L’entrainement était des plus éprouvants. Guerre faisait l’expérience d’une nouvelle méthode, issue tout droit des méandres tordus de son esprit de stratège. Il était seul, son torse mis à nu ruisselant de sueur alors qu’il régnait autour de lui un froid des plus polaires. Toutes ses capacités étaient mises à contribution, allant de sa maitrise du Cosmos, de sa condition physique jusqu’à sa réactivité et l’affût permanent de ses réflexes.
Le spectacle était des plus surprenant, le Cardinal de la Guerre, uniquement vêtu d’un ample pantalon noir, était sur le qui-vive, son épée monumentale tenue à deux mains au-dessus de sa tête et de son épaule droite, la jambe gauche étant tendue tandis que l’autre restait fléchie, faisant ainsi basculer son centre de gravité vers l’arrière. La posture paraissait des plus inconfortables si l’on considérait que l’arme devait peser un poids magistral. Un initié ne manquera pas de noter que de telles lois de la physique ne s’appliquaient pas aux Berserkers et autres Chevaliers, mais c’était sans considérer l’intégralité de l’exercice.

Autour de lui gravitaient des alliages étranges d’un même métal, tous unis dans des armes chacune ayant un aspect plus mortel que sa voisine : épées, boucliers, lances, dagues, haches, … Toutes lévitaient lentement autour de lui en effectuant une lente rotation. De tels instruments ne pouvaient virevolter que grâce à un effort appliqué de Cosmo-énergie, et c’est pourquoi Guerre était restreint à l’usage de sa simple force physique. Il avait divisé ses compétences pour les affronter et les développer toutes les deux.

Soudain, tout s’anima, chacun des instruments de morts fondant inlassablement sur sa cible de chair en prenant le soin d’exploiter toutes les failles se présentant à lui. Guerre répondit à une vitesse incroyable, faisant virevolter sa lourde épée, semblable alors à un simple bâton de bois, dans de puissantes arabesques lesquelles arrachaient tantôt de trébuchants cris métalliques dès lors que les fers se croisaient, tantôt un fracas effroyable alors que l’arme frappait le sol ou les murs, créant de ce fait quelques cratères et éboulements qui témoignaient de la puissance de ses coups. Variant les styles, les sauts, les déplacements, les gardes, les coups de lames, de poings ou de pieds, le Cardinal était un feu follet, une bête furieuse qui pourtant arborait un visage glaçant d’impassibilité, si ce n’était pas une concentration extrême.

Tout n’était qu’efforts : se déplacer, manier le poids colossal qu’était la Cuirasse de Guerre sous sa forme d’épée, manier son cosmos avec précision et force pour faire léviter les fragments de cette même cuirasse assemblés en armes redoutables, traquer ses propres failles, parer, contre attaquer et le tout en donnant le maximum de vitesse de possible. En effet, cette dernière était le facteur majeur de la réussite et de la plus value de l’exercice, si le temps était trop long, alors inconsciemment de plus en plus de coups seraient calculés à l’avance, brisant ainsi toute sollicitation de réflexes, de génie et d’instinct.

L’assaut terminé, le Général des Flammes soupira un bon coup, faisant le maximum pour oublier la douleur qui lui hurlaient ses muscles et son âme. Repousser les limites encore et encore, pour aller toujours plus loin dans l’aisance et la facilité qu’il pouvait dégager de l’exercice le plus compliqué, c’était la le meilleur chemin pour faire monter n’importe quelle pratique à au stade de l’art, cela valait pour le combat, mais aussi pour la stratégie et par extension, la guerre.