L’ombre fraiche calme son esprit. Assis contre le mur perlé de goute froide, son corps lui-même se repose. Presque affalé sur la banquette de pierre, l’arrière de sa tête semble collé au mur réfrigérant. Il est rare pourtant que cette salle soit dans cet état. D’habitude, elle est remplis de torche sur les murs, de papier sur la table, parfois de boisson, parfois de livre ou tout autre objet apportant un certains réconfort. Aujourd’hui pourtant…

Le jeune homme assis ici se terre au fond de son terrier pour panser ses blessures. Le regard braqué au plafond depuis des heures, il ne voit plus le temps passé, perdus dans ses pensées. La guerre était quelque chose d’immonde, choquant, même pour des guerriers. L’attaque des Berserkers avaient laissé leurs marques sur tout le monde. Presque inconsciemment, Mercurio frotta le moignon de son index disparus. Il avait toujours mal et régulièrement, buvait, prenait différent drogue pour en oublier la douleur. Aujourd’hui dans son antre défait de toute lumière, il l’accueillait. Le chevalier du Centaure serra les dents alors que ses mains en faisaient de même suite à un pic de douleur.

Un moment sa pensée routinière revint le voir. « Ça ne devait pas se passer comme ça ». Sa vie avait tel un jeu, une partie de plaisir malgré les obstacles. Il y avait veillé de près sachant sa carrière du genre éphémère. Pourtant, lorsque la mort vient frapper à votre porte, toute cette vie d’excès semble ne pas peser bien lourd dans la balance. Ses yeux ne se détachaient toujours pas du plafond noir comme ses pensées déprimées. Mercurio repassait en boucle le combat dans son esprit. Ses espoirs, ses doutes, sa soif de sang. Ses mots comme ses actions. Un rire dépité retentit dans la chambre. Le sien. Il paraissait pourtant si loin…

Le plus durs restait la discussion qui en avait terminé avec l’affrontement. Il s’en était sentit, en dehors, à côté de la plaque. Alors que tous, ennemis comme alliés lui parlait de respect, honneur et autres théorie du même genre, il n’en comprenait rien. Si ce n’était pas nouveau, jamais cela ne l’avait frappé avec autant de force. Aujourd’hui encore, c’était comme si on lui expliquait que les étoiles avait des jambes…

Que faire quand ton monde bascule ? Lui qui était si exubérant c’était renfermé. Sa chambre devenant son quasiment seul univers. Encore un peu et il se parlerait tout seul, il n’en doutait pas. Il ramena sa main blessé devant ses yeux tandis que sa tête se décollait du mur glacé. Même dans l’ombre, il la percevait assez nettement. Le trou être ses doigts, les fourmillements du membre qu’il ne possédait plus. Depuis toujours, il a eu cette sensation d’être un étranger au monde qui l’entoure. D’abord dans son village puis ici au sanctuaire. Longtemps il a cru que c’était de part sa relation avec son étoile. Il n’en était rien, il le comprenait maintenant.

Est-il un psychopathe ? Quelqu’un dépourvus du moindre sentiment ? Parfois il se le demande… mais ces colères sont là pour lui rappeler le contraire. Des colères provoqué par cette éternelle sentiment d’être seul, étranger à sa famille, ses amis, ses collègues. Même ses deux maitres principaux, Bach comme Antarès n’ont pas réussis à l’intégrer parfaitement. Il fallait leur reconnaitre le courage d’avoir essayé et presque réussis pour le second. Il n’en restait qu’il se retrouvait là, seul dans sa chambre grise comme un condamné dans sa cellule prêt à attendre le jugement. Comme si le Destin trouvait ça d’un comique extrême, c’est ce moment que choisis quelqu’un pour entrer. Un large trait de lumière s’abattit dans la pièce, aveuglant momentanément le chevalier du Centaure. Dans l’encadrement de la porte, des cheveux doré et une armure reconnaissable entre mille restait droit comme un « i », silencieux comme la mort. Mercurio regarda droit dans la lumière. Lui était intégré. Lui avait trouvé sa voix. Lui, lui tapait sur les nerfs comme personne. Sentiment hautement réciproque la plupart du temps. La voix de Mercurio trembla légèrement sous le coup de la colère envers l’intrus.

-Je m’étais toujours dis qu’un jour ou l’autre ce moment viendrait. Viens-tu me purifier Elias ?

Les coudes sur les genoux et les bras pendant entre ses jambes, le chevalier du centaure s’était recroquevillé inconsciemment, prêt à bondir. Ho non, avec lui dans les parages, son corps se tendait tout seul, son poil se dressait et s’il en avait eut, ses crocs se seraient dégagé de ses lèvres tout seul.

-Je te préviens c’est le mauvais moment pour venir me faire chier.

Il le regardait ans l'encadrement de la porte. Misérable. Rien d'autre ne venait à l'esprit du blond tandis qu'il s'attardait un court instant sur l'apparence de son vis-à-vis. L'autre élève d'Antares, celui qui portait le Centaure. Un rang supérieur à celui du Phénix il est vrai mais dans l'esprit de Elias, la réalité était tout autre. Le regard mauvais et les paroles acerbes prouvaient en tout cas que Mercurio n'était pas disposé à subir les réflexions du nouvel arrivant. Et de ce côté là, il n'avait pas grand chose à craindre. Pas aujourd'hui. car si son apparence semblait intact - en tout cas plus que le Centaure a qui il manquait l'index - il n'en était pas moins épuisé. Mentalement déjà. Son combat contre le chevalier du Sagittaire, aussi connu pour être le Grand Pope, avait laissé quelques séquelles et il avait encore besoin de repos. Mérité. Souhaité.

Sans attendre l'invitation qui de toute façon n'arriverait jamais, Elias pénétra dans la pièce, balayant celle-ci du regard. Les deux hommes ne s'étaient réellement jamais apprécié. Elias le trouvant trop étrange, devinant que celui qui s'entraînait avec Antares était rongé par le pêché. D'ailleurs il le savait puisqu'il avait employé le terme "purifier" de lui-même. Il est vrai que la menace avait déjà été proféré à de nombreuses reprises. Et qu'aux yeux du Phénix, ce jour béni arriverait tôt ou tard. Un chevalier d'Athéna qui n'était pas pur était une aberration à ses yeux et y remédier était l'unique mission de sa vie.

- Je te purifierai un jour, Mercurio. Mais pas tout de suite. Pas aujourd'hui. Il est encore trop tôt. Et je te prierai de garder tes menaces pour toi, surtout que si je t'écoute, ce n'est jamais le bon moment pour venir te voir. Tu es trop lunatique à mon goût.

Il avait lâché la dernière parole d'un air désinvolte, se permettant même de lui sourire. Un sourire qui ne lui serait jamais rendu mais ce n'était pas le but non plus. Elias était particulier et ne s'embarrassait pas de ce genre de comportement. Pourquoi feindre un sentiment alors que mentir faisait parti des défauts qu'il combattait. S'il savait que ce genre de chose ne pouvait être purifié, il n'en restait pas moins impossible pour lui de proférer un mensonge quelconque. Du moins le croyait-il dur comme fer. Alors feindre des sentiments, c'était pire encore.

Sentant toutefois que son homologue était réellement au bord de l'implosion, Elias trouva judicieux de se reculer un peu. Non pas qu'il le craignait mais il sentait la tension, palpable. Et il n'était pas venu ici pour le provoquer. Il savait ce qui s'était passé, la rumeur n'épargnait pas le Centaure après tout, et après sa propre défaite contre Arsiesys, il avait cru bon d'aller quérir de l'état de santé de son frère de formation. Car à ses yeux, posséder le même mentor voulait dire être lié d'une façon ou d'une autre. Les défauts des uns et des autres devant être parfois oublié. Et puis le blondinet ne se voilait pas la face. Sans doute qu'ils ne s'aimeraient jamais. Mais cela n'empêchait pas d'être un minimum civique.

- As-tu vu notre Maître pour cette histoire ? Sans doute qu’il sera à même de t'aider, si tu ne refuses pas une fois encore la main tendue. Je suis venu pour te demander de sortir de cette pièce. Y rester enfermé n'est bon ni pour le moral, ni pour ton corps. Regarde toi... Tu n'es plus que l'ombre de ce que tu étais auparavant. Et si je n'aie jamais cautionné tes pêchés, au moins avais-tu le mérite d'assumer tes actes.

La douleur qu'il sentit venir le fit taire un court instant. Il était encore en mauvais état et se demandait si les flèches du Sagittaire n'étaient pas ensorcelées. En quelque sorte.

- Encore que, cela ne me regarde pas. J'en ai conscience.

Citation :

Premier post de repos.

Mercurio darda l’homme en face de lui d’un regard noir. Bien que ce dernier ne puisse le voir dans l’ombre, il devait se douter au vue de la tension tout autour du centaure. Alors qu’il restait silencieux, le second élève d’Antarès observait le premier qui prenait la parole. Dans son attitude excessive, il n’avait jamais réellement prêté attention à l’individu. Aujourd’hui alors qu’il était assis dans l’ombre et que le phénix semblait immergé de lumière, leurs différence lui sautait aux yeux, lui lacerait les sens d’un constat d’échec.

Blond comme les blés, l’un était poli, œuvrant afin de corriger les mœurs de ses camarades. Le second avait passé sa vie dans une fête permanente, il avait même essayé de rendre plus « cool » Elias, notamment en le draguant ouvertement, en vain. Le résultat en cette sombre journée était que le phénix se tenait plus ou moins droit, baigné de lumière, un des plus grand espoirs du sanctuaire tandis que Mercurio était la risée de tous, celui dont même l’adversaire l’avait renié, s’emparant d’un simple doigt plutôt que de sa vie. Cloitré dans l’ombre, encore et toujours. Malheureusement, ce constat ne faisait que renforcer son côté taciturne. Un lion se cache pour mourir. Et il n’était même pas l’ombre d’un lion.

-L’ombre n’est-elle pas mon amie la plus fidèle ? Elle m’a plus souri que tous les saints réunis dans ce sanctuaire.

Quelques secondes passèrent avant que sa morgue retombe et c’est le regard détourné comme l’avouant avec difficulté qu’il répondit plus sincèrement à la question de son « frère ».

-Le Maitre est trop occupé en ce moment. Je l’en remercie d’ailleurs, le courage me manquerait je pense à lui faire face.

Le courage, était-ce de ça dont il était question ? Mercurio lui-même en doutait grandement. Face à l’opprobre de son train de vie, il n’avait fait que pousser le vice encore plus loin. Choqué encore et toujours plus pour faire taire les rumeurs, se forger une carapace d’insouciance pour ne plus rien sentir. Le jeune homme ramena de nouveau son attention sur son homologue. Sa déprime comme, étrangement, l’absence de boisson, lui laissait la langue bien pendu.

-Je t’ai toujours vu comme un miroir inversé de moi-même tu sais, Elias. Le grand, le beau, le fort chevalier du Phenix. L’apogée de l’enseignement de Maitre Antarès. Ho, j’étais heureux de posséder une armure d’argent. Là-dessus je t’avais surpassé. Enfin. Je pouvais rendre notre Maitre fier… mais l’armure ne fait pas le chevalier n’est-ce pas ? Donc non. Je trouve que l’ombre de cette pièce couvre particulièrement bien mon état.

Le jeune homme s’était de nouveau adossé au mur froid comme dans une légère provocation. Encore une pensa-t-il. Intérieurement, il aurait voulu en sortir, marché dans la lumière. Il ne l’admettrait probablement jamais mais il enviait le phénix doré. Si sûrs de lui, si pur. Lui volerait haut dans les cieux tandis qu’un centaure resteras toujours coincé au sol ses sabots aussi lourd que des montagnes. En réalité, tapis au fond de lui-même sous des tonnes d’alcool, de sexe et de drogue, Mercurio priait pour être purifié par les flammes de son contraire. Ses propres flammes le blessaient autant si ce n’était plus que l’adversaire tandis qu’Elias apaisait les travers de l’âme.

-Alors Phenix ? Vas-tu me réduire en cendre dans ta folie purificatrice ? Me trainer pieds et poing lié au dehors ? Ou encore rester bien sagement en dehors de tout ça comme tu le fait si bien ?


Une dernière provocation…pour ne pas craquer, pour ne pas montrer ses faiblesses…

L'armure ne fait pas le chevalier... Il est vrai que cette réplique faisait parfois le tour du Sanctuaire. Mais aux yeux du chevalier de Bronze, il ne s'agissait en réalité que d'un prétexte. Pour les uns de se croire plus forts qu'ils ne l'étaient et pour les autres d’avoir une justification pour les erreurs qu'ils commettaient. Et s'il ne se considérait dans aucune de ces deux catégories, il voyait clairement Mercurio comme un partisan de la seconde. A l'entendre se lamenter de la sorte, l'envie de laisser éclater son propre cosmos pour absorber celui du Centaure se fit plus intense. Qu'il aurait été facile de consumer âme et corps en un instant, purifiant cette carcasse qui était déjà vide. Mais Antares ne l'aurait pas voulu. Et encourir la colère de son Maître n'entrait pas dans ses projets futurs.

Quant à cette histoire de miroir, il est vrai que leur ressemblance était troublante. Le Phénix n'y avait jamais réellement prêté d'attention mais le fait de l'entendre de la bouche d'un autre soulignait cette particularité qu'ils avaient. Bien que le tableau qu'il lui dépeignait ne lui correspondait pas. Il était étonnant de voir que deux personnes s'étant entraînés ensemble pouvaient ne pas se connaître. Le beau, le fort, le grand ? Autant de mots qu'il préférait ne pas utiliser lorsqu'il pensait à lui. N'était-ce pas au Centaure de se targuer qu'il était fort ? Puissant et redoutable guerrier... Il n'était effectivement que l'ombre de lui-même. Et sa grandeur, si elle avait existé, avait complétement disparue aujourd'hui.

- Tu te traînes déjà tout seul dans la boue, as-tu réellement besoin de moi pour cela. Le Centaure devrait être le symbole de cette force dont tu me parles. Je ne suis que l'instrument d'Athéna, symbole de sa foi et de sa détermination. Car comme elle, le feu de mon armure ne s'éteindra pas. Tu es l'avatar de sa puissance et de sa force... Mais finalement, tu ne fais que jeter l'opprobre sur les autres chevaliers et sur notre Maître. Toi, un Silver Saint, tu devrais avoir honte de te morfondre ainsi dans les ténèbres.

Cette fois, le chatoiement de son armure se changea en une véritable lueur qui emplit l'espace dans lequel il se trouvait. Le cosmos du Phénix brûlait littéralement mais restait contenu autour de son armure. Les flammes, désormais visibles à l’œil nue, semblaient dangereuses, mortelles même. Mais pas pour le corps. L'âme. Telle était la clé d'un combat aux yeux du bronze. Mercurio ne cessait de lui demander s'il comptait le purifier. A force, il allait gagner ce droit. Ce privilège qu'il n'offrait qu'aux élus. Un cadeau des dieux et en particulier de sa déesse. Du moins était-ce ainsi qu'il voyait la chose. Il ne leva qu'un doigt, l'index, laissant apparaître une faible lueur à l'extrémité. Comme s'il retenait son pouvoir avant de le laisser consumer la pièce.

- Je n'accorde pas ce privilège à tous... Tu n'as qu'un mot à dire et je purifierai ton âme souillées. De toute évidence, tu as perdu le peu de raison qui faisait de toi un homme. Je crains que notre ennemi ait aussi emporté ta virilité en plus de tes phalanges. Je t'écoute donc, Mercurio du Centaure... Vas-tu te laisser mourir ou vas-tu enfin recouvrer l'honneur que chaque chevalier d'Athéna se doit d'avoir ?

Mercurio ne put retenir un petit rire. Un rire désabusé tandis que la lumière sue projetait Elias lui-même repoussait les ombres de la pièce.

-« Honneur » hein ?

Faisant fi de la menace du doigt pointé dans sa direction, ou en tout cas, semblait le faire vu de l’extérieur, sa voix toujours aussi désabusés repris la parole. En lui-même, la peur s’était insinuée dans ses tripes. S’il avait prié la purification d’Elias, il en craignait l’acte maintenant qu’il se présentait à lui.

-Chose étrange qu’est l’honneur ne trouves-tu pas ? J’ai vu un chevalier d’Or se blesser intentionnellement car quelqu’un était intervenu dans son « duel » contre un envahisseur…

Ce qu’il ne révélait pas était qu’il était le « quelqu’un » ayant intervenu. Probablement que son frère de formation le savait déjà, les rumeurs court très vite dans un environnement clôt comme le sanctuaire. Mercurio reprit légèrement plus confiance en lui à mesure qu’il parlait. Le sujet le touchait à cœur, depuis très peu, depuis l’affrontement en fait. C’est à ce moment-là que la vérité l’avait percuté de plein fouet, sa « différence » la plus forte.

-Je me demande sincèrement en quoi l’honneur de se mutiler face à un ennemi d’Athéna est utile à notre déesse. Un mort honorable… n’est-ce pas là le plus inutile des servants ?

Le chevalier du centaure se releva de son banc pour la première fois depuis le début de la discussion, depuis bien plus longtemps même. Il s’approchait d’un pas calme, montant sur la table basse que pur mieux en descendre face à Elias.

-J’ai ouï dire qu’il faut mourir pour ses convictions… que si l’on n’agit pas honorablement, l’on est au même niveau que nos ennemis… Certes, certes, j’entends ceci et je n’y comprends que des conneries. Conneries ! Conneries ! Conneries !

Encore un pas, toujours plus près des flammes, toujours plus près de ce doigt purificatrice.

-Nous sommes en guerre. Pour le salut de notre monde, pour le salut d’Athéna. Et si l’on meurt tous drapés dans notre honneur, qu’adviendra-t-il ? Dis-le moi Inquisiteur, qui protégera la déesse après qu’on ai tous brulé dans le feu de la justice ?

Mercurio contourna alors le premier élève d’Antarès, sortant pour la première fois en jours. Rapidement, la lumière chaude des rayons du soleil vinrent se poser sur son visage. S’en gorgeant, tête relevé, il s’adressa au jeune homme dans don dos.

-Parfois, il faut être capable de plonger ses mains dans la boue et le sang. C’est aspect de la guerre me dérange pas. Je dois bien être le seul du sanctuaire. Vois-tu, pour Athéna, pour Maitre Antarès, pour le Vieux Bach et même pour moi, je serais prêt à beaucoup. M’enfoncer seul derrières les lignes ennemies, trancher la gorge de l’ennemi quand il me tourne le dos… on est loin de l’idéal de la plupart des Saints, je ne le sais que trop bien, pourtant…pourtant…

Le jeune homme se retourna pour faire face au phénix. D’une certaine façon, il cherchait son aval, son point de vue à lui qui se situait en juge du commun comme des chevaliers. Ensuite, Antarès et Bach. Deux des principales personnes de la vie de Mercurio, si ce n’étaient les deux plus importantes.

-Tout comme on a besoin de stratège, on a besoin de personne se déplaçant dans l’ombre. Effectuer les actes répréhensible mais inévitable. Le « vice » n’est forcement mauvais tu sais… c’est un jeu dangereux, je te l’accorde. Peut-être…non, j’ai perdu mon but de vue à cause de mon oisiveté. J’ai oublié que la guerre était à nos portes. J’ai oublié que j’étais un soldat avant tout.

Le « soldat » comme il s’appelait se laissa légèrement tombé pour rester en équilibre, son épaule contre le chambranle de la porte. D’une certaine manière, Elias l’avait purifié. Pas de la façon dont le psychopathe à l’armure du phénix le souhaiterais probablement mais le centaure n’en avait cure.

-Honneur ou la mort disais-tu donc ? Je te répondrais par le nom d’une couleur : Gris et toutes ses nuances qui vont avec. Alors, quelle est ta sentence maintenant ?

Gris... Ainsi était la réponse de celui qui partageait l'enseignement du Scorpion. La déception pouvait se lire sur le visage du blondinet alors qu'il avait écouté toutes les explications du Centaure. Dire qu'il lui avait laissé une chance et qu'il la gâchait purement et simplement. Du dépit. Il lui faudrait mourir pour avoir une chance de renaître sans cette souillure qui lui entachait l'âme. Mais il était encore un peu trop tôt pour que le phénix déploie ses ailes. C'est pourquoi il abaissa l'index, cessant de concentrer son cosmos. Mercurio pourrait certainement y voir une marque de consentement et jamais il n'aurait été autant dans l'erreur. Car en écoutant ses paroles, Elias n'avait plus qu'une certitude : l'enseignement du Scorpion n'avait servi à rien et il avait perdu son temps avec ce cas désespéré. Rarement le Phénix n'avait ressenti une si profonde déception.

Malheureusement, il devait se tenir à ses principes et aux règles qu'il s'imposait. L'âme pouvait attendre encore un peu. Puisque Athéna avait décidé d'apporter sa confiance à ce soldat, alors il accepterait pour l'instant les dérives de cet homme. Et son manque de convictions. L'honneur... Lui, celui qui se cachait dans ce temple et dans cette chambre, il osait parler d'honneur. Tout ce qu'il avait dit n'était cependant pas à jeter. Athéna avait autant besoin de soldats que de héros. Et si la victoire comptait, elle ne devait pas résumer la vie des chevaliers de la déesse. Bien sûr qu'il fallait tout faire pour vaincre. Athéna était Sagesse. Et Force. Pourtant...

- Imbécile !

Il avait craché ces mots, imposant de ce fait son avis personnel. Il n'était qu'un fou de croire que Elias ne pouvait comprendre son point de vue. Bien qu'il ne puisse savoir le mal qu'il avait porté en son cœur si longtemps. Un mal plus sombre encore que le caractère emporté du Centaure. Et dire que lui, il avait eu le privilège de porter sur le dos une armure d'argent. L'aveuglement dont il faisait preuve était presque une insulte pour le blond.

- Qu'importe la vie de ton ennemi, qu'importe que tu préfères assassiner ta cible dans l'ombre plutôt que de l'affronter en homme. Je ne juge pas ta dévotion, ni ta façon de procéder. Je me moque de ce genre d'état d'âme. Mais une chose me fait réagir !! Serais-tu donc capable de tuer des innocents si cela t'apportait la victoire sur ton ennemi, Mercurio ? Et crois-tu que ma déesse l'accepterait ? Tu es plus fou que je ne le croyais. Il n'est pas que question d'honneur ou de gloire. Un chevalier doit respecter des principes et c'est ainsi depuis la nuit des temps. Tu me dis que le vice n'est pas toujours mauvais... Et tu te prétends Silver Saint d'Athéna.

Le point sensible se trouvait là. Car si les manœuvres pour vaincre l'ennemi ne dérangeaient en rien Elias, si certains sacrifices étaient parfois nécessaires, comme blesser un allié ou de le tuer si cela était indispensable à la survie de tous, il n'était cependant pas prêt à exécuter des innocents. Les chevaliers savaient dans quoi ils s'embarquaient. Mais les civils non. Depuis la mort malheureuse de ces hommes et femmes alors qu'il n'était encore qu'un jeune garçon, Elias avait une vision des choses plutôt simpliste sur ce sujet. Tuer un innocent condamnait l'auteur du trouble à la damnation. Seule une âme encore plus noire que les autres était capable de telles actions. Et Mercurio était à la frontière de ces mondes. S'il franchissait la ligne rouge... Il mourrait.

- Tu voulais entendre ma sentence, Mercurio du Centaure ? Et bien ouvre bien tes oreilles car je ne me répéterai pas. Tu es un soldat de notre déesse. Et tu es prêt à te salir les mains pour elle. Soit, il en faut. Mais moi, Elias du Phénix, je suis son juge et son bourreau. Sache qu'à la minute où tu franchiras la ligne qui transforme un soldat en vulgaire assassin, tu me trouveras sur ta route. Nous avons suivi le même enseignement et Maître Antares nous a inculqué les mêmes principes. Cela ne fait pas de nous des frères pour autant. Transgresse la règle la plus élémentaire de notre déesse et je disperserai tes cendres à travers le Sanctuaire pour que ton acte ne soit jamais oublié. Tu as beau être le plus gradé de nous deux, je saurai te faire souffrir mille morts afin que tu payes ta folie.

Bien que son attitude ne soit plus menaçante, ses propos ne manquaient pas de venin. Ces deux là ne s'étaient réellement jamais entendu. Une rivalité tacite mais qui n'avait jamais dégénéré. Ils s'étaient comparés l'un à l'autre. Ils s'étaient défiés. Mais aujourd'hui, c'était une autre page qui se tournait. Car en ce jour maudit, Elias se déclarait officiellement son ennemi mortel s'il agissait sottement. Qu'importe que les autres chevaliers partagent le point de vue du Centaure. Leurs âmes seraient un jour ou l'autre jugés pour leurs torts. Mercurio avait la malchance d'avoir eu le même mentor. Et pour la mémoire du Scorpion et de ses préceptes, Elias était capable de libérer un torrent de flammes contre son autre élève.

Le centaure était surpris mais loin d’être déçus. C’était l’avantage de « discuter » avec Elias. Il vous mettait aux pieds du mur. Ce n’était d’ailleurs pas pour rien que Mercurio passait peu de temps en sa compagnie. En l’occurrence, il essayait de dissimuler son sourire naissant mais il n’y parvenait quasiment pas. Un sourire un brin moqueur que l’on aurait pus croire supérieur.

-Ais-je déclarer vouloir tuer des innocents ? Je ne pense pas. Peut-être ma mémoire me joue-t-elle des tours… Mais soit. Si jamais je dois en arriver-là, je tendrais volontiers mon coup pour que tu puisses abattre ta hache… « Bourreau ».

Le jeune homme le pensait sincèrement. Sa voie ne serait pas des plus faciles, il lui faudrait probablement faire des choses regrettables, très regrettables. Il ne doutait pas d’avoir en son frère d’enseignement le garde-fou dont il aurait besoin. Il ne doutait pas non plus des paroles de ce dernier. Malgré leurs différentes armures, jamais le centaure n’avait estimé le phénix plus faible que lui, bien au contraire…

Pour un peu il l’en aurait remercié. Sa fierté se mettait en travers. Car il avait une fierté, souvent mal placé, tout le temps, là où on ne l’attendait pas. Un moment, le chevalier d’argent essaya de deviner les pensées du purificateur. Ses yeux se plissant légèrement sous la concentration.

-Tu sais…s’en est presque tentant. Je me suis toujours demandé laquelle de nos flammes brulerait l’autre. Celle consumé par le désir ou celle consumé par la purification ? Si ça se trouve, je t’entrainerais dans la dépravation…

Son sourire moqueur n’était plus du tout retenus dorénavant mais ce n’était que façade. Amuse-gueules avant de passer au plat de résistance, fumée pour mieux dissimuler la vérité. Le fait est que Mercurio était sûr de son chemin dorénavant. Il serait tortueux souvent, dans l’ombre tout le temps mais c’était ainsi que ce manifesterais sa foi comme sa dévotion. Son index avait été pris par l’ennemi, il sacrifierait bien d’autres choses pour apporter la victoire à la déesse de la sagesse. Le monde qui se dessinait après toutes ses guerres, n’était pas un monde pour lui. Il ne l’était plus.

-Je me demande tout de même… Penses-tu être une si bonne personne que ça Elias ?

En effet, pour Mercurio, son homologue n’avait pas plus sa place dans un monde bénit par Athéna que lui-même. Trop sûrs de lui, trop bienpensant, trop extrémiste. Il serait trop à même de se transformer en tueur de masse selon le centaure. Pour ce dernier, les deux élèves d’Antares étaient des enfants de la guerre, fait pour un temps de trouble et de chaos, chacun à sa manière. Assez ironique quand on connaissait le prénom du chevalier scorpion.

-Si jamais tu dois choisir entre la vie de notre déesse et ces fameux innocents, tu t’en abstiendras vraiment ? Loin de moi l’envie de voir une telle situation mais il se peut qu’elle arrive plus rapidement qu’on ne le pense…

Mercurio se releva et s’approcha d’un pas du phénix. Il attendit un instant, une seconde ou deux puis se rapprocha encore de son opposé. Il ne doutait presque pas de la réponse de ce dernier et la jugeait stupide avant même de l’entendre. Peut-être avait-il tort, sans doute même mais cela ne lui importait peu.

-Penses-tu réellement que tu puisses survivre à cette guerre sainte ? Je ne parle pas en termes de qualité guerrière mais plus en qualité d’âme. Penses-tu sincèrement avoir le matériau pour vivre en temps de paix ? Toi le parangon de tout ce qui est pure et juste, ne deviendrais-tu pas le renouveau du chaos une fois tout nos ennemis massacré ? Qui de nous deux serait le plus à même d’avoir à être purifié à ce moment ?

La voix de Mercurio n’avait pris aucune intonation mais ses eux laissaient entrevoir son avis sur la question, son avis sur l’homme en face de lui également. Oh oui, il se sentait supérieur car, pour lui, il n’était pas aveugle. Le centaure ne se faisait aucune illusion sur ce qu’il était et serait.

-Ta bienséance. Toutes tes qualités qui font de toi un saint exemplaire… ne te tacheront pas-t-elle à l’avenir ? Tu es un formidable guerrier d’Athéna mais si tu représentes bien sa force, peut-être n’es-tu pas le plus sages…voir sages tout court. Tu es un guerrier avant tout…comme moi.

Le centaure leva légèrement son bras pour abaisser son seul index restant au niveau du cœur du phénix. Lentement, il le descendit, comme caressant l’armure et son porteur. Son regard se fit plus malicieux, séducteur, son sourire moqueur avait disparus pour un plus matois.

-On se ressemble bien plus que tu ne le crois… Drapée dans ton honneur et ta vision du monde, en as-tu jamais ne serait-ce que gouté ses plaisirs ? As-tu ne serait-ce que vécu ? Tu ressembles plus à une armure vide, aux monstres que tu essayes d’éradiquer que tu le penses… et si tu me laissais t’instruire ? Peut-être que je pourrais t’amener à aimer le gris. C’est une couleur très saillante…

A mesure que cet homme défiait Elias, il se mettait de plus en plus en danger. Sauf qu'inconscient qu'il était, il ne semblait même pas s'en apercevoir. Avait-il senti cette chaleur étrange s'emparer de son être alors qu'il avait posé l'index sur la Cloth du Phénix ? Il était préférable pour lui que ce soit le cas. Car les flammes qui léchaient désormais l'armure du Bronze n'avaient plus rien de comparables à ce qu'il avait produit précédemment. Cette fois, ce n'était pas une mise en garde. Cette fois, il affichait clairement ses intentions : si Mercurio laissait son index posé ainsi, il perdrait son bras. Car ces flammes qui semblaient sortir du corps d'Elias risquaient de mettre un terme à sa misérable vie. Un feu qui consume tout. Y comprit l'âme.

Sans doute qu'il le comprit car le contact cessa. Elias n'avait pas bougé d'un poil mais en lui venait de s'animer ce sentiment qu'il tentait de maîtriser. Cette envie presque irrépressible de châtier l'importun. Tant d'années de bravades inutiles. Tant de temps passé ensemble pour finalement ne laisser qu'une rivalité dérisoire. Le Centaure et le Phénix étaient différents l'un de l'autre. Bien que physiquement, ils se ressemblent. Même s'ils maîtrisaient le même élément, les deux flammes étaient très différentes. Car l'une d'elle était née pour purifier cette terre.

- Repose une seule fois ta main sur moi et je te jure que tu perdras autre chose qu'un simple index, Mercurio.

Et comme un avertissement, il projeta l'illusion d'un homme qui se faisait consumer par les flammes de la pureté, un châtiment exemplaire pour un acte qui n'en restait pas moins insultant. Si avec cela, Mercurio ne comprenait pas le ressentiment de son homologue, alors il n'y avait plus rien à faire pour lui. Excepté prier, bien sûr. Il repensait déjà aux questions du Centaure. Survivre à cette guerre sainte ? Un sourire apparut sur son visage.

- Décidément, si tu crois que notre déesse te laisserait tuer des innocents, même pour sauver sa propre vie, tu es bien plus idiot que tu ne le montres. N'oublie pas la raison principale de toutes ces Guerres Saintes. La liberté des hommes. Notre déesse est ainsi. Faire passer la vie de ces mortels avant la sienne ne serait pas le premier sacrifice qu'elle ferait. Cesse donc de faire l'enfant et ouvre un peu les yeux, Mercurio. Survire à cette guerre n'a jamais été mon but... Car une fois que la mission du Phénix sera achevé, alors l'armure disparaitra. Et moi avec. En endossant cette cloth, j'ai accepté d'être le Juge de ma déesse. S'il n'y a plus rien à combattre, alors pourquoi devrais-je encore vivre ?

Le point crucial était abordé. Car Elias ne se faisait aucune illusion sur l'avenir qui était le sien. S'il voulait purifier le plus d'âme possible, c’était aussi pour racheter la faute qui était la sienne. Et la finalité, c'est qu'il allait devoir mourir pour épurer complétement sa dette. Il ne le craignait pas. Il l'attendait même. Car ces innocents l'appelaient. Demander justice était un droit pour tous, y comprit pour les morts. Ainsi, une fois que sa propre mission serait achevée, il serait disposé à payer le prix qu'il fallait pour le rachat de sa propre âme.

- Crois-tu que ta dépravation fasse de toi un homme qui a vraiment vécu ? Tu es à cent lieux de savoir ce par quoi je suis moi-même passé. Je vis bel et bien, Mercurio. Oh ! Pas comme toi, c'est certain, pas de la manière dont tu conçois cette notion. Mais je vis... Et je ne me fais aucune illusion quant à la fonction qui est la mienne. Soldat je suis, soldat je resterais. Et je me moque de ton instruction. Tu as pourtant raison sur un point crucial.

Le sourire du Phénix disparut pour ne laisser place qu'à une enveloppe vide de toute émotion. Qu'est-ce donc que la sagesse ? Une notion particulièrement difficile à appréhender selon lui.

- Je suis effectivement une armure vide. Mais je compte bien combler ce manque avec les âmes que je purifierai. Ainsi, lorsque la mort viendra me chercher, je serai enfin en paix avec moi-même. Mon honneur et ma vision du monde sont justement ce qui me sépare de toi, Centaure. L'entité que tu représentes est capable de parcourir cette terre à une vitesse exceptionnelle, elle est aussi doté d'une résistance exemplaire. Mais comme le centaure, tu es limité dans ton raisonnement. Tu ne vois pas l'ensemble d'une situation car tu es lié par la terre. Mais contrairement à toi, le phénix peut voler bien haut. Son point de vue ne peut qu'être meilleur que celui du Centaure. Il voit le danger avant le centaure, il peut franchir un obstacle sans s'arrêter tandis que ton avatar sera obligé de le contourner. Et qu'importe le soleil, qu'importe qu'il se brule les ailes... Car le phénix est l'oiseau immortel, celui qui ne peut craindre la mort.

Drapé dans son honneur avait-il dit... Quelle erreur. Pas d'honneur pour ceux qui ne désiraient que remplir le rôle que leur déesse leur avait attribué. Elle était là, la différence fondamentale entre eux. Les autres pensaient d'Elias qu'il était présomptueux, imbus de sa personne. Ils n'avaient pas forcément tort.

Dans la petite pièce, la remise entourée d’ombre, les deux flammes s’étaient enfin accordé sur un point. Un petit sourire satisfait vint se loger sur le visage de Mercurio. Deux pions, deux soldats qui bruleraient dans leurs propres flammes une fois qu’il n’y aurait plus d’ennemis à carboniser. La question restant étant de savoir lequel brulerait l’autre en premier. Le centaure porta son doigt à sa bouche, le suçant quelques instants pour y apaiser la sensation de brulure, petit cadeau du phénix. Les métaphores utilisées par Elias lui avaient bien plus. Elles étaient loin d’être fausse mais révélait d’un fanatisme qui restait propre au jeune homme.

-…Et lorsque tu as tort, tu tombes de très haut, tandis que je me relève immédiatement. J’espère pour toi que tu sauras atterrir sur tes petites serres lorsque tes ailes te lâcheront.

Il n’en restait que pour Mercurio, l’armure, son rang ne faisait jamais le chevalier qui devait la portée. Toute ces considérations d’honneur, de fierté n’était pas pour lui. N’étaient PLUS pour lui. IL crachait sur certains chevaliers d’or et honorait de simples soldats en faction. Ses propres critères différait à la manière que sont totem parcourait les bois alors que l’oiseau de feu volait dans les cieux.

-Mais là résides mes convictions. Je ne renie pas ton utilité Elias. Tu es un des plus ardents défenseurs de notre déesse, de sa cause et, pour ça, je t’en remercie. Tu sais, je ne pourrais pas être ce que je suis, ce que je serais sans les gens de comme toi. Tu illumines le champ de bataille, me permettant de me faufiler parmi les ombres. Je suis le centaure qui parcourt les bois. Parfois à découvert, souvent camouflé par cette terre dont tu survoles de si haut. Mais fais attention, à force d’en être si éloigné, tu pourrais perdre ta connexion avec le bas peuple.

Mercurio croisa ses bras dans son dos, comme si l’homme en face de lui ne représentait aucun danger. Sa tête se laissa tomber de quelques centimètres comme s’il avait besoin de se pencher pour le regarder, l’observer de plus haut.

-tu es probablement l’un des plus forts atouts d’Athéna dans cette guerre mais si ton implication est indéniable au début, ton rôle se réduira à mesure qu’on y avancera. Tu deviendras une gêne plus qu’autre chose. Ton fanatisme, ton âme jugeant tout tes compagnons…ces derniers ne risquent pas de le supporter à la longue. Tu te rends compte d’être une épée à double tranchant n’est-ce pas ? Capable de galvaniser les troupes comme de les scinder en deux.

Le centaure se rapprocha d’un pas, couvrant presque toute la distance entre eux deux. Son regard s’était fait plus froid, loin du petit ton désintéressé dans sa voix ou des reflets d’alcool dans ses pupilles.

-À ton avis, qui nos chers, précieux, honorables chevalier d’or enverront de planter une lame dans le dos quand sera décidé ta mise à mort ? Qui se glissera derrière ce pilier, ce rocher pour surgir des ombres, ton trépas à la main ? Nous pouvons être deux au petit jeu des menaces tu sais. Ils ne viendront pas bardé de leurs préceptes naïfs. Ils enverront un centaure caché dans la forêt pour abattre d’une flèche silencieuse un oiseau en train de faire son nid.

Sans guère attendre de réponse, Mercurio se détourna du bronze saint, ne lui accordant pas plus d’attention qu’aux quatre murs à ses côtés. Il marcha jusqu’à la porte, le soleil le baignant de ses traits chaleureux. S’arrêtant un instant, le jeune homme semblait ne parler qu’à lui seul, sa voix portant à peine jusqu’aux oreilles du phénix.

-Si jamais je m’enfonce trop dans l’obscurité. Si jamais je dois devenir un ennemi d’Athéna, tu es celui qui devra m’arrêter. J’en serais presque honoré. Mais si jamais tu deviens l’extrémiste que tu gardes au fond de toi, si jamais tu deviens la cible à l’intérieur même de notre camp…ce que franchement, je ne doute pas de recevoir l’ordre un jour si tu continue à te placer en juge. Je serais celui qui guidera le glaive dans ton corps et tes flammes ne te protégeront plus ce jour-là.

Presque machinalement, le centaure se frotta le doigt légèrement brulé. Quelques instants seulement mais même un habitué des flammes comme lui avait vite regretté l’expérience. Des flammes qui brules tout, même d’autres flammes. Qui pourrait être assez sot pour affirmer qu’elle ne se retournerait jamais vers son créateur ? Sans plus un mot, Mercurio sortit définitivement de la pièce, laissant le phénix entre ces quatre murs. De nombreuses et difficiles heures d’entrainements attendaient le centaure avant d’être en mesure d’appliquer sa promesse à Elias.