Le Temple d'Odin, le nouveau gardien de ce sanctuaire. Bien que récemment promu en tant que guerrier d'Alpha, Haldor portait déjà une très grande importance à cette mission qui lui avait été confiée. Sans doute une réminiscence de ses anciennes fonctions qui voulaient qu'il soit également le protecteur de la Tour du Nord. Il était curieux de voir que même un puissant soldat comme lui avait besoin d'une mission pour se sentir en vie. Il avait beau ne pas y penser, il avait été formaté pour être ce qu'il était aujourd'hui. Et cela ne lui déplaisait pas. N'ayant connu que ce type de situation, il ne pouvait que se complaire là dedans.

De toute évidence, la Haute Prêtresse ne s'était pas moqué de lui. Et le Grand Seer avait confirmé les propos de celle-ci. En sa qualité de guerrier d'Alpha, il risquait d'être au centre des prochaines discussions. Et pas seulement parce qu'il avait remplacé au pied levé l'ancienne guerrière de cette Godrobe. Sa taille hors norme, son physique atypique, le fait qu'il soit un ancien serviteur du dieu Apollon... Autant de raisons de parler dans son dos et de se défier de lui. Si le premier cas, il s'en moquait, le second lui posait déjà plus de problèmes.

Bras croisé à contempler la falaise qui se trouvait derrière le temple, Haldor réfléchissait sur sa situation. Il en était arrivé à la conclusion qu'il se ferait une place de choix parmi cette élite. Qu'il soit accepté ou non n'influait guère sur ses capacités martiales. Et à ce sujet, il était certainement le plus expérimenté de tous. Ou peu s'en faut. Ils n'auraient donc pas le choix. Un bruit attira alors son attention. Reprenant la pleine conscience de son esprit, il perçut un cosmos à proximité de son sanctuaire. S'approchant de la source, il repéra en premier lieu la couleur de ses cheveux. Bleu. Mais ce type ne semblait pas le chercher. Comme si on l'avait posé là en lui demandant de faire ce qu'il voulait. Sa rigueur militaire inculquée par les Romains reprenant le dessus, il se rapprocha de lui, le regard froid.

- Hey ! Qu'est-ce que tu fous là, gamin ?

Il existait des accueils plus chaleureux, c'était évident. Mais à l'image de l'élément qu'il contrôlait, Haldor ne faisait aucun cadeau. Allié ou ennemi, cela ne faisait aucune différence. Tant qu'on respectait certains principes, il n'y avait rien à craindre. Mais cet inconnu remplirait-il ces conditions ? Il le saurait bien assez tôt.

Une démarche pesante, les épaules larges, la coiffe flattant les nuages... C'est ce que nous nous représentions de nous-même en cet instant, comme à chaque fois que nous laissions un instant la place à Jormund. Dans cette tête, nous étions un véritable colosse, un monstre, une force de la nature, robuste et puissante à la fois. Ce qui ne reflétait pas réellement la réalité, mais nous n'avions aucune prise là-dessus. Ce jour, nous poursuivions dans notre quête de la découverte du territoire des Guerriers Divins, des différents espaces qu'ils avaient à protéger. La forêt n'était pas une source formidable d'amusement même si ça n'avait finalement pas été tant désagréable, mais nous désirions voir plus aujourd'hui. Un endroit bien plus stratégique et prestigieux que notre pauvre caverne volcanique. Certes, nous pouvions nous enorgueillir de ne pas craindre le froid là où nous logions, mais ça manquait tout de même cruellement de classe pour un être tel que nous ! Alors pour certains cela n'était qu'une visite de curiosité, mais d'autres espéraient pouvoir peut-être mettre la main sur la personne dirigeante afin de lui demander s'il était normal que nous devions nous contenter de cette cache là où d'autres pouvaient tranquillement se reposer au palais en attendant que les autres se tapent tout le boulot. De quoi nous mettre tous d'accord pour une fois...

Les marches du palais furent donc gravies les unes après les autres, d'un pas lent et lourd. Et il ne fallut pas longtemps avant que l'on vienne nous accueillir... Nous nous passions la paume sur le bas du visage, nos doigts effleurant cette vieille lésion qui nous défigurerait pour toujours. Notre voix se faisait exagérément grave comme nous forçâmes nos cordes vocales à le faire.

Gamin ?! Yahahahahah ! T'es un marrant toi, je t'aime bien déjà !

Le rire gras, le côté bon enfant... Jormund était sans doute le plus apte de nous tous à répondre à ce genre d'accueil. Si cela avait été Yzak, nous aurions sans doute trouvé le moyen de perdre la vie ici et maintenant... Encore que là, rien n'était garanti...

Alors comme ça, c'est toi le geôlier du coin ? Sympa hein, plutôt cossu ! Oh, au fait, moi c'est Jormund, Guerrier Bêta. Enfin, Guerrier de l'étoile de Bêta, c'est ça, ouais ! Yahahahahaha !

Pour aller avec ce rire bourru, nous nous permettions de coller un tape amicale dans le dos de notre hôte. Entre gars de même gabarit, on pouvait se le permettre non ?

Quel ridicule petit personnage... Sa façon de marcher n'allait absolument pas avec le physique de ce maigrelet qui, même s'il n'était pas si fin que ça, restait chétif en comparaison à la stature imposante du colosse. Mais au moins ses propos arrachèrent un sourire à Haldor qui voyait là un type qui s'assumait. Ce qui était suffisamment rare pour ne pas être écrasé sur le champ. Au moins il avait maintenant nom et armure pour se faire une idée de l'identité du type. Du moins plutôt le nom, n'étant pas encore tout à fait instruit sur l'ensemble des armures divines composant cette armée. Quant à cette tape amicale, ma foi, rien de bien extraordinaire pour dire vrai.

Jouant son jeu, Haldor lui rendit sa tape. Une claque bien virile, bien costaud, afin de répondre à celui qui était venu sur son territoire. Restait cependant à lui retourner sa politesse. Car le terme geôlier était quelque peu étrange dans ce contexte. Le temple d'Odin n'avait rien d'une prison et il s'agissait pour dire vrai de l'endroit le plus important du royaume d'Asgard. Car la statue du dieu nordique n'était pas loin et qu'elle était une clé importante du dispositif du Grand Seer.

- Jormund hein... T'as une grande gueule mais c'est pas moi qui vais te faire la leçon. Moi c'est Haldor, guerrier de l'étoile d'Alpha. Et t'as raison, ici c'est chez moi. En quelque sorte.

Haussant les épaules, il désignait du bras l'ensemble de ce qui se trouvait sous leurs yeux. Au moins avec ce Jormund, il n'y avait pas de protocole à suivre. On restait nature et on ne se prenait pas la tête. Exactement comme le faisait le colosse lui-même. Ce qui était pourtant étrange, c'est que le gars n'avait pas reconnu sa Godrobe. Pourtant, sur l'ensemble des guerriers divins qu'il avait pu croiser depuis son arrivée, ils avaient tous reconnus l'armure sans la moindre exception. Peut-être que le môme était aussi nouveau que lui après tout... Ce constat l'amusait étrangement. Non pas parce qu'il y avait quelque chose de comique mais plutôt parce qu'il y avait moyen qu'il ne soit pas le seul à avoir été embarqué dans cette galère sans savoir où il avait mit les pieds. Il avait beau être bizarre, il avait quand même une bonne gueule. Et cette cicatrice ne gênait pas le géant, quoi qu'il puisse se demander la nature de celle-ci.

- T'as l'air nouveau mon gars... Je me trompe peut-être mais tu m'as l'air de débarquer. C'est la même pour moi. Pas dégueulasse comme endroit. Et ton épaule ? Ça va ?

Du menton, il désignait le membre en question. Et ce n'était pas sans raison. Car c'était à cet endroit précis qu'il lui avait claqué l'épaule afin de lui rendre la politesse. A bien y réfléchir, peut-être qu'il aurait été plus intelligent d'éviter ce geste. Mais voilà, le colosse s'était laissé emporté au même titre que Jormund, oubliant un bref instant la différence de corpulence.

Voilà un retour de flammes auquel nous ne nous attendions pas vraiment. Celui qui se présentait comme Haldor ne paraissait pas avoir mal pris notre petite tape amicale, plutôt du contraire. Sa réponse musclée toutefois était bien plus adaptée à ce que Jormund pensait être plutôt qu'à notre corpulence réelle, ce qui provoqua une situation plutôt gênante à vrai dire. En effet, dès que l'épaisse main de l'Alpha rencontra notre épaule, nos pieds ne touchèrent plus sol... D'ailleurs, plus aucune partie de notre corps n'avait de contact avec le plancher, jusqu'à ce que notre visage finalement ne crée à nouveau une jonction avec celui-ci. Rapidement rejoint par nos genoux puis le dos de nos mains, le fessier relevé par la force des choses dans une pose plus que grotesque. De quoi vexer Jormund s'il avait encore été à la tête, mais ce fut comme si le choc l'avait propulsé de son siège si bien qu'il n'était plus à l'honneur. Pour autant celui de nous qui reprit la place sur le trône ne fut pas Yzak, le plus habituel, le leader parmi nous. Chose étonnante d'ailleurs, sans doute provoqué par l'importance du coup et le poids de la surprise... Nous nous laissions tomber sur le côté avant de nous installer en tailleur, frottant de la main notre épaule au travers de notre épaulière - et donc geste sans aucune utilité réelle, sinon psychosomatique. Notre voix n'était plus forcée dans les tons graves, se faisant plutôt chantante bien que reprenant des tonalités plus habituelles.

La nouveauté est un concept bien discutable. L'inconnu n'est-il pas nouveau par définition ? Ainsi, nous sommes nouveaux l'un par rapport à l'autre, indiscutablement.

Nous nous relevâmes en grimaçant quelque peu. Heureusement que notre épaule n'était pas démise, c'était toujours ça... D'autres n'auraient peut-être pas ressenti autant la douleur par force d'habitude, mais c'était ainsi, Edwald était le plus douillet de nous tous. Trop fier, il ne l'avouerait pas du moins...

Si l'on en croit la logique du moins, nous ne devrions pas être si éloignés ! Tel le A et le B, nous sommes sans doute plus proches que nous le pensons, n'est-ce pas ? Certes différents par l'apparence, mais il est évident que rien ne pourrait se placer entre eux, car il en est ainsi depuis que le monde est monde ! Proches, tout simplement ! Proches comme un luxueux palais et une grotte reculée pour l'instant, traitement injuste pour le canasson ardent.
Question ! Lézard à la coiffe enneigée, je fais des envieux. Parfaitement positionné malgré mon trio de crânes creux. Dernier rempart désigné après bien des preux. Agissant en dernier je ne me foule que peu. Qui suis-je ? Shishishishi !

Ow... Nous marchâmes avec une démarche élégante devant notre interlocuteur lorsque cette moquerie mal placée fit soupirer quatre d'entre nous pendant que le dernier se contentait de rire à haute voix. Une énigme détestable qui pourrait nous attirer des ennuis à tous...

- Hein ? Mais t'as pété un boulon ou quoi ?

D'accord, il y a meilleure façon pour exprimer son étonnement. Mais c'était sorti tellement naturellement que Haldor n'avait même pas cherché à retenir ces mots. Il faut dire que celui qui s’était présenté sous le nom de Jormund venait tout simplement de changer du tout au tout. Pas physiquement bien sûr. Mais sa posture, sa façon de parler et son comportement changèrent. Prenant de court le colosse argenté. Le flux qui suivit ne fut pas plus clair pour Haldor. Mais il écouta et tenta de décrypter ce qu'il lui disait. Alpha et Bêta. Jusque là, c'était cohérent. Vint ensuite le petit reproche sur ses propres conditions de vie. Du moins est-ce ainsi qu'il le comprit. Car si l'Alpha avait comme domaine le temple de Odin, il apparaissait désormais comme évident que Bêta critiquait sa propre affectation. Laquelle était-ce ? Ce n'était pas encore clair mais il comptait bien en apprendre plus.

Si l'état d'esprit du géant était encore à écouter ce pauvre bougre, il changea rapidement en comprenant la solution de cette énigme. Lézard, trois crânes creux et l'allusion évidente au fait qu'il était le dernier rempart de ce sanctuaire. Son sang ne fit qu'un tour. Et sa réaction fut presque immédiate. Si réagir par la violence pouvait être un signe de faiblesse, Haldor s'en moquait. A ses yeux, la seule faiblesse aurait été de se laisser insulter sans broncher. Et n'étant pas le plus à même pour faire preuve d'autant de répartie, il opta en choisissant son domaine de prédilection.

Le vent se leva subitement alors qu'il laissait son cosmos filtrer. Glacial, il ne laissait rien échapper à l'emprise qui était le sien. S'il ne s'agissait là que d'intimidation, il n'en avait évidemment pas terminé. Comme le môme s'était avancé au devant de l'Alpha, il ne fut pas difficile pour lui de poser sa main sur son épaule. La différence de taille était clairement établie et la main semblait être celle d'un géant en comparaison au corps de l'homme. Son emprise était maintenant suffisante. Son cosmos se déversait dans ce membre, accentuant plus encore le froid qui s'était emparé des lieux. Cela ne le gênerait pas s'il était aussi adepte de cet élément. Mais ce n'était pas le but. Penchant son visage vers lui, il lui glissa alors quelques mots.

- Marrant ça... Le poney qui se prend pour un pur-sang. Et ma main dans ta gueule, c'est assez nouveau pour te calmer ou je suis obligé de trouver autre chose ?

Et là, profitant de la poigne qu'il exerçait sur l'armure de Jormund, il repoussa avec une certaine violence le chevalier en arrière, abusant peut-être un peu de sa grande force. Il faut dire que se faire insulter alors qu'il n'avait encore rien fait ne lui plaisait pas. Et il espérait que ce serait suffisant pour l'apaiser. Sans quoi, ce serait sur l'épée de la statue de Odin qu'il l'empalerait. Purement et simplement.

Nous nous contentions d'hausser un sourcil interrogateur lorsque le cosmos d'Haldor fit se lever un vent glacial. Bien sûr, la plupart d'entre nous comprenions bien que la situation allait forcément finir par mal tourner. Enfin, ça n'était pas bien difficile à réaliser après la petite énigme d'Edwald. Cela aurait bien mieux valu pour nous qu'il se taise... ou bien tout simplement que l'Alpha ne comprenne pas l'allusion ! Dans les deux cas, c'était tenir bien trop d'espoirs sur ce qui n'était en réalité pas réalisable. Eddie ne pouvait tout simplement pas la fermer, et la question était trop évidente pour que la réponse ne soit pas rapidement trouvée. Et bien, il faudrait alors que nous fassions avec, que nous le voulions ou non. Une main plutôt... rafraichissante se posa sur notre épaule ! Presque moqueurs, nous concentrions nous aussi notre cosmos, allant jusqu'à créer quelques cristaux de glace autour des doigts se trouvant au bout du bras qui était la cible de l'Alpha. Du genre "et ouais mon gars, nous aussi on sait le faire ça" ! Mais ce ne fut pas tout ! Le dragon à trois têtes nous glissa quelques mots à l'oreille, se montrant plutôt provocant d'ailleurs, terminant par là de montrer à quel point il n'aimait pas les devinettes. Edwald allait bien rétorquer par une répartie bien sentie - qui aurait scellé notre existence sans doute - mais il n'en eut pas l'occasion, heureusement pour nous.

Haldor nous repoussa effectivement sans attendre de réponse, usant de sa force pour cela. Et une nouvelle fois, nous nous retrouvions par terre, tombant à la renverse, l'arrière de notre crâne allant même à la rencontre du sol. Un nouveau déclic qui se fait. Pour le meilleur ou pour le pire...

POOOOOOOOOOY !!
Wha, quelle poigne tsé ! J'ai connu un mec dans l'proche orient qu'avait une vraie force de mule lui aussi, et pas qu'la force d'ailleurs, tsé ! Il avait gagné l'concours du plus gros bouffeur de loukoum tsé, mais du genre haut la main, c'était pas étonnant qu'il avait l'bide comme une pastèque après.

De toute évidence, Yzak se moquait bien que notre crâne se soit vu infligé une légère bosse. Mais après tout, de quoi Yzak ne se moquait-il pas ? Nous ne savions pas quoi penser de ce changement de locataire dans le jeu de chaises musicales qui régissait nos journées, nos vies. Avec Yzak, tout était possible... D'un petit saut carpé nous nous retrouvions sur nos pieds, nous redressant fièrement en bombant le torse, nos poings posés sur nos hanches.

C'est marrant qu'tu parles de poney tsé, parce que justement c'type là - Chiriou qu'il s'appelait j'crois - il en avait un d'poney. La pauv' bête, elle avait fini par craquer sous son poids, un véritable massacre ! Mais bon, c'la dit, j'suis un vrai étalon moi ! Si tu m'crois pas, c'est que t'as pas causé aux trois princesses perses à qui j'ai fait leur fête tsé, oh ça oui tu peux m'croire !

Nous mimâmes alors un mouvement du bassin qui bien que léger n'en restait pas moins obscène, tout en affichant une immense sourire, les yeux plissés par notre bonne humeur.

Mais il avait vraiment un problème ce type. S'il l'avait suspecté lors de ses précédentes interventions, il ne pouvait plus avoir de doute maintenant. Chaque fois qu'il parlait, c'était avec une intonation de voix et un caractère différent. Comme s'il était habité par plusieurs personnalités. Ou alors il se fichait royalement du colosse, chose qu'il avait du mal à accepter et qui lui donnait des envies de massacre. Lui écraser la tête sur le mur ou alors l'empaler sur l'épée de Odin se faisait de plus en plus forte dans son esprit et ce Jormund ne devait son salue qu'à une chose : Haldor était le Guerrier d'Alpha, et de ce fait il se devait d'être un exemple. En dehors de ça, il trouvait surtout qu'il était encore trop récent par ici pour tuer quelqu'un comme lui et qu'il serait difficile de se justifier auprès du Seer et de la Haute Prêtresse. Mais ce n'était franchement pas l'envie qui lui manquait.

Et cette histoire... Ni queue ni tête. Pas de cohérence, il passait du coq à l'âne et ses propos étaient franchement décousus. A n'y rien comprendre. Haldor était franchement perdu et lui-même ne savait plus comment réagir. C'est sans doute cela qui calmait son humeur. Comment vouloir tuer un simple d'esprit comme ce gars qui, il devait l'admettre, l'avait prit complétement au dépourvu. Les coups, cela ne servait à rien excepté le faire changer encore et encore de personnalité. Trois différentes déjà, c'était bien assez. Autant ne pas en rajouter. Surtout qu'il venait de se mettre à mimer ses propres mots. Vraiment un bien étrange garçon. Poussant un soupir en plaçant sa main derrière sa nuque, regard interrogatif, Haldor secoua légèrement la tête en signe d'incompréhension. Il en avait vu des gens bizarres le long de sa vie. Mais lui... Il les battait à plate couture.

- Ça va, j'ai capté gamin. Arrête un peu avec ce geste, pose ton cul et essaye de rester concentré un moment, tu veux ? Des princesses perses... M'ouais. On va dire que je te laisse le bénéfice du doute.

Non pas qu'il ne le croyait pas mais... En fait non, il ne croyait pas un mot de ce qu'il disait. Ses histoires étaient trop absurdes pour être vraies. Préférant ne pas se rapprocher trop près du type afin de ne pas se laisser aller à sa pulsion première - l'encastrer dans un mur pour mémoire - Haldor détacha sa cape pour la poser au sol, s'installant ensuite dessus, jambes pliées. Quitte à subir les histoires du guerriers divins, autant le faire à l'aise. Il avait levé les yeux au ciel comme pour chercher du réconfort auprès du dieu Odin mais si celui-ci regardait cette scène, nul doute qu'il devait bien se marrer. Était-ce un test pour voir s'il résisterait à ses pulsions ? Une sorte de bizutage ? Si tel était le cas, c'était quand même tenter le diable. Il reportait son attention sur l'homme aux cheveux bleus et lui posa la première question qui lui passait par la tête, histoire de conduire la discussion avant qu'elle ne lui échappe derechef.

- Mais t'es qui au juste mon gars ? En dehors du guerrier de Bêta ! Car j'aie l'impression que t'as pas qu'une personnalité. Jormund tu m'as dit. Tu viens d'où ? De Perse ?

La petite colère était passée vraisemblablement. Contre toute attente, Yzak était parvenu à se maîtriser - au moins en partie - et ne nous avait pas créé de nouveaux problèmes avec le colosse d'Alpha. Ce dernier paraissait en effet s'être calmé à présent, s'asseyant au sol tout en nous recommandant d'en faire de même. Demande à laquelle nous ne cédions pas cependant, ça ne servait pas à grand chose, pas moyen de tenir en place avec celui qui occupait désormais le siège de nos pensées. Quelle utilité de s'installer si c'était pour se relever dans la seconde et faire les cents pas ?

Non merci mon brave, j'préfère rester debout tsé, c'est meilleur pour la circulation du sang, c't'un moine bouddhiste qui m'a dit ça quand j'ai appris le Kung Fu ! J'suis devenu un vrai lutteur shaolin tsé, t'veux que j'te montre ? Yah ! Watah !

Comme pour le prouver, nous nous amusions à réaliser quelques mouvements secs qui se voulaient ressembler à des Katas. Seulement quelques instants bien sûr, car nous ne pouvions pas laisser plus longtemps Haldor dans l'erreur.

Quoi ? Ne m'appelle... plus JAMAIS comme ça ! J'peux pas encadrer c'gros bourrin tsé ! Moi, j'suis tellement plus classe ! Comme tu m'es sympathique, j'vais m'présenter : j'suis Yzak de l'étoile de Bêta ! Le fier guerrier qui a parcouru le monde entier ! La Perse n'a été qu'une de mes patries tsé, ces pieds ont foulé bien des nations ! J'suis d'ici, d'ailleurs et de nulle part ! Oui, je suis Yzak... Mais tsé, tu peux juste m'appeler... Le Magnifique !

Dommage que nous ne portions pas de cape, cela aurait été du meilleur effet lors de la pose que nous venions de prendre en présentant un surnom que nous accepterions volontiers; les poings fermés sur les hanches, la tête pivotant sur le côté lançant un regard vague vers un horizon imaginaire. Peu à peu un sourire se traçait même sur notre visage, mais pas réellement pour ce que nous venions de dire. Juste le simple fait que Jormund râle à sa manière en notre esprit collectif amusait grandement le reste d'entre nous. Nous faisions par contre abstraction du fait que nous soyons plusieurs en cet esprit chaotique, car ce n'était qu'en partie vrai de toute façon. Yzak n'allait pas affirmer avoir plusieurs identités, car ce serait là une fausse assertion. Yzak était Yzak, et lorsqu'il occupait le siège, il était seul au pouvoir décisionnel. Il n'y avait pas de confusion entre nous, et même si chacun de nous avait pleinement conscience de la présence des autres, chacun n'était qu'un... Une conceptualisation assez difficile à révéler, une difficulté certaine à l'expliquer, mettre les mots sur la manière dont nous voyons cela. Aussi autant ne même pas essayer d'en faire part.

POOOOOOOOOOY ! J'ai trop la forme tsé ! Mais j'cause et j'cause, du coup, j'sais rien de toi ! Alors bonhomme, tu viens de quel coin toi ? T'as voyagé ? Tu serais pas d'la famille de Chiriou des fois ? Plus j'y pense et plus j'trouve que vous avez des airs de r'ssemblance tsé...

Sur ces derniers mots nous nous étions penchés vers l'Alpha en plissant des yeux comme pour l'inspecter.

Mâchoire carrée, l'oeil brutasse, tout ça tout ça... T'as pas à avoir honte tsé, c'était un bon gars avant que j'le dérouille !

Un ricanement sadique et affirmé vint conclure là notre temps de parole... avec la hâte certaine d'en apprendre plus. Et en espérant aussi qu'il était pas en froid avec son cousin, mais quoi qu'il en soit ça serait moche de renier ainsi un membre de sa famille. La ressemblance était vraiment frappante...

Yzak ? Jormund ? Peu à peu, la brume se levait dans l'esprit du colosse. Et il commençait à comprendre l'étendue de la folie de l'homme face à lui. Comme il s'en était douté, quelque chose clochait chez lui. Mais jamais il ne se serait douté qu'il avait une personnalité multiple. Avoir l'impression d'être plusieurs personnes en même temps, voilà un trouble qui n'était pas fréquent. Et encore moins parmi les chevaliers censés servir leur divinité. Intrigué, Haldor venait d'oublier en l’espace d'une seconde qu'il avait désiré la mort du gars. Et c'était pour le mieux puisqu'il avait été à deux doigts de se laisser aller à la colère. Mais là, les choses prenaient une tournure particulière.

S'il n'était pas facile de répondre à des questions personnelles pour certains, Haldor s'en moquait éperdument lui. Et puis mine de rien, exception évidemment de ces histoires farfelus auxquelles le colosse ne croyait pas une seule seconde, ce type était assez sympathique. Autant que pouvait l'être un fou. Et si vouloir être appelé le Magnifique pouvait paraître prétentieux, Haldor mettait une fois encore cela sur le compte de sa déviance mentale. Car son visage ne devait pas plaire autant qu'il le pensait... Mutilée, brûlée, il devait certainement inspiré crainte et dégoût auprès de la gente féminine.

- Chiriou ? Connais pas ! Dis, tu vas arrêter de gesticuler comme ça ? Tu me files le tournis là.

Comment ce type avait fait pour être encore vivant tout en étant aussi désespérant. Voilà la vraie énigme. Il avait réagi assez vivement lorsque Haldor l'avait appelé Jormund, ce qui prouvait qu'il était attaché à ses personnalités. Ne pas se tromper de prénoms lorsqu'il voyait un changement dans ses réparties, ce ne serait pas évident. Jusque là, il avait cru repérer trois personnalités différentes mais depuis quelques minutes, c'était cet Yzak qui semblait dominant. Perplexe, le colosse ne faisait qu'examiner à sa manière le guerrier divin. Odin était un dieu bien étrange en réalité. Cela fit sourire l'argenté... Recueillir un fou et un guerrier qui avait combattu aux côtés d'un dieu du panthéon grec. Il devait être en manque d'hommes de valeur.

- J'suis un peu comme toi à la vérité. D'ici, d'ailleurs et de nulle part. Ma terre natale est celle-ci mais j'aie vécu presque toute ma vie à Rome et dans ses environs. Tu dois vraiment être nouveau pour ne pas savoir qui est Haldor, le colosse. Je suis un ancien Oracle, protecteur de la Tour des Vents et chevalier d'Apollon. Du moins jusqu'à ce qu'il quitte cette terre. Mon ancien maître m'a enlevé de ma région alors que j'étais môme afin de faire de moi le soldat de son dieu. Je suis enfin revenu chez moi. En quelque sorte.

Un son assimilable à un rire s'échappait de la gorge de l'Alpha. Il venait de penser à nouveau à ce fameux Chiriou dont lui parlait Bêta. En réalité, comment aurait-il pu affirmer qu'ils n'étaient pas parents puisqu'il n'avait aucun souvenir de sa famille d'origine. Trop habitué à être élevé autour des soldats, il avait purement et simplement oublié ce que c'était que d'appartenir à une famille. Et il ne s'en portait pas plus mal à la vérité. Au moins son cœur n'était-il jamais troublé lorsqu'il devait combattre. Ne pas être bouffé par des sentiments aussi inutiles faisait de lui un homme meilleur. Du moins le croyait-il dur comme fer.

Mais pouvait-il réellement appeler cette terre "maison" ? Trop tôt, il le savait. Changer ses habitudes, changer sa vision des choses. Et s'adapter. Telles étaient les conditions d'une intégration parfaite. Et encore, cela ne signifiait pas forcément que les autres l'accepteraient. Et en un sens, Yzak - ou Jormund - était dans le même cas, bien qu'il n'en ait certainement pas conscience. Lui aussi aurait du mal à s'intégrer.

-Dis, par curiosité et pour ne pas te confondre avec Jormund... Y'en a combien là dedans ?

D'un signe de tête, dirigeant son regard sur lui, il désignait évidemment le crâne de piaf de Bêta. S'il avait fait l'erreur de l'appeler Jormund - bien qu'il ne puisse le deviner à l'avance évidemment - il préférait savoir à qui il s'adressait. La personnalité d'Yzak était complexe et sur ceux qu'il avait eu l'impression de voir, Jormund était plus proche de lui. Bourrin avait-il dit ? Oui, c'est ainsi que lui même se caractérisait parfois.

Combien ?

Pendant qu'Haldor parlait, nos bras s'étaient légèrement soulevés, notre torse bombé. Jormund avait trouvé le moyen entre temps de reprendre les commandes, à croire qu'il appréciait particulièrement la conversation de cet homme que pour avoir réussi à évincer Yzak du siège une fois de plus. Notre voix se faisant était également plus grave, de quoi permettre à l'Alpha de reconnaître sans doute immédiatement qu'un nouveau changement s'était opéré. Nous mimâmes de regarder dans notre armure voir s'il n'y aurait pas quelque chose - ou quelqu'un - d'autre qui s'y serait planqué sans qu'on y fasse gaffe.

Bah mon p'tit gars ça me paraît évident, je suis tout seul là-dedans ! Déjà que j'ai du mal à y rentrer tout seul, je vois mal comment on en mettrait un autre balèze comme moi ! Yahahahaha !

De quoi perturber notre interlocuteur... Ça manquait pas, à chaque fois les gens nous prenaient pour un mec perturbé alors qu'en fait bah... hum, non, rien... Autant ne pas nous lancer dans ce genre de conjecture, nous n'étions pas les mieux placés pour parler de notre "état". Nous nous rapprochions de lui en roulant des épaules, nous posant en tailleur juste en face d'Haldor. Voilà qui lui ferait un peu de répit, lui qui n'appréciait de toute évidence que moyennement la forme olympique et le bagout diluvien d'Yzak.

Elle est sympa ton histoire sinon. Juste une question... Si on appelait ça la Tour des Quatre Vents, c'est parce qu'il n'y avait pas de murs ? Hum, ça devait pas être si pratique, si ? Pas étonnant que le propriétaire ait fini par se faire la malle, ça devait pas être super agréable ! Yahahahaha !

Plusieurs d'entre nous poussèrent un soupir devant la stupidité évidente de Jormund. Ce gros crétin qui se tape la main sur la cuisse tout en débitant des âneries... Affligeant ! Mais d'un autre côté, c'était aussi celui qui de nous tous avait le plus de chance de plaire à cet Alpha, celui qui lui correspondait le mieux. Si l'un d'entre nous pouvait nous éviter d'avoir des ennuis avec Haldor, c'était bien lui ! Au moins pouvait-on nous réjouir de cela, c'était toujours ça... Nous penchant vers notre interlocuteur, nous placions la suite de la conversation sur un ton de confidence.

Sinon... T'as tué qui pour pouvoir avoir cette piaule ? On te file de quoi te remplir la panse aussi ? Non parce que je suis un peu sous-nourri de mon côté, tu comprends toi qui est dans la même situation que moi qu'avec un corps comme le mien, je me bâfrerais bien un cerf entier là ! Yahahahahaha ! Et le tonneau de bière qui avec, bien sûr ! Faut bien faire descendre tout ça, hein ?

Gros clin d’œil sans aucune finesse en guise de ponctuation. Ni plus ni moins qu'un appel du pied : au cas où Haldor possédait des vivres en suffisance, nous nous proposions de bon cœur pour en prélever une partie. C'est que quelque part, il fallait bien un peu compenser aussi ! On pouvait pas tout avoir non plus, et il fallait savoir être partageur dans la vie, n'est-ce pas ? Et comme nous, nous n'avions vraiment pas grand chose et bien... Ce n'est pas la mendicité qui nous fait peur, il faut le reconnaître !

- Quelle idée j'aie eu de lui poser la question aussi...

Petite réflexion à voix basse, plus pour lui qu'autre chose. Il était difficile de suivre une discussion avec cet énergumène et Haldor avait beau essayer, il tombait systématiquement sur un mur. C'en était impressionnant. Qu'est-ce qui lui était donc arrivé pour qu'il soit ainsi. Car de naissance, c'était juste impossible d'être aussi particulier. Qui avait-il cette fois ?

A en croire la posture et le langage, il s'agissait de Jormund, à coup sûr. Bien qu'il ne le connaisse que depuis une poignée de minutes, Haldor commençait clairement à repérer les signes distinctifs entre ces différentes personnalités. Il ne croyait évidemment pas qu'ils soient plusieurs dans le même corps mais visiblement, cet homme avait eu un grave accident et son mental avait été touché. Plutôt gravement d'ailleurs. La seule question que le colosse se posait, c'était de savoir si ce gars savait ou non lorsqu'il changeait de personnalité. Car à voir ce gars regarder dans son armure pour voir s'il y avait quelqu'un d'autre, il paraissait évident qu'il croyait vraiment être "seul". Et Haldor commençait lui-même à s'y perdre.

Quoi qu'il en soit, il se posa enfin, mettant un terme à ce ballet incessant. Celui qui se prénommait Yzak était sympathique au demeurant mais il était hyper actif et cela avait tendance à insupporter l'argenté. Jormund était déjà plus ressemblant à l'idée qu'il se faisait d'un véritable guerrier. Il éluda cependant complétement la question sur la tour des Vents, ne trouvant pas utile d'y répondre. De toute façon, si le sujet intéressait Jormund, il n'était pas évident que les "autres" le soient. Et comme il changeait régulièrement de visage, autant ne pas perdre un temps précieux dans une explication qui n'en valait pas la peine.

- J'ai tué personne et question bouffe, pour être franc, je me posais justement la question. On vient de me donner cette piaule et je ne connais pas grand chose de cet endroit. Ils m'ont parlés de pleins de choses mais pas de l'essentiel...Je sais juste que je dois protéger la Haute Prêtresse et que je dois défendre le temple. C'est déjà ça, tu me diras... Surtout qu'elle est plutôt mignonne cette petite.

Syn n'était pas une vilaine femme, loin s'en faut. Et lui qui avait vécu dans la cité de la luxure, il en avait vu passer des belles femmes. Et bien il lui paraissait clair que Syn n'avait pas grand chose à leur envier. Ce côté "sauvage" étant même une qualité supplémentaire à ses yeux. Il avait beau être le gardien de ces lieux, il n'en restait pas moins un homme. Un homme qui n'avait pas eu l'occasion de toucher une femme depuis quelques semaines et sa mission à Athènes.

Mais un petit grondement au creux de son estomac le ramena à la question de Jormund. Et puisqu'il était assis, tranquillement, et qu'il n'avait franchement aucune envie de se relever, il allait se servir de ce gars. Il demandait, il avait donc aussi faim que lui. Et il aurait été surprenant qu'il n'y ai rien à se mettre sous la dent par ici. Odin avait beau être une divinité Nordique, ses guerriers étaient réputés pour être de sacré gouffre à viandes. Du moins était-ce ce qu'on lui avait toujours répété.

- Farfouille un peu si tu veux, voir si tu peux nous dégoter un truc à se foutre sous la dent. Au pire, il doit bien y avoir un ou deux domestiques dans le coin. J'en ai vu pas mal qui suivaient les autres guerriers divins. Qu'ils se rendent aussi utile par ici.

Wÿrd lui avait expliqué bien des choses mais certainement pas comment on vivait dans le coin. S'il ne s'agissait que de besoins primaires, il n'en restait pas moins prioritaire. Rome avait bien des défauts, il le savait, mais côté restauration et amusement, la cité n'avait jamais été la dernière. Peut-être trop d'ailleurs, mais Haldor n'y descendant que par occasion, n'avait pas été spécialement gêné par ce luxe ambiant. Quoi qu'il n'y accroche pas non plus.

Nous relevant d'un bond, les poings sur les hanches, nous venions de récupérer toute la fougue d'Yzak. Voilà qui ne ferait sans doute pas le bonheur de notre interlocuteur, mais ce choix ne nous appartenait pas de toute manière. Le dominant occupait généralement la place d'honneur et parfois l'un de nous parvenait à lui succéder, mais il n'y avait rien de particulier qu'aucun de nous ne puisse faire pour faire pencher la balance à un moment ou un autre. Cela se passait sans que l'on ne puisse rien y changer, et sans qu'aucun de nous ne comprenne réellement les mécanismes y interférant. Mais bon, pour nous cela n'avait aucune réelle importance, c'était surtout pour ceux qu'il nous arrivait de rencontrer qu'il y avait une incidence. Haldor nous fournit alors quelques informations que nous notions précieusement en notre mémoire. Comme le fait que la Grande Prêtresse était plutôt charmante, notamment. Enfin, pas que ça nous aurait empêché de la convoiter si elle ne l'était pas, nous n'étions pas réellement difficiles à ce niveau là, mais c'était toujours un plus de savoir qu'il s'agissait d'une belle femme. De quoi nous donner encore plus envie de la rencontrer par la suite.

Tout comme nous, Haldor avait donc été désigné à cet endroit sans vraiment plus d'explication. Oh, certes, on l'avait apparemment informé de sa fonction - ce qui n'était pas notre cas - mais sans lui donner plus d'informations réelles sur la manière dont il devrait survivre ici. Un coup d’œil aux alentours d'ailleurs nous apprenait qu'il ne semblait pas y avoir de garde-manger à disposition... Pas le moindre meuble d'ailleurs... Mais où avaient-ils pu bien planquer ça ?

Farfouiller ? Tsé, j'suis pas un écureuil hein ! 'fin, si on en trouvait un on pourrait toujours le griller, ça nourrit pas vraiment son homme mais ça fait toujours un p'tit en-cas ! Enfin... pour toi vaudrait mieux trouver une famille tsé, un d'mi rongeur ça va pas suffire pour un gros !

Tout en parlant nous avions débuté tout de même une petite recherche superficielle en poursuivant de scruter autour de nous ce que nous pourrions bien trouver.

Par contre, j'te trouve injuste tsé ! Déjà t'as des domestiques dans l'coin, c'est la classe, mais de là à les bouffer... C'est pas parce qu'ils servent à rien qu'il faut les grailler, y a des limites mon gars, faut savoir gérer ton ventre mieux qu'ça tsé !

Le sourire narquois que nous affichions pouvait laisser penser que nous avions bien compris qu'il ne comptait pas les manger mais que nous aimions jouer sur les mots... Enfin, c'était vrai aussi qu'il n'avait pas été particulièrement clair. "Cherche à manger, tu trouveras peut-être un domestique au pire" pouvait donner à penser que le dragon tricéphale aimait la viande, toute sorte de viande... Enfin, nous n'étions pas là pour juger de toute façon !

Il jouait avec les mots et la patience légendaire du colosse était déjà arrivé à son terme. Alors que son compagnon du jour cherchait une providentielle cache de bouffe, Haldor se relevait. Assez de palabres inutiles, il savait désormais ce qu'il devait savoir de ce petit homme. Lui et ses multiples personnalités. S'il fallait se méfier, il ne saurait encore le dire. Mais l'avoir à l’œil risquait d'être une entreprise délicate tant il pouvait être particulier. Il était temps pour Yzak de prendre congé. Il était surtout temps pour le nouvel Alpha de souffler un peu.

- Bon, laisse tomber. Je me démerderais pour trouver de quoi bouffer plus tard. J'ai besoin de souffler un peu, mon gars... Je vais donc te demander de bouger de là et de retourner dans ta grotte.

Comment congédier quelqu'un en une leçon. Pas de chemin détourné, Haldor avait passé l'âge d'essayer de se faire passer pour quelqu'un avec des manières. Lorsqu'il était saoulé, lorsqu'il avait besoin de prendre du temps pour lui, il virait tout bonnement les gens de chez lui. Et être l'Alpha depuis seulement quelques heures n'allait certainement pas lui faire changer ses habitudes. Yzak avait suffisamment tiré sur la corde, place au repos.

Il s'était déplacé vers le jeune Beta, lui coupant alors l'accès au reste du temple. Ceci, combiné à ce qu'il venait de dire, nul doute que même un homme limité comme l'était Yzak pouvait comprendre où il voulait en venir. Et qu'il joue encore avec les mots, ce n'était pas un soucis. Tant qu'il dégageait... Parfois, la vie se résumait à cela. Profiter d'un peu de répit avant qu'il ne puisse voir l'ensemble des guerriers de Odin. Ce ne serait pas du luxe. Surtout s'ils étaient tous comme cet énergumène.

- Allez, on se voit la prochaine fois. Et si tu vois Jormund, passe lui le bonjour de ma part !

Voilà le seul qui m'avait semblé digne d'intérêts parmi la clique que j'avais rencontré. Quant aux autres... Bah ! Le colosse apprendrait à les tolérer.

Citation :

Conclusion du RP. Merci à toi