La salle commune. Ou peut s'en fallait. Un endroit que j'exécrais par dessus tout. Quelques fous prenaient cet endroit comme l'antre de la détente, oubliant parfois qu'ils se trouvaient dans la citadelle du Dieu Arès en personne. Ainsi je ne pouvais guère avoir d'affection pour ces imbéciles tout juste bon à servir de chair à canon pour les batailles futures. Ils n'avaient rien à fêter et j'attendais avec une impatience démesurée le moment ou mon maître déboulerait ici, ramenant tout ce petit monde à la réalité. Mais passons... J'étais ici pour tenter de me reposer un peu de mes blessures et visiblement, j'avais choisi le mauvais endroit. Ou le moment moment, qui sait ?

Alors que quelques esprits s'échauffaient, je pris le risque de me faire repérer. Il aurait été si facile pour moi de les exécuter sans qu'ils s'en aperçoivent mais j’imaginais déjà la tête de Ephtal et sa remontrance risquait d'être cuisante. Avant que certains en viennent au moins, agrippais le poignet de l'un d'eux, serrant juste ce qu'il fallait pour stopper son geste. Ignares.

- Avez-vous oublié où vous vous trouviez, soldats ? Cessez cela et retournez dans vos quartiers avant que notre Prophète ait vent que vous prenez cette salle de repos comme d'un vulgaire bar.

D'une simple torsion, j'obligeais celui que je tenais à lâcher sa choppe que j'attrapais en vol. Je le libérais et aucun ne pipa mot, quittant la pièce pour la plupart. La cuirasse que je portais faisait de moi un des lieutenants d'Arès alors que pour eux, ils n'étaient que piétaille. Risquer de s'opposer à moi n'était donc pas concevable pour ces types.

Passablement énervé, je me dirigeais à l'autre bout de la pièce, posant avec une force non contrôlée cette chopine, cette dernière se fissurant. Alors qu'une voix m'interpelait, le vacarme disparut enfin. Sans doute que cela surprendrait cet homme mais je m'en moquais. J'avais un rang à tenir et ceux choisis par le Seigneur de la Guerre également.

- Ainsi la Panthère a trouvé un porteur ? Je te félicite, Frère. Je suis Nosgoth de la Tarentule. Et je peux en effet t'aider à trouver tes quartiers. Pardonne ces fous, le calme devrait reprendre ses droits ici. Ils viennent d'échapper à la colère de mon maître... Je sais pas s'il les aurait épargné. Veux-tu que je te conduise de suite ou tu préfères rester un peu ici ? Pour ma part, je n'aie plus de raison d'être dans cet endroit.

Je le suivais vers la sortie, adressant un dernier regard noir vers quelques uns des témoins de la scène précédente, me jurant de les garder à l’œil à l'avenir. Le prochain écart scellerait leur mort et je ne plaisantais aucunement la dessus. Une faction militaire comme la notre se devait de respecter des règles, des lois, et ceci n'était pas négociable. Alors que nous nous retrouvions enfin au dehors, Furyu me demanda à nouveau de l'aider, souhaitant s'assurer qu'entre temps je n'avais pas changé d'avis. Ce qui aurait été stupide de ma part : entre le moment où je lui avais donné ma parole de l'aider et le moment où nous étions sorti, il ne s'était écoulé qu'une ou deux minutes à tout casser. Je n'étais pas si versatile. Dans quelle histoire je m'étais encore jeté...

- La salle d'entraînement ? Pas de problème... D'ici quelques temps, ce labyrinthe ne sera plus un soucis pour toi. On s'y repère assez facilement une fois qu'on a un ou deux trucs pour s'y retrouver. Suis-moi, je vais te montrer ça.

J'avais beau me tanner d'être un solitaire, je me retrouvais toujours dans ce genre de situation. Jouer le guide n'était pourtant pas dans mes attributions mais j'y voyais tout de même un intérêt : celui d'en apprendre davantage sur celui que j'escortais. Chaque guerrier de Arès avait sa propre personnalité et son propre don. Pour ma part, je n'étais pas un soldat à proprement parler. J'étais plutôt spécialisé... Dans l'assassinat, il s'entend. Et dans ce domaine, je n'avais pas d'égal, j'en étais persuadé. Quelle serait la spécialité de la Panthère ?

En attendant, il avait dégainé son glaive mais cela ne me gênait pas outre mesure. Au premier regard, il semblait savoir se contenir, contrairement à certains autres bourrins trop enclin à chercher le combat. C'était plaisant de voir que la Panthère possédait un certain savoir-vivre. Mais j'oubliais rapidement ce détail pour me concentrer sur le reste du chemin. Être distrait alors que l'on franchissait le dédale, c'était prendre le risque de s'y perdre. Heureusement, j'avais ma propre méthode pour me repérer et j'allais en faire la démonstration immédiatement. Peu à peu, je laissais mon cosmos s'insinuer dans mes bras, se répartissant équitablement entre les deux. Mes doigts s'agitèrent légèrement et je soulevais alors l'index droit. Un fil ténu apparut, reliant l'index au sol. Je souriais. Il s'agissait du chemin me conduisant à la salle d'entraînement. J'avais balisé les routes de ce labyrinthe grâce aux toiles de la Tarentule. Et je ne pouvais nier qu'il s'agissait d'un pouvoir particulièrement utile.

- Viens !

Je commençais à prendre le chemin qui nous conduirait en lieu sûr. Puis la question de l'appartenance de Furyu me vint à l'esprit.

- Connais-tu déjà l'affectation qui est la tienne dans nos armées ? Pour ma part, je sers directement notre Prophète, l'armée du Feu est donc ma demeure. Je ne sais rien ou presque des trois autres, que je n'aie que peu vu pour être franc.

Le temps était dérisoire à mes yeux. Tant et si bien que je ne savais plus avec précision depuis combien de temps je servais Arès et Ephtal. D'ailleurs, sa question avait eu le mérite d'imposer à mon esprit cet étrange constat. Je ne savais plus qui j'avais été par le passé. Car en renaissant Berserker, j'avais fait une croix sur le passé et ce que celui-ci apportait. Amis, famille. Ceci était dérisoire pour moi qui n'avait qu'un but : être l'ombre de mon Seigneur. Pour le reste, je pouvais néanmoins lui répondre. Je sentais une différence entre sa cuirasse et la mienne. Imperceptible pour beaucoup mais depuis que Maître Ephtal m'avait initié à la perception du cosmos chez les autres guerriers, je parvenais à mieux lire ce genre de chose. La sienne était très puissante. Mais le porteur ne semblait pas encore avoir éveillé l'ensemble de ses pouvoirs.

Pour le moment, nous poursuivions notre avancée, guidés par les fils qui étaient miens. Il avait sa propre méthode de marquage et si elle manquait de subtilité, au moins essayait-il de s'adapter. Je ne lui jetais pas la pierre. Après tout, chacun était différent et c'est ce qui faisait la force des fauves d'Arès. Notre armée envahirait la terre et aucun de nos ennemis ne sauraient nous résister. Au détour d'un chemin, je lui répondis.

- Seul mon Seigneur pourrait te répondre. Quatre armées, quatre cardinaux. Voilà ce que je sais. Le Feu, les Flammes, la Calamité et la Terreur. Telles sont les armées de notre dieu Arès, Maître de la guerre. La Mort est mon guide mais les autres n'en sont pas moins puissants et redoutables au combat. Sache une chose Furyu... Si je ne suis en mesure de te détailler comment sont les trois autres cardinaux, c'est simplement parce qu'aucun d'eux ne m'intéresse. Ephtal est celui qui m'a sauvé la vie, au nom d'Arès. Il est celui que je sers pour la gloire de notre dieu. Tu me vois aujourd'hui sous mon meilleur jour. Mais sache que je ne suis que l'ombre de la Mort. Un fantôme qui attends que l'heure vienne pour abattre les ennemis de la Destruction.

En d'autres termes, me voir signifiait mourir pour nos ennemis. Il semblait intelligent et je sentais que son handicap n'en était pas vraiment un pour lui. Sans doute qu'il saurait voir où était la vérité. Je préférais ne pas épiloguer trop longuement mais au moins pouvait-il saisir la personnalité qui était la mienne. Si je n'appréciais guère les soldats qui composaient notre armée, je savais qu'un jour viendrai où chacun d'eux pourraient tirer les fauves d'Arès vers le haut. Je restais cependant trop solitaire pour souhaiter me mêler à eux et exception faite de divers services de ce type, il ne fallait pas compter sur mon enthousiasme.

Non loin de nous un bruit attira mon attention. Avant même que je ne le voie, je devinais la présence d'un soldat de notre armée. Il nous dépassa sans un regard, sans un mot. Vulgaire chair à canons de notre nation, il ne pouvait se comparer à Furyu ou à moi qui étions les possesseur des cuirasses. Face à moi se trouvait la sortie du labyrinthe et à proximité la salle d'entraînement. Sans doute que notre petite traversée touchait bientôt à sa fin. Car je ne resterais pas sur place, c’était une évidence.

- Voici la salle que tu cherchais. Un petit conseil avant que nos routes ne se séparent. N'oublie pas que si Arès a besoin de ses quatre Cardinaux, il en est un au dessus des autres. Ephtal est le Prophète d'Arès. Aucune voix n'est au dessus de la sienne et ne pas suivre ses préceptes signifie mourir. Je t'avertis afin que tu ne fasses pas l'erreur d'autres guerriers servant sous les ordres des autres Cardinaux et qui sont aujourd'hui morts. Car l'Ombre de la Mort n'est jamais loin.

Un petit claquement de cosmos et je coupais le fil m'ayant amené en ce lieu. Je ne le menaçais pas mais je préférais prévenir. Car chaque guerrier respectait les ordres de son Cardinal. Néanmoins chaque Cardinal se devait de respecter la parole du Prophète. Personne n'était à l'abri d'encourir la colère de la Mort s'il ne suivait pas cette règle simple.

Sa mentalité ne me déplaisait pas bien qu'elle soit semblable à nombre de Berserker. Plus je discutais avec les hommes de cette armée, plus je m'apercevais que la plupart réagissait comme la Panthère. Mourir au combat était un honneur suprême pour eux. Pour ma part, je préférais vivre. Du moins tant que ma dette ne serait pas remboursée. La mort ne m'intéressait pas plus que cela et je ne désirais pas rejoindre les damnés trop tôt. Je laissais cet "honneur" aux autres. En tout cas Furyu avait prit compte de ce que je pouvais appeler "avertissement" et c'était pour le mieux. Car si chaque homme pouvait tirer son épingle du jeu au combat, la Panthère me paraissait suffisamment intelligent pour apporter un vrai plus lors de la bataille, malgré son handicap. Ce qui n'était pas le cas de tous.

Nous nous étions arrêté maintenant que la salle se trouvait là. Comme je le lui avais fait comprendre, je n'allais pas m'éterniser en ce lieu. L'entraînement était bien sûr la clé pour parvenir à être plus fort mais je n'avais aucun plaisir à dévoiler mes talents à ceux qui se trouvaient dans cette salle. Si je pouvais garder le plus longtemps possible secret mes caractéristiques particulières, ce serait pour le mieux. Quoi qu'il en soit l'heure tournait et je me devais de le laisser ici. Je rebondissais néanmoins sur une de ses paroles. Celle qui m'avait peut-être le plus marqué.

- Très bien. Tant que j'y suis, je vais te rassurer. Des guerriers forts au dehors, tu vas en rencontrer. Et nul doute qu'il y en a un parmi eux qui saura faire tomber ta tête. J’espère seulement que ça n'arrivera pas dès ton premier combat, j'en serai attristé. Tu m'as l'air relativement puissant et sage, deux combinaisons qui font à mes yeux un guerrier plus que redoutable. J'aie hâte de te voir en pleine action, l'ami.

Je lui posais la main sur l'épaule, restant une longue seconde ainsi avant de l'enlever et de reprendre ma route. Il était évident que Furyu comprendrait que je quittais la place, cette destination ne me convenant pas. De toute façon, nous nous étions dit tout ce que nous avions à nous dire et il ne me restait plus qu'à attendre l'heure de notre prochaine rencontre. J'avais bon espoir en cet homme qui m'avait finalement laissé une bonne impression. restait à concrétiser cela, les paroles ne faisant bien sûr pas un homme. Car si un spartiate ne craignait pas la mort, il n'en était pas plus immunisé qu'un autre. Je me mis à sourire sur cette dernière impression.

Citation :

RP terminé pour moi. Encore merci à toi.

Ainsi Nosgoth confirmait les dires du prophète, il y avait bien de puissants guerriers utilisant du cosmos, tout comme eux ,à l'extérieur de ses murs. Furyu était impatient de pouvoir se mesurer à l'un d'entre eux, et son ami espérait que ce ne serait pas son dernier combat, le guerrier aveugle quand à lui n'avait aucun doute quand au déroulement du combat. L'effet de surprise serait de son côté, son handicap faisait que chaque guerrier le sous estimé, et la était toute la splendeur de la chose, car le spartiate profitait de ce moment d'attendrissement pour frapper avec rage son adversaire. Par conséquent, il était rare de voir son premier assaut inefficace, mais peut être sous estimé t il ses adversaires, quoiqu'il en soit il serait vite fixé. Le berserker le complimenta ensuite surs deux de ses qualités, la sagesse et la puissance, mais ce que ne savait pas son frère c'est que des défaut venait avec, bien qu'il essayé de travailler sur ces derniers, il n'en restait pas moins impatient et asociale. Cela n'en faisait pas moins un guerrier redoutable, il conclue en disant avoir hâte de le voir à l'oeuvre,chose qui ne tarderait surement pas. Lorsque la main de son compagnon se détacha de son épaule, la panthère prit une dernière fois la parole avant que leurs route ne se séparent.

Merci l'ami, ton aide m'a été très précieuse, sans toi je ne me serai sans doute pas rendu aussi vite ici. Quand à me voir en action, j'espère que cela ne tardera pas trop. Au revoir mon frère, je suis sur que nos routes se croiseront rapidement , peut être que tu auras l'occasion de me voir combattre à ce moment la, quand à moi je souhaiterai bien voir l'une de tes exécutions sans en être la cible.

Puis Furyu disparut dans la salle d'entrainement afin de parfaire son art au combat, cette rencontre était de bonne augure, c'était le premier berserker qu'il rencontrait et tout c'était bien passé. La prochaine ne pourrait être aussi amicale, l'avenir le dira. En attendant, la panthère dégaina ses glaives et commença à faire de légers mouvements en direction des mannequins, pensant à tous ces guerriers puissants qui n'attendaient que lui en dehors de ses murs. L’excitation et l'impatience commençait à prendre le dessus, mais il lui restait encore un bon bout de chemin à faire avant sa première mission.

Citation :

Merci ça a été un plaisir aussi, on va voir maintenant comment ça se passe en combat^^