Et bien, il semblerait que tu te réveilles enfin...

Cette voix sépulcrale qui émanait d'un coin de la pièce n'était autre que celle du Prophète bien entendu. Grave et grinçante, d'un ton lent, il se faisait par là remarquer sans trop brusquer l'inconnu qui ne l'était plus tant. Ephtal l'avait sauvé d'une mort certaine dans ce camp gelé peu auparavant. Pour ne pas avoir à subir les affres du Cosmos froid et belliqueux de celui qui revêtait désormais la Cuirasse de la Guerre, le Cardinal de la Mort s'entourait de sa propre cosmo-énergie lui offrant protection.

Alors ? As-tu trouvé en toi ce que tu cherchais ?

Disant cela, Ephtal se relevait. Il était vêtu simplement de sa tenue habituelle : pantalon noir si ample que la séparation entre les jambes n'en était pas visible, le vêtement retenu par une massive ceinture d'un bleu sombre dont les contours paraissaient être des ossements; des sandales guerrières aux pieds, simple mais pratique; une étoffe sombre autour du cou retombant sur ses épaules, marquant un clair contraste avec son masque de mort encadré de sa longue chevelure brune. Ainsi était l'apparence du Prophète, sa faux d'un blanc nacré dans sa main venant compléter la panoplie. Démesurée, aux formes anguleuses et tranchantes, elle n'était autre que sa Cuirasse à l'état de repos et qu'il ne se donnait jamais ou presque la peine de porter en protection.
S'avançant vers le Général des Flammes, le givre disparaissant dans son sillage, il poursuivit.

Si tu as besoin d'aide, peut-être puis-je t'apporter mon concours... Je suis aussi là pour cela, Cardinal de la Guerre...

Si Guerre ouvrit les yeux avec une lenteur infinie, sortant à peine d’une méditation plus que relaxante, le fait d’avoir entendu une voix dans son havre de paix le fit réagir au quart de tour. Le colosse quitta instantanément sa posture de méditation, assis en tailleur, pour faire volteface à la voix, les jambes arquées, les muscles prêt à exploser, sur un quivive traduisant sa méfiance envers cet endroit peu familier ainsi que sa nouvelle condition.
L’inconnu s’adressait à lui comme s’il le connaissait depuis longtemps, et malgré sa voix peu engageante, Guerre était convaincu que son interlocuteur le connaissait. Son statut de novice en matière de Cosmo-énergie ne l’empêchait nullement de détecter celui qui lui faisait face et il était curieux de constater que l’inconnu se servait de son propre Cosmos comme pour se protéger. Connaissait-il les effets secondaires de l’énergie de Guerre ? C’était là quelque chose des plus troublants …
Toutefois et contre toute attente, Guerre se détendit, l’attitude et les questions posées par le nouvel arrivant témoignait de ses intentions non belliqueuses, au contraire. Son énergie était impressionnante, à couper le souffle, et s’il lui avait voulu du mal, nul doute qu’il serait d’ores et déjà passé à l’action. Paradoxalement, il semblait se soucier de la condition du scandinave et surtout, son énergie dégagea une aura de familiarité comme si Guerre l’avait rencontré auparavant, bien qu’il n’en avait alors aucun souvenir.

Ainsi, malgré son aspect peu engageant – il était difficile de constituer un être arborant un masque symbolisant un crâne comme étant quelqu’un de sympathique – Guerre semblait lui témoigner de la confiance. Aussi, ne manqua t’il pas de hausser un sourcil de surprise lorsque ce dernier lui proposa de l’aide, comme s’il était au courant du trouble qui l’habitait alors. Il s’était adressé à lui comme s’il le connaissait … Cardinal de la Guerre, c’était donc ça …

- Cardinal de la Guerre … C’est donc ce que je suis ? Je m’appelle … - Il ne se rappelait pas de son propre nom, un seul lui venait en tête - … Guerre. Oui c’est cela … Vous semblez me connaitre, mais moi je ne vous connais pas, qu’est ce donc que ceci ?

Tant de choses se heurtaient dans son esprit et il n’attendit pas la réponse de son vis-à-vis pour poursuivre :

- De toute mon ancienne vie, je n’ai jamais connu la peur, j’ai toujours manié l’épée à la perfection. Je connaissais chaque secret de l’affrontement et du combat à l’état pur. Mais aujourd’hui …

Il tendit sa main, laquelle s’enflamma d’une aura bleutée.

- Je découvre que je suis dispositaire d’un nouveau pouvoir qui m’a toujours habité sans que j’en ai eu conscience. Je suis au service d’un Dieu, lequel m’a confié une armure qui m’a confié des savoirs infinis, une vision du passé, du présent et du futur qui me dépasse complètement. Je découvre tout un nouvel univers que je ne maitrise pas, je ressens des énergies, je ressens la mienne, je ressens la votre.

Il fit une pause, son regard se perdant dans les flammes azur qui s’agitait entre ses doigts.

- Je ne sais pas comment maitriser cela et pourtant j’ai l’intime conviction que tout mon destin se jouera autour de tout ceci. Moi qui n’ai jamais rien craint de toute ma vie, c’est la première fois où un tel sentiment m’envahit. Je représente la volonté d’un Dieu et suis ici-bas pour accomplir ses desseins, mais honnêtement je ne suis pas capable de tels prodiges à l’heure actuelle …

Ses yeux reflétèrent le miroitement des flammes encore quelques instants avant de se perdre dans le vide alors que de sombres pensées troublaient son habituelle quiétude et sa confiance inébranlable. Il ne connaissait toujours pas son interlocuteur, mais il était persuadé qu’Arès ne l’avait pas mis sur sa route, à moins que lui-même ne fut sur la sienne, sans raison. Le Cardinal de la Guerre s’était éveillé, mais rien n’avait laissé présager qu’un tel réveil puisse être aussi douloureux.

Il faut croire que ton nom n'est pas la seule chose que tu es parvenu à oublier...

Ni reproche ni déception dans sa voix. Pas plus que de moquerie. Juste un simple constat dans cette déclaration qui ne fait qu'affirmer un fait sans autre forme de jugement. Cela faisait déjà quelques semaines que cet homme se trouvait en la citadelle, où il avait été appelé pour faire partie des Cardinaux d'Arès. Et depuis, le porteur de la Cuirasse de la Guerre était manifestement longuement resté à méditer, jusqu'à s'en oublier lui-même selon toute vraisemblance. Mais était-ce là une bonne ou une mauvaise chose ? Ephtal ne pensait pas en tout cas que cela puisse causer le moindre tort...

Tu es Guerre, en effet. Ce qui a pu précéder cet état n'a plus d'importance, plus d'incidence. Seul notre service auprès de notre Maître compte à présent, à lui qui nous a offert une nouvelle vie, une renaissance en ses flammes divines...

Le Prophète avança sa main vers celle tendue de celui qui s'était un jour appelé Arkhann, bien qu'aucun des deux hommes ne connaissaient cette information désormais. Sa paume fut placée au dessus de la flamme glaciale de Guerre, et à son tour il commença à concentrer son Cosmos entre ses doigts. Plutôt qu'un flambeau, l'énergie d'Ephtal, lourde, pesante, allait oppresser celle de son acolyte jusqu'à l'éteindre.

Tout comme tu es Guerre, je suis la Mort pour ma part. Mais l'on m'appelle aussi Ephtal, très humble Prophète du Dieu de la Destruction.

Il fit alors s'élever son Cosmos, ses yeux rayonnant de plus belle tout comme sa longue chevelure ébène se mit à flotter légèrement. L'énergie se répandit dans la salle, terrassant le givre avec rapidité. Une simple démonstration de ses capacités...

C'est sous son commandement que je suis parti à ta recherche et que je t'ai amené ici au bord du trépas. C'est moi qui t'ai guidé jusqu'au Temple de notre Maître, là où t'as été confiée cette arme, cette Cuirasse qui t'a tant bouleversée. Je pense donc pouvoir dire que je suis indubitablement un allié qui peut t'apprendre beaucoup de choses...

Laissant alors retomber son Cosmos, il ramena sa main à lui, mettant par là fin à son petit manège. Laissant quelques instants s'écouler le temps que Guerre puisse porter réflexion sur les propos qui venaient de lui être tenus, Ephtal finit toutefois par ajouter ceci.

Il ne t'est pas demandé d'être un puissant guerrier accompli dès aujourd'hui. Tout ce qui est attendu de toi pour le moment, c'est que tu travailles ardemment afin d'un jour pouvoir te montrer utile à ton Dieu, avec ferveur. Mais je ne pense pas que ce soit en restant assis en tailleur des heures durant que tu parviendras à développer cette force dans l'optique attendue...

Sous son masque, un sourire invisible se trace tout comme Guerre semble enfin se souvenir de lui. Et tout comme le Général des Flammes s'exprimait, Ephtal pouvait de mieux en mieux comprendre ce qu'il était advenu de la psyché de son interlocuteur. Pas étonnant qu'il en soit confus désormais. C'était une âme nouvelle, recréée à partir d'un double héritage. L'homme et la Cuirasse s'étaient alliés si profondément qu'ils s'en étaient confondus jusqu'à créer une nouvelle entité, un nouvel être aux possibilités multipliées. Ce pourquoi son seul nom à présent était Guerre... Comment lui en vouloir donc que sa mémoire soit ainsi si confuse ? Il parlait de son corps comme si ce dernier ne lui avait pas toujours appartenu, de sa Cuirasse comme d'une connaissance nouvellement assimilée. Cette nouvelle création n'aurait-elle pas dû pourtant considérer que tous deux furent partie de lui depuis toujours ? Ah... Le Prophète ne savait trop qu'en penser précisément, et ne se trouvant de toute manière pas dans le crâne de celui qui fut Arkhann, il ne pouvait pas en juger. Il ne pouvait que faire avec la perception que Guerre avait de lui-même et considérer cela comme une vérité absolue, plutôt que d'essayer d'estimer ce qu'il devrait en être en vérité. Il n'avait pas connu de situation similaire, même si son esprit et sa manière de voir le monde avaient changé depuis qu'il était le Prophète d'Arès. Rien que l'évolution d'une mentalité humaine, et non pas une confusion, un mélange, une fusion comme celle qui s'était produite pour celui à qui il s'adressait.

T'enseigner, oui, je le peux et je le ferai. Tu ne t'es que trop reposé à mon sens, aussi lève-toi à présent et suis moi !

Ephtal lui tournait déjà le dos, se servant de sa faux démesurée comme d'une canne l'aidant à avancer. Comme s'il en avait réellement le besoin... Plus une habitude qu'une nécessité, l'homme au masque de mort était encore dans la force de l'âge, en pleine possession de ses moyens. Il ne lui précisa pas verbalement d'emporter son arme avec lui, tant il était évident qu'il en aurait besoin...

Après quelques minutes à déambuler dans le dédale que constituait le bastion de la citadelle, ils descendaient de plus en plus vers les profondeurs de la Terre. Cette forteresse bâtie par les hommes d'Hadès sous la croûte terrestre recelait de nombreuses pièces aux utilités diverses, et celle qui était leur destination était une des plus profondes. Quand ils y arrivèrent, Guerre pourrait observer ce qui n'était autre qu'une immense caverne, une grotte de basalte aux proportions titanesques. Tout l'espace nécessaire que pour pouvoir laisser leur puissance s'exprimer à loisir. De multiples torches ornaient les parois ainsi que le sol dans le but d'éclairer l'endroit.

Bien, c'est ici que notre entraînement débutera ! Avant toute chose... Que sais-tu déjà du Cosmos ? Qu'en as-tu compris de tes explorations intérieures, de ta profonde méditation ? Répond à cela, puis il sera temps pour toi de revêtir ta Cuirasse... Car parler ne sera qu'une maigre part de notre entrevue ici...

Le Prophète avait accordé l’immense privilège à son disciple de lui prodiguer son enseignement. Ainsi, il allait être formé et pas par le premier venu … Alors qu’Ephtal le menait au travers d’un labyrinthe de couloirs que Guerre n’aurait jamais soupçonné, plusieurs pensées l’assaillirent : le Cardinal de la Mort était à la fois un chef, un professeur, un sauveur, un ami, un frère d’armes et voir même un père si l’on considérait le fait qu’il avait été à l’origine de la naissance de l’entité qu’était Guerre. L’accumulation de tant de rôles était pour le moins original et cela occupa toutes les pensées du Cardinal alors qu’ils déambulèrent dans les entrailles de la Citadelle. Il se demanda si Mort était bien au fait de tout ceci et quand bien même il l’était, il n’avait certainement pas demandé à subir un tel fardeau.
C’était en tout cas le point de vue de Guerre, lequel avait complètement écarté l’idée comme quoi son compagnon pouvait peut être accepter de tels emplois de bonne grâce, misant sans doute à long terme sur les fruits que cela pourrait porter sur lui.

Ils finirent par déboucher dans une immense caverne de basalte, où l’obscurité bataillait farouchement avec la lueur de torches, présentes en grand nombre au vu du volume de la cavité. Celle-ci était si vaste qu’il était quasiment impossible d’en distinguer la voute qui devait faire office de plafond, ni même l’intégralité des parois de cette dernière, rendant du fait impossible de délimiter la taille de cette dernière. La seule constante demeurait le caractère plus que spacieux de la poche.
Guerre pouvait uniquement distinguer des stalactites, des stalacmites, les rives d’un lac dont il ignorait la taille ainsi que diverses formations rocheuses dont le hasard de la nature les avait rendues agréables à regarder.

Ephtal le questionna sur les connaissances qu’il avait rassemblées au sujet du Cosmos au cours de ses méditations, sur son parcours d’autodidacte avant de laisser entendre une partie beaucoup moins théorique d’une instruction qui était au final « prophétique » avec la part d’ironie toutefois réaliste que l’on pouvait imaginer.

- Le Cosmos … L’humain n’en savait rien, n’étant qu’un enfant jouant avec un silex et de l’amadou. Le métal en savait beaucoup plus … Rien qui ne puisse être toutefois expliqué avec des mots, c’était des sensations, de l’instinct, des réflexes. Tout ceci a été difficilement exploitable, voire même impossible. C’est comme savoir ce que l’on cherche sans connaitre le lieu ni la manière adéquate.

Guerre fit une pause alors que son regard se porta sur ses paumes ouvertes :

- C’est pour cela que j’ai décidé de m’asseoir et de regarder … en moi. J’ai pris plusieurs jours pour apprendre à voir au-delà des battements de mon cœur et de ma propre respiration. L’énergie était là, ondulant comme un océan d’ether au milieu d’un vide, c’était le combustile et mon âme le comburant … Je l’ai longtemps observé, espion de mon propre moi, afin de m’approprier sa rythmique, sa manière de se mouvoir, sur ce qu’elle dégageait.

Comme pour accompagner le geste à la parole, une fois de plus, il leva cette fois-ci les yeux vers un ciel d’obscurité.

- Emerveillé par une telle beauté, je n’osais entreprendre quoi que ce soit pour la faire bouger et pour « jouer » avec, comme de peur de briser quelque chose qui a le pouvoir de me détruire de l’intérieur. Ainsi, à l’inverse d’une introspection sur moi-même, j’ai alors fait exactement l’inverse, guidé par le simple terme de « Cosmos ». L’extraspection. J’ai projeté ma conscience vers l’extérieur, les murs n’étant guère plus une prison pour mon esprit que ne l’était des feuilles pour le vent. Mon champ de vision s’est élargi à une vitesse folle allant bien au-delà de nos considérations terrestres pour aller là haut dans les étoiles. Les mots me manquent pour y exprimer ce que j’y ai vu, ce qu’il y a au-delà de ces simples petits points brillants dans cette voute sombre. Nous n’y sommes que des cloportes et c’est là que je me suis perdu, là ou je me suis ouvert à l’univers. Je n’étais qu’une poussière parmi l’infini et j’ai pu observer le mouvement du monde, j’y ai découvert que l’énergie était partout. J’ai vu ses mouvements, j’ai compris sa rythmique. J’ai su, guidé par les sensations que le métal m’avait inspiré.

Ses yeux, emplis de ferveur et de détermination, se portèrent cette fois-ci droit dans ceux du Prophète.

- J’ai vu les étoiles, leurs manières de se mouvoir, d’échanger et surtout … de s’affronter. J’avais les clés pour comprendre mon propre Cosmos, en ayant observé celui qui circulait dans l’Univers, nous ne sommes que les réceptacles de quantités infimes d’énergies, des microcosmes.

Sa voix de stentor était grave et monotone, mais dévoilait toutefois un sérieux qui occultait totalement toute impression d’ennui ou de longueur. Tel un général motivant ses troupes, Guerre ne savait que trop bien comment faire vivre ses mots, transmettre des émotions.

- J’ai vu mon énergie d’un œil nouveau, et j’ai fait converger les connaissances de l’humain et du métal. J’ai vu mon Cosmos, j’ai vu ses filaments éthérés capables de susciter l’affrontement ou le simple désir de combattre. Je sais comment le manier, le mouvoir …

Il se figea.

- Mais ca s’arrête là. Je ne sais pas faire autre chose. Je sais porter ma conscience où bon me semble, je sais lire les énergies et les reconnaitre comment n’importe qui reconnaitrait un visage, je sais ressentir mon Cosmos et l’expulser autour de moi, le faire rugir, mais rien de plus.

Guerre n’attendit pas la réaction d’Ephtal, il savait déjà quelle était la suite des festivités, autant anticiper l’ordre de son Prophète. Pour la première fois depuis sa naissance, son énergie explosa. Littéralement. Il offrait ainsi à Mort et à Arès ce qu’ils avaient éveillés en se fiant uniquement au potentiel qu’ils avaient perçu dans ce qu’il fut autrefois.
Une à une, toutes les portes qui enfermaient sa propre énergie furent déverrouillées, libérant un torrent de Cosmos tel qu’au final, les dernières furent enfoncées, explosant sous la pression d’un océan déchainé. Son corps se mit à libérer une fumée bleue avant que l’espace ne sembla se tordre et le temps se figer alors qu’un minuscule flash de lumières aux accents bleutés fut l’amorce d’une immense détonation sourde. Une colonne se mit alors à émerger autour de sa personne, lumineuse, aveuglante, glaciale.

L’énergie pulsait, barbare, brute, violente. Elle n’était pas maitrisée, c’était clair comme de l’eau de roche. Au final, ce n’était qu’une démonstration de puissance d’un Cardinal sans qu’il y est grand-chose derrière. Faire résonner son Cosmos, c’était juste là ce qu’il savait faire, il ne fallait pas lui demander grand-chose d’autre, même si cela avait tout de même de quoi impressionner. Après tout, il était clair qu’à présent il n’avait pas volé son rang.

En réponse à cet appel que qualifier de muet aurait été ironique, la lourde épée de Guerre se mit à vibrer, s’élever, tournoyer et se disloqua finalement en une multitude de morceaux. Le corps du Cardinal se souleva du sol, pivotant lui aussi lentement sur un axe invisible. Ses membres avaient pris une position que certains appeleraient un jour de l’homme de Vitruve alors que les fragments gravitaient autour de lui tels des satelites autour d’une planète. La Cuirasse se construisit alors intégralement sous les yeux de Mort, les morceaux de métal s’agglutinant pour créer des pièces d’armures qui se collèrent par la suite sur Guerre dans des fracas métalliques qui résonnèrent dans toute la caverne. Le véritable Cardinal prit alors forme, et dont l’aspect était à la fois un curieux mélange d’une modernité encore insoupçonnée et d’un aspect antique à l’âge inestimable. La simple apparence de Guerre justifiait que celle-ci était éternelle, passée, présente et future.

Pièce de maître d’une œuvre pourtant parfaite, le heaume s’assembla en dernier, flotta un instant dans les airs avant de venir coiffer lentement le Suomi dont les yeux finirent par s’ouvrir en libérant une lueur vive et pâle, peuplée de teints d’azur. Il s’agit du symptôme témoignant que Guerre avait atteint le pic de sa puissance, du moins de ce qu’il en savait, et dont la réaction immédiate fut une intensification du Cosmos d’ores et déjà destructeur du Cardinal, lequel se mit à faire vibrer la roche avoisinnante.

Enfin, le souffle exhalé par la Guerre se condensa immédiatement, signe qu’à présent, il faisait à présent bien froid autour du Cardinal. Ce dernier, conscient de ce qu’il avait dégagé sans en maitriser totalement les effets, mis un genou à terre en guise d’excuses. Loin de lui l’idée d’avoir voulu faire de l’esbrouffe, c’était comme s’il avait voulu contenir un océan avec un seau d’eau.
Maintenant, Mort allait sûrement lui apprendre comment résoudre bien des problèmes. Quant à toutefois distinguer l’aspect brut et non maitrisé de son Cosmos de sa nature de « guerrière », c’était toutefois le flou le plus total.

L'explication fut longue et détaillée. Et tant mieux. Cela permettait à Ephtal d'en savoir plus sur ce Cardinal dont finalement il ne savait que si peu. Et à vrai dire, il ne correspondait pas exactement à l'idée qu'il se serait fait d'un "Guerre". Son phrasé n'était pas brutal mais plutôt construit et réfléchi. Voilà qui pouvait aller de paire avec la méditation dans laquelle il l'avait retrouvé. C'était une conception plus poussée de la Guerre, qui ne se limitait pas qu'au désastre et à la destruction pure. Tout en l'écoutant, le Prophète put également se rendre compte qu'il en savait déjà beaucoup sur le Cosmos, pour ne pas dire bien assez. Son introspection qui, comme il le disait, s'était avérée être une extraspection lui avait permis de se renseigner en profondeur sur le sujet, d'en apprendre déjà énormément juste par la simple observation suivi de ses réflexions. Très prometteur...

Puis vint le moment où, sans prévenir, Guerre fit exploser sa cosmo-énergie tout comme il revêtait sa Cuirasse. Plutôt impressionnant également, même s'il était évident que cette manifestation d'énergie pure était bien brouillonne. Il y avait là pas mal de choses à améliorer, et cela ne pourrait pas se faire en se limitant à de la parlote. Toutefois, mieux valait préciser quelques petites choses à l'oral.

C'est bien. Très bien même. À vrai dire, mes connaissances ne pourraient t'apprendre grand chose concernant la théorie... Le Cosmos est à la base de la création de notre univers tout entier, et vie en chaque chose. En nous, notamment... Certains êtres possèdent certaines prédispositions à l'utiliser, et d'autres n'y arriveront jamais malgré tous leurs efforts. Mais cela n'est qu'un détail trivial, l'important est que ce n'est pas notre cas ! Tu sais déjà en user, et les applications que tu lui donnes sont déjà bien larges, malgré ce que tu sembles penser. Toutefois... Crois-tu qu'avec de telles démonstrations de force brute, tu parviendras à exercer longtemps cette particularité dans un combat enragé ? S'il y a bien un problème dans ce que tu m'as montré, c'est celui-ci...
Tu parviens à utiliser le cosmos comme si c'était une matière, mais il te faut encore apprendre à la raffiner, à n'user que ce qui est nécessaire de manière précise...

Il fit tourner sa faux dans sa main. Un seul et unique tour, et lorsque sa lame frôla le sol il y concentra son énergie. Le résultat fut une fissure, une crevasse, large d'un mètre environ et partant sur une bonne quinzaine de mètres. Une démonstration qui pouvait paraître elle aussi particulièrement brutale, mais qui maîtrisée lui demandait bien moins d'efforts. Il se revit alors l'espace d'une seconde, en un flash, à l'époque où il était encore un simple Général des armées hunniques. Il avait déjà réalisé des gestes similaires, au détail près que cela se faisait alors avec une épée et ne traçait qu'un simple trait sur le sol... Autre époque, autres moyens... Mais alors déjà, la même phrase se faisait entendre par sa voix impitoyable.

Essaye à présent de passer cette ligne...

Un premier test très basique. Simple mais qui portait ses fruits. S'il essayait juste de passer en force, Ephtal se sentait apte à le repousser. Il faudrait qu'il la joue plus finement pour espérer rejoindre le Prophète de son côté...

Le jeune Guerre écoutait attentivement, s’imprégnant de chacune des connaissances de son Maître. Il avait été surpris de savoir qu’il n’avait pas été si éloigné que cela de la vérité et une telle confidence rassurait un peu son esprit troublé. L’enfant qu’il était s’en voulait malgré tout d’avoir été aussi longtemps inactif, mais finalement, son mentor reconnaissait dans un sens que cela n’avait pas été un mal.

Il fallait dès à présent allait au-delà de tout ce qu’il considérait comme certain ou comme acquis. C’était maintenant qu’il fallait relever des défis et continuer encore et toujours à défier l’impossible, pour qu’au final il devienne lui aussi capable de nombreux prodiges. Ephtal avait annoncé la couleur, la prochaine étape à franchir par un exercice en apparence des plus simples : surmonter un obstacle, au sens propre. Mort avait tracé une ligne, bien que le terme de gouffre aurait été plus approprié : un simple moulinet de sa faux avait ouvert un sillon sur une quinzaine de mètres. Il n’était pas large, un simple bond aurait suffit, mais il était clair que la complexité était pourtant bien là.

Chercher à tricher ou ruser ne semblait pas envisageable, ce n’est pas en jouant sur les mots ou sur la réelle définition de ligne que Guerre réussirait à franchir cette nouvelle étape que son précepteur lui imposait. Il avait d’ores et déjà songé à attirer Mort de l’autre côté car son objectif était d’être du même côté que son maitre et agrandir la ligne de manière à ce qu’elle ne soit plus une ligne. Il subsistait également l’hypothèse de se lancer dans une charge brutale et absolue, une explosion de puissance qui pourrait peut être repousser Ephtal dans le même mouvement.

C’était la solution la plus facile, la plus à la portée de ses moyens, c’était donc clairement ce qu’il ne fallait pas faire. Cela aurait été un grave péché que de sous-estimer le prophète d’Arès, notamment après une telle démonstration de force. Guerre ferma les yeux, occultant par la même occasion les lueurs jumelles qui émanaient de son heaume, une longue expiration glacée se matérialisa dans l’atmosphère : il se concentrait.

Le Cardinal lui avait demandé de « raffiner » son Cosmos, de ne pas le gaspiller et d’utiliser uniquement ce dont il avait besoin. C’était beaucoup plus difficile qu’il n’y paraissait. Aussi, Guerre laissa son énergie exploser, la déflagration fut semblable à la précédente mais était toutefois un ton en dessous, comme si une sorte de contrôle tentait de contenir tant bien que mal la déferlante cosmique que son âme pouvait contenir. Mais il fallait bien être honnête, tout cela semblait bien dérisoire face à la tempête énergétique qui s’agitait autour de lui. Mais le Suomi se livra à un exercice intéressant, que lui dictait son propre cœur mené par une volonté métallique, émanant directement de la Cuirasse de Guerre en personne.

Si son cosmos n’était qu’un bouillon, un océan déchainé alors il allait devoir le contenir, l’enfermer. Il se représenta une jarre dans laquelle il enferma autant d’énergie qu’il put. Il s’agissait là d’une tâche difficile, et si son armure ne le recouvrait entièrement, les gouttes de sueur auraient trahi sa peine face à l’effort. Petit à petit, la tempête cosmique s’atténua pour devenir un simple flamboiement, comme une sorte d’évaporation naturelle. Il disposait à présent d’une réserve de Cosmos condensée, prête à éclater, mais Guerre redoutait malgré tout de rouvrir une telle Boite de Pandore, comme si tout pouvait lui éclater au visage.

L’heure n’était toutefois pas aux hésitations, il ouvrit un instant la jarre infernale puis la referma immédiatement après, beaucoup trop de Cosmos s’était échappé à son goût mais il allait devoir faire avec. Tant pis après tout, on ne pouvait être parfait dès son premier essai ! Il s’évertua à maitriser le trop plein d’énergie comme un enfant aurait tenté de maitriser une fuite d’eau. L’univers était une symphonie guerrière, plutôt que de tenter d’y imposer sa musique, il devait plutôt trouver sa place et s’insérer dans une telle harmonie. La clé ne résidait pas dans le fait de faire entendre sa mélodie, mais plutôt de la greffer dans l’ensemble pour la faire évoluer en symbiose avec l’univers.

Ici, des Cosmos résonnaient ensemble, celui d’Ephtal bien sûr, mais aussi celui de la roche, de l’eau du lac, du feu des torches. Pour déplacer son Cosmos, il fallait s’insérer dans une telle communauté, c’était cela la clé métaphorique dont Guerre avait besoin. Ainsi, l’énergie pouvait circuler car les autres leur feraient de la place naturellement avec une sorte de « respect », et lorsque deux énergies adverses s’opposaient alors se créaient les ouragans et tempêtes cosmiques, véritables déflagrations et explosions d’Ether.

Ainsi, Guerre parvint à faire naviguer son Cosmos, maladroitement, autour de lui. Il finit par filer tout droit sur Ephtal, afin de l’entourer. Le général du Feu s’employa alors à intensifier ce dernier pour en faire une masse compacte qui pourrait entraver Ephtal suffisamment longtemps pour empêcher ce dernier de lui interdire l’accès à l’autre côté de la crevasse si telle aurait été son intention. Le Suomi avait ainsi « demandé » aux Cosmos environnants de venir consolider le sien, redoutant de lâcher un peu plus de sa propre énergie à de telles fins, par peur de perdre tout contrôle.

Le nuage éthéré semblait plus compact, mais sa fragilité était plus qu’apparente, témoignant d’une incontestable instabilité. Serait-ce suffisant toutefois pour franchir d’un bond la ligne ? Guerre tenta sa chance et s’élança, il aurait pu fermer les yeux et serrer les fesses, ca ne se serait pas vu sous sa carapace de métal aux mille feuilles..

Le mystère reste donc entier …

Guerre prenait le temps de réfléchir à ce qu'il allait bien pouvoir faire, et c'était déjà là une excellente chose. Au moins ne cherchait-il pas à se précipiter dans le seul but de bâcler cette histoire au plus vite. Aucune idée de ce qui se déroulait dans ce crâne néanmoins, mais s'il était une chose que le Cardinal de la Mort pouvait percevoir, c'était les déplacements de la cosmo-énergie du Cardinal de la Guerre. Des tentatives pour se contenir, se concentrer, manipuler au mieux son énergie pour l'utiliser d'une manière plus directe au final, sans trop se perdre et se gâcher en une trop diffuse effusion de cosmos. Cet homme savait écouter les conseils, et c'était bien en poursuivant dans cette voie qu'il parviendrait à quelque chose d'efficace au final. Ephtal ne lui mettait pas trop de pression néanmoins, et s'il échouait à sa première tentative le Prophète ne fournirait aucun blâme. C'était petit à petit que le potentiel de ce Cardinal se révélerait, et pas juste au premier essai qu'il pourrait effectuer. Cela, Ephtal ne l'ignore pas.

Et puis finalement, ça prend forme... De l'énergie envoyée dans sa directement, venant se masser autour de lui dans un nuage qui vise à se compacter de plus en plus afin de l'immobiliser, de restreindre ses mouvements. Le cosmos d'Ephtal agit directement, venant grignoter peu à peu cette entrave, particularité de son énergie cosmique... Si bien qu'au moment où Guerre tenta de se projeter de l'autre côté du fossé, les mains du Prophète étaient libres, et sa faux pouvait se lever dans la direction de celui qu'il instruisait.

Frozen Scythe !

Sa contr'attaque n'était pas lancée à son plein régime, et ce ne fut là que l'envoi d'un arc de cercle glacé, proche du zéro absolu. De quoi repousser Guerre, le geler en partie, mais en aucun cas le blesser grièvement.

C'était une bonne tentative, mais je pense que tu sous-estimes trop celui auquel tu te confrontes... Face à un homme simple, cela aurait amplement suffit, mais en même temps... Face à un homme simple, ton simple déploiement de force brute serait mortel dans tous les cas ! Tu ne dois pas confondre maîtrise et contrôle avec faiblesse. Ce n'est pas en limitant tes pouvoirs que tu parviendras à ton but, mais en les canalisant. Ce flot qui est en toi, c'est un canal que tu dois lui offrir et non un barrage ni une digue. Il est toujours difficile d'exprimer ces principes par des mots, aussi rien ne vaut la pratique... Poursuivons !

Une nouvelle tentative, voilà ce que le Prophète attendait désormais. Il espérait avoir su se montrer assez clair, comprenant la difficulté qu'il y avait à faire passer les notions qu'il avait parfaitement en tête. Parvenir à rendre cela compréhensible à Guerre, qu'il puisse réussir ensuite à mettre tout cela en pratique. C'était son seul et unique but...

L’essai ne fut pas concluant et la réprimande fut lourde, au moins du point de vue du puni. Guerre fut « fauché » plein vol, l’arc de cercle glacé le heurtant au niveau du foie et l’envoyant valser dans les airs, le corps plié en deux. Le Cardinal s’écrasa violemment contre un stalagmite, grimaçant et restant un instant transi sous la douleur qui avait éclaté dans son dos tandis que la glace se répandait sur son armure, immobilisant toujours plus son corps endolori.

Le cosmos qui s’échappait naturellement de Guerre vint à bout de cette prison sans que celui s’en rende compte. Tout semblait réagir automatiquement, de glace à glace. Le phénomène était d’ailleurs des plus étrange pour quiconque n’était pas familier de telles représentations. Lorsque le Général décida de se concentrer sur ce qui passait tout autour de lui, il se rendait compte que son propre Cosmos se refroidissait pour s’insérer dans la couche réfrigérée qui l’entourait quand il ne s’était pas transformé dans un même état lui-même. Ainsi, il existait des sortes de « parasites » au sein même de la couche qui l’emprisonnait et, étant donné qu’il s’agissait de son propre Cosmos, leur contrôle lui revenait.

Il les fit éclater un à un, sa prison de glace était toujours là mais elle était fragilisée, comme micro-perforée. Il pouvait ainsi à venir à bout avec sa propre force, physique cette fois-ci. Guerre se releva, faisant éclater la glace de son maitre en un millier de petits éclats, une sorte de pluie givrée dont on aurait pu apprécier la beauté si l’heure n’était pas consacrée à des activités quelques plus sérieuses.

Il avait appris quelque chose de très intéressant, la sous-jacente naturelle de son Cosmos était liée au froid, au gel et à la glace, comme s’il s’agissait d’une nature profonde qui ne demandait qu’à être entendue, ou exprimée. Mis devant le fait accompli, Guerre ne voyait pas comment ne pas céder à un tel chant, cela serait revenu à se mentir à soi-même. Brider une telle nature n’aurait été qu’un effort supplémentaire, et la découverte d’une telle notion n’était pas sans être accompagnée d’un quelconque sentiment de sérénité et de pleinitude, comme si le simple fait de frapper et d’utiliser son Cosmos ne nécessitait au final qu’à le laisser couler de lui-même, qu’à l’écouter et à le laisser faire.

Bien sûr, la nuance était subtile que cela, auquel cas le premier venu serait aussitôt un chevalier émérite et sa présence en ces lieux, ici et maintenant, en compagnie du prophète serait totalement dénuée de sens. Mais la technique la plus ancestrale d’apprentissage n’était que le mimétisme lui-même et le Cardinal venait d’avoir une splendide démonstration de ce que pouvait être une « frappe compacte ». Il venait de comprendre cette idée de canal, il avait même sa petite idée sur comment ajouter son grain de sel, pour transformer ses faiblesses en force. Ainsi il ne pouvait pas contrôler entièrement le flux d’énergie qui émanait de lui ? Soit. Autant ne pas le gaspiller alors : jouer sur plusieurs tableaux, une force intérieure et extérieure dirigée et conduite dans un canal étroit qui ne ferait qu’augmenter l’intensité de son impact.

Le Suomi arqua ses bras pour former une sphère de ses doigts. Le Berserker se concentra, semblant figer le temps par un silence d’outre-tombe qui se démarquait dans un endroit d’ores et déjà bien silencieux. Ses paupières closes, il sentait son énergie fluctuait en lui et se dégager par l’intermédiaire de ses paumes. Il la contenait, la compactait pour laisser échapper un Cosmos bouillant et dense. Une minuscule orbe, pulsant d’une violente lumière bleue qui filtrait d’entre ses doigts quasiment joints, apparut. Par son intensité et la perception de l’énergie que l’on pouvait avoir, on devinait aisément la puissance qui pouvait résider au sein d’un volume aussi confiné. Il venait de construire le cœur de son œuvre, il ne restait plus qu’à lui offrir un manteau.

Ecartant brusquement les bras, l’orbe de Cosmos pur flottait devant lui, lévitant avec majesté dans les airs. Ses mouvements se firent amples, gracieux et décidés. Ses gestes consistaient à brasser autour du noyau bleuté, dessus, dessous, autour, sur les côtés, croiser les bras, les décroiser … Insignifiant en apparence pour un non-inité, une personne averti aurait pu ressentir les troubles dans la cosmo-énergie que lui-même dégageait, il la déplaçait, la faisant converger devant lui. Petit à petit, il la modelait, lui donnait forme comme en témoignait les effluves et ce mystérieux éther immaculé qui apparaissaient dans les air dès lors que ce dernier était fendu d’un geste. Artistiquement et non dénué d’un certain esthétisme guerrier et fascinant, une couche plus épaisse vint se former autour du cœur d’azur, un petit bout d’atmosphère imprégné d’un Cosmos qui refroidissait malgré lui tout ce qu’il entourait.

Elle était là, ce qu’il jugeait comme « sa » perfection, cette sphère de Cosmos qui à l’image d’une planète était constitué d’un noyau, d’un manteau et même d’une croute : en témoignait la glace qui avait fini par se former à sa surface. Son inspiration astronomique n’était nullement cachée, elle était même une source de fierté. Il ne lui suffisait qu’à projeter une telle œuvre d’art. La vitesse signifiait la force. Son Cosmos s’étendit à nouveau, de fines tentacule d’éther s’étirant et se nouer pour former un tube de lancement, un canal où son attaque serait accélérée pour être projetée à pleine allure contre le Prophète lui-même. La lenteur de sa création contrastait fortement avec la durée d’action elle-même, le projectile fut expulsé à toute vitesse, n’étant plus qu’un rai bleu luminescent dans une grotte éclairée uniquement qu’avec de simples torches.

- Je pense avoir saisi, Maitre.

Il était bien loin de sa faille à franchir, mais il voulait voir le résultat de ses efforts, car si son intuition était belle et bien confirmée, s’il avait saisi ces notions de densité et d’intensité alors il coûtait bien réitérer une nouvelle fois avec un concept nouveau dont l’idée plaisait d’ores et déjà beaucoup à son esprit guerrier.

Citation :

Beaucoup trop de mal à répondre à un RP si vieux qui a autant traîné... Du coup mon post est tout pourri, je l'admet. Termine à ton post quoi qu'il en soit, qu'on en finisse de ce RP.

Comme prévu, son arc de glace avait fortement repoussé le Cardinal de la Guerre. Le chevalier du même nom parvenait tout de même à s'en extraire, transformant l'entrave en de multiples petits glaçons. Pas étonnant, il ne s'attendait pas d'un Cardinal apte à plonger un camp entier sous le givre de succomber à une offensive de ce type. Mais au moins cela lui montrait-il que ce ne serait pas de toute aisance que de franchir cette faille, et qu'il y aurait assurément une riposte en face de lui. Enfin, cela n'était pas particulièrement utile à préciser, il ne faisait pas le moindre doute que Guerre l'avait déjà parfaitement saisi. Alors, Ephtal s'appliquer à lire les mouvements de cosmo-énergie au sein même de l'être de son élève. Il ressentait ainsi qu'il captait peu à peu la direction qu'il devait prendre pour être plus efficace. Mieux contenue, sa puissance se transforma en une sphère glacée qu'il travaillait pour la rendre plus efficace. Mais ce ne fut pas tout... Il construisit également de son cosmos un tube qui entourerait cette orbe, permettant d'y donner plus de vélocité encore. Une bonne idée ! Loin de la débauche avec laquelle la Guerre manifestait son énergie lorsqu'ils étaient entrés dans cette pièce, il cherchait ici réellement à utiliser les conseils du Prophète de toute évidence.

Le lancement fut alors effectué... Rapide, c'est une certitude. Et une nouvelle fois, la Mort utiliserait son cosmos pour se défendre, comme à son habitude. Son énergie qui grignoterait une fois de plus l'arcane adverse... Ce ne serait clairement pas suffisant pour ne pas en recevoir les dégâts, mais au moins l'impact de la glace en serait diminué. Privée de son élément, ce n'était plus qu'une boule d'énergie qu'il pouvait certes se permettre d'encaisser... Non sans mal cependant, la puissance étant là ! Arqué vers l'avant, il se redressa après une dizaine de secondes. À temps pour entendre la courte déclaration de Guerre.

C'était mieux, effectivement. Mais si tu veux me prouver avoir parfaitement saisi, il te reste encore une chose à faire, non ?

Ne perdant pas de vue que Guerre devait toujours franchir la ligne qu'Ephtal avait tracé, il attendait la suite.