Plutôt que de maudire les ténèbres, allumons une chandelle, si petite soit-elle. [PV]

Le couperet est donc tombé, hier soir en réunion sur skype avec la quinzaine de personnes présentes pendant les 2h qu'a duré la discussion (qui ont dérivés sur 3/4 par la suite ^^).

En faisant le constat de la situation actuelle puis le bilan du …

Ici seront stipulées toutes les armures remises en libre service après la perte de leur détenteur.

Citation :: Libération d'Armure
Nous ne pouvons pas nous permettre de laisser indéfiniment des armures en les mains de joueurs inactifs. À partir de deux …

Et voila, il est temps de vous faire part de notre nouveau projet...

One Piece ShinSekai RPG !

www.shinsekai-rpg.com

Un forum One Piece, depuis le temps que la team en parlait et avait l'idée en tête il était temps de franchir le cap. Bien …

Aujourd'hui, pas question de revêtir l'habit de Pope. Si sa voix serait celle du représentant d'Athéna, sa place était dans les rangs. Parmi les siens. Cela faisait près d'un an maintenant qu'il n'avait plus convoqué ses semblables. La chevalerie avait été décimée au cours des différents combats qu'ils avaient menés. Et si les disparus n'avaient pas été oubliés, d'autres avaient pris leur place. Leur ordre avait radicalement changé, mais il était incapable de dire si c'était en bien ou en mal. En revanche, il avait acquis la certitude que nul ne l'aurait reconnu. Même ceux qui étaient déjà là à l'époque et avaient survécu à ces batailles n'étaient plus les mêmes hommes, profondément marqué par les épreuves traversées. Arsiesys se sentait coupable d'avoir dû les leur imposer, mais ne pouvait rien y faire pour enrayer le processus. Tant que la paix ne serait pas revenue sur Terre, tant que les fauteurs de troubles n'auraient pas été scellés pour les prochains siècles, il y aurait toujours des guerres et du sang versé. C'était à présent une conviction, aussi déplorable qu'elle soit.

Arsiesys ne faisait pas exception à la règle, et il lui arrivait en croisant son reflet dans un miroir d'avoir du mal à s'identifier. Son apparence n'avait que peu changé, mais on ne pouvait en dire autant de son état d'esprit. Ce dernier s'était endurci et la pitié qu'il avait pu avoir autrefois était de l'histoire ancienne. Cela ne faisait pas de lui un mauvais homme, à plus forte raison qu'il n'avait pas renoncé à ses principes, mais il avait grandi en tant que soldat, mûri en tant que Grand Pope. Kallas n'avait pas tort en disant qu'une bataille ne peut se gagner grâce au pouvoir des mots à compter du moment où elle a pris trop d'ampleur pour revenir en arrière. La Guerre Sainte dans laquelle ils étaient engagés découlait d'un conflit vieux de plusieurs siècles, si ce n'est plusieurs millénaires. Penser pouvoir le juguler avec des belles paroles n'était que pure folie, même pour lui et son idéalisme. Il n'y aurait ni cessez-le-feu, ni d'armistice. Pas d'arrangement à l'amiable et encore moins de point final à cette confrontation.

Le sort du monde était entre leurs mains et se montrer trop gentils pourrait leur coûter la victoire. Cette guerre ne prendrait fin que le jour où ils se seraient enfin départagés, même si à en croire le temps depuis lequel s'éternisait cette rivalité ils n'étaient pas prêts d'en voir le bout. Beaucoup de choses devaient être dites et il espérait n'en oublier aucune, sans pour autant les noyer sous le flot d'informations. Certains dont Kallas ne manqueraient pas de détourner leur attention de son discours s'il le faisait trainer en longueur. Aussi irait-il à l'essentiel, sans faire de détours, et ne leur dirait-il que toute la vérité exempte de tout artifice. Les Chevaliers d'Or ne méritaient-ils pas d'entendre la vérité sous sa forme la plus dure, eux qui luttaient pour qu'elle éclate au grand jour ?

Dans un souffle ardent, les flammes éthérées qui brillaient parfois sur le cadran dominant l'ensemble du Sanctuaire de sa hauteur se mirent à vibrer à l'unisson, annonçant une convocation qu'il n'était pas permis d'ignorer. Les flammes dorées qui se dégageaient du corps d'Arsiesys s'élevaient en longues volutes étincelantes dont le sommet effleurait avec grâce le plafond du temple. Le palais du Pope tout entier vibrait sous l'intensité de sa cosmo-énergie, qui pourtant était dépourvue de toute violence. Mais l'atmosphère ne laissait planer aucun doute : l'heure était solennelle, et ses frères étaient attendus au sommet de ce Sanctuaire dont ils avaient la garde. Le dernier rempart contre les forces du mal. À ses côtés se tenait Elias du Phénix, récemment élevé à un rang qui n'avait rien à envier à celui de ses futurs convives. Le voir prendre part à la cérémonie ne serait certainement pas du goût de tous, mais ils auraient droit à une explication le moment venu. Cela devrait néanmoins attendre que tous aient fait l'ascension. La Grande Réunion d'Or pourrait alors commencer...

L

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C

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* * *
Ses yeux ne purent se détacher du splendide spectacle de l’étrange lumière du cadran sacré du Sanctuaire d’Athéna. Une énergie cosmique que ceci, et bien qu’il ait été instruit de la présence et de la signification de ce cadran, le voir ainsi illuminé restait une vision irréaliste. Lui qui onze ans plus tôt était encore un simple marchand totalement ignorant du monde dans lequel il vivait. Un monde nimbé d’une magie enchanteresse mais aussi de cruelles malédictions qui pouvaient s’abattre à tout instant sur le monde. Les Dieux se livraient depuis toujours à un jeu de pouvoir sordide avec eux, et nommaient de-ci de-là leurs champions pour combattre en leurs noms. Les motivations étaient différentes mais l’enjeu était le même : dominer la Terre et y répandre sa philosophie. Destruction, anéantissement, ou paix, survie et respect de la nature ? Ou bien, la fin de la vie elle-même… ?

Aujourd’hui Hannon était dans le camp de ceux qui défendaient la paix. Mais le hasard aurait pu l’amener à prôner la destruction, si un autre de ces Dieux avait jeté son dévolu sur lui. Aurait-il été mal à l’aise de détruire autour de lui tout ce à quoi pouvaient tenir les gens comme lui-même en avait été privé ? Peut-être oui. Heureusement un vieil homme s’était chargé d’effacer les traces les plus évidentes de sa rage pour qu’en lui ne subsiste en apparence que son désir de contribuer à l’idéologie de la Déesse. Sur le papier cela semblait acquis. Dans les faits, il restait à voir quelles tournures prendraient les évènements futurs. Au jour d’aujourd’hui Hannon était loin de vouloir déserter son poste et fuir son destin : même si la situation était pire que ce que Zénon avait pu lui annoncer - et il se demandait si ce n’avait pas été fais exprès - le Chevalier d’Or gardait en lui l’espoir, le bien le plus précieux de l’Humanité. Et tant que cette flamme ne vacillerait pas en lui, sa route serait toute tracée.

De son œil à la pupille d’or, il regarda les trois hommes en présence dans le Temple d’Athéna. L’un d’eux n’aurait pas dû être ici, mais cela n’était qu’à l’image des étrangetés que ce fameux « Grand Pope » qu’il découvrait enfin avait pu laisser faire depuis que son règne avait été instauré. Une raison supposée pour laquelle Zénon ne revenait pas, lui qui pourtant aurait pu tant offrir aux Chevaliers Saints. Ses enseignements avaient fais du précédent Chevalier du Capricorne un héro respecté de ses élèves pour sa sagesse et son courage malgré son jeune âge - car il était plus jeune que lui de six années -. Mais le vieux maître s’en était allé vers d’autres contrées, Athéna seule savait où il se trouvait en ce moment car le bougre savait parfaitement bien camoufler sa présence lorsque cela était nécessaire. S’il avait été ici, qu’aurait-il fait ?

Et lui, Hannon du Verseau, que devait-il faire ?
Inutile de frapper sans avoir laissé à l’autre le loisir de s’exprimer. Mais si les réponses n’étaient pas satisfaisantes, alors le recours à la violence devenait une option envisageable. Après tout… Que faisait donc le Chevalier du Phénix à cette assemblée d’Or ? Et d’ailleurs, portant lui-même une Armure de Bronze élevée au-delà de son rang ? Quand au Grand Pope, pourquoi continuait-il de porter son Armure d’Or, alors que l’attendait l’Armure de Platine associée à sa fonction ? Tout ceci allait plus loin que de simples étrangetés : c’était de la folie ! Que faisait-il de l’ancien code ? Que… !

Respires, respires… Tu ne dois pas t’énerver ici, pas pour l’instant jeune homme. J’inspirais profondément et relevait le menton, avant de m’avancer et de saluer d’un mouvement du buste légèrement incliné celui qui conduisait leur ordre à sa perte, reconnaissant ainsi son « autorité », pour l’instant.

« Hannon du Verseau. » Annonça-t-il aux hommes rassemblés, et à ceux qui venaient d’arriver quelques secondes après lui. « Ma présence en ce lieu est un honneur pour moi, et je souhaite que la discussion soit courtoise et constructive entre nous. » Il inclina de nouveau la tête et recula pour prendre place un peu plus loin, les bras croisés.

Sa cape blanche fouetta l’air quand il se détourna du cercle des Chevaliers d’Or et durant quelques secondes, son visage laissa transparaître quelques uns de ses sentiments intérieurs, toujours trop forts et fougueux pour être contenus. Car le ton qu’il venait d’employer pour s’adresser plus particulièrement au Sagittaire et à son suivant n’avait rien d’amical et était aussi glacial que l’armure dont il était le détenteur. Mais la tristesse dépassa sa colère et sa déception dont les proportions ne cessaient pourtant de croître depuis quelques temps déjà. Quel malheur que le Sanctuaire soit ainsi… désorienté. Mais qui sait ? Cela allait peut être changer.

* * *

Il était entrain de méditer depuis quelques minutes lorsque le cosmos d'Arsiesys emplit le sanctuaire et que l'horloge du zodiaque s'alluma de ses douze flammes bleutées, les flammes du zodiaque. Le Grand Pope avait lancé un réunion, celle des douze Gold Saints, le Krusos Sunagein. C'était la première fois pour Sokaris. Il se releva de sa position en tailleur et se fit revêtir par sa Gold Cloth. Il partit vers une autre pièce pour passer sa cape blanche, il n'aimait pas trop la passer car elle était inutile en combat, mais aujourd'hui, ce n'était pas un combat, c'était une réunion officielle et donc il se devait de se mettre en habit officielle. Il sortit ensuite de son temple, il ressentait les différents cosmos qui grimpait déjà les marches du chemin zodiacale. Il grimpa assez vite. Il se demandait ce que voulait Arsiesys, en effet il s'était déjà parlé il y a trois jours maintenant, il se demanait bien ce qu'il allait dire. Sokaris se sentit presque honteux, d'avoir été voir le Pope alors qu'une réunion allait avoir lieu, sauf si c'était ses dires qui avait fait naître l'envie de cette réunion au Pope? Il accéléra le pas...

Il arriva parmi les premiers, dans la salle du trône il y avait déjà trois autres personnes en plus du Pope. La première était Japheth du Cancer, il ne l'avait pas vu depuis leur combat, celui même qu'Elias jugeait comme ayant eu comme conclusion. Justement en parlant d'Elias il était la? chose bizarre pour son rang, mais un souvenir revint en mémoire du Gold Saint, les paroles du Phénix comme quoi il reviendrait lorsqu'il aurait un rang égal. Il sourit, sa présence ici lui montrait que ce jour était arrivé. Il ne put que sourire à cela, le blondinet avait montré une arrogance aussi forte que celle qu'il accusait les golds saints et ses mots n'avait été que chose futile que le nouveau Gold Saint n'avait eu que faire. En quelques mois Sokaris avait compris encore des choses, des choses qui avait changé certains de ses jugements, Elias grandirait et il comprendrait lui aussi. Hannon était la lui aussi, Sokaris le salua, l'armure d'or du Verseau lui allait bien, il était digne d'être l'un des remplaçants d'Anathema. Il s'avança encore avant de s'agenouiller devant Arsiesys.

_ Grand Pope, toujours un plaisir de vous voir.

Il se releva et alla rejoindre Japheth et Hannon.

_ Japheth, content de te revoir, tu as l'air d'avoir repris du poil de la bête. Hannon, heureux de ta présence.

Il se tourna vers Elias, respectant qu'il soit ici en ce lieu, attendant le pourquoi de sa présence, même s'il comprenait bien ce que cela voulait dire. Le Phénix allait être élevé encore une fois.

_ Elias, salutations.

Citation :

Note HRP : A partir de ce rp très précis, mon armure n'a plus la même apparence.

Spoiler:

Elias n'avait pas cette impression de ne pas être à sa place, bien au contraire. Il savait qu'il méritait amplement le rang qui venait de lui être accordé. Fier, il l'était. Et il savait que cela ne plairait pas à grand monde. Quelle hérésie pour certains Gold prétentieux que de voir un chevalier de Bronze participant à une réunion de cette importance. Pourtant l'armure avait évoluée et ne pas le remarquer serait une preuve d'aveuglement. Comme croire que cette armure d'or, ailes dans le dos, dégageant une puissance remarquable, pouvait avoir été de bronze fut une époque ? C'était pourtant le cas.

Oh bien sûr, certains prétendraient que seul un gardien avait le droit de participer à un tel regroupement. Mais Elias avait un rôle très précis à jouer et il ne comptait pas se laisser déstabiliser par les autres. Sa puissance n'avait rien à envier à celles des Gold Saint désormais et il était capable de tenir la comparaison avec n'importe lequel d'entre eux. C'était aussi pour cela que le Grand Pope avait fait appel à ses services. Il avait besoin d'autre chose, de sang neuf.

Le premier à répondre à l'appel fut Japheth du Cancer. Revoir le visage de celui qui avait été un mentor pour lui fit plaisir au Phénix qui répondit au signe de tête de son vis-à-vis. Le second était un parfait inconnu mais l'armure qu'il portait ne laissait aucun doute : le Verseau avait ainsi trouvé un nouveau porteur. Athéna avait plus que jamais besoin de ses gardiens mais Elias trouvait dangereux de voir un homme inconnu prendre ce rôle. Surtout en ces temps troubles. Pourtant il ne jugerait pas sans savoir à qui il avait à faire. L'heure n'était pas encore à la pesée des âmes. Mais cela arriverait bien assez tôt...

Et en parlant d'homme ne méritant pas son rang, voilà que Sokaris faisait son apparition. Avec le temps, Elias avait appris à canaliser sa colère pour ne plus se laisser dépasser par celle-ci. Son double sombre restait maintenant tapis dans l'ombre, enfermé par la volonté du véritable maître de ce corps. Il avait promis certaines choses à Sokaris et il avait respecté son pacte. Il se présentait de nouveau à lui avec un rang équivalant au sien. Si Sokaris n'avait aucunement assumé ses actes passés, s'il n'avait pas eu le courage de voir son âme jugée, les choses changeraient maintenant. Car le blondinet comptait bien, lorsque le moment sera propice à cela, lui dévoiler le véritable pouvoir qu'il possédait. Et si Japheth n'était pas parvenu à calmer la frénésie de ce nordique, lui y parviendrait. Les Parques lui avaient conférés un bien étranges dons. Et la Balance comprendrait alors qu'il n'était pas Justice... Mais coupable !

Le visage impassible, Elias répondit au Gold d'un simple hochement de tête. Perdre du temps en palabre était actuellement inutile. Tant que Arsiesys n'aurait pas levé le voile sur sa présence en ce lieu, il restait l'étranger ! Et endossait ce rôle parfaitement.

Aujourd'hui, j'avais tenu à revêtir mon armure comme un simple soldat. Comme pour me rappeler à quel point j'étais humain. Comme pour ne pas me laisser dépasser par la puissance qu'Athéna la bienveillante nous avait octroyé pour défendre l'Humanité. Cela aussi, je devais le garder en tête. Les hommes étaient la première de nos préoccupations. Nous étions comme des prêtres guerriers, diffusant la bonne parole, protégeant nos ouailles et prenant les armes au nom de nos préceptes.

Cette fois encore, il s'en était fallu de peu. Cette fois encore, nos ennemis avaient effectué une percée fulgurante dans nos lignes, allant jusqu'à pénétrer dans le sanctuaire de la Balance. Ils n'avaient été que trop proche de mon temple, souillant le reste de leurs âmes noires. Je ne pensais plus à leur offrir un seconde chance, ni avoir une quelconque pitié à leur encontre. Après tant d'années à combattre les effets néfastes du sang du Scorpion, je le laissais me dicter sa conduite, pour ce que j'espérais être le bien de tous. Après tout, n'était-ce pas là un don de mon armure, plutôt qu'une malédiction? Il m'avait fallu le contrôler, pour m'en voir digne, agir avec prudence et discernement, afin de pouvoir me laisser emporter par ce pouvoir. Je savais maintenant que rien n'était du au hasard, et je comprenais un peu mieux le fardeau que Pontius m'avait laissé sur les épaules.

Une fois mon complet d'or revêtu, j'ajustais l'ensemble, pour me rendre compte que, comme toujours, il m'allait à la perfection. Quelques traces ombrageait ça et là le métal précieux, vestiges du feu du Centaure qui avait ravagé mon Temple, à l'origine des changements que je percevais en moi. Au moins cela me permettrait-il de me souvenir de ma mission, de ce qui m'avait fait quitter ma route pour un chemin plus périlleux. Dehors, les flammes sertissant l'horloge des constellations brillaient de leur intensité annonciatrice de notre rassemblement. Combien de temps depuis la dernière? Au moins un an. La finalité en avait été un voyage vers Rome, la destruction d'une branche de Protecteurs des hommes, et l’émergence d'ennemis redoutables, et d'alliances obscures qui nous avaient tant coûté. Triste bilan...

La montée des marches me paru durer une éternité. J'eus pu, comme tout Gold Saint, user de notre vitesse formidable pour avaler la distance, mais je me refusais à cette bassesse. Mes pouvoirs étaient réservés à la juste punition que je prévoyais, j'avais encore mes principes. Quand enfin je foulais le seuil de la salle réservée à notre réunion, je souriais encore sur cette pensée absurde.

Fus-je surpris de voir mon élève au côtés du Pope? Non, pas des moindres. Je lui avais souvent dit, dans nos moments de badineries, qu'avec son potentiel il pourrait prétendre à construire une cabane après la maison du Poisson, tout près du Sanctuaire d'Athéna. L'avoir près de moi me réconfortait, car je savais qu'il partagerait mes convictions. Et, puisque je souhaitais de toute façon l'impliquer dans mes desseins, et bien, il ne serait que plus vite informé de ce qui allait arriver. La couleur de son armure me ravit, et suivait la logique même. Il avait réussi à vaincre ses démons intérieurs, plus rien ne pouvait l'empêcher d'atteindre les étoiles. Encore une bonne chose pour l'avenir.

Japeth était là, lui aussi. Mon premier contact avec cet homme avait été des plus agréables, et à l'aune de ce que je savais sur lui, je lui faisais confiance, allant même jusqu'à l'apprécier à sa juste valeur. La Balance, quant à elle, m'avait tristement été présentée par mon disciple. Voyant que le Cancer restait neutre, comparé à Elias, je me promettais d'en savoir plus une prochaine fois. Mais je l'avais dit au Phénix: aucun manquement à notre crédo ne restait impuni. Même si mon jugement restait influencé par le fait qu'Athéna lui avait confié une armure d'or. Le dernier chevalier présent, quant à lui, ne me disit rien, ce pourquoi je me morigénais, me targuant de connaitre chaque chose au Sanctuaire. Le voir revêtir la cloth du Verseau me ravit, puisqu'un nouveau combattant rejoignait nos rangs. Son air glacial, en revanche, me hérissa quelque peu, mais je devais sans doute mettre ça sur le compte du venin du Scorpion, qui enflammait ma passion. Pour ne pas trahir mon mécontentement, je me penchais, effectuant un salut la main sur le cœur.

Mes frères, je suis heureux et triste à la fois de me trouver parmi vous. Le dernier Crusos nous a finalement propulsé au centre d'une guerre sainte, et beaucoup de ceux présents lors de celui-ci sont tombés sous les coups de nos ennemis. Espérons que cette rencontre annonce le renouveau de notre armée, et précède l'aube de la victoire.

Je donnais le ton, même si cela restait dans mon style. J'attendrais bien sûr le discours de notre chef à tous, mon ami le plus cher, avant de réagir, mais cette réunion ne me verrait pas muet: j'en avais fait le serment.

Citation :: Repos 1/3

"Mon seigneur, c'est un honneur de me présenter à vous aujourd'hui."

Une simple escale... Voilà ce qu'il avait prévu. Hélas, les choses marchaient rarement comme il le souhaitait. Son voyage ne pouvait pas reprendre de suite puisque Arsiesys avait décidé de réunir un nouveau Krusos. Combien de temps depuis le précédent ? Kallas ne se souvenait plus vraiment. Cela ne l'intéressait pas vraiment. Pas assez à ses yeux, c'était certain. Pendant un instant, il hésita vraiment. Il pouvait très bien ne pas y aller, utiliser ses pouvoirs pour disparaître et prétextant comme excuse qu'il était parti avant de voir la réunion se lancer. Et cela ne surprendrait peut être même pas le Pope, qui connaissait assez bien le Saint des Gémeaux.
Lorsqu'il se dit que cette option était un moyen de ne pas fréquenter les incapables constituant les protecteurs d'Athéna, il fut réellement tenté. Mais lorsqu'il se rappela qu'il avait peut être une ou deux chose à entendre qui pourrait servir son projet, il se ravisa. Et puis, lui même pouvait posséder quelques informations utiles, choses qui surprendrait peut être un peu plus son supérieur puisque la collecte de connaissances n'était pas le point fort du guerrier à la peau, qui préférait de largement semer la destruction sur son passage.

Sans autre décoration que sa Cloth, libérée de son casque des moins présentable évidemment, Kallas pénétra au sein du lieu de rassemblement. Il jeta un bref coup d'oeil autour de lui et fit une grimace. Il était parmi les premiers, ce qui n'était guère plaisant. Il espérait ne faire qu'un bref passage, voir ce qu'il y avait d'intéressant et repartir aussitôt. Pourtant, il était évident que cela ne pourrait se faire tant que d'autres des protecteurs vêtus d'Or ne se montreraient pas. Et donc qu'il allait falloir attendre. Forcément trop longtemps à son goût.
Il nota les présents. Le Saint du Phénix aux côtés duquel il s'était déjà battu. Quelqu'un ayant un minimum de valeur au combat, mais il se demandait quand même ce que sa présence en de tels lieux signifiait. Puis venaient les Saints du Cancer, du Verseau, de la Balance, du Scorpion, du Lion... Autant d'inconnus dont il partait du postulat qu'ils étaient comme la majorité de ceux peuplant le Sanctuaire. Des imbéciles sans intérêt doublés de faibles. Peut être que l'avenir lui prouverait le contraire, mais il préférer ne pas l'espérer pour ne pas être déçu.
Ainsi, sans s'occuper plus en détail des trois autres présents, Kallas vint se planter devant Arsiesys, sourire aux lèvres.

- Eh Ars', j'espère qu'il y a vraiment une bonne raison pour nous convoquer, j'ai un petit voyage à faire ! D'ailleurs t'as de la chance d'avoir lancé cette petite fête avant que je reparte !

Il tourna ensuite le regard en direction du Saint du Scorpion, dont il avait entendu les paroles avant de venir. Ce dernier semblait déplorer l'état actuel des choses, déplorer la guerre. Dans un sens, il pleurait les morts, ces faibles n'ayant pu tenir face à l'ennemi. La discussion qu'il avait eut avec Arsiesys lui revint alors, et il ne put retenir un sourire avant de prendre la parole.

- Et ouais, j'espère qu'elle annoncera le renouveau de notre armée. Comme éloigner les faibles du champ de bataille afin de connaître la victoire.

Et, suite à ces paroles à moitié provocantes, il tourna le dos au Pope et alla s'installer légèrement en retrait, adossé contre un mur.

Le Crusos Sunagien... cela devait bien faire une année entière que nous nous étions rassemblés à l’intérieur du Temple du Grand Pope, nous les Gold Saints. Une longue année marquée par la guerre, les apparitions de factions redoutables ou d'êtres divins ne voulant qu'une chose, causer notre perte. Tous s'étaient alors déchaînés sur notre Sanctuaire, déversant le sang de nombreux chevaliers œuvrant pour le maintien de la paix sur ce monde. Des sacrifices que certains jugeront nécessaire si l'on ne veut pas voir nos terres sombrer sous l'influence du mal. Si l'on ne souhaite pas que notre déesse et la totalité des êtres humains peuplant ce monde subissent un bien triste sort. Cela semble une évidence, pour préserver la paix, il faut le sacrifice d'un nombre incalculable de nos frères. Il faut au moins cela pour tenir tête aux armées d'Arès, Poséidon ou même Hadès. Pourtant... à ce rythme, si l'on se contente de repousser les vagues d'assauts de nos ennemis, l'on finira par disparaître tous sans exception sans être parvenu à mettre en échec ces chiens. Ne pas seulement se contenter de défendre, prendre l'initiative de l'attaque, décimer les rangs adversaires, supprimer les leaders. Sans eux, le reste des troupes ne sont rien. Une chose évidente à dire, plus ardu à appliquer.

J'ose espérer que mes frères d'armes approuveront cette pensée, alors pourra réellement commencer la Guerre pour les Saints. Songeur, mes pas me mènent jusqu'aux portes du lieu où se tiendrait la réunion, l'ascension des marches semblant durer qu'un court moment, bien moins longtemps qu'à l'accoutumé. Une impression seulement. Faisant mon apparition dans la salle du Pope, à la suite de quelques-autres de mes compagnons, j'eus la surprise de constater quelques changements depuis le dernier Crusos. Il y avait d'abord cet homme se tenant aux côtés du Pope, revêtissent une Cloth me rappelant celle du Phénix, du moins l'apparence de cette dernière s'en rapprochait. Pou autant que je m'en souvienne, la Cloth du Phénix n'était que de rang Bronze, or à en voir les teintes dont elle disposait, la puissance qu'elle semblait dégager, j'étais prêts à parier qu'elle pourrait égaler celle d'une Or. Étrange, fronçant les sourcils, les yeux rivés sur cette armure, je gardais le silence, préférant attendre que son détenteur m'éclaire à ce sujet le moment venu. En attendant, je m'avançais à quelques mètres du Sagittaire et Grand Pope. Un genou à terre, poing droit sur le sol, l'autre sur le métal de ma Cloth, une preuve comme une autre de respect envers cet homme.

- Mes respects, Grand Pope. Heureux de vous revoir en vie.

La dernière fois que j'étais venu m'incliner devant lui, je n'osais pas croiser son regard, honteux d'avoir essuyé une défaite aussi lamentable contre les Spectres. Aujourd'hui était différent, aucun problème à planter mon regard dans le sien et de le soutenir. Aucune honte d'avoir été mis à terre par le Prophète, Cardinal de la Mort, l'homme fort de la faction des Berserkers. Je me présentais en ces lieux bien déterminé à faire part de mon opinion sur les derniers événements ayant secoué le Sanctuaire. Désireux également de connaître ceux de mes frères, eux qui partageaient la même galère, devaient certainement avoir envie que les choses changent. Je me relevais à présent, reculant de quelques pas afin de me placer aux côtés d'Antares, le seul Chevalier, avec Arsiesys, que je ne connaissais pas uniquement de vue. Lui qui était un ami sur lequel l'on pouvait compter, j'étais soulagé de constater qu'il avait survécu à toutes ces sanglantes batailles. Ces derniers temps, je n'avais pas eu le temps de lui rendre visite pour le constater de mes propres yeux, la réparation de mon propre Temple me retenant sur place. Cette réunion m'enlevait au moins ce lourd poids du cœur. Un fin sourire vint chasser mon air habituellement froid alors que je m'adressais à lui.

- Antares, mon ami. Je me doutais bien qu'il en fallait plus pour venir à bout du redoutable homme que tu es.. Content que tu sois là, contrairement à certains ayant assistés au précédent Crusos, tu es toujours parmi nous...

Cette phrase faisait évidemment référence à Hélios, Aétios ou encore Narcisse, tous trois morts pour assurer la survie de tous, de ce Sanctuaire, de ce monde. Sur ces mots, je portais plus ample attention aux autres Chevaliers présents dans la salle. J'allais de surprises en surprises... Ainsi donc la Cloth du Verseau avait fini par trouver un nouveau porteur ? C'était sans aucun doute mieux ainsi, cela renforcerait nos rangs. Le Gold Saint du Cancer également présent, Japheth de son nom. Lui aussi s'était dressé contre les Berserkers lors de leur premier assaut. Lui aussi survivait tandis que d'autres tombaient à ses côtés. La Balance à son tour changeait de propriétaire, d'après mes souvenirs, c'était une femme qui la détenait lors du précédent rassemblement des Golds. Une joie de voir Sokaris prendre la relève, une peine d'imaginer ce qu'était devenu la jeune femme. Mon plus grand étonnement fut réservé à l'ancien Andromède, Dormin. Lui qui s'était présenté à mon Temple, souhaitant éprouver sa force, sous la Cloth de l'Andromède, se présentait aujourd'hui sous celle du Lion. Une évolution réjouissante, il le méritait. Je les saluais un à un avant de prendre à nouveau la parole.

Même Kallas du Gémeaux qui ne semblait pas emballé à l'idée de participer à cette réunion. Cet homme dont on parlait beaucoup dans le Sanctuaire, plusieurs rumeurs le concernant circulent, toutes pas vraiment encourageantes...

- Salutations Chevaliers. Nous ne nous connaissons pas encore pour certains, mais sachez que c'est un plaisir de faire votre connaissance.

Depuis la dernière fois où le Bélier avait apercu ces lumière bleutée, tant de choses s'étaient déroulées, tant de vies avait été perdues. Il avait toujours considéré son passé avec tristesse, mais jamais au grand jamais jusqu'à aujourd'hui l'avenir ne lui avait fait peur. Pourtant à présent que le chaos et les forces du mal foulent à nouveau le sol, il n'y avait plus grande place pour l'optimisme dans son cœur.

Cet état d'esprit avait été renforcé par sa défaite en enfers, et par le comportement de Kallas. Seul rayon de lumière dans ce tableau obscur, Sokaris, avec qui il s'était lié d'amitié et qui lui permettait de tenir le choc suffisamment bien pour continuer d'œuvrer pour Athéna. Il n'en restait pas moins qu'il était arrivé à la limite de la brisure de son âme. Oscillant dangereusement au-dessus du gouffre de la dépression. Défaite, mort, orgueil, pertes, tout cela faisait d'Alpharius l'ombre de ce qu'il fût jadis. Un homme sage et clairvoyant prêt à tout pour servir de nobles causes.

C'est la mine lugubre que le Bélier pénétra dans l'antichambre du Temple d'Athéna. Ignorant de facto la majorité des protagonistes ayant fait le déplacement avant lui pour répondre à l'appel du Crusos. Pourtant cette attitude ne dénotait pas tant que ca avec son comportement neutre habituel. Et seul les plus observateurs, ou ses proches, pouvaient discerner le changement subtil qui tiraillait l'âme du Gold Saint.

Il avança lentement vers l'assemblée, sa cape pendant mollement dans son dos, se plaçant aux cotés de Sokaris, dont il tapa l'épaule de manière fugace en lui lancant un regard entendu, un simple bonjour silencieux fait avec une mine de déterré. Il s'inclina alors succinctement et rapidement devant Arsiesys, remarquant à ce moment là, la personne à ses cotés. Elias, il l'avait déjà vu à quelques reprises, mais il lui semblait qu'il s'agissait d'un Bronze Saints, hors là il revetait une armure d'or. Chose encore plus étrange il ne s'agissait d'aucune armure qu'il connaissait. Une treizième Gold Cloth.

Si en temps normal il aurait réagit par une surprise contrôlée, et aurait posé des questions, en son état actuel il se contenta d'un soubresaut suivi d'une légère grimace d'ignorance. Il ne prit pas non plus la peine de se présenter à l'assemblée. La majorité le connaissait déjà, et ceux qui ne le connaissait pas n'avait que peu de raison de se préoccuper du Gold Saint le plus inefficace du Sanctuaire…

- Encore ?!

Voilà à peu de choses près ce que fut la réaction des jumeaux du Poisson lorsqu'ils virent les flammes du zodiaques briller d'un feu surnaturel au sommet de l'étrange monument qui surplombait le Sanctuaire. Il n'avait reçu que de brèves explications le jour où il avait reçu presque par hasard le titre de Chevalier d'Or, mais au moins Adrix connaissait-il la véritable signification de cet important signal : Une convocation. Les protecteurs d'Athéna venaient ni plus ni moins que de recevoir l'ordre de se rassembler au Temple de la Déesse. Et, si l'occasion de rencontrer tous ses nouveaux collègues était des plus intéressantes, c'était la perspective de remonter ce fichu escalier qui ombrageait l'humeur du Gold Saint. Il avait entendu dire que même les combattants les plus émérites ne se rendaient pour ainsi dire jamais dans le domaine du Pope... mais dans son cas, il avait l'impression d'y avoir passé presque plus de temps que dans sa propre Maison. Entre son entrée pour le moins mouvementé et sa précédente mission, ce serait déjà la troisième fois qu'il pénétrait dans cet espace soit disant sacré... et qu'il se tapait les quelques milliers de marche agrémentées de roses empoisonnées au milieu. A cette seule pensée il se sentit prit d'une profonde lassitude. Une réaction assez ironique sachant qu'il avait la chance d'être le plus près du lieu de rendez vous.

Ce qui ne l'empêcha bien sûr pas d'être l'un des derniers à se présenter. Après tout, pour que tous les combattants les plus puissants du Sanctuaire soient appelés à se rassembler, il devait y avoir une crise majeure à régler, et quitte à partir pour une nouvelle quête potentiellement mortelle, il avait au moins le temps de casser la graine avant d'aller se faire trucider.
Adrix prit d'ailleurs tout son temps pour profiter de la montée. Son organisme était devenu suffisamment acclimaté aux volutes empoisonnées des fleurs pour qu'il puisse se permettre de profiter du paysage. Et malgré tous les problèmes que cette barrière de fleurs tueuses provoquait, il fallait au moins lui reconnaître qu'elle offrait un panorama magnifique. La vue était si époustouflante qu'elle parvenait à clouer le bec à Eleonor, un exploit partagé par bien peu de choses dans cet univers. L'image du Chevalier du Poisson revêtu de sa parure sacrée et vaquant dans son jardin maudit, sans parler de la finesse des traits du jeune garçon, aurait pu être des plus poétique si seulement le principal acteur y avait mit un peu du sien.

Il resta un instant figé par la vague d'énergie qui le submergea alors qu'il s'approchait du Temple d'Athena. Cette sensation était... à des années lumières de tout ce qu'il avait pu ressentir jusqu'à présent. Toute cette énergie, toute cette puissance rassemblée en un seul point... Voilà donc la véritable puissance de frappe dont disposait le Sanctuaire. En appréhender toute la mesure était une perspective à la fois terrifiante et fascinante. Si une partie de lui se sentait menacée, écrasée même par ce déballage de cosmos, il sentait au plus profond de son être qu'il allait particulièrement aimer cette petite réunion. Une intime conviction lui murmurait qu'il allait bien s'y amuser sans qu'il ait su mettre le doigt sur sa nature réelle.

*On va probablement croiser des gens intéressant là dedans.*

*Je l'espère en tout cas*

Jusqu'ici, ses contacts avec d'autres protecteurs d'Athéna avaient été assez limités. Pour tout dire, il n'avait eut l'occasion de discuter qu'avec Calyps, le Pope et le chevalier d'Andromède qu'il avait eut la chance de croiser par hasard dans la Maison du Lion. Tiens, d'ailleurs, il ne reconnaissait pas l'énergie glacée qui caractérisait le dénommé Thalès, porteur de la sainte armure suscité. L'androgyne laissa s'échapper un ricanement ironique à cette constatation : Probablement ce "ténébreux combattant" était-il trop occupé à se mouvoir avec autant de lenteur que possible pour renforcer son image dramatique. Vu le temps qu'il lui avait fallut pour traverser son propre temple, le Poisson supposait qu'il lui faudrait au bas mot une bonne semaine pour arriver ici, si ce n'est plus.
Quelle ne fut sa surprise quand, en entrant, il aperçut pourtant l'Armure féline... sur le dos de Dormin.

*Déjà ?!*

Il avait bien entendu de la bouche d'Andromède que les Lions n'avaient ici qu'une bien faible espérance de vie, mais jamais la nouvelle recrue n'aurait pu imaginé une farce de cette ampleur. Quelle que soit la raison de ce changement de propriétaire, ce Thalès serait resté à son poste guère plus de quelques jours. Comme quoi, les loups solitaires ne faisaient en effet pas long feu chez la Déesse de la Guerre.
Voir un visage vaguement familier le rassurait pourtant. Le premier contact avec le jeune hom... femm.... truc, aux cheveux de feu avait été des plus sympathiques, et c'était avec plaisir qu'il le rencontrait à nouveau. Il y avait certes aussi le Pope avec qui il avait échangé quelques mots, mais il doutait que ce dernier l'ait invité ici pour prendre le thé, en fait, il doutait même que ce soit le genre d'Arsiesys de prendre un verre anodin avec qui que ce soit. Ce concept ne collait tout simplement pas avec la grandeur de son personnage.
Les autres convives n'étaient pas moins impressionnants d'ailleurs. Il n'en connaissait pas un seul, mais tous dégageaient une force et un pouvoir hors du commun. Peut être aurait-il l'occasion de faire plus ample connaissance avec ces "collègues de travail" au cours de ce petit meeting. Mais plus important encore, une consternante vérité vint frapper Adrix en pleine figure :

*Je suis le plus petit...*

*Comme toujours non ?*

*Merci de le préciser*

Piéger qu'il était dans son corps d'adolescent chétif, le Poisson était loin d'avoir la même carrure que ses frères d'armes. Son regard s'attarda un instant sur celui qu'il identifiait comme le Chevalier du Taureau, une véritable armoire à glace dont la musculature offrait un joli contraste avec celle du jeune homme. En comparaison, il se sentait tout simplement ridicule, quand bien même son cosmos s'harmonisait tout à fait avec ceux des autres. Il faisait tout simplement tâche dans le décor avec son armure presque trop grande pour lui.
Mais même en présence d'une si majestueuse assemblée, Adrix n'allait pas changer son attitude débonnaire. C'est donc avec un ton d'une nonchalance presque outrageante qu'il se soumis à la tradition des présentations.

-Bonjour tout le monde, Adrix, Chevalier du Poisson fraîchement pêché. Heureux de faire votre connaissan...

Il tiqua sur la silhouette qu'il venait d'entrevoir. Un homme aux longs cheveux blancs, adossé contre un mur se tenait quelque peu en retrait. Ce comportement solitaire laissait supposer à Adrix que c'était lui l'auteur du discours assez agressif dont il avait entendu des brides alors qu'il s'avançait dans le Temple.
Il le fixa un instant, percevant dans son cosmos un sentiment étrange, mélange d'agressivité et de détermination. Si leurs comportements avaient quelques points communs, cet homme avait l'air d'être tout l'opposé de Thalès et les propos radicaux qu'il avait tenu tantôt renforçaient cette hypothèse. C'était à n'en pas douter un individu d'une grande force qui méritait tant le respect que la crainte...
Et Adrix éclata de rire.
Pourquoi ? Il n'en avait aucune idée, mais le simple fait de fixer le Chevalier des Gémeaux provoquait en lui une hilarité à peine contenue.

*Mais, qu'est-ce qui te prend ?!*

*Je... je sais pas, mais dés que je le regarde je...*

*Tu ?*

*Je l'imagine avec quelque chose de mignon perché sur la tête !*

Maintenant que l'image ridicule du Gémeau affublé d'un adorable chaton lui avait traversé l'esprit, elle refusait tout simplement de le quitter. Le contraste qui s'en dégageait était si savoureux qu'Adrix eut grand mal à reprendre le contrôle de son souffle saccadé par ses esclaffements. S'il avait tenté de se retenir, sa réaction avait été bien assez voyante pour que tous ici la remarque.

-Ex... excusez moi... je...

Et en s'adressant à Kallas, une larme perlant au coin de l'oeil.

-On t'a jamais dit que tu serais fantastique avec un lapereau sur la tête ?

Arrivant tant bien que mal à récupérer son sang froid, et sans se soucier ne serait-ce que l'espace d'une seconde de l'énorme affront qu'il venait de faire à un des plus grands combattants d'Athéna, Adrix vint se poster au côté de Dormin, son visage encore irradié de son hilarité de tantôt, menaçant de repartir en éclats de rire au moindre faux pas. Il devait à tout prix éviter de recroiser le regard du Gémeau pendant les prochaines minutes... Il parvient cependant à glisser un murmure discret à son voisin.

-Très joli le nouveau costume, ça te va mieux que le rose.

L'appel avait sonné et Corvus avait quitté son état contemplatif, abandonnant son observation du monde pour revenir à son enveloppe charnelle, engourdie. Le Cosmos du Grand Pope avait résonné en lui comme un gong. Et même s'il était à la fois inquiet et curieux de savoir ce qui pouvait amener Arsiesys à tous les convoquer – telle libération de puissance ne pouvait avoir pour but que de toucher l'ensemble des Gardiens –, Corvus était surtout pris par l'anxiété. Il était abonné aux échecs ces derniers temps et il n'avait pas vraiment de quoi se pavaner devant ses pairs ; qu'il ne connaissait au mieux que de nom, pour la plupart. Se présenter à eux serait un exercice difficile, où il devrait sauver les apparences... et redorer – ironie – son blason.

Seulement, quelle attitude adopter ? Comment se présenter à eux ? Devait-il se placer en élément fort, pour afficher sa détermination et son souhait de réparer ses fautes, ou mieux faillait-il faire profil bas ? Dans les deux comportements, il y avait du bon comme du mauvais. Lorsqu'il quitta sa maison, il croisa d'autres Gold Saints, sans pour autant échanger avec eux ; l'heure était solennelle, mieux valait économiser sa salive pour la réunion à venir. Mais à mesure qu'il échangeait de brefs regards avec certains d'entre eux, il se décomposait. Lui qui s'était battu toute sa vie pour garder fière allure et marcher le menton haut, les responsabilités l'avaient conduit à courber l'échine.
Pendant quelques secondes, il pensa à l'Armure du Corbeau.
Et celle de la Vierge gagna soudainement plusieurs dizaines de kilos, l'écrasant subitement sous son poids. Le Chevalier ne trahit pas sa surprise et resta droit comme une statue. Mais une inquiétude supplémentaire venait de s'ajouter à son esprit, et il n'en avait pas réellement besoin.

Il entra dans le Temple cérémonieusement, saluant les Chevaliers qu'il n'avait pas encore vu, d'autres qu'il ne connaissait pas et d'autres... qu'il connaissait, sans savoir qu'ils étaient de même rang que lui. Peut-être était-ce dû à une promotion récente mais... Sokaris et Dormin, avec qui il avait un passé houleux, étaient présents. A croire que l'univers était décidé à lui tourmenter jusqu'au bout du jour !
La vue d'Arsiesys, d'Antares et d'un Elias visiblement devenu aussi puissant qu'un Chevalier d'Or – après leur dernier affrontement, Corvus ne pouvait que confirmer ce fait – le rassura quelque peu. Même si les deux premiers étaient liés, d'une manière ou d'une autre, à un de ses remords, leur présence avait un effet apaisant sur son esprit tourmenté. Il reprit un peu confiance et sonda les environs du Sanctuaire, à la recherche du Cosmos libéré par les Gold Saints, mais ne perçut aucune autre entité que celles réunies dans le Temple. Il fallait donc croire qu'ils étaient tous là.

« Salutations à tous. Pour ceux que je ne connaitrais pas encore, je suis Corvus de la Vierge. Je pense que nous sommes tous présents, Arsiesys ? Peut-être peux-tu nous dire de quoi il retourne ? »

Plusieurs avaient déjà pris la parole, la lui adressant pour certains, mais il n'avait fait qu'acquiescer avec courtoisie. L'heure de la prendre à son tour n'était pas encore venue et lorsqu'il le ferait, ce serait pour être entendu de tous. Le regard lourd de sens qu'avait fait peser Hannon sur l'armure du Sagittaire ne lui avait pas échappé. Il était vrai que plusieurs d'entre eux faisaient leur entrée pour la première fois à cette assemblée et le Verseau en faisait partie. Et même si la plupart avaient déjà entendu ces explications, les nouveaux venus ne manqueraient pas d'y prêter une oreille attentive.

- Soyez les bienvenus. La Grande Réunion d'Or peut à présent commencer. Si je vous ai réunis ici ce jour, c'est pour de nombreuses raisons. Mais avant d'entrer dans le vif du sujet, je tiens à souhaiter la bienvenue à ceux qui nous ont rejoint. Au cours de cette année, les pertes ont été nombreuses. Mais je suis heureux de voir que les âmes des morts pourront trouver le repos car d'autres ont pris leur place pour siéger dans la lumière des Douze.

Les plumes dorées de ses ailes s'écartèrent avec légèreté alors qu'il allait s'attaquer à un point plus délicat. Néanmoins, cette décision émanait de la volonté des Chevaliers de l'ancienne génération, de ceux qui avaient aujourd'hui suivi jusqu'au bout le chemin qui mène à la tombe. Ils avaient fait de lui un guide pour tous les Chevaliers, une lumière dans les ténèbres. Il était l'interprète d'un Dieu, le porte-parole d'Athéna, et sa voix était sienne. Il n'était nullement gêné de le rappeler, ayant fini par se faire à cette idée. Le rôle qui était le sien le dérangeait plus que d'avoir à y ajouter celui de gardien de la neuvième maison. Il fit volte-face un court instant et se saisit du casque que le Grand Pope était seul à pouvoir porter, qui jusque là reposait sur le siège que nul autre ne pouvait occuper. Il tourna les talons une nouvelle fois pour le leur montrer.

- Je suis Arsiesys du Sagittaire, mais vous me connaissez très certainement sous le titre de Grand Pope. La tradition aurait voulu que je me sépare de mon armure en accédant au trône, mais il semblerait que vos prédécesseurs aient jugé bon que sa garde reste mienne jusqu'à l'heure de ma mort. En ces temps troublés, il est vrai que se défaire d'un Gold Saint n'aurait pas été à notre avantage... Il est des règles que j'ai préféré abolir, à commencer par le port du masque chez les femmes qui rejoignent nos rangs. Si cela doit vous poser problème, je ne demande qu'à entendre vos doléances.

Le heaume prit place sous son bras, maintenu avec fermeté. Cette piqûre de rappel se ferait sans doute dans l'indifférence des plus anciens, qui devaient depuis considérer comme normale cette entorse à la règle. Encore fallait-il espérer que les nouvelles recrues y soient tout aussi réceptives qu'ils avaient pu l'être à l'époque. D'un pas leste, il se glissa aux côtés d'Elias et posa la main sur son épaule. Au contact de l'armure du Phénix, un écho de son propre cosmos lui fut renvoyé, sans doute parce que son propre sang s'écoulait désormais dans cette protection réputée aussi immortelle que son porteur. Son regard passa sur Corvus et Dormin sans s'y attarder.

- Certains d'entre vous ont été de Bronze ou d'Argent avant d'être d'Or. À ceux-là, je m'excuse de n'avoir pu me présenter auparavant. Mon temps est précieux, et il a été mis à contribution plus souvent que je ne l'aurais voulu ces derniers mois. Néanmoins, mon regard a toujours été posé sur vous et l'homme qui se tient devant vous en est la preuve. Par ses faits d'armes, Elias du Phénix a mérité sa place parmi nous. Si son armure n'est pas d'or, le sang qui coule dans ses veines l'est désormais car il s'agit du mien. Il est le sang de mon sang, et nous vivons d'une même vie. J'attends de vous que vous le respectiez comme l'un des nôtres.

La nouvelle leur parviendrait bien assez tôt qu'Elias était nommé comme Inquisiteur du Sanctuaire. Un titre ronflant dont le seul but était de le confirmer dans les fonctions qu'il s'était lui-même octroyé, lui donnant ainsi toute légitimité. Il se garda cependant de dire qu'il serait considéré comme son bras armé et assurerait sa protection rapprochée pour ne pas les offenser. Il était tout aussi important de défendre leurs Maisons que d'empêcher les ennemis potentiels d'accéder au palais du Pope. Ainsi, si par malheur les douze maisons du Zodiaque étaient franchies tour à tour, il demeurerait un dernier obstacle avant de pouvoir prendre sa tête. Même si les Berserkers n'avaient pu forcer le passage la dernière fois, le fait était qu'ils avaient mené l'ascension jusqu'à un certain point, et que renforcer les défenses du Sanctuaire ne pourrait qu'être dans leur intérêt. Même s'il avait horreur de raisonner de la sorte, il était une pierre angulaire dans l'armée d'Athéna, et sa mort ou son enlèvement auraient de lourdes répercussions dont les siens peineraient à se relever. S'il considérait l'ensemble des Saints comme sa famille, Elias était à présent son frère plus que n'importe qui d'autre, car il partageaient le même sang. Certes, c'était sur son armure qu'il l'avait déversé, mais celle-ci étant une partie du corps de l'oiseau de feu, cela ne faisait aucune différence. Il reposa alors le casque pour s'emparer d'un autre objet, non moins précieux. L'emblème de la triste fatalité d'un destin acharné, de la lutte perpétuelle du bien et du mal. Le rosaire qui symboliserait leur bataille sans fin contre les Spectres.

- Pour ceux qui l'ignoreraient encore, notre assaut sur les Enfers a été un succès. Nous avons obtenu les cent-huit perles qui scelleront les âmes des Spectres d'Hadès. Le prix à payer pour obtenir ce rosaire a été la vie de Narcisse du Capricorne. Puisse-t-il reposer en paix et son armure oublier sa peine. L'armée immortelle ne l'est plus à présent, aussi oubliez toute notion de pitié à leur égard. Ces hommes sont déjà morts et se sont laissés corrompre pour obtenir une nouvelle vie. Je dois néanmoins vous mettre en garde. Puisse Athéna nous en préserver, mais il n'est pas à exclure que vous trouviez dans leurs rangs des visages familiers. Amis, familles... Si par malheur cela devait se produire, je vous demande de continuer à vous battre coûte que coûte, car ils seront alors catalogués comme des rebelles. Ce seront des ennemis du Sanctuaire et de la déesse Athéna.

La peur enserra son coeur et il se garda d'en dire plus. Les étoiles maléfiques prenaient un malin plaisir à s'accaparer l'ironie du sort comme la plus douloureuse des armes et il savait à présent de quelle perfidie les Spectres étaient capables. Il ne serait pas étonnant qu'ils tentent de retourner leurs sentiments contre eux afin de les affaiblir et de leur porter un coup en traître – un coup fatal. Cette mise en garde était ainsi répétée à chaque génération pour que nul n'oublie qu'ils devaient faire passer leur loyauté avant tout, plus que les liens qu'ils avaient pu tisser au long de leur vie passée. Ces paroles devaient prendre encore plus de sens pour Elias, qui se l'était vu rappeler avant le début de la réunion. Au diapason de ce dernier soliloque, les draperies bordeaux situées derrière le siège du Pope s'écartèrent pour laisser passer une silhouette féminine, d'une beauté telle qu'elle semblait presque irréelle. Le noir de jais de ses cheveux s'agitait au gré du vent tandis que la pureté de ses yeux bleus transperçait l'assistance de son éclat sans égal. Le maître des chevaliers posa le genou à terre alors qu'elle le dépassait de sa démarche féline. La tendresse de son sourire déchaîna les passions et embrasa les coeurs de son feu sacré. Or, il ne pouvait y avoir qu'une seule personne face à qui le Grand Pope soit tenu de s'incliner...

- Je vous félicite de tout coeur, Chevaliers. Vous avez admirablement protégé le Sanctuaire et jamais votre foi n'a faibli dans l'attente de mon retour. Ne blâmez pas le Grand Pope pour avoir gardé le silence sur ma réincarnation... Il l'a fait sur ma demande, car je n'étais pas encore prête à assumer mes fonctions. Je suis née avec ce pouvoir en moi mais il ne s'est éveillé que très récemment, et face au danger que représentaient nos ennemis j'ai préféré attendre d'en avoir le parfait contrôle plutôt que de vous décevoir. Je suis revenue sur Terre avant mon propre frère et ai assisté à sa disparition. Je suis sincèrement désolée de n'avoir pu vous soutenir dans vos combats jusqu'à maintenant mais je n'en avais pas la force. À présent, les choses ont changé. Je suis enfin devenue celle que je devais être. Ma place est parmi vous. J'aurais toujours dû y être. Et nul ne m'en éloignera désormais. Je vous en fais le serment en mon nom, celui d'Athéna.

Spoiler:

* * *
Inutile de cacher la surprise lorsque celle-ci était totale. Genou et poing à terre, il resta silencieux devant la Déesse. Que dire, de toute façon ? Il n’avait pas pensé un jour la voir : cela n’arrivait pas si souvent qu’elle se réincarne sur Terre. Pourtant, la Guerre Sainte en marche, c’était exactement le genre de situation où Athéna se devait d’être aux côtés de ceux qui, en son nom, défendaient son idéal avec dévotion, force et courage. Et la voilà, aussi belle qu’humaine sous ces traits. Hannon ne put s’empêcher de la détailler quelque peu tandis que tous autour prenaient exactement la même pose que lui, à commencer par le « Grand Pope » lui-même. La réincarnation d’une Déesse hein ? Il y avait de quoi avoir le tournis. Pour lui qui n’était là que depuis une semaine à peine, entre les révélations, les surprises, les rencontres et les retrouvailles, cela commençait à faire beaucoup à assimiler d’un coup… Mais ceci rendait aussi sa présence en cet instant précis encore plus pleine de sens qu’elle ne l’aurait été sans cette soudaine apparition. Il était là pour servir la Déesse, pas celui qui « abolissait » à tour de bras les traditions qui avaient permis à leurs aïeuls de survivre et de continuer de protéger ce monde du chaos, de la destruction, ou de l’annihilation totale. Maintenant il comprenait pourquoi Zénon, en qui il avait finalement vu un ancien Chevalier du Capricorne si fier de ce qu’il était, avait choisi de ne pas revenir. Ce Sanctuaire n’était plus le sien, mais les enseignements d’antan continuaient de perdurer grâce à lui.

Après tout, n’était-ce pas son élève le plus brillant, son héritier Narcisse du Capricorne, qui était aujourd’hui cité lors de cette réunion ? Quelle surprise cela était d’apprendre les conditions par lesquelles cet autre élève de Zénon avait trouvé la mort. Un être dont il ne connaîtrait que les éloges funèbres malheureusement, mais dont le sacrifice avait permis de priver les Spectres d’Hadès de leur pouvoir le plus précieux : l’immortalité. Tant d’ennemis autour d’eux, mais au moins étaient-ils presque tous là aujourd’hui pour cette réunion : seule la place du dit Capricorne était vacante. Et plus important encore, Athéna était avec eux maintenant. Et de ce fait, bien des doutes et des appréhensions parurent singulièrement moins pesantes en l’espace de quelques secondes. Mais elles ne disparurent pas malgré tout. Juste que pour quelques temps en tout cas, seule la foi perdurerait dans son cœur. Une foi puissante et inébranlable que seule la peur des combats à venir égalait. Et contre ça, il n’y avait pas trente-six remèdes… Hannon devrait faire face à l’ennemi, et le vaincre, pour exorciser la véritable peur qui depuis la prise de Carthage étreignait son âme. Cela lui fit penser - maintenant que certaines de ses idées étaient claires - qu’il devrait présenter ses excuses à Shaokan pour avoir ainsi passé ses nerfs sur lui lors de ce pseudo-entrainement qu’ils avaient eu ensemble à la lueur des étoiles. Il y avait bien assez de personnes en voulant au saint Sanctuaire pour éviter de se tirer dans les pattes !

Mais ceci soulevait un véritable débat dans l’esprit du Verseau : pouvait rester unis avec un homme rejetant si facilement certaines de leurs plus anciennes traditions ? Encore que pour celle d’autoriser les femmes à se balader sans masques… Si son secret avait été découvert il aurait peut-être dû applaudir la décision. Mais fort heureusement cela restait entre lui, et Athéna. Qu’elle lise en son cœur si elle le désirait ! Il était loin d’être parfait et connaissait ses propres défauts qu’il cherchait par tous les moyens à transformer en armes ! Que cela soit dit : Hannon du Verseau n’était pas homme à manquer à son devoir envers celle à qui il devait la vie.

Ce qui nous ramenait à l’instant présent, après de si tumultueuses pensées. On avait fait le tour il me semble ? Et l’instant de flottement précédant l’apparition de la Déesse allait s’estomper. Peut-être un reste de sa vie de marchand qui ne remontait pas à si loin pourtant, le Chevalier d’Or pensa tout naturellement que l’avenir appartenait à ceux qui avaient le courage de lever les yeux et de faire face à leur destin. Athéna venait tout de même de prêter serment sous leurs yeux de tenir à partir de maintenant le rôle qui était le sien au Sanctuaire et à leurs côtés pour livrer bataille contre les forces du Mal ! Ce n’était pas le moment de rester silencieux ! Hannon ferma une secondes les yeux, inspira profondément, et releva la tête. Apparemment le premier à le faire dans l’assistance, le regard de la divine Athéna croisa naturellement le sien, et ses yeux d’un bleu parfaitement pur lurent dans ceux d’or et de feu du Chevalier si émotif qu’il était. La voix du Verseau, tremblante d’émotion dans ses premiers mots, s’éleva donc.

« Moi, Hannon de Carthage, Chevalier d’Or du Verseau, réitère devant vous les vœux de loyautés qui furent prononcés en mon âme et conscience. Aujourd’hui, et jusqu’à ce que s’achève ma vie, je serais à jamais vôtre. » Sa voix avait reprit une certaine assurance, et c’est donc prit d’un excès de joie, enfin, qu’il acheva son intervention. « Gloire à Athéna. »

Puis il inclina de nouveau la tête, conscient que ces mots pleins de sens étaient aujourd’hui le roc auquel il devrait se raccrocher dans les semaines à venir et lorsque leurs ennemis viendraient de nouveau jusqu’à eux pour les détruire. Son cœur battait encore la chamade et cette fois, plus question d’observer quoique ce soit à la dérobée sous peine de le voir s’emballer un peu plus, ce qui aurait pu être dangereux ! Il aurait fait mauvaise impression après un tel discours de tomber dans les pommes, non ? Allons, tout devrait rentrer dans l’ordre à présent… Athéna était avec eux.

* * *

Les mots étaient inutiles pour lui. Alors que l'apparition de sa déesse subjuguait toute la salle, lui y comprit, il posa un genou à terre, abaissant la tête en guise de respect envers cette femme qu'il vénérait tant. Les autres avaient certainement agi de concert mais il ne s'y attardait pas. L'instant présent était trop important pour que l'on puisse se laisser aller à de puériles pensées. Qu'importe les ennemis de ce monde tant qu'elle serait là à leurs côtés. Le feu sacré du Phénix n'attendait qu'une chose désormais... Se libérer pour préserver les valeurs d'Athéna. Et en cela, sa nouvelle armure ne serait pas de trop.

Le chevalier du Verseau réitérait ses vœux d’allégeance, ce qui était une idée des plus judicieuses en réalité. Mais le Phénix ne pouvait se permettre de blasphémer dans ce temple, pas face à cette créature. Il n'était pas d'or, bien que désormais son armure représente tout de même son nouveau statut d'élévation spirituelle. Il n'était pas l'un des leurs, pas un des douze Protecteurs. Et s'il savait qu'il avait déjà eu de la chance de se retrouver parmi eux, il ne pouvait se permettre de pousser cette insolence au point de prendre la parole. Arsiesys l'avait aidé à s'élever à ce niveau et il l'en avait déjà remercié. Il connaissait le rôle exact qui lui avait été attribué et en dire plus aurait été aussi inutile que risible.

Cependant, il avait été confirmé dans ses fonctions. Lui qui était prit pour un fou par les autres chevaliers parce qu'il se disait Héraut de sa déesse. Lui que l'on disait arrogant, présomptueux de vouloir juger ses frères et ses sœurs mais pire encore, de vouloir peser les âmes des Gold Saints, voilà qu'aujourd'hui il en avait le pouvoir. Un pouvoir étrange et symbolique en vérité car Elias le savait... Quoi qu'il pense des autres Gold, Athéna seule était capable de soustraire l'armure à l'un de ses protecteurs. Cependant, il ne serait pas inutile. Dernier rempart, les autres ne le savaient pas. Confident et Gardien du Pôpe. Ils n'avaient pas besoin d'être tenu au courant.

Mais le blondinet savait surtout que son pouvoir ne serait pas que fumée. Car derrière ce qu'il appelait la pesée des âmes, il était aussi capable d'en purifier les pêchés et les vices. Si cela n'était que symbole pour beaucoup, il savait que cela ne pouvait qu'être une aide supplémentaire pour la traversée du monde des Morts. Lui qui avait observé et respecté Japheth pour son don, lui qui avait apprit à voir le fil des Parques, voilà qu'il serait capable d'aider les âmes déchues à payer leur passage en les lavant - par le feu certes - d'une partie de ce mal qui les gangrénait. Et cela, grâce à cette femme... Une dernière fois, toujours dans cette attitude de soumission totale à l'autorité qu'elle représentait, Elias leva ses yeux vers cette pure merveille.

Tout ne pouvait désormais qu'être pour le mieux.

Petits à petits chaque Gold Saints étaient arrivés, salutations, remarques, chacun ayant son petit comportement personnelle... Sokaris put enfin mettre un visage sur certains, notamment Corvus et Kallas ainsi qu'Adrix qui lui était encore inconnu. Il avait souriait à Alpharius qui s'était laissé à une familiarité amicale, signe que leur rencontre avait laissé un très bon souvenir au Bélier d'Or. Toutes les armures d'or étaient présentes, sauf celle du Capricorne, Narcisse était mort et il semblait trop tôt pour que son remplaçant soit la. Puis vinrent les paroles d'Arsiesys. Le grand Pope réaffirma devant tous sa position de Pope et de Gold Saint. Sokaris se demanda au départ le pourquoi de cela, mais il comprit assez facilement que certains devait trouvé cette position illégitime. Pour Sokaris cela était bizarre sans pour autant que ce soit mauvais, cela rendait peut être le Pope plus accessible mais aussi une personne pouvant avoir un double comportement. Il s'excusa ensuite de ses absences ou du peu de temps qu'il avait eu pour eux. Ensuite vint le sujet d'Elias, Sokaris découvrit alors que son ascension était une volonté d'Arsiesys, que ce dernier avait donné de son sang et donc de son pouvoir pour permettre à son armure d'évoluer. Elias accédait donc à un rang égal à celui des douze sans pour autant en faire parti. Le Gold Saint se demandait bien ce que cela pouvait cacher, car oui cela ne pouvait que cacher une chose, on n'offrait pas un tel cadeau sans arrière pensée... Puis vint le tour de parler de la mort de Narcisse, ou tout du moins de son sacrifice. Sokaris pu enfin voir de ses propres yeux l'objet que Narcisse avait créé en sacrifiant son cosmos et sa vie. L'objet, l'artefact était magnifique, Sokaris était fier et triste à la fois en le voyant, la nostalgie de son mentor et ami revint en sa mémoire...

Puis vint l'incroyable, le merveilleux, l'apparition d'une jeune femme aux longs cheveux noires. La douceur se reflétait sur son visage, mais derrière cela se trouvait la puissance, la puissance divine. Athéna était la, nul doute sur cela. Son armure d'or semblait vibrer pour répondre à son apparition. Le coeur de Sokaris sembla s'arrêter un moment, un moment long rempli de contemplation et d'émerveillement. Celle qu'il servait, celle en qui il croyait était devant lui. Il ne put que s'agenouiller et baisser la tête devant elle. Il entendu la voix d'Hannon, ce dernier renouvelait son serment.

_ Louée soit votre présence ici parmi nous Athéna. Tout comme mon confrère du Verseau, je me permets de renouveler mon allégeance en votre présence sous le nom de Sokaris de la Balance.

Le Pope leur avait caché son existence et alors? Comme la déesse l'avait dit c'était sous sa demande. Sokaris ne pouvait donc qu'approuver ce choix. La déesse justifia son absence et le fait qu'elle sortait seulement maintenant de l'anonymat, elle n'était pas obligée de le faire mais pourtant elle le fit, cela montrait bien la grandeur de la déesse protectrice des hommes et de la Terre. Gloire à Athéna comme l'avait si bien dit Hannon.

L'un après l'autre, les membres de notre confrérie vinrent compléter le cercle. Des têtes inconnues, d'autres familière. Des propos honorables, d'autres moins. Je reconnaissais la puissance manifeste que dégageait le Chevalier aux Gémeaux, mais notait dans ma tête qu'il avait besoin d'un sérieux recadrage. D'un autre côté, il était là selon la volonté de la déesse, il devait donc être légitime, malgré ce comportement puérile et outrancier. Bach vint se placer à mes côtés. Cet homme était aussi constant qu'une montagne, et tout aussi solide: il avait eu sa part de combat, et persistait à survivre à tout affrontement. C'était un modèle de pugnacité, selon moi.

Le plaisir est pour moi, mon ami. Te voir toujours debout me réchauffe le cœur, et me donne espoir.

Alpharius vint aussi, plus accablé cela dit. Le poids du monde semblait bien trop lourd pour ses épaules, et je me promis de lui parler plus tard. Tout comme je devais m'adresser à Corvus, qui succédait au Poisson dans son arrivée, fermant ainsi le cercle. Le fermer? Oui, car le Capricorne manquait à l'appel. Mais cela n'empêcha pas le Pope d'entamer son discours, ouvrant ainsi cette nouvelle réunion. Déplorant les erreurs passées, et réaffirmant sa position au sein du Sanctuaire, il passa ensuite à un autre sujet, qui me concernait directement. Levant le voile sur l'évolution de l'armure du Phénix, il se proclama frère de son porteur, l'élevant à une position particulière au sein de notre ordre.

Froide, caustique, la jalousie me prit dans ses longues griffes. Pourquoi n'avais-je pas été averti? J'aurais été plus qu'heureux que de fournir toutes les gouttes de fluide vital de mon corps pour procéder à ce changement. N'était-il pas mon disciple? Je me sentais trahi, jeté aux ordures, comme un outil qui a fait son temps, et qui se retire au profit d'un plus capable, tout neuf. Le sang du Scorpion parlait, amplifiant se sentiment de perte, enflammant la jalousie qui me tétanisait. L'espace d'un instant, mon visage refléta ma colère, chose inhabituelle pour ceux qui me connaissait. Et j'enfonçais cela de toutes mes forces au fond de mon cœur, laissant la douleur me tuer à petit feu, derrière mes barrières.

M'accrochant au reste de son discours, pour me détourner de ce pieu porté dans mon égo, j'étudiais avec soin l'objet mystique que nous présentait Arsiesys, responsable et issu de la mort du Capricorne, qui avait, comme la légende le disait, donné son cosmos entier à l'objet, afin de parfaire sa création. Nous connaissions maintenant le sort de cet honorable chevalier, sacrifié pour les générations futures. Puis les Spectres furent mentionné, et je focalisais ma colère sur ces êtres, leur promettant la fin de leur impunité. A ce stade, rien ne me retenait plus vraiment, et ma morgue me muait en un combattant suicidaire, prêt à porter la mort et la destruction chez l'ennemi, afin de couper leur élan, et permettre aux autres de se préparer pour l'assaut final.

Était-ce un signe? La perte de mon premier élève, puis du second? Devais-je partir dans cette croisade, et ne plus revenir, comme semblaient le signifier les événements qui se succédaient? J'attendais une réponse, n'importe quoi, m'aidant à surmonter ma peine et les perfides sentiments qui voilaient mon jugement...Athéna, serais-tu là pour moi, ma déesse?

Et elle entra dans la salle...

Je tombais à genoux, mon armure sonnant d'un tintement clair et bref alors qu'elle rencontrait le marbre. Les bras écartés, en contemplation, je tombais sur l'instant amoureux de cette femme, mon cœur explosant sous l'effet de sa simple présence. Tout autre sentiment fut balayé, oblitéré, rayé de mon passé, de mon présent. Le sang du Scorpion lui même changea, se muant en bête loyale, câline, ronronnante. C'était sans honte que je laissais les larmes inonder mon visage, extatique et non joyeux, en proie à quelque chose d'impossible à nommer, à expliquer avec un langage humain. Je mourrais, encore et encore et encore, ayant trouvé la source de ma quête, me fondant dans cette image pour laisser mon mental, mon intellect derrière moi, et ne laisser que l'âme qui abritait mon corps, cet être paisible et immuable qui attendait patiemment la libération.

Lentement, sans heurt, je regagnais mon enveloppe mortelle, déboussolé et un peu échaudé par cette vision qui s'était offerte à moi. Ne séchant pas l'eau salée qui continuait de sortir, je levais la tête, regardant tour à tour ma déesse, mes vieux amis, et mon disciple. Je devais parler, malgré la peur enfantine qui me saisissait.

Ma déesse tant aimée, mon âme est votre, à jamais. Je n'ai que trop longtemps attendu les signes, mais maintenant que vous êtes là, tout prend son sens. Laissez moi donc vous prouver ma loyauté, accompagné de mon disciple, pour porter un message clair à nos ennemis, les trouver, et les empêcher de nuire une nouvelle fois, souillant notre sanctuaire avec le sang des justes. Nous sommes exposés à leurs attaques incessantes, de même que les hommes qui foulent à présent la Terre qui leur a été offerte se retrouvent victimes de ce conflit divin. Si par chance nous pouvions trouver la cachette des serviteurs d'Arès, ou aller jusqu'aux contrées sous-marines, peut être alors ferions nous un premier pas vers le rétablissement du calme ici-bas. Maintenant que vous êtes parmi nous, je sais que tout devient possible.

Galvanisé par cette surprise, et surtout par ce pouvoir qui m'avait frappé, je ne pouvais empêcher les mots de franchir ma bouche. Il me fallait aller jusqu'au bout, comme ma volonté me poussait à le faire.

Tout comme vous sortez de votre retraite, je sors de ma contemplation. Et tout comme vous avez eu le courage de venir à nos côtés, je dois trouver celui qui me permettra d'aller la tête haute défendre les hommes de la barbarie et de la mort. Ceux qui sont venu nous porter des coups jusque dans nos temples, ceux là même se croient seigneurs de toutes choses, décidant du sort de chacun. Ils pensent que, de leurs forteresses imposantes, cachés aux yeux de tous, ils peuvent planifier tranquillement leurs prochains mouvements, leurs prochaines exécutions.

Je me levais finalement.

Ils se trompent! Trop longtemps nous fûmes le bouclier. Trop longtemps notre rôle ne se limita qu'à contenir. Il y a peu, le sacrifice d'un des notre à suffit à changer irrémédiablement l'aspect du conflit. Que son sacrifice nous serve de leçon! Ma déesse, maintenant que vous êtes là, je n'ai plus peur, mon cœur est purifié de ses doutes. Seul le feu ardent de la justice y a pris place, faisant fuir les tremblements dans mon bras. Aujourd'hui, ma déesse, j'en fais le serment: sur votre ordre, j'irais porter un message clair à nos ennemis. Celui que nous ne sommes pas des agneaux, mais bien des lions, prêts à mourir pour défendre l'Humanité, mais aussi capables de détruire nos ennemis, tous autant qu'ils sont! Nous avons ce pouvoir, VOUS avez ce pouvoir, mes frères! Notre cause et juste, notre cœur est pur, sur mon âme, nous pouvons réussir!

Citation :: Repos 2/3

"C'est un honneur ô grand déesse. Moi, Dormin du lion promets de servir votre cause jusqu'au jour où je rendrai mon dernier souffle. Mon bras et ma bravoure sont vôtres et suis votre humble obligé. Je comprends et loue votre sagesse et ne peux vous tenir rigueur de vous être cachée à nous en attendant ce jour béni. Vous êtes la bienvenue chez vous. "

L'arrivée du plus faibles des chevaliers, les propos du Saint des Poissons, ayant déclenchés une envie de meurtre en Kallas, le discours d'Arsiesys... Tout cela n'avait plus de sens à partir du moment où il la vit. La réaction des autres fut immédiate. S'agenouiller et renouveler leurs serments d'allégeance à la déesse. Le chevalier des Gémeaux, lui, réagit totalement autrement. Sur le coup, il resta interdit.Son poing se crispa tandis qu'il la fixait sans dire un mot. Une seule chose s'éveillait en lui. La rancoeur qu'il avait envers la déesse depuis qu'elle lui avait interdit de mourir. Jusque là, il n'avait pu véritablement la diriger, étant donné l'absence de la divinité. Mais maintenant...
Tout était différent. Il avait déjà tué une Déesse. Pourquoi ne pas recommencer ? Se précipiter sur elle et déverser toute sa puissance. Déverser toute sa colère et tenter, pour la première fois, de couper les fils que les dieux utilisaient pour jouer avec les mortels. Pourtant... A quoi cela rimait-il ? Qu'y gagnerait-il surtout ? Même le plus sanguin des Saints savait que son entreprise n'aurait aucune chose d'être couronnée de succès. Surtout pas en plein milieu du Crusos... A peine ferait-il le moindre geste que tous ceux présent feraient de même. Et, malgré sa puissance, même lui ne pourrait pas tenir. Tout comme il était évident que le Cosmos d'Athéna ne pourrait pas le sauver étant donné qu'il aurait essayé de la tuer...
Ainsi, sa seule réaction fut un léger rictus énervé. Il allait continuer à être le pantin de la déesse. Ou plutôt, il allait continuer à se battre en son nom. Il préférait voir les choses de cette façons.

Maintenant, le retour à la réalité. En premier lieu le discours du Pope lui revint. Pas grand chose d'intéressant. Le Phénix gagnant un rang particulier, la perte d'un autre incapable, qui au moins avait pu se montrer utile dans la mort à défaut de le faire dans la vie. Oh, si. Arsiesys dit un truc d'intéressant. Que quelque soit leurs ennemis ils devaient se battre ? Bien évidemment, jamais Kallas n'aurait arrêté de se battre. Au contraire même. C'était encore plus intéressant dans ce genre de cas...
Puis le discours de la déesse... Rien de surprenant. Fidèle à l'image qu'elle en avait. Trop gentille, pleine de compassion. L'image du Sanctuaire. Elle semblait ne voir que le bien en chacun d'entre d'eux, mettant leurs capacités au second plan. Et pleurant quand quelqu'un de bien mais de faible mourrait car il avait été à un endroit où il n'avait sa place. Sur le champ de bataille. Il n'avait pas réussi à faire changer d'avis le Grand Pope à ce sujet. Il n'essaierait pas avec une déesse. Mais continuerait d'incarner l'opposé de cette pensée, apportant au Sanctuaire la puissance lui faisant cruellement défaut.
Et, enfin, le discours du Scorpion, faisant sourire Kallas qui prit enfin la parole.

- Tu es en retard Scorpion... Je n'ai pas attendu pour porter un message à nos ennemis. De retour des Enfers, et voyant qu'ils étaient encore venu faire comme chez eux, je les ai suivi. Faut dire que ça faisait un moment que je voulais voir ce qu'ils valaient...
Et bien je suis reparti en mettant un de leur Cardinaux à terre, mais surtout en connaissant au moins la région de leur antre. J'ai pas l'entrée exacte, mais c'est toujours plus que ce qu'on a appris sur eux depuis qu'ils se sont pointés non ?

Le sourire sur les lèvres, Kallas savourait cet instant. Il fallait le dire, il n'était pas là pour la recherche d'informations. Lui, il se contentait de détruire tout sur son passage. Et pourtant il avait fait mieux que tout le Sanctuaire réuni à ce niveau. Si bien qu'il venait encore de prouver la faiblesse de ce dernier...

- Ceci dit, je dois dire que je suis triste d'apprendre que tu étais encore en contemplation. Mais c'est bien que tu décides d'en sortir ! Je dois juste te mettre en garde sur le choix de tes compagnons. Certains ne tiendraient pas longtemps face à de tels adversaires...

Le regard des Gémeaux se déplaça rapidement sur Alpharius, avant de revenir sur le Scorpion quelques instants. Puis, considérant ce point terminé, il tourna le regard vers Athéna, la fixant réellement, et sans envie de meurtre, pour la première fois.

- Ma Dame, j'espère que cela ne vous dérangera pas mais j'ai encore des choses à faire en dehors du Sanctuaire. Constater de moi-même certaines choses. Si bien qu'aussitôt le Crusos terminé, je partirai. Je ne comptais pas rester longtemps ici d'ailleurs... Peut être que je récupérerai d'autres informations intéressantes.

La vague d'énergie meurtrière qu'avait laissé échappé le Gemeau après sa petite plaisanterie n'avait pas échappé au Chevalier du Poisson qui esquissa un sourire au coin discret sous ses mèches blondes. Comme quoi, il avait vu juste, c'était le genre d'homme à énerver facilement... Il était même surprenant qu'il n'ait pas déjà tenté de répliquer, verbalement ou physiquement. Peut être la puissance de l'Assemblée calmait-elle ses ardeurs destructrices, à moins qu'il soit ne soit du genre à attendre la meilleure opportunité avant de faire peser tout le poids des représailles. Adrix venait probablement de se faire un ennemi des plus dangereux, mais le jeu en valait la chandelle. Il était certain de bien s'amuser avec ce Gold Saint là, jouer avec les nerfs d'autrui était un de ses passes-temps favoris. Et il se considérait tout à fait apte à faire face à la vengeance inévitable de son collègue. Ce n'était tout de même pas sa faute si les chevaliers avaient un sens de l'humour des plus limité.
Il devait pourtant se retenir de créer davantage de vagues pour le moment, il y avait une nuance évidente entre un élément pertubateur et un fauteur de troubles, une frontière qu'il n'avait ni l'envie ni l'intention de franchir. Des informations importantes allaient être communiquées, et il savait tourner une oreille attentive lorsque la situation le demandait. Il aurait tout le loisir de revenir à la charge une autre fois.
En apprendre sur l'historique militaire du Sanctuaire avait d'ailleurs de nombreux attraits... Apprendre que les Saints avaient connus de nombreuses pertes au cours des précédents conflits en particulier n'indiquait rien de bon. Etait-ce à cause de la puissance écrasante des envahisseurs ou une simple incompétence de la chaîne de commandement ? Il manquait d'informations pour le savoir, mais plusieurs des tactiques employées par les protecteurs d'Athena lui paraissaient déjà bien étranges depuis son arrivée. A commencer par cette manie de faire front séparément Maison après Maison plutôt que de se battre côte à côte. Lui même n'aurait de rôle à jouer qu'après la mort de pas moins de dix de ses compagnons, et quand bien même il remporterait la victoire, les blessures infligées à la chevalerie seraient-elles qu'il faudrait des mois, peut être des années pour les panser.
Les nombreuses entorses faîtes aux traditions ancestrales, en revanche, l'indifféraient totalement. Déjà parce qu'il n'avait pas connaissance de la plupart d'entre elles, mais aussi parce qu'il n'avait de toute façon jamais été un conservatiste dans l'âme. Il était de ceux qui considérait le changement et l'adaptation comme des caractéristiques essentielles pour une organisation militaire, et s'en priver pour de vagues raisons religieuses lui aurait parut idiot. Pour ce qui était de la pertinence des réformes en question... il restait trop mal placé pour en juger. Mais l'avantage de n'avoir qu'un Pope plutôt qu'un Pope ET un Saint ne lui apparaissait pas des plus évidente. Quand à la nomination du Chevalier du Phoenix, il n'en avait pour ainsi dire rien à faire. Certes le mythe des Douze Armures en prendrait peut être un coup, mais ce n'était pas vraiment dans ses priorités si cette promotion augmentait le taux de survie dans les rangs... encore fallait-il où ce petit veinard allait-il être posté, en espérant qu'il n'ait pas la tâche de monter la garde là où de toute façon tout le monde serait déjà tombé.
Il sentit Eleonor se ravir à l'évocation de la disparition des masques. Il était vrai que si cette antique loi était toujours d'actualité, le Poisson aurait eut quelques difficultés, sa manie de changer de sexe trois fois par jour mentalement parlant aurait été problématique.
Les jumeaux eurent tous deux une pensée ironique à l'idée que les Phoenix et le Sagittaire étaient désormais "frères" sous prétexte que le sang du second coulait dans l'armure du premier. De leur point de vue, il paraissait difficile de comparer un tel lien à celui qui les unissait eux qui, non content d'avoir partagé le ventre de leur mère et chaque instant de leurs vies, cohabitaient aussi dans une même enveloppe charnelle.

*Pour ce qui est de le respecter comme les autres... Ca ne devrait pas me poser trop de problèmes...*

Le Poisson n'était pas du genre à respecter un individu par la seule valeur que lui apportait son rang, encore moins parce qu'un supérieur le lui avait demandé. Il pouvait le feindre sans difficulté, mais le sentiment véritable, lui, ne prenait racines que là où les actes et les paroles avaient préparés le terrain. Le Pheonix pouvait bien avoir été nominé par la Déesse en personne ou le fermier du coin, l’androgyne se laissait la liberté de forger sa propre opinion avant de penser quoi que ce soit de son cas.
Quand à l'épisode des Enfers... Et bien il n'était pas vraiment concerné puisque son entrée ici était postérieure à la dite croisade. Le sacrifice dont parlait le Pope lui paraissait en tout cas d'une grande noblesse, et il ne pouvait qu'admettre que c'était là la preuve d'une grande loyauté envers la cause, autant que d'une exemplaire force de caractère.

*Tu penses que je compte comme "personne morte" ?*

*Bonne question... Avec un peu de chance on croisera ton corps sur le champ de bataille*

*Ce serait l'occasion de le récupérer*

*De taper dessus aussi*

*Pardon ?*

*Rien rien*

Le reste des candidats potentiels à la résurrection parmi les connaissances d'Adrix était pour ainsi dire nul. Il n'avait aucun souvenir de ses parents et si son maître n'était plus de ce monde, ce serait avec le plus grand plaisir s'assurerait que les choses restent ainsi. Depuis le temps qu'il rêvait de lui mettre une tannée... Si les Dieux étaient avec lui, il aurait droit à sa petite séance de défoulage un jour ou l'autre.
Et c'était justement un timing parfait, puisqu'en parlant de Deité, celle pour qui il portait sa carapace dorée venait de faire son entrée en scène, sous les traits d'une jeune femme aux cheveux de jais, aussi magnifique qu'elle avait l'air délicate. Difficile de voir en elle la Déesse de la Guerre, mais la réaction du Pope ne laissait pas de doute quant à sa véritable identité. Le Poisson suivit le mouvement lorsque tous posèrent genoux à terre, même si sa posture trahissait un léger manque de ferveur comparé à certains de ses frères d'armes.
La jeune femme dégageait sans conteste une aura d'une grande pureté, doublée d'une puissance n'ayant rien à voir avec ce qu'il avait déjà sentit chez des mortels. Elle était belle, mais avoir une demoiselle vivant à plein temps dans son crâne avait appris à Adrix à relativiser grandement les charmes féminins... sans parler du fait que lui même était confondu avec une sans arrêt depuis son enfance.
Tous ses frères d'armes réagissaient vivement, touchés jusqu'au plus profond de leur cœur, aux larmes pour certains. Les plus en verves y allaient même de leur discours fervents, glorifiant les mérites de leur Déesse titulaire. Ils renouvelaient leurs vœux d'allégeance avec une passion presque fanatique. Mais le douzième Gold Saint avait toutes les peines du monde à partager leur enthousiasme à tous.
N'exagéraient-ils pas un peu ? Certes, c'était une divinité, encore qu'Adrix ait toujours du mal à accepter ce concept mais tout de même... C'était la tirade du Scorpion qui l'interpellait le plus. Pourquoi donc lui expliquer des faits dont elle ne pouvait qu'être déjà au courant ? Et surtout, de quel courage parlait-il ?! De son point de vue très terre à terre, tout ce qu'avait observé l'androgyne c'était une jeune femme sortir de derrière un rideau pour se présenter à son armada de gardes du corps. Quelle bravoure fallait-il pour oser se montrer aux yeux de ceux qui mourraient pour elle ?! Plus que de la témérité, Adrix y voyait là l'application d'une règle de politesse élémentaire sans saisir toutes les conséquences de l'acte de la Déité. Qu'avait-elle donc fait pour mériter tant de louanges ? Enfermée comme elle l'était dans son Temple, à attendre "d'être prête" pendant que ses protecteurs mourraient au champ d'honneur en son nom ? Peur de décevoir ? Mais n'était-ce pas pire encore d'apprendre seulement maintenant qu'elle aurait pu être bien plus tôt auprès de ses hommes pendant les croisades passées ? Elle même s'en excusait avec sincérité, alors pourquoi chanter à ce point ce que la principale concernée reconnaissait comme une preuve faiblesse ?
Adrix était perplexe, il l'était toujours. Il n'était ni pieu ni croyant de nature, et il lui faudrait bien plus qu'un statut d'immortelle pour acquérir sa parfaite confiance. Il n'accordait pas sa foi à ceux qui prétendaient simplement la mériter de droit, tout comme pour le Phoenix, il faudrait qu'elle agisse pour qu'il croit en elle. Voir tous les autres à ce point décidé en seulement quelques instants était presque inquiétant... Et, si c'était probablement la faute de son arrivée très récente ici, il ne pouvait pas s’empêcher de craindre chez eux un certain manque de lucidité et d'esprit critique. Sur ce point au moins, il partageait la vision du Chevalier des Gemeaux.

Quand bien même il ne pouvait la respecter en tant que Déesse, il n'avait envers elle aucune hostilité. S'il doutait de son sang divin, au pouvait-il la voir comme la commandante qu'elle était. Il n'aimait guère la hiérarchie, mais il comprenait sans peine son importance capitale, et ça c'était quelque chose auquel il pouvait se plier sans que sa logique n'en soit bafouée.
Que devait-il répondre à tout ça ? Le temps d'une seconde il envisagea de répondre à la Déesse avec la même franchise qui le caractérisait d'ordinaire, mais se retint de le faire. Il n'était pas stupide, et s'il voulait avoir l'occasion de se faire son avis, il devait cesser d'être lui même pendant au moins les dix prochaines minutes.

-En tant qu'Adrix du Poisson, je renouvelle les voeux d'allégeance faient envers vous, ô Athena. Commandez, et mon bras s'abattra sur les ennemis du Sanctuaire.

Cela au moins, il pouvait le dire sans avoir à se mentir à lui même. La petite déclaration de rigueur terminée. Le Chevalier du Poisson lança un regard au coin au Chevalier du Gemeau dont le comportement insolent l'intriguait décidément beaucoup. Un éclat de malice brillait dans les prunelles de l'androgyne alors qu'il y réfléchissait, avant de retourner son regard vers le sol, attendant la suite des évènements, dans une position de soumission aussi inconfortable que peu pratique.

La première annonce aurait pu paraître dérisoire après celle qui venait mais, sur l'instant, elle étonna quelque peu Corvus. Etait-ce la promotion soudaine d'Elias ? Lui qui avait eu droit à même traitement, il aurait été peu sage de contester pour autrui l'avantage dont il avait lui-même bénéficié mais, dans le cas du Phénix, il trouvait qu'il y avait deux poids, deux mesures. Elias s'était quand même présenté à lui, Vierge d'Or, pour mettre en question sa foi. Sans légitimité aucune que ses convictions et son Armure ; autant dire qu'il était juge autoproclamé. Telle initiative avait été saluée par le Chevalier de la Vierge, qui voyait là un zèle annonciateur d'un grand dévouement... avec des réserves néanmoins. Et si le Grand Pope avait jugé bon de le consulter – ce n'était pas le cas et Corvus ne lui en tenait pas rigueur, il était l'autorité suprême – il aurait fait part de sa retenue quant à l'anoblissement d'Elias. Il ne connaissait peut-être pas autant le jeune homme qu'Antares, son maître, ou qu'Arsiesys lui-même, mais il n'était pas, à son estime, prêt. Plus encore, il trouvait que lui accorder un rang exceptionnel de Chevalier d'Or était... risqué. C'était là encore que son opinion et mieux valait promouvoir un Chevalier fidèle à l'extrême à Athéna qu'un propret combattant, prêt à retourner sa veste la première occasion venue.
Et puisqu'il était question de fidélité à Athéna...

L'apparition était si inattendue que Corvus n'y crut pas pendant quelques secondes. Elle semblait surgir du néant. Elle était une faible flamme chassant les ténèbres : éclatante, aveuglante au point qu'il la décerne difficilement. Comment n'avait-il pas pu ressentir cette puissante et chaleureuse énergie qui se dégageait de la superbe jeune femme qui se présentait à eux ? D'abord estomaqué, il ne sut que dire... et tourna son regard vers les autres Chevaliers, cherchant à savoir si eux aussi voyaient tel mirage ; mais l'ambiance de la pièce avait été complètement altérée par la créature divine. Nul doute à avoir. Elle chassait les ténèbres... les ténèbres logées dans son coeur.

Antares était en larmes. Les autres ne cachaient pas leur émotion ; à l'exception près d'un certain Chevalier du Gémeau. Corvus avait déjà à l'oeil cet électron libre, après les aveux d'Oréstis. Qui sait ce qu'il avait à l'esprit, en cet instant. C'est en tout cas avec étonnement qu'il sentit le discours du Scorpion... entrer par une oreille et sortir par l'autre. S'enchaînaient les serments, mais l'heure était solennelle et il était temps de mettre en marche les Saints.

« Athéna, je suis comblé de vous voir face à nous et il est inutile que je renouvelle ma dévotion envers vous ; vous savez déjà qu'elle est totale. Cependant, je me dois d'interpeller mes frères Chevaliers d'Or ! Antares dit vrai, mais ses mots, vous semblez ne pas les entendre. Par deux fois, nous avons été victimes. Par deux fois, nous avons subi des pertes, sur notre territoire et ailleurs ! Notre Déesse se présente face à nous. Il est temps de lui montrer que nous ne sommes pas bons qu'à uniquement défendre son Sanctuaire ! Le rosaire fut une grande opportunité, saisie grâce au sacrifice de Narcisse. Nous devons concrétiser ces avancées. Nous devons frapper, à notre tour ! Nous avons là une opportunité unique : celle de confronter à nos ennemis non pas douze, mais treize Chevaliers d'Or !
Kallas, tu dis savoir où se trouvent les Berserkers. J'ai moi-même un compte à régler avec deux d'entre eux. Tu ne seras donc pas seul à marcher sur eux et, si tu l'acceptes, je t'accompagnerai. »

Corvus aurait ainsi l'opportunité de surveiller de près et de mieux comprendre le tempétueux Chevalier du Gémeau. Mais cela il se garda bien de le dire.

¤¤ Silence ¤¤

Q

une

I

S

Alpharius était resté silencieux tout du long, à peu près comme toute l'assemblée par ailleurs, il aurait été fort mal venu d'interrompre Arsiesys dans son discours. Le Bélier n'avait par ailleurs rien à dire, et même s'il en avait eu il n'avait clairement pas envie d'ouvrir la bouche.

Quand il était arrivé au Sanctuaire le Sagittaire était déjà le grand Pope et jamais il ne s'était posé la question de la légitimité d'un représentant d'Athéna revêtant encore son armure sacrée. Pas plus que le port du masque aboli pour les femmes ne le dérangea, bien qu'au départ il fut surpris de cet état de fait. Ce qu'il ne comprenait pas c'est que l'on puisse parler de choses aussi frivoles en ce moment de crise. Par ailleurs Le grand pope tourna admirablement bien les choses en insistant sur les bonnes choses et en omettant certaines des moins bonnes. Certes ils avaient récupéré le chapelet, mais la mort de Narcisse n'avait pas été la chose la plus ombreuse au tableau. Alpharius pensa imperceptiblement à Kallas. Ce fou furieux ne méritait pas son rang de Saint d'Athéna, jamais créature n'avait été si éloignée de l'idéal de paix de la déesse. Mais encore une fois il ne dit mot, car lui-même malgré toute sa bonne volonté était loin d'être sans reproche à son actif.

En fait Alpharius serait certainement retourné à la garde de sa maison sans un bruit, si cette jeune femme n'était pas apparue. Si ce qu'elle représentait n'avait pas permis au Bélier de retrouver un intérêt à la parole, et lui redonner le courage de continuer ce combat contre le mal que sa faiblesse l'incitait à abandonner. A peine eût-il encaissé le choc de la nouvelle, ce qui dura relativement longtemps car d'autre furent plus prompt à réagir, qu'il pose genou à terre, toujours aussi neutre cependant malgré les sentiments ambigües qui parcouraient son cœur.

Sainte Athéna. Je ne suis pas le meilleur de vos chevaliers. Cependant si par ma vie ou ma mort je peux servir votre cause, alors permettez-moi de m'en remettre à votre volonté.

Kallas lâcha alors quelques mot qui dans l'état actuel du Bélier firent mouche. Il ne pouvait accepter de subir encore une fois le comportement du Chevalier des Gémeaux. Et de fait il répondit, cette fois-ci en quittant le ton neutre pour adopter celui froid et pénétrant d'une haine contenue.

Il serait d'autant plus avisé de ne pas choisir non plus pour compagnon un quelconque fou dangereux, aussi prompt à l'assassinat de ses amis qu'à l'ignorance de sa mission au profit de ses instincts bestiaux.

Mais il y'a peu de chance que cela n'arrive non ? Seul un être stupide et indigne du titre de chevalier se comporterait de la sorte je me trompe ?

Le poing d'Alpharius se resserra, il se retenait d'en ajouter plus, car une altercation entre chevalier alors même qu'Athéna revenait à eux, aurait été la pire des ignominies. Il restait cependant près à réagir au moindre comportement agressif de Kallas. Espérant au fond de lui que le fou révélerait sa vraie nature, mais se doutant bien que le chevalier des Gémeaux n'était pas assez crétin pour lancer un combat à un moment pareil. Quoi que …

Les derniers Chevaliers arrivaient, à l'exception d'un seul qui manquait à l'appel, le Saint du Capricorne... La raison de son absence n'était un mystère pour personne, tous avions entendu parler de son sacrifice héroïque afin de permettre au groupe revenant des enfers de s'emparer du rosaire. Un atout considérable dans la lutte contre les Spectres, ces derniers perdant à présent l'immortalité les caractérisant, cet objet difficilement obtenu les en empêchant. Encore un homme qui donnait sa vie pour que la victoire soit notre, en espérant que cela ne soit pas vain. Ne prêtant pas attention à l'attitude du Poisson envers Kallas, je préférais garder le silence pour le moment et observer comment allait se dérouler la réunion. Il valait mieux écouter ce que le Pope pouvait bien nous vouloir avant de prendre la parole. Les paroles d'Arsiesys n'eurent pas plus d'impact que sur un autre. Le fait d'être Pope et Saint du Sagittaire à la fois ou l'intégration du jeune Phénix parmi nous, Elias de son nom. Je savais certains dérangés par ces faits, cela ne m'atteignait pas tant que cela ne menait pas le Sanctuaire à sa perte et qu'Athéna approuvait ce choix. Ce qui était le cas, visiblement.

Elle-même s'invitait à la réunion, s'avançant parmi nous avec une telle élégance, son jeune âge n'y changeant rien. Sa présence fut un véritable coup de massue pour ma part, moi qui n'aurait jamais imaginé rencontrer notre déesse durant mon existence, elle apparaissait à nous subitement, alors qu'aucun signe ou rumeur concernant sa réincarnation n'avait circulé parmi les rangs. Ils avaient préféré faire cela en toute discrétion de peur de ne pas être à la hauteur et nous décevoir. Quelle idée... Imitant les autres Chevaliers, je m'étais incliné aussitôt alerté de sa présence, secoué de la voir en ce Temple. Genou et poing à terre, la tête inclinée vers le bas, il m'aurait été impossible à présent de prendre la parole. J'en avais du mal à garder mon calme, mon armure résonnant au contact de l'aura de la déesse à l'allure si fragile. Vue de l'extérieur, dans ce corps de jeune femme, elle semblait bien frêle. Pour autant, l'énergie qu'elle dégageait affirmait le contraire, Athéna ne manquait pas de puissance, son aura écraserait celles de nous autres Gold Saints sans aucun problème s'il le fallait.

Alors qu'Antares se laissait submerger par ses émotions, que d'autres renouvelait leurs veux de loyauté, je demeurais impassible. Pour un peu, un air de contrariété aurait pu se lire sur mon faciès. Apprendre la réincarnation d'Athéna ne me plaisait pas. Nous qui avions du mal à défendre nos terres dernièrement, comment allions-nous faire pour nous assurer de sa protection également ? La nouvelle devait rester secrète, connues uniquement des personnes présentes dans cette salle. Éviter que la rumeur s'ébruite jusqu'aux oreilles de l'ennemi. Hadès, Arès et Poséidon, tous trois redoubleront d'efforts dès l'instant où ils auront connaissance de la réincarnation d'Athéna. Nous n'avons pas besoin d'une telle chose maintenant, pas tant que nous ne parvenons pas à renverser la situation. Même si à l'image d'Antares, cela redonnerait force et espoir à nos frères, les risques étaient également bien présents. Une chose à la fois cela dit, avant de faire entendre mon avis sur ce point, je me devais de répondre à l'appel du Scorpion et de la Vierge. Tous deux avaient raison et rejoignaient mon opinion sur cette guerre, le temps était venu de passer à l'attaque.

C'est en me relevant que je prenais à mon tour la parole, le timbre de ma voix m'assurant d'attirer l'attention de tous.

- Antares, Corvus, tous deux ont raison. Si nous continuons d'attendre que l'ennemi vienne à nos portes pour tenter de le repousser, nous n'arriverons à rien, si ce n'est causer notre perte. Nous avons essuyés de violents assauts depuis maintenant une année, nombreux sont nos frères tombés durant ces douze mois. Et pourtant, nous continuons d'attendre et de nous défendre lorsque la situation l'exige, perdant à chaque bataille un peu plus de nos hommes. Je n'en peux plus. Il serait temps que l'on inverse les rôles, passer de la défense à l'attaque. Poséidon, Arès, Hadès, ce n'est pas comme si le choix manquait... Et même si nous ne souhaitons pas les écraser et provoquer de sanglants massacres sur notre passage, rien ne nous empêche pour autant de les neutraliser ! Je serai de ceux qui iront à l'encontre de nos ennemis, seul s'il le faut, même si je ne suis pas un exemple en la matière, je refuse de subir encore une fois.

- Il suffit !

Pour un peu, sa voix aurait fait trembler les fondations du temple du Pope. Les émanations cosmiques qui jaillissaient de sa personne lui conféraient une puissance monstrueuse, mais pourtant peu éloignée de celle des personnes présentes. Mais c'était cette infime différence, cette distinction insignifiante, cette frontière de l'invisible qui le plaçait au-dessus du lot et faisait de lui le seul et unique représentant de la déesse Athéna. Et cela, même si il s'évertuait à le nier, nulle personne présente sur les lieux à ce moment précis n'aurait pu le remettre en question. Encore bardé de ce halo doré dont le flamboiement était au diapason de ce coup de colère, il dévisagea tour à tour les deux hommes concernés.
Et même s'il n'eut pas un regard pour les autres, tous hors de cause jusqu'à preuve du contraire, son aura toute entière semblait les défier d'y prendre part à leur tour et d'alimenter ce conflit stérile. Son sourire s'était effacé, ses traits fermés, son regard durci. Les rixes n'étaient déjà que difficilement tolérées d'ordinaire, mais en voir une sur le point d'éclater alors qu'Athéna venait de se présenter à eux était la goutte faisant déborder le vase de son tempérament. Lui habituellement si serein semblait à présent animé d'un courroux peu commun, si impressionnant que même des Chevaliers d'Or n'auraient pu y rester indifférent. Leur présence ne faisait que sublimer cet étrange phénomène, la résonance qui s'opérait entre les armures d'or animant chacune d'elles d'un nouvel éclat. Dire qu'il s'agissait de circonstances exceptionnelles n'était pas anodin.

- Nous sommes en guerre. N'avez-vous donc rien de mieux à faire que de vous quereller ? Nous oeuvrons pour la paix. Si nous ne parvenons pas même à l'instaurer dans notre propre demeure, comment pourrions-nous prétendre sauvegarder celle du monde entier ? Il y a bien assez d'ennemis à nos portes pour n'avoir pas à s'en faire au sein de notre confrérie. Vous êtes liés par serment, vous êtes frères de coeur. Si le temps peut se gâter, jamais il ne doit tourner à l'orage.

Oui, ils étaient semblables aux membres d'une même famille, dont ce Krusos Sunagein était la réunion. Un conseil de famille. Et celui-ci était sur le point de tourner au vinaigre. S'il n'était pas intervenu, les choses n'auraient pu que mal finir considérant le ton de la conversation, et même ainsi il n'était pas sûr de pouvoir tempérer les ardeurs de ses camarades. Il ignorait encore comment cela avait pu si aisément basculer dans ces violences inutiles, même si elles n'étaient pour l'heure que verbales. Alors qu'il aurait voulu mentionner la présence de la déesse, le Sagittaire préféra faire l'impasse. Si vraiment ils étaient dignes de leur rang, ils réaliseraient bien assez tôt combien il était déshonorant pour eux de proférer de telles paroles sous le regard de leur déesse. Il avait marqué une courte pause afin que chacun ait le temps d'assimiler ses dires dans les moindres détails, mais la force qui émanait de lui signifiait clairement que lui couper la parole aurait été malvenu.

- Nous avons partagé les pleurs et les rires. Au cours de cette dernière année, les larmes ont coulé plus que de raison. Je ne saurais tolérer que vous veniez empirer cet accablant constat par de telles accusations. Que cela vous plaise ou non, il vous faudra mettre vos différends de côté et travailler main dans la main. Aussi, je tiens à mettre les choses au clair. En dehors de la déesse Athéna ici présente, je suis seul habilité à décider qui est digne du titre de Chevalier et qui ne l'est pas. Vous êtes tenus d'accepter ce choix, quoi qu'il vous en coûte. Tous autant que vous êtes, vous devez savoir que je déteste avoir à user de mon autorité mais je n'hésiterai pas à le faire si vous deviez mettre en péril la pérennité du Sanctuaire ainsi que nos chances de victoire. La situation est déjà assez épineuse sans que j'aie à tenir compte de vos fredaines. Aussi, si je dois abattre la sentence, je le ferai quoi que cela puisse me coûter. Elias aura pour rôle de la faire respecte. Devoir me montrer sous ce jour devant vous m'insupporte, mais si c'est le seul moyen pour obtenir de vous que vous ne vous écartiez point du droit chemin je n'aurai d'autre choix que de m'y résoudre. Puisse cette fois être la dernière.

Acquiesçant pour faire part de son approbation à l'assemblée, si durs soient ces mots même pour elle, Athéna lui posa la main sur l'épaule et d'un signe de tête, demanda à ce qu'il lui cède la place et la parole avec elle. Le Pope esquissa un mouvement de retrait après avoir incliné la tête en guise de réponse affirmative. N'être plus maître de ses émotions était une chose qui ne lui arrivait qu'en de très rares occasions, et pourtant cela avait bien failli se produire. Cette apparition publique de la déesse le rendait nerveux et ne l'avait pas aider à canaliser ce climat de rivalité. Sans en dire plus, il souhaita de tout coeur que ses mots feraient retomber les colères montantes et que ceux de leur maîtresse incontestée achèveraient de dissiper cette ambiance morose. Avoir à prendre des mesures contre eux lui ferait l'effet d'un fratricide, aussi espérait-il ardemment n'avoir pas à en venir à cette extrémité. Mais pour l'heure, le silence était de mise : la princesse allait parler. À la fois timide et pleine d'assurance, à la fois douce et ferme, elle était toute en contradiction, d'une complexité à couper le souffle. Un charisme divin, et si dense et étrange soit celui d'Arsiesys, couleur de mystère, il était loin d'égaler celui dont se parait la divinité.

- Chevaliers... Je comprends que vous peiniez parfois à vous comprendre. Après tout, on ne peut pas plaire à tout le monde. Cependant, je vous demanderai de faire fi de vos différences et d'accepter d'être au service d'une même cause. Je n'aime pas avoir à vous rappeler votre allégeance car je ne veux pas vous enchaîner, mais sachez que tant que vous vous battez en mon nom le bien de l'humanité doit passer avant tout le reste. Vous nuire mutuellement ne servirait à rien, sinon à nous endeuiller et à diviser nos forces. Pour cela, je vous demande de me faire confiance et de travailler de concert pour que nous puissions vivre en harmonie. Remettez-vous en à moi et je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour ne pas vous décevoir, je vous en fais la promesse.

Dans sa voix vibrait la corde de l'émotion, et avec elle celle de la sincérité. Pure et juste, Athéna ne saurait mentir, encore moins à ceux qui lui avaient juré fidélité. En dépit de la jeunesse apparente de son corps physique, ses mots étaient choisis avec soin de manière à apaiser les esprits. Tiraillé par l'étrange lien qui les unissait, Arsiesys pouvait sentir qu'avoir à s'exprimer en ces termes lui déchirait le coeur et put ainsi voir sa tension le quitter à son tour. On parle souvent du calme qui précède la tempête, mais rarement de celui qui lui succède, et c'était celui-là même qui était en train de s'installer. Sans attendre, elle aborda un tout autre thème, qui devrait permettre à la conversation de repartir sur des bases plus saines.

- Je ne vous cacherai pas que je suis à la fois gênée et fier de vous voir si dévoués à ma cause. Cependant, je tiens à vous dire que vos vies me sont précieuses, et que même si vous me confiez la garde de vos âmes je ne puis l'accepter. Vous seuls avez le droit de décider de ce que vous voulez en faire, et je suis honorée que vous les ayez mises au service de ma volonté. Mais vous m'êtes chers à un point que vous ne pouvez imaginer, et j'exhorte chacun d'entre vous à rester en vie. Je ne peux refuser que vous vous battiez en mon nom, car seule je n'aurai pas la force de sauver ce monde de la perdition, et j'ai honte de devoir vous demander de courir tant de risques pour moi. Mais aussi loin que vous mènent vos combats, je vous en prie, tâchez d'y survivre et de revenir en ces lieux. Vous y serez accueillis à bras ouverts, car c'est le moins que je puisse faire pour vous montrer ma gratitude. Merci. Merci à tous.

À ce qu'Arsiesys prévoyait être la surprise générale, la sienne n'ayant pas manqué, Athéna s'inclina à son tour. Un geste imprévisible de la part d'une personne de son rang, et d'autant plus étonnante que rares sont les hommes à penser qu'une déité puisse un jour courber l'échine devant eux et s'en montrer méritants. Toutefois, il fallait voir là toute l'humanité qu'elle s'était accaparée au fil du temps et à travers les époques, ce désir de se mêler à eux et de partager les joies comme les peines, le meilleur comme le pire. Sa modestie était saisissante, si bien qu'il fallut plusieurs secondes au Sagittaire pour reprendre ses esprits et sortir de la torpeur réconfortante dans laquelle ce chaleureux discours l'avait plongé. Alors qu'elle faisait mine de s'écarter pour lui rendre la parole, il s'éclaircit la voix et pria pour n'avoir plus à l'élever contre l'un des siens avant un bon moment.

- Pour en revenir aux apôtres d'Arès... La précipitation nous perdrait sans l'ombre d'un doute. Nous l'avons suffisamment appris à nos dépens pour connaître leur valeur. Ces hommes ne vivent que par et pour le combat, ce sont des guerriers altérés de sang. Nous devons nous montrer prudents. Kallas, peux-tu je te prie nous faire part de leur localisation ? Tu pourras ensuite t'en aller. Une fois que ce sera fait, je souhaiterais y envoyer Elias et Antares en éclaireurs afin de déterminer leur position exacte. Je vous demanderai cependant de faire preuve de la plus grande prudence, nous ne possédons que peu d'informations et je ne supporterais pas que cela devienne un voyage sans retour. Si les renseignements que nous obtenons y sont favorables, notre mettrons un terme définitif à cette menace. Puis-je compter sur vous ?

L'heure des reproches était passée, il fallait maintenant reprendre le contrôle des opérations. Les informations fournies par Kallas seraient précieuses et leur donneraient enfin les moyens de contre-attaquer, comme l'avait si bien dit le Scorpion. D'ailleurs, parlant de celui-ci et avant toute réponse de sa part, quelque chose restait à faire. Teintée d'embarras, porteuse du voile de la honte, la voix d'Arsiesys s'insinua dans l'esprit d'Antares pour y distiller quelques mots de conciliation. L'attitude de son bien cher frère ne lui avait pas échappé et il tenait à ce que rigueur ne lui en soit pas tenue, aussi pensait-il nécessaire de faire le premier pas. Et nul doute que cela ne devait pas être de tout repos pour lui, dont le timbre fatigué même mentalement reflétait le labeur que représentait pour lui ce sommet de la plus haute importance. Le message était clair et concis, mais néanmoins enrobé de cette emphase qui le définissait et faisait de lui un homme d'exception aux yeux de ses pairs.

- Mon ami, je regrette de n'avoir pas pu t'en parler avant. Nous aurons une discussion sitôt la réunion finie, si tu le désires. Je te dois bien cela après t'avoir joué ce mauvais tour.

» Une rose est-elle plus dangereuse qu'une flamme ? [Aquillas - Elias]

Plutôt que de maudire les ténèbres, allumons une chandelle, si petite soit-elle. [PV]

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