La sombre forteresse des Fauves de la Terre lui semblait bien inhospitalière à présent, après sa déconvenue face à la Tarentule. Tant que cela? Il devait admettre que cela avait remis en doute d'entrée de jeu sa place au sein de la pyramide de hiérarchie de l'endroit. Mais d'un autre côté, il y avait trouvé une nouvelle motivation, un nouveau but, et surtout un amour inconditionnel pour cet ennemi mortel aux frappes vicieuses. Le colosse avait bien pensé se prendre un petit remontant, histoire de se remettre le pied à l'étrier, d'autant que son état était pitoyable, quoiqu'il en dise. Mais son armure l'avait inlassablement aiguillonné, jusqu'à ce qu'il décide d'aller voir la seule personne capable de gérer ses maux: son Maitre et Guide. Là, soudainement, les décharges avaient cédé la place aux picotements, puis à une douleur fantôme lointaine.

Bon, au moins j'suis sur l'bon ch'min. Le Pahcochère veut qu'j'aille parler au Prophète de la taule que j'me suis pris récemment, on dirait. Mais moi j'ai bien aimé c'combat, c'était l'meilleur depuis un bail! Bon, c'est vrai qu' j'suis un peu chiffon, vu qu'j'ai pas pu l'emporter. Alors même si j'ai eu le temps de faire un peu le mort, pour me remettre sur pied, me faut de l'action, un but, un moyen de briller! Et puis, ça m'permettra peut être de me parfaire dans la maitrise des trucs qui m'dépassent...

Il avait alors décidé d'emprunter les couloirs tortueux menant au cœur palpitant de ce royaume souterrain, en quête du Maitre de la Mort, le seul pouvant lui redonner un espoir. Car l'attente, bien que profitable pour son corps, avait émoussé sa combativité, sa volonté. Il voulait se sentir utile aux yeux de celui qu'il suivrait à présent jusqu'en Enfer, pour regagner cette confiance en soi perdue. N'allez pas croire qu'il était au fond du trou, ça non, l'homme savait se montrer pragmatique. Il pensait juste que le meilleur moyen de se relever après une chute était de bondir comme un lion sur sa proie.

Il se voyait mal pourtant arriver dans l'Antichambre du Feu, foulant son sol de terre battue et de poussière pour demander à son maitre qu'il l'aide à monter en puissance. Outre le fait que c'était d'un puéril agaçant, il ne savait surtout pas par quel bout prendre le problème. Il voyait bien une solution, du moins pour l'entrée en matière, et peut être même des pistes quand à la suite de leur discussion, si cela s'avérait possible. Allez quérir un dirigeant pour lui demander son aide n'était pas chose aisée, tant du fait de son emploi du temps que de celui qui faisait qu'un homme de pouvoir restait inaccessible, tout de même. Mais déjà ses pieds le menaient à l'entrée du lieu le plus craint mais aussi le plus convoité. Bizarre, quand on savait qu'il ne pouvait se repérer dans la Citadelle. C'était comme si le chemin vers son Guide était imprimé dans son cerveau. Seul au milieu des ombres, sentant la force oppressante de son vis-à-vis, pourtant invisible, il mit un genou en terre.

Oh Guide, j'ai rencontré l'un des membres d'votre armée, qui n'est autre que l'Gardien du Dédale, comme il s'appelle lui même. On a eu une p'tite discussion, et la finalité c'est que j'ai besoin d'trouver ma place à vos côtés. Vous avez un Gardien pour votre Citadelle, c'est pas logique que j'me distingue moi aussi? Demandez moi c'que vous voulez, Monseigneur, j'suis votre homme.

J'vais pas lui dire que j'me suis fait rétamer, quand même, ça fait tâche. Par contre, s'il veut m'envoyer combattre, là j'y vais sans aucun problème!

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Repos 1/3

L'arrivée de Lazar fut assez... particulière. Tout comme cet homme l'était lui-même en fait. Une chose qui ne lui avait pas échappé lors de leur première rencontre. Au cours de celle-ci d'ailleurs, il se souvenait également de ce qu'il lui avait dit alors. D'aller, de s'entraîner et de combattre. Et que lorsqu'il serait plus fort, il pourrait revenir le voir et trouver en lui un maître qui poursuivrait sa formation. Était-ce le cas alors ? Le Phacochère était-il devenu plus fort à présent ? En tout cas, son esprit ne semblait plus batailler avec l'âme de sa Cuirasse, la première épreuve ayant manifestement porté ses fruits pour devenir quelque chose de plus stable à présent.

Ensuite... Il n'ignorait pas que Nosgoth et Lazar s'étaient battus. Comme si un affrontement en sa propre citadelle - la sienne ? Non, celle de son Maître, bien entendu... qu'est-ce que ce genre de pensées venant d'un pion... - pouvait être de lui ignorée ! Amusant donc de constater qu'ici, Lazar faisait passer cela pour "une petite discussion". Ce n'avait pu être qu'un échec pour l'homme qui se tenait devant lui, un novice ne pouvait pas venir aussi aisément à bout d'un expert tel que la Tarentule. Réclamer alors d'autres missions n'était de son sens pas une bonne chose. Mieux valait alors remettre les choses au point.

Pourquoi ne pas tout simplement me dire que tu as été vaincu ? Pourquoi ne pas tout simplement me dire que tu crains ta faiblesse et souhaites donc prouver que tu as réellement ta place ici ? Il n'y a pas de honte à avoir, Lazar, tu t'es juste frotté à un morceau un peu trop gros pour toi. Les yeux plus gros que le ventre, pas étonnant venant du Phacochère...

Ephtal se leva du trône d'obsidienne et empoigna sa faux emblématique avant de s'approcher de l'homme agenouillé tout en poursuivant.

T'es-tu au moins correctement entraîné comme je te l'avais conseillé ? Oh, non... ne réponds pas à cette question. Je préfère constater de cela par moi-même. Suis-moi...

Le Prophète n'avait pas envie de perdre du temps. Laisser trop longtemps ses élèves se débrouiller seuls n'était pas une bonne solution, exactement ce qu'il avait observé sur le cas de Straw. Les laisser trop se construire sans ses conseils, c'était aussi laisser la place aux mauvaises graines de pousser. Et si dans l'esprit de Lazar certaines mauvaises herbes faisaient leurs apparitions, il préférait les faucher au plus vite.

Il se rendit alors dans sa propre antichambre, lieu qui avait déjà vécu tant de combat, tant de remises en question de ses soldats qui venaient réclamer de lui un enseignement, une correction, un affrontement tout simplement... Dès qu'il y fut entré avec Lazar sur ses talons, il tapa comme à son habitude du bout de sa faux contre le sol. Les deux portes se fermèrent alors, et le couloir de lumière s'éteignit ainsi. Par contre, les murs se recouvrèrent de flammes ainsi que le plafond...

Je n'ai pas de poste ou de tâche particulière à te confier, Lazar du Phacochère. Et je ne peux de plus pas me permettre de t'envoyer dans la moindre mission tant que tu ne m'auras pas montré ta puissance... C'est ce que nous allons faire aujourd'hui, veux-tu ? Je souhaite voir de quoi tu es capable et si cela est dans mes cordes, t'aider à faire encore mieux par la suite...

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Repos 2

Serrant les dents, le géant refoula sa colère, alors que le Guide lui mettait clairement le nez dans sa défaite. Il savait pertinemment que la faute n'incombait qu'à lui seul, et que s'il devait déverser sa haine, la cible n'en serait que le frêle et fourbe assassin des ombres. Au travers du rouge de sa colère, il entendit les arguments de son maitre, les assimila pour plus tard. Le moment était mal choisi pour se plaindre. Et effectivement il s'était frotté à trop gros pour lui. Il ne commençait après tout qu'à comprendre le fonctionnement de ses pouvoirs, et avait osé défier un expert dans son domaine.

C'est comme m'arracher un poil du cul, mais faut bien avouer ça...

Se redressant, il suivi docilement le Prophète jusqu'à son Antichambre. Se remémorant sa dernière confrontation en ces lieux, il put se consoler en se disant qu'il en était sorti bien plus fort. Autant jouer carte sur table, donc.

J’avoue tout, mon Maître. J'me suis pris la branlée d'mon existence! Et ça, ça m'énerve, mais ça m'énerve! Alors j'sais c'que vous allez m'dire: on touche pas aux soldats d'Arès, on est pas là pour s'entretuer. Mais vu comment s'comporte la Tarentule, j'vais avoir besoin d'un sacré coup d'boost pour espérer être tranquille! D'autant qu'j'suis directement sous vos ordres, alors faut que j'sois à la hauteur!

Il disait cela en balançant les bras, pour se donner une contenance. Il fallait dire que même pour lui, discuter face à face avec l'homme au masque ne lui faisait pas en mener large. Néanmoins, il gardait à l'esprit que le Cardinal Suprême l'avait choisi à ses côtés, et qu'il mettait tout en oeuvre pour l'amener vers les sommets.

Enfin bon, le point positif, c'est que j'arrive à combattre avec l'armure! J'ai même quelques manifestations qui s'sont passées! Mais puisque vous l'désirez, j'vais en faire étalage!

Oh oui, oh oui, oh oui, oh oui...

Il ne devait rien cacher à son Maître. Ne pas laisser s'exprimer son plein potentiel serait aussi un sacrilège à ses yeux, un déshonneur. Il se devait d'être comme un livre ouvert, de ne pas être faible, ni condescendant. Être vrai.

J'vous remercie par avance, oh mon Guide, du geste qu'vous faites en m'entrainant une nouvelle fois! J'en ai appris pas mal depuis la dernière fois, surtout parce que l'Phacochère a décidé de travailler de concert...alors maintenant, j'arrive à faire naitre des choses, rien qu'avec la force combinée de nos volontés! Comme ça par exemple!

Dire que l'immense boulet de démolition fait de cosmos pure était issu de leur volonté combinée était peut être un peu inexact. On avait peut être plus affaire à un imbroglio d'émotions brutes et de volonté axée sur l'instant présent, focalisées sur des objectifs simples et fixés dans le temps. En tout les cas, il était bien réel, et filait à présent en direction du stoïque Prophète. L'oriental avait usé de cette technique contre le Gardien du Dédale, et savait qu'elle calmait d'entrée de jeu, de par la lourdeur du pouvoir déployé. Il espérait ainsi montrer à son mentor qu'il avait réussi à acquérir un certain contrôle de l'énergie brute, du moins une certaine dextérité dans la solidification de son cosmos. Viendrait ensuite la démonstration de sa force, décuplée par l'apport du Razorback. Et une fois cela fait, peut être trouverait-il de pistes pour s'améliorer. Telle était la routine par laquelle il devait passer.

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Repos 2/3

Vous n'êtes peut-être pas là pour vous entretuer, mais chaque affrontement est une expérience supplémentaire. Le tout est une question de mentalité... Agir dans l'intérêt commun n'est pas blâmable là où les vocations personnelles sont autant d'épines dans le pied de notre cohésion...

S'il ne voulait pas voir les erreurs de Straw se réitérer, il n'en démordait néanmoins pas sur le fait qu'il était encouragé pour ses Fauves de se combattre. Ils pourraient ainsi mieux connaître ceux qui se tiendraient à leurs côtés au combat, tout en apprenant également plus sur eux-mêmes. En effet, chaque combat permettait de se développer un peu plus, permettait de se tester face à différentes manières d'aborder les duels, permettait d'enrichir son expérience... Il ne fallait en aucun cas que Lazar pense que c'était là une mauvaise chose, mais il ne fallait pas non plus qu'il aille penser qu'il fallait s'y adonner par mauvais esprit. Le simple désir de fermer le clapet d'une autre berserker était loin d'être suffisant... Ephtal espérait que sa réponse puisse être parfaitement comprise et interprétée par le Phacochère, cela figurerait déjà un premier enseignement à retenir.

Sa faux appuyée contre son épaule pendant qu'il resserrait ses gants au niveau de ses coudes, il se contenta d'écouter la suite sans plus commenter. Au moins il reconnaissait à présent sa défaite. Le contraire aurait été largement décevant, le Prophète venant déjà de le confondre en lui mettant le nez devant la véracité des faits. De toute manière, Lazar ne laissait pas vraiment d'occasion de répondre, montrant déjà par les actes qu'il avait pu apprendre depuis ces dernières semaines. Un simple boulet d'énergie dont le Cardinal de la Mort ne négligea cependant pas la puissance. Il usa de sa faux pour détourner la masse qui s'était ruée vers lui, et même ainsi en ressentait quelques douleurs dans son avant-bras, n'ayant agit qu'au dernier moment et pas de la manière la plus propice. Un bon début. Et le Prophète allait répondre à sa manière... Tendant sa main libre en direction de son élève, il utilisa son "Soul Possession". Il aspirerait ainsi petit à petit l'âme de son adversaire, créant des douleurs qu'aucune blessure physique ne pouvait égaler. Tester Lazar, oui. Le laisser agir sans résistance, pas question ! C'était en le mettant en situation que l'on pourrait constater de ses capacités... À lui de poursuivre à montrer de quoi il était capable, encore trop tôt pour savoir dans quelle direction le guider...

Il savait que son boulet de cosmos allait saper la résistance de son adversaire, rendant la maitrise du cosmos de plus en plus difficile, rien que par l'effet de lourdeur que procurait l'aura dégagée. Pourtant, d'un geste, le Cardinal s'était dégagé, envoyant la manifestation énergétique au loin. Décidément, cet homme là ne manquait jamais de le surprendre, voire de l'émerveiller, surtout quand il lui avait sorti le meilleur de son répertoire, d'entrée de jeu. Logique, en un sens, quand on savait qu'il avait affaire à un Maitre du contrôle cosmique...Et alors que son ardeur se tempérait quelque peu des suites de ce revers, la douleur survint, profonde, insensée, mais pourtant déjà connue. Cette même douleur, il l'avait expérimenté alors que le Prophète forçait sa Cuirasse et lui à s'unir, sous peine de mort. Sa Mort. Apeuré un instant, car meurtri dans son âme, il reçu l'aide inattendue de son totem, qui lui envoya une véritable décharge d'adrénaline en même temps qu'une énergie curative, arrimant son âme à son corps. La résultante en fut un cri de guerre, puissant et rauque, à s'en couper les cordes vocales. Son énergie cosmique s'en trouvait amoindrie, au moins au trois quart à cause de l'attaque de son maitre, mais au moins avait-il évité les pots cassés avec son corps physique et astral. Reprenant son souffle, un rien crispé.

C'est à dire...mon Guide, le Phacochère connait deux trois moyens d'me remettre sur pied, si ça tourne au vinaigre. Il est malin, hein? Bien sûr, ça peut pas prétendre à contrer vot' puissance, mais...aouch!

Une décharge d'énergie parcouru son corps, partant de son armure. Le Razorback le punissait ainsi, pour ne pas avoir été chercher le sang, comme leur contrat tacite en convenait. Véritable contremaitre, il prenait plaisir à assener les coups de fouets, si nécessaire. C'était la première sommation, et les autres viendrait vite, s'il ne s'attelait pas à la tâche rapidement. Tout cela, le colosse l'avait compris par le biais des émotions de la vicieuse bête délétère.

Ouais...faut croire qu'c'est pas tous les jours l'entente cordiale...c'est qu'j'ai des conditions à respecter, quand j'me lance dans la bataille. Et même si c'est la paix, la plupart du temps, j'ai pas l'droit à l'erreur. C'pour ça qu'j'me lance sans chercher à comprendre, et que du coup j'néglige toute défense...ça m'en a coûté contre la Tarentule et ses fourberies!

Ça, il l'avait compris, la fuite en avant qu'il subissait lui était rédhibitoire, et il négligeait effectivement toute défense pour se centrer sur l'attaque percutante. Cela pouvait porter ses fruits, mais sur une anguille capable de sortir son épingle du jeu comme Nosgoth, la conclusion serait toujours la même. Il avait plusieurs chemins à suivre, certains consistaient à se rendre plus rapide, plus précis, ou encore plus fort, si c'était possible, pour éviter toute riposte. Une autre le verrait devenir une véritable forteresse, inexpugnable avec des murs d'airain. Il ne savait que choisir, à ce stade. Et puis, se prendre une nouvelle décharge pour avoir attendu trop longtemps avant de repartir à la charge ne lui plaisait guère.

Le meilleur moyen de savoir si sa force valait quelque chose, c'était d'aller au contact! Fonçant sur le propriétaire de la faux, nullement impressionné par sa taille, pour l'heure, le géant commença par une série de crochets qui firent siffler le vent, avant de terminer par les mains jointes, en un coup de massue qui vint s'écraser au sol, produisant des traces visibles d'impact. Et tandis qu'il relevait les yeux vers son adversaire, qui était insaisissable, malgré son gabarit, il décida de bondir et de claquer des mains à la réception, produisant une véritable onde de choc qui engourdirait sa cible, par la pression effectuée sur ses membres. Maintenant qu'il maitrisait certaines arcanes, il voulait prouver que son inutilité n'était qu'un mirage. Restait à savoir si il tirerait des enseignements d'un tel combat, ou une confirmation, peut être.

Citation :

Repos 3/3

Ephtal sentit l'interaction entre Lazar et sa Cuirasse bien plus qu'il ne put l'observer. Effectivement, il semblait y avoir une meilleure entente que lors de la dernière occasion où le Prophète les avait vu tous deux se livrer à une véritable bataille. L'on ne pouvait ensuite pas dire qu'ils marchaient réellement de concert, mais au moins se poussaient-ils l'un l'autre dans la même direction. Cette situation serait à suivre bien entendu, ce n'était pas pour rien que le Général du Feu l'avait réclamé dans son armée. Non pas qu'il n'avait pas confiance en ses Cardinaux pour suivre cette évolution mais... Si en fait si, c'était tout à fait ça. S'il estimait qu'ils étaient tous capables à leur manière de diriger des troupes au combat, il ne les voyait pas comme de réels tuteurs attentifs. Casshern n'était Pestilence que depuis trop peu de temps, Guerre trop solitaire, Frozia trop dissipée. Confier Lazar à l'un d'entre eux serait le perdre, assurément.

Les aveux du porteur du Phacochère furent d'ailleurs tout autant intéressant à entendre. La Cuirasse pouvait l'aider à récupérer, tout en réclamant tout de même de lui une certaine férocité. Ce n'était pas particulièrement étonnant. Mais cela le pressait tant qu'il en finissait par commettre des erreurs, d'après ce qu'il en disait. Il n'était alors que plus aisé encore de comprendre pourquoi il avait subit une sévère défaite face à Nosgoth. Se lancer droit devant et frapper, encore frapper, n'était certainement pas suffisant contre la Tarentule, aussi forts soient les coups.

Mais Ephtal n'ajouta rien pour l'instant. La charge suivante du Razorback arrivait. Une série de coups de poing tout d'abord, qu'Ephtal se contenta d'esquiver sans chercher à riposter. La suite fut plus percutante : si le coup des mains liées sur le sol ne fut pas d'une grande utilité, l'onde qu'il déclencha était de nature bien moins évitable et il dut donc la subir. Et si le vol de l'âme de Lazar n'avait pas semblé avoir de grands effets, il comptait malgré ses membres engourdit lui faire goûter à quelque chose de plus brutal... Après tout, Lazar n'était pas le seul à pouvoir chercher à amoindrir le potentiel de riposte de son adversaire.

Ce fut donc au tour du "Frozen Scythe" d'être mis à profit. Le Phacochère était venu au corps-à-corps, ce qui était donc parfait pour lui ! D'un grand coup horizontal de sa faux, il frappa. L'acier ne serait pas la seule chose à craindre ! Car le Frozen Scythe constituait tout particulièrement à un énorme arc de glace frôlant le zéro absolu. Jusqu'ici, aucun de ses adversaires n'était parvenu à s'en dégager complètement. Tous finissaient par se retrouver avec au moins un membre ou l'autre emprisonné dans la glace, en plus des blessures tranchantes que cette offensive infligeait. Pour l'heure, Ephtal était toujours plus plongé dans le combat que dans l'apprentissage...

D'un coup, la faux s'abattit, et avec elle un froid digne du trou du cul de Perséphone s'empara du Berserker. L'arroseur s'était fait arroser, Lazar ne pouvait rien faire pour contrer la puissance de ce qui venait de lui tomber sur le coin de la figure. Rapidement, comme suivant le tracé laissé par la faux, qui au contact de l'armure avait produit un crissement à s'en éclater les oreilles accompagné d'étincelles froides, un arc de glace se forma sur le corps de l'infortuné colosse. Projeté sur quelques mètres, il ne put se réceptionner, heurtant le sol durement, dans un panache de poussière.

T'as pas quelque chose pour moi, le Phacochère, des fois?

Seul un sentiment de panique et de frustration lui parvint. Il ne pouvait compter sur un quelconque tour, cette fois-ci. Constatant que la bonne moitié de son buste, incluant ses bras, étaient coincé dans la glace la plus froide qu'il connaissait - ce qui était, il en convenait un certain pléonasme, même s'il n'était pas bien sûr de la signification de cet obscur terme - le géant tenta de rouler sur lui-même, afin de pouvoir se mettre à genoux, et se relever. Il savait qu'il devait déjà être mort, vu le temps qu'il lui fallait pour se remettre sur pied. Et cela faisait partie de la leçon qu'il prenait: lui montrer à quel point sa stratégie était caduque, que son empressement lui en coutait plus qu'il ne lui apportait. Une chose ne lui faisait pas défaut cependant, et c'était sa combativité. Au bout du compte, elle augmentait proportionnellement à ce qu'il subissait, la rage le maintenant dans un niveau de dangerosité élevé, à la manière du plus fidèle des Berserkers. Il n'avait plus l'usage de ces mains, c'était un fait. Il avait compris ce que le Prophète voulait lui signifier, en plus du camouflet subit pour son manque de prudence. Il devait lui montrer qu'il était fort, dépasser les obstacles pour gagner sa confiance, et avoir une position de choix à ses côtés.

C'est pas comme ça que j'me distingue le plus, hein, mon Maitre? Tout couvert de glace et d'poussière...j'avoue n'pas avoir la puissance suffisante pour espérer vous résister rien qu'un peu, mais j'peux au moins vous montrer à quel point j'suis fort, pour qu'vous n'ayez plus d'hésitation, lorsqu'il faudra envoyer quelqu'un exécuter vos commandements!

Et de ponctuer sa phrase par un coup de talon au sol, résonnant d'un choc sourd dans la pièce emplie de terre battue et de poussière. Il y avait mis toute sa force, aussi le geste souleva assez de poussière aux alentours pour former une masse complètement opaque, qui se dissipa avec le temps, ne laissant place qu'à l'homme, toujours engoncé dans son carcan de froid - cependant fissuré sur toute sa longueur - se tenant dans une aire circulaire attestant du déplacement de matière dû à l'impact. Dans ces yeux brillait la folie de celui qui se délecte de la bataille, ne trouvait son entièreté que dans l'action brutale, magnifique, si forte en émotion du combat. Il ne vivait que pour cela, recherchant ce sentiment d'unification alors qu'il prenait la vie, qu'il assouvissait ses envies par le simple fait de s'imposer. Sa liberté, son bien le plus cher, qu'il avait mis tant d'année à défendre à la seule force de son bras...le loup s'était fait chien, à présent, et ce chien voulait devenir le favori de son maitre.

Prison, prison, prison, prison...

Ouais, j'sais, on va sortir. Prends patience et évite de m'tomber d'ssus, c'te fois-ci. Ca f'rait tâche devant le grand chef!

Le froid lui meurtrissait la chair, cependant, et il lui fallait de toute manière bouger. C'est ainsi qu'il se rua sur son adversaire, le buste penché en avant pour plus de dynamisme, tout en poussant un formidable cri de guerre. Galvanisé par les envies pressantes du Razorback sa vitesse, pourtant déjà impressionnante pour quelqu'un de sa taille, sembla augmenter d'un cran. Ce n'est qu'avant l'impact que l'oriental imprima un mouvement de torsion pour partir dans un retourné du talon, tentant d'écraser sa cible. Sitôt l'impact ressentit - il n'aurait su dire si c'était le sol ou autre chose qu'il avait touché à ce stade - le mercenaire se servit de l'effet ressort pour repartir en arrière, effectuant une sorte de roulade disgracieuse, pour finalement prendre appui sur ses deux pieds, et bondir, la tête en avant, tel une fusée. Il devait prouver qu'il était capable de combattre sans ses deux mains. Que sa hargne dépassait tout contretemps ou obstacle. Le Maitre de la Mort lui même devait le juger assez dangereux pour se tenir à ses côtés.

Les paroles de Lazar le firent sourire sous son masque. Il se jugeait durement sans comprendre réellement d'où venaient les problèmes dans son style de combat. Frapper sans réfléchir... et ce dans une pleine débauche d'énergie ! Voilà qui ne le mènerait pas bien loin, c'était assez certain. Voilà aussi pourquoi un guerrier fin comme Nosgoth s'était débarrassé de lui avec grande facilité. Mieux vaudrait le recadrer assez rapidement sur ce point... Mais cela ne semblait pas être encore le bon moment. En effet, le Phacochère prévoyait quelque chose apparemment. Tapant d'un grand coup au sol dans un épais nuage de poussière, il se rua ensuite vers le Prophète. Ce dernier s'était simplement tenu dressé, attendant le dernier moment où il pourrait agir et surprendre. Mais Lazar ne se contenta pas de lui "rentrer dans le lard". Un bond, un retourné et une lourde frappe du pied. Levant sa faux pour intercepter, le Cardinal de la Mort ne put que se rendre compte de la grande puissance physique de son élève qui passa presque sa défense, lui faisant plier le bras. C'était déjà un fait non négligeable...

Mais ce ne fut pas tout ! Car après cela il se lança à nouveau à sa rencontre, tête en avant. Peu judicieux... S'aidant une nouvelle fois de sa faux, il ne fit que la mettre à l'horizontale et cette fois la soutenir de ses deux mains. Il allait ainsi tenter de tenir l'impact en plaçant le manche de son arme au niveau de la gorge de Lazar. Retourner sa force contre lui dans un étranglement dont il serait le seul responsable... Un bon moyen de lui faire comprendre ce qu'il allait tenter de lui expliquer...

Sans maîtrise, la puissance n'est rien... Pire, elle y joue contre toi !
Frapper aussi fort que tu peux et foncer tête baissée... Cela ne t'apportera des succès que contre les faibles et les cloportes ! Ta puissance est une arme réelle qui peut réellement te servir... Qui peut réellement *nous* servir ! Mais tu n'en uses qu'avec débauche, sans retenue ni réflexion poussée. Tu dois apprendre à gérer cette force qui est la tienne. À l'utiliser à bon escient. À frapper toujours fort, certes, mais avec plus de justesse. Tu aimes te servir de tes muscles, hein ? Je suis heureux de t'apprendre que le cerveau aussi en est un...

Malgré tout, la charge de Lazar avait réussi à le faire reculer, ses pieds traçant des sillons dans la terre sèche de son antichambre. Mais il ne pourrait pas s'afficher être une menace sans apprendre à la jouer plus finement... Un combat n'était pas qu'un simple rapport de force, et cela il devait le comprendre. Les guerriers que l'on affrontait en guerre sainte n'étaient pas que des animaux, et la loi du plus fort ne tenait pas toujours... L'intelligence et la maîtrise y tenaient également des rôles prépondérants...

Citation :

J'ai eu l'impression que tes deux attaques étaient simplement des attaques physiques, donc j'me suis permis de m'en défendre assez facilement. Si ça te semble trop simple, n'hésite pas à me le dire et je modifierai.

Encore une fois, le Prophète d'Arès l'avait intercepté, plaçant le manche de sa faux autant de fois que nécessaire pour parer les coups. Le final fut effectué avec brio, le Guide plaçant le long manche au niveau de la gorge du colosse, le laissant lui même écraser la trachée. C'est dans un gargouillis, agrémenté d'éructations et de toux grasse, que l'oriental mis en genou en terre, stoppant son assaut. Écoutant les préceptes de son maitre, l'homme ressenti un curieux écho, au fond de lui là où son armure se manifestait habituellement. Elle le pressait, l'invitait à boire ces paroles comme du petit lait, lui envoyant un sentiment d'urgence qui rendait les sentences de son maitre au moins aussi capitales que le sens de la vie. Et, au final, il comprit.

Il comprit que sa cuirasse faisait un pas vers lui, une concession nécessaire à leur survie à eux deux, et à leur réussite future. Il comprit qu'il en avait besoin, ne pouvant se permettre de ne compter que sur sa force brute et sur les miettes d'énergie qu'il parvenait à ravir au Phacochère, au plus fort de la bataille. Autour de lui, une aura apparut, sombre, rougeâtre. Puis la glace fini de se fendre, et tomba à ses pieds. Restant un genou au sol, il planta ses deux yeux dans ceux couleur de glacier de son Maitre.

J'comprends, oh mon Seigneur. Pendant tout c'temps, j'm'occupais seul'ment de savoir si j'pouvais écraser l'autre avec mes poings, mais maintenant j'ai c'te cuirasse pour m'permettre d'en faire plus! J'vous décevrais pas, parole de Lazar! Maint'nant, c'est les autres qui vont m'craindre, et je n'laisserais personne me prendre de court. Il me faut travailler pour maitriser mes pouvoirs...

Il jeta un regard au sol, sur les sillons marqués dans la terre poussiéreuse.

...la force, j'l'ai déjà! J'espère un jour vous convaincre que je suis digne de me tenir à votre droite, et pas un simple soldat! Ma loyauté pour vous est sans faille, j'vous aime bien, voilà tout. Et je vais tout faire pour devenir le meilleur des serviteurs d'Arès, c'est un serment dans l'sang!

Et d'agrémenter ses paroles d'une frappe du plat de la main sur une des pointes de son armure. S'empalant dessus, l'appendice laissa échapper un flot de sang abondant, rapidement bu par l'armure du porteur. Plusieurs pactes avait été scellés aujourd’hui. Et un but avait été donné pour cet homme. Et il devait le formuler à voix haute.

Si vous êtes la Mort, je serais le Cerbère de votre porte! Acceptez moi tel quel, et je ne laisserais jamais personne passer, que ce soit la porte principale de la citadelle, ou celles des antichambres! Foi de Lazar!

Voilà qui annonçait la fin imminente de l'affrontement. Après qu'Ephtal ait donné son conseil, l'énergie de Lazar s'était comme éveillée à nouveau, et après qu'il se soit débarrassé de la glace qui pouvait encore l'entraver, il se mit alors à parler. Manifestement, il comprenait ce que son mentor avait voulu lui faire passer comme message et assurait à ce dernier qu'il allait en tenir compte désormais. Le porteur de la Cuirasse du Phacochère lui faisait également savoir qu'il travaillerait dur là dessus désormais. Oui... C'était aussi ce qu'il lui avait été demandé lors de leur première rencontre, de s'entraîner durement. Et il savait désormais comment cela avait fini : un affrontement contre Nosgoth, un défi bien trop difficile encore... Mais une nouvelle fois il allait lui faire confiance et le laisser progresser de son côté, en espérant qu'il ne s'amuse pas une fois de plus à brûler les étapes. Puis se laissa même à aller jusqu'à faire un serment, se saignant la main au passage, comme si cela était nécessaire. Lazar n'était pas à faire dans la finesse, et il le montrait une fois de plus. Laissant quelques secondes filer après l'avoir écouté, il se décida enfin à lui adresser une réponse.

Pour l'heure, c'est déjà ton rôle ! Comme chacun des protecteurs de cette Citadelle ! Protéger notre maître Arès des intrus l'implique directement... Si tu souhaites que je te confie plus, prouve-moi que tu en es capable ! Rapproche-toi du niveau qu'est celui de Nosgoth, et alors nous pourrons en reparler...

Il ne l'ignorait pas, cette dernière requête impliquait une rivalité. Mais après tout, après sa défaite, ce serait sans doute déjà sur la bonne route pour cela... Il ne faisait que mettre une petite pichenette dans leur relation déjà en équilibre. Advienne que pourra...

Citation :

Repos 1