La veille, les Berserkers d'Arès s'étaient déversés sur le Sanctuaire d'Athéna. Enfin, déverser était un grand mot, juste une demi-douzaine d'entre eux avait participé à l'attaque qui s'était faite de manière conjointe à l'offensive des Titans. Juste une manière de tester les défenses de la Déesse la Sagesse. Elle était aussi considérée comme le pendant féminin d'Arès, représentant elle aussi la Guerre. Mais sur ce coup-ci, seul le Maître des Berserkers s'était vraiment illustré dans ce secteur. Globalement, c'était un succès difficilement niable. Le sanctuaire peut préparé avait subit de nombreux dégâts, et quelques morts étaient même à dénoter dans leurs rangs. À côté de cela, tous les fauves étaient rentrés au bercail, manifestement en un morceau. Mais Ephtal désirait recevoir de plus amples informations. Pour l'instant, ce qu'il savait se basait surtout sur ce qu'il avait ressenti en se fiant à sa détection des manifestations cosmiques. Autant dire que ce n'était là que très vague. Il en voulait plus...

Voilà donc pourquoi le Prophète avait fait appeler à lui ses Cardinaux. Tous ensemble ils pourraient partager leur "aventure" et ainsi connaître plus efficacement leur ennemi. Ainsi également, Frozia pourrait se faire une idée de ce qu'ils avaient vécu, ce qui pourrait lui être utile à l'avenir car il était certain que la Famine ne resterait pas toujours en arrière. La dernière venue, elle avait été choisie pour garder le quartier général d'Arès, Ephtal insistant sur le fait qu'il désirait que jamais la citadelle ne se retrouve sans le moindre Cardinal pour en assurer la protection. Installé dans son trône d'obsidienne, il n'avait plus qu'à attendre ceux qui ne devraient plus trop tarder. Et durant ce temps il pouvait à loisir se remémorer de sa propre sortie, écourtée par le départ soudain des Titans. S'il devait émettre un regret, ce serait celui d'avoir rapporté un si maigre trophée. Le cadavre d'un simple garde, et l'index d'un chevalier... même pas un porteur d'armure d'or... Un peu déçu pour le coup. Mais son plaisir personnel ne devait de toute façon en aucun cas passer devant les intérêts de son Maître et de sa faction.

Le retour de Guerre n’avait pas été celui de quelqu’un au mieux de sa forme, il ne savait pas grand-chose de l’issue de son combat, si ce n’est la vision qu’il avait eu de voir la maison du Capricorne s’effondrer en partie. Il était certain qu’au moins la moitié n’était plus que des décombres, ensuite il avait sombré dans les affres de l’inconscience et était incapable de dire si l’étendue des dégâts était plus vaste que cela.
Straw avait continué à se battre après que Guerre n’eut été trahi par sa propre résistance physique et cosmique, ayant toutefois fait en sorte de subir les attaques conjointes de leurs deux adversaires afin que son compagnon puisse laisse libre cours à son art. Le Berserker avait été contraint de prendre la fuite en portant sur l’épaule le lourd corps de son supérieur inanimé. Cela était un exploit en soi, même si Guerre était plutôt de constitution robuste et qu’il ne lui avait fallu qu’une heure pour revenir à lui. Ralenti mais toutefois apte à se déplacer par lui-même, le Cardinal avait évité d’être le vilain petit canard du groupe uniquement grâce à Ruine, le destrier l’ayant porté sans qu’il puisse ainsi handicaper le binôme.

Dès le lendemain, Mort avait convoqué ses généraux, sans nul doute pour tirer un bilan d’une telle campagne éclair. Il ne savait pas s’il était le seul à avoir perdu ou non, si les Berserkers d’Arès avaient échoué dans leur campagne. Son suivi des évènements via le Cosmos de ses alliés s’était éteint dès lorsqu’il était tombé, même si, sous réserve d’un quelconque rebondissement inattendu, l’ensemble des forces d’Arès ne semblait pas en position de faiblesse.
Il y’avait donc de fortes chances que Guerre soit le seul à être tombé au cours de ce combat et si beaucoup auraient pu se poser légitimement la question de savoir si ce dernier en ressentait une quelque honte, la réponse était non. Les notions de victoire ou de défaite lui importait peu, tant que la Guerre était là et que la promesse du combat également. Son seul regret fut d’avoir affronté des adversaires aussi singuliers, qui s’étaient illustrés dans un combat qui manquait absolument de superbe ou de beauté. Ce n’était pas le plus magnifique qui soit, les Chevaliers d’Athéna ayant tout fait pour entraver les mouvements de leurs adversaires. Même si c’était là quelque chose que Guerre n’avait pas du tout apprécié, il ne pouvait que difficilement les blâmer pour cela : lui plus que quiconque savait que dans de telles circonstances, tous les moyens étaient bons.

Malgré tout, ils avaient affronté des adversaires valeureux et redoutables, on ne pouvait leur enlever ce dernier point, qui n’auront pas renoncé jusqu’à la dernière minute. Il est également à noter qu’ils étaient les deux Berserkers envoyés les plus loin dans les lignes adversaires, ce n’était pas là une des positions, ni l’une des tâches les plus aisées.

Guerre fit donc son entrée dans la salle du trône, précédé et suivi comme d’accoutumée par son aura de glace et de froid, où l’atmosphère vous piquait jusqu’au plus profond de vous-même et où chaque souffle se condensait dans les airs avant de s’estomper avec majesté. Convalescent, il n’était vêtu que d’un tissu lourd et épais, d’un sombre bleu pétrole, qui l’entourait tant bien que mal, dévoilant ainsi par endroit des aperçus de sa musculature plus que saillante, bien que zébrée d’autant de cicatrices qu’il pouvait y avoir d’étoiles dans le ciel. Le colosse guérissait vite, et bien qu’il ne portait aucun bandage sur lui, les quelques parcelles de peau que l’on pouvait apercevoir étaient illuminée par une lumière bleu pâle, laquelle émanaient de toutes ses plains, témoignant ainsi des efforts de son propre cosmos pour accélérer son rétablissement. De telles couleurs, qu’il s’agisse de ceci ou de ses vêtements ne pouvaient que mettre en valeur la paleur de ses yeux blancs délavés et de l’extrême clarté de sa longue et interminable chevelure platine.

Le colosse vint s’agenouiller devant son Maitre siègeant dans le Trône d’Obsidienne, il suffisait que son prophète lui touche l’épaule et il verrait tout ce qu’il s’était passé comme s’il aurait été là. Guerre maitrisait à présent son Cosmos pour pouvoir accomplir de tels prodiges. Se relevant il se tourna vers l’autre personne présente sur place :

- Famine je suppose ? Je suis Guerre, c’est un plaisir.

Citation :

Désolé pour le temps de réponse, totalement en panne RP dernièrement et j'voulais pas faire de la merde dans ce sujet...

Ses trois Cardinaux les uns après les autres s'étaient donc présentés devant lui. Et à chaque arrivée il avait contenu ses sentiments et impressions, réservant le tout pour plus tard. Ce "plus tard" n'allant pas prendre bien longtemps avant de se placer... Lorsqu'ils furent tous trois présents, Ephtal resserra ses gants avant de se redresser de son trône, et s'emparant de sa faux s'avança vers eux comme s'il ne s'agissait que d'une inspection. L'air froid et grave, il est difficile de savoir encore comment le Prophète va réagir. Se dirigeant vers Okra en premier lieu, l'on put voir ses yeux commencer à émettre une pâle lueur, simple protection habituelle lorsqu'il s'approchait de son premier élève, de son épée-lige. Ses effluves morbides restaient nocives même pour lui, mieux valait s'en défendre par avance. Se penchant pour croiser le regard cireux de celui qui fut le Cerbère, il eut un hoquet moqueur et amusé. Bon travail ! Sa main libre de son arme alla à la rencontre de la joue de la jeune femme, y glissant le revers de ses doigts.

C'est bien petite fille, très bien ! Je suis fier de toi ! Ce trophée que tu nous présentes est le tien, soit libre d'en faire ce que tu souhaites.

Sur ces mots il mit un terme à cette brève caresse, adressa encore un signe de tête à Okra dans un léger hochement de tête avant de se diriger ensuite vers Guerre. Se postant devant lui, le regard toujours éclairé, sa paume alla à la rencontre de l'épaule de son Cardinal. Là, une série de flashs confirmèrent ce qu'Ephtal savait déjà : Guerre avait été vaincu. Ses adversaires s'étaient ligués contre lui laissant Straw plus ou moins tranquille, ne se focalisant que sur le Cardinal qu'il représentait. Ce pouvait être une circonstance atténuante mais n'empêchait pas le représentant de la Mort d'être déçu. Ce qui ne manqua pas de se faire sentir lorsque son emprise sur l'épaule de son second disciple se resserra avec poigne et crispation.

Très... désappointé... Je m'attendais à mieux de ta part, tant sur la stratégie que sur l'efficacité. Faut-il que nous reprenions notre entraînement, Guerre ?

Le contact se rompit comme sa main se détachait de lui. Sa remarque n'attendait pas vraiment de réponse et se trouvait être plutôt une pique dans le but de remuer son Cardinal, afin qu'il travaille ardemment pour faire mieux la prochaine fois... Déjà Ephtal quittait son endroit pour aller au devant de Frozia. Passait devant elle, il ne s'arrêta toutefois pas comme il le fit pour les deux autres Cardinaux. Non, en lieu et place de cela il tourna autour de la borgne. Une fois... Puis deux. Quoi que ce dernier ne s'acheva pas, le Prophète stoppant sa marche derrière elle. Là, pas de mot ni d'attente. Au lieu de cela, il la frappa sèchement dans le dos de l'extrémité de sa faux afin de la forcer à s'incliner. Ne s'arrêtant pas là, il posa lourdement son pied sur la nuque de la nouvelle Famine tout en plaçant le tranchant de sa lame sous sa gorge. Sa voix se fit alors cruelle lorsqu'il s'adressa à elle.

N'as-tu pas remarqué une différence fondamentale entre mes autres Cardinaux et toi ? Déférence, respect, cela veut-il dire quelque chose pour toi ?

Se penchant vers elle, il attrapa ses cheveux de sa main libre et tira avant qu'elle lève son oeil unique vers l'immense statue à l'effigie d'Arès.

Vois et regarde ! Ton Dieu et Maître est devant toi ! Il t'observe et te juge sans arrêt ! Tu lui dois bien plus que fanfaronnades ! Ta vie, ta force, ton destin ! Le précédent possesseur de ta Cuirasse lui non plus ne savait pas ployer la jambe, mettre genou en terre pour manifester sa considération. Tu sais comment il a fini, n'est-ce pas ? Tu l'as vu, son corps du moins... Ses actes n'étaient pas dignes, aussi l'a-t-on tout de même rendu utile en offrant son corps à Arès, que notre Maître puisse l'investir... Mais son âme est morte déjà et erre sans fin dans le Tartare en quête d'une rédemption qu'elle ne trouvera jamais...

Ses doigts s'ouvrirent relâchant ainsi sa chevelure violacée. Son pied et sa lame se retirèrent également, après quoi il repartit vers son trône. Néanmoins, il n'en avait verbalement pas terminé avec elle.

Je me fiche de tes manières d'autrefois... Mais ici, si tu n'es pas capable d'apprendre la discipline, je n'ai pas besoin de m'infliger ta vue ! Je serai moins clément la prochaine fois...

Remontant sur son estrade, il ne se réinstalla pas dans le siège d'obsidienne, se retournant juste vers les siens pour revenir sur les faits de la veille.

Ce fut une grande nuit que celle qui a vu les fauves de la Terre déferler sur le Sanctuaire. Malgré notre petit nombre, nous pouvons être certains que cette bataille est à mettre à notre crédit ! Nous avions des alliés de poids, certes, et sans eux sans doute n'aurions-nous pas eu autant de facilités. Il n'en reste pas moins qu'après cela, les Saints d'Athéna apprendrons sans doute à nous craindre. Le but principal était de tester leurs défenses, et si nous étions partis plus nombreux peut-être aurions-nous pu réduire à néant leurs forces. Cependant... Je n'ai pu ressentir de cosmos dominant en leur territoire. Leur Déesse ne doit sans doute pas encore investir son domaine... Mais l'on peut également en penser qu'il n'y a chez eux pas de réel meneur, ou bien n'était-il pas présent... Mais une chose est certaine : nous pouvons faire face à ces fameux Chevaliers d'or. J'ai vu de mes yeux Nosgoth de la Tarentule - dont la Cuirasse fait partie de la plus basse caste de nos protections - tenir tête au Bélier... J'ai senti certaines de leurs âmes quitter ce monde, en plus de ce Cerbère dont nous avons les vestiges ici. Pour un échauffement, nous avons frappé fort et beaucoup appris... Lorsque le grand jour sera venu, lorsque nous serons tous prêts... Il est fort à parier que nos forces pourront les écraser comme il se doit...
Mais nous devons encore nous préparer pour cela ! Et j'ai besoin de vous dans cette tâche ! Formons le futur ! Préparons au mieux nos armées ! Que chaque Berserker soit rigoureusement entraîné par les Cardinaux eux-mêmes... Puissance et discipline seront nos forces principales dans les combats qui nous attendent, ne l'oubliez pas ! Ils ont le nombre pour eux, mais c'est là bien tout ce qu'ils peuvent nous opposer...

Et là, enfin, il se rassit après cet éclat de verve. Si l'un d'eux avait quelque chose à rajouter, c'était le moment, sans quoi il n'avait pour sa part plus rien à leur dire...

Désappointé ? La main de son seigneur broyait les muscles de son épaule sans que le Cardinal glacial ne réagisse en quoi que ce soit. Sa tête était basse, plus en guise de profond respect à l’instar d’une honte quelconque. Ses cheveux foulaient le sol, le recouvrant de par leur longueur impressionnante rassemblée à même le sol. Il était la Guerre, peu lui importait de gagner ou pas une bataille. Il avait eu sa dose d’affrontement du jour, il avait eu des guerriers se surpassaient, il avait vu cette subtile lueur de cette rage que l’on veut taire, de cette angoisse de survivre que l’on ne se reconnait pas. Enfin, il avait vu le désir de tuer dans les regards de ceux qui l’avaient entouré, autant d’eau fraiche qu’aurait pu avaler goulûment un assoiffé.

La remarque d’Ephtal ne lui avait fait ni chaud, ni froid, et pour la première fois Guerre se sentait supérieur à Mort : il n’avait rien compris et il ne comprendrait pas. Il se focalisait sur le résultat sans appréhender le contexte, toute défaite pouvait être une victoire, tout comme une victoire pouvait s’avérer défaite. Tout était tellement plus « subtil », comme un art délicat que si peu de gens savaient comprendre. Le Prophète était si terre à terre : que valait une victoire contre des faibles face à une défaite contre des puissants ? Arès lui-même aurait pu s’y mettre ou le châtier, mais rien n’y aurait fait : la conscience de l’entité était en paix. Mais un virtuose en perception de Cosmos aurait pu déceler une minuscule, ridicule, insignifiante distorsion dans les émissions calmes et sereines de Guerre. Une sorte de discorde, malaise, vertige, désaccord. Pour l’une des premières fois, l’être unique qu’il était semblait faire preuve de dualité, comme si l’homme et la cuirasse ne souffrait pas du même point de vue.

Assurément, le seul que la remarque de Mort aurait pu faire réagir est le vaisseau bien entendu, touché en plein orgueil par la remarque de son seigneur. Enfin, la cuirasse, dans son omniscience guerrière ne pouvait laisser aucune place à de simples émotions, qui était bien trop faibles et bien trop irrationnelles. Le simple fait qu’Ephtal ait pu remettre en question son propre sens de la stratégie ne l’avait aucunement irrité tant une telle affirmation n’avait pas lieu d’être. La fusion absolue des consciences n’était pas à remettre en cause, après tout bien qu’issu de deux êtres séparés, Guerre n’en restait pas moins un et entier, comme le premier venu. Mais il lui apparaissait comme impératif de se retirer pour méditer, de retrouver l’harmonie et de se retrouver seul à seul, au pluriel ou pas, pour voir l’avenir avec sérénité.

N’accordant pas un regard au Cardinal de la Famine, par pitié, par respect pour ne pas augmenter son opprobre et surtout parce que cela ne le regardait pas, Guerre se releva en gardant la tête basse. Il devait non seulement méditer sur les paroles de son Seigneur mais aussi organiser au mieux ce qui commençait à l’exciter de plus en plus : former des guerriers. Il allait enfin pouvoir se complaire dans ce qu’il était et ce qu’il affectionnait le plus au monde.

- Mon Maitre. Je n’oublierais pas vos propos.

En pivotant, ses yeux immaculés glissèrent sur le visage de Pestilence. Une chose demeurait certaine : il aurait préféré subir le sort de Famine plutôt que de se voir adressé la parole comme un vulgaire animal de compagnie. Le Général de la Terreur s’y complaisait elle ?