Plus aucune commande de mon corps ne répondait. Le combat que je venais de mener avait été rude et pourtant j'avais l'impression que je ne m'étais absolument pas utile à mes camarades. J'étais tombé. J'avais donc failli à ma tâche. Je ne méritais donc pas de porter cette scale. Aurais-je au moins vraiment vaincu ce Rune sans l'aide du cardinal ? Mon corps n'avait beau pas répondre, mon esprit, bien qu'embrumé, arrivait à faire certaines choses. Et notamment penser à cet échec cuisant. Puis bientôt même lui ne fonctionna plus.

Je sombrais au fin fond de l'inconscience. L'abime de noirceur m'entourait totalement. Bizarrement j'avais chaud. Alors que je venais de m'effondrer dans les montagnes gelées du royaume d'Odin. Était-ce la mort ? Venait-elle déjà me chercher, alors qu'il y a quelques temps elle me laissait m'échapper ? Pourquoi me prenait-elle maintenant, quand je réalisais mon destin, alors qu'elle aurait pu me faucher ce fameux jour où je m'étais enfuit et que je recevais une flèche dans le dos ? Pourquoi aujourd'hui ? Par moquerie ? Pour me prouver qu'on ne lui échappe pas ? En attendant je trouvais cela ironique. J'allais m'éteindre alors que je réalisais mon rêve.

Puis soudain dans cette noirceur absolue, j'entendais comme une marée monter, enfin je n'étais pas sûr. Le bruit semblait venir de loin. Puis mon visage fut aspergé d'eau alors que je distinguais comme une lumière au loin. Je m'approchais d'elle mais je rebroussais vite chemin. J'étais dans un océan ça ne faisait aucun doute. Mais vu le degré d'obscurité, je ne devais pas être proche de la surface. C'est alors que je le vu. Un énorme monstre marin fondait sur moi la bouche grande ouverte, prêt à me gober. Je commençais donc à nager mais rien n'y fît. Il était plus rapide. Quelques secondes plus tard, il m'avalait tout cru.

Je me réveillais en sursaut et me redressais sur le lit dans lequel j'étais étendu. Mais je me recouchais immédiatement en grognant de douleur. Je portais ma main aux côtes. La douleur me fit monter les larmes aux yeux et s'estompa quelque peu quand mon corps se reposa de nouveau sur le matelas. C'est alors que je le vis. Arion, le jeune autre Marina qui était en mission avec moi. Il avait à la main un bandeau humide et à en juger par la tête qu'il faisait, il n'était pas dur de deviner que je l'avait surpris.

Ma main sur mes côtes me permit de constater que j'avais un bandage autour du torse et des épaules. Je grognais de nouveau en me tournant vers lui :

"Merci de m'avoir sauver. Je suis ton humble serviteur jusqu'à ce que tu estime ma dette payée."

Mes habitudes d'esclave étaient encore bien présentes et ma voix avait un étrange son rauque. Comme si je n'avais pas bu depuis plusieurs jours. Je continuais :

"Depuis combien de temps suis-je endormi ? Désolé d'avoir failli à mon devoir."

La dernière phrase, je baissais les yeux. Pourquoi me sauver alors que je servais à rien ?

Arion avait lui aussi de nombreuses blessures et sans aucun doute une grande fatigue. Il avait d'horribles cernes sous les yeux et semblait prêt à s'endormir à tout moment. Le lieu où nous étions m'étais totalement inconnu mais il était calme et paisible. D'une petite fenêtre filtrait le soleil qui faisait aussi entrer la chaleur. J'observais la pièce quelques secondes le temps qu'arion m'amène une assiette avec du poisson et une cruche d'eau.

Dans un coin je constatais qu'il y avait ma scale. Elle n'avait pas sa forme de totem ce qu'il voulait dire qu'Arion m'avait déshabillé. Je rougissais instantanément. Mon cerveau réagissait de nouveau presque normalement. Je n'avait plus de vêtements sur moi. Par conséquent il m'avait vu dans le plus simple appareil. J'étais horriblement gêné moi qui était d'habitude très pudique. Mais bon il n'avait pas eu le choix. Il m'avais soigné et je lui en étais absolument reconnaissant.

Je prenais un verre d'eau, puis un second, et une troisième. Sans m'en rendre compte, je finissais la cruche en quelques secondes. J'avais vraiment soif. Mais les effluves de l'odeur dégagée par le poisson rappela aussi à mon estomac à quel point j'avais faim. J'en goûtais un petit bout et avant de finir de le manger je regardais Arion. J'avais constater qu'il n'y avait qu'un seul lit dans la petite masure.

"Il est vraiment très bon et je ne saurais jamais comment te remercier de m'avoir sauvé. Je vais me lever et te laisser la place."

Je posais l'assiette sur la même table que la cruche et m'extirpais difficilement du lit. Une fois mes pieds sur le sol, je remarquais que je ne portais même pas de pagne. Je tirais donc à moi la couverture et rougissait de nouveau. Je me levais difficilement et refermais la couverture autour de moi me dirigeant vers une chaise vide sur laquelle était disposait un long drap. Je le glissait autour de ma taille et remettais la couverture à Arion. Puis je passais le drap de façon à le lasser en toge romaine.

"Je vais surveiller dehors au cas où. Repose toi mon ami."

Je rejoignais l'extérieur et m'asseyais à l'abri d'un arbre en scrutant l'horizon, remerciant Poséidon de sa bonté et le priait de veiller son mon camarade si jamais mon attention faiblissait.

Spoiler:

J'avais vraiment eu honte. Mais pour Arion, cela ne semblait pas le gêner le moins du monde. Il rigolais de bon coeur ce qui me tira un sourire. Après tout il avait raison. S'il ne m'avait pas retirer mes vêtements, il n'aurait pas pu me soigner. Du coup je serais sans aucun doutes mort.

Quelques minutes après être sortie, je rentrais doucement afin de ne pas gêner Arion. Il dormais sur le vieux fauteuil. Je le prenait délicatement dans mes bras en me retenant de grogner et je le plaçait dans le lit. Ça devait être bien plus confortable. Et vu l'effort qu'il avait fournit pour me protéger, me soigner et me veiller, c'était la moindre des choses que je puisse faire.

Ensuite je me tournais vers mon armure et l'appelait à moi. Elle se plaqua sur chaque parcelle de mon corps et je ressortais en silence. Je m'adossais alors contre un poteau en pensant à mon échec. Je m'excusais d'abord auprès de mon armure en faisant vibrer son énergie à l'unisson de la mienne. Je lui demandais pardon pour mon échec et la remerciait de m'avoir permit d'avoir la vie sauve malgré mes nombreuses blessures.

Puis je me dirigeais vers l'eau. Sur la rive, je mettais genoux à terre et implorais Poséidon de me pardonner mes offenses. Je ne m'étais absolument pas montré à la hauteur de ce qu'il attendait de moi. Tout comme Arion, ma scale me signifia le contraire. Pour elle j'avais très bien travaillé. Était-ce la la volonté du dieu des mers qui se manifestait à travers ma cuirasse ? Je ne saurais le dire. Cependant, je continuais longuement ma prière.

Quand je rouvris les yeux, le crépuscule envahissait la zone. Mon estomac montra une nouvelle fois son mécontentement du fait que je l'abandonne. Je plongeais alors ma lance à la main et repérais grâce à des ultrasons émis par mon armure un banc de gros poissons non loin. Me mouvoir dans l'eau me semblait encore plus simple maintenant que je faisais partie des serviteurs du Maître des océans. Alors que je prélevais un léger tribus autour de l'île, je remerciais Poséidon de me laisser chasser sur son territoire.

Puis je remontais de nouveau à la surface et faisais cuire les poissons. J'en mangeais deux et passais la tête à l'intérieure de la bicoque pour voir si Arion était réveillé. N'étant pas dans ce cas là, j'enfermais les deux poissons restant dans une feuille de cocotier pour cacher l'odeur qui aurait attiré les mouettes et autres oiseaux. Puis je revenais prêt de la maison où je m'adossais contre le poteau. Je surveillais la moindre émanation cosmique qui m'aurait signalé un présence autre que celle de mon ami. Mais rien. Les heures passèrent et rien ne se déroula. Si ce n'est bien sur que je m'endormais sans m'en rendre compte.

Je me réveillais quand je sentis quelque chose me bouger. Je reculais vivement prêt à me battre mais c'est Arion qui apparu dans mon champs de vision. Je baissais la garde et souriais. Il avait meilleure mine. C'est alors qu'il me parla :

"Bah alors l'ami! On pique un roupillon ? Elle est belle la garde, hahaha... Au fait j'ai pas eu le temps de te dire, mais la garde elle est inutile ici. On est sur l'Ile aux Goéland, c'est ici que j'me suis entrainé, elle est sous le protectorat de Poséidon. Bon si tu t'en sens capable on rentres demain? Au fait j'ai pioncé combien de temps ?"

Je passais une nouvelle fois pour un incapable. Je baissais les yeux. Même si la garde était inutile, je m'était endormi. Et si un ennemi était arrivé même si c'était impossible. Sur une toute autre île nous aurions été mort. Je m'en voulais. Je lui répondais sans lever les yeux, me contentant de lui lancer la feuille de cocotier dans laquelle j'avais gardé ses deux poissons :

"Tient pour toi. J'espère que ça te plaira. Excuse moi encore de faillir à mon devoir. Je n'aurais jamais dû m'endormir. Pour te répondre cela fait un jour que tu dors."

Arion semblât content que j'ai pensé à prendre de quoi nourrir son estomac. Je rigolais. Sa façon de parler était vraiment étrange. Après son petit déjeuner, je me décidais à me détendre un peu. Je m'allongeais sans ma scale sur le sable. Je profitais de tout le calme qu'offrait ce lieu. C'était revitalisant. Rien ne venait troubler ce plénitude. Je me concentrais néanmoins parfois pour analyser les environs. Ont avait beau être sous le protectorat de nôtre maître, si un dieu voulait nous casser les noix il pourrait très bien y envoyer des soldats.

Je pensais notamment à Odin. Il avait déjà souillé notre sanctuaire. Alors une petite île vous pensez bien que ça ne l'arrêterais pas. Dans l'après-midi, Arion s'en alla pêcher. Il ramena un énorme poisson qu'il fît cuire pour le soir entourait d'herbes aromatiques. Quand j'y goûtais, je trouvais cela excellent :

"Waouh t'es vraiment un super cuistot. Comment t'as appris tous ça ?"

Il me répondit rapidement toujours de sa façon de parler étrange. Je rigolais de nouveau. A côté de lui j'avais l'air bien strict. Je parlais toujours extrêmement poliment. Cela me venais de mes années d'esclavages. La nuit tomba et bientôt je sentis le sommeil me gagner. Vu la chaleur ambiante, je ne rentrais juste dans la bicoque que pour prendre une couverture. Je ressortais et l'étendais sur le sol juste devant la cabane. Puis je m'endormais.

Le lendemain, Arion en tête, nous regagnions notre sanctuaire. Une fois à destination, Ce dernier m'annonça qu'il prenait une route différente de la mienne. Je lui serrais la main et le remerciais de tout coeur. Puis, heureux d'être de retour sain et sauf, je me dirigeais vers le pilier de l'atlantique sud. J'étais vraiment content d'être ici vivant. Mais en même temps, je ne savais pas quel accueil allait me réserver le seigneur Orpheus. Serait-il mécontent de ma chute ? Ou bien verrait-il là dedans un simple besoin pour vaincre un ennemi puissant ?