C'est d'un pas décidé qu'il se rendait vers l'entrée du Sanctuaire. Voir de ses propres yeux ce qu'il avait entendu plus haut. Le retour de celui qui portait l'armure du Dragon. Le retour de celui qu'il avait rencontré avant d'obtenir le droit de porter l'armure du Phénix. Shaokan. En un sens, Elias était heureux de revoir cet homme qui l'avait tant intrigué lors de sa première rencontre. Celui qui lui avait inculqué sa vision des choses concernant les quatre armures qu'il appelait "mythiques". Celles qui représentaient l'Hydre, Pégase, le Phénix et finalement le Dragon.

Athéna avait-elle rappelé à elle les chevaliers éparpillés à travers le monde depuis l'attaque du Sanctuaire ? Rien n'était moins sûr et Elias ne pouvait que faire des suppositions. De toute façon, il se considérait comme au dessus de ce genre de chose, préférant se concentrer sur le simple retour d'un ami. Un ami qu'il n'avait pas revu depuis longtemps. Et à qui il réservait une bonne surprise. Alors qu'il arrivait vers l'un des grands terrains d'entraînement bordant le sanctuaire, il remarqua la présence de son ami. Un large sourire apparut sur son visage. Ce dernier semblait simplement être posé, observant les alentours. Sans l'armure qui faisait de lui le chevalier du dragon.

C'est l'air enjoué qu'il franchit la distance les séparant. Arrivant dans son dos, Elias s'arrêta à quelques mètres. Au moins trois ans qu'ils ne s'étaient pas vu. Le temps passait vite lorsque l'on avait de telles occupations. Remettant en place l'une de ses longues mèches blondes, il prit alors la parole.

- Je voulais m'en assurer. Mais la rumeur dit vraie. Le Chevalier du Dragon est donc de retour au sanctuaire, prêt à servir la déesse Athéna.

Il attendit qu'il se retourne. Là, ils s'observèrent quelques instants. Avait-il changé depuis le temps qu'ils ne s'étaient revus ? Il y avait des chances. Mais leur amitié elle, elle ne pouvait pas avoir disparue. La distance n'était rien lorsque l'on partageait les mêmes convictions. Elias tendit alors sa main vers Shaokan, attendant que ce dernier lui enserre l'avant-bras, signe de salutation des guerriers.

- Bienvenue à toi, mon frère !

« C’est quand même très laid, la Grèce… »

Il s’attendait à mieux.
Il s’attendait à plusieurs statues de pierre représentant Athéna.
Il s’attendait à connaître la culture et l’architecture des Grecques.
Mais au lieu de tout ça, c’était un bordel monstrueux qu’il avait devant ses yeux, médusés. Et d’après ce que lui avaient déclaré les Gardes à deux kilomètres, quelques jours auparavant, Shaokan se trouvait bel et bien au Sanctuaire. Ou tout du moins, ses alentours. Rien de ce qu’il pouvait voir ne correspondait aux descriptions que lui avaient faites Trifos, puis Hélios, au sujet du lieu sacré des Saints, et d’Athéna. Tout n’était qu’un vaste champ de ruines, laissant planer une atmosphère désagréable de désolation. Oser saccager la seconde maison de La Déesse… Quel blasphème, aux yeux du Dragon !

Ne portant, pour l’heure, que ses habits orientaux, le chinois continua à s’aventurer dans ce lieu macabre. Des traces de sang séché étaient dispersées, ici et là, ce qui n’arrangeait en rien l’ambiance. Heureusement pour lui, Shaokan n’en était pas choqué… Du moins, il était choqué uniquement par le fait que la demeure de Sa Déesse, Athéna, soit dévastée. Poursuivant son chemin, le Chevalier remarqua que les traces d’hémoglobine sèche étaient de plus en plus présente… Etait-ce là que le « Survolté » - Le surnom qu’il avait donné à Hélios, en raison de sa vitesse extraordinaire et de son tempérament enflammé – avait rendu l’âme ? C’est fort probable mais sans enquête, impossible de confirmer cela.

Ce fut à cet instant que, dans son dos, une voix s’éleva.
Shaokan eut l’étrange sensation de l’avoir déjà entendu, par le passé. Mais il était bien incapable de donner un visage à cette voix, pourtant non-inconnue. Se retournant, le visage qu’il y découvrit lui fit lâcher un sourire, un sourire des plus amicales.

« Si je m’attendais à cela… » déclara-t-il tout en souriant.

L’homme qui venait de s’adresser à lui n’était autre que son ami, si ce n’était le meilleur : Elias. Les deux hommes s’étaient rencontrés voilà plusieurs années de cela à Västeras, en Suède. Attrapant l’avant-bras de son ami, il hocha la tête avant de s’adresser, à nouveau, à lui.

« Heureux de te revoir, mon frère ! »

Frères…
Bien qu’ils ne soient en rien du même sang, Elias & Shaokan se considéraient comme tels. Leurs conceptions de la vie étaient totalement divergentes mais leurs volontés de protéger Athéna et leurs fascinations pour la « Légende des Armures Mythiques » les réunissaient comme s’ils n’étaient, en réalité, qu’une seule et même personne. Elias est la seule personne au monde pour qui l’asiatique ressent un réel sentiment d’amitié, les autres n’étant que des pions manipulés pour qu’il puisse parvenir à ses fins. Lâchant son avant-bras, reculant d’un pas avant de croiser les bras, Shaokan toisa du regard le blondinet. Il n’avait guère changé depuis toutes ses années… Toujours cette chevelure dorée et longue, toujours ces habits blanc et majestueux. Et toujours cette « élégance ». En revanche, il n’avait toujours pas d’armure. Avait-il tenté sa chance ? Avait-il échoué ? Le Dragon se devait de le savoir. Il en ressentait le besoin, ce besoin de savoir si Elias était parvenu à devenir, tout comme lui, un « Mythique »…

« Je constate que tu ne portes pas de Cloth, mon ami. Je suppose que ton entraînement n’est toujours pas achevé, n’est-ce pas ? »

Il accueillit les paroles de son homologue avec un large sourire, se demandant seulement si Shaokan était déçu ou juste surprit de le voir sans armure. Leur promesse passée avait une vraie valeur aux yeux de Elias et il était heureux de pouvoir lui montrer qu'il était parvenu à obtenir l'armure qu'il désirait et avait tant désiré. Voilà l'occasion parfaite de faire appel au Phénix. Sans un mot, alors qu'il se reculait d'un ou deux pas, Elias tendit ses bras, libérant son cosmos. Un appel. Et là bas, dans la salle réservée aux dépôts des Pandora Box, l'une d'elle s'ouvrit, laissant un oiseau enflammé quitter la pièce.

Le transfert ne dura qu'une poignée de secondes. Les bras toujours tendus, Elias attendait. Et là, dans son dos, l'oiseau de feu fondit sur lui, enflammant un bref instant la zone autour de lui. Sous le regard de Shaokan, il laissa l'armure le vêtir intégralement. Et c'est toujours avec ce même sourire qu'il se présentait désormais en véritable porteur de l'armure de bronze du Phénix. Pas de réelle surprise dans le regard du dragon, seulement le plaisir de voir que son ami portait l'une des quatre armures mystiques.

- Je souhaitais te faire la surprise, mon ami. Et je vois que c'est réussi. Mon entraînement est terminé et je suis le porteur officiel de cette Cloth depuis trois années maintenant. Bien que mon test final ne se soit pas exactement passé comme je l'imaginais.

Mais le visage du chevalier redevint grave alors que son regard tombait sur une tâche de sang séchée. Certainement une marque de l'attaque récente subie par le Sanctuaire. Plusieurs chevaliers avaient péris lors de l'attaque. Était-ce aussi pour cela que le dragon était sorti de son mutisme ? Était-ce pour cela qu'il retournait ici, auprès des autres guerriers de la déesse ? Il chassa ces pensées de son esprit avant de revenir sur son cas particulier.

- Les heures qui viennent de passer ont été bien sombres. Tu es là pour cette raison, n'est-ce pas ? Avec toi ici, au Sanctuaire, les quatre armures mythiques sont enfin réunies. Pégase, l'Hydre, le Dragon et le Phénix. Bien que je ne connaisse pas les deux porteurs en question. J'ai essentiellement passé ces dernières années à m'entraîner et à parfaire mes connaissances de l'âme. Tu n'as peut-être pas oublié que je désirais purifier les âmes de ce monde.

Tout s’était déroulé très vite. A peine avait-il finit de poser sa question à son ami et que ce dernier ait tendu ses bras sur le côté qu’une armure descendit des cieux, se séparant pour se reformer sur le corps du blond. En voyant les détails de la cloth, un sourire naquit sur le visage du chinois, visiblement non déçu par le spectacle ayant lieu sous ses yeux. Il avait réussi. Et l’asiatique en était heureux. Non. Heureux n’était pas suffisant pour représenter son sentiment. Il était fier. Fier qu’Elias soit devenu un protecteur de Sa Déesse tant aimée. Un guerrier fier et puissant pour porter une Cloth. Mais surtout, fier qu’il les ait rejoints.

« Heureux de te savoir parmi ‘‘nous’’, mon frère… »

Par nous, Shaokan parlait bien évidemment des armures Mythiques. Certes, l’Histoire et même Athéna ne les ont jamais nommées ou désignées comme telles mais pour l’asiatique, elles méritent dignement cette appellation. Car après tout, les animaux emblèmes de ces Cloth étaient bien loin des autres. Qui n’a jamais été au courant de l’exceptionnelle force de tous les Pégase, toujours estimé comme le plus puissant Saint d’Athéna ? De l’armure indestructible du Dragon ? De la force purificatrice de celle du Phénix, si puissante que personne avant Elias, si cela ne se trouve, n’a réussi à la porter sans se faire désintégrer ? Certes, l’Hydre n’a point de fait aussi extraordinaire dont elle peut se vanter mais Shaokan était convaincu d’une chose : si trois animaux fantastiques ont su gagné autant de prestige pour faire baver plus d’un Chevalier, celle de l’Hydre en est également capable. Fermant ses paupières et continuant à sourire, le jeune chinois vêtit, à son tour, son armure, qu’il ne portait habituellement qu’en cas de combat. Après tout, Athéna interdisait formellement que ses Saints ne les utilisent pour n’importe quoi.

Un certain laps de temps s’écoula, durant lequel Elias fut dépité par la vision apocalyptique que lui laissait le lieu tandis que Shaokan regardait encore et toujours la Cloth du Phénix. Il était comme subjugué par cette dernière, ressentant toute l’intensité de son pouvoir et se demandant comment le blond pouvait supporter cette dernière sans même broncher. Il quitta ses pensées lorsque son ami évoqua les autres Mythiques.

« Je n’ai pas oublié, Elias. C’est peut-être ça qui m’effraie le plus…
Quoiqu’il en soit, oui, nous sommes enfin réunis… Et nous devons, au plus vite, aller à la rencontre de Pégase et de l’Hydre. Nous vivons un temps sombre de notre histoire, mon ami. Par le passé, à chaque fois qu’Athéna était sur le point de perdre, les Bronze Saint se soulevaient et reprenaient la situation en main, tous suivant aveuglément le Saint du Pégase, le « Chef » des Mythiques. Il est temps pour nous de retrouver le Pégase. »

Cependant, cette solution ne plaisait guère à Shaokan et Elias, le connaissant, devait se douter de ça. A dire vrai, l’asiatique n’avait jamais pu apprécier le fait d’être sous les ordres de quelqu’un. Il avait cet insatiable besoin de dominer, de montrer qu’il était aussi doué qu’un autre, voire même plus. Cette envie de prouver qu’il était apte à prendre les choses en main et de révéler son véritable potentiel, un potentiel que tout le monde ne cessait de croire inexistant.

« Cependant, je ne sais que penser du Pégase. A ce que j’ai cru comprendre, il est bien loin de disposer du prestige qu’ont pu posséder ses prédécesseurs. J’attends que nous le rencontrions pour voir si ce qu’on dit sur lui est vrai ou non… Mais si c’est le cas… Je prendrai la responsabilité d’être le nouvel « emblème » des Bronze. Et j’aurai besoin de toi, Elias. La question est de savoir si tu m’aideras, ou non… »

Cette question possédait déjà une réponse établie et Shaokan ne devait pas douter ainsi de son statut. Elias avait beau porter du respect à chaque guerrier d'Athéna, il n'en restait pas moins un allié et un ami fidèle. Il ne connaissait des autres Mythiques que peu de chose et il n'était certainement pas disposé à remettre sa vie entre les mains d'inconnus. Alors que le Chevalier du Dragon avait un double avantage : celui d'être déterminé et surtout, celui d'être chevalier depuis un moment maintenant. Certes il n'était de retour au Sanctuaire que depuis peu mais cela n'était en rien un gage de courage, Elias le savait.

Et puis le Phénix n'était pas homme à prêter énormément d'importance au passé. Du moins pas lorsqu'il s'agissait de suivre quelqu'un aveuglément. Si le Pégase avait toujours été une figure de style, il ne fallait néanmoins pas faire de généralité. Haussant les épaules, le blondinet chassa les pensées qui venaient de lui envahir le crâne pour se recentrer sur le plus important. Shaokan.

- Je te suivrais, Shaokan. Des quatre, tu es très certainement un des plus anciens et surtout celui qui croit dur comme fer que cette association peut porter ses fruits. Le mieux, c'est que tu te fasses ton opinion sur les autres au plus tôt. Et ensuite réunir l'ensemble des Mythiques. Le seul doute que j'aie, c'est seulement de savoir s'ils suivront. Car si ton projet ne les emballe pas, alors de quatre nous passerons à deux.

Un doute qui ne pouvait être balayé qu'après rencontre avec l'Hydre et Pégase. Chacun avait ses convictions et Elias ne jugeait pas cela... Lui même aurait peut-être hésité si cela s'était opposé à sa propre mission divine. Mais fort heureusement pour lui, c'était en parfaite adéquation. Purifier les âmes et faire des Mythiques une force sur laquelle compter. Le sourire apparut sans même qu'il puisse le réprimer.

Mais pour la suite de la mission, seul Shaokan était réellement concerné. Car s'il devait un jour diriger Pégase et Hydre, alors il se devait de se forger une opinion réelle et sans la moindre interférence. Viendrait ensuite les conseils et les avis mais pour le moment, il devait faire cavalier seul. Sauf s’il demandait expressément son aide. Mais maintenant que ces points étaient réglés, il se devait de jouer son rôle d'hôte.

- Mais passons... Cela faisait longtemps que je ne t'avais pas vu mon ami. Un peu de repos ne sera pas de trop, je suppose. Je te laisse encore un peu seul si tu le désires. Tu me rejoindras dans la soirée non loin du Temple du Scorpion. Antares est mon maître et il ne verra aucun inconvénients à ta présence à proximité, j'en suis sur.

Citation :

RP terminé pour moi. Cela ne nécessite pas forcément de réponse mais à toi de voir. Merci en tout cas.