Au loin, quelques oiseaux avaient commencés a chanter... Alors que doucement les rayons du soleil réchauffaient la demeure du Sagittaire, Blood émergeait des limbes. Comme chaque matin depuis qu'elle se trouvait là, elle peinait un peu a y croire... Non à son nouveau statut, mais à son logement de fortune : le temple du Sagittaire, la demeure du Grand Pope Arsiesys en personne. Les lieux étaient vastes, confortables, généreux. Pour cette jeune femme qui avait vécu si longtemps en tant qu'esclave, elle se retrouvait seule habitnte dans ce fastueux temple, et autant dire qu'elle s'en sentait très honoré, mais si elle n'y était qu'invitée. En tout cas depuis qu'elle était ici, elle ne se faisait plus de soucis... Elle se sentait en sécurité, et dormais bien, profondément. De ce fait, la demoiselle devenait un peu plus robuste, grâce a son nouveau rythme de vie. Bien qu'elle ne s'entrainât pas comme les autres, elle passait tout de même ses journées a l'amélioration de ses capacités, et faisait les choses plus sainement, mangeant bien et se reposant comme il le fallait, sans avoir la peur au ventre. Sa vie de Saint lui garantissait une certaine quiétude...
... Depuis le jour de son arrivé, la jeune femme n'avait pas été confrontée a nouveau a l'intermédiaire d'Athena. Mais elle y repensait régulièrement : non seulement parce qu'il lui avait offert le gite, mais aussi parce qu'il avait eu le mérite de lui faire forte impression. Depuis, la demoiselle avait déJá fait un certain nombre d’apprentissages, et petit a petit elle se sentait changer, murir. Sa rencontre avec le saint des Gémaeux avait été assez influente, entre autre. Mais elle n’avait pas encore eu, du fait de ne l’avoir vu, de leçon du maitre des seins. La lui donnerait il, la prochaine fois ? Elle s’interrogeait distraitement, se levant et se parant de l’une de ses habituelles tuniques blanches. Même si elle n’avait désormais plus rien d’une esclave, elle continuait a les chérir et les porter. Quelle différence ? Elle y était habituée, et les étoffes pures lui allaient le mieux. Quand a son armure… Elle la mettait de plus en plus, mais elle n’avait pas envie, ce matin la.

Ainsi, la jeune femme quitta sa chambre pour atteindre le hall principal de la maisonnée, puis l’extérieur… Le matin était neuf. Elle entendait encore le chant des oiseaux, mais ne les voyait pas : la nuit avait laissé derrière elle un voila pâle, qui obstruait toute perspective. Mais cela aussi, c’était beau, songeât elle. Son regard se portât sur le sol sec qui entourait les lieux… Les temples d’Athena étaient tous construits le long de cette montagne, accessibles grâce aux escaliers qui la parcourait, mais le dos de la montagne était vierge, sauvage et impraticable… Ou presque. Comme elle l’avait fait par le passé pour Rome, Calyps n’avait pas résisté à la tentation de partir a la conquête des lieux. Depuis son arrivée, la jeune femme s’était souvent laissée aller au plaisir de sillonner les lieux au hasard mais avec attention, tachant de tout en retenir. C’est d’ailleurs dans ces moments là qu’elle avait fait ses quelques rencontres… Et trouvés de jolis endroits. Celui-ci, il en faisait partie. Il était très difficile d’accès, et il n’y avait de loin pas de meilleur point de départ que la demeure du Sagittaire pour s’y rendre. Le chemin était étroit, habilement dissimulé… Mais si l'on contournait les alentours du temple, on avait des chances de le trouver. Ça n'était pas un véritable chemin bien sur, mais une fente entre les rocs invitait à s’y engouffrer. Puis il fallait escalader des rocheuses, progresser a tâtons, pour finalement se servir du cosmos si l’on voulait y parvenir sans trop de risques. Il lui avait fallu du temps, pour parvenir à l’atteindre : mais elle ne le regrettait pas. Et passée cette matinée, elle le regretterait sans doute mois encore.
Calyps s’assit sur une arrête rocheuse du bord du petit plateau, haletant légèrement. Elle n’était pas habituée à ce type d’exercice, et bien qu’elle fût l’Aigle songeait toujours que si elle avait le malheur de tomber le long du roc a pic, elle ne donnait pas cher sa vie. Depuis quelques temps, elle apprenait a user de son cosmos afin de se déplacer de manière plus aérienne. Projetant de son énergie vers le bas, elle laissait l'air la porter et parvenait sans trop de mal a faire avec précision de grands sauts, voir a léviter. L'ascension de la pente rocheuse était un assez bon entrainement, bien qu'elle fut dangereuse. Mais elle en valait la peine, tant la vue était délicieuse… Athènes se déroulait sous ses yeux, entourée de collines, fantomatique. Les habitations, les arbres, le relief se perdaient dans la brume, s’englobait d’un voile d’un mystère. Cela ne valait pas non plus son doux et bref séjour au dessus des nuages, mais c'était de loin un des plus beaux panoramiques qu'elle avait découvert jusqu'alors. L’œil de l’aigle sondait, désireux de tous les percer… A quoi bon, vous direz vous ? Elle était ainsi, tout simplement. Scruter les choses, les comprendre, les mémoriser… Le vent soufflait doucement, soulevant sa longue chevelure. Celle-ci se mit a léviter dans les airs avec grâce, avant que la demoiselle ne se laisse aller en arrière pour s’allonger.

… Le ciel était blanc. Et elle voyait un peu la pierre émergeant du brouillard, les reliefs du mont. Quelque part la haut, il y avait peut être aussi le balcon du Grand Pope ? Calyps ferma les yeux, pour profiter de la caresse des brins d’herbe sous l’effet de la brise. Elle n'avait pas souvent eu l'occasion de faire ca... En toute quiétude, se laisser aller, s'allonger dans l'herbe, profiter de la nature. Bien sur, ce n'était pas une attitude si sérieuse... Le plateau avait une bonne taille, assez grande pour qu'un petit arbre y ai prit racine, ainsi que quelques plantes coquettes et des herbes folles. Entre les fissures de la pierre, de l'eau coulait, provenant certainement d'une faille dans la roche quelques un peu plus haut. Un petit havre de paix, tranquille, ou personne ne viendrais certainement. Un nid d'Aigle, en quelque sorte.
Suivant le cours de ses pensées avec légèreté, elle demeura.

Un déplacement d'air caressa le visage de la jeune femme. Intimement, elle décerna sans mal que quelque chose avait changé, bien qu'elle fut profondément plongée dans sa rêverie quelques instants au par avant encore. Émergeant, elle se redressa alors que le cri d'un oiseau de proie, pénétrant, vibrant, ne traverse l’atmosphère.

Calyps fut surprise de voir se tenir soudain derrière elle le chef des Saints. Confuse, elle se serait redressée prestement -allongé ainsi dans l'herbe a rêvasser, elle devait donner une bien triste image de la combattante qu'elle était censée incarner- si il ne l'avait interrompu de ses paroles. Le regard de la jeune femme se plongea dans celui de l'aigle... Et elle en eut un terrible frisson. Si son œil gauche était d'un gris argenté, lumineux et sobre bien qu'inhabituel pour son espèce, le droit, lui... Semblait avoir subi quelque préjudice, et se voyait injecté de sang. Tout comme l'était son propre œil gauche. Mais la teinte était artificielle, provisoire peut être, en raison de quelques blessure. Malgré tout, la coïncidence effraya la jeune femme. L'Aigle, voyant sa réaction, penché sur elle, sembla l'interroger du regard : menée a se ressaisir, Calyps tendit la main vers lui. Son plumage était magnifique... D'un noir profond, luisant, rappelant presque le bleu de la Nuit tout comme pouvait le faire le cosmos de la jeune femme. Lorsque le bout de son doigts légèrement entra en contact avec le bout sombre du bec affuté, Blood sentit un lien se former entre elle et la noble créature. Arsiesys avait raison... Il semblait y avoir une connivence entre eux.

Délicatement, la jeune femme se redressa. Le vent était doux, et la situation tout comme la dernière fois avait un rien de surnaturel. Sa main, encore tendue vers l'oiseau, effleura la tête de celui ci sans qu'il ne refusa ce contact. Et d'un petit saut, avec une délicatesse équivalente presque aux mouvements de la demoiselle, il vint se poser sur son bras nue. Ses serres ne serraient que faiblement la peau blanche, afin de ne pas la blesser. A ce contact, Blood se sentit en confiance...
Et son regard rencontrât celui du Grand Pope. Tout comme il l'avait fait au par avant, il lui souriait, énigmatique et bienveillant. Et à nouveau, elle se sentait un peu confuse face à ce personnage fascinant et empli de puissance. Blood hésitât, se souvenant qu'elle s'était engagée a faire toujours l’effort de tutoyer le jeune homme en dépit de leurs différences de statut. Un peu perdue concernant la démarche a suivre, elle portât son attention sur le rapace posé sur son bras.

- Merci, il est superbe.

Car bien que l'oiseau fut venu de lui même à elle, elle avait un peu l'impression que celui le lui ayant présenté lui avait fait ainsi un cadeau, un formidable cadeau... Une fois de plus, elle se trouvait pleine de gratitude a son égard, et naturellement un sourire, a la fois timide et sincère, c'était posé sur ses lèvres.

Le vent souffla a nouveau, rappelant a la demoiselle que quelques instants au par avant encore, elle était allongée là a ne rien faire. Certes, elle avait aussi fait cela pour se remettre de son ascension, mais malgré tout l'embarras la reprit. Elle se sentait un peu bête d'avoir été surprise dans cette situation. Et pourtant, elle ne regrettait pas. Au fond, elle était contente d'être a nouveau confrontée au charismatique personnage. Aimait il lui aussi ce petit plateau ? Était ce un hasard ? Ou bien était il même spécialement venu jusque là pour elle ...? Évitant quelque peu de le regarder dans les yeux, mais toujours souriante, Blood prit l'initiative de rompre le silence paisible qui s'était installé.

- Bonjour Arsiesys... Qu'est ce qui t- t'amène en ces lieux ...?

Elle butait malgré tout encore un peu sur le tutoiement, mais le cœur y était, c'était déjà ça. Sous la brise matinale, la jeune femme frissonna légèrement. Les étoffes blanches de sa robe effleuraient parfois, infimement, les jambes ou un bout d'aile du grand pope, et délicatement elle porta sa main libre au flanc de l'Aigle pour le caresser du bout des doigts...

Cette homme, la jeune Aigle le connaissait à peine. Et pourtant, alors qu'elle se réjouissait pleinement du cadeau qu'il lui faisait, son coeur se resserra lorsqu'elle vit son avant bras dénudé. Elle n'avait pas remarqué cela, lors de leur première entrevue... Et elle manquait de connaissances pour en connaitre la raison et l’explication. Mais cette vision, qui l'effraya, lui montra d'une part qu'elle semblait déjà fort attachée a cette figure forte qui l'avait accueilli en ces lieux et recueillit en sa demeure, mais aussi d'autre part qu'en tant que chevaliers, ils étaient confrontés aux affres de la guerre. Blessures, accidents, meurtres et autres mort... Cette pensée jetât un léger voile sur son sourire, et elle esquissa le début d'un geste lorsque le Grand pope entailla sa peau. Pourquoi ? Elle ne le savait pas tout a fait, mais elle comprit bien assez vite au regard qu'elle croisa qu'il s'agissait la d'un geste d'exception, et qu'elle n'avait pas a le retenir.
La jeune femme avait regardé en silence, non sans vif intérêt, ce petit rituel. Admirant la beauté de l'image qui s'offrait a elle : le rouge du sang, le bleu de ses cheveux et de ses yeux, le doré de l'avenir contraste avec la nuit de l'oiseau, qui avec une élégance pareille a celle de l'homme s'inclinait. a la vue du halo lumineux qui se faisait autour de la noble créature, elle comprit qu'il venait de lui offrir un généreux présent. Mais son soulagement n'en fut pas moins grand de voir la plaie pensées, et elle insista pour l'aider quelque peu dans cette entreprise.


Dans un geste fluide et symbolique, la demoiselle à l'armure d'argent tendis le bras pour y accueillir l’oiseau et fut simplement parcourue d’un infime frisson lorsque le Sagittaire l’effleura ; son contact, qui plus est si léger, était loin de la révulser, et ne la dérangeait guère. Elle l’écouta avec attention. L’utilisation du cosmos est synonyme de mort assuré pour ceux qui n’en ont pas la maitrise : cette énonciation fit naitre un frisson bien moins agréable que le précédent… Au fil des jours la certitude s’endurcissait : Beast avait toujours utilisé le Cosmos, et ce sans retenue. Elle s’efforça de détourner de son esprit ses sombres pensées et hocha la tête, caressant à peine le dos du sublime Aigle. Le garder auprès d’elle en toute circonstances, la perspective lui plaisait. Et elle le préserverait coute que coute.

- Je ne permettrait pas qu’il lui arrive quelque chose.

Suite a cet échange, le changement de ton de l’homme le prit un peu au dépourvu. Mais elle lui fait très vite reconnaissante de son initiative de compléter son éducation. Après tout la jeune femme en avait bien besoin, d’un enseignement, et aurait elle pu jamais rêver meilleur professeur ? Malgré tout parfois l’image de Beast ressurgissait de temps a autres : les miracles qu’elle faisait de cette force étaient bien cruels… Percevait il ces éclairs d’effrois discrets qui parfois la parcourait ? Elle avait toujours su les cacher habilement jusqu’alors, au commun des mortels en tout cas. Mais désormais qu’elle vivait au sanctuaire….

En tout cas, elle prit d’autant plus conscience de la valeur des goutes de sang qu’il avait donné a l’oiseau, et sa reconnaissance enfla. Lorsqu’il eut terminé de parler, Calyps acquiesça, un fin sourire aux lèvres.

- Non, je ne le savais pas vraiment, ou en tout cas pas précisément.

Désormais, elle se doutait qu’il ne s’arrêterait pas là. Malgré tout, elle eut envie de prendre elle-même l’initiative. Hésitant une nouvelle fois, puis se retournant de le vouvoyer mais s’étant tournée vers lui en s’inclinant quelque peu, elle se prononçât non sans une certaine assurance.

- Accepterais tu de prendre en main ma formation … ?

Chui désolééée que ce soit aussi court x__x j'y arrive pas d'avantage la é.è j'espère que déjà ca va ><

- Le sacrifice est un thème récurrent de notre mythologie. C'est particulièrement vrai sous les ordres de la déesse Athéna. Elle-même s'est maintes fois mise en péril pour nous ouvrir la voie vers la victoire. Peut-être connais-tu déjà la légende d'Andromède, aurait dû être offerte au Dieu des Mers pour apaiser sa colère après que son père ait vanté sa beauté en la disant égale à celle des Néréides. Sans l'intervention du héros Persée, nul doute qu'elle aurait péri... Mais ce qu'il faut en retenir est qu'elle était prête à mourir pour tous les sauver de la colère des océans.

- Notre idéologie veut que nous soyons prêts à mourir à tout moment pour préserver le monde de la fureur divine et de ces querelles incessantes qui déchirent les hommes depuis la nuit des temps. Beaucoup de nos frères ont souffert milles morts et sont tombés au combat pour que les générations futures puissent sourire. Sourire à la vie et au présent qui leur a été donné au prix de ces nombreuses âmes. C'est aussi pour cela que ce sourire ne me quitte jamais. Si je m'en séparais, je ne pourrais qu'avoir le sentiment de les trahir après qu'ils aient donné leur vie pour nous sans même nous connaître. Pour nous qui avons hérité de leur volonté.

- Je fais un piètre professeur. Je connais certes les secrets de notre ordre, mais les transmettre n'est assurément pas fait pour moi : je suis bien trop tendre pour enseigner quoi que ce soit ! Le seul élève que j'aie eu à ce jour a certes eu la chance de me rejoindre parmi le Zodiaque d'Or, mais m'est avis qu'on peut parler de chance du débutant. Néanmoins, je t'apporterai mon aide autant que faire se peut, si cela peut t'être utile. Pour commencer, je suggère que tu m'interroges sur ce que tu n'as pu comprendre seule jusque là. Parle, je t'écoute. Je répondrai à toutes les questions que tu pourrais te poser.

Si la jeune femme aimait a connaitre le monde, il n’était pas toujours aisé d’accéder aux connaissances. Les écrits étaient peu accessibles, et son statut comme sa condition ne ‘avaient jamais aidés beaucoup. Certes, elle était une observatrice : c’était ainsi qu’elle avait presque tout appris et apprenait tout. Mais il y avait tant de choses a savoir en ce vaste monde qu’elle était bien consciente qu’elle n’aurait pas assez de dix longues vies pour tout savoir. Pouvait on jamais, ne serait ce qu’en théorie, tout savoir … ? En tout cas, la jeune femme connaissait bien la mythologie et en était venue par le passé a se pencher dessus. Mais la encore on lui apprenait de nouvelles choses, et elle était reconnaissante a Arsiesys de prendre cette initiative pour elle. Mais dans son discours, il n’y avait pas que de l’information. Quelque part, elle sentait des vibrations d’émotions qui devaient venir du plus profond de lui. Leurs regards se croisèrent aux mêmes instants : certes, elle avait ses peurs, elle avait Beast, mais lui ? Sa pupille anthracite sonda le bleu de ses yeux. Ils semblaient cacher quelque chose de… si triste. Et s’il souriait, ce n’était finalement qu’en mémoire des anciens ? Qu’y avait il alors réellement sous ce sourire ? Elle fut tentée de le lui demander, mais c’eut sans doute été très indiscret… Malgré cette sage pensée, la question ne la quitterait pas de si tôt et resterait en suspens dans son esprit.

- Je suis certaine pour ma part que tu as beaucoup a m’apprendre.

Avait elle répondu spontanément. D’autant qu’elle ne serait pas du genre a se plaindre d’un professeur trop tendre. Et il était grand Pope, tout de même : il jouait de la modestie, mais comment pouvait il sous entendre un instants qu’il n’en savait pas cent fois plus qu’elle ? Peut être son caractère ne le rendait il pas assez autoritaire, mais elle était docile et studieuse, et donc une bonne élève. En tout cas, il serait en effet un professeur d’une toute autre trempe que le chevalier du verseau.

La jeune femme réfléchit à la proposition de son maitre. Sur quoi pouvait-elle l’interroger … ? Il était certain qu’elle manquait avant tout grandement d’expérience. Car à bien y penser, elle maitrisait en fait merveilleusement bien son cosmos. Plus elle s’exerçait en ce sens, plus elle s’en assurait. Aussi, cette maitrise ne datait pas de la dernière pluie, contrairement a sa pratique du combat. En fait, s’il y avait une chose qu’elle avait envie de faire….

- Je maitrise mon cosmos, et ceux de mieux en mieux, je crois assez habilement. Par contre, le corps a corps m’effraie et je n’ai guère d’expérience du combat. Et… S’il est une chose que j’aimerai savoir faire, c’est rester aérienne.

Elle ne prit pas la peine d’éclaircir de suite. Doucement, la jeune femme leva le bras. L'oiseau leva la tête vers le ciel, parcouru d'un frisson. Un frisson d'excitation peut etre ? Qu'était le ciel pour un oiseau ...? Alors même que voler représentait un effort, était ce seulement pour pouvoir vivre qu'ils volaient ? N'éprouvaient ils pas du plaisir a être seuls a avoir ce monde la pour eux ? Un monde entier.... Il ouvrit ses larges ailes. Alors, dans un accord tacite, l’Aigle prit son envol. Sa large silhouette les nappa tout deux d’un voila d’ombre, et sa noble carrure se mit a sillonner les cieux… Il tournoyait, posant son poids sur un courant d'air ascendant. Bien vite, il paraitrait bien plus petit qu'il ne l'était réellement. La jeune femme se demandait a quel point une personne comme le Pope, qui avait cette même chance, se rapprochait de cet aigle. Elle aurait aimé connaitre le fond de ses pensées... Peut être un jour ferait elle aussi partie de ceux ci. Mais comprendrait elle alors, ou serait elle, comme tout, homme, limitée a sa seule perception ?

- Moi qui n’ai pas d’ailes...

Blood c’était tournée vers Arsiesys après avoir suivi de longs instants l’oiseau du regard. Ses doigts effleurèrent ses plumes d’or, sans qu’elle eut peur de commettre par ce geste une impolitesse. Elle sentait qu’elle pouvait se le permettre. Le métal sembla vibrer sous ses doigts, et émis un doux son qui quelque part, ému la jeune femme... Le contact de chaque plume de cette élégante toile avec celles qui l'entoure.

- J’aimerai apprendre par mon cosmos a faire mien le ciel au combat, tant que faire ce peux… Est-ce possible ?

- On dit qu'à l'origine, chaque être a reçu en son sein un fragment de l'énergie qui aurait servi à le créer. L'on ignore encore à ce jour si c'était un incident ou un cadeau des dieux aux hommes, ou même s'ils l'ont fait à dessein pour que nous puissions les servir... Seuls ceux qui sont capables de sentir cette force en eux peuvent s'éveiller à ce que nous appelons le cosmos. Son nom lui vient de ce qu'on dit que chaque personne qui en a la maîtrise possède en elle un univers entier à petite échelle dont il tire cette puissance cachée. Grâce à elle, nous obtenons le pouvoir de briser les atômes qui composent chaque chose en ce monde. Telle est la base de ce phénomène. Le cosmos ne connait aucune limite sinon celle de la volonté, et permet à son détenteur d'engendrer des miracles.

- Ce n'était qu'une démonstration. J'avoue ne pas aimer me donner en spectacle, mais bien souvent cela est préférable à toutes les explications que l'on pourrait donner. Ce que tu viens de voir n'est que l'utilisation de ce principe de base pour en venir à la destruction. Ce n'est pas ce que je préfère, je ne m'en cache pas, mais sans doute est-ce le plus facile pour beaucoup d'entre nous. Pour ma part, j'ai une préférence pour un maniement plus subtil. Pour moi, s'en tenir à cela est comme errer dans une grande bibliothèque sans en ouvrir les livres.

- Pour un chevalier des glaces, la manipulation consiste à geler les atômes pour leur faire cesser tout mouvement. Ce n'est qu'ainsi qu'ils peuvent espérer atteindre un jour le zéro absolu, le summul de leur pouvoir. Dans ton cas, la difficulté sera d'alléger les atômes afin d'en réduire le poids jusqu'à nier l'existence des lois de la pesanteur. T'en penses-tu capable ? Est-ce le sens que tu veux donner à ta propre force ?

Blood recula brusquement, prise de surprise par l’ouverture soudaine des ailes qu’elle effleurait du doigts un instant au par avant. Elle ne put s’empêcher encore de songer a quel point elles étaient belles, et dévisager le Pope les portant fièrement. Mais embarrassée de le fixer avec trop d’insistance, elle eut bien vite détourné le regard avec humilité.

Elle écoutait avec attention, s’efforçant de comprendre même si tout ne se révélait pas être très clair. Si l’univers tout entier était en elle, et si l’univers tout entier était composé d’unités semblables, C’était en manipulant ses « unités », ses atomes, qu’elle utilisait ses pouvoirs ? Utiliser l’unité qui formait le tout en comprenant ces derniers, pas d’ensemble sans individu… Elle hocha la tête en signe de compréhension, plus ou moins sure d’avoir compris ce qu’il lui apprenait, et déterminée à creuser l’idée pour la comprendre parfaitement au plus vite.
II se mit a nouveau à étinceler de son aura divine comme lors de leur première rencontre… Et si elle avait eut hâte de voir ce qu’il allait faire, elle fut quelque peu déçue. Non pas parce qu’il fit fut décevant, enfin on ne pouvait pas dire que par sa simple immobilité il n’était pas prodigieusement puissant… Mais parce que en creusant par ses pouvoirs un formidable cratère, il avait aussi entièrement dévasté le lieux qu’aimait la jeune femme. S’il avait croisé son regard, il y aurait discerné un certain effroi, une horreur. Elle qui s’attelait a ne pas s’attacher aux gens parce qu’ils partaient trop vîtes, mais plutôt au lieu… Il venait de lui arracher son favoris. Il n’en restait qu’un trou béant, ou une couche de rocaille infime faisait tenir, tant elle était dure, miraculeusement un bout de l’extrémité du plateau. L’eau s’écoulait désormais telle une petite cascade en plongeant dans le vide, et le petit Olivier avait offert a la jeune femme un petit bout de sol ou elle avait pu se réfugier pour ne pas être prise. Blood, sans s’en rendre compte, tremblait légèrement. Mais elle décida bien vite de ne pas laisser voir cette tristesse qu’il avait fait naitre en elle a la perte de ce lieu : après tout il lui fournissait un apprentissage, et il venait de lui faire un cadeau.
Détruire ainsi… C’était quelque chose qui n’était pas dans les habitudes de la demoiselle. Mais elle s’en pensait en tout cas tout aussi capable, et sans trop de mal en fait : ca n’était juste vraiment pas en accord avec sa personne et sa manière d’être. Et elle était tout a fait d’accord avec Arsiesys ; pour elle le cosmos ne pouvait servir qu’a cela. Elle-même avec peu d’entrainement en usait pour contrôler l’air, restaurer des tissus, se soigner, créer… Il fallait être ouvert a toute sorte de littérature pour choisir petit a petit sa voie et écrire son propre livre, sa propre utilisation du cosmos. La jeune femme en était intimement convaincue.

Lorsque leurs regards se croisèrent comme il s’élevait noblement dans les airs, sa petite rancœur fit place a l’admiration qu’elle ne pouvait s’empêcher d’éprouver a le voir voler avec tant de beauté. Elle se détacha de la paroi rocheuse, presque fébrilement suspendue au dessus du vide. Réduire son poids jusqu'à ignorer ce qui les attirait toujours au sol… Elle hésitait. En était-elle capable ? En tout cas, elle était motivée et le désirait, et donc devait pouvoir s’en donner les moyens. Pour arriver jusqu’ici, elle avait plus ou moins grimé, elle s’en était sortie en faisant des bonds. Et si elle voulait rejoindre le Saggitaire ?

- Si je tombes tu me rattrapes hein ?

La question était certainement un peu bête vu ce qu’elle connaissait déjà du caractère de l’homme a la chevelure bleutée, mais face au vide sa réaction était normale. Elle était humaine, et a défaut d’avoir le vertige cela ne l’empêchait pas d’avoir peur… Après tout elle prenait de gros risques en s’offrant au vide.
Doucement, la demoiselle ferma les yeux pour se concentrer. Son cosmos sombre se déploya autour d’elle et l’envahis… A nouveau, le voile de la Nuit tendait a rejoindre le soleil. Elle frémit. Il fallait qu’elle ai confiance en elle, elle le savait… Et elle parvenait déjà a se projeter dans les airs, parfois. Le moment était venu d’essayer, mais elle allait se montrer prudente, et procéder petit a petit, suivant une idée que lui avait donné le pope précédemment. De gros rochers se détachèrent du cratère et de la falaise entourés de cosmos sombre. Les faire léviter demandait a la jeune femme un certain effort, mais rien d’insurmontable, et elle était en pleine possession de ses moyens.

Des marches, unes a unes se formèrent. Alors sans plus attendre, Blood projetât de ses vents sous ses pieds, s’élevant dans les airs. Depuis longtemps, elle se sentait infiniment légère… Mais toujours pas assez pour se maintenir dans les airs. Que lui manquait-il ? Les effleurant a peine, elle bondit d’une marche a l’autre, les premières pierres tombant dans son sillage. Elle ne pouvait garder son corps dans les airs par les vents en maitrisant simultanément de trop nombreux rocs épais. Elle ne garda que les plus menus, et s’attela a les placer plus éloignés, parvenant finalement sans mal a atteindre la hauteur du pope, capable parfois de se propulser a nouveau sans toucher pour autant de matière compacte. Mais cela ne suffisait par pour voler. S’essoufflant légèrement alors qu’Arsiesys était monté encore, mais ayant bien parcouru une dizaine de mètres, ou même plus dans les airs par ses propres moyens, elle tendit naturellement la main vers lui de peur de perdre un peu pied. Peut être pourrait elle avec de l’entrainement réellement se faire assez légère ? En tout cas, il devait deviner sans mal sa réponse a sa question.

- Ne tombe pas. Envole-toi. Toujours plus haut.

- C'était un bon début. Je ne saurais que trop te conseiller de continuer à pratiquer. Continue de visualiser une route dans le ciel. Un chemin qui t'emmène au loin. Et tu pourras alors ouvrir des ailes et voir le monde comme je le vois quand j'en frôle la cime. Il existe toutes sortes d'ailes. À toi d'en choisir la forme.

Le cœur de la jeune femme se mit a battre a tout rompre lorsque sous ses pieds le sol qu’elle se créait se mit a s’effriter, désespérément immatériel et perdant s’évaporant avec la fuite du vent. Elle savait très bien que le chemin qu’elle avait choisit était précaire, et ne la portait qu’un temps. D’autant que la lévitation comme cette maitrise spontanée et évolutive du vent lui demandaient beaucoup de forces. Mais comme elle l’avait espéré, la main du Sagittaire se referma sur son poignet, et sans mal il la mit bien vite en sécurité, ou du moins la ou elle pouvait poser le pied a terre pour reprendre des forces. Car le lopin de terre était bien maigre, et sécurité était un bien grand mot.
Pourtant, Blood avait toujours aimé la sécurité. Une telle précarité ne lui ressemblait pas, et la prise de risque a laquelle elle venait de se livrer était d’ailleurs bien surprenante de sa part. Mais intimement, elle connaissait la raison d’être de cette prise de risque : elle plongea son regard dans celui azuré du Pope. Elle lui faisait confiance, et elle avait cru avec conviction que quoi qu’il advienne, il ne la laisserait pas tomber. Si elle avait perdu connaissance, sitôt que son corps commençait a basculer dans le vide, elle savait qu’il serait la pour la retenir d’une chute, et il l’était. C’était pour cela même, qu’elle avait osé. Par contre…

- Mais… ! Je n’oserais pas avancer ainsi au dessus du vide ainsi si tu n’es pas là…

C’était avouer sa faiblesse. Sans doute aurait elle du en avoir honte. Pourtant, la jeune femme ainsi en confiance n’avait pas envie de cacher ce qu’elle pensait réellement : longtemps esclave, soumise, secrète… Exprimer le fond de sa pensée était bien l’une des choses qu’elle n’avait pas eu l’occasion de faire souvent. Mais face à cet homme qui véritablement la guidait, elle avait envie de pouvoir dire librement ce qu’elle pensait. Et alors même qu’elle se montrait bien faible par son propos, elle ne craignait guère de se voir réprimander par lui. Il… n’était pas de ses maîtres qui sermonnaient durement leurs élèves a la première occasion, et elle se sentait en droit d’avouer cette vérité un peu honteuse. Par la même après tout, elle lui trahissait la confiance qu’elle avait en lui.

L’eau qui s’écoulait de la pierre pour plonger dans le vide provoquait un joli son… Détournée désormais, elle ruisselait tout prêt des branches de l’olivier, et parfois une goutte perlait sur l’une des feuilles ternes. La jeune femme avait constaté immédiatement que les branches du noble arbuste s’étaient quelques peu développés depuis la destruction de son petit coin de paradis. Décidément, Arsiesys rayonnait véritablement tel le soleil, et même avec plus d’ardeur encore. Était ce le simple refait des rayons de l’astre du jour sur son armure qui avaient ce prodigieux effet ? Ou son cosmos apportait il la vie a ce qu’il touchait, malgré même la destruction … ?

Les longs doigts blancs de Calyps se glissèrent le long du bois a l’écorce claire et parsemée de fissures. Elle aimait la vie et n’avait de cesse de l’observer, elle ne s’en lassait pas. Alors doucement, elle ferma les yeux et fis frémir a nouveau son cosmos. La nuit l’habitait et contrastait avec le soleil qu’elle côtoyait. Mais Nuit et Soleil étaient étroitement liés, comme deux revers de la même pièce.
Alors, les feuilles frissonnèrent et les branches doucement se fléchirent puis se brandirent. L’arbre frémis, et poussé par l’énergie de la jeune femme, il tendis avec gourmandise ses bras vers le ciel. De nouvelles feuilles parurent timidement, les branches s’allongèrent, le bois vint caresser l’eau pour la fendre et donner naissance a une jolie mélodie. L’olivier grandit encore quelque peu, avant de s’immobiliser. Haletante, Blood doucement rouvrit les yeux, un petit sourire aux lèvres, et le regard bienveillant. En cherchant dans son cœur l’énergie du monde qui l’entourait, elle faisait résonner la vie en elle et en ce qu’elle touchait, puis elle la transmettait avec bienveillance. Elle aimait ce monde, si beau, qui l’entourait. Toujours haletante, mais motivée par ces manipulations que beaucoup auraient jugés inutile, elle recueillit la terre au creux du fossé et la fit remonter le long de la roche pour nourrir les racines de l’arbre. Loin de la plateforme initiale, une petite surface fraiche se forma autour du végétal et de la jeune femme, qu’elle acheva même de recouvrir d’un peu de jeunes pousses survivantes, et de solidifier de débris de pierre forgés les uns aux autres. C’était modeste, mais mieux que rien. Elle ne pourrait pas s’allonger là, mais elle était parvenue à préserver un peu du lieu qu’elle aimait, et même d’en rendre l’essence plus charmante encore qu’au par avant : l’idée était là.
L’Aigle vint se poser sur la plus grande branche de l’arbre, et la jeune femme le contempla avec amour avant de s’adresser à nouveau à Arsiesys qu’elle sentait à ses cotés.

- Je te l’ai dit, je volerait à tes cotés. Mais j’ignore quelle forme auront mes ailes, et combien de temps il me faudra pour les trouver… Surtout seule.

Avec lui à coté, elle se sentait plus d’assurance cependant… Elle finirait bien par trouver, c’était certain. Après, elle n’était pas certaine de vouloir chercher seule. Mais il l’aidait déjà, après tout.

- Je ne serai pas toujours là.

- Tu y arriveras, à n'en point douter. Je ne te suis pas indispensable. Nul n'est irremplaçable. Viendra le jour où je disparaîtrai, et un autre prendra ma place. Tu dois t'y préparer. Les dieux nous envient parce que nous sommes mortels, et tout est beaucoup plus beau parce que nous sommes condamnés. Mais en attendant ce jour, si vraiment c'est là ton souhait, je serai tes ailes.

L'école du ciel n'attend que toi.

Le cœur de la jeune femme se serra à mesure que la mine du Pope ternissait. Toute occupée qu’elle était à songer à ses intérêts et ses petits problèmes personnels, elle avait omis de concevoir cette vérité cruelle. Ou peut être plutôt avait elle refusé de la concevoir … ? Ce n’eut guère été étonnant, au vu de la douleur que cette simple pensée éveillait malgré elle en sa poitrine. Bien sur, elle était consciente… Que leurs vies ne tenaient que fragilement, et qu’Arsiesys était le plus exposé aux toiles meurtrières de la guerre. Mais elle n’avait pas envie de voir les choses ainsi, et aveuglément presque, désirait croire. Croire qu’ils ne mourraient pas, qu’il ne mourrait pas.
Parce qu’au fond, il était déjà précieux…

Les yeux de la jeune femme se levèrent vers ceux du Sagittaire emplis d’une grande tristesse. C’était lui qui l’avait accueillie, recueillie, hébergée… C’était lui qui lui donnait sa place parmi les rangs d’Athena et lui donnait l’envie d’aller de l’avant, de progresser, et l’y aidait… Comment s’en passer ? Comment se passer de cette main qui tout de suite venait la saisir par le poignet pour la préserver du danger ? Elle n’aurait su trouver la réponse. Peut être y serait elle contrainte un jour, mais de tout cœur elle espérait que ce ne fut pas le cas.


Puis le sourire revint, et elle fut tentée de lui répondre, mais la nature de la réponse de l’homme l’en empêcha dans l’immédiat. Pire, elle sentit son cœur se serrer de plus belle sous le joug de ses paroles. Il avait raison, il n’y avait aucun doute la dessus. Les hommes étaient destinés a mourir, et c’était en effet certainement cela qui rendait la vie si intense. Si elle ne terminait pas, aurait elle ce même intérêt … ? Il y avait de grandes chances que non. Mais si elle parviendrais a voler un jour ou l’autre, elle n’oubliait pas que c’était parce que lui lui en avait donné plus que tout autre le désir. Mais il s’agissait non seulement du désir de voler, mais aussi celui de voler à ses cotés : s’il n’était plus la, ce n’était pas pareil. Et cela se lisait dans ses yeux…
De plus, elle n’était pas entièrement d’accord non plus avec son propos. Indispensable, il ne l’était peut etre pas. Par contre, personne n’était jamais réellement remplaçable, et encore moins une personne de valeur. Aux yeux de Calyps, quelque soit ses expériences, personne ne serait Arsiesys. Et de ce fait, s’il disparaissait, il ne pourrait en aucun cas être remplacé…

Elle lui adressa finalement une sorte de sourire triste, en réponse a ses paroles selon lesquelles il se voulait bien être ses ailes, et ne s’embarrassa pas du geste irréfléchi qu’il eut envers elle. Bien au contraire, lorsque la main du jeune homme effleura l’oreille de l’Aigle en y replaçant la mèche sombre, la main de celle ci délicatement vint se poser sur la sienne. La douleur qu’avait éveillé ses paroles persistait.

- Je ne veux pas que tu disparaisses…

Ses doigts doucement c’étaient resserrés contre ceux du Sagittaire. Étrangement, ce contact lui paraissait différent des autres… Et il avait de grandes mains, dans lesquels ses doigts si fins se perdaient un peu.

- … Et tu n’es pas remplaçable.

A ces mots, son regard c’était fait dur, presque comme si elle le réprimandait pour avoir tenu un pareil discours. Pourtant, elle était loin d’être en position de se comporter de la sorte vis a vis du Grand Pope… Quelque soit le critère de jugement, il la surpassait : plus âgé qu’elle, plus sage, plus expérimenté… Et bien sur plus gradé. Et pourtant, elle se sentait la force de se le permettre. De personne á personne, tout simplement.

- Chaque être est unique, et l’un aux yeux de ceux qui le connaissent ne remplace jamais l’autre. Cesse d’accepter notre finitude avec fatalisme, et vit, pleinement.

- Les choses sont ainsi faites. La vie est combat contre la mort, si bien qu'on est en droit de se demander à quoi bon lutter puisque le vainqueur est connu d'avance. Mais sans savoir pourquoi, j'aime ce monde où nous venons pour mourir.

- Nous ne sommes peut-être pas le vent qui fait bouger les nuages, mais il nous reste les jambes pour leur courir après. Un jour, ces ailes m'emmèneront là-haut dans le ciel, au-delà des nuages. On dit que les meilleurs chevaliers sont ceux qui n'ont pas le temps de vieillir, et je crains d'être en accord avec cet adage. Je préfère mourir sur un champ de bataille en remplissant mon devoir plutôt que de subir les outrages du temps, de décliner pour n'être plus que l'ombre de moi-même, à attendre la mort...

- Je ne vais pas mourir. Pas aujourd'hui. Le temps n'est pas encore venu. Mais il faudra t'y préparer, tôt ou tard, que tu le veuilles ou non. N'aie crainte. Où que je sois, je continuerai de veiller sur toi. Mon Cosmos me survivra. Je serai toujours avec toi. Avec vous tous.