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Comment décrire efficacement un homme tel qu'Ephtal ? Et bien, la tâche n'est pas forcément aisée. Autant commencer par le début, par ce qui est le plus frappant et le moins discutable. Autant se lancer par décrire le physique du Prophète d'Arès par le plus simple constat de l’œil. Le guerrier est assez grand et massif, développant une musculature impressionnante qui est le fruit de bien des années d'entraînement au cours de sa « première vie ». Bâti pour être une machine de guerre et détruire les hommes, telle est l'impression qui peut émaner de son physique imposant. De longs cheveux d'un brun sombre tirant vers le noir encadrent un masque représentant la mort et couvrant presque intégralement son visage à l'exception de ses yeux d'un bleu clair et étincelant ainsi que ses joues scarifiées depuis l'enfance.

Il n'habille que très rarement son torse, laissant alors voir en plus de son buste puissant ses diverses balafres ainsi que ses tatouages tribaux qu'il porte sur les épaules. Ses biceps sont eux entouré d'une bande de tissu rougeâtre et il n'est pas rare qu'il porte autour du cou une large étoffe sombre retombant mollement sur ses clavicules. Ephtal se vêt également d'un pantalon noir large et tant bouffant qu'il en rappellerait presque les toges de la profonde antiquité, retenu par une massive ceinture aux formes gothiques d'un bleu nuit profond arborant en bordure des décorations osseuses faisant écho à son masque de crâne. Aux pieds, ce sont des caligae qu'Ephtal porte, ces sandales typiques des soldats romains, dont le tissu qui permet de les nouer s'assortit à son pantalon large. Pour terminer, des gants bleu sombre lui remontant presque jusqu'aux coudes.

Si sa Cuirasse est portée, il apparaît alors en armure d'un blanc cassé et nacré aux formes anguleuses. De chacune de ses protections d'épaule partent deux cornes relativement longues et vaguement vrillées, et son casque est surmonté de huit appendices – quatre grands et quatre plus petits – recourbés évoquant de manière plus ou moins claire une couronne. À son poignet gauche, deux courtes lames de faucille se trouvant à l'opposé l'une de l'autre, et donnant ensemble l'impression d'y voir un arc. La partie de la Cuirasse s'affectant à sa monture possède la même couleur et le même type de forme, comptant également un masque de crâne pour le cheval qu'il montera.

Pour en terminer, parlant des impressions qu'il peut laisser... De son être semble se dégager une aura puissante et glaciale, renforcée par la lueur de ses yeux qui ne manque pas de s'intensifier lorsqu'il fait appel à son cosmos. Ephtal a pourtant un caractère emporté et sanguin, colérique et enflammé. Ce n'est pas pour rien s'il a été choisi comme le Prophète du Dieu le plus violent, celui qui représente la Guerre, la Brutalité, le Carnage et la Destruction. Il incarne ces valeurs à merveille et ça ne manque pas de se voir...

Où donc commencer cette histoire ? Lui le ferait sans doute à partir des éléments précurseurs à sa seconde naissance. Lui débuterait sans doute en parlant du jour fameux où un bouvier s'était présenté devant l'Empereur Attila pour lui parler de l'épée qu'il avait aperçu sortant du sol, seul la lame en pointant... Ephtal en bon général du Fléau des Dieux était à ses côtés ce jour là. C'est donc avec lui qu'il découvrit cette antiquité, cet artefact... Car ce n'était pas là une simple lame. Le glaive, l'épée du Dieu Mars, rien de moins que ça ! Face à cette découverte, Attila ne manqua pas de se déclarer comme Empereur de l'Europe, renforçant son idée quant à son destin d'être le seul et unique homme capable d'être Maître absolu de ce monde. C'est à Ephtal, homme d'une fidélité et d'un dévouement sans pareil à sa cause qu'il confia cette trouvaille une fois arrachée du sol. Ce que l'histoire ne conte pas, c'est que l'épée fut peu de temps après perdue, et qu'Attila ne porta plus alors qu'une copie, avant même sa conquête de la Pannonie. Mais cette partie de l'histoire ne concerne plus l'Empereur Hunnique, non. Cette partie de l'histoire ne conte alors plus le destin du Fléau des Dieux, mais juste de celui de cet être plus puissant encore, celui que l'on nomme le Fléau des hommes...

Pour l'instant, revenons-en à Ephtal et sa première naissance. Le peuple Hun par les conquêtes a connu une mixité des origines particulièrement diverses, tant de clans se mêlant au final au sein d'un seul et même peuple, un seul et même Empire. Car si l'on parle souvent de Rome, il serait bête d'oublier la puissance de la horde d'Attila. Ephtal vit le jour en ses rangs, natif d'une mère aux origines d'Asie centrale et d'un père d'un quelconque clan germanique, l'enfant mêlant la couleur de peau de sa mère avec les yeux de son père, offrant là une rareté parmi les siens. Comme il est de coutume pour ce peuple, le crâne de l'enfant fut déformé pour plus tard s'adapter au mieux à son casque, et ses joues furent scarifiées afin que la barbe ne puisse pas y pousser. Très tôt, il fut évident que cet enfant serait un guerrier, toujours assez grand pour son âge en plus d'être bâti de manière robuste. Et ce sans compter sur les aptitudes qu'il montrait déjà enfant, comme certaines facilités à monter à cheval, tirer à l'arc et se servir d'une épée. Ses aptitudes furent tant aiguisées durant son enfance qu'à treize ans déjà Ephtal participait à ses premières batailles. Ainsi débuta sa carrière militaire au sein de l'Empire Hunnique d'Attila et Bleda.

Puissant, précis et non dénué d'un sens tactique prometteur, il n'était encore qu'un jeune homme lorsqu'Attila en personne le réclama auprès de lui en lui faisant l'honneur de le compter parmi ses gradés. Entièrement dévoué à la cause de son maître, d'une fidélité sans pareille. Durant quelques années alors, il put le servir bravement, se faisant peu à peu une solide réputation parmi les siens. Il ne serait d'ailleurs par déraisonnable de dire que déjà l'utilisation du Cosmos à un moindre niveau lui permettait d'afficher de telles aptitudes alors. Quoi qu'il en soit, Ephtal était un redoutable guerrier au service de son Empereur ! Et ce jusqu'à ce jour, ce fameux jour où en Pannonie son maître trouva l'épée du Dieu de la Guerre... Attila et son serviteur se séparèrent, Ephtal ayant pour consigne de rentrer au campement tandis que le Fléau des Dieux devait vraisemblablement se déplacer pour mener à bien quelques discussions diplomatiques.

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Mais au campement jamais son général ne parvint... Une embuscade dans laquelle il fut laissé pour mort, l'abdomen transpercé d'un coup d'épée. Et mort, il aurait dû l'être sans doute... Du moins, de ses dernières forces, il avait protégé le glaive de Mars. Étalé sur son ventre, il avait serré contre lui l'artefact, le gardant collé à sa blessure, le masquant ainsi tout en pressant tout de même sa plaie. Ce jour là, Ephtal n'aurait jamais dû se relever...

Est-ce comme cela que ça devait se terminer ? Comme cela que sa vie devait s'éteindre, avant qu'il ait pu imprimer son nom dans l'histoire ? De cette manière que s'éteignait la vie d'Ephtal, grand guerrier au destin tragique et à la perte futile ? C'est comme cela que ça aurait dû se passer, en effet... Mais quelque chose se produisit ! Comme si l'arme elle-même s'était réveillée et exprimait ses volontés. Comme si le sang d'Ephtal avait abreuvé l'acier, lui rendant par là sa puissance... En vérité, ce n'était autre que le véritable propriétaire de ce glaive sacré qui était entré en scène, et qui appelait à lui son arme légendaire... Le général fut alors rappelé, une énergie inexplicable pour lui coulant en ses veines, participant à son regain de forces ainsi qu'au soin léger de sa blessure qui aurait dû être fatale. Alors, bien que n'ayant pas encore conscience de ce qui se jouait là, le robuste guerrier se releva et chancelant exécuta pas après pas avec pour litanie en tête sa simple et seule volonté : retrouver son maître. Même si ce devait être là son dernier acte sur cette terre, il ne voulait pas manquer à la tâche qu'Attila lui avait confiée. Il se devait pour son honneur de garder cette arme et de la ramener au Fléau des Dieux, et ainsi tenir parole. Mais cela en ignorant quelle direction emprunter pour le retrouver se révélait bien trop malaisé.

Pourtant, il avançait. Posant un pied devant l'autre, comme guidé par son instinct, il avait en tête la certitude que le chemin qu'il suivait était le bon, de plus en plus rassuré au fur et à mesure qu'il poursuivait sa marche. Ephtal se rapprochait de son maître, il ne pouvait en être autrement ! Des jours et des jours... Il ne s'arrêtait que peu, le temps de trouver quelques racines dont se nourrir et parfois de dormir un peu. Juste le strict minimum, désireux de perdre le moins de temps possible dans sa quête. Il traversa ainsi des territoires entiers, jusqu'à se retrouver aux abords du lac Shkodra, plus grande retenue d'eau des balkans. Là, il s'arrêta. Ce n'était plus seulement de l'instinct, du moins il ne pouvait pas réellement continuer à se mentir à ce sujet. L'homme n'avait été qu'un pion, guidé jusqu'ici. Et là, un sentiment trop puissant que pour être naturel lui disait qu'il était arrivé à destination. Que sa route s'achevait ici, et que bientôt il verrait son maître. Le glaive toujours serré contre lui s'en décolla, et ses mains entourant la poignée et le pommeau allèrent enfoncer la lame dans le sol à un endroit précis. Sans trop savoir pourquoi, comme si c'était là un désir qui le dépassait, comme s'il avait la connaissance que c'était là la bonne manière d'agir, comme s'il n'avait d'autre choix que de réaliser cet acte simple mais pourtant encore dénué de sens.

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L'épée fut comme aspirée, donnant l'impression de disparaître à jamais. Le sol se mit alors à trembler, à craquer et se fissurer même. Et peu à peu, quelque chose s'en extirpa, s'érigeant désormais devant lui. Une entrée faite d'une pierre noire vitreuse... La porte d'obsidienne ! Ephtal ne sait strictement rien à son sujet, n'en connaît même pas le nom. Mais à vrai dire, quel homme vivant pourrait bien se vanter d'en connaître quoi que ce soit ? L'entrée de la citadelle souterraine d'Arès est secrète depuis tant de siècles, comment pourrait-il alors en être autrement ? Car baste du suspens, c'est bien de cela dont il s'agit. À bout de force alors, l'esprit découragé par la perte de ce glaive qu'il s'était juré de rapporter à son propriétaire, il passa l'entrée qui devait bientôt se refermer derrière lui, ne lui offrant pas d'autre choix que de continuer à s'y aventurer... Mais une fois encore, il était accompagné d'une volonté supérieure. Grâce à elle, il s'évita de se perdre dans les méandres du dédale que représente le bastion de la citadelle.

Ephtal se sentait attiré, aspiré vers l'autre extrémité de la sombre forteresse. Une à une, il passa les quatre antichambres, donnant chacune une impression différente mais procurant toutes des sentiments d'oppression et de grandeur. Et enfin, au bout du chemin... Une salle aux proportions gigantesques inspirant le divin. Une allée encadrée de multiples statues aux proportions humaines, représentant des hommes et des femmes arborant le masque de la terreur et dont les mains étaient des flambeaux. Crasseux et faible, Ephtal s'avança jusqu'au bout de cette allée, jusqu'au trône d'obsidienne derrière lequel une imposante statue paraissait l'écraser de sa magnificence.

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Une voix s'éleva alors. Tonitruante et pénétrante, occupant son esprit tout entier alors qu'une forme de visage chimérique flamboyante lui apparut.

Pourquoi es-tu venu jusqu'ici, simple mortel?
Mon maître... Je devais... Rapporter son arme à mon maître...
Comme je le pensais, donc... Tu peux t'estimer heureux alors d'avoir accompli ta tâche avec brio. Car si cette épée possède bien un propriétaire, il ne peut être autre que moi!
M... Mars ?

La voix éclata d'un rire rauque et sans retenue. Ephtal pour sa part ne voyait vraiment pas ce qu'il pouvait y avoir de drôle là-dedans. Son sang-froid était plutôt mis à rude épreuve pour que son cœur ne s'emplisse pas de peur devant une présence si imposante, faisant éprouver des impressions si destructrices...

C'est ainsi que parfois les hommes me nomment, en effet. Mais je préfère le nom que mon père m'a donné. Mortel, c'est devant nul autre qu'Arès que tu te trouves là ! Ne t'agenouilleras-tu pas ?

Le sentiment d'oppression fut plus grand et plus fort encore, et ses jambes tremblantes de fatigue ne purent soudain plus soutenir son propre poids. À genoux il tomba alors, exécutant la volonté divine d'Arès.

Voilà qui est bien ! Moi, Arès, saurai apprécier ta servitude ! Toi, mortel, a rapporté à moi mon précieux glaive, et je t'en suis reconnaissant. Je ne te punirai donc point d'avoir violé mon sanctuaire ! À condition que tu me serves comme il se doit... La vie que je t'offre est bien plus grande et glorieuse que celle que tu laisseras alors derrière toi ! Toi qui a servi celui que l'on nomme abusivement « le Fléau des Dieux », sert désormais celui qui n'est autre que le véritable Fléau des hommes !
Incline toi devant moi et sois mon feu purificateur !
Jure moi fidélité et deviens la Conquête en mon nom !
Rassemble pour moi les fauves de la terre, et marche à mes côtés en tant que Mort...

Et c'est ainsi qu'en baissant la tête devant cette présence à la force millénaire, Ephtal vint au monde pour la seconde fois... La même puissance qui avait accompagné son voyage revint à nouveau l'envahir, alors qu'autour du trône quatre stèles de pierre noire sortirent du sol. Sur chacune d'elle reposait une arme, mais une seule attira réellement son attention. À la droite directe du trône, une faux blanche significative de mort. Les différentes pièces s'en désassemblèrent pour venir se placer sur son corps, constituant une armure aux formes anguleuses, droites et tranchantes.

Toi qui t'es incliné en tant qu'homme, relève toi à présent en Prophète, toi, mon désormais fidèle Cardinal de la Mort ! J'en suis sûr, nous allons faire de grandes choses ensemble...

Baigné d'une fierté qu'il ne s'estimait pas capable de ressentir d'une manière aussi forte un jour, il se redressa. Ainsi Arès venait-il de choisir son premier serviteur. Celui qui allait reformer ses armées, celui qui allait être annonciateur de sa renaissance. Durant son voyage, Ephtal n'avait jamais oublié sa quête : retrouver son maître et lui rendre son arme. Et c'est ce qu'il a fait, il ne se trompait pas. C'est juste qu'il ignorait encore alors qu'il se rendait ici qu'Attila n'était pas son véritable maître, voilà tout... Il venait de trouver bien mieux en cet endroit !


Quatre années passèrent. De celles-ci il n'y a que peu réellement à raconter, du moins pour le moment. Un rétablissement, suivi d'un entraînement personnel afin d'élever sa puissance à ce qui était attendu de lui. Apprendre à maîtriser cette Cuirasse qui lui avait été confiée, à se servir de la puissance qui lui avait été conférée. Ephtal au masque de Mort, Prophète de sa Majesté Arès, Cavalier blanc et Cardinal de ses armées. D'une fidélité aveugle et d'une force sans commune mesure avec ce qu'il était lors de sa précédente vie qui lui paraissait désormais particulièrement insignifiante. C'était l'aube d'une ère nouvelle, où les Empires humains inexorablement allaient choir de leur monopole sur le monde. L'aurore d'un nouveau monde où il ferait tout pour que sa Majesté divine remporte enfin la place qui lui est due... Bientôt, les armées de la Guerre et de la Destruction se formeraient à nouveau, répandant sur la Terre la Terreur, la Calamité, les Flammes et le Feu...

Alors, on leur donna pouvoir sur le quart de la terre, pour exterminer par l’épée, par la faim, par la peste, et par les fauves de la terre.

Apocalypse, Chapitre 6, Verset 8