Les envoyés de Poseidon [délégation Marinas]

La première délégation ayant disparue, Orpheus n'avait eu aucune information concernant la faction de la Déesse de la Sagesse. Dans quel état d'esprit ses guerriers étaient-ils ? Avaient-ils eux aussi subis une attaque massive de titans ou autres créatures de ce genre ? Autant de question qui obligeait le Légat à prendre les choses en main. Car s'il pouvait faire confiance à ses hommes, il préférait quand même s'occuper des cas qu'il considérait comme extrêmement important. Et il était évident que le Sanctuaire arrivait en tête de liste de ses priorités. Une faction qui avait toujours été une rivale et Poseidon avait été assez clair : ce n'est pas lors de cette guerre qu'il pactiserait avec sa nièce. Encore fallait-il la jouer intelligemment. Et pour se faire, Orpheus ne comptait pas sur ses généraux. Si la diplomatie était affaire d'état, savoir comment amener les choses restait un art qu'il maitrisait à la perfection.

Mais s'y rendre seul serait du suicide et le Légat n'était pas prêt à se sacrifier sans raison. Rien de tel donc que d’emmener avec lui certains de ses meilleurs hommes. Deux généraux et deux lieutenants. Si le Kraken était encore nouveau au sein de sa faction, il n'en restait pas moins un homme d'expérience. Sans doute connaissait-il le Sanctuaire et certains représentants, faisant donc de lui une source de renseignements importante. C’était d'ailleurs presque exclusivement pour cela qu'il lui avait demandé de le suivre. Arrivait ensuite la nouvelle Scylla. Si Toria manquait réellement à son effectif, il 'était tout de même ravi de voir que la jeune Kyara soit la nouvelle maîtresse de cette scale. Sa détermination au combat lui avait plaisir à voir et avec elle à ses côtés, il ne risquait pas grand chose. Surtout qu'elle pouvait être diplomate.

Quant aux lieutenants, ils n'étaient pas en reste non plus. Kryo était le jeune frère de Kyara mais Orpheus lui avait déjà donné une des missions les plus importantes qui soit : protéger le saphir des Ases.Cette marque de confiance prouvait à elle seule la foi qu'il portait en ce jeune garçon. Et si sa personnalité double pouvait surprendre, il serait tout de même un atout des plus précieux pour la suite. Venait finalement Cléo, Marina de la Sirène et la personne en qui le Légat avait le plus confiance. Pas seulement parce que leur armure était parente mais aussi car elle était de tous la plus dévouée à sa cause. Pas seulement celle de Poseidon mais aussi la sienne. Et si les deux chemins étaient quasi identique, Orpheus avait tout de même besoin d'une femme comme elle à ses côtés. Sa naïveté légendaire pouvait être canalisée et elle savait se taire lorsqu'il le fallait.

C'est donc accompagné de ces quatre Marinas que Orpheus apparut à l'entrée du Sanctuaire. Pénétrer plus en avant risquait de déclencher un conflit entre leur nation et si cela ne le gênait pas, il préférait tout de même que cela se fasse sous sa propre impulsion et non seulement parce qu'ils avaient franchis la frontière sans autorisation. Inutile de sonner une quelconque alarme... La présence d'autant de Cosmos imposants attireraient les Saints comme autant d'insectes autour d'une lanterne. Concentré, Orpheus donna ses dernières consignes.

- Pour le moment, restez sur vos gardes. Ils ne nous feront pas confiance et chercheront à obtenir des informations sur nous. Nous verrons par la suite comment gérer la situation. Le mot d'ordre est le suivant : observez et regroupez le plus d'informations que vous pourrez. Mais ne vous laissez ni insulter, ni mener en bateau. Je n'accepterai pas que l'honneur de Poseidon soit bafoué !

- Ce sont des Saints... Ils servent une faible qui n'a jamais su que se défendre.

Joignant le geste à la parole, Augure s'avança. Qu'il était loin le temps des ambiguïtés diplomatiques qui incombaient à sa tâche d'émissaire d'Apollon. A présent qu'il était la machine à tuer de Poséidon, il n'avait plus aucun regret et remord à s'affirmer en tant qu'homme. Un homme que la colère et la rage avaient définis. Des entrailles des Océans, il était devenu le Kraken.
Une créature incontrôlable que Poséidon lui-même avait dû enchaîner dans les fonds marins pour contenir son potentiel destructeur. Un ravageur de cité qui n'avait cure des considérations diplomatiques que pouvait avoir le Légat.

Il s'approcha d'Orpheus et se plaça à son niveau. Son casque ne dissimulait pas ses traits et il savait qu'il serait reconnu par ceux qui avaient eu l'honneur de connaître l'Oracle de l'Epervier. Déjà froid d'ordinaire, il avait gagné ces dernières semaines en muscle mais aussi en cicatrice car depuis son accession au rang de Général de Poséidon, il n'avait eu de cesse de s'entraîner. Une seule perspective envahissait son esprit : éliminer Apollon, lui faire payer sa perfidie et sa lâcheté.
Et cela allait commencer aujourd'hui...

Athéna était la déesse qui avait laissé Apollon faire ses caprices et qui avait entretenu son comportement enfantin. Elle ne méritait aucune pitié de la part d'Augure pour qui tous les moyens étaient bons d'attirer l'attention de son ancien Dieu.
Il tourna sa tête et observa le Légat. Devenir un subalterne ne l'avait pas plus dérangé que ça et son entretien avec Poséidon avait clairement définit sa place dans la hiérarchie des Marinas. Orpheus seul était apte à lui donner des ordres, mais Orpheus avait aussi besoin d'un homme qui n'avait plus que la violence comme seule moyen d'expression.

- Le pope actuel : Arsiesys. C'est un gamin... Un prodige sur les champs de batailles mais je ne l'imagine pas avoir la carrure pour assumer un tel rôle. Je n'aurais qu'une seule crainte en fait... Qu'il soit incapable de retenir ses hommes. Mais pour ça...

Augure ajusta son casque et s'avança sous le Soleil athénien en direction du Sanctuaire.

- ... Tu m'as moi.

L'équipe finalement sélectionnée pour effectuer la visite du Sanctuaire changeait de beaucoup avec celle qu'elle devait être à la base, telle qu'annoncée lors de la réunion à laquelle elle avait assisté en tant que toute récente Marina. Il fallait que la Tortue déjà n'avait plus donné signe de vie depuis un moment. De nombreux autres changements s'étaient opérés, à commencer par l'armure que la jeune calabraise portait. Elle était passée de Charybde à Scylla très récemment, cet état de fait constituant un énorme honneur pour elle. D'être ainsi choisie par l'écaille du disparu Toria pour prendre sa succession alors qu'il avait été son mentor signifiait beaucoup pour elle, en plus du privilège d'avoir été nommée Générale des armées de l'Empereur des Océans.

Orpheus avait aussi choisi pour l'accompagner Cléo de la Sirène, de laquelle il ne se séparait que rarement. Est-ce qu'il y avait un truc entre eux deux ? Enfin... Quelque chose de plus croustillant qu'une simple amitié ? C'était une possibilité, et imaginer ce qu'il en était amusait assez Kyara. Tout du moins elle n'avait pas vu sur le trajet les menant jusqu'à Athènes de signes annonçant clairement une relation plus poussée. Kryo, le petit frère de la porteuse de Scylla était aussi de la partie. Il avait eu plusieurs fois l'occasion de montrer qu'il pouvait se rendre utile à Poséidon ce qui rassurait Kyara. Elle était heureuse toutefois d'être présente pour garder un œil sur lui, ne voyant toujours pas d'un très bon oeil son dédoublement de personnalité qui à son sens pouvait causer beaucoup de soucis...

Le dernier n'était pas le moindre... Nul autre que l'homme aux cheveux d'or qu'Orpheus l'avait envoyé chercher, et qui désormais portait l'écaille du Kraken. La première fois que Kyara avait vu cette armure endossée, c'était une femme - dont l'italienne avait oublié le nom - qui en était la gardienne. Mais ce n'était pas là le point le plus choquant cependant, les différences d'apparence d'une écaille portée par un homme ou une femme était quelque chose dont elle avait déjà pu se rendre compte sur la scale même qu'elle portait. C'était plutôt de considérer qu'un homme échoué et au bord de la mort un jour, une armure en pièces à ses côtés, avait pu se retrouver le lendemain Général du Kraken. De quoi provoquer la curiosité et l'intérêt de la jeune femme qui sans remettre en doute ce changement brutal en retirait de grosses interrogations. Intriguée, c'était le mot. Ce qui se passerait ici l'aiderait peut-être à en savoir plus...

Ce qu'elle put déjà déduire de la discussion qu'ils venaient d'avoir à l'instant était que cet inconnu était particulièrement bien renseigné sur Athéna et ses représentants. Est-ce qu'il était lui-même un Saint avant de rejoindre Poséidon ? Une possibilité à ne pas écarter, mais dans ce cas ce ne serait sans doute pas diplomatique de l'avoir amené ici... Elle ne pensa pas qu'Orpheus aurait commis un impair de ce style, dont soit il n'en était rien, soit il faudrait s'attendre à quelques représailles... En tout cas elle ne commenta rien, se contentant pour le moment d'observer. Rester sur ses gardes comme le Légat l'avait réclamé.

- Permettez-moi de vous souhaiter la bienvenue...

Voir Kahr dans les rangs des marinas manqua de lui faire lever un sourcil. Finalement, il n'en fut rien. Plus il y pensait et plus il paraissait logique qu'il ait survécu à l'effondrement de la tour des quatre vents. Le trouver du côté de Poséidon était déjà plus surprenant mais pouvait s'expliquer par la traîtrise d'Apollon. Les oracles avaient été abandonnés par leur divinité tutélaire et il n'était pas compliqué de deviner que l'ancien augure était hargneux et rancunier. Ainsi donc tous les moyens étaient bons pour prendre sa revanche... Dominé par sa colère il avait vendu son âme au dieu des océans. Une conduite qu'Arsiesys ne pouvait cautionner, si bien qu'il n'eut pour lui qu'un regard. Tristesse ou dédain ? Compassion, peut-être... Difficile à dire, comme toujours.

Le bleu de ses yeux avait changé pour devenir plus froid, plus dur. Plus adulte, en un sens. Sa douceur ne s'était pas perdue mais était à présent plus abstraite. La réalité de la guerre était désormais une évidence qu'il ne pouvait plus nier et il évoluait en conséquence. Être venu en si grand nombre ne pouvait qu'inciter à la méfiance. L'Empereur des Mers avait toujours été l'ennemi juré d'Athéna, lui jalousant la régence de la Terre. Leurs intentions n'avaient pas été clairement annoncées mais prendre quelques précautions n'était pas excessif. C'est pourquoi il avait pris soin de leur préparer un comité d'accueil tout au long de sa traversée du Zodiaque d'Or.

Non seulement plusieurs de ses hommes étaient d'ores et déjà sur ses talons, mais d'autres se tenaient prêts à intervenir si cet entretien devait s'envenimer. Il saurait les prévenir avant que malheur n'arrive. L'attaque des Titans avait déjà causé suffisamment de pertes, pas question de laisser cet incident se reproduire. Avant même d'entamer sa descente, il avait laissé de côté sa tenue de Pope au profit de l'armure d'or du Sagittaire. Inutile cependant de s'équiper de son arc pour le moment, cela ne lui demanderait qu'une fraction de seconde au besoin. Et même s'il avait du mal à le concevoir, peut-être que cette visite n'avait pas pour but de venir faire une déclaration de guerre...

- Si c'est le Grand Pope que vous cherchez, vous l'avez devant vous. Je me nomme Arsiesys et je suis également le porteur de l'armure du Sagittaire, comme vous pouvez le constater. Que puis-je faire pour vous, émissaires de Poséidon ?

Brandi à bout de bras, le rosaire attestait de ses fonctions. Il n'y avait pas meilleure preuve de sa légitimité en tant que tel. Anxieux, il l'était, mais n'en montrait rien. Son sourire radieux avait disparu pour ne plus laisser qu'une mine fermée, empreinte d'un sérieux de circonstance. En venant à leur rencontre, il s'attendait à tout et surtout au pire. Cependant, leur refuser l'entrée n'aurait fait que jeter de l'huile sur le feu. Sans être éteint, celui-ci n'était plus que braises couvant sous la cendres pour le moment. Inutile de précipiter un conflit déjà presque certain. Si son attitude n'en laissait rien paraître, il ne se sentait pas à sa place, et ce n'était que de sentir la présence de ses pairs à ses côtés qui l'aidait à garder son éternelle assurance. Quoi qu'ils puissent lui vouloir, il le saurait bien assez tôt.

Devoir protéger le sanctuaire était une chose innée pour tout guerrier d'Athéna. Elias, en sa qualité de Bronze du Phénix ne pouvait manquer à son devoir élémentaire. Et si Arsiesys en personne était venu le quérir, alors il ne pouvait que se remettre à ses ordres. S'il n'avait pas encore compris le pourquoi de ce regroupement, il avait été suffisamment malin pour ne pas poser la question. Le Grand Pope en personne ne pouvait présumer d'une chose qui n'avait pas encore été dite, ainsi il n'aurait pas été capable de lui répondre. Quoi qu'il en soit, les cosmos qui se faisait sentir n'inspiraient pas le jeune chevalier. Comme si avec eux, ces hommes et ces femmes apportaient la mort dans leur sillage. Ou la promesse de cette dernière, il n'aurait su le dire.

En retrait alors qu'il était entouré des Gold Saint du Sanctuaire, Elias observait sans ciller. La force de frappe que le Sagittaire opposait à ceux qui venaient en ce lieu n'était pas négligeable et en comparaison, il ne se sentait pas à sa place. Ce n'était pas une question de puissance, son précédent combat contre Arsiesys ayant prouvé ses capacités, mais plutôt parce qu'il s'était toujours évertué à croire que les chevaliers d'Or représentaient la garantie de la paix. Mais plus que tout, c'était ces Marinas qui l'intriguaient. Lui qui savait désormais lire et voir les âmes des guerriers, il ressentait une étrange sensation. Ceux qui se trouvaient là, devant eux, n'étaient en rien des enfants de chœurs. La tension était réelle. Et le moindre faux pas précipiterait cette paix en une guerre sanglante.

Son regard passa alors sur l'un d'eux, celui qui s'était quelque peu avancé par rapport au groupe. Son aura. Quelque chose intriguait le chevalier de bronze mais il n'aurait su dire ce que c'était à cet instant précis. Outre le sentiment de danger qui était important, c'était surtout l'intuition qu'il l'avait déjà vu. Ce qui n'était pas possible en soi. Essayant de mettre de côté ce sentiment, Elias reprit sa concentration. Ses traits ne laissaient transparaître que la concentration. Et si les cosmos étaient écrasants, le sien le préservait de l'étreinte mortelle. Le feu du Phénix brûlait en lui et le protégeait. Sa foi en son armure était complète.

Prendre la parole était exclue pour l'instant. Le Grand Pope prenait le contrôle de la situation. Shaokan n'avait sans doute aucune foi en cet homme mais le blondinet avait apprit à le respecter. Pas seulement pour ses responsabilités au sein du sanctuaire mais aussi pour ce qu'il représentait en tant que guerrier d'Athéna et en tant qu'homme. Un seul ordre de sa part et le Phénix suivrait. En lui résonnait cet étrange cri... Parmi ceux qui se trouvaient devant lui, certains avaient des choses à se reprocher. Les flammes purificatrices du Phénix ne demandaient qu'à les purifier. Il était néanmoins trop tôt.

Lorsqu'il vit le Grand Pope pénétrer son temple, Kallas était prêt à se contenter de le laisser passer sans dire un mot. La configuration des lieux ne pouvait lui permettre de refuser le passage à l'un des serviteurs du Sanctuaire, et encore moins donc de son dirigeant. Il avait même prit l'habitude de n'y vouer absolument aucune attention. La plupart n'en valaient tout simplement pas la peine à ses yeux et même ne rien faire était plus intéressant à ses yeux que discuter avec ses soi-disant homologues. Mais cette fois, ce choix ne lui fut pas proposé. Les mots d'Arsiesys furent des plus simples. Le Gold Saint des Gémeaux était convié à se rendre à l'entrée du Sanctuaire à ses côtés. Tout simplement. Et il ne semblait pas être le seul d'ailleurs.
Il effectua une simple grimace avant d'endosser son armure. En raison de son état, il la portait moins qu'avant. Mais il était impensable de sortir de cette demeure pour des raisons officielles sans la preuve de son rang. Quand bien même cette preuve n'avait pas fière allure. Un chevalier avec une armure brisée perdait peut être en aura. Ces étrangers, qu'importe leur identité, mépriseraient peut être cette vue. Ce qui serait une grande erreur.

Et voilà le comité d'accueil devant leurs invités. Rien que la composition des premiers, possédant plusieurs membres du plus haut rang au sein des guerriers d'Athéna, montraient l'importance des seconds. Seconds dans l'identité restait inconnue aux yeux de l'homme à la peau mate. S'il pouvait reconnaître les douze d'or rien qu'à la vue de leur armure, il restait assez ignorant des serviteurs des autres Dieux. Et il s'en moquait un peu. Peu importe l'identité de celui se trouvant face à lui, seule sa force comptait aux yeux du combattants. Et le groupe qui s'était justement présenté en ce lieu semblait justement compter plusieurs personnes de valeur. Ce qui était, de toute évidence, la raison pour laquelle Arsiesys avait choisi un tel groupe pour les accueillir.

Une fois sur place, Kallas se contenta de s'adosser contre la première surface adéquate et d'observer, sans dire un mot contrairement à son habitude. Il attendit en premier lieu que son supérieur ne prenne la parole, ce qui eut au moins le mérite de le renseigner sur l'identité des personnes face à lui. Des émissaires de Poséidon, chose qui pouvait présager un affrontement en raison de l'inimité présente entre les dieux protecteurs des parties en présence.
Mais, en cet instant, il était bien conscient qu'il serait mal venu d'être la cause déclenchant cet affrontement. La diplomatie n'étant pas son point fort, il préférait donc laisser ce point des plus ennuyeux à celui qui le possédait de droit, et savait certainement mieux le gérer que lui. Si les choses dégénéraient, il serait prêt. C'était la seule raison pour laquelle le Gold Saint du Sagittaire pouvait avoir choisi le chevalier le plus assoiffé de combats comme membre de cette délégation.

Il profita donc du calme présent pour commencer à jauger ses adversaires, afin de choisir dès le moment venu celui qui serait le plus intéressant à combattre. Et si tous pouvaient, par une première observer, constituer des adversaires de valeur, il en retint trois en particulier. Il suffisait de voir la tenue sur leur dos pour se rendre compte qu'ils étaient d'un rang plus élevé que les deux autres. Peut être même étaient-ils du niveau de la moyenne des Gold Saints.
Cela fit sourire Kallas. Peut être ne s'était-il pas déplacé pour rien.

Corvus les avait senti arriver. Grand avantage de l'Armure de la Vierge, qui lui offrait une fenêtre ouverte sur le monde... et ses menaces. Mais était-ce une menace qui s'était présentée aux portes du Sanctuaire ? A première vue, oui, et pas des moindres. Un amas de cosmos d'une puissance redoutable, d'origine inconnue sauf pour l'un d'entre eux, groupe qui n'était pour l'heure pas agressif mais pouvait à tout instant s'abattre comme un nouveau fléau sur le Sanctuaire. Après les Titans... des Marinas.
Arsiesys avait traversé sa Maison, encore habitée du deuil d'Andonis, et Corvus l'avait suivi d'un même élan. Il se questionnait encore sur la nature de leur lien. Amitié ? Dévotion ? Paternalisme ? Peut-être une alchimie de tout cela, un mélange soigné faisant du Sagittaire et de la Vierge un duo qui fonctionnait, qui s'entendait, qui se respectait. Nulle attirance physique pour celui qui ne cachait pas ses préférences. Arsiesys était différent. Il était à la fois tout ce qui l'attirait et rien qu'il ne saurait aimer de tout son cœur. Comme il ne pourrait aimer d'amour Athéna si elle s'était incarnée en un homme, il ne pouvait aimer le Grand Pope.

Le groupe avait grossi ses rangs une fois face aux Marinas. Corvus parvenait à reconnaître ses pairs grâce à leurs Armures – au lustre plus ou moins entâché – et, même s'il ne les connaissait pas personnellement, se plaisait à se savoir Chevalier d'Or parmi les Chevaliers d'Or. Seul étranger à ce quatuor doré, le Phénix. Si son rang avait de quoi surprendre, il n'était pas impossible qu'il soit là en raison de la réputation de son Armure. Pour peu que l'homme qui la portait était un fier combattant, il aurait toute sa place parmi le contingent des Saints.
Corvus reconnut Kahr, ancien Augure d'Apollon, dont il avait reconnu le cosmos quelques minutes plus tôt. Ainsi avait-il changé de Dieu pour se tourner vers Poséidon. Il était étonné. Compte-tenu des relations qu'il avait entretenu avec les Saints, ou plutôt compte-tenu des informations que Corvus avait à ce sujet, il l'aurait cru plus enclin à rejoindre la faction d'Athéna. Sans doute que le Grand Pope mettrait au clair cette nouvelle allégeance.
Demeuré en retrait, laissant Arsiesys s'occuper des échanges diplomatiques, il détailla dans un premier temps les Marinas. Difficile d'estimer leur puissance d'après leur enveloppe externe. Mais lorsqu'il ferma les yeux, l'éclat de leur cosmos l'aveugla. Corvus se sous-estimerait pas la menace qu'ils représentaient.