La nuit, la même que celle qui avait connue les affrontements opposants Saints et Berserkers; ce jour-là elle était fraîche, et le mains glacées du vent caressaient mon visage me griffant par au passage. Je ne me suis jamais vraiment pardonné je pense, je fais allusion aux crimes qui m'ont fait fuir ma terre natale; je parle du sang qui entachait mon passé, je parle de cet amour que j'ai tué. Pourtant cette nuit-là, je la vis, elle, la perle qui formait le trésor de ma vie, la même perle que j'avais brisée, la femme que j'avais tué...
Assise au bord de cette rivière dans laquelle nous jouions durant notre jeunesse, elle contemplait le vide, laissant le reflet de la lune inonder son visage d'un teint pâle. Sa beauté n'avait pas changée, les années ne lui avaient pas confisqué son éclat, au contraire elle luisait d'une lumière plus aveuglante. Je m'approchai avec incertitude, je ne savais pas si vraiment si mon subconscient était à l'origine de tout cela; à vrai dire, je ne le croyais pas. Ses pieds effleurèrent l'eau, quelques cercles naquirent du bout de ses orteils, elle aimait faire cela, elle disait qu'elle communiquait avec la rivière. Je m'accroupis alors afin de ne pas l'importuner dans un moment pareil. Elle retira son pied de l'eau et se recroquevilla sur elle même, elle semblait endurer le froid. En me relevant je chuchotai.

-Yaba? Est-ce bien toi mon amour?

Elle ne répondit pas, elle n'avait même pas bougé. Je me rapprochai et retentai mon action, mais la femme semblait m'ignorer. Arrivé à quelques pas d'elle, je pris délicatement sa main, elle était froide. J'apposai ensuite mon autre main sur son épaule et m'accroupis de nouveau. Rien ne semblait filtrer dans ses yeux à présent, elle était à l'image de ce que ses yeux contemplaient quelques secondes auparavant: vide. Je regardai ensuite l'eau, mon reflet n'apparaissait pas, seul son visage y trouvait place. Une larme coula de mon œil valide, la tristesse m'envahit bientôt. Je reposai ma tête sur cette épaule que ma main serrait de toutes ses forces. Ma Yaba ne vivait pas, elle n'était que le fruit de mes pensées à présent, et mon esprit, me faisait la rencontrer enfonçant un peu plus cette lame de poison dans ma chair. Je tournai la tête, elle me regardait à présent, ses yeux arboraient la même expression que le moment ou j'avais séparée sa tête de son corps. Bientôt ses larmes coulèrent. Je me levai et tournai les talons, je ne pouvais endurer tel supplice.

-Tu me quittes de nouveau?

-Ruang-sak, il se trame quelque chose dans l'éther, on vient me détrôner, on vient me provoquer jusque sur mes terres...

Les yeux du colosse étaient ouverts, sa ride de colère était plus présente que jamais, le souvenir de sa femme avait réveillée la culpabilité en son être, et cela il ne pouvait le contrôler, ça l'énervait. Il bascula les jambes hors de son lit et posa ses coudes sur ses genoux, son regard fixait le sol. Si le parterre était vivant, il pleurerait tant le regard du colosse était rude. Il serra les dents, et appuya sa tête sur son poing; le Tigre venait de lui faire part d'une menace certaine, il était de son devoir d'enquêter et de supprimer la "menace". Il resta assis là quelques minutes, ses songes le tourmentaient encore. Il devait cependant faire vite, et il dû abattre son poing dans sa main pour enfin se concentrer sur l'instant présent. Il se leva dans un mouvement lent, enfila une cape noire, enroula ses bandes de combat autour de ses avants-bras et de ses tibias et alla ouvrir la porte de sa "pièce privée". Là, endormi contre le mur, il vit son petit laquais -laquais, docteur, messager..bref!- qui semblait lui avoir de bons moments dans son voyage au pays des rêves. Il le leva à coup de pied.

-Moui... oui ?

-Vas me chercher Furyu et Prim'! Grouilles!

-Euhmmm... c'est-à-dire que... Monsieur Primus n'est plus des nôtres...et Monsieur Furyu a... disparu lui aussi... cependant Monsieur, j'ai eu vent que leurs armures avaient... oui, je vais les chercher...

Je lui faisais signe de me les envoyer à la porte, il n'y avait pas de temps à perdre. Merde...quand même... Primus n'avait pas survécu quoi... et Furyu... bon tant pis, c'est ce pourquoi ils se battaient après tout: mourir un jour. 'fin bon, c'était pas demain la veille que ça m'arriverait à moi! On allait faire un petite sortie, fureter dehors, et j'allais veiller à ce que ces deux nouvelles recrues ne fassent pas trop de conneries. J'allais les former, leur enseigner le "Berserker Way"!! Cette fois-ci il ne me fallut pas longtemps pour rejoindre la porte, à force j'avais apprit le chemin par coeur, et puis étant logé dans la partie supérieure de la Citadelle, j'avais pas trop de marche à monter, pas trop de dalles à fouler, tout ça quoi. La porte s'ouvrit immédiatement, les gardes me saluèrent, un salut que je leur rendais. Une fois dehors, je constatai que le soleil n'était pas levé, tant mieux, j'allai pouvoir rendre hommage à Primus en boulottant quelques montures!

Quelques montures... Le soleil n'était pas levé, certes, mais le Tigre ne trouva qu'une simple carriole tirée par UN cheval. Un peu -voir très- honteux, il l'attacha à un arbre assez loin de la Citadelle, en fait juste assez loin pour qu'elle ne soit pas visible... Il revenait ensuite à la porte.

Avant que le colosse n'ait atteint la lourde porte d'obsidienne, son regard se porta vers l'horizon, enfin, si "horizon" on peut nommer le paysage quelque peu "régulier" des Plaines. Son regard ne cherchait la beauté, il cherchait un chemin dans lequel son esprit pourrait s'échapper. Faisant abstraction de la situation nouvelle, à savoir celle qui impliquait la "formation" de deux nouveaux soldats, il songea aux paroles que le Tigre sur un ton se situant entre le fureur et la frayeur lui avait glissé dans l'oreille. Sa petite voix intérieure lui soufflait que les choses se déstabilisaient à chaque nouvelle minute. Dans un élan de ferveur envers son protecteur il s'attèlerait à percer le secret de toute cette diablerie, mais d'un autre côté, par peur, il devait chercher comment renverser les choses. Peu importe les dangers ou encore les adversaires qui se présenteraient devant lui et ses compagnons, il devait résoudre l'énigme, c'était presque une question de survie.

-Mmmm... Tu sens ça Ruang? Une femelle... cela fait fort longtemps que nous n'en avons pas vu... celles de la Taverne ne comptent pas évidemment.

-On a vu Frozia...enfin si on peut appeler ça une femme...et puis parles pas de la Taverne, y'avait Primus...

-Mon ami, un jour je te dévoilerais quelques-uns de mes petits secrets... Vois-tu, une femme...mmm... comment t'expliquer...vois-tu, les mots les plus beau ne so...

-Ouaip !

C'était étrange d'entendre le Tigre parler ainsi, d'habitude il ne jugeait pas nécessaire de ne serait-ce que me parler... depuis nos mésaventures au Sanctuaire -dont je n'avais toujours pas détruit la statue- il semblait vouloir se rapprocher de moi, il voulait encrer ses racines un peu plus profondément dans mon être en gros, je savais qu'il désirait le contrôle plein de mon corps; c'était un envahisseur qui servait ses petits intérêts à travers les fils de sa terre, une maladie, que dis-je une malédiction! Une malédiction, bien plus effroyable que la Mort elle-même, une malédiction qui savait tuer votre esprit sans que vous ne sentiez le feu qu'elle employait pour ce faire, une malédiction qui alimentait la Guerre dans son jeu malsain -Lors du tournois d'Arès en l’occurrence- la calamité de ma vie...
Laissons cela de côté et concentrons-nous sur notre femelle. Une jolie jeune femme, certes, mais elle était à des cycles de ce que représentait Yaba à mes yeux. Je me contentai alors de me taire et de me contenter d'un simple regard. Mais je ne tins pas longtemps, les vibrations de la Panthère ont toujours étés très puissantes... L'effet d'une belle femme sur un homme... pas besoin de dessin!

-Celle-ci est à croquer, cependant...cependant, l'autre est plus attirante... elle a un quelque chose de... spécial dirons-nous... ah le Renard....

-Ouaip !!

Une fois la seconde Berserker arrivée, le colosse s'assit sur le sol et reprit la même position qu'il avait tantôt prise une fois de son lit sorti; la tête reposant sur le point. Que se passait-il dans la tête de ce colosse en pleine réflexion? Peut-être le souvenir de deux des premiers Berserkers qu'il avait rencontré remontaient, peut être Furyu le Guerrier aux glaives et Primus l'homme aux milles et un tours lui manquaient? Maintenant qu'il était confronté à ces deux bouts de femmes, il ressentait une sorte de nostalgie, celle d'une belle époque -bien que celle-ci fut tourmentée-. Il s'imagina que les deux portraits de ses camarades, flottaient dans les airs, et qu'ils lui laissaient un dernier, sourire pour l'un et un haussement de lèvre pour l'autre. C'est comme-ci les trois esprits communiquaient de nouveau.

-Je suis euh... heureux de vous voir. Bon ! C'est pas tout, mais j'ai un truc qui me turlupine, c'est comme ça qu'on dit hein? Ouais, donc j'ai un truc qui me turlupine depuis...pas longtemps. C'est trop long et trop difficile à expliquer, donc on met le cap pour la Grèce, Athènes de préférence, on voit se qui ce passe en chemin et on avise. Si on est encore en forme là-bas, on va repartir pour...quelque part d'autre.

Clair net, précis, tout ça. Je me retournai et ajoutai.

-Là où on va se trouvent nos pires ennemis, les mecs de l'autre merdeuse d'Athéna... On va récolter des infos, ensuite on frappe deux trois gens, si on tombe sur les dorés on s'les fait, après... bah on verra! Ah, et vous préférez monter dans une carriole ou marcher?

"Peur de me battre?"


Un sourire presque malsain se dessine sur ses lèvres et dévoile une rangée de petites dents prêtes à mordre plus ou moins sauvagement. La renarde savait faire usage de ses crocs de multiple façons... Elle pouvait en faire usage avec sensualité, portant ses dents au cou d'un homme pour faire preuve d'une tendresse bestiales. Mais ses crocs pouvaient aussi infliger de terribles morsures et autres plaies sanglantes difficiles à refermer.


"Huhuhuhu..."


L'idée même de devoir se rendre au sanctuaire ne faisait pas peur à la renarde... Bien au contraire, c'était une chance inespérée! Rien ne lui faisais plus plaisir que d'avoir enfin l'occasion de rencontrer les saint de cette chère Athéna.


"Tu veux rire, j'ai hâte d'y être!"


Son regard brillait d'une lueur vive animée par la rancoeur. Elle jubilait à l'avance de pouvoir se mesurer à ces gens là et... Peut-être de croiser la route de quelques chevaliers d'or. Elle avait ouïe dire que ces hommes là étaient beaux à pleurer et parfois un peu trop tendre. Hehe... normal vue le berceau qu'ils protégeaient.


"Je vais bien m'amuser avec ces gentils soldats."


Elle emboite le pas au tigre, marchant à la hauteur de ses compagnons. Cet home était donc le tigre. Elle avait entendu des bruits de couloirs parlant des récents évènements auxquels il avait été mêlé et il semblerait qu'il fussent confronté à un chevalier d'or. Ce qui ne manqua pas d'intriguer la jeune femme, aussi osa-t-elle lui poser la question suivante:


"Monsieur Ruang Sak', j'ai cru comprendre que vous aviez été confronté à ces... Dorés... Pourriez-vous nous en dire plus à leur sujet?"

Citation :

Repos 1/3