Cette fois, il avait trouvé un moyen de passer la surveillance de Bach et, ainsi, il put parcourir les Maisons du Zodiaque. Cette fois, rien ne viendra entraver sa route, son ascension. Mais à l’inverse des autres fois, ce n’était pas pour le Grand Pope qu’il montait les marches du Sanctuaire mais pour s’arrêter dans la Maison du Scorpion. Quelqu’un l’y attendrait, il en avait l’intime conviction. Et ce quelqu’un, il souhaitait le voir depuis bien longtemps. Dans la maison du Scorpion, le Phénix devait attendre patiemment que le Dragon déferle chez lui. Mais non pour abattre sa rage, au contraire.

Montant les marches qui le conduiraient à la demeure de la Vierge, Shaokan repensait à tout ce qu’il avait traversé depuis qu’il portait sur ses épaules l’armure du Dragon. La façon dont il l’avait obtenu, la voie qu’il avait empruntée en embrassant la cause de Trifos du Lion, la raison pour laquelle il était venu au Sanctuaire il y a déjà un an… Tous ces choix se sont tous avérés être des décisions prises par pur égoïsme, par simple volonté de servir ses propres intérêts et non ceux du Sanctuaire ou de sa Déesse. Et la cloth avait fini par lui en faire payer le prix fort après qu’elle ait été reforgée par Arkás de Jamir. Bien qu’il ait pu rattraper une partie de ses erreurs passées, le chinois se doutait que pour laver aussi bien son âme que son honneur, une seule personne au Sanctuaire avait la possibilité, non, le pouvoir de le faire : Elias du Phénix.

Mais le Dragon avait comme un doute. Elias acceptera-t-il de lui accorder cette chose dont il avait besoin pour qu’il se considère, de manière définitive, comme un Saint d’Athéna ? Il l’ignorait. Le Phénix n’était nul autre que son ami de toujours et lui demander une telle action serait peut-être quelque chose qu’il ne pourra accepter facilement. Il se devait de le savoir.
Arrivant finalement dans la maison du Scorpion, le Bronze Saint scruta le moindre recoin, à la recherche d’une personne présente sur les lieux. N’apercevant rien de vivant, Shaokan libéra une légère quantité de son Cosmos, laissant émerger son énergie partout autour de son corps. Cette aura d’émeraude ne faisait pas que resplendir de toute beauté l’armure du Dragon : elle attirera l’attention de tout être se trouvant dans l’antre du Scorpion. Et, effectivement, ce fut le cas. Une silhouette se dessinait non loin du chinois, celle-ci s’approchant de lui. Fermant ses paupières et laissant naître un léger sourire sur son visage, il se contenta de lâcher un bref commentaire à la personne venant vers lui, lui montrant qu’il savait face à qui il se trouvait.

« Ce n’est pas parce qu’énormément de choses ont changé en toi que je suis incapable de te reconnaître… »

Ouvrant ses paupières, il acheva son commentaire.

« Heureux de te revoir après tout ce temps… Elias. »

- Je suis aussi heureux de te savoir en vie, mon ami. Et te revoir ici comble mes attentes.

Elias s'était approché en sentant ce cosmos si particulier. Le Dragon avait un tempérament fougueux, colérique, et cela se ressentait dans les effluves qui s'échappaient de son corps. Elias souriait à celui qu'il considérait comme un ami. Shaokan avait quelque peu disparut depuis quelques temps mais jamais la Cloth du Dragon n'était revenu au sanctuaire, preuve s'il en fallait que le porteur n'était pas mort. Et cette seule information avait suffit à Elias pour le rassurer. Le chef des Mythiques, comme il aimait s'appeler, ne pouvait se contenter de subir les affres du temps sans réagir. Et c'était pour le mieux.

La seule question que se posait désormais le Phénix, c'était de connaître la réaction de son ami concernant cette évolution toute nouvelle. Car aucun doute possible en observant l'armure que portait le blondinet à cet instant précis. Le Phénix avait atteint le niveau des Gold Saint et son armure d'or en était la preuve irréfutable. Elias s'était élevé au plus haut niveau à force de travail et de ténacité. Et sa véritable mission prenait alors tout son sens. Assagi, il l'était. Mais il n'oubliait pas le but réel du pouvoir qu'il portait. Et ce n'était pas la récente apparition de sa déesse qui avait amoindrit ce désir aussi brulant que ses propres flammes. Du changement, il y en avait eu, c'était une évidence. Mais le dragon semblait également être un homme nouveau.

- Seule l'apparence a changé, Shaokan. Mais l'état d'esprit et la nature même de ma mission restent les mêmes. Néanmoins, je ne peux cacher ma satisfaction d'être enfin parvenu à ce niveau. Et l'armure du Phénix a enfin sa véritable forme, comme tu peux le voir.

Levant sa main droite, Elias détaillait avec minutie les traits de son armure. Une véritable perfection, c'était évident. Mais paradoxalement, l'aura du Phénix semblait presque apaisé. Presque. Car on ne pouvait contenir le feu purificateur. Seulement en calmer la brûlure.

- Tu es parti longtemps, mon ami. Saurais-tu m'expliquer la raison de ce silence ? Je t'aie un jour promis assistance dans ta quête de reconstituer les Mythiques d'Athéna. Sache que mon offre tiens toujours et que je resterai ton bras armé si tu comptes toujours su moi.

Son statut d'or ne l'empêchait pas de respecter les promesses qu'il avait par le passé donné. Seulement aujourd'hui, la mission qu'il avait prenait plus d'ampleur que jamais. Le Grand Pope était prioritaire après tout.