Groupe 2

Alors que le calme régnait en maître absolu dans ces lieux, un phénomène bien inhabituel fit son apparition. Un évènement qui pourrait bien être une source de problème dans les moments à venir. Dans un espace désert, que dis-je, abandonné par ses habitants – si du moins il y en a eu, une épaisse vapeur fit son apparition, formant une sorte de spirale d’environ deux mètres de hauteur. A peine était-elle apparut qu’elle fit elle-même apparaître une silhouette sans détail précis, avant que cette même silhouette prenne de plus en plus forme humaine. Un homme se dévoila, dans une posture pour la moins étrange : il était « à l’envers », sa tête suspendue non-loin du sol tandis que ses pieds adhéraient à quelque chose d’invisible.

L’air calme, le regard curieux, il inversa la position de son corps, ses pieds prenant contact avec le sol matériel. Avant d’arriver ici, il avait souvenir que le Theos Sema n’avait révélé que huit cadrans. Ainsi, il ne serait guère à pleine puissance… Mais tant pis. Huit d’entre eux de présents, voilà quelque chose qui fera suffisamment trembler de peur leurs opposants. Une question subsistait, cela dit, dans son inconscient : Téthys faisait-elle parti des sept restants ? Il espéra que non : il ne souhaitait guère faire courir de risque à sa bien-aimée.

Regardant à droite, puis à gauche, il poussa un long soupir qui en disait long sur sa pensée au sujet du royaume des Marinas : décevant. Poséidon, à qui il avait laissé le titre de Maître des Océans sans broncher, avait véritablement fait n’importe quoi avec le Royaume Marin. Il comprenait mieux pourquoi c’était lui qui avait été choisi pour les ralentir ici, sur le Territoire où Poséidon régnait en maître. Agitant lentement ses doigts, l’Homme avança lentement mais avec grâce, le regard neutre. Durant sa marche, il ne se contenta que d’une seule chose : exprimer, à voix haute, son envie de « réparer » les erreurs de son successeur. Et pour cela, il ne vit qu’une seule solution de possible…

» Il est temps pour moi de récupérer mon Royaume…

Rarement Orpheus n'avait ressenti avec tant de force le danger dans son propre sanctuaire. Pour ne pas dire jamais. Pourtant la présence qu'il ressentait emplissait tout l'espace. La scale de la Sirène Maléfique vibrait sur lui, accentuant ce sentiment si étrange qui l'habitait depuis quelques minutes. Le doute n'était plus possible et il fallait ne prendre aucun risque. se rendre sur place, voilà la seule obsession qui l'habitait désormais. Alors qu'il se déplaçait vers la source de ce mal, il porta le bec de sa flûte à la bouche et se mit à jouer plusieurs notes. La gravité de la situation le poussait à agir vite. Et sa mélodie reflétait toute la dangerosité de la situation.

Le son se propageait rapidement dans cet espace et il savait que les notes atteindraient ceux pour qui il jouait. Les armées de Poseidon devaient se former immédiatement pour aller au devant de ce danger. Les sources de puissance qu'il ressentait devaient être considérées comme des ennemis de la nation. Ainsi, aucun Marina ne devait rester les bras croisés. Ils devaient agir et vite. La force du Seigneur des sept Mers résidait principalement dans ce sanctuaire. Aucun ennemi potentiel ne devait faire un pas dans cet endroit sans être intercepté. La mélodie mourut rapidement mais l'alerte était donnée.

Orpheus fut le premier à arriver sur place. Mais déjà dans son dos approchaient Cléo et Nova. Qui d'autres que ces deux là pour le soutenir dans un combat après tout ? Sourire aux lèvres, il détailla un instant l'imposante silhouette qui se dressait devant lui. Par imposante, il ne faisait évidemment pas allusion à sa taille mais bien à ce cosmos bouillonnant qui émanait de lui. Le sentiment de danger n'avait jamais été si intense. Son sourire s'éclipsa alors... Et comme une révélation, le Légat sut à qui il avait à faire. Ou à quoi, il était difficile de se faire une idée précise. Lui qui était le garant de la protection de ce sanctuaire, lui qui avait côtoyé le cosmos imposant de Poseidon lui-même, il ne pouvait avoir de doute quant à l'identité de cette personne. Alors il prit la décision de jouer. De jouer pour accueillir cette entité qui ne pouvait réclamer qu'une chose. Son ancien territoire. L'air eut le mérite d'attirer l'attention de l'homme sur lui et il ne s'en plaignait pas. De son œil scrutateur, il ne le lâchait pas un instant du regard tandis que s'enchaînaient les notes. Et alors qu'il terminait sa mélopée, il prit la parole, le ton grave.

- Seigneur Océanos, si je ne m'abuse ? Je suis Orpheus de la Sirène Maléfique et également Légat de mon Maître. En son absence, je suis le garant de la sécurité de son Royaume. Vous comprendrez donc que je ne puisse vous laisser faire un pas de plus ?

Les légendes racontaient que ce titan, comme les autres, avait été enfermé. Pourquoi alors se trouvait-il ici ? A moins qu'il ne se trompe sur son identité mais sa propre scale ne laissait place qu'à peu de doute. Jamais il n'avait vu une telle puissance alors que l'homme ne faisait rien de spécial. Et s'il s'agissait réellement de cet Océanos, alors la confrontation tournerait court.

- Afin de préserver ce sanctuaire et ces océans, je vous demanderai de faire marche arrière et de quitter ce territoire. Sans quoi, vous me contraindrez à jouer pour vous.

Très humblement, il porta derechef sa flûte à sa bouche et attendit une réponse. Il était prêt à laisser toute sa puissance déferler pour contenir celle de ce titan. Savoir comment cet homme était revenu à la vie, il s'en fichait pour le moment. Seule l'urgence de la situation importait.

La menace n‘était pas intervenu insidieusement. Non, c’était comme un coup de marteau, sonore, puissant, écrasant tout sous sa force. Tout être présent dans les territoires sous-marin avait dus le ressentir. Tous devaient frémir d’anxiété devant l’arrivée de l’inconnu. Certains pensaient qu’il s’agissait du cosmos de Poséidon…les naïf. Ce cosmos n’avait rien de pur. Il était bestial, brut…salé. L’affirmation pouvait prêter à sourire mais plus Nova s’approchait de l’épicentre, suivant les notes du légat, plus de subtiles informations comme celles-ci se révélait à son regard.

Là-bas pourtant, il n’y avait qu’un homme. Homme en armure semblait-il mais homme tout de même. Physiquement en tout cas. Niveau spiritualité c’était tout autre chose. Comme fonçant tête baissé dans un mur, le colosse de la tortue ressentit une grosse claque en arrivant près de l’endroit. Il sentit sa gorge se contracté et tout son corps lui crié le danger que représentait l’intrus. Bien vite…malheureusement, ce dernier révéla sa véritable identité grâce au légat. De quoi donner des cauchemars, surtout quand il semblait dans le camp ennemi.

Serrant des dents, le marina s’approcha d’Orpheus, apercevant un homologue du coin de son œil. Un rapide regard lui fit reconnaitre les armoiries avant de reporter ses attentions sur le Titan. Car s’en était bel-et-bien un. Océanos, titan des eaux. Précèdent seigneur des océans avant Poséidon. Un moment, malgré la tension qui habitait son corps, le colosse eut une bouffé d’admiration pour le borgne qui dirigeait les troupes marinas. Il n’avait pas reculé et malgré ses déductions qui si elles se trouvaient justifier, menaçait même la créature devant eux.

La sirène maléfique était entourée de son homologue et de Nova à ses côtés. Ce dernier ne connaissait aucunement les arcanes de la jeune marina mais il avait déjà gouté à celles du légat. Il avait eu un aperçu de sa puissance comme un aperçu de grande Atlantis. Pesant alors soigneusement ses mots, il prit la parole, s’adressa vers la créature d’horreur, reprenant les formules d’Orpheus.

-Seigneur Océanos, l’œuvre de notre Maitre Poséidon n’est pas encore achevé ici mais elle sera mise à terme, il en est de la survie de notre planète. Je vous en conjure donc d’écouter les paroles du légat et de quitter ces eaux. Merci à vous Seigneur.

Tout en parlant Nova sentit la tension s’exacerbé toujours plus fort en lui. Un peu plus et ses mains tremblerais autant de peur que d’excitation. Se tournant légèrement vers Orpheus mais son regard ne lâchant pas celui de leur invité, cela serait une grave et grossière erreur.

-Mon corps est toujours ton bouclier encore une fois Orpheus.

Légèrement en retrait du légat, patient, le colosse s’imposait un calme tel celui avant la tempête. Car tempête, il y aurait surement, une telle qu’on chantera pendant les siècles à venir.



D

Spoiler:

» Ainsi, vous savez qui je suis. M’en voilà pour le moins étonné.

Le Titan était démasqué, mais qu’importe. En vérité, plus que de l’étonnement, il en ressentait une certaine fierté : malgré la défaite des siens voilà des millénaires, Poséidon n’avait en rien retiré de l’Histoire le nom de celui qui l’avait précédé en tant que Gouverneur du Royaume Marin. A l’inverse, même ses sbires, ses Marinas, semblaient éprouver un certain respect envers Océanos. Mais pour lui, peu lui importait. Ses consignes étaient simples. De plus, cette libération imprévue lui donnait l’occasion de reprendre ce qui lui appartenait et, pour rien au monde, il ne laissera passer cette opportunité. Aussi polis qu’ils soient, quiconque s’interposera sur son chemin trépassera. Cela ne pouvait être plus clair.

» Je n’ai pas souvenir de vous avoir dit que votre Royaume ou les fonds marins ont à craindre de moi. Ce monde est le mien. Pour rien je ne le laisserai être souillé. Mais Poséidon ne semble pas avoir la même vision des choses que moi. Bien que je n’aie montré, par le passé, que bien peu de considération pour les Humains, je vous offre une opportunité de vous rallier à ma cause. Poséidon n’est nul autre qu’un usurpateur : je suis le Roi des Océans.

Cependant, l’offre du Titan ne sembla pas intéressé qui que ce soit parmi les trois Marinas lui faisant face. Océanos croisa les bras et montra sa déception en une légère expression sur son visage. Les idiots… ! Refuser une telle proposition était une décision stupide, irréfléchie ! Décroisant les bras, l’ancien maître des lieux soupira longuement, les paupières fermées, avant de les rouvrir et de prendre un regard plus agressif. Puisqu’ils veulent rester fidèles à l’Usurpateur, un seul sort les attend : mourir sous les flots du Titan.

» Je suis déçu, Humains. En temps normal, je vous aurai infligé la plus douloureuse des morts avant de vous jeter en pâturage aux requins. Mais là… Nous allons nous « amuser » un petit moment…

Tendant ses mains sur les côtés, une épaisse brume fit son apparition en deux endroits, précisément sous la paume de chaque main du Titan. Celles-ci se transformèrent en deux dagues, dont les lames étaient uniquement composées de molécules d’eau. Ses armes présentes, Océanos lâcha un léger sourire avant de faire tournoyer dans ses mains ses objets fétiches. Voilà bien longtemps qu’il n’a plus fait appel à elles… Cela risque d’être fort amusant. Pour lui seulement, malheureusement pour eux.

Décidé à passer à l’action, le Titan commença à mettre des coups tranchants de dague dans le vide. En temps normal, n’importe qui aurait ri des gestes du Titan mais, n’oublions qui est Océanos et qu’il ne s’amusera pas à ne rien faire… Bien vite, une multitude de demi-cercles aqueux firent leurs apparitions aux pieds de chaque ennemi d’Océanos, avant de rapidement les faire disparaître à l’intérieur d’une tornade d’eau. Celles-ci ne les blesseront pas forcément mais au moins seront-ils bloqués pour la véritable attaque… Envoyant ses dagues sur ses deux opposants masculins, le Maître des fonds marins avait désormais les mains libres, condition essentielle pour son attaque. Levant son bras droit tandis que celui de gauche longeait le long de son corps, son Cosmos s’agita et contribua à l’apparition d’une immense vague tout autour de lui. Le courant présent dans cette entité d’eau était si fort qu’il infligera de lourds dommages à ses victimes… Sans doute se noieront-elles après avoir reçu cette technique, qui sait… Océanos ricana, à la simple idée d’imaginer ses victimes se noyer sous sa terrible attaque…

» Ô vous Marinas, chiens de l’Usurpateur Poséidon ! Vous qui êtes si liés à mon monde, les fonds marins, je pensais que vous auriez embrassé ma cause avec joie ! Mais puisque vous préférez rester fidèle aux Olympiens, le VRAI Maître des Océans va vous châtier comme il se doit… THALASSA DELUGE !

Abaissant son bras droit rapidement, au point qu’il soit tendu droit devant lui, la vague d’eau sembla comme répondre à ce mouvement et se mit à déferler en direction des trois Marinas. La masse d’eau se déplaçait à une vitesse presque incroyable et montrait, par sa force et sa rapidité, une bonne partie du pouvoir d’un Titan… Déjà à huit et en se retenant, il arrivait à un tel niveau mais que cela sera-t-il lorsque tous les siens seront libérés du Tartare… ? Et tandis qu’il se demandait si ses quatre frères et sœurs restants seront délivrés de leurs prisons, le Thalassa Deluge se fracassa sur les trois Marinas, avec une violence exceptionnelle. Sorti de ses pensées par le bruit émit du choc de la vague, Océanos remua les doigts de sa main droite et fit monter le torrent, espérant noyer par cette occasion ces pathétiques esclaves des Olympiens…

Il était évident que les choses ne pouvaient que finir ainsi, Orpheus le savait. Et savoir que la sirène et la tortue étaient avec lui le rassérénait un peu. Malgré les Scales qu'ils portaient, le Légat sentait qu'ils ne seraient pas réellement de taille face à un titan de la puissance de cet Oceanos. Pourtant ils n'avaient réellement pas le choix. Ces mers appartenaient à la toute puissance de Poseidon et titan ou pas, cet homme devait quitter les lieux immédiatement.

- Vous ne servez aucune autre cause que la votre, Oceanos... Vous me dites chien de Poseidon ? Sans doute avez-vous raison finalement. Et dans ce cas, vous me contraignez à vous combattre, vous qui vous érigez en adversaire de mon Seigneur et Maître !

Mais il n'eut guère le temps de prendre les devants. Car Oceanos n'était pas homme à se laisser faire. Sa puissance surclassait allégrement les trois personnes présentes ici bas. Son attaque en était la preuve parfaite. Ou plutôt ses attaques. Le premier tourbillon paralysa littéralement le Légat. Subissant ainsi l'attaque de plein fouet, il ne fit qu'apercevoir la dague lui foncer dessus. Subir ceci pouvant être synonyme de mort, il libéra une puissante onde de choc autour de lui qui dévia complétement l'attaque. Mais ce n'était que reculer pour mieux sauter. Car la nouvelle vague le percuta et l'envoya s'écraser au sol, le plaquant complétement et l'empêchant d'esquisser le moindre geste.

Était-ce donc ça la puissance d'un dieu ? Non... Orpheus sentait que cette créature n'était même pas à pleine puissance. Quelque chose restreignait ses capacités. Ou peut-être quelqu'un ? Quoi qu'il en soit, c'était en quelque sorte une source d'espoir pour lui. Car cela voulait simplement dire que lui aussi pourrait brider ce titan. Alors qu'il se relevait, constatant avec soulagement que son armure avait tenue bon, il amena le bec de sa flûte à sa bouche. Son corps le faisait souffrir et son arcade était désormais ouverte, déversant un flot de sang abondant sur son visage. Mais ce n'était qu'une blessure primaire, rien de bien méchant. En tant que Général d'un des sept piliers, il s'attendait à subir ce genre d'attaques. Il ne souffla alors qu'un mot.

- Requiem...

C'est dans ce capharnaüm que la mélodie s'éleva. Fermant son œil unique, le Légat jouait. Encore et toujours, à en perdre haleine. Car débutait ici et maintenant son véritable requiem. Et bientôt la voix mélodieuse de Cléo se mêlerait à ce son enchanteur dans le but avoué de détruire cette entité maléfique. Il était blessé et surtout dans le flou le plus total mais cela ne se ressentait nullement dans sa musique. La seule cible restait ce titan. Et s'il était puissant, s'il paraissait capable de briser n'importe qui, il ne pouvait se préserver complétement de cet air. Qui donc pouvait résister à la flûte enchanteresse de la Sirène Maléfique ? Bénie de Poseidon lui-même, il s'agissait en réalité d'une arme divine. L'arme idéale pour combattre un ancien dieu.

Une variation se produisit néanmoins dans sa mélopée. Il y déversait son pouvoir, sans restriction aucune. Autour de lui, l'image de trois sirènes se formait, accentuant plus encore le sentiment de danger qui émanait du corps du Légat. L'une d'elle se précipita alors vers le tian, tentant à proximité de lui asséner un puissant coup en direction du visage. Car les mains de ces sirènes n'étaient rien d'autres que des serres. Acérées. Une aura bleutée entourait également Orpheus, pouvoir régénérant, qui n'aurait que pour but de soigner les plaies mineurs du guerrier. Et pendant ce temps, il poursuivait son chef d’œuvre.

Car si tout se passait bien, ce titan allait perdre son odorat. Et il ne s'agissait ici que du premier des cinq effets de son art.