Ironique comme situation. Un miracle avait été requis pour maintenir cet homme en vie malgré les pires blessures qui soient, et plus d'une année plus tard, voilà qu'il arpentait les sombres couloirs du dédale pour rejoindre l'antichambre de la Mort. Non pas la mort qui aurait du l'emporter par le passé, mais celle qui étrangement lui avait offert une seconde vie, le tenant à l'écart du vide qui comblait l'intégralité de son passé. De ce vide, seule la nature d'un cosmos puissant et pourtant insondable persistait, ainsi qu'une facilité d'apprentissage qui ne pouvait que ravir un chef des armées. Car aujourd'hui, son passé ne semblait plus aussi nécessaire. Le présent importait, et le futur bien plus encore. Les raisons d'un tel déclic n'étaient pas bien compliqués, les affrontements livrés au service d'Arès et de la citadelle n'avaient fait que combler les sentiments de fierté et renforcer la confiance de l'amnésique. Là ou se tenait auparavant un homme perturbé et figé dans le temps se situait maintenant un soldat prometteur qui ne possédait comme unique exigence qu'un besoin de respect et de considération de la part de ses supérieurs.

Le temps n'avait pas forcement été de son côté mais dorénavant, Casshern pouvait enfin se définir. Raccord avec lui même, les démons invisibles de son passé ne le hantaient plus depuis que son cosmos servait activement les intérêts du dieu de la destruction, des visages familiaux lui revenaient en tant qu'alliés alors que des silhouettes au contours dorés s'affichaient comme ses ennemis. Suivant la nouvelle voie qui était sienne, il endossait ses responsabilités sans sourciller, s'adaptant aux ordres et définissant son sens moral en fonction de ses ressentis mais surtout par rapport aux tolérances de ceux qui représentaient sa faction. Grossièrement, il pouvait être perçu comme une éponge cherchant à absorber le meilleur de ce qu'il cernait au quotidien. Évidemment, sa nature bien que malléable comportait tout de même des défauts majeurs : Comme par exemple son orgueil, qui même s'il se pliait devant sa ferveur pouvait s'avérer dangereux s'il n'était pas canalisé par des taches diverses. Et encore, cela maintenait sa motivation en place. Mais le manque d’expérience sur le terrain ou de connaissance dans le monde s'étendant au delà de la Citadelle représentait également une faille dans la confiance que l'on pouvait placer en cet homme.

Finalement, le Flamboyant n'était peut être pas plus important qu'un autre contrairement à ce qu'il aimerait penser. Mais il s'était néanmoins démarqué lors du tournoi terminé quelques temps plus tôt et avait pris conscience de plusieurs choses : L'une d'elle était que ses deux adversaires n'étaient autre que les soldats principaux placés sous le commandement du Prophète, et que leurs puissances étaient venues à bout de la sienne. Peut être détenaient-ils des arts et secrets appartenant initialement à la Mort... C'est tout d'abord la soif de pouvoir ainsi que le désir de pousser sa compréhension du cosmos toujours plus loin qui le décidait à passer la lourde porte de l'Antichambre du Feu. Mais il se souvenait également de sa dernière et trop courte rencontre avec le prophète devant les portes d’obsidiennes, ou il n'avait finalement laissé qu'une image troublée de sa personne. Le besoin de reconnaissance semblait toujours la, mais cette fois-ci, le soldat aux cheveux écarlates possédait des bagages plus élogieux et surtout plus concrets. Immédiatement plongé dans une ambiance froide et silencieuse, Casshern laissait son énergie astrale déborder autours de lui pour se rassurer : Sa venue ne se voulait pas agressive, mais l'habitude de déployer son cosmos pour marquer sa présence tout en donnant un aperçu de sa puissance lui était restée.
Son regard orangé se posait à plusieurs extrémités du cube, mais la faible lueur qui émanait de l’extérieur ne lui venait pratiquement pas en aide. D'autant plus que le cosmos omniprésent d'Ephtal en ce lieu empêchait le Python de le repérer plus aisément sans aiguiser ses sens. S'inclinant légèrement comme s'il était observé, il prenait la parole d'une voix suffisamment forte pour que son écho se répercute jusqu'au fond de l'antichambre.

Je vous apporte mes respects Prophète, et j'aimerai par ailleurs m'entretenir avec vous si vous disposez du temps nécessaire, naturellement...

Le ton de sa voix lui faisait défaut alors que de ses derniers mots s’échappait une légère touche de nervosité. Tirant sur sa cape en se redressant plus dignement, l'amnésique maintenait cependant son regard vers le sol le temps que le cardinal daigne se présenter à ses côtés. D'après la présence bien soutenue du cosmos de la Mort dans cette salle et l'avis du berserker, il y avait de forte chance pour que son possible interlocuteur se trouve quelque part aux alentours. S'il ne venait pas à sa rencontre, alors le Flamboyant n'aurait plus qu'à se retirer en silence pour retenter sa chance après avoir exécuté de nouveaux services pour mériter une meilleure estime. Mais pour l'heure, il patientait encore.

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Repos : 1/2

Quoi de plus habituel que ce qui était en train de se dérouler présentement ? De la simple et pure routine pour le Prophète d'Arès... Installé dans son trône d'obsidienne, il avait toutefois ses pensées dirigées vers un nouvel élément... Et son humeur n'en était pas réjouissante ! Il y a peu, très peu, son premier élève avait disparu... Cette jeune fille qu'il avait été découvrir, la première recrue, son premier fauve. Plus qu'une perte stratégique, Ephtal avait perdu un proche, son épée-lige. Et si le Cardinal de la Mort avait renoncé à bien des choses en devenant le bras droit du Dieu de la Guerre et de la Destruction, il n'avait pas perdu son humanité, du moins pas dans son intégralité. Aujourd'hui, la Cuirasse de la Pestilence reposait sur sa stèle au côté du trône, et Okra n'occupait plus sa place de gardienne de la Citadelle. Néanmoins, si cela le touchait, il n'en versait pas de larmes. Il était depuis longtemps un homme dur au coeur froid, et s'il pouvait éprouver des sentiments, jamais il n'en montrait quoi que ce soit. Même seul, cela ne saurait être.

Pour l'heure, il ne pouvait cependant pas juste se contenter de rester là et d'y penser. Le monde ne s'arrêtait pas de tourner. Et il avait toujours une horde à diriger. Aussi le colosse se leva-t-il, s'appuyant légèrement sur sa faux comme s'il s'agissait d'une canne alors qu'il n'en avait que nullement besoin. Ephtal ne prenait pas grand plaisir à recevoir ses ouailles dans le Temple, sauf dans le cas où il les y conviait lui-même. Dans les autres cas, il préférait de lui intercepter ceux qui venaient le voir dans sa propre Antichambre. Les sujets ne variaient jamais beaucoup dans ces cas-là de toute manière. Ca y allait des "testez moi" ou des "je veux prouver ma valeur" ou encore "je suis fort, je vais vous le montrer". C'est ainsi que cela se déroulait souvent avec ces fauves. Soit, il devait faire avec. En son antichambre, Casshern était déjà arrivé. Ephtal passa la porte à l'instant même où le Python terminait sa phrase.

Je suis là et je t'écoute ! Parle donc, Python, je t'accorde un peu de mon temps...

Si son Antichambre était emplie de son propre cosmos, lui n'en produisait aucun. Au contraire de Casshern qui concentrait le sien, sans qu'il y ait de réelle raison... Ne restait donc qu'à attendre et écouter ce qu'il avait à dire, peut-être que la raison apparaîtrait-elle évidente alors ?

Satisfait d'entendre de nouveau la voix de son Prophète, le Flamboyant se redressait pour faire face à ce dernier qui se tenait à quelques mètres. Ce n'était pas la peine de faire de grands détours, il était venu avec une idée en tête, qui consistait à proposer une requête qu'il aurait très bien pu proposer dans les premiers temps au Cardinal de la Guerre, son supérieur direct. Mais voilà, celui-ci semblait toujours en proie à de vieilles blessures, et s'il n'avait pu se présenter jusqu'à la finale du tournoi il n'était sans doute pas en état pour satisfaire le désir de pouvoir toujours plus grand de Casshern. De plus, le dernier affrontement en date avait parlé de lui même : Nosgoth de la Tarentule comme Straw de la Mante avaient reçu l'apprentissage d'Ephtal. Bien que cela pouvait paraître présomptueux, le Python estimait également être en droit de recevoir les conseils de celui-ci et continuer à s'élever.

Bien, j'irai droit au but dans ce cas... Je vous ai fait part il y a peu de ma volonté de servir au mieux les desseins d'Arès. J'ai mis de côté les pensées qui ne représentaient que des obstacles à ma progression, puis j'ai approfondi mon entraînement chaque jour. Jusqu'à là, il ne faisait que répéter le devoir d'un berserker et par conséquent ce que la mort savait sans doute déjà. Mais il continuait. Mais voilà, je n'ai pu résister lors du tournoi m'opposant face à vos deux principaux soldats. J'ai pris conscience de la puissance détenue par les servants de l'armée du Feu, et je me trompe peut être en pensant que vous ayez totalement contribué à leur efficacité mais... j'aimerai recevoir la discipline accordée aux plus grands serviteurs de la Destruction.

Il s’arrêtait. Peut être que ses paroles n'avaient aucun sens pour son interlocuteur, l'homme à la chevelure écarlate ne connaissait que très peu de chose après tout. Seule sa puissance innée et une maîtrise inconnue semblaient le pousser en avant mais jusqu'à son réveil il n'avait pas réellement été formé par un Cardinal ou mentor supérieur à son rang. Beaucoup de notions lui étaient étrangères, mais la conviction que le Prophète pouvait lui apporter ce qu'il cherchait quant à elle demeurait.

Mes limites ne demandent qu'à être repoussées. Je ne voudrai pas de nouveau faire preuve d'impatience en vous demandant ceci et je n'insisterai pas en cas de refus, mais vous faire part de ma volonté au fur et à mesure que celle-ci se développe me paraît important... Cette vie que je mène dans la citadelle, je vous la dois, à vous et à Arès. Même si j'étais tiré d'affaire je n'aurai pas pu tenir seul avec mon amnésie... Mon esprit ne demande qu'à être comblé par les exigences de mon Dieu, et mon cosmos ne cherche qu'à s’imprégner toujours plus de la nature de la cuirasse qui m'a été assignée.

Casshern posait un genou au sol, marquant ainsi sa soumission face à Ephtal. Le besoin ardent de devenir toujours plus puissant ne pouvait être complètement dissimulé, mais celui de servir Arès avec toujours plus de ferveur rééquilibrait sûrement la balance. Son cosmos se dissipait totalement dans l'ensemble de l'antichambre, brisant ainsi l'habitude qu'il avait de se préserver du cosmos des autres et témoigner encore un peu plus de sa docilité. Une habitude évidente lorsque l'on est soi même un virtuose de la corruption du cosmos adverse, savoir se protéger de ce qu'on est capable d'accomplir se fait naturellement.

Formez-moi Prophète, et je deviendrai l'un de vos serviteurs les plus dévoués et efficaces.

Bien évidemment, le sens de cette phrase ne se voulait pas être un ordre mais une proposition. Il savait que tout ceci pouvait être délicat, mais ses intentions étaient honnêtes et se voulait dans l’intérêt de la Citadelle.

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Repos : 2/2

Oui, forcément. Comme il se l'était noté, à chaque fois que l'un de ses hommes venait le voir, c'était soit pour tester sa puissance, soit pour demander à ce qu'il soit entraîné. Mais les motifs de Casshern étaient particuliers. Le Python avait combattu deux des actuels élèves du Prophète, ressortait de cela l'envie de recevoir même formation qu'eux. De toute évidence, ils avaient fait bonne impression sur cet homme. Mais est-ce qu'Ephtal avait réellement joué un grand rôle dans leur puissance actuelle ? Le Cardinal de la Mort les avait pris sous son aile justement parce qu'ils possédaient un grand potentiel. À partir de là, il n'avait plus fallu que parvenir à les pousser à dépasser leurs limites actuelles pour aller plus loin encore. Le travail n'était d'ailleurs pas tout à fait terminé, encore que Nosgoth se montrait chaque jour réellement méritant. Mais il n'est pas là pour méditer sur leur sort bien entendu. Allait-il accorder au Python le droit d'être en partie formé par ses soins ? Il n'ignorait pas que Guerre avait depuis l'attaque du Sanctuaire beaucoup de mal à récupérer. Et il était ainsi difficilement imaginable qu'il puisse efficacement former ses propres hommes. Dans ce cas, en effet, il était en son devoir de répondre à la demande de l'amnésique, d'autant que ce dernier avait montré qu'il était capable de prouesses en s'hissant jusqu'à la finale du tournoi et en y faisant très bonne figure. En perdant Okra, il avait perdu un élève... Peut-être qu'il serait de bon ton d'en récupérer un nouveau ? Bien... la décision était donc prise !

Relève-toi !

Le Prophète tapa de l'embout de sa faux une unique fois sur le sol poussiéreux. Les deux portes se fermèrent pour plonger l'antichambre dans le noir le plus complet. Contrairement aux habitudes, les parois ne s'enflammèrent pas, les laissant ainsi dans l'obscurité.

La leçon... commence !

Alors qu'il parlait, il avait effectué deux pas rapides vers la droite, sa voix forte agissant comme un voile couvrant le bruit de son déplacement. Il n'allait pas être original... et Casshern recevrait une leçon similaire à celles de Nosgoth et de Straw. Apprendre à se battre sans se servir des cinq sens basiques ne pouvait être que profitable à tout guerrier. En effet, les cadavres pourrissant dans l'endroit empêchaient de se fier à l'odorat ou au goût. L'absence de lumière ne pouvait permettre à la vue d'être utile. Et une salle vide et dénuée de toute décoration produisait immanquablement un écho qui ne pouvait permettre de localiser précisément un adversaire simplement grâce à l'ouïe. En ce qui concernait le toucher et bien... encore fallait-il être capable de réagir assez rapidement dès lors que le Prophète aurait frappé, alors que ce dernier savait parfaitement en jouer et changer de position avec vélocité. Les yeux fermés, il attendit quelques secondes, mettant lentement sa faux en position pour frapper. Puis en l'abattant dans une oblique, il relâcha très brièvement son cosmos avant de le faire taire à nouveau, juste de quoi balancer un arc d'énergie tranchant qui partirait en direction de Casshern. L'attaque n'était pas particulièrement létale mais suffirait à faire de lourds dégâts s'il n'y prenait pas garde.

Citation :

Repos 1

En même temps que l'embout de la faux frappait le sol, Casshern appliquait les ordres de son Prophète en se redressant. La pénombre envahissait à nouveau l'antichambre et ce dernier ne tardait pas à s’éclipser en même temps que les derniers traits de lumière, ce qui ne manquait pas de mettre le soldat à la crinière de feu en alerte. Ce n'était pas dans les manières de la Mort de s’éterniser en discussion, mais au moins avait-il répondu favorablement à cette demande. Parfait, et maintenant, il n'y avait plus qu'à se laisser porter par son instinct et son expérience pour tenter de relever les défis de son maître.

Bien que ses autres sens étaient à l’affût ils ne semblaient dans le cas présent guère plus utiles que la vue, seule la maîtrise du cosmos à l'état pur pouvait lui venir en aide. Or il en était un virtuose accompli, car c'est en étalant et percevant le cosmos des autres qu'il parvenait à le corrompre pour appliquer son étreinte la plus mortelle. Un art longtemps travaillé et appuyé par une quantité d’énergie suffisamment conséquente pour s'étendre sur une zone entière. Quelque part, le Flamboyant savait déjà ce qu'il lui restait à faire : Laisser son aura exploser et s'installer dans chaque recoin du cube. Après, peut être que cela ne serrait pas suffisant dans la demeure privée d'un des quatre, ou plutôt L'homme désigné par Arès pour diriger son armée.

Mais sa courte réflexion se stoppait en même temps qu'un frisson lui parcourait l'échine. Il l'avait senti. Une expulsion d’énergie qui se rapprochait dans son dos, ou sa droite. Faisant volte face, le Python érigeait une barrière pour en absorber la majeure partie de l'impact. Forcé de reculer, il ne quittait néanmoins pas sa posture défensive et seule ses bottes frottait le sol poussiéreux sans qu'il ne lève un pied devant l'offensive surprise. Prenant une courte inspiration, il enchaînait immédiatement en laissant sa main trembler sous le cosmos qui affluait. D'un coup sec et puissant, celle-ci venait s'abattre par terre pour provoquer une onde de choc sans propriété offensive. L’intérêt ici étant juste de localiser la présence d'Ephtal sans pour autant l'attaquer. Oui ça, il ne s'y permettrait pas du moment que ce dernier ne l'avait pas clairement pousser à agir dans ce sens.
Pour le moment, lui montrer qu'il pouvait localiser sa présence -au moins l'espace d'un instant, car il ne savait pas encore si le cosmos de son maître brûlerait rapidement le sien qui stagnait dorénavant dans la pièce- était suffisant.

Comme pour bien le faire comprendre Casshern se tournait vers le Prophète, prêt à contrer une nouvelle offensive en cas de récidive. En attente de la suite, il laissait son cosmos grisâtre s'intensifier autours de lui sans pour autant montrer aucun signe d'une attaque à venir. Il se préparait tout simplement, fortifiant son lien avec les particules d’énergie qu'il avait libéré en espérant ne pas perdre leur contact. Après tout, l'amnésique ne connaissait que très peu de chose sur cet homme, ni ce qui se cachait derrière le masque, ni sa manière de se battre face à d'autres guerriers des dieux. Et pourtant, il lui devait tout...

Le Python semblait très bien se débrouiller de la situation dans laquelle le Prophète le plongeait. La méthode de Casshern n'était pourtant pas celle qu'Ephtal souhaitait lui enseigner, mais elle devrait également porter ses fruits dans le cadre actuel. Enfin, contre la plupart des adversaires néanmoins. Mais le Cardinal de la Mort possédait un cosmos particulier, n'est-il pas ? Là où certains pouvaient enflammer leur cosmos, faire baisser la température ambiante de manière accrue ou pousser les hommes à leurs instincts belliqueux, le sien avait un effet beaucoup plus général, et à la fois très proche du titre qu'il portait. Et que peut bien faire la mort à part pourrir et désintégrer ? Ça ne tenait qu'à ça en effet. Et s'il n'agissait pas sur les chairs ou la matière tout simplement, c'était simplement sur la cosmo-énergie ambiante qu'il pouvait apporter sa contribution néfaste. Alors que son soldat emplissait la pièce de son énergie, Ephtal en faisait une utilisation plus modérée, se contentant juste d'instaurer une bulle autour de lui dans un premier temps qui contrerait celui approchant du python. Sa position précise ne serait toujours pas devinable, mais permettrait tout de même de le localiser sommairement du moins. D'autant que Casshern y ajoutait un second système de détection, utilisant le sol comme Nosgoth l'avait fait avant lui. De ce qu'il connaissait de lui, il fallait s'y attendre. De ce qu'il avait vu de ce combattant, il aimait à répandre son cosmos, à jouer des ondes pour propager ses attaques.

Alors, chose rare pour lui, Ephtal allait faire une débauche d'énergie... Si Casshern souhaitait juste emplir l'antichambre pour détecter le Prophète, ce dernier allait adopter la même stratégie pour un résultat inverse. Mais en faisant cela, il devrait se dévoiler un peu plus... Si une faible utilisation de son cosmos pouvait faire s'illuminer ses yeux, ses paupières parvenaient toujours à la camoufler. Mais lorsqu'il était question de répandre son énergie pour qu'elle grignote entièrement celle de son élève temporaire, la luminosité ne pouvait plus être cachée, même les yeux fermés.

Si c'est là ta réponse au problème que je te pose, que feras-tu lorsque tu te battras à ciel ouvert ? Que feras-tu lorsque ton adversaire aura des endroits où se cacher ? Que feras-tu lorsque tout ton cosmos ne parviendras pas à t'indiquer où se trouve celui que tu souhaites frapper ?

Voilà des questions qui venaient s'ajouter au problème de base. Il serait certes plus facile d'expliquer directement ce qu'il souhaitait, d'indiquer à ses élèves la direction à employer, la manière d'arriver au résultat le plus efficace. Mais ce n'était pas du tout son genre... Au contraire, il comptait encore ajouter une difficulté supplémentaire. Alors qu'entre les méthodes de détection du Python, la lumière que le Prophète provoquait ainsi que les paroles qu'il prononçait, il était fort probable que désormais, Casshern savait où frapper. Autant donc l'embrouiller lorsqu'il était encore temps. Le Dawn of the Dead lui semblait parfait pour cela... Du sol sortirent peu à peu des corps en décomposition. Ce fait n'était qu'illusoire, affectant directement le centre nerveux de ses adversaires. Habituellement, la victime y voyait le visage d'être disparus, des amis ou des ennemis, de la famille ou des rivaux. Mais dans cette pénombre, il était peu probable que ça ait le moindre effet à ce niveau. Par contre, ces revenants cosmiques parvenaient à adopter une réelle consistance ce qui leur permettait d'infliger des dégâts ainsi qu'entraver les mouvements de leur cible. Ils perturberaient aussi très certainement les tentatives de Casshern pour repérer le Prophète qui en avait profité pour changer d'emplacement...

Ses doutes s'intensifiaient à mesure que la présence du prophète s'estompait. Comme il l'avait imaginé, ce dernier avait déjà une parade pour préserver son avantage sur le terrain. A cela, Casshern grimaçait. Une seule chose lui venait en tête : Y aller plus fort encore, créer des failles en attaquant son adversaire et ainsi pouvoir y insérer son cosmos à long terme. C'est ainsi qu'il procédait face à ses ennemis et c'est ainsi qu'il obtenait des résultats satisfaisants, de cette manière, il pourrait peut être en profiter pour localiser sa cible aussi puissante soit-elle. Cependant, l'amnésique en oubliait presque le fait qu'il n'était pas venu ici pour se reposer sur ses acquis : il y avait une leçon à apprendre derrière tout cela. Mais quand bien même, lorsque les ombres des cadavres s'élevaient face à lui il en revenait à ses tactiques habituelles.

Avec vivacité il dégainait sa dague pour la lancer dans son dos. Celle-ci frappait l'une des extrémités de l'antichambre avant de simplement retomber par terre. D'un bond le soldat écarlate la rejoignait pour se placer dos au mur, espérant ainsi se préserver de possibles attaques surprises. Maintenant que son champ de vision était plus facilement contrôlable, il laissait son cosmos vibrer autours de sa silhouette tout en gardant son sang froid. Pour faire une pierre deux coups -Détruire ses ennemis et infiltrer l'essence du pouvoir de son maître l'espace de de combat, si cela était possible- il lui fallait un peu plus de temps. Une main venait lui griffer le bras de son toucher glacial alors qu'une autre lui attrapait la cheville, apparemment les murs n'étaient pas non plus un soutien potentiel... Retenant un grognement, le Flamboyant expulsait l’énergie accumulée sous la forme d'une onde de choc bien plus dévastatrice que la précédente.

Devil Constrictor !

Balayant tout ce qui se trouvait autours de sa position, les bribes de cosmos se transformaient ensuite en pythons pour s'attaquer à leurs cibles respectives. Sa technique la plus sauvage était à l’œuvre, les torsions et tortures qui en résultaient n'avaient pas de pareilles et en s'attaquant aussi bien au corps qu'à l'armure permettaient à Casshern d'y introduire son cosmos et corrompre aisément celui de ses ennemis par la suite. De la puissance, il n'en manquait pas. Mais pour montrer l'étendue de ses capacités à son prophète il était obligé d'y mettre plus d'ardeur : Après tout ce dernier devait être habitué à canaliser la sauvagerie de ses serviteurs. Mais cela dit, même un guerrier aguerri ne pouvait pas toujours se défaire d'une technique exécutée par un nouvel adversaire.

La puissance de mon cosmos est contenu par les murs de cette antichambre ! En dehors, mes frappes dévastent suffisamment le terrain pour balayer couverts comme ennemis... et c'est en me tenant au milieu de tout ce chaos que je me préserve de la fourberie de certains. Plus mon cosmos se déploie et plus ma perception et mon influence sur le terrain s'intensifient, voilà ce que je pense !

L’orgueilleux se révélait à nouveau. La confiance qu'il plaçait dans ses compétences n'étaient pas des moindres et pourtant, il était conscient de ne pas être le meilleur et d'avoir encore beaucoup à apprendre. Sinon, que ferait-il ici ? Mais son ego le rattrapait souvent lorsqu'il déployait ses forces...

Parallèlement, la plupart du cosmos provenant de l'onde de choc se dispersait comme si les morts vivants étaient insaisissables. Et pourtant ils avaient disparu, provisoirement en tout cas. Mais ce qui importait était surtout l'emprise possible qu'il parviendrait à créer sur Ephtal à travers cette vague d’énergie, bien qu'il se voyait contraint de ne pas retenir la brutalité de ses serpents constricteurs s'il voulait parvenir à faire gagner en influence son énergie astrale. Peut être que son maître n'allait pas apprécier...

À sa manière, Casshern s'en sortait très bien. C'était un guerrier astucieux qui disposait d'un sérieux panel de possibilités sur lesquelles il se reposait solidement de toute évidence. Il rappelait un peu Straw au Cardinal de la Mort : trop sûr de lui et de ses capacités que pour ouvrir son esprit sur d'autres alternatives. Il faudrait juste espérer que celui-ci ferait preuve de moins d'étroitesse et se montrerait donc capable d'apprendre, car si sa technique était suffisante pour se défaire de nombreux adversaires, cela resterait insuffisant face aux plus puissants êtres de ce monde. Son attaque se montrait en tout cas redoutable, et balaya totalement le réveil des morts provoqué par Ephtal. Lui-même d'ailleurs put en ressentir la force, car si le colosse n'avait pas été solidement ancré sur ses appuis sans doute aurait-il été repoussé également. Il avait même été jusqu'à croiser ses bras devant lui, preuve qu'il prenait le Python tout à fait au sérieux. Mais malheureusement, cette bonne impression fut dissipée dès que cet élève ouvrit la bouche. Cette arrogance l'agaçait... Il ne restait donc qu'une seule chose à faire : lui montrer que ses tentatives ne pourraient pas fonctionner s'il n'acceptait pas de comprendre dans quelle direction le Prophète l'emmenait...

Il aspira alors à lui tout le cosmos ambiant. Celui-ci fut comme un baume, lui redonnant force et pleine maîtrise, brisant par là la dernière tentative du Python de l'atteindre. Mais ce n'était qu'une partie de cette technique... Ce serait un fameux gâchis s'il ne s'agissait que de cela ! Toute cette énergie captée pouvait être mieux usitée encore, bien entendu... Elle se condensa en se mêlant à celle d'Ephtal jusqu'à se transformer en une véritable armada de faucilles qui se lancèrent en tournoyant à grande vitesse à la rencontre de Casshern. Après quoi, une nouvelle fois il se déplaça, avant de lui adresser quelques mots... Oh, il ne se donna pas la peine d'ouvrir la bouche pour cela, évident que si le Python ne tentait pas de le repérer à la manifestation aussi minime soit-elle de sa cosmo-énergie, il ne pourrait le déceler s'il ne parlait pas. Directement d'esprit à esprit, voilà la méthode qu'il se permit d'utiliser cette fois...

À t'entendre je n'ai rien à t'apprendre, je vois. Alors, approche et frappe-moi !
Mais tu me rates, je t'abats... Et parmi mes trophées ta tête roulera !

Sarcasme et ton rieur, et le tout en rimes de plus... S'il ne manifestait aucune émotion de vive voix, il se permettait ici par la pensée à se gausser de son vis-à-vis. Pas de quoi rendre la menace moins sérieuse néanmoins, le Cardinal de la Mort ne parlait que très rarement dans le vent. Et s'il aimait à provoquer ses adversaires, ce n'était pas pour autant qu'il hésiterait à mettre ses dires en application si cela était nécessaire.

A sa plus grande surprise, Casshern ressentait dans l'ensemble de l'antichambre les particules stagnantes de son cosmos se laisser aspirer par la force du Prophète. L'avantage qu'il tentait de préserver semblait bien loin d'être acquis face à un tel adversaire. Plus beaucoup de choix ne s'imposaient à lui, il lui fallait s'adapter puis trouver une autre stratégie pour s'assurer un combat en possession de toutes ses capacités. Seulement, le temps ne jouait pas en sa faveur pour autant : Ephtal convertissait déjà l'amas d’énergie en technique cosmique de pointe. De nombreuses faucilles vibraient en sa direction, et si l'amnésique n'était pas aussi limité qu'il en avait l'air il se débrouillait néanmoins avec suffisamment de réflexe pour parer la majeure partie de l'offensive. Mais l'une des lames venaient tout de même à la rencontre de son flanc gauche, creusant son épaule et grésillant au contact de la cuirasse.

Au même moment, la voix bien reconnaissable du Prophète résonnait à son esprit. Le Flamboyant y descellait un ton railleur qu'il n'avait pas eu l’occasion d'assister par le passé en compagnie de cet homme. Mais surtout, la menace lui glaçait le sang. Était-il sérieux ? Ce n'était pas le genre de personne à prononcer des mots dénués de sens... Se ressaisissant après avoir laissé un frisson parcourir son échine le soldat réprimait soudainement son cosmos pour faire taire sa présence. Du sang chaud s’écoulait de sa plaie, et il se préparait donc à certaines modifications dans sa stratégie. Gaspiller sans cesse de son cosmos n'avait aucun intérêt au vu de la facilité de son adversaire pour en briser le stratagème. Miser sur un renforcement de sa perception, comme lui avait dévoilé Furyu il y a quelque temps déjà semblait la manière la plus stable de pouvoir s'assurer la survie.

En y repensant, il n'avait pas réellement pris le conseil de la Panthère au sérieux, privilégiant sa propre méthode d'emblée sans se soucier des alternatives moins efficaces. Mais maintenant, il réalisait. Maintenant que ses propres tactiques se révélaient inefficaces, les alternatives étaient les bienvenues. Fermant les yeux, Casshern oubliait la douleur de la précédente blessure pour se concentrer sur un tout autre objectif : Affiner non pas tout ses sens, mais uniquement celui de la perception du cosmos. Il avait déjà répété les exercices de nombreuses fois avant de les abandonner prématurément pour se reposer sur ses acquis, c'est pourquoi il parvenait malgré la situation à créer ce lien dans des délais correctes. Puis enfin, il parvenait à desceller des formes floues, mais suffisantes pour se faire une idée d’où concentrer ses frappes. De plus, le Cardinal de la Mort lui avait fait passer un message télépathique qui le poussait à attaquer sérieusement, c'est pourquoi le soldat écarlate ne se faisait plus attendre.

Frappant d'un geste sec la surface du sol et soulevant un nuage de poussière au passage, une nouvelle onde de choc allait finaliser la localisation de son adversaire alors qu'au même moment ses serpents constricteurs se dirigeaient vers ce dernier par les voies souterraines. Il n'y avait pas de temps à perdre, si ses serviteurs au sang froid parvenait à mettre en application leur entrave le berserker devait en profiter pour infliger une digne blessure au Prophète. L'effet de surprise de sa technique pouvait lui permettre de jouer sur un terrain qu'il n'affectionnait pas vraiment, le combat à mains nues. Mais la combinaison de l'onde de choc, de ses serpents et de ses poings ne pouvaient que submerger sa cible si aucun retournement de situation ne venait le couper dans son élan.

Des flammes naquirent en nombre sur les parois de l'antichambre, jusqu'à recouvrir entièrement les murs et le plafond de l'endroit. Cela mettait clairement un terme à cet entraînement en éclairant de nouveau parfaitement la pièce dont avait la garde le Cardinal de la Mort et Général du Feu. Casshern pouvait donc voir à présent le Prophète qui n'avait même pas cherché à se défendre, toujours attaqué par les serpents du Python. Une seconde plus tard, du corps du colosse fut expulsé une lourde profusion de cosmos qui les réduirait à néant, se libérant ainsi. Il releva alors la tête et ouvrit les yeux, fixant son soldat un instant. Tout laissait présager qu'il allait prendre la parole, mais rien ne venait. Il aurait pu lui dire qu'il était heureux qu'il se soit décidé à ajouter une corde à son arc. Lui dire que plus un guerrier était complet, plus il était difficile de le contrer et qu'il se trouverait donc désormais plus redoutable que lorsqu'il était entré dans cette antichambre. Mais il n'avait pas envie de perdre ce temps. Si Casshern avait montré être un combattant intelligent - même si un peu long à la détente parfois - alors il saurait tout cela sans qu'Ephtal n'ait rien à en dire. Ainsi, finalement ses mots furent tout autre...

Suis-moi...

Les flammes s'éteignirent et les portes s'ouvrirent. Et sans attendre le consentement du Python, il se dirigea vers le Temple d'Arès. Là, sur son passage, les torches des Mains-Ardentes se ravivèrent jusqu'à ce que le Prophète aille prendre place en le trône d'obsidienne. Il frappa alors le sol d'un unique coup du bout de sa faux, et quatre stèles sortirent du sol autour de sa position. Trois d'entre elles étaient vides, celles de la Mort, de la Guerre et de la Famine. La dernière était l'une de celles qui était restée vide le plus longtemps, avec celle de la Mort. Celle de la première recrue et élève d'Ephtal. Okra n'était plus depuis peu... Aussi la Pestilence était-elle désormais libre.

Une telle proposition mériterait sans doute plus de cérémonie. Une telle proposition mériterait sans doute d'être plus grandiloquente. Mais je n'ai pas l'humeur à d'inutiles palabres.
Casshern... Que dirais-tu si de Python je te confiais la Pestilence ?

Clair et précis... S'il acceptait, il y aurait encore d'autres choses à en dire, mais pour le moment il préférait attendre la réaction de l'homme aux cheveux de feu.

De toute sa succession d'attaques, un seul détail semblait réellement convaincre le Prophète, qui semblait aux yeux de Casshern toujours insatisfait. Ce n'était peut être pas le cas, mais ce dernier éprouvait de grandes difficultés à cerner son supérieur, ce qui n'arrangeait peut être pas son image lorsqu'il le rencontrait. Mais pourquoi tant se soucier de son image ? Aucune idée, et pourtant, face à un tel homme il ne se posait pas la question. Il le faisait, voilà tout.
Ephtal venait donc de mettre un terme à cet apprentissage, s’arrêtant à l'instant précis ou le soldat écarlate avait accompli ce que ce dernier désirait. Sans doute une manière d'indiquer la réussite de son entreprise sans prononcer un mot de plus. En y songeant un peu, c'était bien son genre. Après une courte pause, il l'invitait à le suivre. Même si le Python s'étonnait de ce changement de directive si soudain, il lui emboîtait le pas en chassant rapidement la méfiance qui l'animait lors de leurs quelques échanges dans l'antichambre.

Puis la surprise s'intensifiait soudainement alors que le Prophète lui confiait le droit de porter l'une des quatre cuirasses suprêmes. Celle de la Pestilence plus exactement. En réalité, c'était bel et bien la seule armure qu'il n'avait pas encore eu l'occasion d'apercevoir depuis qu'il servait Arès. La Mort, La Guerre et la Famine, il s'était entretenu, entraîné, et battu respectivement avec. Mais la protection d'obsidienne aux décorations de jade et d'épines lui était jusqu'à présent étrangère. Son pouvoir vibrait, l'appelait. Néanmoins, la décision finale semblait appartenir au soldat qui n'en revenait toujours pas : La Mort l'estimait donc suffisamment pour le guider vers le titre de Cardinal ? Essayant de taire son engouement, le Flamboyant décrochait son regard de la cuirasse pour l'orienter avec fierté vers Ephtal.

La Cuirasse du Python m'a été d'une grande aide pour accomplir mon devoir. Mais si ce devoir se doit d'être plus important encore, alors je porterai la Pestilence et assumerai ces nouvelles responsabilités. J'accepte, et j'honorerai cette confiance que place Arès en mes capacités mieux que jamais...

L'homme s’arrêtait un instant. A vrai dire, il n'osait se tourner à nouveau vers la Pestilence ou faire quoique ce soit tant que son interlocuteur ne lui confirme ses droits. Nombre de pensées ou idées traversaient l'esprit de Casshern à cet instant, mais pour l'heure il se contentait de suivre les paroles du Prophète. Nul doute qu'il prendrait un long moment de réflexion une fois en possession d'une telle promesse, d'un tel avenir. Si seulement il s'était attendu à rejoindre les rangs des quatre en prenant conscience de cette rumeur témoignant de la disparition de cette Okra... Les choses évoluaient parfaitement pour lui, et il fallait croire que ses inquiétudes passées et ses désirs d'aller plus loin se voyaient largement récompensés aujourd'hui.

Casshern marquait donc son acceptation quant à la nouvelle mission qui lui était confiée : porter l'une des quatre plus importantes Cuirasses des guerriers d'Arès et diriger ainsi l'une de ses quatre armées. Un véritable honneur que le désormais ancien Python devait sans doute apprécier à sa juste valeur. Un honneur, oui, mais pas seulement... Une grande responsabilité également, car cela voulait dire que des missions de plus grandes envergures lui seraient confiées, et qu'il devrait alors diriger des hommes sur le terrain. Mais également qu'il devrait les former lorsqu'il se trouvait en la Citadelle, afin qu'ils puissent progresser pour devenir les plus redoutables des fauves. C'est de cela dont le Dieu de la Destruction avait besoin ! L'on ne pouvait pas vraiment dire que Guerre et Frozia étaient de grands éducateurs, le premier trop solitaire et la seconde trop... dissipée... Okra n'avait pas non plus brillé dans ce registre, l'épée-lige du Prophète étant de son vivant par trop particulière pour cela. Dans ce registre, il espérait mieux de Casshern qui serait le premier à avoir gravi les échelons jusque là en partant d'une Cuirasse inférieure. Il était temps d'ailleurs de procéder à ce changement...

Une nouvelle fois, Ephtal frappa du bout de sa faux sur le sol. Ceux qui avaient pu assez l'observer avaient déjà sans doute compris que c'était là sa manière de répandre son cosmos par le sol, ce qui était plus pratique et plus économe que les effusions dispersées dans l'air. Ainsi, il pouvait interagir avec les âmes des deux Cuirasses intéressées. Le Python implosa du corps de Casshern avant que les pièces ne viennent se poser sous forme de totem à ses côtés. Pendant le même instant, l'étrange épée qui constituait la Cuirasse de la Pestilence se fractura d'une manière semblable, et ce pour aller prendre place là où quelques secondes plus tôt les pièces d'armure du Python se posaient encore. Une armure plus complète et plus lourde, mais aussi plus puissante.

Te voilà donc désormais Cardinal de la Pestilence ! Sois digne de cette Cuirasse, qui peut autant te donner que te prendre...

Oh, oui... En effet, il y avait bien une chose dont il aurait dû lui parler plus tôt. "oups". Trop tard. Il serait fou cependant de ne rien lui en glisser à présent. Il lui devait au moins de l'avertir sur ce point...

Une dernière chose... Je pourrais te l'expliquer longuement, mais je préfère en finir vite... L'on parle de la "disparition d'Okra". L'on ne peut si bien dire... De son corps, il ne resta rien. La Pestilence l'a consumée, aspirée. Et si je puis ressentir l'âme de la Cuirasse, je peux aussi dire qu'elle n'est pas la seule à l'habiter... Qui sait ? Peut-être Okra pourra-t-elle te fournir quelques conseils pour que tu ne subisses pas un sort pareil au sien...

Était-ce une légère pointe d'amusement que l'on pouvait percevoir dans la voix du Cardinal de la Mort ? Impossible, lui qui s'efforçait à ne jamais manifester de sentiments... Et pourtant, cela en avait vraiment l'air... Pas sûr que Casshern trouve cela aussi drôle cependant. Enfin, il n'aurait pas le temps de s'en plaindre, car déjà Ephtal le congédiait.

Va maintenant, Casshern de la Pestilence ! Malgré notre affrontement il n'est pas temps de te reposer ! Tu as des troupes à passer en revue. Des fauves à former. Montre-toi digne de l'honneur et de la puissance qui t'est confiée ! Je t'ai pour ma part assez vu pour aujourd'hui !

Pas très élégant, mais pourtant dit sans antipathie. Juste l'expression d'une franchise qui était innée chez lui...