Pluie de cendres [Théodora - Kahran]

Le couperet est donc tombé, hier soir en réunion sur skype avec la quinzaine de personnes présentes pendant les 2h qu'a duré la discussion (qui ont dérivés sur 3/4 par la suite ^^).

En faisant le constat de la situation actuelle puis le bilan du …

Ici seront stipulées toutes les armures remises en libre service après la perte de leur détenteur.

Citation :: Libération d'Armure
Nous ne pouvons pas nous permettre de laisser indéfiniment des armures en les mains de joueurs inactifs. À partir de deux …

Et voila, il est temps de vous faire part de notre nouveau projet...

One Piece ShinSekai RPG !

www.shinsekai-rpg.com

Un forum One Piece, depuis le temps que la team en parlait et avait l'idée en tête il était temps de franchir le cap. Bien …

Spoiler:

Le Palatin demeurait toujours le même lieu de débauche et Rome n’avait jamais été autant décadente. L’odeur de merde qui se propageait dans les rues laissait son empreinte sur le moral des habitants de la capitale de l’Empire et les journées étaient consacrés à nettoyer les débordements de la nuit. Par endroit la forte odeur des charognes, détroussées il y a plusieurs jours et abandonné en plein caniar, étaient si fortes qu’elles provoquaient la fuite des habitants et la désertion de rues entières.
Bien entendu, la garde citoyenne et les nobles qu’elle protégeait n’était pas affecté outre mesure que par une augmentation des effectifs aux portes du Palatin. La colline des Empereurs n’avait jamais été aussi bien gardée et son accès demeurait fortement restreint depuis que la Tour qui trônait en son sommet s’était écroulée avec fracas. Très rapidement la rumeur selon laquelle Jupiter avait foudroyé le bâtiment s’était propagée et la multiplication des prêcheurs en ville n’avait fait qu’augmenter la pesanteur de cette ambiance apocalyptique.

Le grondement du tonnerre se fit entendre au loin alors que le visage de l’ancien Augure se tournait vers l’Est menaçant.

L’après-midi s’annonçait particulièrement pénible pour les deux anciens Oracles en cavale à en juger par l’orage qui approchait à grand pas de la cité romaine. Déjà le vent se levait, léchant la peau à présent rasé de Kahran qui n’avait plus que pour seul loisir de déambuler dans les ruines de son ancienne demeure.
Ici, sa colère se muait en une profonde déception et l’introspection qu’il avait tout le temps de pratiquer ne faisait qu’accumuler encore un peu plus de mélancolie. Avait-il tout gâché ? Son tempérament était-il à l’origine des échecs et des revers qu’il avait subi. Depuis l’assassinat du Kraken il en venait à se demander si Apollon ne serait pas resté sur Terre avec un autre Augure. Son caractère revêche, son obstination et surtout sa capacité à systématiquement décevoir les gens autour de lui pouvaient sans doute expliquer le départ d’un Dieu qui avait souffert pendant 8 ans des brimades du simple mortel.

Etain était devenu une victime supplémentaire de sa détermination. Implacable, il ne s’était pas posé la moindre question en attaquant l’albatros pour créer une faille chez le Général qui avait conduit à sa mort. Une mort lâche, une mort injuste qui ne pouvait être que l’acte d’un homme sans honneur.
Il bascula sa tête en arrière et jeta un regard sur la cité romaine en contrebas. Cherchant des yeux la modeste habitation dans laquelle lui et la jeune femme avait trouvé refuge. Ils étaient devenus deux étrangers, elle avait tout fait pour le comprendre par le passé mais plus elle en découvrirait sur lui, plus les barrières qu’elle érigerait entre eux seraient imposantes.

La moiteur lourde l’après-midi avait désormais laissé place à l’obscurité de l’orage, les volets se fermaient un par un à mesure que le vent se levait et balayait les restes des débordements de la veille.

Vêtu de cuir noir et d’une grande cape pourpre, Kahran n’avait eu aucun problème à pénétrer dans l’ancien domaine d’Apollon. Les ruines étaient inconnues de la plupart des mortelles qui n’étaient toujours pas conscient de la présence de ce pan de colline. A leurs yeux, le domaine d’Apollon se composait uniquement d’une immense tour. Mais la réalité pour ceux acclimatés à dissiper la brume divine était tout autre. Presqu’aussi grand que le domaine de l’Empereur, les lieux surplombaient tout Rome. Une montagne sur la colline comme se plaisait à le penser Kahran par le passé.
Et ou qu’il porte les yeux, les souvenirs de son ancienne vie rejaillissait comme autant de fantômes prêt à le hanter.

Un second grondement se fit entendre et en quelques secondes une pluie drue se mit à tomber sur le palatin.

Il revoyait les Emissaires pavanés parmi les servantes. Qu’étaient devenus Haldor, Magnus et Phétis ? Qu’étaient devenus Flavia la sœur de l’incarnation d’Apollon ? Un débris attira son attention, il l’extirpa de la terre désormais humide et profita de la pluie pour le nettoyer du pouce. Vestige d’une fresque aux couleurs noirs et cuivre, les teintes lui rappelèrent son ancienne armure…

Je dois avouer que je suis impressionné…

Kahran lâcha le morceau d’argile qui se ficha dans la boue et se tourna en direction de son vis-à-vis. Son regard implacable se posa sur elle et un sourire en coin apparut sur son visage. En l’espace d’une seconde il oublia remords et regrets. Il redevenait cet animal dangereux qui avait pour habitude de toujours prévoir les mouvements de ses adversaires.
Mais l’Epervier ne put s’empêcher de se réjouir en voyant que ce coup-là, il ne l’avait pas vu venir.

Je ne pensais pas que tu me retrouverais aussi vite Théodora.

Citation :

Théodora

Le temple Sous-Marin s'effaçait derrière la Générale : elle se dirigerait vers Rome. Si Kahran était toujours dans le Sanctuaire, alors il serait vaincu et pour le moment, c'était la ville où elle voyait bien Augure. Si elle venait à se fourvoyer, elle prendrait le temps de réfléchir.

Les ordres étaient clairs, la jeune femme devait traquer et éliminer Kahran. Cette manœuvre avait un double effet : éliminer le traite et écarter l'hippocampe. Celle-ci avait montré des signes évidents d'hostilité envers le nouveau légat. Poséidon devait savoir que la vie de Théodora était chancelante, peut-être était-il temps à ses yeux de changer de détenteurs ? La seule chose qui troublait la bretonne était sa promesse : sa chère et tendre disciple était-elle déjà apte à porter l'écaille de l'hippocampe ? La Générale l'espérait de toute son âme.

Théodora n'avait jamais visité cette ville opulente qu'était Rome. La pluie l'accompagnait, la foudre déchirait parfois le ciel. La pluie n'était pas très agréable : l'endroit était dense, les déchets également. La déferlante aquatique ne faisait que dégager l'odeur et l'hippocampe en fut incommodée. Drapée d'une longue bure, seul son casque en or laissait entrevoir ses attributs divins mais cela, aucun romain ne serait capable de s'en rendre compte.

Si ses informations étaient exactes, la bretonne se dirigeait vers le Mont Palatin, la colline des Empereurs mais surtout la tour brisée d'Apollon. Voyant les rideaux défensifs levés par les mortels, elle usa soudainement de sa cosmo-énergie et se rendit dans l'endroit préservé des regards mortels. Les ruines étaient immenses. Cela aurait put ébahir Théodora si elle en avait le temps : très vite, son intuition s'avéra exacte et Kahran s'adressa à elle, l'aura qui émanait autours de Théodora était d'une affligeante chaleur, comme si elle ne souhaitait pas se battre.

- Je te l'ai dit, Kahran, tu te méprends sur moi.

Elle s'agenouilla et prit une pierre qui jonchait le sol. Restant muette un instant, elle la considérait longuement. Est-ce que cette pierre pouvait, un jour, être celle de son pilier ? C'était fort possible. Apollon était un Dieu à l'instar de Llyr et ses constructions n'étaient guère supérieures. Comment réagirait-elle si elle perdait toute sa foi, déjà chancelante quant aux derniers évènements.

- Alors, c'est ici que tu es mort, Kahran ? Je ne vais pas tenter de duper, cela serait inutile, nous avons trop d'esprit pour ces jeux-là. Je suis venue te mettre aux arrêts toi et Etain de l'Albatros. Je m'étonne dès lors de ne pas la voir à tes côtés. Mais je ne vais pas m'en plaindre pour le moment, sa présence serait nuisible si tu voulais engager un combat. Je ne sais de quoi tu es capable mais je peux au moins l'imaginer et, combiné à ma propre puissance, l'Albatros ne perdrait pas que ses ailes.

L'hippocampe leva doucement sa main en direction de l'ancien Kraken, l'empêchant de formuler une réplique belliqueuse. Théodora était bien consciente que si affrontement il y avait, cela serait son dernier. Non pas qu'elle ait peur de mourir, mais elle voulait savoir contre qui elle se battait. Qui il était vraiment.

- Je parle de confrontation, je ne pense pas qu'il se lancera directement, j'aimerais te parler. Tu es une personne intrigante, à la fois vérité et mensonge. Alors j'aimerais que tu sois sincère avec moi en ce jour. J'ai l'espoir que tu me suives gentiment mais tu le sens, n'est-ce pas ? La foudre tombe, mêlée à la pluie. Je n'aime pas jouer les oracles, si tu me permets l'expression, mais je pense que l'un de nous, au moins, mêlera son cosmos au flux éternel. Alors nous pouvons nous dévoiler en toute franchise, tu ne crois pas ?

Peut-être était-ce une façon de se dévoiler mais Théodora défit sa bure et l'envoya voler entre les ruines et la pluie. Son armure était propre sous cette pluie mais pas étincelante, évidemment. Seuls les éclairs la faisaient briller.

- Maintenant qu'Apollon s'en est allé et que tu as trahi Poséidon, qu'es-tu ? Le mot "traître" ne m'intéresse pas. Je veux ton sentiment là-dessus. Car celui qui verse aujourd'hui son sang avec moi sera mon frère¹.

¹ Shakespeare, The Cronicle History of Henry the Fifth

Spoiler:

Elle avait changée depuis notre dernière rencontre. Quelque chose avait fissurée le masque de gentillesse et de sociabilité dont elle avait l’habitude de se parer. Elle n’avait jamais été une Marina belliqueuse, elle aimait profondément la cause pour laquelle elle se battait et si elle avait eu à se battre cela avait toujours été au nom de ses convictions. Mais aujourd’hui, je retrouvais un peu de mon cynisme en elle, comme si j’avais cette capacité à déteindre mon aigreur sur ceux qui me parlent…
Mais ce n’était pas ça, à ce moment-là j’étais encore beaucoup trop aveugle pour voir la vérité en face. M’obstinant à me replier sur moi-même, mes journées n’étaient traversées que par de longues remises en cause. Alors que Théodora venait en quête de réponses, elle ne réalisait pas elle-même qu’elle détenait les clefs de ce que j’allais devenir…

Le visage de l’ancien Augure se crispa aussitôt son sourire fait. Son regard se posa sur la jeune femme qui n’avait mis que très peu de temps pour les retrouver, trop peu de temps même. Ses yeux se plissèrent et un sourire sincère s’esquissa sur son visage lorsqu’elle l’appela Kahran. Elle avait beau avoir détestée ce qu’il avait été et toujours garder une profonde rancune à son égard, il n’en demeurait pas moins qu’elle était capable de voir en lui le Chevalier qu’il était en train de devenir.

Me méprendre ? Non… Pour toi, plus que pour d’autres, c’est endroit signifie beaucoup je suppose. Ce que tu as détesté n’était pas simplement une entité divine. Tu as haïs des hommes et des femmes. Sur ce banc ici il y avait encore des prêtresses du Dieu solaire il y a moins d’un an. La seule chose à laquelle elles aspiraient était de voir enfin les guerres s’arrêter, elles aussi avaient souffert de la perte d’un être cher.
Ici, il y avait un petit jardin adossé aux ruines de ce mur. Des novices s’entraînaient tous les jours pour parvenir à obtenir une Chlamyde. Et là…

Il désigna du doigt l’endroit qui avait été son favori. Des murs de pierre, que la vine-vierge avait fini de recouvrir, indiquait le vestige d’un atrium dont le sol laissait apparaître ses couleurs orangées sous la poussière et les gravats.

Et là… Un homme a espéré. Un homme a cru pouvoir réaliser les rêves de tous ceux qui l’entouraient. Non Théodora, je ne me méprends pas sur toi car je sais que contrairement à la plupart tu es capable de percevoir les fantômes qui hantent encore ces lieux.

Il posa sur elle un regard de pierre. La trace de nostalgie avait été furtive, presque indécelable.

Apollon m’a bien tué ici. L’Epervier est mort en ces lieux, c’est bien ce que tu veux dire ?

Il leva les yeux au ciel. Sa rage quand Apollon lui avait annoncé son départ, sa colère et le cri éraillé de haine qu’il avait poussé en se jetant sur le Dieu avant d’être expédié à plusieurs centaines de kilomètres par la déflagration.
Avait-il réellement une raison de se battre ? Il posa son regard sur Théodora, mourir de sa main aurait été juste. Dans ce monde immoral et corrompu par les Dieux, sa mort par celle qui avait tout perdu par sa faute aurait été la tâche de lumière dans un océan d’obscurité.

Et si je me rendais ? Epargnerais tu Etain ?

Il connaissait déjà la réponse. Théodora avait beau ne pas être cruelle, elle était ici pour obéir aux ordres de son Dieu et Poséidon était si prévisiblement orgueilleux qu’il était facile de deviner ce qu’il adviendrait de Théodora si elle échouait. Elle en était d’ailleurs consciente… A aucun moment elle ne s’imaginait que l’un d’entre eux deux puisse survivre à une confrontation.

Qui je suis ? Putain de bonne question…

Il détacha ses prunelles indigo d’elle et observa les alentours. La pluie tombait à grosses gouttes et sa phrase s’était pratiquement perdu dans le bruit de l’orage. Il esquissa malgré tout un sourire et darda sur Théodora un regard amusé.

Je suis l’homme qui tuera les Dieux.

Son sourire disparut et un éclair zébra le ciel derrière lui. Alors que la jeune femme dévoila son armure ses mains s’enfouir dans ses cuirs et il attrapa une tige d’herbe séchée qu’il porta à sa bouche. Sa cosmo-énergie se révéla alors, il n’avait plus besoin de la dissimuler, et forma une légère aura protectrice autour du narcotique qu’il préserva de la pluie et alluma par la même occasion.
Il tira une longue bouffée tout en continuant de scruter le moindre fait et gestes de l’hippocampe.

Notre complémentarité est insolente tu ne trouves pas ? J’ignore qui je suis tandis que toi tu sais qui tu es. Par contre je sais pourquoi je me bats ce que tu sembles légèrement ignorer… Je me trompe ?

Il pouffa dédaigneusement en haussant les sourcils.

Et ne me sors pas ces conneries de raz de marée et autres catastrophes génocidaires de masse. Tu sais tout autant que moi que ce sont des promesses faites aux moues du bulbe qui servent ton Dieu.

Une nouvelle fois, Kahran avait raison. Cette endroit était bel et bien symbolique aux yeux de Théodora. Elle avait longuement compter y livrer une terrible bataille, celle qui marquerait la chute d'Apollon. Mais de chute, il n'y avait que les pierres : Apollon avait fuit. Mais à vrai dire, cela lui paraissait bien peu de chose à l'heure actuel. Ses pensées vengeresses avaient été apaisés quelques jours plus tôt. Alors que la pluie coulait sur son visage, tirant avec elle ses longs cheveux violacés, les laissant dans un état poisseux, la bretonne s'assied sur un monticule en ruine lui parvenant à bonne hauteur.

Sa main se porta délicatement à son visage, écartant les longues mèches que son casques laissaient échapper sur son visage. De cette même main, la bretonne frotta doucement son nez, réfléchissant. La situation ne si prêtait peut-être pas mais les hostilités ne semblaient pas lancer et ne le seraient pas tant que faire serait possible. Pour la première fois, Théodora eut l'impression de voir l'homme brisé qu'il était. Celui qu'il était réellement.

- Je sais. Je crois avoir compris à présent, même si cela n'a plus d'importance à présent car je ne te traque plus en tant qu'Augure, je laisse cela à ta mémoire seule. Je suis venue suivre des ordres pour châtier ce qu'ils ont appelés "traîtres". J'ai toujours été convaincue qu'au fond, tout ceux qui vénéraient l'un des dieux du panthéon étaient pareils. Ma haine m'a forcé à fermer les yeux sur les gens d'ici mais mon raisonnement se devait de les intégrer. J'ai toujours considéré que l'ennemi n'existait pas, c'était d'autant plus vrai au moment où vous aviez disparu. L'ennemi est transcendé des principes de son Dieu, tout comme nous. C'est pourquoi, même si nos chemins sont différents, je compte te considérer comme frère car le chemin de l'un de nous s'arrête sur ce point de rencontre.

Visiblement, il avait compris le sens des paroles exprimées par la bretonne. En soi, la mort de Théodora avait eu lieu dans le Temple de son Seigneur : le voir réduire ainsi Orphéus avait brisée sa volontaire naïveté. Llyr était capable de se débarrasser de ses membres les plus fidèles pour des fautes si pauvres. Aussi menaçant soit l'impair, il était toujours possible à Orphéus de trouver une parade et d'aller trouver le Prophète pour l'informer de la prise de la Prêtresse. Pourtant, elle voulait également accomplir son vœu le plus cher : mourir en accomplissant son devoir.

- Étain n'est guère présente, je pourrai aisément lui accorder répit mais si ce n'est pas moi, quelqu'un d'autre viendra se charger d'elle.

Théodora ne pouvait rien lui promettre, évidemment. Ce n'était pas utile car elle ne pourrait la tenir. Il parla néanmoins de tuer les dieux, cette idée la fit sourire. Simplement parce qu'elle ne s'en offusqua pas lorsqu'il la prononça alors qu'elle l'aurait déjà corrigé pour pareille pensée, fut-ce un temps.

- Tuer les Dieux, hein ? C'est amusant, vraiment. Il y a moins d'un mois d'ici, je t'aurais châtier pour moins que cela. Mais aujourd'hui, l'idée ne me parait pas idiote. Les Dieux sont les auteur de toutes les guerres connues. Néanmoins, la menace chrétienne est là : il revendique un Dieu unique. Nous ne pouvons leur accorder le moindre crédit. Pourquoi te parle-je de lui ? Simplement parce que c'est une chimère. Il n'existe pas et pourtant des gens se battent et meurt pour lui. Crois-tu que faire disparaître les vrais changera quelque chose ? J'en doute, l'homme aime pleurer du sang avant même son état d'éveil sur le Divin. Dans d'autre circonstance, peut-être t'aurais-je apporter mon soutient mais ...

Une larme se mêla à la pluie abondante fouettant son visage. Sans doute ne s'en était-il pas rendu compte. Mais depuis fort longtemps, elle afficha de la tristesse sur son doux visage : la bretonne avait geler les larmes depuis des années. Mais en ce jour, elle prenait conscience que son rôle était terminé.

- Kahran. Tu l'avais dit : je suis un être malade qui tâche de sourire en toute occasion. Aujourd'hui encore, j'affiche ce sourire mais mon mal est toujours là. Je suis à un point où mes forces s'épuisent. Et je vais les faire exploser contre toi mais voici les raisons : si tu veux tuer les Dieux, vainc moi d'abord sans leur bénédiction. C'est la seule chose que je puisse encore faire. Si tu perds, abandonne tes rêves car tu seras sans doute fait prisonnier. Car lorsque le combat commencera, je me donnerai corps et âme, ne t'attend pas au moindre traitement de faveur. Par conséquent, si je te bats, tu risques de ne pas t'en remettre facilement et les chiens du légat te rattraperont. Oui, je dis chien car Orphéus n'est plus, un certain Morokeï a prit la relève. Je ne peux le tolérer. Cette confrontation est peut-être ma manière de me rebeller, au fond.

Ce sourire mélancolique s'étend à nouveau sur le visage juvénile de l'Hippocampe. A-t-elle renié Llyr ? Pas le moins du monde, elle est en désaccord avec ses actions et elle compte le montrer ainsi. Car selon elle, Llyr doit comprendre son arrogance : continuer ainsi le mènerait à sa perte et Théodora comptait le lui faire comprendre en dressant un ennemi aussi légitime que Kahran, qui avait su toucher la femme de vingt sept ans.

- Tu l'auras compris, tu te trompes : je sais pourquoi je me bats à présent. N'aies aucune crainte, tu n'as semer aucune confusion en moi. Déjà à l'époque, j'ai su m'opposer à Orphéus contre certaines de ses décisions. Aujourd'hui, c'est ma façon de m'opposer à celle de son illégitime successeur, quoi qu'en pense les autres.

Ce n’est pas de ta mort que je tirerais la moindre gloire Théodora. Seule ma survie est une preuve suffisante de ma capacité à défier les Dieux.

Il posa sur elle un regard sévère. A mesure qu’il l’observait et qu’il l’écoutait, il l’a comprenait. Elle aussi avait douté de son Dieu mais au lieu de s’opposer à lui de façon péremptoire comme Kahran l’avait fait par le passé elle cherchait avant tout à mettre sa propre existence en jeu afin de lui ouvrir les yeux.
Le renégat savait que jamais il ne sortirait vainqueur de son combat. Théodora pourrait le tuer voir pire, le capturer. Mais il pourrait aussi gagner… Donnant ainsi raison à la Général face à son Seigneur et Maître qui n’aurait pas d’autres choix que d’admettre avoir fait une erreur de jugement. L’idée se valait. Mais un détail échappait à Kahran, il plissa son front et oscilla la tête en faisant claquer sa langue.

Mais tout ce que tu dis n’a du sens qui si Poséidon tient à toi. Il n’est pas la figure paternelle que tu voudrais qu’il soit, il n’est pas la grande autorité qui doit dicter ta vie et celle de tes semblables. Tu n’es que le pion d’un joueur fier et bravache qui n’hésitera pas à te sacrifier pour obtenir la reconnaissance de ses pairs.

L’orage sembla se calmer quelques instants et la pluie devint plus fine. Mais ce n’était qu’un leurre car un vent plus puissant se leva et balaya les cheveux de l’Augure.
Il porta à sa bouche la tige séchée et tira une longue bouffée avant de la tapoter pour faire tomber les cendres qui s’emportèrent dans le vent. Il n’ajouta rien pendant de longues secondes, observant les larmes coulées sur le visage de Théodora. Ses cheveux avaient la même couleur que son regard et l’espace d’un instant il hésita à ployer le genou afin d’attendre son exécution. Le masque de gaieté de la jeune femme était flétri et elle n’en était que plus belle. Il se racla la gorge en se raisonnant, il n’avait pas le droit de mourir aujourd’hui.

Je n’ai donc pas d’alternatives ? Je suis dans l’obligation de t’affronter alors que ni toi, ni moi n’en avons envie ? Tu critiques le Dieu unique mais as-tu seulement conscience que ce Dieu là ce sont les hommes qui l’ont choisis ! Il ne leur a pas été imposé, il ne leur a jamais commandé quoique ce soit. Les crimes dont tu parles sont le fait d’Homme pas d’un Dieu iconique. Si j'imaginais leurs croyances responsables de leurs actes alors je renierais tout ce en quoi je crois. Les hommes naissent, aiment, haïssent et meurent. Je défends l’Homme comme il est et je ne souhaite pas le changer, à lui de le faire si il estime que c’est nécessaire.

Une rafale se fit plus forte que les autres et Kahran s’approcha de quelques pas de Théodora. Il s’inclina devant elle en signe d’un profond respect.

Je ne me bas que pour le libre arbitre quel que soit sa forme.

Il darda sur elle un regard dur et afficha une mine sans le moindre signe de compassion où d’émotions. Son visage demeurait totalement fermé mais ses pensées se tournèrent en direction de Théodora, d’Etain, d’Elias, des Emissaires, de Flavia… Tous ceux qui avaient vécu sous le joug des Dieux usurpateurs de liberté…
Une grimace déchira son visage et il détacha ses yeux de Théodora.

Je ne me battrais pas contre toi Théodora… Retournes au Sanctuaire Sous-Marin et va défendre ta cause. Si ce que tu dis sur le nouveau Légat est vrai alors tu dois être auprès des Marinas aujourd’hui. Ils ont plus besoin de toi qu’un Dieu abruti incapable de voir la formidable guerrière qui a dévouée sa vie pour lui.

Il hocha la tête et sa cosmo-énergie s’intensifia quelques secondes au point de fissurer le sol devant lui. La puissance dégagée était digne d’un Chevalier d’Or pendant ses quelques secondes le vent avait totalement inversé sa course.

Ici tu n’auras rien… Aucune gloire, aucunes félicitations. Le monde est en train de changer et tu es celles qui sont capables de le rendre meilleur… Ne fais pas l’erreur de gâcher ta vie…

Kahran n'avait pas compris les paroles de la Générale de l'hippocampe. Ce n'était pas grave, elle se ferait comprendre autrement dans ce cas. Mais cette fois, elle répondrait à cet homme d'une seule traite, le laissant aller aux bouts de son discours et de ses idées. Théodora n'était plus loin de l'homme et doucement ses doigts gantés d'or vinrent toucher sa joue gauche. Si l'aura autours de Théodora ne faisait aucun doute quant à sa puissance, à présent, Kahran pouvait ressentir l'anarchie qu'elle savait si bien caché : son cosmos fluctuait d'une manière agonisante, et ça, il pouvait le sentir.

- Je sais. Mais j'ai accepté le fait d'être un pion. Par orgueil, je me suis considérée comme un Cavalier. Après tout, l'écaille que je porte si rapporte. Mon père est mort alors que j'avais quatre ans, je n'ai donc jamais considéré Llyr comme une figure paternelle mais bien comme quelqu'un capable d'illuminer les ténèbres. Oui, je suis drapée de naïveté mais c'est ce qui fait qui je suis.

Le sourire de la bretonne était d'autant plus terrible à présent qu'il pouvait constater la tristeréalité : Théodora allait mourir et c'était dans ses bras qu'elle avait choisi de le faire. Oui, c'était son choix.

- Llyr me sacrifie mais c'est mon choix, Kahran. C'est ... ma liberté. Je ne peux, par contre, pas être d'accord avec toi pour le Dieu Unique. Selon moi, peu le prie par réelle liberté, leurs convictions ont été enchaînées depuis qu'ils sont nés et qu'on les a éduqué. Même ces Dieux factices, il faut les transcender si tu veux rendre la pleine liberté aux hommes.

La main de Théodora ne l'avait pas quittée, elle le touchait toujours doucement, le convaincant sans doute de ce combat. Premièrement, elle ne pourrait rentrer au Sanctuaire sans avoir accompli sa tâche, il était presque sûr que Llyr les voyait à l'heure actuel. Et ensuite, elle voulait s'assurer que Kahran ne mourrait pas aux premiers venus. Car ce Krosis semblait assez puissant. S'il s'opposait aux Dieux, il s'opposerait en premier lieu aux hommes les plus proches de ceux-ci : Grand Pope, Seer, Prophète et Légat...

- Je te remercie Kahran. Je n'ai plus de doute sur la personne que tu es. J'aimerais défendre ceux qui me sont chers mais je n'en suis plus capable. Et par la force et par la place. Je fus l'une des seules à m'indigner de l'état végétatif d'Orphéus. Pendant tant d'années, il a œuvré pour le succès de Llyr et tout le monde s'en fiche éperdument. Je crois en mon Dieu, tu sais, mais j'ai perdu la foi en ceux qui m'accompagnent. Mais j'ai confiance en toi, je sais que tu me vendras un beau combat et que je pourrai m'éteindre comme je l'ai toujours voulu : en me battant pour Llyr et non en mourant de cette maladie.

Théodora ne sut expliquer pourquoi mais elle posa doucement son front sur la poitrine de l'ancien Augure, comme si elle confiait toute sa volonté en cet homme, encore capable d'agir selon ses propres desseins, ne dansant dans la paume d'aucun Dieu.

- Je n'attends pas la gloire, mon frère, j’attends la mort. Ma vie ne sera pas gâchée, peut-être aura t-elle le mérite d'émouvoir certains et d'aiguiser la volonté d'autres ... Je t'en prie ... Respecte ma volonté de mourir en ce lieu, c'est mon choix. Je sais que je condamne ton libre-arbitre, ce faisant, mais ...

Théodora se tut, n'ayant plus d'arguments nécessaires pour qu'il combatte, elle respecterai son choix de la laisser faner ici car il était évident que ce voyage avait puiser ses dernières ressources, d'ailleurs, l'ancien chevalier de l'épervier devait se demander avec quoi elle comptait combattre mais il n'était pas idiot et il devait au moins autant savoir qu'elle avait un plan pour entamer son ultime combat avec toute sa force.

Spoiler:

Il posa sur elle un regard qui ne trahissait pas l’agitation qui avait lieu en lui. La main de la jeune femme caressa longuement sa joue au rythme de ses paroles et à plusieurs reprises Kahran se retint de s’en dérober en fermant simplement les yeux comme un félin. La cigarette dans sa main se consumait seul, il avait joué son ultime atout en tentant de l’intimider imaginant que la réalité d’affronter sa mort en face ferait reculer la Général. Mais rien… Elle continuait d’afficher ce visage angélique et l’ancien Augure ne put s’empêcher dans ce perdre dans son regard tandis qu’elle l’implorait de se battre.
L’Epervier avait raison, le monde changeait et prenait une tournure des plus dramatiques. Chacun d’entre eux allait avoir un rôle à jouer dans un futur proche mais Théodora estimait son temps révolu.

Il ouvrit les yeux et posa sa main sur la sienne. La pluie rebondissait sur son armure d’orichalque et malgré la maladie qui palissait ses traits elle demeurait une femme magnifique. Il pencha la tête et acquiesça.

Ils parleront de moi comme étant un meurtrier… Mais ce n’est pas comme si c’était la première fois.

Un sourire ironique se dessina sur son visage, pendant des années Théodora avait vécu dans la certitude que la mort de son maître avait été orchestré par l’Augure d’Apollon. Aujourd’hui qu’elle lui faisait face, il n’était plus qu’un renégat sans Dieu et la voilà qui lui demandait un dernier combat pour s’éteindre dans la grâce et le panache que sa vie méritait.

Car elle le mérite.

Il enleva la main de la jeune femme de son visage et lui tourna le dos en s’éloignant de plusieurs pas. Fixant le regard au ciel, une grimace déforma son visage. La colère qu’il éprouvait à cet instant intensifia sa cosmo-énergie.

Regardez-moi ! Ce combat marque le début de votre fin. Je n’aurai de cesse de vous pourchasser à travers le monde. J’éliminerai un par un vos fidèles et vous obligerais à sortir de votre tanière.

Il fit volte-face et sa cosmo-énergie sembla exploser. Une aura pourpre éclaira le ciel orageux tandis que s’éparpillait dans l’atmosphère son énergie. Il savait à présent ce qu’il avait à faire et son visage déterminé ne laissait plus aucune place à ses émotions. Le respect qu’il éprouvait à l’égard de Théodora se mêlait à la rage qu’il éprouvait à l’encontre de Poséidon à cet instant.
Sa cosmo-énergie se faisait de plus en plus agressive, posant une chape de plomb sur le combat. De la roche se mit à voltiger autour de lui et la foudre de l’orage s’intensifia de manière irrationnelle.
L’étranglement est l’acte des désespérés et même si à aucun moment il n’avait bougé de là où il était, sa cosmo-énergie étranglait celle de la Marina.

Il se plaça alors en position de combat, observant son vis-à-vis.

Star Killer…

Il s’élança, sa cosmo-énergie sembla arrêter son agression et pendant l’espace d’un instant le calme revint sur la zone de combat. Mais ce n’était qu’un prémisse à un véritable déferlement d’énergie. Agressée de toute part, la jeune femme était au cœur d’un maelstrom de cosmos.
Il arriva en un éclair au niveau de la jeune femme qui subissait l’assaut et avant de porter un violent coup de poing dans son abdomen il lui murmura.

Je ne laisserai pas cette maladie te tuer… Tu as ma parole.

Ce qu'il venait de se passer était ... étrange. Comment un moment d'harmonie pouvait donner naissance à un combat ? Voilà bien l'ironique chevaleresque. Mais au moins, Kahran avait décidé d'exécuter les dernières volontés de Théodora, qui ne pouvait que l'en remercier. Ce dernier serait vu comme un meurtrier ? Certainement, mais il ne devait pas s'attendre à beaucoup d'affection en reniant les Dieux et en décidant haut et fort de les défier. Les amis, ils les compteraient sur les doigts d'une main.

Elle ne dit aucun mot, se contentant d’acquiescer. Kahran utilisa une attaque violente qu'elle tenta de bloquer de son cosmos mais celui de Kahran l'étranglait : elle n'avait simplement plus assez de force pour se défendre. Elle s'y était préparé mais elle n'allait pas se laisser faire : elle fit une frappe de la tranche de sa main pour dévier le coup de poing de Kahran, peut-être cela lui ferait-il mal par la même occasion. Lorsque l'orage fut passé, elle n'attaqua pas directement, puisque son cœur ne voulait plus, il fallait puiser l'énergie ci et là de son corps, telle une fleur fanant.

Soudainement, elle planta sa main dans sa poitrine, se perçant le cœur, crachant une gerbe de sang, certainement sous le regard étonné de Kahran. Lorsqu'elle retira, lentement, sa main des cristaux se formèrent, ressortant du trou formé à même de l'hippocampe. Sa vie était scellé et brilla de mille feu, un sentiment de plénitude l'envahit, soustraite à la douleur. Jamais elle n'avait connu cela. Elle murmura alors, plus à elle même qu'autre chose.

- Ainsi, c'est ça le repos ?

Son aura explosa à son tour, rivalisant à celle de Kahran. L'aura n'était plus chaleureuse mais bien glaciale. Celle qui n'était couverte d'aucun masque, ce qui aurait pu être la vrai nature de Théodora au fond. Mais c'était l'un des nombreux paradoxes de la Générale mourante : sa gentillesse jurait profondément à son affinité.

- Kahran ! Maintenant tu le sais, aucune haine anime mes mouvements. Montre moi jusqu'où va ta détermination !

Jamais il n'avait du l'entendre crier. Était-ce la situation ou simplement le temps couvrant leur parole ? Il aurait certainement sa petite idée mais cela n'importait plus : Théodora n'avait plus à contrôler ses émotions, c'était inutile de gâcher ses derniers instants.

Renascentia glacialis

Toujours proche de Kahran, la boule glacée présentement formée fut lancer contre le ventre de l'ancien Augure. L'absence d'armure lui faciliterait peut-être la tâche. Si sa paume venait à touche le ventre de Kahran, cela signifierait que sa boule de glace fut-ce entièrement entrée en son adversaire et que le poison gelée ferait son effet.

- Je te remercie, mourir sur le champ de bataille, même pour moi qui hait les combats, est un honneur.

Théodora gardait son sourire alors que son destin était scellé.

Il demeura immobile quelques instants après avoir porté son attaque. L’absence d’armure lui était préjudiciable et sa cosmo-énergie demeurait erratique, mais c’était surtout le filet de sang qui s’écoulait de sa main droite qui l’inquiétait.
Elle m’a blessé uniquement en repoussant mon attaque…
Il n’en perdit pas pour autant son visage sévère, elle avait voulu se combat et même si il ne prenait aucun plaisir à se battre contre elle il ferait tout pour lui offrir la fin qu’elle souhaitait. Mais perdu dans ses réflexions, son masque de sévérité se brisa lorsque la jeune femme s’enfonça la main dans le cœur. Ses yeux s’écarquillèrent et le murmure du « non » qu’il émit à cet instant se perdit dans le grondement de l’orage. Que faisait-elle ? Il esquissa un geste dans sa direction tandis qu’elle crachait un filet de sang. Le souffle haletant, la Marina luttait de toutes ses forces pour ne pas sombrer dans l’inconscience suite à sa mutilation. Et soudain, le chaos.

Spoiler:

Kahran reprit de la consistance lorsqu’il réalisa le formidable déferlement d’énergie que provoquait la jeune femme. Il ressentit un peu de cette grâce qu’il avait pu côtoyer par le passé, le sang des Dieux lui-même était animé d’une puissance identique mais le froid qu’insufflait Théodora avait néanmoins une particularité unique. Dans ce givre intense, l’amour de la jeune femme était perceptible, l’amour qu’elle avait éprouvée toute sa vie à l’égard de ses semblables, la compassion si humaine qu’elle n’en fut que davantage décisive pour Kahran qui esquissa un sourire paternel à l’encontre de la Marina.

Celle-là, je ne l’ai pas vu venir…

Les cristaux de glace se formaient dans l’atmosphère électrique formé par Kahran et les deux cosmos-énergies s’affrontaient dans un magnifique ballet qui illuminait le ciel des couleurs froide et crépusculaire. L’ancien Epervier observa la danse avec une profonde solennité. Il avait combattu plus que de raisons mais le spectacle que lui offrait Théodora aujourd’hui resterait à jamais gravé dans sa mémoire.
Bien sûr, il aurait pu éprouver des regrets, il aurait pu être attristé du sacrifice de la jeune femme. Mais elle l’avait aussi choisi pour cette raison, il ne lui ferait pas le déshonneur de la retenir parmi les hommes. Il ne la ferait pas souffrir d’une existence misérable et d’une mort dans l’oubli.

Théodora, plus encore que Kahran, était en train de défier les Dieux. Gigantesque poing dressé à l’égard de l’Olympe, l’énergie déployé s’accompagna d’une attaque et c’est avec difficulté que le Seigneur du Ciel l’esquiva dans un mouvement vif digne du rapace qu’il avait été.

Il posa un genou à terre et toucha son flanc gauche de sa main. Gelé.
Elle avait réussi là ou beaucoup d’autres avaient échoués et pour cette unique raison elle méritait toute son attention. Il ne grimaça pas de douleurs en se redressant et déjà sa cosmo-énergie augmentait derrière lui. Il savoura chaque instant des secondes qui s’écoulèrent, le grondement de l’orage n’était plus rien face au bruit de leurs cosmo-énergie qui s’entrechoquaient en mêlant grêle et éclair.

Ils te voient Théodora ! Tu sens leur regard se poser sur toi à cet instant ?

L’Olympe était en pleine agitation à cette instant, des enfants vêtu de tuniques blanches se précipitèrent vers le bassin qui reflétait les images de la terre. L’un d’eux héla un homme roux qui se tenait prêt d’une colonnade, une harpe dans les mains.
Apollon serra son instrument plus que de raisons...

Kahran fit exploser sa cosmo-énergie si brutalement qu’elle souffla une partie de celle de Théodora la contaminant et la renvoyant à sa source.

Cruuuuuuuuuushing…. SHADOOOOOOOOW !

Il pointa sa main dans sa direction et les ténèbres s’abattirent sur elle. Assailli de part en part elle ne put que percevoir furtivement le regard de Kahran qui se nourrissait de sa propre cosmo-énergie…

Ce combat laissait voir deux des plus grands cosmos de chevalier s'affronter : celui de Kahran, s'il avait perdu le titre d'Augure d'Apollon, gagnerait-il celui d'augure d'un nouveau monde ? Et celui de Théodora, la douce de l'hippocampe, celle qui fut bénie d'un cosmos incroyable, l'amenant là où personne de sa constitution n'aurait pu aller. Et aujourd'hui, dans ce choc chevaleresque, elle s'élevait au stade des Dieux, non par sa puissance -encore inférieur- mais par son insolence : quel mortel oserait ainsi prendre un Dieu par la main et lui exposer ses torts ?

Poséidon était trop pressé, directe, sa gloire serait éphémère s'il ne savait faire confiance en ses hommes. Et elle sermonnait également Apollon directement :

- Oui je les sens. Est-ce qu'Apollon sent son erreur ? Ô Apollon !? Sens-tu ce que tu as laissé derrière toi ?! Les mortels peuvent se déchainer, ils peuvent faire trembler la terre et déchainer les flots ! Admire ce que tu as abandonné car tu n'auras pas plus beau témoignage !

Dans cette lutte aux allures fratricides, le cosmos de Kahran continua d'augmenter alors que celui de Théodora tendait à stagner puis soudain, un nouveau vent, un nouvel air. Air ? Ou bien était-ce plutôt le début d'un nouvel ère ? Si la bretonne faisait une nouvelle fois exploser son cosmos, tout en atténuant ses couleurs, devenant livide, n'éveillait-elle pas par la même celui de Kahran qui tendait son poing toujours plus levé en affront vers le Ciel lui-même ?

Cette nouvelle explosion entraîna également de légères particules cosmiques à se décoller ... Mais le phénomène perdurait. Petit à petit, de petites bulles d'énergie semblaient quitter le corps de Théodora.

- Kahran ! Montrons aux Dieux qu'ils ont torts. Puissent-ils ouvrir les yeux, là est mon seul souhait. Mais à toi, j'espère que tu ne connaîtras pas la gloire car les heures de gloire ont la vie courte². Si je ne désire pas la mort des Dieux, je sais qu'avec toi en notre monde, ils pourront au moins bouger et réaliser que l'être mortel a sa volonté propre ! Parfois, les pions peuvent se retourner ...

Malgré sa faiblesse physique, la Générale de l'hippocampe parvint à faire une pirouette arrière, n'esquivant que de peu la déferlante d'énergie provenant de Kahran. Ses jambes furent profondément entaillées. Les ténèbres envelopperaient plus jamais la bretonne car ce qui l'attendait était tout de lumière.

- Mon ami, ressens ce qui a rongé ma vie des années durant.
Cor dolente

Un froid s'abattit autours de l'ancien chevalier de l'épervier. Si ce dernier recevait pleinement l'attaque, le froid se matérialiserait en lui tels des anneaux enlaçant son cœur. D'un mouvement rapide, elle lança un projectile en direction de Kahran, projectile ressemblant étrangement à la lame ayant permis à cet homme de tuer le Kraken Rhaegar. Cela n'avait aucune signification particulière, le sourire en disait long.

- Je te pardonne de m'avoir dupé. C'était dans les intérêts de ta quête, après tout ...

La jeune bretonne se plia doucement, prenant appuie sur son propre genou, haletante. Évidemment, ce qu'elle avait fait pour lui donner ce maximum d'énergie ne durerait pas et s'estomperait bientôt. À ce moment-là, le cœur détruit, il ne faudrait pas longtemps avant qu'elle ne s'endorme ... pour toujours.

² Citation de Pierre Nepveu.

Des colonnes de pierre encore debout explosèrent en une myriade de caillasses. Le sol semblait se fissurer par endroit. Rome, la grande et belle cité Impériale était en train de trembler.

Partout dans les rues des badauds levaient la tête en direction du Palatin, l’Empereur lui-même attrapa le crucifix autour de son cou et le serra en entendant les éléments se déchaîner. La cité entière retenait son souffle espérant que tout ça s’arrêterait bientôt…

Il esquissa un sourire en la voyant esquiver l’assaut. Malgré tout Théodora démontrait à nouveau sa volonté de vivre, elle n’avait jamais voulu de cette maladie. Maudis par les Dieux pour son pouvoir elle dépassait ses propres limites et la pâleur de son visage, le filet de sang qui coulait à ses lèvres, n’entachait en rien sa détermination.

Montre-moi ! Montre-moi pourquoi les Dieux t’ont maudis !

Elle lança son assaut, le froid s’insinua dans le corps de Kahran qui sentit son cœur se resserrer, la maladie de la jeune femme était terrible. Il écarquilla les yeux en imaginant qu’elle avait pu vivre avec cette douleur toute sa vie durant et comprenait à présent pourquoi elle ne pouvait laisser la maladie triompher. Une souffrance atroce qui ne lui arracha rien d’autre qu’un grognement.
Les poings fermés il encaissa l’assaut et ferma les yeux afin de se concentrer sur son corps. Son cosmos fluctuait au gré des pics de douleurs et ce n’est qu’au prix d’un effort surhumain qu’il parvenait à utiliser sa propre cosmo-énergie comme rempart à la maladie qui se propageait en lui.

Il n’ouvrit les yeux de nouveau que pour mieux voir la lame gelé arriver sur lui. Il ne prit même pas la peine d’esquiver comme s’il acceptait la punition pour avoir utilisé l’arme pour assassiner Rhaegar. Ses pensées se tournèrent vers Etain. Il avait agis comme un monstre, pour se rapprocher des Dieux afin dès les éliminer il avait décidé d’abandonner son humanité mais en voyant Théodora quelque chose changeait en lui…
La lame pénétra la chair de son épaule et une violente giclée de sang s’étala sur le sol de la Tour des Quatre Vents. Il observa la tâche rouge se former sur ses vêtements autour de l’endroit où la lame s’était plantée.

C’est tout le spectacle que tu as à offrir Théodora ? Ce n’est pas ta maladie qui te définit ! Observe ce qu’aurait été ta vie… BLACK SPARROW !

Sa cosmo-énergie se concentra en un seul point et suivant son mouvement elle alla frapper Théodora en plein visage. Aucune marque, aucun impact…

Juste la vision d’une vie sans sa maladie…

Kahran, à présent dans le dos de la jeune femme, se retourna et écarta ses cheveux mouillés qui dégoulinaient sur son visage.

Aurais-tu été une Reine ? Une domestique ? Où bien tout cela n’aurait-il rien changé au final ?

Ses paroles se perdirent dans l’inconscient de la jeune femme. Kahran profita du moment pour fixer de nouveau le ciel d’un air de défi. L’orage gronda anormalement fort en réponse.
Il arracha la lame de son épaule et s’élança de nouveau vers l’Hippocampe. Sautant à quelques mètres d’elle il attrapa la création de glace à deux mains afin de l’abattre violemment dans le dos de la jeune femme…

La Générale n'avait plus rien à apprendre hors de ce combat, si tant est qu'elle n'ait pas déjà atteint son maximum. Ce serait évidemment une éternelle inconnue. Mais Kahran pouvait encore sortir grandi de ce combat et Théodora se devait de lui prouver avant de s'éteindre : s'il se libérait de sa naturelle arrogance, il pourrait ne pas commettre d'impair. D'ailleurs, la bretonne pouvait un peu anticipé les mouvements de l'ancien chevalier de l'épervier à ses paroles. La jeune femme matérialisa une sorte de dôme de glace. Hélas, la transparence de la glace ne pouvait pas la prémunir de son regard violacé, perçant.

~ Fashback ~

Je m'étirai longuement en baillant. Je m'étais assoupie dans les champs et une brindille me chatouilla le nez. Je me redressai en éternuant, passant ma main dans mes longs cheveux.

Citation :

- Et bien, Théo' ? On dirait que ça te plait de bailler aux corneilles !
- Hummm ? Pardon ... Faut dire que j'ai rien à faire pour le moment ...
- Et bien si, justement. Tu vas pouvoir commencer les voyages entre le champ et la maison, vas chercher la brouette.
- Génial ... Allez ! J'y vais.

Dis-je en riant, je partie donc dans la remise accolée à la maison familiale, cela faisait des années que nous y vivions et nos recettes avaient prospéré. Nous étions loin des bourgeois des villes régionales mais ... on se portait plutôt bien. Je fis le trajet cinq~six fois et lorsque ce fut fini, je fus certes transpirante et épuisée mais je ne ressentais aucun poids dans ma poitrine : j'étais libre et je pouvais respirer à m'en époumoner.

Ce soir, le village donnait une fête et les jeunes adultes que nous étions ne manquerait pas l'occasion de s'amuser après une journée de dur labeur. Et comme à chacune de ces fêtes, l'alcool coula à flot au même rythme que la musique nous lançant sur des danses effrénées. J'allai me reposai à notre table, mon frère vint me voir et me donna un coup de coude fort peu discret.

Citation :

- Tu as vu ? Augustin n'arrête pas de te regarder depuis le début de la fête !
- Je ... Tu racontes vraiment n'importe quoi !
- Bahh... Regarde si tu me crois pas !

Je rougis comme une pré-pubère adolescente et me tournai vers lui. Effectivement, il m'observait bel et bien mais à peine eu-je posé le regard sur lui qu'il se détourna comme si de rien était. Je ris doucement.

Citation :

- Mais ... C'est que tu as raison, quelle canaille. Je me lance !

Dis-je après avoir longuement tapoter la table de mes doigts. Lorsque je quitte cette table, je sens une goutte d'eau perler sur mon nez. Intriguée, je relève le visage vers le ciel étoilé. Lentement, les gouttes s'écrasèrent sur nous et les étoiles furent couvertes de nuages noirs. En cette saison, la pluie pouvait être violente, c'est pourquoi une légère pagaille anima la place : tout le monde prenait ses affaires et se précipitaient vers chez lui. Hélas, Augustin était le fils du pécheur et, évidemment, le port était à l'exact opposé des champs. J'enrageai de ce manque de chance mais je partis rapidement à la poursuite de mes frères en posant mon chapeau de paille sur le sommet de ma tête afin de me protéger de cette drache.

Soudainement, un éclair explosa à côté de moi.
~ Fashback ~

Théodora secoua la tête en prenant une profonde inspiration, comme si elle sortait d'une profonde apnée – ironie du sort pour une marina –. Avec cette convaincante illusion, la bretonne avait baissé ses défenses, suffisamment pour laisser Kahran caresser ses longs cheveux violets. Était-ce ce contact qui l'avait électrisée et fait apparaître cet éclair ? C'était possible mais, déjà, l'Hippocampe était à l'affut et sa défense se dressa à nouveau pour parer le coup de Kahran.

- Il suffit, Kahran ! Penses-tu réellement m'avoir avec mes propres armes ? Je suis partagée entre la stupéfaction et l'indignation. Je place mes espoirs en toi alors ne me déçois pas ! Si tu continues d'être suffisant, tu ne feras qu'attirer un regard – comme en ce jour – des résidents du panthéon.
Pluvia Crystalli

Le bouclier autours de Théodora explosa en un millier de lames gelées fusillant la zone en tout sens. Une réelle prouesse martiale sera à réaliser par Kahran pour les éviter, à n'en pas douter. Mais ce n'était pas fini : la Générale allait se donner les moyens de poursuivre le combat et surtout, elle n'allait pas se laisser dominer. L'ancien Augure n'était pas l'unique maître des illusions et il allait l'apprendre à ses dépends. Car une chose restait constante : face à face, les deux protagonistes ne cherchaient pas à fuir le regard de l'autre et c'était parfait pour lancer ce genre d'attaque. Cette fois, c'était au tour de Théodora d'avoir la main mise sur la domination oculaire.

- Qu'aurais-je été sans ma maladie ? Tout et rien. Je suis ce que je suis à force de persévérance et de volonté. Peut-être ma maladie a été l'élément déclencheur afin que je lutte contre mon destin ? Je ne le saurai jamais mais ce que je sais c'est que mon destin m'a conduit ici et que je vais lui faire vivre son plus beau moment ... Son apothéose. Je te remercie de m'avoir permis de revoir ceux qui me furent chers en tant que terrestre mais je vais te faire voir ce qui t'attend si tu ne changes pas !

Glacialis illusio

À l'instar de l'attaque de Kahran, celle de Théodora n'infligeait aucune blessure apparente et pourtant, s'il ne trouvait aucun moyen de s'en prémunir, l'épervier serait emmené dans un monde froid, vide. Une certaine représentation du Cocyte. Mais c'était le monde de Théodora, lui qui se battait depuis un moment contre elle ne pouvait se tromper : ce froid, cette sensation ... C'était Théodora. Le vide apparut alors, il était dans une sorte de boule de cristal et de géantes paumes la couvraient ... Quelqu'un l'observait dans sa prison de verre. Lentement les mains s'écartèrent et il put reconnaître le doux visage de Théodora. Puis, continuant d'écarter les mains, la boule chuta et se brisa, le ramenant à la brusque réalité.

- Vois, Kahran. Il est dit que l'homme danse dans la paume des Dieux. Si tu veux les défier, il te faudra plus que ta détermination. Sans un minimum de précaution, tu te conduiras à ta perte et ceux te suivant également.

Le but était de le secouer quelque peu. Et si elle avait bien compris, l'homme se souciait moins de lui que ceux qu'il entraîne à ses côtés. Tous ces dialogues l'en avaient convaincue, il s'était souciée d'elle et, à présent, c'était à elle de se soucier de lui. C'était une personne profondément gentille mais ces années à la tête d'une faction servant l'un des Dieux restaient en lui et cette supériorité naturelle se devait d'être gommée. Elle ne savait pas si un jour il ferait marche arrière mais le sacrifice de Théodora ainsi que la détermination de cet homme pousseraient les dieux à se questionner et cela, pour de simples mortels, c'était déjà une victoire.

Le visage de l’ancien Augure se refrogna. Remis à sa place par la Général, il se contenta de soupirer dédaigneusement tandis qu’elle bloquait son attaque. Lorsque son dôme de glace explosa, l’ancien Augure se retrouva couvert d’entailles de glace de tailles et de formes différentes.
Sans armure, il n’avait en réalité que son simple cosmos comme protection aussi se contenta-t-il de pointer son index en direction de Théodora.

Je ne peux pas changer ! Tu as vu ce dont ils sont capables, tu as vu les moyens qu’ils utilisent pour nous battre. Tu as vu ces vies brisées, ces espoirs anéantis par leur simple volonté. Je ne disposerai jamais de tes armes Théodora… J’ai ma propre façon de faire les choses…

Le vent recommença à se lever tandis que la Marina faisait appel aux abymes de sa cosmo-énergie. Il observa d’un air absent le dôme se former autour de lui. Le froid l’envahis et le saisissait au plus profond de ses entrailles mais sa propre cosmo-énergie lui permettait de lutter. L’instant d’avant il était au ruines de la tour des Quatre Vents et maintenant il se retrouvait dans une dimension alternative ou il n’y avait rien si ce n’est lui et sa propre conscience. Il renifla en se souvenant avoir déjà subis ce genre de maléfice, lors de son combat contre le Chevalier des Gémeaux. Mais il y avait quelque chose de différent à présent.
Dans l’obscurité du vide, Kahran entraperçu en filigrane deux prunelles géantes qui se posaient sur lui. Il haussa les sourcils et observa le sol. Entièrement composé de cristal il pouvait voir avec précisions les mains délicates de Théodora saisir l’endroit où il se trouvait. Kahran, était enfermé par l’Hippocampe comme le singe l’avait été dans la paume de Bouddha, mais toujours digne et fier il s’avança proche de la paroi de glace et fit face au visage géant de la Marina. Ses yeux transpiraient la haine et la rage, emporté par sa propre énergie, Kahran perdait toute notion de la réalité.

Ils m’ont fait ! Je suis le produit de leur arrogance et de leurs manipulations. Jamais plus je ne serais un homme comme les autres, j’ai accepté mon destin. J’ai accepté d’être un porteur de mort ! J’endosse un rôle dont jamais aucun homme n’a voulu jusqu’à présent, je suis le symbole de la révolte humaine contre les Dieux, j’ai transcendé ma condition humaine il y a bien longtemps et malheureusement je ne pourrais pas revenir en arrière…

A mesure qu’il parlait, sa cosmo-énergie s’était intensifié. Rapidement il devint clair que le dôme de cristal ne pourrait être en mesure de contenir un tel afflux.

Spoiler:

Le corps scarifié et couvert de sang, l’ancien Augure afficha un sourire sincère, son expression semi-démente s’effaça et un éclair de lucidité balaya son regard.

Combien sont morts déjà par ma faute Théodora ? Comment pourrais-je envisager l’idée de ne pas lutter seul ? Ce que tu considères être une prise de risque n’est rien de plus que le témoignage de volonté à vouloir accomplir les choses seul…

Au moment où le dôme explosait et le ramenait à la réalité Kahran ferma les yeux tandis qu’une larme coulait sur sa joue. Le souvenir des Oracles, Elias, Etain, ses parents. Tous les gens qui lui avaient fait confiance à présent… Théodora allait-elle devenir un visage de plus ?

Kahran, gisait à présent au sol. Les paroles des gens qui lui avaient donnés tant de confiance jusqu’à présent résonnaient en lui. Il avança sa main et agrippa la terre. Le sang coulait abondamment de ses blessures mais autour de lui subsistait sa cosmo-énergie. Moins agressive qu’auparavant elle semblait comme lécher son propre corps, l’incitant à se relever et à combattre. Mais l’Epervier n’en avait pas la force…
Il bascula sur le dos et fixa le ciel.

Stratos…

Le souvenir de sa famille en Egypte lui retourna le cerveau tandis qu’il levait une main en direction du ciel.

Storm.

Le silence assourdissant se fit entendre tandis que sa main retombait au sol. Le tonnerre de l’orage gronda à nouveau mais quelque chose semblait résonner avec lui. L’écho que pouvait percevoir la Marina venait des profondeurs de la terre qui se mettaient à nouveau à vibrer.
Le ciel se teinta d’une couleur violette, comme si le crépuscule s’était invité en plein milieu de l’après-midi. Et c’est alors que la lumière fut.

Dense, elle illumina intégralement l’ancien domaine d’une teinte indigo et son intensité augmenta de plus en plus dans un bourdonnement assourdissant. Une gigantesque colonne d’énergie noire se matérialisa alors dont la source n’était autre que Kahran. Lorsqu’elle gagna le ciel, elle s’éparpilla dans les nuages et au bout de quelques instants les éclairs d’énergie noire s’abattaient sur l’aire de combat…

Les différentes frappes au sol soulevèrent la terre et la roche, dévastant ce qui restait du domaine d’Apollon. Un gigantesque morceau de pierre fut emporté sous l’impact et se dirigea à la vitesse de l’éclair sur la Marina dont la cosmo-énergie se retrouvait littéralement broyé sous l’assaut.
La lumière indigo continuait d’inonder les lieux, mais à présent, dans le chaos qui régnait sur les lieux, Théodora pouvait clairement distinguer la silhouette de l’Epervier déchu qui lui faisait face.

Le combat continuait et si leur sang semblait couler à foison, aucun des deux ne vacilla. Ils restèrent solidement sur leur appuie lorsque Kahran déchaina sa propre puissance, la bretonne fut balayée par son effroyable cosmos. Elle se releva difficilement, en tremblant. Son œil gauche était fermé, une longue trainée de sang s'y dégageant. Elle sourit et se mit à hurler.

- Tu as tort, Karhan ! Tu as tort ! Abandonne ton projet dès maintenant ! Tu n'en es pas capable ? Alors ne recherche même pas la liberté ! Cesse de traiter de ton destin, n'est-ce pas la cause de ton combat, idiot ? Tu cherches à forger ton propre avenir alors ne l'entrave pas tout seul !
Gladii glacialorum

Les avant-bras de Théodora furent prolongés de glace tranchante. Mais elle ne s'élança pas encore contre lui, il était têtu et il faudrait lui mettre un peu de plomb dans le crâne.

- Tu es Karhan, rien de plus, rien de moins ! Ils t'ont façonné ? C'est ça ta vie ?! Ta liberté, tes projets, tout ça, c'est des conneries ? Ouvre les yeux Kahran ? Que vois-tu en face de toi ? Un Dieu ? Non car les dieux n'ont aucun rôle ! Ce ne sont que des spectateurs, nous les avons reléguer en-dessous de notre combat ! Si tu rejettes les Dieux, tu dois rejeter leur emprise sur toi, et ne me sors pas des foutaises comme quoi tu veux te rejeter ou je ne sais quel mal ! Les gens qui t'ont aimé et que tu as aimé. Certains sont morts pour toi ! Crois-tu qu'ils en sont tristes ? Non ! Alors relève la tête, tu es Kahran. Que cela en déplaise aux Dieux ! Tu es toi !

Aura magna Glaciei

Même après cette puissante attaque, Kahran n'avait pas su dissoudre entièrement la cosmo-énergie de Théodora. Et voilà que celle-ci jallissait de ses armes invoquées. Une nouvelle fois, les deux protagonistes entamèrent une danse frénétique où Théodora tentait de frapper l'homme, tout en endolorissant ses membres s'ils venaient à être touchés.

- Je ne serai pas un fantôme de ton passé, Kahran ! Crois-moi, je continuerai de t'observer et compte sur moi pour te réveiller si tu venais à sombrer ! Tu veux créer l'avenir, commence par reprendre confiance en toi, la vraie confiance, pas celle que tu affiches ! Je sais à présent qu'elle est fausse !

La femme s'exprimait avec véhémence pour faire comprendre son point de vue pourtant l'ancien Augure n'était pas aveugle : les mouvements de la mourante se faisait toujours plus lent, toujours plus difficile. Et pourtant, elle ne se plaignait pas : toutes ses pensées étaient tournées vers Kahran.

Spoiler:

Il ferma les yeux et se mit à psalmodier des mots dans un langage étrange, totalement inconnu de la jeune femme. Lui-même ignorait le son de ses mots, seul le sens lui importait. Dans les tréfonds du tartare, dans les majestueux palais de l’Olympe, l’incantation résonnait comme un véritable choc. Voilà désormais plusieurs années qu’il était entré en contact avec l’Ichor. Le sang divin qui avait animé l’Hydre lorsqu’ils l’affrontèrent avec Arsiesys. A cet époque, afin d’affaiblir la créature, l’Augure n’avait eu d’autre choix que d’absorber l’énergie, mettant en péril sa propre vie, afin de permettre au Grand Pope de terrasser la créature. Des années durant il avait tenté de percer le secret de l’Ichor et voilà qu’à présent et de façon totalement naturelle les mots lui venaient naturellement…
Il sentit sa propre cosmo-énergie ragaillardir son corps, il sentit un bref instant la capacité à ne faire plus qu’un avec son propre cosmos.

Le monde et ce qui l’habitait ne faisait plus qu’un. Les cieux étaient infinis et de ses ailes majestueuses, l’Epervier observait ses proies. Chasseur il était né, prédateur il était devenu.

Un ballet mortel venait de s’engager. Leurs deux corps meurtris par le combat rendaient leurs mouvements plus lents. Pourtant Kahran semblait posséder un léger avantage sur son adversaire, l’absence d’armure rendait ses mouvements félins plus harmonieux. Il esquiva une frappe tranchante en reculant son visage rapidement. Ici un autre plongeon dans sa poitrine qui fut dévié par la paume de sa main.
L’épuisement le guettait tandis que Théodora moulinait ses lames de glace comme une damné, refroidissant l’atmosphère elle rendait chacun des gestes de l’Epervier renégat plus lourd, moins gracieux qu’à l’accoutumé. Il grimaçait sous l’effet de la douleur, les plaies infligées par les échardes de glace étaient encore ouvertes mais sa cosmo-énergie ne semblait pas faiblir et l’aura indigo ne s’était toujours pas dissipée.

Les paroles de Théodora… Il n’avait jamais accepté la responsabilité de son échec, préférant voir là le résultat du jeu des Dieux. Ses propres responsabilités il les avait oubliés en préférant n’être qu’un simple exécutant.
L’Epervier avait été dressé pour devenir un animal de foire que l’on exhibe auprès de ses pairs. Encore maintenant alors qu’il était libre, il sentait la joie d’Apollon de le voir balayer les cieux de ses ailes et terroriser ses adversaires sans comprendre que jamais il ne parviendrait à s’élever aussi haut que lui.

La zone entière était baignée de son cosmos crépusculaires. Des éclairs de foudre noire continuaient de s’abattre sur la zone écrasant ce qu’il pouvait rester de cosmo-énergie à la jeune femme. Le combat prenait une tournure désespérée pour ses deux combattants. Kahran voyait émergés de Théodora les espoirs qu’il avait jadis fondés sur Phétis. Elle transcendait sa condition et devenait bien plus qu’une simple Marina au service des Dieux.
Sans jamais s’arrêter de parler elle continuait de lancer ses assaut mais chacun d’entre eux était péniblement esquivés et la seule réponse qu’elle obtenait était le silence de interlocuteur. Pourtant le regard de Kahran en disait long sur ce qu’il ressentait à cet instant.

L’Epervier avait été conditionné pour éliminer ses adversaires. Un vol d’oiseau pacifique avait lieu en dessous de lui. Son ombre refroidissait alors qu’il planait au-dessus d’eux. Il sentit la voix d’Apollon et des autres Dieux l’invité à fondre sur les créatures. Il sentait son instinct, son conditionnement l’amené à déchiqueter les oiseaux de ses serres.

La pluie s’était arrêtée depuis que la tempête de cosmo-énergie avait débuté. Leurs regards s’accrochaient systématiquement se lançant un dialogue qui dépassait leur propre entendement. La perception du temps n’avait plus lieu d’être, le combat s’éternisait entre les assauts frénétiques de Théodora et la puissance déployée par Kahran. En cet instant quelque chose semblait cristalliser leur volonté d’exister, de ne plus être les jouets des Dieux.

Le rapace plongea, mais alors qu’il arrivait au niveau des oiseaux il leva son bec et profita de la prise de vitesse pour s’élever plus haut que d’ordinaire.
Pour la première fois, l’Epervier ne regardait pas en bas ceux qu’il avait toujours dominé mais en haut…
Sa course l’approchait du Soleil, dépassant les nuages, ses ailes brunes noircirent sous l’effet des rayons mais pourtant l’animal ne s’arrêta pas.

D’un geste vif Kahran attrapa la main de Théodora et l’attira à lui. Il sentit le froid émaner de son armure contre sa peau et son visage collait pratiquement celui de la Général. Sa cosmo-énergie explosa dans une aberration noire et son animal totem se matérialisa dans l’énergie. L’Epervier Noir posait synchroniquement son regard sur la jeune femme.

Merci…

Une explosion émanant de sa personne retenti et la cosmo-énergie balaya toute forme de cosmos autour de lui.

Théodora ferme les yeux, entourée des bras de Kahran. L'homme fait littéralement exploser son cosmos, la bretonne n'en peut plus mais une ultime alchimie se forme. La cosmos énergie de l'épervier noir se frotte à une aura dorée et puissante, son attaque semble disparaitre. Mais, à présent, Kahran tient une femme pratiquement nue : l'armure de l'hippocampe s'est reformée aux côtés de Théodora après avoir sauvé sa porteuse une dernière fois.

- Adieu, Hippocampe. Veille sur ton prochain détenteur.

L'écaille est secouée d'énergie cosmique et s'envole lentement vers le sud et l'Arche. Théodora tend doucement sa main vers ce qui fut sien pendant tant d'année. L'homme, surement attentif, pouvait voir que la main de Théodora se faisait floue. Ainsi Llyr avait cessé de regarder Théodora, comprenant qu'elle ne pourrait mettre Kahran aux arrêts. Seule son aura perdurait, Théodora n'avait plus la force de faire autre chose, elle posa juste son menton sur l'épaule de l'ancien Augure.

- Je t'en prie, Kahran ... Dessine ton propre chemin ... Puise en moi tout l'encre qu'il te faudra car ton souhait est noble, j'en suis convaincue. Si les Dieux venaient à s'apercevoir de leurs erreurs, alors peut-être l'homme sera libre et ... en paix.

L'autre main de Théodora vient alors plaquer la joue de celui qu'elle n'avait jamais réellement considéré comme un adversaire en ce jour. Ses mouvements avaient cessés d'être lourds, porté par ses rêves, qu'elle plaçait à présent en Kahran.

- Ne nie pas ton passé mais ne te sens pas coupable de celui-ci, Kahran ... Tu es un homme de bien, je le sais. La haine m'a coûtée énormément, ne fais pas la même erreur. Mais ... Tu es le seul à pouvoir décider du chemin que tu vas emprunter, je ne peux que te montrer celui que j'emprunterai.

Dit-elle en souriant, amusée. C'était l'objet de sa nouvelle vie : le choix. Et aussi mourante qu'elle était, elle ne lui imposerait pas ses vues. Lentement, Théodora prit la main de Kahran et l'apporta sur ce qui aurait du être son cœur mais ni poitrine ni rien, seul un creux humide. La glace fondait.

- Cette fois, c'est l'heure, Kahran. J'ai donné tout ce que j'avais à travers ce combat, non que je puisse durablement m'en targuer mais, je pense avoir su rivaliser avec l'un des hommes les plus puissants parmi les mortels. Que tu m'achèves ou non ... Je ne ressens plus que le froid ...

La fierté de la Générale n'alla pas plus loin, ses larmes fendirent à présent son visage, à moitié consciente de celui qui la tenait dans ses bras.

- Xelar ... Ahès ... Êtes-vous ... fiers de moi ?

La vie de Théodora se terminait, doucement, son corps partait en cosmo-énergie rejoindre le ciel noir. D'ici quelques minutes, la bretonne allait disparaitre du monde des vivants. Bientôt, la musique s'arrêterait et l'éternel silence la gagnerait. Bientôt ... la souffrance ne serait qu'un mauvais rêve, même le rêve ne serait plus.

Il embrassa la main de Théodora de son visage et ferma les yeux. De sa main il sentit le vide en lieu et place de son cœur et d’un mouvement furtif il enserra davantage la jeune femme comme pour l’interdire de quitter cette terre. La cosmo-énergie de Kahran s’étiolait peu à peu dans l’air et l’orage était en train de reprendre ses droits. Déjà la pluie retombait à grosses gouttes sur le visage de Théodora.
En soutenant Théodora de son bras gauche il utilisa sa main libre pour retirer l’une des couches de cuir qui composait sa tenue et la posa sur la jeune femme afin de lui rendre sa pudeur. Il ploya le genou et enserra la femme de ses deux bras en ne cessant de la fixer de son regard. Il voulait lui demander de rester, il voulait lui demander de ne pas se laisser aller… Mais il était trop tard, Théodora avait choisi son sort depuis longtemps et Kahran n’avait plus qu’à se réjouir d’avoir eu l’honneur de lui permettre de retrouver pendant quelques instants sa liberté.

Il fit glisser le dos de sa main droite pour dégager une mèche de cheveux trempée et caressa longuement son dos nu en signe d’apaisement. Petit à petit le froid émanant de la Marina disparaissait ne laissant la place qu’à l’atmosphère électrique légèrement déployée par Kahran.

Je ne sais pas si j’en serais capable tu sais…

Il déroba son visage à la chaleur de sa main et posa son regard sur un point fixe du sol. Une fois de plus, l’amour lui était porté sur un plateau d’argent mais il se refusait à se laisser aller à de l’égoïsme en cet instant et installa plus confortablement la jeune femme dans le creux de ses bras. Il intensifia sa cosmo-énergie afin de déployer davantage de chaleur. Il refusait de voir disparaître Théodora dans le froid et voulait à tout prix lui apporter un peu de cette chaleur humaine qui lui faisait tant défaut mais dont elle avait pourtant besoin.

Qui es-tu Théodora ?

Il avait parlé d’une voix suave mais quelque peu éraillé par les trémolos. Un sourire chaleureux se força sur son visage malgré sa peine. Au final il ne savait pas grand-chose de la jeune femme. De ses joies, de ses peines et de son histoire. Il n’allait demeurer d’elle que le souvenir de cette femme forte et agréable qui avait marqué de son empreinte les Piliers de Poséidon mais aussi le cœur de l’ancien Augure.

J’espère que là où tu vas-tu trouveras la paix que tu as toujours voulue…

Il ferma les yeux et posa un baiser sur le front de la jeune femme dont le souffle se faisait de plus en plus imperceptible…

La dernière chose qu'elle retiendrait de ce monde était la chaude étreinte qu'appliquait Kahran alors même que la température de son corps chutait. Un dernier sourire illumina son visage en entendant la question de celui qui accompagnait ses derniers instants. Au final, elle se faisait bercer par celui qui avait incarné sa haine et, à présent, cela ne la choquait plus du tout. C'était la fin d'un cycle.

- Qui suis-je ? Une femme heureuse ...

Puis son sourire disparu, la bretonne repensa aux chrétiens, amusée même si son visage ne l'indiquait pas. Sa voix était faible et faiblissait davantage à mesure qu'elle parlait, son dernier mot fut soufflé, avant qu'elle ne ferme les yeux. Il n'y avait plus rien lorsqu'elle le fit, ce n'était pas noir mais ni coloré, c'était juste l'espace, le néant.

- Même ceux qui sont dans l'erreur peuvent trouver du vrai en leurs formules : oui, tu es poussière et à la poussière tu retourneras. Humf... Adieu, s'il en est encore d'ici ta propre mort ... Kahran ...

Les lèvres du chevalier de l'épervier finirent par ne plus rien embrasser du tout : Théodora était devenue une multitude de flocons dont seule la pensée continuait de donner une forme. Mais cette dernière pensée n'irait pas pour Kahran, aussi fort fut le lien crée entre les deux protagonistes. Non, sa dernière pensée ira à son domaine et ceux s'y trouvant et plus particulièrement celle s'y trouvant. Tout ce qu'elle avait à dire avait été dit pour lui et elle continuerait, si cela était véritablement possible de veiller sur lui. Et si cela ne l'était pas, sans doute y penserait-il afin de se redonner courage.

En l'absence de Théodora, la marina de la murène devait certainement veiller à la quiétude du Pacifique Nord. Quelle dut être sa surprise lorsqu'elle vit l'écaille de l'hippocampe foncer en un trait doré vers le temple de Llyr puis de voir cette multitude de flocons apparaître et pour la plupart disparaitre. Mes quelques un se matérialisèrent un cristal octaèdre parfait où chaque face était gravée d'une lettre.

Α Ε Τ E Ρ Ν Ι A

Citation :

Théodora . . .

Citation :: Voilà, Théodora n'est plus. Je tiens à remercier ceux qui ont lu ce rp, déjà. Mais essentiellement Kahran, évidemment, qui m'a permis de faire un excellent rp de fin pour Théodora et ça, c'est magique. Ensuite, je m'excuse auprès d'Ekydena avec qui la complicité n'aura pas été si ... utile, désolée.

Sans trop savoir pourquoi, le cœur de Kahran battait la chamade à cet instant. La colonne de flocons troua les nuages et les dissipa d’une façon totalement surnaturelle. Un sourire se dessina sur celui qui était désormais l’Epervier Noir et il ajouta un murmure que seul Théodora aurait été en mesure d’entendre…

Spoiler:

** Rome, quelques semaines plus tard **

Kalim lança un regard à Octavia. Du haut de ses 10 ans, l’enfant au teint hâlé faisait tout pour se donner consistance quand la jeune fille au regard azur l’observait. Ils n’étaient pas du même monde et il le savait mais son impertinence l’obligeait à tout faire pour l’impressionner. Des jeux d’enfants, sans aucune autre conséquence que celle de s’amuser. Mais aujourd’hui Kalim avait décidé de passer à la vitesse supérieure et c’est avec la grâce d’un félin qu’il s’élança à travers la foule.
Les badauds étaient nombreux au marché et même le plus méfiants finissaient par abaisser leurs gardes en observant les étales multicolores qui s’étalaient devant eux. Les fruits, les légumes, les fleurs, les bijoux et tant d’autres objets qui fascinaient le monde des adultes mais qui n’était pas suffisant aux yeux du jeune perse.

Il repéra rapidement une bourse accrochée à la ceinture d’un homme et s’approcha à pas de loup. La moindre bousculade pouvait faire échouer tout son stratagème et c’est à la vitesse de l’éclair qu’il lança sa main pour attraper la bourse qui ne tenait que par une maigre cordelette.
Une main lui attrapa alors le bras et l’enfant se mit à paniquer en commençant à frapper la poigne du grand homme blond qui l’avait attrapé. Ce dernier le regardait d’un air amusé, un sourire en coin sur les lèvres.

Autrefois, Kahran aurait tué l’enfant pour son impertinence mais un bref coup d’œil à la petite fille paniquée qui observait la scène lui suffit à lâcher prise laissant l’enfant partir à la bourse comme un éclair. L’Epervier Noir observa le jeune garçon détaler à toute allure et se retourner lorsqu’il fut à l’autre bout de la place. Kahran continua de sourire et se tourna vers le marchand…

Vous savez quoi ? J’ai du oublier mon argent chez moi. On verra ça plus tard. Merci encore.

Kahran s’éloigna de la place et se dirigea vers le Palatin. Arrivant prêt de l’enceinte il escalada prestement un mur et en profita pour s’arrêter à un bosquet d’iris violet. Il attrapa plusieurs fleurs et continua son ascension.

Les ruines du domaine d’Apollon avaient été dévastées. De gigantesques trous béaient dans le sol et la cité entière gardait en mémoire le souvenir du combat. Kahran s’approcha de l’endroit ou il avait vu Théodora disparaître dans ses bras.
Il posa la gerbe de fleurs sur un petit monticule de pierre qu’il avait assemblée lui-même.

Où j'en étais alors... Ah ouais Elias ! Si tu savais comment ce petit con...

Kahran demeura quelques minutes à discuter en savourant une cigarette.
Lorsqu’il en eu fini il s’en retourna et s’éloigna.

Je dois partir Général. J’ai encore pas mal de personnes à voir avant de commencer à me lancer dans la difficile voie du déicide… Je parlerai de toi à mon frère, promis.

Fin de la Saison

Sujet: Re: Pluie de cendres [Théodora - Kahran]

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Pluie de cendres [Théodora - Kahran]

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