Au loin le soleil commençait à illuminer le ciel de ses couleurs rougeâtres qui par endroits devenait rosâtre. Une nouveau jour se levait sur le Sanctuaire des Saints au fur et à mesure que les ténèbres étaient chassées par l’astre. Une journée radieuse s’annonçait. Pas un seul nuage à l'horizon qui pouvait trahir une dégradation du temps qui plus est la température était idéal pour un entraînement de bonne heure. Ce fut cette ambiance féerique qui réveilla Gienah alors que les premières lueurs se frayèrent un chemin jusqu’à la fenêtre de sa chambre. Ce dernier était devenu depuis peu le nouveau chevalier de Bronze du Cygne. Une joie immense l’avait envahie lorsqu’il avait obtenu son titre malgré le fait qu’il savait que les choses sérieuses ne faisaient que commencé. Depuis, il avait redoublé d’efforts en augmentant le nombre d’entraînement qu’il faisait par jour. Au début il avait eu tendance à dépasser ses limites par contre après plusieurs essais et erreurs il avait fini par trouver le juste milieu.

«L’air ambiant est frais sans pour autant être froid. Je vais donc commencer avec un peu de course. Cela va me permettre de courir plus longtemps et de m’arrêter moins souvent.»

Le jeune sparte avait toujours le même programme dont il ne faisait que changer l’ordre d'exécution selon la météo. Dans de rares cas il annulait une voire de nombreuses étapes selon ce que les évènements du jour lui réservait. Toutefois, aujourd’hui il n’avait rien d’important à faire. De ce fait, il avait décidé d’emprunter un chemin en montagne qui était long et ardue. Il s’agissait plus précisément d’un petit sentier sinueux qui était très escarpé par moments. Très peu de personnes autres que les Saints l’utilisaient, dû à sa dangerosité.

Ce ne fut que quatre heures plus tard que le combattant était de retour au pied de la montagne. Celui-ci était en sueur et avait le souffle court. Ses mains appuyées contre ses jambes il retrouvait tranquillement une respiration plus lente et constante. Lorsque quelques minutes eurent passé, Gienah se releva finalement et s’étira de tout son long. Il commençait déjà à sentir ses muscles l'élancer, mais il était loin d’avoir terminé son entraînement. Il n’allait probablement pas avoir fini avant le couché du soleil.

«Voilà une bonne chose de faite. Je vais prendre une pause un court instant puis je vais enchaîner avec la suite.»

Le chevalier de Bronze s’approcha d’un rocher assez imposant sur lequel il s’assit et observa les alentours. Il n’y avait qu’un nombre infime d’arbre dans les environs et ceux qui avaient poussé dans le coin n’étaient guère très grand. Les lieux pouvaient donc être considérés comme étant une clairière qui, selon la présence de différents chants d’oiseaux, était très apprécié par les volatiles. Le bruit d’un ruisseau trahissait également la présence d’une source d’eau non loin. D'ailleurs son son cristallin lui rappela qu’il s’était muni d’une gourde avant de partir. Étant assoiffé, il ne se fit pas prier pour en avaler une grande lamper.

«Ce secteur est vraiment magnifique! Je devrai y venir plus souvent.»

A sa grande surprise, il ne fallut qu’une nuit au jeune Dragon pour que sa cloth et lui-même se rétablissent de leurs blessures, infligés par Hannon du Verseau. Shaokan était prêt à parier qu’en plus de son Cosmos, une autre force mystique était intervenue pour restaurer complètement le Saint. Peut-être sa protection puisqu’étrangement, lorsqu’il se réveilla, elle se trouvait sur lui et non dans sa Pandora Box alors qu’il l’avait pourtant expédié avant d’utiliser le Ko Ryū. Ne levant de son lit de paille et de pierre et ôtant sa douce couverture de laine, le Chevalier d’Athéna regarda la maison dans laquelle il avait trouvé le repos. Une maison, amplement vaste pour deux personnes, de pierre blanche avec en son intérieur deux lits, une table de chêne. Sur les murs, plusieurs torches étaient disposées pour faire l’éclairage dans cette habitation. De plus, il remarqua la présence de deux carrés dans le mur où siégeait la porte d’entrée : ils étaient transparents, laissant refléter la lumière du Soleil et évitant de gaspiller des torches à tout va. Ces étranges choses étaient d’ailleurs protégées à l’extérieur par deux petites portes de bois, lesquels ne pouvaient être ouvertes ou verrouillés qu’à l’intérieur du domicile. Arkás faisait vraiment des créations étonnantes…

Détestant rester dans un lieu sans ne rien faire, le Mythique quitta la maison et décida de faire un tour dans les alentours du Sanctuaire. Il put obtenir ainsi un grand nombre d’informations, sur diverses choses comme par exemple, la nomination d’un nouveau Leo Gold Saint. Une rencontre s’imposera donc entre celui qui a succédé à son mentor et lui-même. Elias fut inclut à ses nouvelles et le jeune Bronze apprit que son ami de toujours était devenu un puissant Gold Saint, bien qu’il prit la décision de conserver l’armure du Phénix. Un choix plus que respectable, montrant la fidélité qu’éprouvait l’homme envers sa protection de départ. Shaokan ne pouvait que le comprendre, par ailleurs : il se voyait difficilement avec une autre cloth que celle du Dragon. Un jour, les deux amis seront au même niveau, combattant côte à côte face aux plus grands ennemis d’Athéna et faire connaître la légende des Mythiques aux autres Saints. Mais pour l’heure, l’homme à l’armure émeraude avait encore du chemin à faire pour rattraper son meilleur ami.

Après plusieurs heures de marche, il s’arrêta près de ce qui semblait avoir été la colonne d’un bâtiment, désormais en ruine, apercevant non-loin un Saint qui courrait. Ce Saint, à l’armure blanche avec une sorte de tête de canard ou d’oie sur la tête, vint le joindre quelques instants plus tard, sans remarquer la présence de l’oriental. Ceci le conduisit à un constat évident : il était un novice et n’avait qu’une maîtrise limitée de son cosmos. Si quelqu’un ne veillait pas sur lui au plus vite, il courrait droit à la Mort. Le Chevalier, que Shaokan identifia comme le Bronze Cygne d’Athéna – Bien qu’il dut réfléchir un certain temps – poursuivit ce qui semblait être un entraînement jusqu’à ce qu’il ouvre sa gourdasse pour en boire le contenu, très certainement de l’eau. Après tout, à quoi cela lui servirait-il de se saouler après de tels efforts ?

Ne pouvant s’empêcher l’espace d’une journée de ne pas montrer le moindre signe d’arrogance, Shaokan poussa un soupir désespérant avant de frapper lentement ses mains l’une contre l’autre, applaudissant ironiquement l’homme à la chevelure couleur neige.

« Ce n’est pas mal ce que tu fais, Chevalier. Cela dit, je ne faisais ce genre d’entraînement que lorsque je n’avais pas encore obtenu ma Cloth… »

Déversant ainsi son venin, il ne fallut pas moins de quelques minutes à Shaokan pour se moquer de l’un de ses homologues Bronze. Cela dit, bien que cette pique lui délivra un certain amusement, il n’en était rien de plus sérieux au monde. Il pensait réellement que le Cygne se ferait tuer s’il continuait des entraînements aussi médiocres pour eux, Bronzes Saints. Il devait être supervisé par quelqu’un ayant plus d’expérience. Quelqu’un comme Antares ou Hannon. Ou tout simplement Shaokan. Et comme les deux premiers cités n’étaient pas là, la question de savoir qui allait avoir ce rôle ne se posa plus réellement…

« Je suis Shaokan, Bronze Saint du Dragon et chef des Mythiques d’Athéna. Ce qu’il te faut, c’est développer ton Cosmos. Dans les faits, notre corps a été préparé pour que nous soyons suffisamment fort physiquement en recevant notre armure. Le reste de notre puissance se jouera sur notre maîtrise de cette énergie que nous avons en nous. Mais à en voir par ton manque de réaction totale quant à ma présence, je dirai que tu es encore loin de le maîtriser. Mieux, je pense que tu n’as reçu ton armure que récemment. Me tromperai-je ? »

Gienah ne manqua pas de remarquer la pointe d’ironie dans les commentaires ainsi que les faits d’un autre chevalier qui s’approchait de lui. La première chose qui lui vint à l’esprit lorsqu’il l’entendit et l'aperçu était qu’il s'agissait de quelqu’un d’imbu qui devait fort probablement se surestimer. Sans compter qu’il parlait avant même de savoir. Le chevalier du Cygne pouvait tout aussi bien avoir fait un jogging à cause qu’il aimait courir. Malgré cela, il accorda le bénéfice du doute à son interlocuteur. Il ne pouvait le jugé pour l’instant puisqu’il venait tout juste de se rencontrer.

- Il s’agit exactement du genre d’échauffement que j’ai fait pendant les 13 dernières années de ma vie. Je ne vois donc pas pourquoi je devrais changer une habitude qui ma si bien payé jusqu’ici pour une raison aussi dérisoire que le fait que tu n’en fasses pas.

Le comportement de l’homme à l’armure d’émeraude lui tombait royalement sur les nerfs. Non pas temps par son commentaire, mais davantage par sa façon de le dire. De toute évidence il y avait un manque de courtoisie chez lui. Exactement le genre de chose qui était sévèrement puni à Sparte, sa cité natale, et ce pour de bonnes raisons. Cela permettait une bonne entende en évitant des conflits internes futiles et le respect des supérieures. Cependant, ce dernier eut au moins la bienséance de se présenter. Par politesse, il lui déclina son identité à son tour.

- Je suis Gienah, Chevalier de Bronze du Cygne et fils d'un sparte.

Pour la seconde fois, l’homme lui donnait quelques conseils par contre ceux-ci avaient été constructifs. *Étrange. Ses dires sont complètement différents de la fois précédente. Au final, il aurait de meilleure intention que ce qu’il laissait paraître? Je préfère ne pas trop m’avancé sur son cas et jouer le carte de la méfiance. * Le jeune combattant savait pertinemment que le fait de se trouver dans le même camp ne signifiait pas nécessairement qu’il voulait son bien. Trop souvent il avait vu des gens se faire berner par de faux sourires et de fausse allégation.

- J’ai effectivement reçu mon armure récemment, mais cela ne fait pas de moi un mauvais combattant pour autant. D'ailleurs tu penses que je ne t’avais pas remarqué, mais comment peux-tu en être réellement sûr? Un cygne sur un lac paraît calme et peinard pourtant sous le reflet de l’eau ses pattes n’ont de cesse de battre frénétiquement.

Satisfait de sa réponse et intrigué par un bruit strident, il regarda au loin de quoi il s’agissait. Deux oiseaux semblaient se chamailler un bout de pain que l’un d’entre eux avait probablement trouvé dans un village proche. Trouvant cette scène peu intéressante, il porta de nouveau son attention vers son interlocuteur.

- Mon ancien maître ma déjà parler de cela. C’est précisément pour cela que je m’entraîne également physiquement. Le cosmos peut être traduit par une maîtrise de nos sentiments et de notre volonté donc de la force de notre psychisme. Ce qui me conduit à intégrer plusieurs échauffements qui touchent la forme physique car un esprit sain s'acquière par un corps sain. Qui plus est, il est beaucoup plus facile de se concentrer après avoir dépensé son surplus d’énergie. Ce qui, au final, s’avère être un avantage lorsque j’en arrive au cosmos.

Shaokan manqua de se pouffer de rire en écoutant les dernières paroles de ce Gienah. Etait-il débile ou testait-il le Dragon ? Pour lui déballer des inepties de la sorte, ce Saint ne pouvait être que stupide. Affichant un sourire qui en disait long sur ses pensées, il repensa à l’expression de son homologue Bronze, à laquelle il lui apporta une réponse. Une réponse qui en disait long sur l’égo surdimensionné de l’oriental.

« Un Cygne n’aurait pas que remué ses pattes en voyant le Dragon arriver. Il aurait dissimulé tout son être, pour survivre à la rage sans fin de cette créature sans limite. »

Plus qu’essayant de rendre réaliste ses propos, Shaokan dévoila calmement qu’il n’avait strictement rien à craindre du Saint du Cygne. Et pour cause, l’ignorance totale qu’il avait sur le Cosmos était un élément suffisant à ses yeux pour se sentir supérieur à lui. Sachant pertinemment que ses provocations ne le mèneront à rien, le chinois s’adossa contre le pilier partiellement détruit et croisa les bras, exposant à l’autre personne présente le Bouclier du Dragon. Si ce que l’on raconte au sujet du Cygne est véridique, alors lui aussi dispose d’une protection du même genre, bien qu’ayant une solidité tout ce qu’il y a de plus banal, à l’inverse de la Cloth d’émeraude. Soufflant une nouvelle fois, Shaokan décida d’éclairer la lanterne de Gienah. S’il ne le faisait pas, il aurait sa mort sur la conscience et, bien qu’il se moquait éperdument de cela, ce n’était pas le cas d’Athéna, du moins le supposait-il.

« Après avoir dépensé son surplus d’énergie, hein ? M’ouais, c’est plausible… Pour un entraînement face à un garde. Face à un Saint, ça ne marche pas comme ça. Ils s’entraînent et se battent toujours sérieusement. Crois-moi que t’auras intérêt à vite manier ton Cosmos si tu ne veux pas avoir la tête au carré. Et face à un Marina ou un Berserker, avec cette logique… M’oui. Tu seras tué avant même que tu aies pu te rendre compte de ce qu’il se passe. »

Shaokan avait eu vent, durant son voyage, des évènements ayant frappés le Sanctuaire, ainsi que des nouveaux adversaires des Saints. Décroisant les bras et quittant sa position, le Saint du Dragon s’approcha de celui du Cygne, lentement. Lorsqu’il fut environ à cinq mètres de lui, il s’arrêta, jeta un coup d’œil en direction du Sanctuaire, puis posa de nouveau son regard sur Gienah. Ce jeune homme ignorait énormément de choses, bien plus que lui lorsqu’il « reçu » son armure. Un Bronze, ignorant, se rapprochant jour après jour de la Mort… Une idée germa alors dans l’esprit de Shaokan. Il y a quelques instants, il ne voyait aucun intérêt à ce qu’il vive mais tout compte fait… Il y en avait peut-être un. Seulement, pour l’obtenir, le Dragon se devait de l’aider. Et il savait très bien comment faire…

« Ton maître t’a, semble-t-il, mal enseigné. Ignorer de telles informations sur le Cosmos… T’appréciait-il ou était-il simplement stupide pour t’envoyer de la sorte vers ta fin ? Je te l’ai dit et je te le répète : à présent que tu portes une Cloth, ton entraînement est dérisoire. Ta puissance est bien au-delà de ce que tu peux imaginer. Tu dois simplement éveiller ton potentiel. Et pour cela, il te faut comprendre et dompter ton Cosmos. Tu as de la chance, je suis d’humeur généreuse aujourd’hui : je veux bien t’aider. Mais à une seule et unique condition… Rejoins les Mythiques Saints d’Athéna. »

Gienah n’avait aucunement l’intention d’embarquer dans se jeu stupide et encore moins de faire valoir ses points de vue. Le chevalier du Dragon était si imbu de lui-même et borner que cela n’aurait servi à rien d’autre que perdre du temps ainsi que de la salive. De ce fait, il se contenta de rester de glace face à la réplique scindante de ce dernier malgré le fait qu’il s’agissait clairement d’une confrontation. S’il avait perdu son calme uniquement pour cela il est vrai qu’il n’aurait pas donné cher de sa peau lors d’un combat où le sang froid est plus que nécessaire. *Pour l’instant, il a au moins une qualité dont il fait preuve. Il a réussi à me tomber sur les nerfs. C’est assez impressionnant en soi.*

Toujours assit sur un rocher, son interlocuteur ne tarda pas à faire de même en s’adossant contre un pilier tout en croisant les bras. Ce qui avait pour effet de mettre en avant plan le bouclier de son armure. Le sparte l’observa un court moment puis s’en désintéressa. Son maître Aetios lui en avait déjà parler à cause du même genre de protection dont faisait preuve l’armure du Cygne. Leur cas était exceptionnel pourtant le combattant n’y portait pas réellement attention. Aussi bonne une défense pouvait-elle être, elle ne servait à rien s’il ne savait pas rendre les coups.

- Hé bien si c’est mon manque d’expérience, qui est normal puisque je suis nouveau dans cet univers, qui va me tuer je dois dire que je plains davantage ton cas. Ce qui te conduira à ta perte sera le fait que tu sous-estimes tes adversaires et te sur-estime toi-même. N’est-ce pas là le péché que tout combattant devrait connaître quand il a un minimum de formation? Même le plus jeune enfant de Sparte pourrait te le dire.

Il y a de cela quelques années, Gienah était tombé dans ce même piège. Cependant, celui-ci se sous-estimait et était donc le contraire de Shaokan. Par contre, ses tuteurs de l’époque avaient rapidement rectifié le tir en l'obligeant à dépasser chaque jour un peu plus ses limites. Rapidement, le jeune garçon qu’il était alors compris la formidable résilience dont faisait preuve le corps humain. Quelqu’un sachant cela et connaissant les frontières à ne pas franchir ne pouvait qu’avoir un grand potentiel dans l’avenir. Le Cygne savait qu’il manquait désormais d’expérience et ne s’en cachait pas vraiment. Il n’y avait aucune honte à y avoir dans cela puisque tous les saint étaient passés par la un jour. Ne bougeant pas d’un pouce, ce dernier observa son interlocuteur s’approcher tranquillement de lui jusqu’à ce qu’une faible distance les sépare. Cette fois ses paroles étaient rude, mais réalistes.

- Sache que mon maître est plus que compétent et sait très bien ce qu’il fait. Le problème est davantage au niveau de mon ancien tuteur qui a disparu au milieu de ma formation. Je vais accepter volontiers ton aidé, mais avant cela dit m’en plus sur ce groupe.