Au vu et au su des derniers évènements récents, riches en affrontements et en combats de tout genre, les moments d’accalmie commençaient à se faire rares au sein de la Citadelle d’Arès. Ce constat était vrai au point que même une engeance comme Guerre ne pouvait le nier, c’est pourquoi ce dernier cherchait, comme tout le monde, a pouvoir profiter de tels instants privilégiés. Si d’aucuns passaient le plus clair de leur temps à s’entrainer ou à visualiser le prochain carnage qu’ils allaient commettre, il était comique de s’apercevoir que le Cardinal des Flammes s’attelait à une distraction beaucoup plus « pacifique », avec toute l’ironie que l’on pouvait y déceler.

Le Suomi était équipé de sa lourde armure, laquelle semblait pourtant ne pas tant entraver ses mouvements que l’on aurait pu le croire, si l’on jugeait un instant de sa posture : assis en tailleur. Ainsi, le Berserker flottait à quelques centimètres du sol alors que rien n’aurait laissé présager qu’un tel poids puisse être soulevé et maintenu dans les airs avec autant de facilité. Devant lui, une simple petite table : où plutôt un bloc de pierre à l’allure parfaitement cubique. Sur ce dernier reposaient plusieurs jeux de toutes cultures : un jeu de go, un jeu de shogi et un plateau de senet. Le Cardinal semblait se pencher sur ces trois stratégies en même temps et affronter … son heaume. Ce dernier reposait sur un cube de marbre noir et faisait face à son possesseur.
Les pièces se déplaçaient comme par enchantement et un chevalier initié distinguerait aisément les minces filets de cosmos qui émanaient de chaque entité pour déplacer les frêles figure de pierre, porcelaine et de bois. N’importe qui aurait déduit, à juste titre, que le vaisseau et l’armure s’affontaient l’un l’autre. C’était exact, une fois n’était pas coutume, la fusion était un tant soit peu abandonnée pour que chacun puisse se divertir et se mesurer à l’autre élément de la symbiose.

Le paysage était donc plutôt cocasse et il était subjuguant de constater le calme qui se dégageait d’un tel spectacle. Le froid semblait offrir un cadre privilégié, la paleur du gel mettant en avant les deux éléments centraux de la pièce alors que les flammes bleues pourléchaient les parois de l’antichambre avec une sorte d’harmonie qui ne faisait qu’instaurer une sorte de sérénité si l’on considérait les reflets quasi-aquatiques qui habitaient la roche.
Etait-on réellement dans l’antichambre des flammes, lieu élu par le Cardinal de la Guerre ? Beaucoup de gens s’imaginaient là un lieu sombre et obscur, semblable aux Enfers où un Guerre à moitié fou aurait dansé éternellement au sommet d’une pile de crânes en buvant du sang dans ces derniers avant de pourfendre quiconque aurait pénétré son royaume. C’était un cliché sur lequel le Cardinal adorait jouer et observer la mine déconfite et frustrée de ses visiteurs était un de ses passe-temps favoris.
Pourtant, les lieux étaient bien plus dangereux qu’il n’y paraissait, en effet, le Cosmos du Général inondait les lieux. Ainsi, le premier passant aurait été dans un premier temps frappé, saisi et transi par la froideur extrême qui régnait avant de « le » sentir. De sentir ce sentiment qui naissait en lui, cette idée qui devenait envie puis désir pour finalement être une obsession. Cette soif de combat qui montait petit à petit, taillant sa place dans l’esprit des visiteurs pour parasitait lentement la réflexion même. C’était un petit poison, une drogue douce que l’on ne soupçonnait pas sauf si l’on se posait les bonnes questions suffisamment tôt. Il ne fallait pas voir une pulsion sadique qu’assouvissait par là le maitre des lieux, mais simplement une manière de « partager les points de vue ».

Ainsi il n’était pas rare que quiconque traversait l’antichambre des flammes puisse subir de violents flashs empreints d’images de violences et de combats. Tout l’art résidait dans le fait de découvrir s’il s’agissait du passé, de son passé, d’un présent, du futur ou de son propre futur …

Non loin, il sentait déjà leur Cosmos ... à eux ... ses élus.