Premier pas dans le temple d'Arès... j'avais du mal à canaliser l'excitation qui me gagnait en cet instant. N'hésitant pas un seul instant à m'agenouiller devant le Prophète, un sourire carnassier au coin des lèvres, fier de me trouver en ces lieux, entouré de huit autres de mes camarades. L'instant était important et jamais je n'allais oublier ce jour où pour la première fois, j'avais fais mon entrée au Temple. De plus, après avoir laissé parler Ephtal, découvrant ainsi les raisons l'ayant poussé à nous réunir tous les huit, mon cœur failli exploser. Un tournoi entre Berserkers ! Excellente idée qu'il avait là, l'idée d'affronter dans des conditions de combat frisant ceux d'un champ de bataille me ravissait au plus haut point. Un frisson me parcourut l'échine rien qu'en y pensant, mon cœur s'accélérait au fur et à mesure que le Prophète s'exprimait. Le but étant des plus simples, vaincre jusqu'à être le dernier encore debout. Faire honneur au seigneur Arès en lui offrant les plus sanglant, les plus spectaculaires des combats. Opposé à des adversaires tous plus puissants les uns que les autres, ce tournoi s'avérait être une opportunité de montrer que la Hyène était fin prête à partir au combat. Mon entraînement étant fini depuis quelques semaines maintenant, mise à part chercher à se perfectionner, je n'avais pas eu de moyen de me divertir un peu depuis un moment.

Le nom de mon adversaire me fut révélé, s'agissant de Straw de la Mante, un homme encore inconnu de visage que de nom, mais peu importait tant qu'il soit à la hauteur. Nous allions livrer duel dans l'Antichambre de la Calamité, ce lieu étant ni plus ni moins que les appartements du Cardinal de la Famine. Le discours d'Ephtal terminé, je ne perdis pas un instant comme ordonné par ce dernier et pris la direction de l'Antichambre en question. Et quel endroit pour le moins chaotique. Plus rien ne semblait en état ici, tout étant sauvagement détruit, statues brisées et murs éventrés. Ce qui semblait être anciennement une place n'est plus qu'un tas de gravas en tout genre, le sol étant complètement arraché. C'est avec un certain amusement que j’enjambe les décombres d'un tas de statues représentant des hommes armés de boucliers et de lances, tous semblant vouloir défendre l'accès à l'Antichambre. Après la tempête qui semble avoir balayé les lieux, les pauvres n'ont plus rien d'impressionnant. L'intérieur de l'Antichambre est à l'image de l'extérieur, un pur bordel. Au moins, nous n'aurions pas à nous soucier de tout casser pendant notre duel. Désormais, il ne restait plus qu'à attendre que Straw se montre. Et en attendant, il y avait de quoi terriblement se faire chier ici.

Heureusement que mon adversaire daigna se montrer. Si je ne pouvais le distinguer pour le moment, le bruit de ses pas résonnaient jusqu'ici, signe qu'il arrivait. Un sourire satisfait s'affichait sur mon visage, tandis que Straw se rapprochait. Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il avait l'air d'un type pas net du tout. Son unique œil, détail le plus frappant chez lui, n'est pas la seule chose qui vous fais perdre confiance en l'observant. Bien que ce ne soit pas le cas avec moi, il m'en faut bien plus pour être déstabilisé, l'aura dangereuse qui émane de sa personne ne me laisse pas toutefois indifférent. Je peux la sentir très distinctement pour émaner une aura quasi-similaire à la sienne. Une aura bestiale, qui ne demande qu'à exploser. Ce mec doit être aussi sanguinaire que moi à n'en pas douter. Le laissant se mettre à l'aise, je décide de rompre le lourd silence s'étant installé depuis trop longtemps déjà. M'adressant à lui avec arrogance, cherchant dès les premiers mots à le foutre en rogne pour m'assurer d'un combat sans pitié.

- Je compte sur toi pour ne pas ménager tes coups le borgne. Assurons-nous d'offrir à sa Majesté Arès le plus terrifiant des combats de ce tournoi. Une lutte sanguinaire à laquelle je vais me donner à cœur joie de mon côté, j'espère que tu en feras autant, sans quoi tu seras tué.

Ces quelques mots prononcé, j'éclatais de rire comme je savais si bien le faire. Un rire des plus désagréable, odieux, le genre de rire que pousse une Hyène lorsqu'elle a trouvé de quoi se nourrir.

Siger de la Hyène. Inconnu au bataillon, comme bien d'autres Berserker. Mais pour la première fois, cette rencontre était un retour aux sources. Dans l'Arène Souterraine, je ne connaissais pas mes adversaires avant de les combattre. Ici, dans ce tournoi, c'était par le combat que j'allais les connaître. Après l'annonce de l'identité de mon adversaire, et du lieu dans lequel se tiendrait le combat par Ephtal, j'étais resté un moment sans bouger, droit, l'oeil fixé sur un point invisible du mur qui me faisait face. Mes pensées étaient un mélange anarchique de différentes pensées. J'allais combattre à nouveau, et j'en étais terriblement excité. Mais je ne pouvais pas décemment tuer mon adversaire, qui était un allié. Cette dualité me fit trembler de rage. Comment un combat pouvait-il être réel si les coups n'étaient pas donnés pour tuer ? Comment imaginer un adversaire considéré comme perdant, avec pourtant suffisamment de force pour vivre ? Tout cela me dépassait. Contre le menu fretin de l'armée d'Arès, je comprenais. Ces hommes n'étaient pas faits pour combattre à mort. Mais le détenteur de la Cuirasse de la Hyène était censé être de la même trempe que moi. Il était censé pouvoir combattre jusqu'à son dernier souffle et ne pas s'avouer vaincu avant de l'avoir exhalé.

Finalement, je fis volte-face, et mon pas rapide prit la direction de l'Antichambre de la Calamité. J'avais pris ma décision. Mes coups seraient donnés pour tuer. Si la Hyène n'avait pas suffisamment de force pour survivre, il serait bon de donner cette armure à un autre. Et si Arès n'approuvait pas, s'il ne comprenait pas que c'était au moins autant pour le bien de son armée que pour mon propre plaisir, alors j'en acceptai la responsabilité. En traversant une à une les Antichambres, je sentis la force revenir. La tension du combat agitait mes muscles, et exaltait mes sens. La violence reprenait possession de mon corps, faisant battre mon cœur et courir mon sans plus vite dans mes veines. Bien avant de passer le seuil de la Calamité, j'étais prêt à bondir sur mon adversaire.

Quand je fis face à ce dernier, je lui jetai un coup d’œil rapide, m'informant sur son aura et ses capacités. Rien ne me permettait de les juger en profondeur, et je savais de source sûre que les combattants aguerris savaient n'en rien révéler avant de les faire exploser dans l'Arène. Je me contentai de mesurer sa taille et son allonge, avant de poser mon regard sur le sol. A mes pieds étaient lacées les chausses de cuir que j'utilisais depuis mon départ pour Asgaard, là où le sol gelé présageait à celui qui marcherait pieds nus de multiples engelures. Elles restreignaient mes mouvements. Silencieusement, sans regarder Siger, je les retirai et les posai contre le mur dévasté de l'Antichambre de Frozia, dont j'avais déjà foulé le sol auparavant. Pieds nus, rien n'entravait mes mouvements. C'était là la raison pour laquelle aucune pièce d'armure ne couvrait mon corps, remplacées par une ample tunique violette.

Tout le temps qu'avait duré ma préparation, il s'était adressé à moi, provoquant, d'une envolée lyrique que l'on retrouvait souvent chez des soldats trop sûrs d'eux après une demi-douzaine de combats remportés à la suite. Mon regard se releva vers lui, empreint de la folie furieuse que je réservais à mes proies. Mon corps s'était raidi, mes poings s'étaient serrés, ma colère était à son paroxysme. Mais mon cosmos, lui, était muet. Jusqu'alors, je n'avais pas cessé de lui imposer le silence. Mais le temps était venu de lui laisser libre cours. Dans une détonation assourdissante, il explosa, et mon corps se mit en mouvement. En une fraction de seconde, j'avais quitté le côté opposé de la salle, pour être juste en face de la Hyène, à quelques centimètres de lui. La tête légèrement penchée sur le côté, dérivant de l'axe de mon corps, un sourire carnassier sur le visage, je laissai siffler entre mes dents une parole acide.

« Parle avec tes poings, je n'ai que faire de tes mots, tout comme Arès, que tu as l'air si pressé de contenter. »

Spoiler:

Ce Straw, il n'était pas Berserker pour rien. Pas de temps pour bavarder, place au combat. C'est clairement ce que ses paroles voulaient dire. Bien que ce ne soit pas pour m'en déplaire, quelque chose m'empêcha directement de lancer le début des hostilités. Quelques chose comme Straw de la Mante, soudainement apparut à quelques pauvres centimètres de moi, un sourire dont moi seul pensait en avoir le secret sur les lèvres. Lui, il était pressé de se foutre sur la tronche, on ne pouvait pas dire le contraire. Peut-être aussi que mes paroles l'ont blessé, l'ont foutu en rogne et maintenant il veut me faire regretter de m'être montré trop arrogant. Une réaction qui me plaisait fortement, ce type avait l'air d'en avoir entre les jambes. Pourtant, aussi impatient que je sois de me battre, Straw semblait oublier un détail avant de se frotter à moi. Sa putain d'armure ! Il est au courant que c'est moins risqué de se frotter aux autres avec son armure ? Il veut mordre la poussière plus rapidement ? Non pas que je sois incapable de le frapper s'il ne porte pas sa cuirasse, simplement que je ne le pensais pas assez stupide pour ne pas la revêtir. Tout cela me faisait marrer, ce qui ne manquait pas de se faire entendre dans l'Antichambre de la Calamité. Plongeant mon regard meurtrier dans celui de la Mante, je le fixais sans dire mot un court instant avant de déclarer.

- Honnêtement, je n'aurais pas mieux dit ! Mais avant de faire parler nos poings, tu vas me faire le plaisir de reculer ta tronche de la mienne et d'aller enfiler ta putain de cuirasse !

Et quel meilleur moyen de s'en assurer qu'en le faisant soi-même ? Tandis que ma main gauche tentait de l'agripper au niveau du cou, mes griffes métalliques exerçant une pression étouffante sur sa gorge, mon poing droit vint s'abattre sur son nez par deux fois, du moins c'est l'endroit qu'il visait. Changeant de point d'impact après le second coup, il s'attarda cette fois sur la clavicule droite de cet idiot, histoire de lui faire regretter le fait de ne pas bénéficier de la protection de son armure. Que ce doit être douloureux une fracture de la clavicule... terriblement handicapant pour la suite également ! Mais ce ne fut pas tout, son sternum ainsi que ses côtes furent pris pour cible eux aussi. Peut-être qu'avec cela, il se rappellera qu'il lui manque une protection et qu'elle peut se révélait utile dans des combats comme celui-ci. Et si ce n'est pas le cas, peut-être que cette technique saura le convaincre. Premier embrasement du Cosmos, le premier dans un affrontement considéré comme réel, les entraînements n'étant en rien des affrontements aussi dangereux. L'aura meurtrière se propagea aussitôt dans la pièce, tandis que la pression de mon Cosmos écrasait le sol à nos pieds. L'instant que je préférais dans un affrontement.

Cette sensation qui s'empare de moi à chaque embrasement de mon énergie, il n'y a rien de plus délicieux ! Cet effet malsain que mon propre Cosmos exerce sur moi, me donnant l'impression de perdre le contrôle, l'animal prenant le dessus sur l'homme. Cette soif de sang... Au fur et à mesure que cette aura carmin recouvre mon corps, se canalisant peu à peu sur mes deux bras, Straw de la Mante ne devient plus à mes yeux qu'une vulgaire proie avec laquelle j'ai envie de me divertir. Le combat pour la survie va enfin pouvoir commencer et désormais, je n'attendrais plus qu'il se décide à s'équiper correctement. Mes bras désormais parcourus d'éclairs rouge sang, couleur identique à mon cosmos, mes genoux se fléchissent, mes mains prennent appuis sur le sol, mon corps tout entier adopte une posture plus bestiale. Je suis plus proche de la Hyène que de l'humain à présent, en témoigne l'attitude adoptée. D'un grognement que Straw n'aura aucun mal à entendre, je m'élance sur lui, tentant à multiple reprises de lui porter des coups de poings dont la puissance et la rapidité n'ont plus rien à voir avec les précédents.

- Crève ! Crève ! Crèèèèèèèève !

Aucun point en particulier n'est visé, mon poing droit martèle aléatoirement son visage et son corps, tandis que ma main gauche, celle dont l'armure fait d'elle une paire de griffes acérées, déchire avec fureur tout ce qui est à sa portée, que ce soit de la chair ou pas. Et quand enfin, cette avalanche de coups semble se terminer, l'animal que je suis recule de quelques mètres de sa proie, tournant autour d'elle, les quatre membres bien encrés au sol, curieux de constater dans quel état l'assaut l'a laissé.

Mon armure ? S'il me pensait négligent au point de ne pas porter d'armure sans en mesurer les conséquences, alors il était condamné. Mais il ne se fatigua pas plus longtemps à m'exhorter de la mettre, et leva les poings, prêt à frapper. Mon sourire, qui avait été sur le point de disparaître, au profit d'un rictus, s'accentua. Mon corps se raidit, et contrairement à ce à quoi il devait s'attendre, je ne bougeai pas. Me poster devant lui et attendre au lieu d'ouvrir les hostilités n'était pas uniquement une provocation. Sentir les coups de l'ennemi, les comprendre, faisait partie intégrante de mon combat. Peu importaient les dégâts, connaître la force de mon adversaire serait un avantage décisif. Sans broncher, sans le moindre pas de recul, je pris ses coups un à un. Ils étaient nombreux. Ils étaient rapides. Mais chacun d'eux était étaient faible. Mes os grincèrent, le sang coula de mon nez, mais aucun ne céda.

Quand finalement, l'homme recula pour me faire face, j'étais certes atteint, tremblant, et respirant avec force, mais j'étais toujours debout. Mon regard se baissa sur ma tunique, déchirée et couverte de sang là où les griffes avaient profondément entaillé mon corps. Béante en bien des endroits. Avec un soupir, je la retirai d'une main lasse, avant de la jeter au loin, révélant mon corps vierge de toute cicatrice. Le résultat de cinq années d'affrontements à mort sans jamais me faire toucher. La donne avait changé dès lors que j'étais entré dans les Jeux Divins. Mais le résultat, lui, serait le même. Sous les yeux de la Hyène grondante se révélait le corps d'un élu des Dieux, le corps d'un être qui avait fait face à plus de mille adversaires, et qui n'avait pas cessé de combattre avant de les avoir mis à mort.

Mon regard se reporta sur lui, qui feulait tout en me tournant autour. Il tenait plus de l'animal que de l'homme, à présent. Une flamme brûla dans mon œil unique. Un tel abandon à des instincts primaires méritait les éloges. Il avait atteint un seuil que bon nombre de guerriers ne toucheraient jamais du doigt. Mais il avait sombré trop loin sans avoir eu la présence d'esprit de revenir. A présent, il n'était plus qu'une bête. Mon sourire reparut, témoignant de mon excitation, mêlée de folie furieuse. Si l'homme avait su s'imposer au sommet de la chaîne alimentaire, c'était parce qu'il était le seul à se tenir debout. Ainsi accroupi, Siger réduisait de moitié la surprise de ses coups. Des attaques basses s'il restait au sol, hautes s'il sautait. Mes jambes, maintenant uniques parties de mon corps recouverte d'un large pantalon de toile améthyste, se plièrent, prêtes à bondir. Je n'avais pas affronté que des hommes, dans l'Arène Souterraine. Les Romains avaient un penchant pour les combats de lions. Et les lions étaient autrement plus dangereux que les Hyènes.

Mon énergie explosa, et la douleur s'effaça, remplacée par la violence de la folie. Mon œil sembla s'enflammer tant sa lueur était puissante, chaotique, dangereuse. L'homme fait bête était une dégradation. La bête faite homme était une évolution. Mon cosmos, nimbant mon corps de flammes violettes, hurlaient comme une horde d'animaux sauvages, grondants, sifflants, criant... Et au milieu d'eux, ma voix, grave et menaçante, trancha ce chaos sonore pour lui parvenir.

« Toi qui ne fais pas confiance à ton corps, pour le parer d'une armure, comment pourrais-tu avoir la moindre idée de ce qu'est un combat ? »

Ce disant, mon poing s'était levé, et posé sur ma hanche, de cette façon si particulière qui caractérisait mon style de combat. Le poing serré, la phalange du majeur légèrement relevée, de manière à réduire le point d'impact du coup à venir. L'instant d'après, j'étais sur lui, un sourire béant sur le visage, l’œil exorbité par la folie du combat, et le corps penché en avant pour frapper. Quand mon poing passa la vitesse du son, une explosion retentit, vrombissant contre les murs de la chambre de la Calamité. Avant même qu'il ait pu s'en rendre compte, j'avais frappé son coude, mon majeur écrasant l'un de ses points vitaux, le réduisant à néant pour quelques minutes. Ce coup ne provoquait nulle douleur, nul engourdissement. Mais il avait pourtant un effet qu'il comprendrait rapidement. La perte totale de son odorat. Aussitôt ce coup porté, un autre partit, en direction de son estomac. Je ne me contenterais pas de le priver de l'un de ses sens. Si mon second coup portait, son estomac subirait, une déchirure partielle. Le corps manifesterait son déplaisir par une douleur lancinante, pendant un temps, le temps nécessaire pour mettre un terme à ce combat, et à sa vie.

En cet instant, j'avais perdu toute considération pour le bien-être de cet adversaire, qui pourtant n'était pas mon ennemi. Le tournoi n'avait plus d'importance, pas plus même que la satisfaction d'Arès. J'étais de retour dans l'Arène Souterraine, luttant pour ma survie, au détriment de celles des combattants qui me faisaient face. Et j'en étais si heureux qui rien ne pouvait plus me faire perdre mon sourire.

Le moins que l'on puisse dire sur ce type, c'est qu'il était loin d'être un faible comme j'avais pu si souvent en affronter auparavant. Ramasser les coups que je lui balançais sans broncher, sans même me céder la moindre parcelle de terrain, y'avait forcément de quoi imposer le respect. En plus d'être assoiffé de combat, il avait une résistance aux coups que peu de gens détiennent. À moins que ce soit moi, pas encore habitué aux combats de cette ampleur, qui n'avait pas encore assez combattu pour constater que les hommes luttant pour une divinité sont bien plus résistants que de simples soldats sans capacités. Ce qui ne pouvait que me ravir au plus haut point. Devoir livrer duel contre un adversaire capable de surmonter la douleur sans se plaindre, ni craindre de retourner me faire face, il n'y a rien de mieux ! Peu importe que mes coups n'eurent pas l'effet escompté, peu importe que ce ne fut en rien suffisant pour lui arracher un cri de douleur, ma proie semblait bien plus coriace que toutes les autres. Elle me le prouvait assurément avec le spectacle qu'elle m'offrait. Les hurlements de bêtes sauvages que son énergie produisait, ce truc en aurait effrayé plus d'un, certainement pas moi. J'en étais même tenté de leur répondre, de grogner avec eux, mais je ne fis rien. Observant attentivement la scène et donc forcément, ne ratant pas une miette des paroles de cet homme.

Lui répondre, il ne m'en laissa pas le temps, préférant comme il l'avait si bien annoncé auparavant, l'action aux paroles. Sa vitesse de déplacement lui permit de fondre sur moi sans même que je puisse réagir, le coup qui parti également, s'écrasant avec puissance sur mon coude. Puissance ? Certainement pas, si la vitesse déployée était hallucinante, l'impact était nul, sans conséquence. La douleur ? Comment la ressentir dans un coup qui n'a pas la force pour la créer ? Finalement, ce type n'était peut-être pas aussi doué qu'il en avait l'air. Je fus tellement surpris de cet assaut, qu'esquiver le second qui menaçait mon estomac ne m'effleura même pas l'esprit. Quelle connerie... Celui-ci, je le sentis douloureusement passer. Contrairement à mon adversaire, je ne pus empêcher mon corps de reculer de quelques pas, repousser par la violence de l'impact, courbé en deux, une main sur mon estomac. L'enfoiré cognait bien plus dur et non sans réfléchir aux zones à atteindre. La réaction fut immédiate, mon sang s'expulsa sans que je m'en rende compte d'entre mes lèvres tandis que la douleur bien présente, me cloua sur place durant un temps. La situation s'inversait drôlement vite, le même sourire trônant sur mon visage il y a peu s'était volatilisé, trouvant refuge sur les lèvres de Straw. Lui qui avait désormais l'avantage sur moi. Du moins, c'est ce que la situation laissait à croire.

- Jamais... jamais je n'avais ressenti pareille douleur. Je suis heureux de livrer ce duel face à toi, il n'y a rien de mieux pour découvrir les joies de la souffrance qu'un adversaire aussi impitoyable.

La douleur, lorsqu'on y est confronté, il n'y a rien de plus efficace pour ne pas y penser que de l'accepter. Ce que je parvenais à faire depuis mon plus jeune âge, même si cette fois-là était différente. Me relevant lentement, un filet de sang coulant au coin de mes lèvres, cet homme avait su balayer la bête que j'étais en un assaut. Il allait me falloir bien plus qu'une soif de sang démesurée pour le mettre à terre. Il avait su encaisser mes coups sans reculer, pourra-t-il renouveler la chose face à des morsures d'acier ? Extirpant ma lame de son fourreau, cette dernière s'enveloppa d'une nouvelle couche de Cosmos, visant à améliorer son tranchant. Qu'il encaisse un coup pareil sans être transpercé paraissait peu probable. D'autant plus que ma lame n'était pas la seule à bénéficier d'un tel avantage, mes griffes également devinrent plus tranchantes sous l'effet de ma propre énergie les recouvrant. À nouveau, je bondissais sur ma proie. Si les coups ne furent pas aussi rapide que les précédents, leur puissance en revanche était améliorée. Ma lame tentait d'atteindre les points vitaux de Straw, tandis que mes griffes lacéraient aléatoirement son corps. Le but évident étant de lui faire poser genou au sol, tout comme il était parvenu à faire avec moi. Lui rendre la monnaie de sa pièce en quelque sorte. L'enchaînement redoublait de bestialité en comparaison au précédent, la faute à cette douleur à l'estomac encore bien présente.

Blessé, un animal sauvage se montre souvent bien plus agressif.

La bête était à nouveau sur ses pieds. Mon sourire prit une teinte de surprise intéressée. Ainsi donc, ce n'était pas là sa seule aptitude. Peut-être l'avais-je sous-estimé. Peut-être était-ce l'inverse. Dès à présent, nous étions égaux, et je ne le regardais plus de haut. Mes membres tremblèrent d'avantage, soumis à une excitation croissante. Ce premier combat ne me décevait pas. Son issue incertaine me remplissait de la passion furieuse, cette force qui confrontait deux esprits et deux corps dans une danse effrénée vers la mort de l'un ou de l'autre. Mon regard plongé dans celui de la Hyène, mes phalanges claquèrent tandis que je serrai les poings, faisant blanchir mes phalanges pour juguler mon empressement. Le moment n'était pas venu de frapper. La nouvelle posture de mon adversaire suggérait une nouvelle puissance. Je devais en avoir le cœur net.

Mon adversaire parla, à la fois pour lui-même et pour moi. Mon corps fut secoué d'un léger rire, comme seule réponse. Les joies de la souffrance, avait-il dit. La souffrance ne procurait aucune joie. La souffrance n'était qu'un frein, une limite entre l'humain et le surhumain. Une limite qui malgré ma supériorité face aux hommes, n'était pas dépassée. Le jour où j'y serais parvenu, nul doute que même les Cardinaux ne pourraient me tenir tête. Mais il y avait d'autres moyens de prétendre à la puissance divine. Au lieu d'accepter la douleur elle-même, s'en servir pour alimenter la colère était une voie. Une voie que j'empruntais quotidiennement. Une voie que Siger, lentement, déterrait de sa tanière. Son mouvement la libéra à son insu.

De son fourreau, il tira une lame qui se trouva presque naturellement nimbée de cosmos. Mon corps trembla d'excitation, à tel point que lui-même pouvait s'en rendre compte, à présent. Cette lame, son aura, tout me portait à croire qu'il avait atteint un tel niveau d'expertise dans son domaine qu'elle était son arme de prédilection. L'homme dévoilait peu à peu ses atouts réels, tandis que j'exhibais immédiatement les miens. Quelle était la meilleure manière de faire, je l'ignorais. Mais nous allions bientôt le découvrir. L'homme ne fut pas long à brandir le glaive, et si ses griffes de métal ne m'effrayaient pas, la perspective de me faire couper en deux, elle, me dérangeait. Il n'était pas question cette fois de rester inerte.

Quand la lame s'abattit, ma main nue vint à sa rencontre, et l'empoigna, coupant court à sa course vers mon plexus. Concentré sur l'arrêt de cet assaut précis, je n'eus guère à loisir de me soucier de ses griffes, qui me labourèrent le torse. Bientôt, mon corps tout entier ne semblait plus être qu'un amas de chaires sanglantes. Et quand les coups cessèrent, mes genoux fléchirent, tombant droit vers le sol... Pour mieux l'atteindre au flanc. A nouveau, mon poing fila à la vitesse du son vers un point précis se son anatomie, où un centre vital, celui de l'ouïe, fut lui aussi écrasé par la phalange de mon majeur.

Je ne pris pas un instant de pause, et me redressai d'un bond, dirigeant mon coude vers sa mâchoire inférieure, sans lâcher la lame de mon adversaire. Ce mouvement, d'une puissance redoutable, était d'un autre niveau que les précédents. Pour Siger, l'Antichambre était sans le moindre doute devenue entièrement silencieuse. Mais pour quiconque nous observait, un hurlement sauvage s'échappait d'entre mes lèvres. La colère avait fait violemment irruption dans mon corps. Sa folie supplantait toute notion de calme. A cet instant, je n'étais plus apte à réfléchir. Une pensée, seule, simple, hantait le moindre de mes gestes. Tuer. Et chacun de mes coups traduisait cette pensée.

Mon coude, s'il le heurtait de la sorte, avait pour but de lui briser la mâchoire inférieure, et de défoncer la supérieure, de manière à ce que l'arrête du nez se déchausse et perce le liquide cervical. Peut-être même lui briserait-il le cou. Mais rien n'était sûr. Et pour asseoir ma volonté, je lâchai le glaive pour le frapper durement à l'estomac. Mon cosmos brûlait de toute la force de ma violence, et s'infiltrait lentement en mes blessures. Comme à chaque fois que je perdais le contrôle, il agissait, comme de son propre chef, pour m'empêcher de m'autodétruire.

Qu'il parvienne de la sorte à bloquer la course de ma lame me surpris un court instant, personne encore n'était parvenu à le faire avec une telle aisance, cela en était déconcertant. Mais me perdre dans mes pensées n'était pas le moyen que l'on pouvait espérer pour vaincre un adversaire de la trempe de ce Straw. Mes griffes en revanche n'avaient pas manqué de lui déchirer le corps, sans pour autant que cela soit suffisant pour le faire sombrer dans l'inconscience. Et pourtant, le court instant où il sembla tomber à genoux, mon sourire carnassier s’étira, jubilent à l'idée de l'avoir salement amoché pour qu'il se retrouve déjà dans une telle posture. Ce n'était que pour mieux recevoir la claque de plein fouet. Le coup fusa une nouvelle fois sans que je puisse esquisser le moindre geste pour l'éviter. La suite de son enchaînement ne tarda pas à se manifester et un puissant coup de coude menaçait à présent ma mâchoire. Un coup qui vint se heurter contre la partie métallique de mon bras gauche et c'est à cet instant qu'une nouvelle surprise me frappa. La violence du coup s'écrasant contre le métal de ma protection aurait sans aucun doute dû produire le moindre son, aussi léger soit-il. Au lieu de cela, rien. Silence complet, je n'entendais même plus le bruit de ma propre respiration.

De quoi vous déstabiliser le plus violent des combattants. Perdre l'un des cinq sens n'est jamais une bonne nouvelle, surtout l’ouïe. Comment cela était-il arrivé ? Aucune idée. La faute à mon adversaire, clairement, mais à quel moment ? Surpris par ce qui m'arrivait, le coup de poing à l'estomac m'heurta avec violence, me plia sur place, un mince filet de sang s'échappant de mes lèvres, une fois de plus. J'en perdais du sang, mais pas que cela. Le plus alarmant restait mon ouïe mystérieusement envolée. Un regard d'incompréhension fut adressé au Berserker de la Mante, tandis qu'instinctivement, je passais en revue mes autres sens. Le toucher, cette sensation était encore bien présente en moi, aucun doute. Le goût de mon sang dans ma propre bouche m'affirma également que le goût était toujours là. La vue, même pas la peine de se poser la question. Reste l'odorat qui... bordel !? Alors mon odorat aussi ? L'enfoiré... à ce rythme, il semblait bien parti pour me ruiner mes cinq sens ! Pas très sympa comme méthode pour en finir, mais au moins elle a le mérite d'être efficace. Mes dents se serrèrent tandis que mon cosmos s'embrasait à nouveau. En finir au plus vite avant qu'il ne le fasse lui, tel était désormais mon objectif. S'amuser n'était plus une priorité. Si je ne pouvais entendre le son de ma voix, une chose bien étrange, j'étais persuadé en revanche que lui, le pouvait.

- Pas très sympa le coup du j'te fais perdre tes sens ! Tu aurais au moins pu me prévenir ! M'enfin, dans un combat à mort, tous les coups sont permis hein ? Rain Lightning !

Secondairement ma technique la plus redoutable à ce jour. S'il semble me surpasser au corps à corps jusqu'à présent, peut-être que ce genre d'attaque suffira à me redonner l'avantage du combat. Une centaine d'éclairs tout droit sorti de mon Cosmos martelèrent le sol, tous concentrés sur un même point, ce minable de la Mante. Ce que j'apprécie dans le Rain Lightning, c'est qu'en plus de s'en prendre à la vie de la cible touchée, elle puisera au passage dans sa cosmo-énergie. Et je ne compte pas perdre de temps à admirer l'étendue des dégâts, savoir si oui ou non je l'ai atteint, je préfère en profiter pour frapper de mes poings et de ma lame ! Les éclairs à peine dissipés, un simple coup de lame fuse droit sur lui, dans le simple but de le faire souffrir, de répandre un peu de son sang dans cette pièce chaotique. Quand on y pense bien, le lieu est vraiment parfaitement choisi pour abriter l'affrontement de deux types dans notre genre. Nous qui ne nous soucions pas de l'impact de nos coups sur l'environnement, si celui-ci est déjà totalement ruiné, qui viendra se plaindre à la fin du duel ? Combattre dans l'Antichambre de la Cardinale dont je suis censé intégrer les rangs, je ne pouvais rêver mieux. Comme preuve de ma loyauté, je vais lui offrir la dépouille de Straw et répandre son sang tout autour de nous. Quand elle rentrera de son affrontement, elle pourra alors se repaître du cadavre de la Mante.

- J'espère que c'est douloureux ? Moi j'peux te dire que je les sens encore me lanciner tes coups à l'endroit où ils m'ont atteint. C'est vachement chiant et à la fois terriblement stimulant !

Et voilà que je me laisse aller une fois de plus, éclatant de ce même rire odieux comme j'avais pu le faire en début d'affrontement. J'espère que ma proie apprécie le spectacle !

Ses lèvres s'agitaient, mais je n'y entendais rien. Après tout, quelle aurait été l'utilité de répondre, s'il n'entendait pas ? Et par ailleurs, je n'en avais nulle envie. Notre combat était féroce, et nos échanges empreints de sens. Le combat avait cette vertu que la parole piétinait en toute occasion : la vérité. Nos gestes ne mentaient pas. Toute notre âme y était contenue. Aussi pouvais-je lire sa haine féroce et son désir de tuer. Quand son cosmos s'agita, c'était tout cela que je ressentis, avant même que ses éclairs se jettent sur moi, à une vitesse telle que nulle esquive n'était possible. Mes muscles se tétanisèrent, et mon œil s'exorbita. La douleur était présente, mais plus encore, c'était mon énergie qui semblait s'enfuir au fur et à mesure que de nouveaux jets de foudre me touchaient. Un cri de souffrance s'échappa d'entre mes dents serrées, qu'il ne put entendre, comme il ne put entendre mes phalanges claquer sous la pression de mes poings serrés.

Quand la douleur cessa, et que mon corps se détendit subitement, occasionnant une nouvelle douleur, mon œil unique, délirant d'animosité, se fixa sur lui. A cet instant, ma respiration était lourde et sifflante, mon cosmos violemment agité, et mes membres tremblants d'une haine sauvage. D'un geste, je repoussai du coude la lame qu'il agitait vainement, de manière à ce que son bras m'offre une vue imprenable sur son corps sans défense. Je l'entendais rire, je l'entendais crier, mais une fois encore, je ne comprenais pas un de ses mots, pas plus que le sens de son rire. Notre combat était parvenu à un point où la provocation par le rire n'avait plus aucun sens. Même mon sourire avait été remplacé par un rictus traduisant ma colère. Poussé par mes instincts meurtriers, mon corps se déporta sur la gauche, et mon poing droit frappa à nouveau, avec une vitesse effarante, sa nuque. Malgré la précision requise par cette technique, elle était devenue si naturelle que je l'exécutai sans même y penser.

Avant même que j'en prenne conscience, j'avais fait un bond en arrière, et me tenais droit, observant l'adversaire, un masque de marbre sur le visage. Dans quelques instants, un rideau d'ombre sans fin tomberait sur ses yeux. Dans quelques instants, je le frapperai sans risquer la moindre contre attaque. Dans quelques instants, sa panique serait telle qu'il devrait abandonner le combat. Mais je lui écraserai la gorge sans lui laisser le temps de clamer son abandon. Viendrait alors le tour de ses membres, de ses muscles, de ses os. Et quand il ne resterait de son énergie que des cendres incandescentes, je les piétinerai. Patient, je plantai mon regard dans le sien, observant la lueur de ses yeux s'éteindre. Je n'eus pas longtemps à attendre avant que ses yeux ne reflètent qu'un vide paniqué. Et mon cosmos explosa, laissant libre cours à ma colère infinie. D'une impulsion, je fus derrière lui.

Son dos était découvert. Mais c'était son épaule, que je visais. Celle qui tenait le glaive. Après lui avoir fait perdre la vue, j'allais lui faire perdre son arme. Mon poing s'élança, là où les nerfs du membre étaient réunis. Un effleurement à cet endroit précis ferait trembler tout le bras, le rendant presque incontrôlable. Quid d'un coup d'une violence extrême ? Aveuglé par la violence, je ne pus dire si mon poing avait porté. Mon attention était déjà porté sur un autre point de son corps : ses jambes. Mon pied gauche avait décollé du sol dans l'intention de le faucher et ne lui laisser que le sol dévasté par la Cardinale de la Famine pour appui. Après quoi mon coude droit viendrait frapper l'arrière de sa tête durant la chute. A mes yeux, c'en était fini de la Hyène. Il ne restait plus qu'à l'exécuter. Et quiconque se mettrait sur mon chemin en paierait les conséquences. Ma voix tonitrua, résonna sur les murs de l'Antichambre, alors que sans m'en rendre compte, je hurlai la sentence, comme je l'avais fait avec les plus grands adversaires combattus dans l'Arène Souterraine. Mon corps était devenu un amas de réflexes dont celui-ci faisait partie, malgré le fait que cet homme ne pouvait plus m'entendre.

« Tu mourras comme les autres, et comme les autres, tu te damneras éternellement pour avoir osé me faire face ! »

Que cet enfoiré s'attaque à ma vue, je m'y étais préparé, sachant pertinemment que tôt ou tard, j'aurais à mener le combat sans possibilité de voir mon adversaire. Esquiver le coup n'aurait servi à rien en plus d'être impossible de faire. La rapidité qu'il mettait dans son mouvement m'empêchant le contre ou l'esquive. Aussi ne fus-je pas surpris d'observer ma vue s'envolait. Pas surpris, mais terriblement agaçai. Comment faire à présent pour savoir où diriger mes assauts ? Eh bien aucune idée et pas le temps de réfléchir à la question pour le moment, une contre attaque de la Mante était imminente. J'avoue que l'idée d'être une pauvre bête sans défense est assez déplaisant. On peut clairement affirmer que désormais, ce n'est plus moi le chasseur, mais bel et bien Straw. Aveugle et sourd, deux gros handicaps auxquels je n'avais jamais été confronté, la solution à ce merdier m'était donc inconnu pour le moment. Et comme il ne fallait pas compter sur une apparition divine me redonnant la joie de retrouver mes sens perdus, je me trouvais plus que jamais dans une sacrée merde. Encaisser les dégâts en s'assurant de ne pas tomber restait la meilleure des solutions possibles.

- Attaque espèce de lâche ! Veille bien à ce que tes coups soient assez puissants pour m'empêcher de me relever, car tant que je tiendrais debout, je ne cesserais de te harceler de mes coups !

Le coup qui vint me percuter avec violence fut suffisant comme réponse, m'indiquant clairement qu'il ne s'arrêterait pas tant que je continuerai de l'ouvrir et de vouloir le frapper. Une grimace me submergea lorsque le coup me heurta, me faisant bien malgré ma volonté lâcher mon arme qui s'effondra sur le sol. Du moins je le pensais. Ni le bruit ni l'image ne me permit pas de me confirmer dans mes pensées. Une étrange sensation à laquelle je ne m’habituerai jamais. Cet enfoiré réussissait parfaitement son coup, faisant de moi un vulgaire punching-ball incapable de rendre directement les coups qu'on lui infligeait. La suite arriva sans que je puisse la voir venir (huhu), me fauchant littéralement les deux jambes, ramassant un autre coup à l'arrière de la tête durant le court instant que dura ma chute, mon corps déjà meurtri par les coups de la Mante s'écroula au sol. Là encore, ne pas savoir ce qu'il arrivait fut agaçant, tout comme l'absence de bruit qui vint attirer mes oreilles lorsque mon armure vint percuter la poussière et les gravas recouvrant l'Antichambre. Bien étrange décors que je ne pouvais plus observer à présent. Heureusement que les sensations au toucher comme la douleur était toujours présente, bien que se rassurer dans la douleur ne soit pas un signe encourageant lorsque l'on veut l'emporter.

Ce petit jeu commençait à me gonfler sérieusement maintenant que mes yeux ne pouvaient plus l'apprécier. À quoi bon frapper si l'on ne peut plus voir la douleur s'installer sur le visage de sa proie ? Que l'on ne peut même plus se délecter de son hurlement qui déchire le silence de la pièce lors de l'impact ? Terriblement ennuyeux... Les deux mains placées plus par réflexe qu'autre chose face à mon visage, les muscles de mon corps se contractent tandis que j'attends le coup final, sans broncher. Rien ne vint... est-il trop lâche pour mettre fin aux jours d'un homme ? Quelle connerie ! Péniblement, dans la douleur, je me replace sur mes deux genoux, reprenant appuis sur mes jambes les secondes suivantes. Pour la peine, cet enfoiré va avoir le droit de goûter une seconde fois à ma technique de Rain Lightning. C'la seule technique que j'peux balancer sans avoir à me préoccuper de viser, les éclairs visent eux-mêmes la cible qu'est Straw. Nouvel embrasement de Cosmos et nouveau déchaînement d'éclairs. Une pluie de centaines de ces trucs s'abattent une nouvelle fois sur la Mante, lui aspirant son énergie-cosmique à chaque impact réussi. Ce sera tout pour cette fois, ne pouvant pas bêtement me jeter dans la gueule du loup, cette attaque est la seule option qui s'offre à moi pour le moment.

La Hyène était à terre, inanimée. Je n'étais pas fou au point de croire que j'avais pu la tuer avec si peu. C'était le moment idéal pour mettre fin à ses jours, maintenant, tant qu'elle n'avait plus la force de se débattre. Pourtant, je ne pus m'y résoudre. Mon corps tremblait, mes dents claquaient, mon œil était révulsé. Le désir de combattre s'était emparé de moi, m'avais avalé tout entier. Et il s'exprimait à travers moi, pour parvenir à la Hyène malgré sa surdité, ainsi qu'à tous ceux qui tendraient l'oreille vers l'Antichambre de la Calamité.

« Relève-toi. Relève-toi ! RELEVE-TOI ! »

Et marquant chacune de mes exclamations, mes poings se heurtaient, faisant à chaque coup retentir une explosion de cosmos. Quand une telle passion m'étreignait, mon cosmos fuyait par tous les pores de ma peau, brûlant autour de mon corps, irradiant les mètres alentours. Je n'étais pas un économe parcimonieux. J'avais besoin de toute la violence que ce monde pouvait me donner, et je n'en connaissais pas de plus véhémente, de plus divine que celle de cette énergie malsaine. Tel était mon fardeau, et telle était ma force. Une jouissance du combat qui surpassait de loin celle de la douleur et de la mort d'autrui. Je ne combattais pas pour ce que je faisais aux autres. Je combattais pour ce que le combat faisait retentir en moi-même. Cette violence sourde, cette passion dévorante, cette tentation addictive. Et si, comme dans le cas présent, mon adversaire ne m'offrait pas le combat que j'attendais, c'était contre moi-même que je combattais.

Mais toute cette violence se tut quand l'homme trembla. Quand il bougea, et se releva, avec une lenteur exaspérante, mais appréciée. Pour m'avoir autant fait attendre, il n'aurait droit à aucun traitement de faveur. Son cosmos explosa à nouveau. D'une façon qui m'était trop naturelle. Mes sourcils se froncèrent et ma bouche se tordit en un rictus méprisant. Deux fois. Il comptait m'avoir deux fois de suite avec la même technique. Mon cosmos explosa aussi, répondant à celui de mon adversaire, hurlant de haine. Impossible. Mes jambes se fléchirent, et dans un bond, je bondis vers lui, un instant avant que les éclairs ne frappent le sol. Un cri de rage dans la gorge, les poings brandis, je fus sur lui en un instant. Mon poing le frappa sous la mâchoire inférieure, le privant du goût en un instant. J'étais persuadé qu'un homme aussi bestial que lui aimait le goût du sang, qu'il soit sien ou non. Le priver de ce sens sonnerait comme le début de la fin. Il ne restait que le toucher.

Mon autre poing était déjà parti. Il était temps de commencer à le priver de ses membres. Fonçant droit vers son épaule, mon coup aurait pour but de rendre temporairement inutilisable son bras. Bientôt, la Hyène ne serait plus capable de bouger. Bientôt, il lui serait totalement impossible de se remettre sur ses jambes. Alors, quand il serait certain que le combat serait terminé, il serait temps d'en finir. Mais pour l'heure, je n'avais qu'une envie. Frapper, encore et encore, jusqu'à ce que la folie me quitte. Sous l'emprise de ce désir impérieux, sans même savoir si j'avais pu le blesser, mon visage recula, et fonça subitement vers le sien. Sentir le choc de ce cou dans ma nuque, dans mes épaules, j'en avais besoin. Sentir son nez se briser contre mon crâne. Attendant le choc, je fis une fois de plus exploser mon cosmos. Ces explosions étaient de plus en plus rapprochées, bientôt, elles seraient ininterrompues, et ma puissance serait démoniaque... Si la Hyène tenait jusque là.

De telles explosions de cosmos, j'en avais des frissons sur tout le corps. Les poils de ma peau se dressèrent sous les secousses que Straw balançait d'une manière que je ne pouvais voir. Pas besoin d'être en mesure de voir la scène pour s'imaginer qu'il s'apprêtait une nouvelle fois à me frapper. Qu'il vienne ! Cette fois, il se heurterait à une défense bien plus efficace que toutes les autres, il viendrait se fracasser les dents sur mon bouclier. Ne perdant pas un seul instant qu'il me surprenne, mes deux mains se placèrent à l'horizontale, chacune écartée d'une dizaine centimètres l'une de l'autre, paumes des mains face à l'adversaire. Accompagné d'un sourire moqueur, m'imaginant déjà l'assaut de la Mante réduit à néant par l'assaut, mon cosmos se rassembla dans mes mains. Prenant forme rapidement, formant un véritable bouclier englobant la totalité de ma silhouette, cette défense soudaine n'était pas s'en rappeler le bouclier d'un certain Dieu de la Guerre. Pour ce combat, pour me défendre de cet assaut, j'en appelais à la puissance de mon maître Arès, du moins c'est ce que j’aimais m'imaginer. Aussi rapide que soit la technique dans sa formation, le premier coup de Straw fut plus rapide, me percutant sèchement sous la mâchoire. Le reste ne fut qu'un déluge de coups tous plus redoutables les uns que les autres, que la solidité de ma défense ne parvint pas à contenir entièrement.

Me refusant à chuter une nouvelle fois, seul un genou toucha le sol, mes mains restant bien accrochées au Divine Shield, ma détermination faisant le reste. Lorsque tout cela pris finalement fin, mes mains s'abaissèrent lentement, parcourues de tremblements de plus en plus violent, résultat d'un effort soutenu. Haletant, un long moment s’écoula sans que rien ne se passe de mon côté. Lorsqu'enfin je semblais bouger, ce ne fut que pour mieux expulser un flot de sang sur le sol de l'Antichambre. La situation était désastreuse et la fin de cet affrontement semblait vivre ses derniers instants. Ne restait qu'une chose à faire avant de pouvoir quitter l'arène, la tête haute, fier d'avoir livré bataille jusqu'au bout. Plus que jamais auparavant, l'intensité de mon cosmos grimpa en flèche, brûlant ardemment, puisant dans mes dernières réserves pour réaliser mon dernier assaut. L'éveil au septième sens, chose que j'étais parvenu à atteindre il y a quelques semaines tout au plus. J'allais pouvoir tester les dégâts qu'une telle puissance causée dans un combat réel. Poussant un dernier cri enragé, la douleur de la technique accentuant le phénomène, mon cosmos se matérialisa sous une dernière forme. Bien plus lentement que pour le Divine Shield, seulement deux longues pattes aux griffes acérées au départ, puis l'avant du corps une trentaine de secondes plus tard, pour finalement donner forme au corps complet.

La bête qui s'exprimait violemment en début de combat venait littéralement de prendre forme, sous des proportions bien plus impressionnantes. Haut de plus de trois mètres, la Hyène posa un regard haineux sur sa proie, Straw. Les babines dégoulinantes, ses crocs se dévoilèrent au fur et à mesure qu'elle rapprocha son visage de celui de la Mante. Un long grognement s'en échappa, tandis que sans prévenir, mon animal tenta de déchiqueter d'un coup sec de la mâchoire la gorge du Berserker. Ce coup ne serait certainement pas le dernier, avec une violence rare, la Hyène se jeta sur sa proie, tentant de la broyer de ses mâchoires, de lui infligeait de lourds dégâts à l'aide de ses puissantes pattes et griffes acérées. L'objectif pour elle étant simple, continuer de le harceler jusqu'à entraîner la mort de la Mante, elle ne s'arrêtera pas tant que ce ne sera pas chose faite. À moins que ce dernier soit en mesure de vaincre mon totem, ce qui m'étonnerait fortement, mais l'on ne sait jamais. Cet homme m'a déjà prouvé qu'il m'était supérieur, il pourrait réaliser l'exploit de triompher de la bête. En attendant, rester sur ses gardes et récupérer n'était pas un luxe dont je me privais.

Soudain, une bête titanesque fit son apparition, pour me séparer de mon adversaire. Mon attention quitta instantanément le Berserk, qui ne représentait plus un danger, pour me focaliser sur la Hyène. Mes sourcils se froncèrent, et mon air se fit menaçant. J'étais encore en état d'affronter une bête pareille. Mes phalanges claquèrent et mon cosmos explosa. Un instant, je jaugeai la puissance du monstre tandis que lui me jaugeait. Dans quelques instants, nous nous jetterions l'un sur l'autre, et seul l'être qui ferait preuve de la plus grande violence en sortirait vainqueur.

Avec un hurlement, elle fit le premier pas. La lutte devint confuse. La sauvagerie de nos cris était équivalente, les lourds impacts de coups l'étaient aussi. L'espace d'un instant, mon esprit devint celui d'une bête, et je n'eus plus conscience de frapper ou d'être frappé. Je n'étais qu'un corps de réflexes et de violence, renforcée par la sauvagerie de mon cosmos. Quand je revins à moi, la Hyène était à terre, et je chancelai au-dessus d'elle. Elle n'était pas morte, juste durement touchée. Je doutais de pouvoir lui résister si elle se relevait. Mon regard, affaibli par les nouvelles profondes entailles qui parsemaient mon corps, se tourna vers Siger. Lui mort, la Bête disparaîtrait. J'avais trop négligé le coup de grâce.

Mais cela allait changer. D'une puissante impulsion, je m'éloignait de la monstruosité, fonçant vers le Berserk. Mon poing était levé, ma phalange en avant, prête à lui ôter le dernier de ses sens encore fonctionnel. Sans le toucher, il ne lui resterait plus qu'à me demander de l'achever. Ce combat n'avait duré que trop longtemps. Y mettre un terme serait pour lui une libération. Pour moi, ce serait, enfin, une victoire. Mon poing frappa sa jugulaire, et son dernier sens l'abandonna. Alors, je renforçai mes appuis, pliai mes jambes, serrai mes poings, pris une grande inspiration. Dans un instant, tout serait terminé.

Le spectacle auquel je ne pouvais pas assister devait être d'une beauté grandiose. Je m'imaginais ma Hyène anéantir l'autre Berserker, arrachant un à un les membres de son corps, lacérant sa chair, tout cela devait être merveilleux ! Tout cela, je ne pouvais le voir ! Ni même l'entendre, le ressentir, rien. Après un temps de lutte pendant lequel j'estimais que ma bête tenait encore tête à Straw, ressentant au plus profond de moi mon propre cosmos dont elle était faite, je la senti soudainement s'effondrer. Les violents assauts de notre adversaire avait eu raison d'elle, elle gisait à présent sur le sol, la cosmo-énergie dont elle était constituée s'évaporant lentement dans l'air, au fur et à mesure que les secondes défilaient. Cette fois, ce combat était bel et bien terminé. J'avais abattu ma dernière carte, la Mante y avait survécu, nul doute qu'il devait atteindre la seconde phase de ce tournoi, pas moi. Arès en avait eu pour son compte avec cet affrontement, d'une certaine manière, je n'étais pas totalement perdant. Un ultime sourire vint prendre place sur mes lèvres ensanglanté, l'instant d'après, un nouveau coup me frappa, m'enlevant mon dernier des sens, le toucher. Le goût y étant passé plus tôt, je n'étais désormais plus qu'un corps sans inanimé, à la merci du Berserker de la Mante.

- Ce combat a assez duré ! Je sais reconnaître ma défaite lorsque c'est le cas et je ne suis pas assez stupide pour continuer à te tenir tête dans cet état... De ce fait, j'abandonne ! Ta victoire est pleine et tu t'es battu comme un lion, je ne pouvais pas l'emporter avec ma puissance actuelle, bravo Straw ! Tu es un adversaire de taille, je suis fier d'avoir combattu contre toi.

Sans même que je m'en rende compte, mon corps avait atteint ses limites et s'effondrait sur le sol. Haletant, les chances que Straw m'achève ici-même étaient nombreuses et rien ne pouvait l'empêcher de le faire à présent. Mourir au combat n'est nullement un échec, bien au contraire. Aussi, j'acceptais cette perspective sans crainte, l'ayant déjà imaginé des millions de fois lors de mes années à servir l'armée Vandale, l'ayant frôlé tout autant de fois. Mon sort entre les mains d'un ennemi sans pitié, rien de nouveau. Bien que les autres fois, c'était une intervention inespéré de mes camarades qui m'arrachait aux mains de la faucheuse. Cette fois-ci, cette défait s'annonçait comme ma toute dernière. Changeant de position, sans même parvenir à confirmer si j'avais encore le contrôle de mon corps, je me tournais sur le dos, de manière à accueillir la mort à bras ouverts. À quelques mètres de là, la représentation de mon totem n'était plus, quelle belle journée pour mourir....

J'étais sur le point de frapper, quand sa voix, faible et tremblante, parvint à mes oreilles. Mon corps s'immobilisa. La Hyène admettait sa défaite. Poursuivre le combat lui était impensable. Et suite à ses paroles, mon corps ne bougeait plus, comme retenu par une pitié lointaine, d'outre-tombe. Alors, je me souvins. Je me souvins de cet homme, que j'avais rencontré pour la seconde fois dans l'Arène.

Il avait été un garde dans l'ancienne maison de feu mon maître. La rumeur parvenue jusqu'à mes oreilles voulait qu'il ait aidé Gladius à sauver Numera des griffes de ses agresseurs, et à l'amener là où nul ne pourrait la retrouver. Quand j'entrai dans l'Arène, sous les hurlements de la foule venue pour un nouveau massacre, j'en étais à une cinquantaine de victoires, une cinquantaine de cadavres foulés au pied. Quand il me reconnut, il lâcha ses armes, et sourit. Il me dit avoir réussi à cacher Numera. Il me signifia à quel point elle serait heureuse de me savoir en vie. Mais je n'avais pas souri. Je n'avais pas eu le moindre mouvement de joie. Numera ne me saura jamais en vie, m'étais-je dit, car aucun d'entre nous ne sortirait de l'Arène vivant pour le lui dire. Quand je l'avais assailli sans prévenir, il avait repris son arme, et malgré sa surprise de trouver en moi adversaire si belliqueux et si puissant, pour un ancien esclave, avait combattu comme un lion.

Pourtant, il avait fini à terre, et dans un dernier souffle, avait clamé sa défaite. Il était le premier. Les autres avaient lutté jusqu'à la mort. Et son abandon me heurta plus que ses nouvelles concernant Numera. Après quelques instants, je m'étais détourné de lui, sous les huées des spectateurs déçus de ne pas assister à une exécution. Alors que j'étais sur le point de quitter l'Arène, en laissant pour la première fois mon adversaire vivant derrière moi, la vois d'Astarius, maître de l'Arène, assassin de mon ancien maître, cible de toute ma haine, s'était levé et avait couvert de sa voix celle de la foule.

« Straw ! m'avait-il hurlé. Si tu quittes l'Arène maintenant, tu mourras en même temps que ton ami, sans même avoir le droit de combattre pour ta vie. »

Mon corps s'était immobilisé. Je n'avais pas oublié la raison qui m'avait fait piétiner tant de vies humaines. Je me battais pour ma vie. Je savais que qu'encourrait l'homme qui refuserait de tuer son adversaire dans l'Arène. Mes yeux se portèrent sur l'homme, soulignés d'une lueur violente et haineuse.

« Fais descendre tes hommes ! Je suis encore capable de les combattre ! »

La foule retenait son souffle. Il arrivait, parfois, que je ne me contente pas de combattre les adversaires que l'on me désignait. Parfois, un événement inattendu surgissait. Selon le dénouement de cette altercation, quelque chose d'inoubliable risquait d'arriver dans l'Arène, et chacun se louait d'être venu pour y assister. Pourtant, Astarius ne réagit pas comme le lui demandait le combattant.

« C'est vrai, et je ne doute pas que tu puisses en tuer une dizaine avant de périr. Mais qu'en est-il de ton ami ? Tu l'abandonnerais à une mort à laquelle il ne pourrait rien faire, sans lui faire l'honneur d'en finir toi-même ? »

Mes yeux s'écarquillèrent. A vivre sous la terre depuis des mois, j'en étais venu à oublier les valeurs romaines. Mourir exécuté serait déshonorant pour le soldat. Mais mourir par la main de celui qui l'avait vaincu, en revanche, assurerait sa route vers des lieux où son âme trouverait le repos. Mes yeux se posèrent sur le corps prostré, suffocant dans son propre sang. Mes poings se levèrent.

Et mon énergie explosa. Sous mes yeux, le corps mutilé de la Hyène. Dans mes yeux, la colère accumulée lors du combat, et les souvenirs diffus de cette exécution qui avait dominé chacun de mes gestes quand un homme m'avait par la suite demandé clémence. Siger méritait de mourir ici. Son combat avait été incroyable, et rien n'aurait pu me rendre plus heureux que de le récompenser, ici et maintenant, par un repos éternel. Mon énergie explosa, encore et encore, devenant plus étouffante et étendue alors que je l'appelais à ne plus faiblir. Finalement, elle fut à son apogée. Et dans un hurlement de rage, j'abattis mes coups sur le corps meurtris de la Hyène.

La furie de cette exécution dura de longues secondes, au final desquelles je me détournai de ce corps silencieux, marchant avec mon calme retrouvé vers le centre de la salle, où m'attendait ma tunique longue. Lentement, je l'enfilai, avant de m'asseoir. Petit à petit, les informations que l'a fureur du combat m'avais fait oublier me revinrent. Tournoi, Arès. Il y aurait un deuxième adversaire. Je fermai les yeux, et respirai profondément, mon cosmos s'animant autour de mon corps pour le remettre lentement de ses blessures.