Je venais de rentrer dans la citadelle. J'étais allé faire un tour de garde en extérieur. Enfin disons surtout que j'avais décidé d'aller voir si personne ne méritait que je lui botte l'arrière train. Et à ma grande déception je ne trouvais rien d'anormal. Même pas un pecor qui prend la fuite en voyant sa mort arriver alors que ma présence se fait sentir. Et en même temps je ne m'éloigne pas trop. On ne sait jamais si l'appel de maître Casshern se fait entendre je préfères être dans le coin. Je reste à contempler l'imposante porte d'obsidienne pendant un moment. J'aime cette structure. Elle donne déjà un point d'honneur à faire comprendre à nos adversaires ce qu'ils vont trouver à l’intérieure. Une noirceur infinie synonyme de leur mort douloureuse et violente.

Je posais la main contre cette dernière en souriant. Les gardes se demandent ce que je suis en train de faire mais je n'ai que faire de ce qu'ils pensent. Au contraire. Je les ignorent royalement et pose mon front contre la porte et adresse une prière silencieuse à Arès. Que cette porte soit toujours symbole de la puissance de sa citadelle et que jamais ses guerriers ne faillissent à leur sainte tâche de protéger ce lieu et de lui faire honneur. Puis après cette petite prière j'entre dans la citadelle.

J'en arpente les longs couloirs dans l'idée d'aller voir mon maître au cas où il ai besoin de quelque chose et de revêtir mon armure. Mais au détour d'un couloir, je croise cette jeune femme. Elle semble sortir d'un combat ou d'un entraînement car elle a quelques écorchures et de légères blessure. Son armure est tout comme sa porteuse, simplement splendide. Elle est légère, dégage une lumière agréable. La jeune femme elle semble maligne, prête à tout. C'est ce que j'aime chez les gens. Qu'ils sachent ce qu'ils veulent.

Je m'approche alors d'elle un sourire aux lèvres :

"Je me nomme Adreus. Puis-je vous proposer mon aide ?"

Oublie-t-on le premier jour de sa vie sur terre ou a-t-on juste du mal à s'en souvenir? Depuis ce jour, Phantasia n'avait jamais connu de répit. Elle ne connaissait ni le repos, ni paix ni loi. Juste un calvaire continu, un cauchemar dont on arrive pas à se réveiller. Méprisait-elle les hommes pour autant? ... Seulement certains. Seuls ceux qui avaient perdu la foi, ceux qui vous regardent de haut et ne voient vous qu'un outil de plus... Ceux qui ne reconnaissent plus la personne, qui refusent de voir l'autre face à eux.... ceux là sont les vrais monstres de ce monde. Car se sont eux qui vous condamnent à être une créature à leurs yeux et c'est par eux que l'humanité est contaminé par ce virus monstrueux. Se sont donc eux les porteurs de la maladie et leur origines, les être défaillants.

Phantasia arpent les couloirs sombres, errant sans but précis. Elle avait juste besoin de marcher. Au dehors, le crépuscule pointait, baignant le ciel d'une magnifique teinte orange et pourpre. C'est une heure qu'elle appréciait beaucoup, mais de là où elle était, on ne peut pas voir le ciel... le peut-on? Aucune idée puisque la jeune femme était tout simplement perdue! Ah cette saleté de renard, il se fendait la poire jusqu'aux oreilles dans son dos hein! Imbécile de kitsune! Dans quoi s'était-elle embarquée? ce monde la dépassait, mais il lui faudrait bien apprendre...

A peine arrivée, on l'agressait déjà. Etait-elle tombée chez des tarés ou quelque chose comme ça? Et pourtant quelque chose ici la retenait, irrésistiblement... Elle était perdue dans ses pensées et le renard s'était bien garder de lui laisser percevoir le cosmos du jeune homme qui s'approcha d'elle. Aussi sursauta-t-elle lorsqu'il s'adressa à elle.

"Huh?! Qui?!"

Elle se retourne un peu brusquement pour faire face à son interlocuteur. Oui, elle était très nerveuse après être sortie de son combat face au sarcophile, d'entrée après son arrivée. On était pas à l'abri d'un autre fou...

"Un... jeune homme?"

Oui. Un adolescent, pas encore un homme. Innocent? Elle n'aurait su le dire. Aucune homme ne l'était à ses yeux puisque même les enfants peuvent être cruels. Cependant, ne sentant pas d'intentions hostiles, elle tente de reprendre contenance. Adreus hein? Curieux prénom. Voilà longtemps qu'on ne lui avait pas parlé avec tant d'égard... enfin... à part le renard.

"Je... je cherchais juste un peu d'air frais. Je vais paraitre bien sotte mais je crois m'être perdue."

La jeune femme semblât fort surprise de ma présence et même de mon attitude. Je lui souriais pour la mettre en confiance. En aucun cas je ne voulais lui faire de mal, encore moins lui faire peur. Par politesse et afin qu'elle ne se sente pas oppressée, je ardais une certaine distance. Je ne voulais pas qu'elle me prenne pour un taré.

Et oui même moi je savais avoir du tact. Et puis mon père m'avait toujours dit de respecter les femmes. C'est bien là le seule enseignement qui ne l'aura pas conduit à sa mort. Je m'inclinais donc poliment face à la jeune femme :

"Je me nomme Adreus, cuirasse de la mante religieuse et guerrier du seigneur Casshern."

Un peu plus de précision ne pouvait pas faire de mal. On croise des gens si bizarre ici parfois que je comprend que ce soit déroutant. Et puis lui dire que nous étions dans le même camps ne pouvait que la mettre en confiance. Je relevais la tête et lui demandais toujours en souriant :

"Qui vous a donc fait cela jeune demoiselle ? Voulez-vous de l'aide ?"

Je trouvais vraiment dommage qu'on ai blessé un si jolie brin de fille. Mais bon il y en a qui ne se gêne pas. Vraiment parfois les gens sont cruels. Ce fût alors elle qui prit la parole. Elle me dit chercher un peu d'air frais mais qu'elle avait perdu son chemin. Je lui tendais alors ma main :

"Si vous le souhaitez je vous mènerais à l'air libre gente demoiselle."

Il faut savoir se montrer galant parfois. Et bien que je sois quelqu'un de très dur, qui ne laisse aucune place à la faiblesse et à l'erreur, il y a quelque chose en moi qui m'empêche de faire du mal aux femmes. Pourquoi ? Je ne saurais dire. Peut être est-ce comme cela que je me rappel encore de mon père. Que je fais perdurer son enseignement malgré le fait que je n'ai aucun regrets de l'avoir assassiné.

Elle lui sourit riant un peu nerveusement. Il était rassurant de voir enfin un visage amical. Un peu d'humanité en vérité. La renarde n'était pas si farouche, mais peut-être apprendrait-elle à l'être. Ce jeune soldat était étonnement galant et gentil... trop gentil peut-être? Etait-il sincère ou lui tendait-on encore un autre trac-nard? Mais bon dans l’ensemble, elle n'avait pas à se plaindre de l'attitude de ce soldat là.

"Vous m'avez déjà donné votre nom, cependant je n'avais pas connaissance de votre grade."

La mante religieuse? Curieusement elle aurait imaginé une femme dans ce rôle. Quel pouvait être sa tactique en combat? Car oui, même si elle était pas intimidée par cet univers... Merveilleux? Phantasia était très curieuse de nature et elle avait soif d'apprendre. Plus elle en saurait et plus elle accumulerait de puissance. Chaque expérience la rapprochait un peu plus de sa liberté et elle était déterminée à avoir assez de mou pour ne plus tirer sur la laisse.

C'est alors que le jeune Adreus remarqua les quelques plaies encore sur sa peau. Mais malgré tout, elles étaient moindres. Comparé à ce qu'elles avaient été lors de sa rencontre avec le sarcophile, les cicatrices avait déjà bien disparues.

"J'ai... fais une mauvaise rencontre. Un homme m'a agressée alors que je venais d'arriver ici. "

Elle Passe une main sur ses blessures et tire le tissu de ses habits pour recouvrir celles ci, le regard fuyant. Elle se sentait défigurée et n'aimait pas qu'on la toise dans de telles circonstances. De même, elle devait avoir l'air bien misérable pur qu'on la prenne ainsi en pitié. Phantasia n'en teint pourtant pas rigueur à Adreus. La renarde s'adaptait à la personne qui la côtoyait. Elle avait pris pour habitude de donner les bonnes réponses, dire ce que les gens veulent entendre afin que chacun y trouve son compte qu'on lui fiche la paix... Une simulatrice en quelques sortes. Mais ce style de vie ne lui plaisait pas forcément pour autant.

"J'accepte l'invitation avec plaisir, voilà des heures que je tourne en rond."

Oui... Un peu d'air frais lui ferait le plus grand bien. Après toutes ces émotions elle avait grand besoin d'un bon bol d'air frais! Elle se lève et suit donc Adreus dans le dédale, gardant ses mains crispées sur les plaies à ses bras.

Citation :

Repos 2/3

Quand elle m'annonça qu'on l'avait agressé un rictus de mépris et de haine passa dans mon regard. J'avais beau être un sauvage, jamais je ne m'en prenais aux femmes. Alors qu'un autre ai pu le faire me révoltais quelque peu. Je regardais autour de nous pour voir si par hasard un autre homme passait dans le coin avec quelques blessures. La gente dame ne s'était pas sans doute laissée faire. Mais je ne vis rien. Par contre si je le voyais il risquait de passer un mauvais quart d'heure.

Ensuite elle accepta que je la mène à l'air libre. Je lui prenais poliment la main et me dirigeais vers la sortie. Les gardes allaient se demander ce que je faisais mais j'en avait que faire. Et puis s'ils râlaient je me promettais intérieurement un carnage. Même si ce n'est pas le combat dont je rêvais, je voulais tester mes capacités. Je n'en avais pas eu l'occasion depuis mon arrivée ici.

Une fois devant les portes d'obsidienne, j'en ordonnais l'ouverture et menais la jeune femme à l'extérieure. Comme je le pensais les gardes me regardèrent intrigués. Je souriais et leur intimé de regarder ailleurs :

"Cela vous gène que je sorte ? Regardez ailleurs vous n'avez pas le mérite de regarder cette jeune femme ou moi même."

Le garde s’exécuta et je rejoignais la jeune femme :

"Vous allez bien ? Je peux vous être utile à autre chose ?"

Je m'asseyais sur une pierre non loin de là assez grosse pour nous accueillir tous les deux en se serrant un peu. Je faisait signe à la jeune femme de me rejoindre en souriant :

"Je ne vous ferez aucun mal. Venez vous reposer à mes côtés en contemplant ce paysage."

Je ne pouvais m'empêcher de penser à l'ironie de cette situation. Le seigneur Arès avait un drôle de sens de l'humour. J'avais beau comprendre que la guerre était la chose la plus belle du monde, je ne comprenais pas qu'il choisisse des femmes tout aussi belles pour la mener.