Fuite en avant [Théodora - Kahran]

Le couperet est donc tombé, hier soir en réunion sur skype avec la quinzaine de personnes présentes pendant les 2h qu'a duré la discussion (qui ont dérivés sur 3/4 par la suite ^^).

En faisant le constat de la situation actuelle puis le bilan du …

Ici seront stipulées toutes les armures remises en libre service après la perte de leur détenteur.

Citation :: Libération d'Armure
Nous ne pouvons pas nous permettre de laisser indéfiniment des armures en les mains de joueurs inactifs. À partir de deux …

Et voila, il est temps de vous faire part de notre nouveau projet...

One Piece ShinSekai RPG !

www.shinsekai-rpg.com

Un forum One Piece, depuis le temps que la team en parlait et avait l'idée en tête il était temps de franchir le cap. Bien …

L’échappée n’était pas belle. Il ne m’avait fallu que quelques instants pour reconnaître le Sanctuaire Sous-marin, il faut dire que l’absence de plafond dans certaines salles, qui donnaient directement sur l’immensité des fonds marins, avait dissipé tous mes doutes. Mon corps était épuisé, j’ignorais combien de temps avait duré mon coma mais je savais comment les muscles de mon corps avait fondu…

N’ayant jamais été doué pour l’infiltration je dû m’y prendre à plusieurs reprises pour pouvoir me dissimuler. Les frusques volés au gardien étaient suffisamment sombres pour qu’un regard peu attentif n’y distingue pas le sang séché mais étrangement, le Sanctuaire Sous-Marin demeurait silencieux… Mon sommeil s’était trop longtemps étendu pour que je sois considéré comme une menace sérieuse et je parvenais à comprendre pourquoi je n’avais pas été tué dans mon sommeil.
Mes blessures avaient été soignés, mes plaie recousues et l’on avait entravé la dégradation de mon corps comme on le pouvait. Poséidon ne voulait pas de moi mort, il voulait faire de moi un exemple et pour ça il avait besoin qu’Augure soit en pleine possession de ses moyens.

La barbe drue qui lui courait sur le visage lui tiraillait la peau. Le Sanctuaire Sous-Marin avait beau être au sec il n’empêchait que le sel avait recommencé à ronger sa peau. Le teint hâlé dont il était si fier n’était plus qu’un souvenir et sa soigneuse chevelure de fils d’or était désormais un sac de nœud anarchique lui tombant presque aux épaules. Il n’était plus que l’ombre de lui-même et sa plus grande crainte n’était pas tant d’être reconnue que de ne pas l’être étant ainsi considérer comme un simple chaland qui se serait retrouvé dans la place par erreur.
Mais une telle méprise était en réalité impossible. Si Kahran avait bien essayé plusieurs fois de mobiliser sa cosmo-énergie pour fuir à travers les eaux, les entraves qu’il avait mises sur le compte de sa fatigue avaient en réalité été posées par Poséidon qui avait toujours mis un point d’orgue à contrôler les allées et venues de ses Marinas et de ceux qui les visiterait.

Son escapade l’entraîna dans divers pièces toutes plus différentes les unes que les autres. Avec toutes les peines du monde il passa furtivement non loin d’un baraquement avant de se retrouver dans un immense parc aux couleurs chatoyantes mais dont la seule caractéristique à ses yeux étant l’absence d’endroit ou se dissimuler.
Puis, un fumet lui chatouilla les narines… Il avait été nourri, sans doute, mais depuis combien de temps n’avait-il pas mangé ? Malgré son intelligence, Kahran n’en demeurait pas moins un être humain et il avait un besoin vorace de se nourrir que l’odeur venait de lui rappeler. Dans son esprit, encore embrumé par son inconscience, vivre n’était plus une priorité… Manger avait pris place de toute chose.

Il pénétra dans une salle ou trônait le plus agréable des buffets. De nombreux produits de la mer, préparés dans des centaines de recettes étaient disposés sur une table et sans attendre son reste, le renégat se jeta sur la nourriture qu’il dévora sans faire attention à tout ce qui l’entourait. Il ne remarqua pas les deux gardes qui le regardèrent avec amusement en prenant la nourriture avant de s’éloigner sans chercher à voir plus qu’un « mec qui se fait péter le bide ».
Il ne la remarqua pas non plus, elle…

Quelque chose se réveilla en moi. Ma cosmo-énergie avait toujours été anarchique, puissante, mais anarchique. Je ressentais la chaleur de cette énergie comme un véritable bienfait mais son trouble laissait à croire qu’à tout moment les choses pouvaient basculer…

Kahran reposa le pignon de viande sur la table et s’essuya la bouche de l’avant-bras. Son regard impassible se posa sur la nouvelle arrivée tandis qu’il tenta grotesquement de se redresser afin d’imposer sa stature… Bien trop faible par rapport à avant.
Leurs regards se croisèrent et à aucun moment il ne sut si elle l’avait reconnu. Elle conservait la même apparence angélique quoiqu’il se trame dans son esprit. Lui en tout cas l’avait reconnu…

Mes hommages Général.

Un sourire amusé se lisait à travers sa barbe, Théodora de l’Hippocampe n’avait jamais été sa plus grande fan.

Citation :

Théodora

La Générale au visage juvénile se réveilla péniblement. Le combat qu'elle avait du assumer, c'était révéler aussi douloureux qu'inutile mais si cela pouvait calmer la jeune Générale, alors, c'était sans regret qu'elle avait servi de sac de frappe. Doucement, la bretonne rejoint sa scale et lui caressa doucement l'encolure. Elle adorait l'hippocampe, là n'était pas le problème, elle préférait juste se sentir à ses côtés qu'en "fusion". Et vu qu'elle rejoindrait les alentours du temple de Llyr, son Seigneur serait surement là et pas question de se promener en tissus de terrien. D'un simple claquement de doigt, l'Hippocampe comprit qu'il était temps pour lui de se poser sur sa détentrice.

Ses pas la menèrent au Temple, comme prévu. Douce et souriante comme toujours, c'est ainsi qu'était salués les Marinas qui croisèrent sa route. Mais il fallait avouer que se battre creusait et même si Théodora n'était pas une grande consommatrice, elle devait se nourrir. En réalité, elle n'aimait pas manger. Son appétit était presque nul, cela était peut-être un facteur de sa maladie mais entre ces années de pauvretés, celles dans les Alpes et maintenant, la nourriture n'avait jamais été très présente dans sa vie.

L'odeur la guida jusqu'au buffet, régulièrement organisé. La nourriture se devait d'être contrôlée dans les fonds marins, c'était un régime draconien. Mais une réaction épidermique se produisit : tout se dressa lorsqu'elle vit l'homme hirsute et peu soigné. Si elle ne l'avait pas reconnu, toute son armure, tout son cosmos s'étaient éveillés. Et lorsqu'il me salua de sa manière la plus fausse, je dus réprimer un hoquet.

- Salutation, toi. À défaut de t'apprécier, tu étais propre à une époque. Et maintenant, ça. Tu as même de la sauce dans ta barbe, Augure d'Apollon.

C'était rare mais on pouvait sentir la bretonne passablement irritée de le voir. L'avantage était que sa faim s'était totalement dissipée en le voyant. Elle l'appelait toujours sous son nom d'antan car à ses yeux, il n'était rien de plus que ça. D'ailleurs, en vertu de ce fait, c'était le seul Général qu'il ne vouvoyait pas. Elle matérialisé deux surfaces glacées et les lança en direction de celui qu'elle avait toujours considéré comme "de trop". Les formes étaient claires : un miroir et une lame tranchante.

- Soigne-toi un peu, tu avais un peu de prestance, même moi je pouvais le percevoir. Lorsque j'ai vu ton écaille reposer près d'Apollon puis revêtue par quelqu'un d'autre, j'ai bien cru que tu étais mort. Imagine ma déception lorsque j'ai appris qu'il n'en était rien et maintenant te voilà debout...

L'hippocampe attendait de voir la réaction d'Augure, c'était la seule chose qui la maintenait en ce lieu. Elle le haïssait et ne s'en était jamais cachée. Mais, en sa faveur, jamais les deux individus n'avaient été seul-à-seul. Pas que cela déplaise à Théodora, mais il n'avait jamais pu protester ses accusations assassines.

- Ça creuse le coma, n'est-il pas ? Mais pour la peine, tu aurais pu attendre une heure de plus que je garde l'appétit.

Le pire dans tout cela était que cela ne ferait certainement que sourire Augure, irritant davantage encore la Générale de l'Hippocampe. Quel intérêt Llyr pouvait-il avoir de garder cet homme auprès de lui ? Tout ces enfants d'Apollon n'était qu'une plaie, il ne fallait pas être savant pour le constater. Mais le pire était que personne ne semblait vraiment s'en soucier si ce n'est Orphéus lui-même. Qui, comme elle, n'était pas d'accord avec Llyr mais continuerait de suivre fidèlement ses ordres, même ceux qu'il réprouve.

Spoiler:

Kahran.

Le ton ne laissait pas place à la transigeance, toute sa vie il avait servi et obéis sous d'autres noms que celui qu'on lui avait donné à la naissance. Aujourd'hui il n'aurait plus à subir ces patronymes.
Affichant un visage impassible, Kahran énumérait les différentes possibilités qui s'offraient à lui. Un simple garde n'aurait été qu'un détail dont il aurait rapidement réglé le sort. Mais Théodora n'était pas une jeune fille fragile contrairement à son apparence et de tous les Généraux de Poséidon il avait fallu qu'il tombe sur celle dont la haine à l'égard des anciens Oracles dépassait toute raison.
Il percevait chaque tressaillement de sa voix, malgré sa volonté de rien laisser paraître elle ne parvenait pas à contenir toute la haine qu'elle éprouvait à son égard. Le pire dans tout ça, au-delà du fait qu'elle interrompait son repas, c'est qu'il n'avait foutrement aucune idée de la raison de cette haine.
Il attrapa le miroir matérialisé par la Marina et observa ses traits dans la glace. Le spectacle était édifiant et il aurait été facile de s’imaginer un autre homme en le voyant ainsi. Pourtant il ne toucha pas au rasoir et finit par reposer la glace après c’être débarbouillé la barbe.

La petite princesse des eaux n'apprécie pas le look sauvage ? Moi qui pensait te ramener à tes origines celtes je suis déçu...

Kahran roula comiquement des yeux tandis qu'il attrapait une tomate cerise qu'il dévora à pleine dent sans jamais cesser de fixer Théodora une seule seconde, comme un animal prêt à bondir au moindre signe d'hostilité. Il détourna cependant les yeux quelques instants en direction des différentes sorties tandis que de sa langue il retirait les bouts de tomates nichés dans ses dents du fond, les Romains n'avaient jamais été de grands adeptes de l'étiquette en matière de nourriture.

Je te rassure Théodora, tu n'auras pas à souffrir longuement de ma présence tu peux donc t'assoir et manger à ta guise. Je ne comptais pas spécialement m'attarder... Sauf si bien entendu tu souhaitais me voir partager ton repas ?

Il attrapa un godet d'eau qu'il vida d'une traite. Jamais il ne s'était senti aussi bien depuis son réveil et sa pomme d'Adam tressautait d'excitation à chacune des gorgées.

Sais-tu combien de temps ai-je été inconscient ?

Attrapant finalement le rasoir il fit glisser son pouce sur la lame de glace. Combien de temps était-elle capable de maintenir matérialisé un truc pareil ?
Il commença à faire le tour de la table et à se diriger vers elle. Il posa sur son visage un regard imperturbable tandis que sa cosmo-énergie se répandait légèrement dans la pièce comme une simple fragrance. Lorsqu'il ne fut plus qu'à quelque pas d'elle il s'arrêta et planta le rasoir dans une pomme avec laquelle il commença à jouer, la faisant passer de main en main. Ses yeux se plissèrent et l'espace d'une seconde il n'était plus le pouilleux mal rasé qui déambulait dans le domaine de Poséidon. Son incroyable prestance était bien toujours présente, dissimulée sous ses haillons et son visage émacié. Caché sous la crasse et le teint maladif se trouvait toujours le chef des Oracles, l'Augure d'Apollon qui de sa voix grave avait dirigé des armées.

Tu penses sans doute que sourire et te montrer avenante fait oublier aux gens ta maladie ? Tu penses sans doute que ta gentillesse dissipera en eux le malaise de voir un être aussi pure que toi frappée d'une si horrible malédiction ? Avec tous tu forces tes sourires et tu sais te montrer avenante. Mais jamais avec moi... Je me demande bien ce qui m'a valu tant de sincérité de ta part...

Il cessa de jouer avec la pomme et demeura stoïque plusieurs secondes tandis que sa cosmo-énergie s'efforçait à percevoir les conséquences de ses paroles.

Il la reprit de volée lorsqu'elle l'appela "Augure d'Apollon". Que lui importait, il portait encore sur lui la souillure apollinienne. La petite princesse ? Théodora avait-elle l'air d'être une princesse, elle détestait cette idée, surtout hors de sa bouche. Évidemment, la bretonne répondrait avec la même dérision, même si son but n'était nullement humoristique.

- Navrée mais le blond, c'est plutôt Saxon et, étonnamment, ce n'est pas ce genre de sauvagerie qui attire les bretonnes. Tu aurais pu le voir au moins mais à trop observer le soleil, on est atteint de cécité, n'est-il pas ?

Devant ce spectacle, Théodora dut fermer les yeux, tout en éveillant ses autres sens, pareille nutrition ne lui inspirait que dégoût. Manger à ses côtés ? C'était la meilleur ! Puis comment garder l'appétit après telle vision. Elle leva les yeux vers le plafond marin et observa son vis-à-vis. La bretonne aurait du partir mais pour une raison qui lui échappait, elle avait le sentiment de devoir rester. Peut-être en apprendrait-elle enfin plus sur ces êtres infâmes qui servirent Apollon. Bien sûr, elle resta debout.

- Sans façon, je n'ai pas l'appétit de toute manière. Pour ton temps d'inconscience, pas assez, me parait la réponse la plus juste mais cela doit faire quelques six mois, peut-être sept. Pourquoi ? Cela t'étonne d'avoir pareille pilosité ?

Oui, la Générale n'était pas tendre mais c'était la seule manière lui permettant de perdurer à ses côtés, elle ne savait pas se montrer hypocrite. Non, vraiment, elle n'était pas douée pour ça. Enfin, elle ne devait pas l'être car jamais elle n'avait essayé de mentir. Mentir pour des choses dépassant son état personnel : oui elle avait faim et oui elle était malade, pas la peine d'inquiéter les gens pour si peu.

Lorsqu'il se releva et montra l'homme qu'il était, l'aura de Théodora répondit en contre-partie. Une aura glaciale, son regard devient plus dur encore. Les quelques plantes furent superficiellement couvertes de grêle. Elle n'en aurait pas peur et elle comptait bien lui faire savoir. Peut-être que son sang de bretonne, justement, bouillait à l'idée de lui faire comprendre que jamais ils ne s’entendraient. Lorsqu'il lui parla des apparences avancées par la Générale, elle leva sa main, comme si elle souhaitait arrêter ce flux de paroles.

- Faux. Tu dois très bien savoir pourquoi je ne le suis pas avec toi, Kahran ... d'Apollon. Tu ne connais pas les détails, ça je veux bien le croire, mais tu dois ressentir la provenance de cette tenace rancune. Mais détrompe toi, je suis avenante par nature, je suis malade mais pas faible. En tant que Générale, la faiblesse qui gangrène mon corps n'a pas être retenue. Humf. Je ne sais pas pourquoi je devrais me justifier face à toi !

Théodora ne détestait pas sa condition, mais elle détestait le regard des autres : elle n'était pas faible. Son écaille le criait pourtant. Mais il est vrai que sa condition se détériorait de plus en plus, l'usage régulier de son cosmos avait fini par rattraper ses craintes : son cœur la faisait souffrir en permanence à présent. Il ne lui restait, tout au plus, qu'un an à vivre et les combats à venir écourtait encore cette espérance, s'ils ne la condamnait pas définitivement.

Si elle avait voulu me tuer, elle l’aurait déjà fait.

Le garde dans sa chambre n’avait guère laissé de doutes quant aux intentions de Poséidon à son égard. Même si il avait été maintenu en vie suite à la bataille en Grèce, son état indiquait clairement que ce n’était pas pour le voir endosser une armure et se battre que les Marinas avaient souhaités sa survie. Mais apparemment, le plan dont il était l’objet n’avait guère été communiqué si bien que même l’une des Sept ne savait ce qu’il en était réellement.
Kahran ne lui laisserait pas le temps de comprendre et réalisant que tout comportement suspect risquerait d’éveiller les soupçons de la jeune femme il décida de jouer son dernier va tout…

En réalité je n’ai absolument aucune idée de ce qui a pu faire naître en toi cette haine à mon égard. J’ignorais jusqu’à ton existence avant de rejoindre les Marinas mais je suppose nécessairement que cela à un rapport avec mes précédentes prérogatives eut égard de ta subtilité à constamment souligner mon ancien statut.

Kahran attrapa une chaise et se laissa choir dessus indiquant explicitement qu’il ne comptait pas laisser la jeune femme lui dicter ce qu’il devait faire.
Fatigué, le froid de la jeune femme ne faisait que renforcer sa faiblesse mais un sourire se dessina sur son visage. Réjouit, qu’il était, à l’idée d’être encore en vie.

Tu aurais dû me tuer quand tu le pouvais encore Poséidon...

Par le biais du rasoir, il commença à éplucher la pomme et à la découper. Portant un morceau à la bouche il s’arrêta net et invita d’un geste l’Hippocampe à le rejoindre.

Je ne crois pas avoir un jour été aussi prompt qu’Orpheus à diriger mes hommes… Les Oracles me suivaient au combat et écoutaient mes ordres. Le reste de leur temps leur appartenait conformément à la volonté d’Apollon qui souhaitait que chacun puisse demeurer libre de sa vie.

Le souvenir de cette semi-liberté offerte aux Oracles troubla l’ancien Augure qui se remémora la façon dont le Dieu Solaire avait décidé de déserter la Terre en méprisant ce pourquoi ces hommes et ces femmes s’étaient battus. Il attrapa de nouveau le godet d’eau et le porta à ses lèvres.

A toi donc de voir qui es ton ennemi. Si c’est Apollon alors nous avons toutes les raisons de nous entendre puisque je suis le meilleur moyen dont tu disposes pour assouvir ta vengeance.

Il but plusieurs gorgées avant de reposer le verre.

Si c’était moi… Alors nous aurions clairement un problème…

Il fixa la jeune femme de son regard pénétrant pendant plusieurs longues secondes avant de finalement se détourner pour retourner de nouveau au buffet.

Six mois… J’ai manqué quelque chose ?

Ainsi il souhaitait discuter du passé de Théodora ? Quelle ironie, celui qui dirigea les armées qui l'avaient privée de la seule chose qui lui importait dans ce Sanctuaire Sous-Marin, en dehors de Llyr. Bien sûr, il ne pouvait pas comprendre ta haine, pas sans explication. Il était donc naturel d'au moins lui ôter le voile sur cette sombre histoire. Ce n'était peut-être qu'un fait de guerre à ses yeux mais pour toi il s'agissait de bien plus, évidemment.

- Cela a effectivement rapport avec ton ancienne fonction. Je ne comprend même pas comment tu as pu te retrouver ici mais je n'ai pas le droit de contester les ordres de Llyr. Alors je ne l'ai pas fait même si j'ai vivement fait part à Orphéus de mon incompréhension. Mais tu es toujours là alors je vais t'expliquer pourquoi je hais Apollon et ses chiens. L'Empire Romain n'était-il pas assez grand pour son égo ? Pourquoi a-t-il du aller si loin dans une terre barbare qui appartienne au Pacifique Nord. Je ne pense pas que la liberté ait quelque chose à voir avec l'affaire qui est nôtre : mon maître est mort de la main d'un Oracle, vu sa force, il devait être émissaire. Peut-être qu'un émissaire mort en 445 te rappelle quelque chose ? Car si tu dis ne pas me connaître, saches que c'était moi. Depuis ce jour, j'ai décidé de dédier le peu de haine en moi pour Apollon et sa couardise m'en a privé.

Elle pointa alors vaguement Augure de sa main droite. Son visage était toujours fermé, son éternel sourire était actuellement comateux. C'était peut-être la plus longue tirade qu'ait jamais prononcé Théodora à l'égard de cet homme. Elle doutait fortement que cela se reproduise mais elle ne le jurait pas. Elle était tout aussi certaine de ne jamais lui parler sans attenter à sa vie.

- Alors, lorsque je l'ai appris. J'ai décidé que le mieux était de supprimer ceux qui avaient été souillés de son empreinte. Et je pense que son Augure doit être le plus touché. J'ai compris que tu t'appelais Kahran, me le rappeler serait inutile. Alors, non, je ne pense pas pouvoir te faire confiance. Pas sans comprendre comment un oiseau peut perdre ses ailes au point de s'enfoncer dans les profondeurs aquatiques. Kahran, pourquoi être venue jusqu'ici ?

Par égard pour la façon dont il avait su entamer leur discussion, la bretonne pouvait au moins répondre à sa question mais d'une manière suffisamment digne de son trouble. La question était assez peu fine : évidemment qu'il s'en était passé bien des choses entre temps.

- Il y a bien des choses qui se sont passées entre temps, en effet.

Elle avait répondu à la question, c'était une forme de provocation. Elle voulait voir comme il réagirait à pareille réaction, assez puérile il fallait l'avouer. Quelque chose déplaisait fortement Théodora : si Kahran ou qui qu'il soit était toujours en vie, pourquoi son armure avait-elle été céder à quelqu'un d'autre. Il suffisait de voir le temps qu'Ajay avait mis de côté son statut pour s'étonner du fait qui se déroulait sous son nez. Quel était le rôle à jouer de Kahran dans ce Sanctuaire Sous-Marin ? C'était bien la question à laquelle tenterait de répondre la Générale du Pacifique Nord.

Amusé Kahran arracha l’un de ses fameux sourires. Ils étaient rares mais cela n’avait jamais dérangé personne tant le cynisme inondait son visage.

As-tu la moindre idée du nombre d’innocents tués selon mes ordres ?

Son regard indigo perçait la jeune femme sans la moindre once de remord où de regret. Il n’avait fait que son travail et même maintenant, après la trahison d’Apollon, il n’avait jamais remis en cause une seule seconde les choix qu’il avait pu faire. Certaines victoires méritaient des sacrifices et entre le sang des guerriers ennemis et ceux des innocents sacrifiés pour le bien de l’Empire, les victoires de Rome avaient semés leurs lots de désolation. Kahran se redressa et son regard se figea quelques instants lorsqu’il aperçut les feuilles de thé sur la table.
Il en attrapa plusieurs et commença un travail minutieux sur un coin de table continuant d’expliquer à Théodora la réalité de certaines choses.

Ton histoire ne me dit absolument rien.

Brutal, il ne lui avait même pas accordé le moindre regard tandis qu’il assenait cette terrible vérité. Il ressentit la colère de la jeune femme et arrêta d’effrité les feuilles de thé pour tourner son visage dans sa direction. Posant sur elle un regard de pierre pendant plusieurs secondes comme pour lui signifier qu’il n’avait pas terminé il reprit finalement son travail.

Et ce n’est pas très étonnant puisque tu n’es pas sans savoir que je fus le Premier des adoubés de notre ère… En 442 très exactement…

Il s’arrêta quelques instants et ses yeux se perdirent dans le vague.

9 ans…

Il se ravisa d’un haussement de sourcil et continua.

Le premier des chevaliers qui croisa ma route fut le grand pope actuel : Arsiesys. Et, si ma mémoire est bonne, nous étions alors en 445. Vois-tu ou je veux en venir Théodora ?

Il termina de rouler la feuille de thé renforcé sur les miettes effrités précédemment et porta à sa bouche le résultat qu’il alluma d’un simple déclenchement brutal de sa cosmo-énergie.
Tirant une longue bouffée il bascula sa tête en arrière en expirant tout le bonheur qu’il éprouvait à cet instant.

Les premiers Oracles débutèrent leurs formations en 442. Leur entraînement ne s’acheva qu’en 447. Il existe donc trois possibilités… Soit Apollon à pu se jouer de moi et d’autres Oracles étaient déjà adoubé à cette époque. Ce qui me semblerait toutefois surprenant mais ce ne serait pas la première extravagance de l’autre con…
La deuxième c’est que l’un de nous ment. Très sincèrement quel intérêt aurais-je à ne pas te dire la vérité d’autant que je trouve vexant d’imaginer que j’aurais pu demander à ce que la vie du disciple soit épargné… Un peu de bon sens Théodora, si j’avais vraiment donné les ordres tu aurais subi le même sort que ton maître et jamais personne n’aurait entendu parler de toute cette histoire.
La troisième possibilité ne va pas te plaire… A qui profite le crime ? Au final n’as-tu pas été précipité dans les bras de Poséidon suite à cet évènement ?

Il aspira la fumée tandis que les braises illuminaient son regard.

Ainsi Poséidon à trouver un nouveau Kraken ? Grand bien lui en fasse, j’ai pour ma part été attitré d’une mission plus importance mais je suppose que je n’ai pas le droit de t’en parler. Tu connais Poséidon… Lui et ses petits secrets…

Cet être était un convaincu. Aucun remord ne se laissait entendre dans sa voix. Il n'en était pas amusé non plus mais cela ne lui faisait rien. Il était insensible à ses propres actes et cela débectait Théodora. Elle ferma les yeux pour calmer la colère qui grandissait encore et toujours. C'était physique. Au premier coup d’œil, la réaction épidermique s'était faite. Le pire était que Théodora reprochait les mêmes torts à Augure qu'elle tolérait chez Orphéus. Elle devait bien l'avouer, la bretonne ne parvenait pas à être objective.

- Pas une once de remords pour ces innocents, n'est-ce pas. Et je ne veux pas imaginer le nombre, cela me fait horreur. Surtout au nom d'un Dieu arrogant. Qui que tu sois, Kahran, le sang que tu as sur les mains n'est pas là au nom de Llyr.

Théodora se sentit mal. Son corps semblait tourner, le sol l'abandonnait et elle profita de l'invitation pour s'assoir enfin, soufflant un grand coup. Oui, elle voyait très bien où il voulait en venir. Mais ce n'était pas possible. Elle savait ce qu'elle avait vu et ressentit. Elle fit un grand mouvement du bras, balayant ce qu'il pouvait dire.

- Assez ! Aucun de nous ne peux juger les desseins des Dieux, tu en es la preuve vivante. La bonne réponse doit se trouver quelque part entre la première et la deuxième. Le crime ne profite pas à Llyr ! Réfléchis un peu ! Ses paroles m'ont convaincues bien avant. Il n'aurait pas sacrifié un Général pour une fille "malade", comme tu le rappelles si bien. Surtout pas à une époque où toutes les écailles d'or n'avaient pas toutes trouvées porteurs. Tu blasphèmes le Dieu envers qui tu as jurer allégeance !

Ne se doutant, évidemment de rien quand à ce prétendu blasphème. Peut-être même ne parlait-il pas de Llyr mais sur le coup, cela lui était rentrée dedans comme un poignard. Elle devait avancer ses arguments : Théodora était fragile mais son esprit était affuté et elle ne se laisserait pas dominé par cette voie.

- Comme je l'ai dit, nous ne connaissons pas les desseins des Dieux et vu ce qu'il t'a fait je pense que nous devons laisser toutes possibilités de ce côté sans s'y attarder car nous n'aurons jamais l'occasion de le vérifier. Mais, Kahran, tu te gonfles d'une importance que tu n'as pas dans cette histoire, hélas. Je n'ai jamais dit qu'il avait été envoyé pour tuer Xelar mais pour assujetir une région, celle qui est mienne à présent depuis ces cinq dernières années. Et, déjà à l'époque, je possédais une cosmo-énergie à ne pas nier. Qu'elle soit tienne ou non, cette vermine a été éradiquée.

Théodora prit doucement une poire qu'elle coupa en deux et grignota doucement : un petit coup de fouet à son esprit ne lui ferait pas de mal. Elle réfléchit à ses paroles. Étranges.

- Pardonne moi mais... j'ai comme un doute. Comment aurais-tu pu être attitré d'une autre mission ? Tu étais dans le coma. Enfin, peut-être qu'il y a une explication rationnelle mais je ne parviens pas à la valider. Car oui, j'ai déjà envisagé ta réponse.

Oh oui, Llyr avait pu lui communiquer cela de façon spirituelle mais avec les derniers événements, son retour en chair, l'attaque ... Tout cela faisait douter Théodora. Pourquoi lui priver de son écaille pour lui affecter à une autre tâche ? La perte d'une armure était le plus grand déshonneur d'un chevalier et la bretonne ne pouvait imaginer que Kahran puisse faire pareil sacrifice pour Llyr.

Peut-être, peut-être pas…

Kahran tomba quelques instants songeur. Continuant de fumer son collage il posa sur Théodora un regard qui mêlait la compassion à la nostalgie. Comment se serait déroulée cette entrevue si Apollon était resté sur Terre ?
Elle n’aurait jamais eu lieu tout simplement…
Préférant se murer dans le silence au lieu d’ajouter quoique ce soit, celui dont Poséidon voulait désormais la tête ne préféra pas risquer de s’enfoncer davantage dans un mensonge que ses 6 derniers mois n’aurait pas rendu crédibles. Il attrapa la moitié de poire restante et commença à la manger lui aussi avant de finalement se décider à reprendre. Donnant l’impression que chacun de ses blancs était parfaitement maîtrisé.

J’ignore encore l’intégralité de ses plans. Mais le fait qu’il me maintienne en vie malgré mon état devrait être une preuve suffisante à tes yeux. Tu ne m’apprécies pas beaucoup et j’en respecte les raisons même si elle son bien au-delà de ma simple compétence. Malheureusement tu ne peux pas nier que certaines choses te dépassent et… Ah il semblerait que notre entretien touche à sa fin.

Comme l’eau qui se retire avant la vague, Kahran sentit la perturbation de cosmo-énergie approché avant même qu’elle ne soit là. Les submergeant littéralement, l’appel fut accompagné d’un son profond et majestueux provenant du Temple de Poséidon lui-même. Kahran afficha une moue interrogative quelques instants et s’agaça d’être ainsi dérangé mais sans dans son esprit tout se mettait en place.
Ainsi donc, tu t’es réincarné Poséidon… Voilà qui s’annonce fort amusant…
Il se releva de sa chaise et s’inclina face à Théodora.

Remettons cette discussion à plus tard si tu le veux bien. Je ne souhaite pas te mettre en retard et je ne fais clairement pas parti de personnes conviées pour l’heure. Poséidon souhaitera sans doute s’entretenir plus tard avec moi.

Kahran tourna le dos à la jeune femme et commença à s’éloigner dans la direction opposée au Temple où les Marinas avaient été conviées. Mais alors qu’il s’apprêtait à franchir le seuil de la pièce il se stoppa net.

Apollon n’avait que pour but d’unir les peuples en une seule et même nation. Le mort que tu regrettes était sans doute un obstacle comme pour beaucoup d’autre. Demande toi simplement combien d’enfant vont perdre leurs parents lorsque tu feras triompher tes armées…

Il sortit de la pièce laissant Théodora seule sur ces entrefaites.

Lorsqu’il fut suffisamment éloigné il plongea la main dans la tunique de cuir qui l’habillait et en sortit le rasoir dont il s’émerveilla du tranchant…

Sujet: Re: Fuite en avant [Théodora - Kahran]

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Fuite en avant [Théodora - Kahran]

Fuite en avant [Théodora - Kahran]

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