Eh bien... qui aurait cru que ce séjour en terres nordiques, serait si mémorable. Et pas forcément du bon côté de la chose. Si je me trouvais ravi aujourd'hui, à quelques secondes du départ, je restais néanmoins attristé par la perte de la Guerrière Divine tombée au combat. Elle avait su aisément prouver sa valeur lors de notre affrontement contre Théia, la terrible Titanide. Se faire à l'idée qu'elle s'était sacrifiée pour sauver le Seer ne me laissait pas indifférent, ayant moi-même également affronté cette Titanide. Ayant frôlé la mort face à elle, il est clair que je garderai de cet endroit un souvenir bien particulier. La puissance dont avait fait preuve notre adversaire avait été redoutable, chacun avait dû se battre jusqu'au bout pour ne pas laisser entre les mains de la Titanide le royaume. Si mes actions au départ guidées par une idée bien précise m'avait poussé à prêter mains fortes aux Ases, aujourd'hui, les choses étaient différentes. Il n'était non plus question de se battre pour maximiser les chances d'aboutir à une alliance entre Chevaliers D'Athéna et Guerriers D'Odin, mais de venir en aide à ce que je pouvais considérer désormais, comme de véritables amis. Aussi, ce fut avec un maigre sourire, que j'acquiesçais aux paroles de Wÿrd.

Il était évident que notre mission était un succès, le Seer nous faisant la promesse de venir à son tour au Sanctuaire, dans l'espoir de finaliser cette alliance, but de notre séjour ici. De nouveau aux pieds de l'arbre marquant l'entrée du royaume d'Asgard, sans revêtir mon armure dorée cette fois, cette dernière n'étant plus vraiment en état d'assurer une réelle protection, je restais un instant silencieux. Le froid ne semblait pas me déranger plus que cela, à croire que j'avais finis par m'y habituer. Le regard fixé sur le Seer, je lui aurais bien adressé quelques paroles réconfortante ou ce genre de conneries que l'on raconte lorsqu'un de vos amis perd un proche, mais rien que chercher mes mots suffit à me décourager dans mon entreprise. De toute façon, après le combat que nous avions livré ensemble, de belles paroles n'étaient plus nécessaire, je n'avais rien à prouver de supplémentaire. Aétios en revanche... sur le chemin du retour, j'aurais quelques questions à lui poser. Je ne voulais pas le faire ici, mais le fait est qu'il ne s'était pas montré lors de l'attaque des Titans sur le Valhalla. Une attitude plutôt stupide alors que nous sommes des étrangers en ces terres et qu'ils auraient pu nous sortir à coups de pieds au cul s'ils en avaient eu l'envie.

Qu'ils gardent bien à l'esprit l'importance d'avoir les Chevaliers d'Atthéna comme allié, là était l'important. Et rester planqué tel un trouillard comme le Verseau ne s'était sans doute pas gêner de faire ne me plaisait vraiment pas. Pour ma part en tout cas, je commençais déjà à avoir ma petite idée sur le personnage et l'importance qu'il représentait en tant que Chevalier. À moins qu'il me prouve le contraire par la suite, on ne pouvait clairement pas compter sur son soutien lors des moments critiques comme cette attaque. Mais lui foutre son manque d'action sur la tronche ici ne mènerait à rien, de plus, comme l'avait si bien dit le Guerrier d'Omega, la situation au Sanctuaire avait de fortes chances d'être aussi critique. Des Titans comme Théia, il n'y en avait pas que deux, aussi pouvions-nous nous imaginer que d'autres aient fait le déplacement jusqu'en Grèce, avec des intentions toutes aussi belliqueuses que Théia. Répondant de la même manière au salut du Seer, je lui adressais quelques mots, avant de prendre la route, sans même daigner prêter attention au Verseau. Mes blessures étaient nombreuses, avancer avec ne serait pas chose simple, aussi partir au plus vite était la meilleure des choses à faire.

- Je vous remercie pour votre accueil, Seer. J'espère également que vous saurez relever rapidement la tête, une fois le deuil de votre ami terminé. Nous aurons besoin d'un allié tel que vous, par la suite, cela ne fait aucun doute. En espérant vous revoir au Sanctuaire très bientôt, nous ne manquerons pas d'annoncer votre visite au Grand Pope qui sera ravi de vous recevoir. Adieu mon ami !

Je me méprisais, cupide d’avoir laissé des compagnons, des frères d’armes se battre seul. Mes retrouvailles avec Sephios avaient pris plus de temps que prévue, beaucoup trop d’ailleurs. J’avais du mal à regarder Bach dans les yeux, son aura et son attitude traduisaient ses pensées, mais j’avais cependant une bonne raison de ne pas l’avoir rejoint. A présent, Athéna comptait une nouvelle alliance ainsi qu’un sujet de choix dans l’armée de Poséidon, à moi de jouer finement la chose afin d’éviter que les rôles ne s’inversent. Wÿrd portait les marques de la bataille, et il n’était pas difficile de deviner que l’armure du chevalier du Taureau était en piteuse état. Je ne savais quoi faire, j’attendais patiemment que les deux hommes qui se tenaient devant moi terminent leur conversation, pour finalement partir vers notre terre promise. Je laissais Bach partir devant, et me retournant vers le Seer d’Odin, je prononçais ces mots.

— Ne me tenez pas rigueur de ma non-participation à cette bataille, croyez bien que j’en suis le premier déçu et embêté… Merci pour Bach, le simple fait d’avoir combattu à ses côtés est une protection des plus suffisantes, le Grand Pope sera mis au courant de votre venue, nous vous attendrons. Au revoir, Seer d’Odin.

Je tournais finalement les talons, rejoignant mon partenaire de mission. J’avais changé d’avis sur ce que pouvait être le chevalier du taureau, certes c’était une brute mais pas moins dépourvu d’un cerveau et d’une fierté remarquable. Nous passâmes de nouveau le Col d’Yggdrasil, cette fois ci dans le sens inverse, avec au final une mission remplie avec brio, dont tout le mérite revenait à Bach. La fraicheur du blizzard nous accueillait de nouveau, à croire qu’ici, la neige ne cessait de tomber. C’était l’endroit rêvé. J’attendais que les kilomètres défilent pour briser le froid qui s’était installé entre le chevalier du taureau et moi.

— Bach, je te dois des explications…