- Encore en train de glander ! Sale gosse, quand est-ce que tu apprendras que l'on ne refuse pas le travail ainsi !

Debout face à lui, les bras croisés, le regard noir, je réprime l'envie de lui aplatir mon poing sur son si jeune visage. Pas encore, laissons-lui tout de même le droit de s'expliquer. Suivant sa réponse, il aura le droit à un petit aperçu de ma force, ou pas. Entre nous, je lui souhaite d'être en mesure de me donner une réelle explication quant à ce moment de relâchement impardonnable. C'est du Mercurio tout craché ! Jouer les fainéant tandis que les autres apprentis travaillent dur. Cet idiot mériterait que l'on ne s'intéresse plus à lui, qu'on le laisse flemmarder dans son coin, sans se fatiguer à tenter de le faire progresser, de développer son potentiel. Des élèves qui ne demandent qu'à apprendre, qu'à s'améliorer, j'en ai un bon paquet, alors pourquoi m'attarder autant sur ce garçon ? En y réfléchissant, je crois bien que je me comporterai ainsi avec n'importe lequel des orphelins que j'ai pu recueillir jusqu'ici. Je suis devenu un Chevalier d'Or pour l'une de ces raisons après tout, former la nouvelle génération afin d'assurer la meilleure des relèves lorsque la mienne ne sera plus.

- L'entraînement est important Mercurio, comment crois-tu que tu vas parvenir à devenir Chevalier si tu ne fais rien pour améliorer tes capacités ? Je te l'ai pourtant déjà dit !

Alors que mon ton se veut plus grondant, plus autoritaire, mon bras droit se décroise et c'est le poing bien serré que je fracasse la colonne à ma droite d'une droite dévastatrice. Me mettre en colère n'est jamais bon pour mes élèves, tous doivent s'attendre à recevoir une sévère correction lorsque cela arrive par leur faute. Un moyen comme un autre de punir tout en les préparant à l'encaissement de coups plus sévères encore que les miens. Lors d'un combat réel, l'adversaire ne fait pas de cadeaux, il cogne pour tuer et ne retiendra en aucun cas ses coups, autant que mes petits protégés soient capables d'en encaisser un maximum. En leur souhaitant bien évidemment de terrasser l'ennemi avant que ce dernier ne le fasse. La colonne en miettes, mon poing semble se détendre, au contraire de mon regard qui se durcit encore un peu plus, ne lâchant pas le jeune Mercurio. Ce n'est pas la première fois qu'il me fait ce coup-là, à croire qu'il ne comprendra jamais... Peut-être que mon entraînement, directement inspiré de celui de mon défunt mentor est trop coriace pour un gringalet pareil ?

- Je commence sérieusement à en avoir marre de ton comportement désinvolte, peut-être souhaites-tu retourner à ta misérable vie d'antan ? Si c'est le cas, dis-le-moi tout de suite, cela évitera une telle perte de temps. Regarde ces jeunes, admire la détermination et la rage de réussir que chacun d'eux dégagent ! Accompagnant mes paroles d'un geste de la main, j'indiquais un groupe d'apprentis non loin derrière moi, occupés à briser un rocher immense à mains nues. J'étais comme eux à l'époque et regarde ce que je suis devenu, ne souhaites-tu pas la même chose ? Acquérir une puissance sans égale afin de servir et protéger la déesse Athéna à jamais, voilà pourquoi nous vivons ! Le voilà le but premier d'un entraînement aussi intensif ! Pas le temps de dormir entre deux exercices comme tu le fais !

En espérant que ces paroles déclenche en lui le déclic tant attendu depuis son arrivée au Sanctuaire... Parfois, j'en arrive à me demander ce que je vais bien pouvoir faire de lui ? Il serait peut-être mieux sous la tutelle d'un autre Gold Saint, qui sait ? Mon entraînement, ma vision des choses, mes manières brutales ne concordent pas à son caractère si cela se trouve. Mais si tel était le cas, il me le dirait non ? Encore une question en suspend...

Mercurio regardait son maitre s‘énerver et devenir de plus en plus rouge à mesure qu’il parlait. Il refaisait un énième discours sur la nécessité de s’entrainer et de porter de gros rochers sur le dos. L’apprenti chevalier avait préféré utilisé le dit-rocher pour dormir à l’ombre. Quelques minutes seulement et c’est l’œil fatigué qu’avait commencé l’endurement du sermon. Sous les cris du chevalier d’or, le jeune homme ne pouvait qu’imaginer un immense tissus de toile rouge, grossissant encore et encore, n’attendant que le moment où il éclaterait. Mais non, le seigneur de la vachette préféra briser un pilier en deux. Chouette, encore des débris à transporter. L’adolescent leva les mains en signe d’apaisement, son sourire le plus franc possible…ce qui n’était pas une réussite pour l’instant.

-Nan, nan, je ne dormais pas, je reposais mes paupières, voila tout… En fait, j’ai passé la nuit à lire tout les livres qui me tombait sous la main pour en apprendre plus sur les techniques d chevalier. Vous voyez, j’ai soif d’apprendre !

Phrase hautement hypocrite. Le simple fait de transporter des rochers lui paraissait une perte de temps et d’énergie. Quand aux techniques de chevalier…non, ce n’étais pas son intérêt premier, ça, c'était sûrs. Pour autant, l’idée de le renvoyer dans son simple village, lui donnais la nausée et il ne doutait pas de la parole du vieux quand à le renvoyer de là où il venait. L’adolescent jeta un coup d’œil autour de lui, à ses camarades qui s’ils n’avaient pas complètement arrêté leurs rythme d’entrainements, avaient considérablement ralenti à force d’observer la cène. Mercurio en repéra bien vite un qui, rocher entre les bras avait la bouche grande ouverte de surprise par rapport à la scène. Un nouveau probablement, il ne connaissait d’ailleurs pas son nom. Du doigt, il le démontra, un petit sourire sur le visage.

-Ho regarder maitre de la vach…du taureau, Luxus s’est arrêté.

Peu de chance que le gamin s’appel vraiment Luxus mais peu importait. Pendant quelques instants le mastodonte, tyran de la seconde maison détournerais son attention de lui. Mercurio en profita pour s’éloigner de la scène du crime d’un pas léger et silencieux. Malheureusement, il n’avait pas fait deux mètres que la lourde voix du colosse retentit dans son dos, l’arrêtant en un instant. Une grimace sur le visage, il imaginait déjà les baffes du maitres commencé à pleuvoir, il se retourna, essayant de composer au mieux un visage neutre.

-Je ne voudrais pas être insolent, grand seigneur mais je ne vois pas en quoi porter des pierres me rendra digne de porter une armure. Tous ces chevaliers ne sont pas aussi musclés que vous, il doit bien y avoir une technique pour éviter le poids de l’armure. De fait, je suis sûrs de parvenir à mes fins sans m’infliger ses heures de douleurs inutile.

Un grand sourire avait conclu son argumentation. Si celle-ci n’était pas très poussée, il n’en avait cure. Il ne connaissait pas encore assez bien les arcanes des chevaliers pour pondre un truc très développé mais surtout, il avait fait comprendre à son maitre que tout ceci ne l’intéressait pas. Ni Athèna, ni la puissance absolue. Non, il visait quelques choses de bien plus particulier.

-À titre d’info, je ne doute jamais de mon étoile. Ni « leurs rages », ni « leurs motivation » ne se mettront au travers de ma route.

Il cherchait la plénitude de son destin.

En plus de ne pas suivre mon entraînement, il se foutait de moi. Visiblement, j'ai dû être bien trop gentil avec lui depuis notre rencontre. Un sourire déformé par la colère s'afficha sur mon visage, tandis que ma main droite se levait, prête à s'abattre sur cet insolent. Moment que choisit ce dernier pour me piéger. Feintant qu'un autre élève osait interrompre son entraînement, il profita de ce moment d'inattention de ma part pour tenter une fuite. De ma voix rauque, je le rappelais rapidement à l'ordre. Décidément, il cherchait vraiment à la ramasser sa claque ! Et puisque soit disant sa bonne étoile était en mesure de surpasser mes apprentis ici, pourquoi ne me ferait-il pas une petite démonstration ? Tournant désormais le dos à Mercurio, le surveillant du coin de l'oeil pour qu'il n'en profite pas, j'examinais un instant les jeunes garçons occupés à soulever et casser les blocs de rochers. Je ne pus réprimer un sourire satisfait en observant mes élèves. Tous se surpassaient, aucun d'entre eux ne trichaient. Pourquoi diable Mercurio n'en faisait-il pas autant ?

- Luxus ! Viens donc par ici un instant !

Bien que surpris par l'appel de son mentor, le gamin ne se le fit pas dire une seconde fois. Balançant sans trop regarder où son énorme pierre tenue sur le dos, il s'empressa de trottiner vers ici. Luxus, très certainement le meilleur élève du groupe, toujours prêt à faire ce qu'on lui demande et avec une efficacité déconcertante. Il ferait un excellent adversaire pour cet idiot de feignant qu'est Mercurio ! S'inclinant lors de son arrivée, Luxus ne sembla pas surpris de voir l'orphelin une nouvelle fois dans une mauvaise position. Il alla même jusqu'à s'en amuser, adressant un sourire moqueur à celui qui allait être son adversaire aujourd'hui. Il le savait, il ne faisait pas le poids face à lui. Lui qui avait fait tant d'efforts pour rapidement s'imposer comme le meilleur de mes élèves, comment pouvait-il perdre face à un gars comme Mercurio ? Ce serait honteux à n'en plus vouloir suivre sa voie de Chevalier. Il avait compris ce que j'attendais de lui avant même que je n'ai le temps de lui expliquer. Prenant du recul sur quelques pas, il attendit que je prenne la parole calmement.

- Bien, puisque ce cher flemmard de Mercurio ne semble pas enclin à s'entraîner aujourd'hui, nous allons lui rappeler les bien faits de ce dit entraînement. Luxus, j'attends de toi que tu lui administres la plus sévère des corrections, compris ? Montre-lui comment se débrouille un élève du Taureau !
- Qu'il en soit ainsi... je devrais en avoir terminé avec cet incapable en moins de cinq minutes. Mercurio, je ne te demande pas si tu es prêts, je devine d'avance l'ennuie qui est le tien à la perspective de m'affronter.

Et le pire, c'est qu'il avait sans doute visé dans le mile. Cela ne m'étonnerait pas qu'il essaye de fuir durant le duel. Il ne vaudrait mieux pas pour lui soit-disant passant, à moins de vouloir se battre en handicap à deux contre un, un Gold Saint en plus. Feignant mais pas stupide pour autant, espérons. En attendant, Luxus se prépare déjà à donner l'assaut. Guettant du coin de l’œil que ma main lance le début de l'affrontement, les genoux fléchis, bras en avant, je devine déjà le mouvement qu'il s'apprête à faire. Un grand classique de ses débuts de duel. Il se pourrait bien qu'il tienne promesse quant à la durée de cette lutte Le signal lancé, l'élève prodige se mit en action. Bondissant vers son adversaire, il faucha le sol de sa jambe droite une fois à la hauteur de ce dernier, tentant de le déstabiliser. Conscient que ce seul mouvement ne servirait pas, il tâcha au mieux de se relever pour venir frapper d'un direct du droit les côtes de sa cible. Et croyez-moi, même avec son jeune âge, un coup pareil n'est pas sans conséquence. Pas de quoi vous brisez une côte, néanmoins en y insistant plus dessus, le résultat voulu ne devrait pas être dur à atteindre.

Loin de vouloir s'arrêter là, il enchaîna avec une gauche visant le menton, puis une série de coups de poings balancés avec rage sur le visage. Que la douleur soit l'élément déclencheur ! Chercher à motiver son adversaire par la douleur, il n'y a pas de plan plus efficace quand on veut que ce dernier se donne au maximum. Reprenant une distance qu'il jugea suffisante au bout de quelques mètres, Luxus pris cette fois-ci une position défensive, attendant avec impatience la réaction de Mercurio, si réaction il y avait.

Quel connard ! Cette seule pensée remplissait l’esprit de Mercurio. Il lançait un regard noir au chevalier du taureau, ignorant délibérément son adversaire désigné. Jusqu’à ce que ce dernier lui adresse la parole. Enfin quelques secondes après, faudrait pas lui donner trop d’importance non plus.

-Ouais…non, je ne suis pas prêt. Ce n’est pas que le Vieux est le pire des entraineurs mais tu vois, se battre, là comme ça, sous le soleil…c’est particulièrement chiant en fait. Quoique t’as l’air content toi.

Le désavantage d’être un idiot. Obéir au doit et à l’œil puis en redemander en plus. Mercurio se prit l’arrête du nez en soupirant bruyamment.

-Alalala…

L’ennui mortel. Pas la moindre envie de se battre et le chevalier d’Or qui en souriaient de plaisir. Le pire c’était que Mercurio l’aimait bien le Vieux. C’était lui qui l’avait ramené à Athènes, l’avait sortit de son trou paumé. Juste qu’il n’avait pas la même conception de la vie. Ils étaient plus comme des pierres s’entrechoquant en permanence que deux cornes frappant l’ennemi de consert. Fallait aussi avouer que Bach n’était pas ce qu’il y avait de mieux niveau confident. Lui et la psychologie ça faisait deux. Pourtant, il restait un chevalier d’or et donc supérieur du jeune homme. Ou tout simplement un mec capable de lui mettre la raclée de sa vie, encore et encore. C’est ça l’ennui avec tous ces mecs en armure. Vaut mieux ne pas trop l’ouvrir et filer droit avec eux. Soit être différent de Mercurio. Soufflant une nouvelle fois, se résignant à combattre sous le soleil de plomb, le jeune homme se mit à regarder l’astre, une main en visière.

Comme souvent, c’était amplement réfléchi. Semblant ignorer son assaillant, il l’étudiait du coin de l’œil. Cela ne serait pas facile face à Luxus, il avait donc vu juste niveau prénom, mais ça se tentait. Surtout que mes combats en public n’étaient pas le pain quotidien du blond et ces qualités étaient généralement sous-estimer. L’ennui étant que Luxus, en bon chouchou du seigneur de la vachette envoyait quand même du lourd. La victoire aurait de gros sacrifice, à n’en pas douter. De fait, le pied de ce dernier ne tarda pas à venir faucher Mercurio. Dans un sourire moqueur, se dernier se recula d’un pas, se mettant hors de portée. La plupart des gens sautait, plus par réflexe qu’autre chose. Très mauvaise idée, il est difficile de se déplacer dans les airs.

-Stupide.

L’insulte presque murmuré avait été prononcé tandis que les deux combattants croisaient leurs regards pendant un instant. Le sourire confiant qu’eut Luxus vexa Mercurio, preuve que son adversaire ne l’était pas spécialement. Son poing arriva rapidement sur sa droite, visant les côtes flottantes. Appliquant l’enseignement de Bach, le comble, le blond se décala d’un demi-bas pour éviter la ligne droite puis dévia le poing adverse de la main. S’il n’avait pas la force d’un apprenti taureau, le jeune homme était fier de sa vitesse, ses jambes possédaient des muscles développés, souvent occupé à fuir le Vieux ou ses entrainements. Malgré ça, le poing droit de Luxus vint grattouiller son menton. Il avait failli le prendre totalement par surprise et Mercurio c’était reculé par réflexe.

Seul soucis, il était maintenant en déséquilibre, l’objectif probablement recherché tout du long par son adversaire et la pluie de poing qui lui tomba dessus le conforta dans l’idée. Rapidement, sa lèvre inférieur éclata, répandant son sang sur le menton comme les poings ennemi. Ennemi car la force mis dans tout ça de Luxus commençait à sérieusement échauffer le blondinet. A de mi allongé sur le sol, il s’essuya d’un revers de la main, gardant essayant de récupérer du mieux qu’il pouvait en gardant son sang-froid. Il avait envie de rendre le double de ce qu’il avait reçus mais le sourire satisfait du Chevalier d’Or l’agaçait plus qu’il ne voulait l’avouer. Assis par terre, son souffle redevenant plus régulier, il ne put s’empêcher de railler le colosse debout les bras croisés.

-Hey grand taureau, tu me dis quand t’es fatigué d’attendre ton tour hein. J’expédie monsieur « Lumière » là et on en parle plus.

Le dernier baroud d’honneur ou presque. Si le chevalier rejoignait la partie, Mercurio ne donnait pas cher de sa peau. Il espérait sincèrement qu’il resterait sur le côté quitte à prendre plus tard avec les intérêts. Se relevant, il fit face à son adversaire, essayant de dissimuler son envie de frapper là où ça fait mal. Malheureusement, il ne peut s’empêcher de dissimuler son sourire sadique. Il exprima son sentiment de supériorité d’un claquement de langue avant de s’élancer droit vers sa cible. Arrivé à trois mètres, il s‘élança pour frapper un magnifique coup de pied. Il se délecta du doute de son ennemi puis à défaut d’avoir des certitudes foncé tête baissé dans son piège comme le pauvre bovin qu’il était. Luxus se protégea d’un bras, essayant d’agripper la jambe de Mercurio de l’autre.

Le jeune homme quand à lui libéra les poignées de sable qu’il avait ramassé plutôt. Plus du caillou brisé en une centaine de morceaux envoyé droit dans les yeux de Lumière. Le petit cri de surprise que ce dernier poussa le ravit au plus haut point. Celui bien de douleur qui intervient lorsque le poing de Mercurio frappa aussi fort que possible ses parties intime fut encore plus savoureux. Debout, le visage boursoufflé et la lèvre en sang, il regardait de haut son adversaire à genoux devant lui. Le blondinet arma lentement sa jambe, appréciant chaque instant avant que son tibia ne vienne briser le nez de son adversaire, répandant son fluide sanguin sur le sol rocailleux.

Victorieux, les poings sur les hanches, Mercurio se retourna vers son maitre, le chevalier du taureau. Son regard était redevenu colérique, criant vengeance. Luxus ne l’intéressait pas, toute sa colère était dirigée vers le colosse qui ne le comprenait pas. Colère dont la source venais justement du fait que lui, entre tout les autres, l’avait connus auparavant et aurais du mieux le comprendre que personne. La déception était une nourriture fade aigre mais riche en énergie négative.

-Allez, ramène-toi mon gros, je suis échauffé maintenant !

Lamentable, désolant, humiliant. Voilà comment je qualifierai la réaction de Mercurio face à l'assaut de Luxus. Certes, le voir se relever après avoir encaissé une série de coups, me réconfortait quelque peu sur son mental, mais sa contre attaque n'eut pour effet que de décupler ma colère. Railleur, il se permettait de s'abaisser à la pire des attaques, un coup de poing violent entre les jambes, point faible de tout homme, aussi puissant soit-il physiquement. Un coup en traître précéder également par une attaque d'un niveau tout aussi gerbant. Balancer de la poussière aux yeux de son adversaire... ce n'est certainement pas de mon enseignement qu'il tire ces méthodes ! Jamais à la maison du Taureau on apprend à se battre comme un lâche. L'honneur est important, ce gamin ne semble pas sans soucier plus que cela. C'est triste... je l'aimais pourtant bien ce gamin... Devoir abandonner ses rêves si jeune, c'est triste... Je me dois néanmoins de corriger mes erreurs, c'est de ma faute si Mercurio se conduit de la sorte aujourd'hui. Je n'ai pas réussi à l'éduquer comme il fallait, à moi de faire en sorte qu'il gagne le repos éternel sans trop d'humiliation.

- Au revoir Mercurio... tu auras été un sacré merdeux...
- Restez en dehors de ça maître Bach, ce gars est à moi. Je peux encore me battre, ce n'est pas ces coups en traître qui me mettront à terre.

Hum ? Alors que je m'apprêtais à intervenir, le poing entouré d'une aura bleutée, décuplant la puissance de mes coups, prêt à administrer une ultime correction au blondinet, Luxus se releva, les yeux en pleurent, ses mains balayant les derniers grains de poussière encore incrustés dans ses derniers. Son regard... son regard se voulait plus déterminé que jamais à présent, l'on sentait qu'il voulait faire payer Mercurio pour son comportement insultant. Finalement, je décidais de ne pas intervenir directement, préférant laisser l'opportunité à mon apprenti de rendre la monnaie de sa pièce au blondinet. Ce dernier ne se fit d'ailleurs pas prier. Ne se souciant aucunement de son nez saignant après le coup de Mercurio, il cracha sur le sol avant de se retourner vers sa cible. La tension grimpait en flèche, les coups qui suivront se voudront sans pitié pour celui qui aura le malheur des les concéder. Second round, d'un bond, Luxus fondit sur sa proie, les deux bras vers l'arrière. La charge serait rude si son adversaire ne l'évitait pas, il semblait bel et bien parti pour lui administrer le plus terrible des coups de boule. La charge d'un taureau ? C'est du moins l'image que je me fis de l'action, d'autant plus que quelque chose de surprenant se produisit peu avant le probable impact.

- Raaaaaaaaaaaah !

Ce cri de rage poussé par le plus brillant de mes apprentis fut accompagné de l'apparition soudaine de la même aura bleutée entourant mon poing il y a peu. Nul doute, ce garçon était extraordinaire. Être poussé à bout est le meilleur moyen pour nous forcer à donner le maximum de ce que l'on a et même plus si ce n'est pas suffisant pour terrasser son vis-à-vis. Cette charge n'était pas ordinaire, si Mercurio l'encaisser de pleins fouets, il aurait du mal à parvenir à se relever ensuite. Résultat ? Une seconde colonne de fracasser ! Bah ouai, j'vous ai bien dit que la charge était brutale, ce n'est pas un simple bout de pierre qui va bloquer mon élève dans sa course. Une épais nuage de poussière s'installe sur la zone de combat, masquant l'espace de plusieurs trentaines de seconde le résultat final de l'attaque. Est-ce que Mercurio est à terre ? Est-ce le contraire ? Il n'y a qu'en patientant que j'vais le savoir...

Mercurio se tenait là, triomphant. Sa victoire sur son « collègue »
Lui donnait des ailes et il se sentait d’attaque pour affronter Bach en personne. Ses bras croisés sur son torse, il dévisageait le géant, sourire supérieur et provocant sur le visage. En garde quand le chevalier du taureau arma son poing, la surprise se dessina lorsqu’il entendit une voix venant dans son dos. Bientôt remplacé par cet habituel air moqueur qu’il arpentait la plupart du temps.

-Ho… t’en veux encore mouton ? Dans ce cas viens, je fais te transformer en ragout ensanglanté.

Le jeune homme se retourna vers son adversaire mais rapidement la peur s’insinua en lui. Ho, tout d’abord, il attendit la charge de Luxus, confiant. Ce n’est juste l’aura bleuté qui perça au niveau de son front n’était pas normal. Du tout. Instinct protecteur ? Petit con qui comprend enfin la réalité ? Peu importe, sentant un couteau sur sa gorge, Mercurio esquiva aussi vite que possible la charge frontale mais non moins redoutable de l’ennemi. Pas assez vite. Il eu à peine le temps d’éloigner sa tête du point d’impact et décroiser les bras dans une défense ridicule avant que le soi-disant mouton lui percuta la poitrine. Il eut la réelle impression qu’un taureau ou au moins un cheval lui passait dessus. Sans rien pouvoir contrôler, il se sentit retourner dans les airs avant de vaser et s’écraser lourdement au sol.

Pendant un instant, il ne ressentit rien. Ce n’est que le gout du sang après coup qui lui supposa qu’il avait perdus connaissance. Tout son corps lui faisait mal, sa jambe et sa poitrine particulièrement. Il voulut ouvrir les yeux mais seul un œil accéda à sa demande. Une vision rougeâtre, coloré par le sang qui s’échappait de son arcade sourcilière. Se relevant difficilement, il cracha su sol pour évacuer le sang comme la salive dans sa gorge avant de se retourner vers sa blessure à la jambe. Il serrait les dents de douleurs, devinant avant même d’y poser le regard l’étendue des dégâts. Son tibia formait un angle bizarre, trop bizarre pour son esprit qu’il vomit à peine son œil valide passa sur la blessure.

On l’agrippa tandis qu’il s’essuyait la bouche. Une main ferme, solide mais ensanglanté également. On l’attrapa par les cheveux. Pour retourner son visage vers celui de son agresseur. Luxus. Le regard colérique, une moue de dégout sur le visage.

-Voici la puissance du taureau Mercurio. Voici ta punition pour ton manque de respect et d’honneur.
-J’temmerde Luxus.

L’insulte était sortie d’elle-même. Déjà en peine physique, une leçon de morale était loin d’être le moment. Mercurio sentit le poing de son adversaire se fermer de colère avant même de sentir l’impact sur son nez. Ironiquement, ou plutôt équitablement, c’est le sien qui éclata sous l’impact cette fois-ci. Comme s ‘il n’avait déjà pas pris assez cher comme ça. Pourtant…pourtant…le blond rigolait. Doucement d’abord, audible que de lui seul puis de plus en plus fort, laissant tous les spectateurs, plus personne de travaillait maintenant, entendre la perte de lucidité qu’il éprouvait.


L’apprenti n’en tenait plus et rigolait à gorge déployé maintenant malgré des douleurs venant de tout son corps. Son seul œil valide, à moitié fou était dressé vers le ciel tellement sa tête penchait en arrière sous les éclats de rire. S’il aurait regardé son adversaire à ce moment-là, il aurait lu l’incompréhension sur son visage voir…une pointe de peur. Plus Mercurio avait mal, plus il rigolait et plus il rigolait, plus il avait mal. Un cercle vicieux dont il ne semblait pas pour se sortir. Le visage en sang, enfin il braqua son regard dans celui de Luxus. Un regard fou mais surtout…bleu. Loin des yeux brun habituel. Un sourire tout aussi cinglé poussa au bas de son visage.

-Mon tour !

Ses deux bras virent serrer Luxus à la nuque tandis qu’il montait sa tête pour frapper avec force le carrefour entre le nez et les sourcils de son adversaire. Une fois, deux fois, trois. Quatre. À chaque coup, son rire sadique, fou à lier retentissait, grandissait même. Il ne voyait déjà plus rien, le sang des deux adolescents se recouvrant leurs deux visages et pourtant, le blond ne s’arrêtait pas, frappait encore et encore pour son plus grand plaisir. Finalement, après une quinzaine de coups en une dizaine de secondes, le coude gauche de Mercurio vint frapper à la tempe droite un Luxus déjà presque dans els vapes. Son corps s’abattit lourdement sur le côté, ayant perdus conscience. Des fumeroles bleu semblait être émis de sa peau alors qu’il se redressait à moitié. Il regarda sa blessure à la jambe un instant avant d’appuyer avec force pour remettre l’os dans son axe normal. Un craquement sinistre retentit sans qu’il s’en émoi plus que ça. Pire, son sourire s’agrandit encore à l’écoute du sang, tellement qu’il ferma son seul œil de plaisir. Enfin, alors qu’il remarquait à peine tous les regards dégouté pointé dans sa direction, il écarta les bras, tête braqué vers le ciel et laissa s’échapper de son âme le rire le plus sadique qu’il possédait.

-MOUHAHAHAHAHAHAHAHAHA.

Il priait un dieu inconnu, un dieu fait de douleur car en lui, chaque petite parcelle ne renvoyait plus qu’un plaisir immense. Ses veines luis emblait de feu et il sen réjouissait. Sa tête était comme prise dans un étau et il en remerciait le ciel. Tout autour de lui, son aura se développait. Un cosmos bouillonnant, dangereux qui remontait le long de sa colonne vertébrale, un raz-de-marée de plaisir qu’il voulait continuer à faire grandir, encore et encore.

Mercurio se trouvait dans un sale état… très vilain état même, Luxus ne l’a vraiment pas loupé ce coup-ci. Le sang s’écoulait le long de son visage et la toute nouvelle courbe que prenait le tibia du jeune blondinet prouvait qu’il ne parviendrait pas à se relever avant un long moment. Et pourtant, chose plutôt remarquable chez lui, même en mauvaise posture, il continuait d’insulter son adversaire. Pire encore, il laissait libre court à sa folie. Un vrai malade mental, riant sous les effets que lui procurait la douleur, heureux de prendre des coups, pour un peu, il en redemanderait. Le pauvre Luxus ne savait plus quoi faire, trop surpris par la réaction démente de Mercurio. Devait-il continuer à frapper, au risque de mettre fin à ses jours ? Tout de même pas… on ne peut pas demander une telle chose à un gosse. Et le cauchemar empirait, avec à présent la réaction du blondinet, une violente contre-attaque constituée de coups de boule accompagnés avec force sur le visage du prodige. La scène en aurait traumatisé plus d’un…

Pas moi. Tentant de garder mon calme, afin d’éviter de foncer dans le tas et risquer d’engloutir sous mes assauts les deux gamins avec moi, j’observais impuissant, Luxus passer un sale moment. Lorsque ce fut fini, le corps du malheureux apprenti Chevalier s’effondra, inerte, recouvert de sang, à quelques mètres seulement de moi. Si l’aura de l’auteur des coups qu’il venait de subir ne cesse de prendre de l’ampleur, la mienne ne tarde pas non plus à se manifester. Je venais de laisser éclater mon cosmos, rongé par un violent sentiment de haine à l’égard de l’orphelin Mercurio. Une colère si grande que le blond n’avait jamais eu l’occasion de voir, d’affronter. Si les fois où mes poings s’étaient abattus sur son corps étaient nombreuses, jamais mon aura n’avait était si menaçante à l’égard d’un de mes élèves. Pour un peu, l’on pourrait croire que cette fois, j’étais bien décidé à faire taire définitivement ce nabot. Il rigolait… je bouillonnais, il jubilait… j’explosais de rage, mon cosmos se concentrant à présent autour de moi. Cette fois c’est sûr, il va ramasser ses dents à la petite cuillère.

- Mercuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuurio ! Sale petit merdeux ! Je te conseille de rapidement te calmer, sinon je jure de briser chacun de tes membres jusqu’à ce que tu ne sois plus en mesure de les rafistoler comme tu viens de faire avec ton tibia ! Je te promets, cette fois, je n’aurais aucune retenue, mes coups seront destinés à tuer ! Tuer le démon qui semble avoir pris possession de ton corps !

Le regard meurtrier qu’il m’adressa me fit très vite rendre compte qu’il avait bel et bien perdu la raison. Cette fois, il ne jouait plus. Mon devoir m’apparaissait très clairement, chasser cet esprit démoniaque qui semblait le contrôler. Comment ? À grands coups de poings dans la tronche ! Bondissant vers lui, mon poing droit vint avec force s’abattre en direction de son visage. Le choc fut violent, fracassant le sol fait de dalles en pierres avec une rare violence. Un cratère venait de se former, avec mon apprenti et moi-même à son centre. Mercurio n’avait pas eu le réflexe de parer le coup, ou bien n’en avait-il pas eu envie. Toujours est-il que le coup continuait de le faire rire, ce qui inévitablement m’énervait encore plus. De la main gauche, je l’agrippais par le haut du crâne, le soulevant à ma hauteur, poing droit armé. Ce fou riait encore, allant même jusqu’à lécher le sang coulant de sa blessure, il s’en délectait…

Ma main gauche lâcha soudainement prise, alors que mon genou droit vint à la rencontre du corps tombant. Droit dans l’estomac, le coup lui fit cracher une nouvelle gerbe de sang, tandis que d’un revers de la main droite, j’envoyais valdinguer mon élève contre un rocher. C’est à cet instant que je les vis, mes apprentis… tous rassemblés à une dizaine de mètres de la scène, apeuré par la violence des coups qu’ils observaient. Cette seule vision suffit à m’apaiser, à me faire reprendre mon calme. J’osais espérer que Mercurion aussi s’était calmé, que je ne sois plus obligé de le frapper une fois de plus, pas aujourd’hui, pas dans son état…

Une énorme vachette attira l’attention du jeune homme pendant sa transe. Insulté dans son âme qu’on le dérange, la colère du fou se braqua vers son maitre sans le reconnaitre. En parallèle, son cosmo augmenta, suivant la courbe de son indignation. Ne suivant que sa rage, il se porta vers Bach pour l’éventrer à mains nues, ses doigts écartés comme s’ils possédaient tous une paires de griffes. Sourire sadique sur le visage, ce ne fut que pour mieux s’encastrer sur le poing du chevalier du taureau. La frappe d’un char d’assaut lancé à pleine vitesse. Une avalanche concentrée en cinq phalanges. Autant dire que tout l’avant-bras du chevalier fut recouvert du sang de l’apprenti. Un peu plus et le crâne de Mercurio ressemblait à un fruit écrasé à la masse.

Le fou qu’était le jeune homme perdit connaissance sur l’impact. Quand il rouvrit les yeux, se fut par un rire à glacé le sang qu’il se manifesta. Son monde n’était que sang, douleur et os brisé. Il voulut déchirer la peau de son assaillant mais son bras gauche resta inerte sur le sol, à peine si son épaule voulait bouger. La surprise passa rapidement sur son visage avant qu’une énorme main vint le soulever. Un étau entourant son crâne. Une mise à mort du Taureau. Son regard croisant celui de son ennemi, un sourire supérieur se dessina sur son visage. Visage ensanglanté, lèvres ouvertes, ses longs cheveux blonds avaient même pris une teinte carmin.

Le poing du chevalier d’or s’arma tandis que la bête qu’était devenu son apprenti, incapable de prononcer un seule mot, se contenta de lui cracher deux dents brisées au visage. Ultime provocation. Ultime attaque qu’un corps adolescent brisé était capable de faire. D’une langue agile, se délectant de la situation, il lécha les trainées sanguines parsemant son menton. Perdu pour la cause, un petit rire sortait de sa gorge. Rire dément de son esprit déjà loin. À peine comprit-il que l’assaut de Bach n’était pas terminé. Le genou du Vieux frappa droit dans ses intestins, lui faisant cracher une nouvelle gerbe de sang avant que sa main le baffe avec force pour l’envoyer au loin.

Au sol dans une position grotesque, l’apprenti n’était plus en état de faire un seul mouvement. Le regard dans le vide, son petit rire ne s’était pas éteint mais sur ses joues coulait maintenant deux larmes purifiante. Le sillon qu’elles traçaient coupait les traces de sang séché comme frais. Deux traits allant de ses yeux à son menton comme autant de réplique des personnalités profonde du jeune homme.






Loin. Très loin du combat, un enfant pleurait. Un enfant apeuré par l’ombre qu’il projetait sur le mur. Il se tenait recroquevillé dans un mur de la pièce sans fenêtre ni porte où il se trouvait. Pour se calmer, il lissait sa longue chevelure blonde tout en tenant un chiffon lui servant de repère dans ses mains. Le regard dans le vide, braqué sur un simple mur gris, délavé par les années sans entretient, il répétait tout le temps la même phrase.

L'écho m'avait paru très clair, comme le son d'une trompe dans le lointain. Le genre d'événement qui détonait assez dans le paysage pour forcer n'importe qui a en chercher la source. Pourtant, nul panorama devant mes yeux, seulement les contours tamisé d'une bibliothèque remplie de parchemins, luxe que les Saints pouvaient se permettre, éclairés par une simple chandelle posée sur une table de bois laquée, parsemée de rouleaux inachevés et terminé, et de plumes à la pointe d'encre. J'étais alors dans mon cabinet, celui-là même où je passais la plupart de mon temps, ces temps-ci, à recopier le savoir des anciens, afin qu'il ne se perde pas, obsédé que j'étais à conserver les préceptes d'hommes avisés. C'était alors que je me penchais sur quelques obscures descriptions géographiques que je sentis cette perturbation, faisant écho au feu qui coulait toujours dans mes veines, bien que je me sois habitué à cet état de fait, avec le temps.

Je me levais donc, sortant prestement de mon lieu d'étude, comme pressé par une urgence dont je ne comprenais pas les tenants et aboutissants. Je faisais confiance néanmoins à mon instinct, qui jusqu'à présent s'était révélé aussi fiable que les cycles du Soleil. Sortant par la grande porte, donnant sur le parvis bardé de colonnades de marbre, baigné par l'astre du jour, j'avisais l'escalier qui semblait descendre dans les profondeurs de la Terre, qui semblait m'attirer comme le vide appelle l'homme qui se penche pour sonder les profondeurs. Je laissais mes pas me guider là, sans vraiment contrôler mes gestes, lâchant prise sur le pourquoi de mes motivations. Je ne répondais qu'à l'appel de cette dissonance, comme un horloger qui entendrait une bizarrerie dans l'égrenage sans fin de sa clepsydre.

Au fil de la descente, je compris peu à peu où me menait cette route qui se traçait devant mes pieds. Plus en bas se trouvaient les novices, qui s'entrainaient sans relâche pour se montrer digne un jour de porter l'armure des combattants de la déesse. D'abord cachés à mes yeux, je pus entrapercevoir, arrivé vers la fin, la scène tragique qui se déroulait sur l'un des terrains. Bach du Taureau, ce grand gaillard taillé comme une montagne, était en train de battre un élève comme du plâtre. Connaissant l'homme à l'armure d'or, je fus choqué de ce geste. Je le savais prompte à la colère mais toujours juste, et même s'il était bourru de nature, son cœur était aussi fait du métal précieux qui le couvrait entièrement. Pressant le pas, je décidais de finir la route en bondissant, mangeant la distance beaucoup plus rapidement. Avec ma vitesse de Gold Saint, quelques bonds suffirent, et déjà je me trouvais un genou en terre, une main occupée à entrouvrir l'oeil du jeune garçon, l'autre placée en face de Bach, paume ouverte, dans un signe apaisant.

La Paix! Je crois qu'il a eu son compte, mon ami. Et si tu me disais ce qui a pu déclencher ton ire? Ses yeux semblent fou, comme s'il nageait en plein délire, et son cosmos pulse de façon diffuse...je crois qu'il n'arrive pas à se canaliser.

J'avais déjà vu des hommes dans ce cas, victime d'éruption incontrôlée de leur énergie vitale et cosmique. C'était comme tenter de canaliser la fureur d'un océan dans le mauvais canal, cela causait immanquablement une saturation, un grillage des nexus. Généralement l'utilisateur était pris d'accès de folie pure, totalement éjecté de son corps pour la préservation de son âme, jusqu'à ne plus sentir la douleur. Il fallait le ramener chez les vivants, puisqu'il avait déjà un pied dans l'autre monde. Et c'est ainsi que je compris que sa destinée était liée à la mienne, et que c'était mon rôle, à l'aune de ma compréhension aigüe de son fonctionnement, de veiller à ce qu'il puisse vivre et non survivre. Tout cela me frappa en une fraction de seconde.

Trop loin... les choses allaient beaucoup trop loin... J'en perdais le contrôle de la situation, frappant le corps du pauvre Mercurio incapable de faire face au démon le dévorant de l'intérieur. Abandonné de son mentor, qui lui infligeait des coups d'une rare violence, pensant qu'il parviendrait à le maîtriser ainsi, grossière erreur. L'arrivée de ce Gold Saint, dont son visage ne m'était nullement inconnu me confirma dans mes pensées, je venais de m'y prendre de la pire des manières avec mon élève. Rejeter la faute entièrement sur ce monstre semblant avoir pris possession de lui, attenter à sa vie dans un accès de colère non-maîtrisé, même une personne aussi dur que je le suis ne ferait pas cela à un apprenti. Les yeux braqués sur la paume de la main de mon ami Antares, mes poings se refermèrent sur eux-mêmes, tandis que je tentais de ne pas relaisser ma colère m'envahir.

Pas envers Mercurio cette fois, c'est pour mon incompétence à gérer cette situation qui me frustrait. Si un Chevalier d'Or venait de sa propre personne secourir un de mes élèves de mes coups, au beau milieu de mon propre Temple, c'était bel et bien la preuve que mon incompétence l'obligeait à le faire. Croyez-moi, quand ce genre de chose vous arrive, ce n'est jamais très bon pour votre fierté qu'il faut ravaler à ce moment-là. Jamais durant mon apprentissage, un frère d'arme n'est venu s'interposer dans les méthodes d'apprentissage de mon défunt maître, que cela m'arrive en était déshonorant. Peut-être exagéré, c'est pourtant de cette manière que les choses m'apparaissaient.

- Je ne crois pas avoir demandé une intervention extérieure, Antares... Ce qui se déroule durant mon apprentissage, mes méthodes d'entraînement, la façon dont je traite mes élèves, tu ne devrais pas t'interposer entre. Je sais encore ce que je fais ! Ce garçon est possédé par le diable !

Surpris par mes propres paroles que je n'avais pu retenir sur l'instant, je rabattais la paume de la main du Scorpion d'un revers de la mienne, m'abaissant lentement vers le corps de mon jeune élève. Si mes coups étaient jugés durs, cela semblait avoir eu son petit effet sur ce fou qu'était devenu l’orphelin. J'y étais certainement allé un peu fort avec lui, mais il ne m'en avait pas laissé le choix. S'il y a encore quelques minutes je culpabilisais de mes actes, quelque chose au fond de moi semblait m'affirmer qu'il n'y avait pas de remords à avoir. Sans prêter attention aux regards fixés sur moi de mes autres jeunes élèves encore effrayés de la rage avec laquelle je m'étais abandonné à mes coups, je ramassais le jeune blondinet d'une seule mains, plaçant ce dernier sur mon épaule, j'adressais un signe de la tête au Scorpion, espérant ainsi qu'il me suive à l'intérieur de mon Temple.

Là-bas, nous serions plus à l'aise pour discuter et j'avais largement de quoi panser les blessures du malheureux. La démarche lente, nous pénétrions donc à l'intérieur de ma demeure, dans ce que j'appelais la Salle Commune, immense et totalement vide de tout décors. Sans prendre la peine de m'arrêter afin de m'assurer qu'Antares m’emboîte le pas, je traversais donc la Salle dans sa longueur, descendant les escaliers rapidement menant à une toute dernière porte. Il ne me fallut pas longtemps pour pénétrer à l'intérieur et déposer le corps de Mercurio sur le lit à ma droite. Ce dernier devait d'ailleurs avoir envie de m'égorger vu la manière dont nous venions de nous accrocher.

- Ici, nous pourrons discuter plus paisiblement du cas de ce jeune garçon. Laisse-moi tout d'abord te présenter mes excuses mon ami pour mon habitude déplaisante, je suis légèrement à cran ces derniers temps... Ce qui, j'ai conscience, ne m'excuse en rien. Il faut dire que jamais je n'avais vu quelqu'un d'aussi possédé que ce gamin... Il fallait le voir pour le croire, une aura aussi malsaine, cette abandon soudain à la violence, j'ai réagi de la pire des manières avec lui...

C'était sacrément le bordel dans mon esprit, moi-même ne parvenait pas à rester sur une idée fixe. Un avis extérieur sur la situation n'était finalement pas une mauvaise chose. Pour peu qu'Antares soit en mesure de trouver une solution à ce problème.

Citation :

Repos Post 3/Full PV

Un instant de répit, de calme. Le petit garçon surpris s'arrête même de pleurer un moment. Dans sa pièce, une légère chaleur se met à se diffuser, le noir devient gris foncé puis clair. Perturbé, il ne sait pas ce qui lui arrive mais il a confiance. Légèrement inquiet tout de même, apeuré par l’inconnu, il se recroqueville toujours plus dans son coin mais cette fois-ci tournant le dos au mur, comme si enfin, il apercevait un espoir de l’autre côté de la pièce.




-Ashishishshishi.


Le jeune est tout sourire, ses yeux exorbités sont remplis de sang et de larmes mais cela n’as aucune importance, il ne le sent même pas. Il essaye du mieux qu’il peut de morde la boulette de viande qui semble le porter sur son épaule. À un moment il croit réussir à bouffer son oreille mais ses dents ne font que claquer dans le vide. Il garde un sourire sadique sur le visage lorsqu’on le dépose sur le lit. Ses yeux parcours rapidement la pièce pour essayer de juger la situation mais en vain. Il n’a plus assez d’intellect pour ça. Seul ses instincts le pousse, l’oblige à s‘écarter de la douleur, à chercher le plaisir. Des fumeroles s’échappe encore de son corps par à coups, le laissant tremblant d’extase. Son rire horrible résonne contres les piliers alentours tandis que des spasmes le propulse plusieurs centimètres plus loin, incontrôlable.

Quelqu’un semble vouloir le toucher à un moment et les dents du monstre ne se referment qu’à quelques centimètres de sa cible. Son regard remonte le bras pour aller jusqu’au visage. Bave aux lèvres, le jeune homme tombe sur une nouvelle personne. Ce n’est pas Boulette. Des yeux verts l’observent entre deux mèches d’un manteau de fourrure bleuté, presque violet. Son corps est recourt d’or comme le vieux précédemment. Au moment où cette pensée surgit de son esprit, une seconde la suit comme son ombre.

« Le vieux ».

Une image s’imprègne devant ses yeux, floues, abimés comme un vieux parchemin, les traits ondule bizarrement avant de se fixer sur des cheveux gris, presque blanc. Un regard durs, des poings encore plus. Toujours allongé, le jeune homme se tord le cou pour comprendre. Ce n’est pas la nouvelle personne, s’en est une autre. Qui ? Quoi ? Où ?

Petit à petit, son état de folie se calme et sa mémoire se remet en marche. D’abord par la douleur, son bras cassé, son corps en miette. Son sang a déjà imprégné le tissus de chanvre comme la paille à l’intérieur du martelât. Bien vite, des cris inarticulés s’échappent de ses lèvres accompagnés de bulles de sang. Son corps tout entier tremble maintenant et avec aucune once de plaisir. Sa peau le brule comme jamais tandis que de nouvelles larmes s’échappe de ses yeux.

Un dur retour à la réalité. Le Monstre n’imagine qu’un seul recourt, repartir dans cet état d’extase. Ce monde de plaisir, sans pensée, sans souvenir. Il cherche au fond de lui jusqu’à trouver une forme, un cube scellé. Il s’imagine le secouer à pleine mains au dessus de lui pour en faire sortir le jus. D’une langue agile, il s’en délecte.

Enfin, la douleur s’en va, ne laissant plus que ce plaisir animal. Plus loin, dans un temple du sanctuaire, une nouvelle explosion de cosmos retentit. Un bleu couleur de flamme dont le cœur est noir, teinté de rouge, de sang.