Là où le vent jamais ne sème [Arsiesys]

Le couperet est donc tombé, hier soir en réunion sur skype avec la quinzaine de personnes présentes pendant les 2h qu'a duré la discussion (qui ont dérivés sur 3/4 par la suite ^^).

En faisant le constat de la situation actuelle puis le bilan du …

Ici seront stipulées toutes les armures remises en libre service après la perte de leur détenteur.

Citation :: Libération d'Armure
Nous ne pouvons pas nous permettre de laisser indéfiniment des armures en les mains de joueurs inactifs. À partir de deux …

Et voila, il est temps de vous faire part de notre nouveau projet...

One Piece ShinSekai RPG !

www.shinsekai-rpg.com

Un forum One Piece, depuis le temps que la team en parlait et avait l'idée en tête il était temps de franchir le cap. Bien …

Êtes vous certain que je suis le plus qualifié pour ce genre de périple? Je ne sais pas si le choix est si judicieux...

Vérifiant les différentes parties de mon armure - comme si elle ne m'allait pas à la perfection - j'attendais, mal à l'aise, la réponse. Malgré l'ivresse de la victoire, l'obtention de mon rang et de son marqueur le plus évident, j'étais encore en proie au doute. Quoi de plus normal lorsque l'on possédait depuis peu l'un des artefacts les plus précieux du Sanctuaire? Ma responsabilité était grande, et le fait de me retrouver devant le Grand Pope en personne augmentait cette sensation de mal être. Était-ce aussi dû au fait qu'il n'était vraisemblablement pas bien plus âgé que moi? Cela jouait, sans aucun doute. Car il ne fallait pas être bien intelligent pour comprendre que cet homme devait être un génie, ou détenteur d'une puissance phénoménale. Bref, le genre de personne qui a tôt fait de vous faire comprendre que s'il vous a choisi pour une mission, il est grand temps d'opiner du chef et de rentrer dans le rang sans pleurnicher.

Je dois avouer que ma première rencontre avec notre dirigeant suprême m'avait tout autant marqué. Juste après l'accession au rang de Gold Saint, j'avais dû présenter mes hommages au Grand Pope, qui n'était autre qu'un membre des chevaliers d'Or encore en activité. Malgré la fierté, malgré l'adrénaline noyant mes veines, et cette aura de puissance que je sentais se dégager de moi, ourdir de chaque pore de ma peau, je m'étais senti bien petit, rien qu'insignifiant, face au calme solide de cet homme, véritable montagne inébranlable. Et pour l'heure, un genou en terre, j'avais surtout l'impression que les racines de cette montagne pulsaient sous mes pieds, comme m'appelant à l'unité. La chose était des plus simple, il requérait mon aide pour quelques affaires en contrées exotiques, de l'autre côté de la mer. J'avais beau avoir déjà officié, du temps ou Pontius était encore mon maitre, sous ces latitudes, retraverser la Méditerranée ne me plaisait guère. Et puis, le Sanctuaire étant devenu mon foyer plus que partout ailleurs, j'avais le plus grand mal à m'en détacher.

Mais la parole du Pope faisait force de loi. Et à vrai dire, mon intimidation commençait à céder le pas à de la curiosité pure, et une certaine excitation, avide de connaitre cet homme, de marcher à ses côtés, de suivre ses pas et apprendre tout simplement à agir comme un Saint. On ne pouvait pas dire que j'étais novice, ayant porté l'armure de Persée durant une bonne partie de mon passage à la vie d'homme, mais j'étais dans une sphère différente, à présent, et je jouais avec des forces inimaginables, capables de réduire des univers à néant. Avisant mon homologue pourtant si loin de mon niveau actuel, je capitulais.

Ce sera un honneur de servir sous vos ordres, donc. J'espère être digne de votre choix, Grand Pope, et peut être servir comme le meilleur des guides.

Car oui, je serais un guide dans ce voyage, connaissant bien mieux que les autres Saints ces terres balayées par un vent aride et calcinées par le soleil. Et ce peuple, ancien et encore debout, après tous les événements qu'il avait eu à traverser, était des plus intéressant. D'ailleurs, je m'accrochais à cet aspect pour rendre ma destination plus agréable. Certaines choses avaient eu lieu lors de ma dernière mission, et je ne voulais pas me heurter à quelques fantômes du passé. Ce qui restait sûr, c'était que, ne pouvant crever le voile du futur, je mettais mon sorts dans les mains de Fortunae. Car nous nous rendions dans les terres des sables éternels. Dans des contrées de Dieux vaincus, mais encore farouches. En ce jour, nous devions nous préparer à nous rendre en Egypte.

Plus il s'y attardait, et plus il avait l'impression que ce vêtement ne lui allait pas. On l'avait pourtant confectionné pour lui, sur mesure. Aucune chance que la taille ne lui soit pas adaptée, même les poussées de croissance ne sont pas aussi abruptes. Non, c'était uniquement que sa place n'était pas dans cet habit. Une réflexion qu'il s'était déjà faite à l'époque où on l'avait vu endosser pour la première fois son armure d'or. Néanmoins, il avait toujours été prévu qu'il en hérite, si bien que ses doutes s'étaient rapidement dissipés. On ne pouvait en dire autant cette fois. Jamais on ne l'avait prévenu d'une éventuelle accession au trône, et on ne l'avait en rien éduqué afin de prendre cette relève. Cela s'était décidé dans l'urgence à la mort de son prédécesseur. Nul autre candidat ne semblait assez capable. Beaucoup parmi ses aînés avaient rechigné à voir un fringant jeune homme reprendre ce flambeau.

Pour eux, ce n'était encore qu'un enfant, et on ne pouvait leur donner tort. En dépit de sa sagesse, Arsiesys s'extirpait tout juste des affres de l'adolescence, comme en témoignait sa beauté juvénile. Ceux qui le jugeaient l'avaient vu grandir. Si ses compétences étaient indéniables, lui faire un tel honneur était prématuré et on le disait manquer d'expérience pour assumer ces responsabilités. Parti qu'il prenait lui aussi, si on lui demandait son avis. Ce qui n'empêcha pas la décision d'être prise, lui faisant cumuler le port d'armure à celle de la toge de Pope. Fort de cet amalgame, lui qui n'était pourtant qu'à peine adulte devenait sans conteste l'homme le plus important de tout le Sanctuaire. Et cette pression était accablante, même pour un individu de son étoffe.

- Trêve de bonnes manières, Antares. Cesse de m'appeler par mon rang, tu sais pertinemment que j'ai cela en horreur ! Je suis un chevalier d'or avant d'être Grand Pope, et ne le serais même pas si on m'en avait laissé le choix. Tu n'es pas sans le savoir, cela non plus.

Arsiesys continuait d'inspecter le casque de Pope qu'il tenait de ses deux mains, scrutant sa surface dorée d'un oeil morne. Quoi qu'on fasse et quels que soient les mots employés pour le convaincre, il ne se pensait pas digne de le porter. Tout au plus se voyait-il comme un intérimaire, un homme de paille voué à faire illusion jusqu'à ce qu'un réel candidat au poste soit trouvé pour prendre sa suite. Au fond, il avait envie d'y croire car il n'était pas prêt à supporter pareille charge. On avait tout fait pour le confort dans ce rôle mais rien n'y avait fait tant il ne s'y sentait point préparé. Le Scorpion lui demandait s'il était le plus qualifié pour cette mission... À vrai dire, le jeune homme n'en savait rien. Plutôt timoré, il s'était trop souvent tenu à l'écart des siens et n'en connaissait qu'une poignée, alors pourtant que le Sanctuaire grouillait de vie.

S'il l'avait choisi parmi tant d'autres, c'était sans aucun doute parce qu'il s'en sentait proche. Non seulement ils avaient presque le même âge, mais en plus de cela il lui était déjà arrivé de l'épier au cours de son entraînement. Que ce soit en tant que Silver Saint de Persée ou même maintenant. D'ailleurs, il ne doutait pas que son vis à vis ait lui aussi pu le voir à l'époque où il était paré de l'armure de la Flèche, qui désormais reposait au Sanctuaire vidée de son porteur. Le temps suivait son cours et beaucoup de choses avaient changé, à commencer par son caractère. Casanier au début, voire même teigneux, il était ensuite devenu timide et effacé pour maintenant commencer à développer ce qui serait plus tard sa personnalité réelle. Un enfant qui n'avait pas grandi selon un système normatif ne pouvait qu'avoir du mal à se cerner avec exactitude, mais il était enfin en passe d'y arriver.

De savoir qui il était en vérité. Et pour l'assister dans cette quête plus que dans celle qu'ils étaient censés effectuer, son compagnon de route paraissait être le meilleur à disposition. Ayant toujours été plutôt solitaire, il ressentait maintenant l'irrépressible envie de faire confiance, de prononcer les mots qu'il avait retenu toutes ces années durant. De laisser quelqu'un entrer dans sa vie. La perte de son mentor l'avait déboussolé dans un premier temps, mais elle fit office d'élément déclencheur. Privé de repères, de sa seule ancre au sein de leur terre sacrée, il avait besoin de se retrouver, de se connaître. De tisser de nouveaux liens. Et le nouveau venu parmi le Zodiaque d'Or était le premier à qui il avait pensé. Et puis, il fallait bien éprouver sa valeur et voir s'il était digne de son rang. Pourtant, la mission était loin de le préoccuper : il avait d'autres soucis en tête.

- Dis-moi Antares... Que suis-je pour toi ? Ton supérieur ? Ton maître ? Ton égal ? Ne t'adresses-tu à moi que parce que je t'en ai donné l'ordre ? N'es-tu à mes côtés que parce que je te le demande ? Ne vois-tu en moi que l'ombre de mon autorité ? Ce sont les questions que je me pose. Rien ne t'oblige à y répondre, cependant... Si tu y consens, je t'en serai gré. J'ai toujours aimé élucider les énigmes car elles attisent ma curiosité, mais je dois avouer que celle-ci me terrifie plus qu'elle ne me captive.

Loin d'être formel, mon seigneur et maitre, pourtant si proche en terme d'âge, m'encouragea à laisser la politesse vernie de côté. C'était déstabilisant, autant que c'était sympathique. Déstabilisant car on n'était jamais préparé à bien réagir face à ce genre d'exigence de la part d'un supérieur. Sympathique, car je commençais à voir le jeune homme derrière l'armure d'or. Et je décidais de me décontracter, ne cherchant pas à flairer un quelconque piège. Il ne servait à rien de jouer un rôle auprès de son chef suprême, surtout quand on était appelé à agir avec honneur et sagesse, comme le voulait la déesse. De plus, je ne distinguais nulle malice dans les yeux si profond de mon interlocuteur. Et j'étais plutôt bon à ce petit jeu.

J'avoue que même si la jeunesse apparente du Pope pouvait choquer, elle touchait aussi ma propre fougue. On avait toujours tendance, à mon âge, à suivre un leader qui ne faisait pas partie des anciens et qui représentait donc un renouveau, sorte de mini-révolution qui séduisait nos esprit épris de changement. Et cela nous donnait aussi de l'importance, signifiant par là même que nous n'étions pas quantité négligeable, que l'un des autres avait réussi à se hisser à la plus haute place, près de la déesse. Non pas que la course au pouvoir faisait rage parmi nos rangs, mais tout le monde aspire un jour à devenir quelqu'un de meilleur.

Et tandis que je me détendais, une série de question arriva, comme une lame de fond m'engloutissant. Le Pope avait pris le temps de la réflexion et s'était soudain décidé, constatais-je, à formuler ses interrogations. Ce fut un moment difficile, prenant d'abord ces demandes comme un retour de bâton après la requête au sujet de la formalité de nos rapport, puis je décidais que le représentant d'Athéna sur terre cherchait peut être un avis neuf sur sa personne, avis qui ne serait ni le discours teinté de philosophie d'un ancien, ni celui martial et pompeux, d'un loup de guerre. Je décidais d'être franc, voilà tout. Je n'avais jamais été très bon dans l'art subtil du poncif, et je ne considérais pas cela comme un moyen de briller, de toute manière. Et puis, s'il fallait avoir peur de chaque parole prononcée en face de son chef, comment le suivre aveuglément à la bataille? Nous étions élevés, entrainé pour défendre la justice. De ce fait, le meilleur d'entre nous devait être le plus sage et juste. Nulle peur à avoir si l'on était soit même droit dans sa tête. Je me lançais donc.

Et bien, pour parler franchement, oui, je suis le serviteur et vous le maitre. Et pourquoi donc? Parce que cette aura inaccessible qui vous caractérise nous éloigne, plaçant nos deux personnes sur des marches différentes de l'escalier. Dans cette optique oui, vous donnez un ordre, et j'y obéis, en toute conscience cependant, comme les préceptes de la déesse le dictent. Maintenant, si j'ai envie de briser cette barrière? Oui, je pense. Enfin, après tout, ne sommes nous pas lié par un même serment, en plus d'être les heureux porteur d'armures forgées pour servir Athéna? D'autant plus que, sauf votre respect, je ne vous connais pas assez pour me faire une idée précise de votre personne, et j'ai bien peur qu'il nous fasse passer par là, si nous voulons travailler de concert. J'ai besoin de connaitre mon chef, aussi sûrement que vous avez besoin de connaitre vos subordonnés, si vous voulez diriger efficacement.

Je prenais une pause, réfrénant quelque peu mon audace. Parler franchement avait aussi ses limites, et je ne savais pas comment le Pope allait réagir, tout naturel qu'il fut. Puis je me dis que, au point où j'en étais, il valait mieux assumer jusqu'au bout et terminer ses réflexions.

Vous êtes déjà une légende, Pope, de part votre âge et votre puissance, et je ne suis qu'un autre chevalier du Scorpion, fraichement promu. J'ai certes des états de service avec moi, mais je dois maintenant montrer ce que je vaux, plus que jamais. J'espère juste me montrer à la hauteur de ma fonction, et de vous. En ce qui vous concerne, c'est à vous de changer l'opinion que l'on peut avoir à votre égard. Vous ne voulez pas passer pour une autorité impersonnelle, juste un canal par lequel s'exprime la volonté de la déesse? Faites donc. On dit qu'un chef qui exprime ses doutes face à ses généraux est une très mauvaise chose. Moi je dis que c'est ce qui fait de lui un être humain aux yeux des autres. Et par conséquent, je vous remercie d'être un interlocuteur privilégié pour ce genre de précieuses choses.

Je baissais la tête, la main sur le cœur, en signe de remerciement. Je ne mesurais pleinement que maintenant le fait que le Pope tentait de s'ouvrir à moi. Pourquoi m'avoir choisi? L'âge, sans doute, la fraicheur de mon regard sur le monde. Il n'empêche que je me sentis privilégié, flatté même.

On dit que les rois se font entendre de deux manière différentes: par le respect ou la crainte. Vous possédez, dans une certaine mesure, chacune de ces options. Il reste à savoir laquelle vous préférez.

Et le heaume cérémonial de fendre l'air pour heurter la tête d'Antares. Encore à ce jour, nul ne sait qui du casque ou du crâne sonna creux. Ainsi se brisa tout le côté solennel de l'instant sous cette seule impulsion. Un geste si infantile ne lui ressemblait guère, et c'était là tout le but de la manoeuvre. Rappeler que même si on ne comptait plus ses vertus, il n'avait posé que très récemment le pied dans l'âge adulte. Les atrocités de la guerre l'y auraient conduit prématurément, mais celle-ci était encore loin d'être à leurs portes, il avait donc pu grandir sereinement. Faussement agacé, le Pope fronça les sourcils pour morigéner son subalterne.

- Combien de fois devrais-je te dire de me tutoyer ?

Le Sagittaire s'en approcha d'un pas vif... Pour se calmer aussitôt, se contentant de ramasser le projectile et de l'épousseter. Protégé par son propre morion, le Scorpion n'avait rien du sentir, ou si peu. Le geste était plus symbolique qu'autre chose, rappelant qu'il n'était, au fond, qu'un enfant effrayé par les responsabilités qu'on lui conférait sans trop lui demander son avis. Le besoin urgent de faire monter un héritier sur le trône avait précipité sa nomination. Et il continuait de penser que s'être hâté de la sorte les avait poussé à faire le mauvais choix, à donner le rôle à qui ne le méritait pas. Sa personne. Ce que lui demandait ce poste était au-delà de ses compétences, rien de tout cela n'était à sa portée. On lui demandait de mettre Rome en amphore.

- Je ne suis pas différent de vous... Je ne suis qu'un homme à qui les dieux ont accordé un peu de pouvoir. Je ne peux lire les étoiles et encore moins y voir l'avenir, et la voix d'Athéna jamais ne me parvient. Pour moi qui suis censé être son représentant, n'est-ce pas une honte de la pire espèce ? Je ne remplis aucun des critères requis pour accéder à ce poste et doute un jour y parvenir. Que fais-je à cette place qui n'est pas mienne, Antares ? Peux-tu me le dire ?

L'ampleur de la tâche qui l'attendait était bien trop grande pour être portée par un seul homme - tout surhomme qu'il soit. Car dans l'idée qu'il s'en faisait, le maître suprême du Sanctuaire devait encore être supérieur à tous ceux placés sous ses ordres pour s'en faire respecter, physiquement comme moralement. Une idée aussi logique que factice mais il n'en avait pas encore conscience, n'ayant jamais eu vraiment l'occasion d'y réfléchir par le passé. Ce n'était que maintenant qu'on l'y avait hissé que les questionnements avaient débuté, se faisant de plus en plus virulents au fil des jours, au point d'en troubler son repos. Arsiesys avait soif de réponses, et la mine contrite qu'il eut en scrutant la coiffe dorée était plus qu'explicite à ce propos.

- Je ne suis pas une légende Antares... Je ne suis qu'un homme parmi tant d'autres. Hanté par ses peurs. Et à cet instant elles sont plus dévorantes que jamais car je sais que je n'ai pas la force de faire face à une telle épreuve. Si tu n'es qu'un humble Scorpion, je ne suis qu'un bien ordinaire Sagittaire. Cette place ne me revient pas de droit, pas plus qu'une autre. Je ne suis pas fait pour l'assumer. Ce n'est pas fait pour moi. Je n'attends de toi ni respect ni crainte ! Ce que je désire, c'est ta confiance et ton amitié.

L'archer lui adressa un sourire teinté d'embarras, se rendant bien compte que la situation était saugrenue. Il en était presque à pleurer sur l'épaule de l'un de ses généraux qu'il n'avait jamais rencontré en personne par le passé. Sans doute était-ce l'âge qui instaurait d'emblée une certaine proximité, à moins que ce ne soit le verbe du Scorpion qui le mette en confiance au point de pouvoir exprimer ses craintes. Cela devait sans nul doute désacraliser quelque peu l'image que se faisait Antares du maître des chevaliers, et cela ne ferait que confirmer que sa place n'était pas dans le palais du Pope, mais dans la maison du Sagittaire dont on lui avait confié la garde à la mort de son maître. Il était déjà aberrant qu'on l'ait autorisé à demeurer parmi les Golds Saints tout en accédant à cette promotion, et il était pourtant loin d'en être digne. Une faveur que rien ne légitimait, qui lui infligeait d'autant plus de pression, si bien qu'il s'en sentirait presque prisonnier des abysses. Plutôt ironique dans la mesure où Poséidon était un ennemi héréditaire pour tout serviteur d'Athéna. Le regard dans le vague, il leva le pesant couvre-chef et fit mine de l'enfiler, après une courte hésitation. Jusqu'à ce que tous prennent conscience de cette erreur, il n'avait d'autre choix que de le porter, même s'il pensait ce geste criminel tant il n'était pas dans son droit.

- Je ne suis pas habilité à mener cette armée... Je ne ferais que l'envoyer à la mort. J'ai charge d'âmes, et je ne veux pas que la tienne vienne me hanter parce que je n'aurai pu te sauver. Ni toi, ni personne d'autre...

L'incongruité de la situation me frappa, peut après que le heaume...m'eut lui-même frappé. Quelques instants étourdit, je fus ensuite estomaqué devant une telle démonstration de puérilité de la part de celui qui devait nous diriger. mais où avait-il donc la tête?

C'est alors qu'il alla ramasser l'objet de son délit, tout penaud - du moins c'était mon interprétation des choses - et mes digues cédèrent quand il me repris une nouvelle fois. Je riais de bon cœur devant cette scène, ne m'arrêtant que lorsqu'il repris la parole. Son tableau n'était pas épique, loin de là, et son passage à vide virait à la dépression. M'avouer ainsi ses pires secrets me mortifiait peu à peu, me forçant à m'interroger sur le bien fondé de sa nomination. Puis la morgue céda le pas à l'énervement, devant cette attitude chouinarde indigne de lui. Il était jeune, certes, mais pas idiot. Et encore moins dénué de caractère. Alors qui avait remplacé cet homme, ce dirigeant? Alors qu'il prononçait ses dernières paroles, je portais ma main au front, dans un geste éloquent. Fini les atours, il me fallait user du tonnerre et de l'éclair pour le réveiller. Je devais être son chant du coq.

Tu me veux ami et frère...? Alors mettons tout de suite les choses au clair. Je n'accepterais pas de ta part un comportement aussi indigne de ce que tu es. Et je ne parle pas de ton grade de Grand Pope, ni de celui de Gold Saint. Je parle de ton moi profond. Tu me fais penser à ces hommes qui se perdent dans le vin pour des problèmes qu'ils s'inventent...alors qu'au final, tu ne fais que les fantasmer. Comment nous éviter la mort? Et bien en faisant tout ton possible, en agissant avec justesse et sagesse, intelligence et sagacité. Mais il n'y a malheureusement qu'en essayant qu'on voit le résultat. Le reste n'est que virtuel, malfaisance du mental. Tu dis que la déesse te refuse sa voix? Peut être devrais tu te concentrer sur elle, et non sur celle qui te déblatère un ramassis d'ânerie, au fond de toi...si tu es ici, à ce poste, garant d'un tel pouvoir, il y a bien une raison.

Je radoucissais mon ton sur ces dernières paroles, ne cherchant pas le conflit mais bien l'assistance. J'avais tendance à me laisser transporter par la colère du juste, bien que trop souvent ce soit le poison dans mes veines qui prenait le relai.

Tu me veux ami et frère? Et bien c'est mon devoir de te sortir de cette situation, et de t'aider afin que le Sanctuaire prospère, et que l'humanité puisse grandir à l'abri des fléau de ce monde. Ce sera dur, long, pénible, mais nous continuerons, car c'est notre destin. Et si tu refuse d'y croire, dit toi que Fortunae m'a placé sur ta route pour te rappeler cette vérité. Quand l'on est élu des dieux, il est difficile de s'en soustraire. Et le nier ne sert à rien. Tu veux nous sauver, tous? Agis de la sorte. Rends le possible. La déesse t'as pourvu cette position à dessein. Trouve en toi les ressources pour mener à bien tes projets. La voix qui te paralyse les occulte.

Je fis un geste que je ne peux encore trop expliquer. Peut être la déesse me guidait à ce moment là. Peut être étais je emporté par le moment. Toujours est il que je posais mes deux mains sur les épaules du Pope, plantant mon regard dans le sien.

J’accepte, et c'est un honneur, l'amitié que tu m'offres. Je promets d'être à tes côtés, quoi qu'il arrive, et de te soutenir sans faille. Je ne crois pas au hasard, et je sais que je fais le bon choix. Tu peux compter sur moi, aussi sûrement que je sais que tu seras là pour nous tous, mon frère.

Je finissais, une main sur le cœur. Pour le coup, la solennité du moment avait mis les voiles! Mais le moment était à l'ouverture des cœurs, et c'était précisément comme cela que se forgeait les plus puissantes relations.

Son regard disparaissant dans l'ombre du heaume qu'il venait de de coiffer d'une main mal assurée, Arsiesys médita sur les dires de son interlocuteur. Aussi sûrement que la piqûre de son totem était mortelle, son choix de mots était précis. Et d'une pertinence rare, par ailleurs. Il avait su trouver la faille, et surtout trouver les mots justes. En l'écoutant, le malheureux élu s'était abîmé dans une réflexion qui n'en finissait plus. L'optimisme contagieux du Scorpion l'aidait à retrouver le droit chemin, celui de l'espérance. Car même en cela, il devait continuer d'y croire, de penser que rien n'était perdu. Pas sans avoir essayé. Rasséréné dans une moindre mesure, la crispation qui l'avait figé sur place se volatilisa, lui rendant le contrôle de son corps.

- N'ai-je pas tant rêvé de les avoir, ces capacités... Mais tu as raison. Je ne peux savoir avant l'heure. J'échouerai à coup sûr si je tourne le dos à la réussite sans même avoir voulu l'atteindre. Les qualités que tu évoques ne sont pas miennes, tout au plus un spectre qui me hante. Le souvenir de feu mon maître. Mais je tâcherai de les acquérir vaille que vaille, si c'est ce que l'on attend de moi. Si je ne suis né pour m'asseoir sur un trône, j'apprendrai à m'y tenir. Si je n'ai les qualités pour commander, il est d'autres vertus que j'ai en ma possession. Merci, Antares. Tout ira bien à présent.

Avoir repris son sang-froid ne voulait pas non plus dire qu'il acceptait pleinement cette condition. Il continuerait de penser ne pas être fait pour ce rôle, trop lourd à porter pour ses frêles épaules. Que sa place était ailleurs. Mais au moins avait-il obtenu la force de persuasion qui le motiverait à l'assumer, ne fût-ce que jusqu'à ce que son digne successeur entre en scène. Il ignorait encore qu'on chanterait ses louanges en voyant le Sanctuaire s'épanouir sous son règne. Les ombres de l'avenir étaient encore tapies dans les méandres du temps, et s'il en avait eu vent, sans doute se serait-il estimé heureux de n'avoir à se soucier que de cette montée en grade inopinée.

-J'ignore si Athéna m'octroie sa bénédiction, mais j'imagine que j'aurais déjà subi sa colère si ma place n'était pas ici. Puisse la confiance qu'elle place en moi, quelle qu'elle soit, ne pas être altérée au fil du temps. En son nom, je protégerai le monde du joug de ses oppresseurs. Je suis le bouclier protecteur des royaumes humains, pour ce jour comme pour tous ceux à venir... Si dame Providence t'a appelé à mon côté, puisses-tu ne jamais t'en éloigner. Tu me seras d'une aide précieuse, cela ne fait aucun doute. Ensemble, nous suivrons la voie qui nous a été tracée et nous délivrerons la Terre de l'emprise du mal. Ne dit-on pas que nous avons en nous la force de créer un miracle ?

Sentir peser sur ses épaules les mains gantées d'or de son vis-à-vis le surprit de prime abord mais il ne s'en défendit guère, appréciant au contraire de voir que la différence de rang avait fini par s'estomper au profit d'une franche camaraderie en devenir. Et après ce discours moralisateur, il fallut que le huitième gardien renouvèle son allégeance, prêtant sermant la main sur le coeur. Une scène qui émut Arsiesys, bien que le revirement ait été quelque peu brutal. Une telle dévotion lui allait droit au coeur, bien trop pour s'en faire la remarque. Enfin, un dernier soupir acheva de le détendre. Son accession au trône n'était de toute façon pas à l'ordre du jour, car la mission qui les attendait au coeur de ces lointaines contrées ne s'y mariait qu'avec difficulté. Ses ailes d'or auraient bien plus leur place dans ses bagages que la tenue de Pope. Sourire aux lèvres, il ôta son casque, ne souhaitant cette fois que le troquer contre la tiare que lui réservait sa cloth.

- M'est avis que nous ferions mieux d'en rester là. Nous sommes attendus et n'avons déjà que trop tardé, mon ami. N'aie crainte : je ne fuirai plus. Mais il serait discourtois de notre part de les faire attendre. Je gage que ces sables frémissent d'impatience à l'idée de nous engloutir, nous serions mal avisés de les décevoir.

Sujet: Re: Là où le vent jamais ne sème [Arsiesys]

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