son adversaire suite à l’attaque précédente. La noirceur se mit alors à suinter, de même que l’essence même de Guerre, cette faculté à propager le chaos autour de lui, quand sa simple présence suffit à retourner les meilleurs amis l’un contre l’autre, à briser les familles et à faire du plus paisible hameau un champ de bataille ardent. Ici, le plaisir ne serait pas au rendez vous, car il n’aurait pas la joie de sentir l’esprit de son adversaire se débattre à l’idée d’affronter un ami cher avant sa soumission mais il aurait toutefois le plaisir de forcer le Dragon à affronter son allié de fortune alors qu’il savait que ce dernier désirait ardemment continuer à l’affronter corps et âme … Elles affluèrent… La soif de sang et la petite idée, qui devint désir, fantasme puis une envie irrépressible. Ils les sentaient faire leur chemin dans l’esprit et l’âme, et se délectait de les voir progresser et imprégner tout ce qu’elles rencontraient. Bien qu’il s’agissait là d’une situation éphémère, il semblerait qu’il allait pouvoir souffler quelques instants.

Guerre ne savait pas ce qu’il subsistait physiquement du Dragon mais toujours est-il qu’il se livra à une furieuse attaque venue tout droit du ciel. Ayant opéré un bond tout à fait surhumain si l’on considérait sa hauteur et le poids de son arme, voila qu’il redescendait à toute allure vers le sol, sa lame brandie au-dessus de sa tête et prête à être abattue de manière barbare sur le premier bout de chair qu’il s’apprêtait à discerner. Alors, il pourrait peut être plonger ses yeux livides et nantis de la lueur bleue de son Cosmos dans les siens et observer ses iris basculer dans la soumission.

Allez vaillant Dragon, montre donc l’ampleur de ta colère !

Perdu dans cette immensité glaciale, je n'avais que mon esprit pour me sauver de la perdition. A l'impression d'être utilisé comme un vulgaire soldat de plomb s'était mêlée la folie passagère causée par les illusions pernicieuses du Général, pourtant si jeune mais ô combien empli de puissance et de finesse. Je n'avais pu me résoudre à bouger ne serait-ce que le petit doigt, tétanisé par l'apparition de mon second élève, porteur de l'amure du Centaure. La blessure issue de notre affrontement était encore trop fraiche à mon goût, et se rouvrit sous l'effet de l'illusion dont j'étais la cible. Elle était de ces plaies qui vous marque profondément, et initie votre fuite en avant, comme un chien fuyant les coups de baguette. Je décidais alors de ranger cette douleur une fois de plus en mon sein, pour la laisser palpiter, enfler, alimenter la colère du Scorpion qui bourdonnait à mes oreilles. Et au milieu du froid polaire, la flamme reprit de plus belle, illuminant le glacier qui s'était créé de l'intérieur, alors que sortaient de terre les piques cherchant à prendre ma vie.

Je bloquais l'attaque, l'impact causant l'effondrement de la structure de glace. Encore une fois, j'accusais le coup, notant la puissance des arcanes du jeune homme, qui m'avait obligé à dépenser plus d'énergie que nécessaire pour arriver à me protéger. C'en était à couper le souffle. Mais je ne devais pas baisser les bras. Ce n'était pas maintenant que je tomberais sous les tromperies et les flocons du Général, quand bien même j'avais du les subir...et en souffrir. Chaque membre tendu pour repousser une stalagmite de glace, le corps recouvert de givre, le visage meurtri par le froid, j'observais mon vis-à-vis, jetant de furtifs coups d’œils pour juger de la progression du combat entre le Dragon et son opposant serviteur d'Arès. Visiblement, celui-ci s'en sortait plutôt bien, montrant à quel point il avait encore progressé depuis l'épisode du Géant de Rubis. A n'en pas douter, si je survivais d'ici là, il me faudrait m'entretenir avec ce jeune homme, le garder à mes côtés afin de renforcer le noyau dur de combattants capables de protéger efficacement les intérêts de la déesse et de l'Humanité. Mais l'heure était à la survie.

Général des Lyumnades! Je dois admettre que vos attaques tombent au plus mauvais moment pour moi, et que je n'en suis que plus vulnérable, victime des circonstances. Mais croyez bien que je continuerais de défendre ma peau chèrement, vous obligeant à payer chaque mètre gagné sur ma personne au prix du sang et de la sueur! Malgré vos techniques effrayantes, je n'ai pas honte d'avouer que vous m'imposez le respect. Et c'est donc sans peur que je reçois chacun de vos coups, fier d'affronter un tel combattant! Si les circonstances avaient été toutes autres, peut être aurions nous pu nous entendre...mais les démons de la vie que nous portons tous deux en nos seins, ainsi que le hasard des rencontres fait que nous nous tenons face à face, frappant sans relâche...un jour peut être, nous reverrons nous, et peut être alors pourrez vous m'évoquer votre sœur qui vous pousse ainsi à combattre bec et ongles. En attendant, subissez le courroux du Scorpion! Scarlet Needle, Antares!

Crépitant d'énergie, je fondais, telle une comète carmin en pleine chute, cherchant encore une fois un chemin jusqu'à la chair tendre cachée sous l'armure. Il n'était plus question de moi maintenant, le Dragon me prouvait avec brio qu'il pouvait arriver à quelque chose, c'était donc mon rôle de le pousser en avant et de lui nettoyer le chemin, dans ce que j'envisageais comme une future confrontation avec son allié, selon la logique perverse des Dieux jumeaux. Ce ne pouvait être que la finalité de ces affrontement, j'en étais intimement convaincu.

Se jeter à l’assaut comme ça, tête baissée, fut la plus grosse erreur que commit Shaokan depuis que cet affrontement avait débuté. Il ne fallut que quelques mouvements de la part du Berserker pour briser la garde de l’oriental et de l’exposer, facilement, à sa prochaine attaque. Et en sentant le Cosmos du Cardinal, le Saint compris alors ce qui l’attendait : le Septième Sens. Il se souvint de quelle façon Hannon l’avait presque tué en faisant appel au sien et comment il avait cloué au sol le Bronze juste en faisant appel à la puissance de « l’Univers ». Il se souvint aussi d’un détail : le temps d’exécution. A l’inverse de ses autres techniques, le Verseau n’avait pas pu l’utiliser instantanément. Et si c’était le cas pour le serviteur d’Arès ?

Regardant autour de lui, il ne voyait pas où se rendre. D’un côté, il y avait Antares et le Marina s’affrontant et il ne serait pas intelligent de s’exposer à leurs attaques, surtout quand on se déplace pour en éviter une à la base. De plus, l’arène n’était pas suffisamment espacée, ne laissant suffisamment de place que pour les deux affrontements en cours. Il n’aurait donc pas le choix : il va devoir se préparer à subir, à nouveau, une technique du Septième Sens. Se retournant, il fit face au Berserker et mit son bouclier en avant, comme s’il voulait lancer un défi à son ennemi. Et lorsque l’homme d’Arès projeta sa sphère d’énergie, la protection du Dragon allait, encore une fois, faire comprendre pourquoi on le dit « indestructible »…

Résistant à un Cosmos dont la puissance et la chaleur dépassaient tout ce que pouvait imaginer le Chevalier d’Athéna, le bouclier ne céda et mieux, absorba une partie de l’attaque. Shaokan était d’ailleurs surpris de cela : jamais, jusqu’alors, sa protection n’avait montré une telle capacité. Etait-ce due à la réparation de la Cloth du Dragon ou bien, tout simplement, une augmentation de sa propre puissance ? Il l’ignorait mais il déchanta bien vite : l’attaque du Chevalier d’Arès parvint finalement à passer outre le Bouclier pour venir s’abattre sur le Bronze Saint. Hurlant toute sa douleur, l’oriental eut l’impression de fondre tant la température fut élevée. Totalement déstabiliser, il perdit conscience. Pour lui, la Mort était finalement parvenue à l’avoir. Mais pas tout à fait.

Le Dragon fut sorti de son sommeil par le Cardinal. Ou plus exactement, par son épée. Plantée dans son flanc gauche, l’énorme lame était, à de multiples endroits, tâchée du sang du Saint. La retirant de son corps et s’éloignant de Guerre, il constata l’étendu des dégâts : une bonne partie de sa Cloth avait volé en éclat, la poitrine droite et le gantelet droit, entre autres. Ne voulant se laisser vaincre par un tel monstre, Shaokan s’apprêtait déjà à lancer la riposte… Mais soudainement, il trouva une certaine admiration pour le Cardinal. Une admiration pour ce talent inné de provoquer mort et désolation là où il se trouve, d’infliger ce désespoir abyssal à ses opposants. Il regarda alors Kryo. Pourquoi l’aide-t-il ? Après tout, il n’est ni Saint, ni quelqu’un contribuant au chaos… Tout changea en Shaokan. Ses principes, ses opinions… Sans crier garde, le Saint usa de sa vitesse impressionnante pour porter un coup à son allié, son Cosmos ayant à nouveau pris la forme d’un Dragon tout le long de son bras.

L’attaque portée, le Dragon s’apprêta à réitérer son geste lorsque soudain, le Cosmos de Shaokan explosa totalement, prenant la forme d’un immense dragon d’émeraude. Bien que puissant, la cosmo-énergie que le Berserker avait inséminé dans le corps du Saint se révéla être impuissante face à ce réveil soudain de la force du Chevalier. Reprenant totalement ses esprits, le Bronze afficha sur son visage une colère si intense qu’il n’avait pas souvenir d’avoir atteint un tel niveau auparavant. Affaibli, son armure partiellement détruite et plus enragé que jamais, le guerrier d’Athéna s’élança vers Guerre, poing levé. Sa puissance s’était peut-être soudainement élevée mais même lui doutait de la puissance de ce coup, qui reflétait parfaitement son état actuel : affaibli comme jamais.

Il suffisait de voir l'apparence du Dragon changer pour se rendre compte qu'il cédait peu à peu à l'emprise de Guerre. L'issue était proche si l'on considérait un instant l'état des deux protagonistes. Derrière son masque d'impassibilité, le Cardinal dissimulait bien sa fatigue et son épuisement mais il sentait son corps lui faire défaut petit à petit. Comme à son habitude, son Cosmos tenait la longueur alors que ses muscles le lâchaient. Quant à savoir quel était son domaine de prédilection, il n'y avait ici aucun doute.

Encore hébété d'avoir vu sa volonté soumise une fois de plus, le Dragon fonçait une nouvelle fois tête baissée vers le Cardinal, visiblement trop amoindri pour apprendre de ses propres erreurs. La charge était maladroite et l'assaut peu réfléchi. Guerre comptait bien ne pas ménager ses dernières forces et faire son maximum pour essayer d'en finir au plus vite avant que ses dernières forces ne l'abandonne.

Condensant son Cosmos en un bouclier solide bien que non visible à l'oeil nu devant lui, si bien que le poing du Dragon s'y brisa. Repoussant ce dernier d'un coup d'épaule, Guerre cherchait avant tout à disposer d'assez d'espace pour pouvoir à nouveau tendre son index destructeur une fois de plus.
L'énergie afflua à nouveau, éternel voile de cauchemar pour le Dragon.

- Nova.

Et c'est ainsi que tout recommença. Une nouvelle vague d'énergie absolue déferla sur le Saint, peut être pour la dernière fois.

Spoiler:

Je me savais perdu, je sentais mes forces m'échapper, déjà, m'approchant peu à peu du gouffre qui m'attirerait inéluctablement vers ma perte. En face de moi, le jeune homme, transpercé par mes soins, était aussi peiné que moi par les extrémités auxquelles nous devions arriver. Comme si nous ne pouvions qu'être contrits dans notre affrontements, témoins blasés du jeu de marionnettes dont nos corps en étaient les matériaux bruts, saccagés sans vergogne. Et tandis que le jeune adversaire qui me tenait tête frappait, dans un murmure d'excuse, de sa faux illuminée, me loupant d'abord de l'extrémité contondante, alors que je bloquais des paumes, je compris ce qu'il me restait à faire, frappé en plein cœur, soumis à l'horreur, bête effrayée ne cherchant plus la moindre logique. J'explosais intérieurement, ne conservant en moi même qu'un noyau dur de conscience humaine, tout droit dirigée vers l'unique localisateur de ma volonté: user de mes dernières forces dans un acte utile, un acte me laissant l'occasion de permettre aux autres d'avancer, un acte qui causerait ma perte, mais que je ne subirais pas, cette fois-ci.

J'avais trouvé le moyen de rire au nez des dieux jumeaux, et cette découverte me permis de sortir de la folie. Ou peut-être y étais je déjà, navigant dans les eaux troubles du manque de jugement le plus total. Toujours est il que j'avais une idée. Et une idée géniale.

Mon corps n'était qu'une plaie, malgré le fait que l'essentiel de mes blessures relevait principalement du psychisme. Comme des stigmates, pourtant, elles transparaissaient au delà des barrières du physique, témoins sanglants de l'état de mon âme. Je trouvais pourtant la force de rester debout, dans une stabilité somme toute relative, les bras relâchés, un filet de sang partant de ma bouche pour aller se perdre sur mon menton, et aller mourir sur le sol. Un sourire au lèvre, je levais deux doigts au ciel, comme tout bon gladiateur. La Vierge me faisait face, mais dans ma mortelle lucidité, je n'y prêtais pas attention.

Paix! Paix. Vous vous êtes admirablement bien battu, Général. Et plus admirable encore est votre humanité et votre empathie. Sachez encore une fois que ce fut un honneur. Je pense maintenant qu'il faut céder la place et laisser de tels jeunes gravir le sommet, et, qui sait, peut être aller fouetter le visage des indestructibles...Dragon, tu portes maintenant mon flambeau. Je ne sais pas vers quoi je m'embarques, mais je sais que toi tu pourras t'élever et aller leur botter le train. Après tout, tu as bien un géant à ton actif! Puissiez vous mettre fin à cette folie.

Je tournais la tête, manquant de trébucher sous l'effet de transfert de mon centre de gravité, rendu infernal par ma faiblesse relative. En face de moi, à l'autre bout de mon lien de cosmos, l'armure glaciale tenait le front, impassible, maitre du fléau dont il portait le nom.

Toi, Cardinal! Tu n'as pas plus ta place ici que moi, visiblement. Je ne puis te souhaiter de t'en sortir, puisque je ne sais moi même quel sort nous est réservé. J'aurais eu au moins le plaisir qu'aucun autre ne pourra me ravir...celui de t'emmener avec moi! Vous entendez, les dieux? Je ne joues plus selon vos règles! C'est fini!

Et, regroupant mes dernières étincelles de vie dans un assaut final, je laissais le Scorpion prendre possession de mon corps, une dernière fois, durcissant mes points, gonflant mes muscles, affermissant ma volonté. La peur fut chassée, rien qu'un instant. Le monde extérieur aussi. Seule subsistait la silhouette de ma cible que je pilonnais de coup répétés, à m'en briser les phalanges. C'était mon dernier pied de nez, mon acte héroïque.

Une violente décharge électrifie la chaîne qui vous relie et vous transperce jusqu'à l'os. Vous étiez pourtant prévenus...

Guerre et Antares perdent chacun 300 PV.

A nouveau une attaque directe et à nouveau un échec. Shaokan fut repoussé par son adversaire qui répliqua aussitôt, réitérant sa puissante technique de Septième Sens. Pris par surprise, le Chevalier du Dragon dut se résoudre à concéder de nouveau cette attaque qui termina par le vaincre. Genoux collés contre le sol, le Saint ne disposait plus de la moindre force, totalement épuisé par le guerrier d’Arès. C’était lui qui avait gagné. Lui et non Shaokan…

Mais quelque chose d’inattendu se produisit et changea toute la donne. Antares, en ayant marre de jouer au jeu des Dieux, se rebella et attaqua de tout son cœur son allié du moment, à savoir le Cardinal. Shaokan en resta bouche bée tandis qu’il voyait les attaques du Scorpion défiler sous ses yeux. Enervés, les divinités jumelles répliquèrent sans se faire attendre, envoyant un fulgurant rayon d’énergie sur le Gold Sa int et sur le Berserker. Le Dragon comprit alors que c’était son instant. Son ultime occasion de gêner le monstre. Car une fois vaincu, le Mythique ignorait ce qui allait se passer. Le fidèle d’Arès allait-il se retourner contre l’homme de Poséidon ? Cela était plus que probable, étant donné qu’il s’était déjà servi du Bronze pour frapper son « allié ». S’ils devaient continuer, alors Shaokan allait aider comme il le pouvait Kryo.

Sachant là qu’il s’agira de son ultime acte, Shaokan se releva, son cosmos entourant son bras droit. La tête de dragon déjà présente sur son bras, le Saint se lança, pour la dernière fois, dans une course folle pour frapper le Berserker. Plus rapide que jamais dans ce combat, le Saint porta un coup virulent, si rapide que même lui ignora s’il avait eu sa cible ou non. S’arrêtant plusieurs mètres dans le dos de l’homme d’Arès, le Chevalier d’Athéna cessa d’émettre tout Cosmos et s’écroula au sol. Il ne pouvait désormais plus influencer d’une quelconque manière ce combat…