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Théodora

Allongée sur un lit grec des baraquements du deuxième niveau, Théodora était inconsciente et brisée. Un doute étreignait les protecteurs du pilier du pacifique nord : "et si Théodora ne se réveillait pas ?". Tout le monde connaissait les souffrances régulières et naturelles que subissaient la Générale de l'hippocampe, qu'en serait-il maintenant qu'elle avait été défaite et aussi sauvagement mise à terre. Cette question troublait mais l'écaille ne s'était pas reposée sur les socles du temple de Poséidon. Était-ce alors un signe suffisamment rassurant ?

Flottant dans son inconscience, Théodora ne ressentait aucune douleur, aucune sensation. Son âme était mêlée directement à ses doutes : Llyr pardonnerait-il à un Général vaincu ? Ne disait-on pas malheur aux vaincus ? Mais d'un autre côté, pouvait-il en vouloir à Théodora d'avoir perdu un combat déséquilibré, l'opposant à deux redoutables guerriers, d'un cosmos équivalent au sien alors que son alliée était une jeune marina non habituée aux combat ? Oh non, Théodora ne blâmerait pas la Marina de la Murène car en dépit de leur défaite, elle avait été tenace à défaut d'être honorable.

Puis la lumière berça doucement ses yeux mi-clos : la Générale reprenait conscience. Bien que la douleur lui prenait la gorge son regard ne se posa pas sur son corps éphémère mais bien sur le pilier du pacifique Nord : il était toujours fièrement dressé vers le plafond océanique, consolation suffisante pour l'hippocampe. Son devoir n'était pas ruiné à néant. Théodora n'avait pas failli à son engagement. Son honneur était sauf même si sa fierté était blessée.

Chancelante, la Générale se releva alors nue, uniquement couverte de bandages. Mais sa pudeur était conservée : si ce n'est son visage, pas une once de peau n'était découverte. En se relevant si vivement, certaines plaies s'ouvrirent à nouveau et les bandages se gorgèrent déjà de sang mais Théodora n'en avait cure : elle atteindrait le pilier. Parcourir le second puis le troisième niveau lui paru infini tant la douleur était pressante. Lorsqu'elle gravit les quelques marches menant au pilier, elle se laissa tomber sur l'édifice en marbre, ses paumes et sa joue collées au don de Llyr. Ce dernier n'avait pas la moindre égratinure ... C'était presque inespéré vu la dureté de l'affrontement quelques jours auparavant : alors seuls les Dieux étaient capables de faire plier les constructions du Roi des mers ?

- Je suis si heureuse de voir que je n'ai pas failli à la tâche. Tant que je serai l'Hippocampe, je veillerai sur toi et après, je veillerai et donnerai la force à mes successeurs.

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Après une journée de repos, Ekydera, marina de la Murène fut convoquée par la Générale de l'hippocampe. Ce genre d'invitation qu'on ne refusait pas. C'était dans le jardin aquatique que Théodora attendait : un cadre idéal à ses yeux : vivant et reposant. Et Théodora, aussi Générale soit-elle, en avait besoin. C'est vêtue d'une simple toge qu'elle recevra Ekydena, bien sûr, l'écaille de l'hippocampe était là au deuxième niveau, veillant paisiblement sur le jardin.

C'est avec son habituel sourire qu'elle accueillit et vit arriver la Chevalier de bronze, détentrice de l'écaille de la Murène. Ce n'était en rien pervers : il est vrai que les choses sur lesquelles les deux femmes allaient débattre n'étaient pas joyeuses mais ce sourire n'avait rien de sadique. Si les choses étaient graves, le sourire aiderait à les faire passer. Mais aucune panique, Théodora n'était pas du genre à violenter une proche, il faudrait vraiment qu'Ekydena persiste dans cette voie pour que la bretonne en arrive à pareille extrémité.

- Ekydena, marine de la Murène. Je suis heureuse de te revoir en mon domaine. Domaine pour lequel tu n'as pas hésité à risquer ta vie dans l'entreprise de sa sauvegarde. Rassure toi les dégâts opérés aux deux premiers niveaux sont superficiels, le dallage a déjà été remplacé et je prendrais mon temps pour rendre son éclat d'antan au jardin.

La main de Théodora tapota doucement le terrain, invitant Ekydena à s'assoir, se mettre à l'aise. Après tout, la rencontre se ferait sur des teintes décontractés, pas la peine de se perdre en commodités inutiles : Théodora aimait l'étiquette et elle avait déjà été respectée.

- N'aies crainte, nous n'allons que parler.

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Repos : 1/2

Lorsqu'Ekydena ouvrit les yeux, les premiers souvenirs qui jaillirent de sa mémoire furent les douleurs qui étaient ressortit du combat contre les deux Guerriers Divins qui avait eu lieu récemment. Allongée sur son lit, elle repensait à tout ce qui s'était passé, et même si elle n'avait pas vaincus, elle avait appris beaucoup de chose, sur la façon de combattre, sur sa Générale et surtout sur elle même. Elle avait compris qu'un côté plutôt sombre d'elle même avait pris le dessus lors de cet affrontement.

C'est le corps recouvert de bandages que la Murène avait décidé de se promener. Aller prendre l'air lui ferait sans doute le plus grand bien. Elle s'aventura dans un premier temps vers l'arche d'Orichalque ou elle avait pensé pouvoir rencontrer le Légat. C'était sur ce même chemin qu'elle avait fait la connaissance du joyeux Arion, un jeune Marina comme elle qui avait réussi à lui redonner un peu le sourire. Cependant, elle avait du le quitter précipitamment car sa Générale Théodora de l'Hippocampe avait fait appel à elle. Une invitation qu'on ne pouvait pas refuser.

Ekydena n'était pas sotte, elle connaissait très bien la raison de cette invitation. Une mise au point avec Theodora pour les actes qu'elle avait commis lors du combat contre Mani et Haldor. Elle avait utilisé des techniques qui n'avaient aux yeux de tous aucun honneur. Enfin, aux yeux de tous presque, car dans le fond, la Murène savait qu'elle avait fait ça dans l'unique but de protéger le Pilier et la Générale auxquels elle aurait souhaité être affilié. Après tout, elle avait presque accomplis son rôle, mais bon, elle préféra ne pas y penser pour le moment. La chevalier d'or ne se priverait pas de le lui rappeler.

Enfin, elle arriva dans un jardin paisible et calme du domaine du Pacifique Nord. Elle ne connaissait pas encore cet endroit mais fut apaisée de voir que Théodora avait choisis un lieu comme celui ci pour discuter. Tout semblait laisser paraître que la punition ne serait pas trop lourde, mais Ekydena n'aimait pas cette situation. Qui aimait se faire remonter les bretelles de toutes manières ? C'est avec une certaine appréhension que son regard croisa celui de son aînée, mais très vite la Générale se voulait rassurante. Elle accepta son invitation et vint s’asseoir à ses côtés. Elle prit alors la parole avec un petit sourire en coin, timide;

_ Je suis rassurée de vous voir debout, et même si vous avez beaucoup de bandages, vous m'avez l'air reposée et surtout, je suis heureuse de vous voir vivante ... Je ... J'étais quelque peu inquiète suite à vos blessures.

Même si elle allait se prendre une rouste, il n'en était pas moins qu'elle s'était réellement inquiétée pour sa partenaire.

Heureuse que la réputation de la bretonne la précédait. En effet, si elle n'était pas réputée pour sa douceur, le sourire qu'elle arborait pouvait être traduit comme quelque chose de sadique, sinon malsain. Il n'en était rien : Théodora appréciait réellement Ekydena qui n'avait pas hésité à mettre sa vie en péril pour un domaine qui n'était pas le sien. Preuve que les guerres des Généraux étaient derrière eux : un marina défendait naturellement Llyr, Dieu tout puissant et non un Général, simple mortel. Après tout, tout un chacun avait sa part d'ombre. Pour Théodora, c'était sa haine inaltérable envers Apollon et toutes ses réminiscences.

- Oh, tu ne devrais pas t'inquiéter pour moi. En toute honnêteté, tu n'aurais pas fini. Ma vie est déclinante, sinon à l'agonie, depuis bien des années. Ma mort n'aurait rien de surprenant. Si tu veux, néanmoins, te soucier de moi, ne nous arrêtons pas à l'aspect physique, parlons du spirituel. Je ne viens pas te punir, te gronder ou je ne sais quelle principe sadique menant droit à la punition. Je veux discuter avec toi, de ce qui c'est passé - tout, j'entends - à ta façon de visualiser le divin. En soi, considère cela comme une suite logique de la discussion que nous n'avons pas pu avoir. Á la différence près que j'ai des éléments sur lesquels m'appuyer pour mieux te cerner.

Très lentement, la jeune Générale replaça une mèche de cheveux, gardant son regard dans celui d'Ekydena, son sourire ne disparaissait qu'à fin de laisser la femme s'exprimer. Et Théodora savait être bavarde lorsqu'il s'agissait de rassurer ceux qui franchissait son domaine. Ekydena était destinée à être la nouvelle disciple de Théodora, même si sa foi en ses intuitions avaient considérablement diminuées depuis qu'elle avait considérée Ahès comme la prochaine détentrice de l'hippocampe. Aujourd'hui, elle reposait dans l'immensité bleutée.

- Tu as gagné beaucoup d'assurance car si j'en crois ton allure générale, c'était ton tout premier combat. Je suis fière de savoir qu'une novice a fait jeu égale à un puissant Guerrier Divin, je pense que tu peux aisément décupler ta force, je me porte garante de cette évolution.

L'hippocampe n'était pas du genre à mentir ou à contourner la vérité pour parvenir à ses fins. Elle pensait ce qu'elle disait, son naturel pouvait d'ailleurs lui poser problème dans le futur. Mais elle ne regrettera jamais ce qu'elle pouvait dire car elle savait que jamais elle ne se mentirait.

- Tu t'en douteras, j'aimerais que ton évolution se fasse en oubliant cette technique consistant à obliger l'ennemi à attaquer son allié. C'est le pire genre d'attaque qu'il puisse exister. Je sais que cela est efficace, j'en conviens mais c'est la meilleur méthode pour briser un ennemi car tu le forces à aller contre tout ses principes. Je veux dire, contre des êtres particulièrement malsains et odieux, ce genre de technique ne me gênerait pas mais pas contre des adversaires dignes de louanges. J'ai appris de ces guerriers venus du Nord : ils sont brutaux et rustres mais honorables. Tu sais, l'ennemi n'existe pas réellement sauf lorsqu'il agit en dépit de tout tes principes. Sans quoi il ne s'agit que d'adversaires. Car au fond, rien ne les démarque de ceux qui seront nos alliés demain. Le destin les a mis au travers de notre route mais ils pourraient très bien devenir nos alliés si Llyr y trouvait meilleure opportunité.

Rassurée ? On aurait pu dire cela comme ça, mais au fond d'elle même Ekydena avait compris que Theodora n'agirait pas de façon brutale, c'est du moins ce qu'elle pensait que la Générale laissait paraître comme impression. Très rapidement, les mots qui sortaient de la bouche de l'Hippocampe confirmèrent cette impression. Ils ne se voulaient pas blessant et offusquant, au contraire, ils se voulaient rassurant et encourageant. Le sourire de la Murène avait prit alors un peu plus d'assurance, ce que lui avait dis son aînée la touchait beaucoup;

_ Ce que vous me dites me touche beaucoup, et je suis fière que vous placiez autant d'espoir en moi. Je suis tout à fait prête à vous prouvez que vous ne faite pas une erreur en vous portant garante de mon évolution.

Ces mots la n'étaient pas à prendre à la légère, Theodora misait beaucoup sur Ekydena, et elle le savait très bien. Il fallait donc qu'elle se montre à la hauteur, qu'elle prouve qu'elle ne se fourvoyait pas sur son compte. Les enjeux étaient important, pour les deux chevaliers. Tout cela lui remontait vraiment le moral, et son respect envers sa supérieure. Elle espérait également que tout ceci amène à une éventuelle amitié et même si se prétendre amie d'une Générale était peu être prétentieux, elle ne pouvait pas cacher le fait qu'elle l'appréciait énormément. Evidemment, la conversation se portait à présent sur ses méthodes de combat, des méthodes qui ne plaisaient pas à Theodora, ça, elle le savait, elle l'avait compris quand elle avait vu le regard déçue de sa générale se poser sur elle;

_ J'ai conscience que mes méthodes ne plaisent pas à beaucoup de monde, mais je dois utiliser ce que je sais utiliser. Mon corps n'est pas fait à la base pour le combat direct, je ne suis pas assez puissante pour me battre ... Disons de manière totalement honorable. J'ai du trouver des techniques qui me permettent de survivre car ma force seule ne suffit clairement pas.

Malgré tout le respect qu'elle avait, il fallait tout de même que Theodora comprenne - et elle le ferait surement - que chaque personne est différente et se bat donc différemment. Mais Ekydena tenait sincèrement à se battre à ses côtés, et si pour cela elle devait avoir recours à d'autres manière, elle le ferait, elle s’entraînerait pour que ses techniques ne soient plus vues comme lâches, mais comme un atout majeur pour le groupe. Elle avait du boulot à faire;

_ Je suis prête à m’entraîner, pour ne plus avoir à utiliser de telles techniques, mais je ne peux pas vous garantir de cette réussite, car c'est une partie intégrante de ma personnalité. Je ne suis pas un ange, loin de la, et je ne suis pas non plus la plus honorable des chevaliers, mais pour pouvoir combattre à vos côtés, je suis prête à faire des efforts. Je pense pouvoir faire appel à votre aide ?

Tout était dis, ou presque. Elle avait clairement fait comprendre à sa chef qu'elle ferait des efforts, mais ses efforts là auront un prix, et peut être que le changement serait plus difficile à mettre en place qu'elles ne l'avaient toutes les deux imaginé.

Théodora acquiesça aux paroles de la jeune marina : c'est comme ça qu'elle voyait les choses et c'était tant mieux de savoir que la murène avait la volonté de l'avant en écoutant consciencieusement les paroles de Théodora. La volonté ... C'est ce qui manquait à beaucoup de jeunes pour devenir plus fort, les sacrifices faisaient parties de la voie du chevalier et malgré toutes les bonnes intentions qui animaient la bretonne, cette-dernière ne se montrerait pas tendre avec ses disciples : un entraînement doux est inutile car l'ennemi ne le sera jamais.

- Comme je te l'ai annoncé, notre entrevue ne sera point musclée, si j'accepte de t'entraîner, ce sera pour le moment de manière philosophique. J'ai vu ton pouvoir il repose sur l'eau, je vais un cran plus eau en lui retirant toute chaleur, il me faudra du temps pour découvrir un angle correcte à ton évolution. Pour le moment, je pourrai - au mieux - analyser tes techniques et décortiquer ce qui ne va pas.

Théodora créa un léger cristal de glace et le déposa sur la paume de sa main afin de le montrer à Ekydena. Ce cristal ne changeait pas, quelque soit l'angle de vue, il était dépourvu de défauts.

- Je viens de matérialiser devant toi la pensée des auteurs grecs vis-à-vis des cristaux parfaits. Il ne s'agit que d'une création de mon cosmos. Crois-tu que cette forme soit réellement parfaite ?

L'hippocampe referma alors sa main pour écraser sa propre création, image rude mais suffisamment claire à ses yeux : rien était parfait. Le parfait n'était envisageable que dans nos songes. Preuve en était : nos Dieux eux-mêmes avaient leur défaut, il ne fallait donc pas s'attendre à ce que l’œuvre de l'homme soit un jour parfaite.

- Rien n'est parfait, Ekydena. Rien. Nous pouvons nous rapprocher de cette notion mais jamais nous ne ferons ne fut-ce que l’effleurer du bout des doigts. Quel mentor serais-je si je te demandais l'impossible ? Tu ne peux gommer tes défauts, pas plus que je ne le peux. Mais une chose est propre au chevalier : l'effort est son apanage. Alors oui, je t'offrirai tout les moyens possibles pour que tu dépasses cette épreuve. Tu sais maintenant ce que j'attends de toi.

Oui la bretonne ne s'attendait pas à voir celle qu'elle avait alors désignée comme disciple changer du jour au lendemain. Néanmoins, Théodora n'accepterait pas que cette-dernière ne tente rien pour y remédier. Si cela venait à arriver, si celle-ci se complaisait dans ses erreurs, Théodora se serait alors trompée. Une nouvelle fois.

- Parlons également de l'honneur. Je pense que sincèrement, l'honneur amène le respect. Si tu t'es montrée honorable envers ton adversaire alors ses alliés seront te reconnaître et ne tariront pas d'égards, même s'ils t'affronteront. En revanche, si tu es méprisable, tu terniras l'honneur de ton dieu et n'alimentera que haine chez l'ennemi. C'est alors que débute le cercle de la violence. Crois-tu que nous nous rapprochons de la perfection en faisant perdurer la guerre ? J'ai l'intime conviction que si l'ennemi est battu avec bravoure alors pourra t-il plus facilement courber le genoux pour admettre la suprématie de Llyr, car là est notre intérêt.

Ekydena buvait presque les paroles de la Générale, ce qu'elle disait était sage et juste, rien n'était parfait, elle le savait bien. D'ailleurs, elle même ne cherchait pas la perfection, juste à défendre ce en quoi elle croyait, ici en l’occurrence, en le pouvoir de son Dieu Poséidon, et de son armée devenue désormais une nouvelle famille pour la Murène. Théodora avait la volonté d'aider la jeune marina, et elle avait également parfaitement compris que le chemin serait long, et que les changements demanderaient d'énormes sacrifices. Finalement, l'honneur était revenu le sujet de discussion. Ekydena savait parfaitement de quelle technique elle souhaitait parler, et éventuellement modifier afin de la rendre moins perfide, mais elle avait toujours fonctionner ainsi, sans doute elle serait l'axe principal du changement. Elle fixa alors sa partenaire dans les yeux, et une illusion commença.

Tout autour de la Générale, le jardin quelques instants avant encore paisible avait été détruit. Le feu continuait de ravager ce havre de paix et des corps gisaient sur le sol. Assise en face de l'Hippocampe se trouvait non plus Ekydena, mais une personne qui l'avait énormément blessée, un magnifique sourire sur les lèvres. Tout était terriblement réel, et elle aurait pu attaquer Ekydena à n'importe quel moment, sans même s'en rendre compte. Elle aurait pu la tuer. Puis à nouveau le calme, la paix et encore une fois la personne assise à ses côtés avait changé. Il s'agissait cette fois d'une personne qui lui était chère, pour qui elle avait eu un amour considérable. Finalement, l'illusion avait pris fin, la Murène se retrouvait assise sur le banc, elle baissa les yeux;

_ Voilà ce dont je suis capable, du meilleure comme du pire, mais le pire me permet de pouvoir me défendre et d'attaquer. Cela me permet de survivre quand mon corps ne suis plus. J'ai du m'adapter et une partie de moi, une sombre partie a vu en cette illusion un don et un excellent moyen de mettre mes adversaires à terre. Et puis, je ne me suis pas assez entraîné pour faire ressortir des choses positives de ces illusions. Je ne capte généralement que les pensées négatives des autres combattants.

Quand elle utilisait cette technique, c'était comme si elle aspirait toutes les pensées négatives de sa cible pour ensuite les lui renvoyer en tête, en mettant une scène bien précise, et en remplaçant un allié par un ennemis. Vraiment rien de très honorable, c'était vrai. Et elle savait que l'honneur avait une place importante dans un combat, mais après tout, n'était-ce pas la victoire qui démontrait la puissance d'un Dieu ? Il fallait dire que la Murène avait un peu de mal à comprendre tout cela, mais elle n'en doutait pas que Theodora l'aiderait à comprendre cette vision des choses.

Le regard de Théodora continuait de tenir celui d'Ekydena quand, tout à coup, son monde chavira. Et il chavira directement du côté de Taranis. La seule personne qui avait su attrister la bretonne dans sa vie de Marina refit surface. Cette même personne qui avait réveiller sa douleur endormie. Il l'avait réveillée et agrandie. Et cette fois-ci ne faisait pas exception. La Générale s'écroula au sol, sentant le poids de son cœur étouffer sa poitrine.

L'organe battait à la chamade, même lorsqu'elle vit le doux visage de son maître. C'est en crachant une gerbe de sang vers lui qu'elle ne comprit que tout ça n'était qu'une illusion. Une macabre illusion. Théodora resta à quatre pattes, victime d'une de ses plus terribles quinte sanguine. La plus terrible de l'année en tout les cas. Elle se releva péniblement, ses lèvres baignées de sang et s'approcha de la murène, l'enlaçant dans un premier temps avant de saisir sa joue droite de sa main gauche. Très lentement, la bretonne mit ses lèvres à quelques centimètres de son oreille droite.

- Sincèrement, je t'apprécie énormément, Ekydena. Énormément. Je ne désire pas voir mon futur en toi pour rien. Néanmoins, applique cela encore une seule fois sur moi, et je te tue.

Le mot était lourd et glacial. Son cosmos s'était alors levé d'un seul coup, froid et tranchant. Théodora détestait qu'on viole ainsi son intimité mais finalement, l'intention était honnête. Restant toute contre Ekydena, la Générale éprouvée reprit alors lentement force et courage.

- Mais je te remercie de me l'avoir montrer, ainsi, je pourrai comprendre toute l'horreur de cette technique. Je te confirme ce que tu pensais : ta technique est très puissante. Je suis convaincue que tu peux exploiter cette puissance d'une autre manière.

L'hippocampe se défit alors lentement de celle qui sera plus que sûrement sa disciple. Elle s'adossa alors lourdement sur la paroi du niveau un, lasse. Son sourire revenait peu à peu, brisant l'harmonie de son visage : ce sourire rendait anarchique le liquide vermeil brouillant son visage. Une légère toux la prenait de moins en moins régulièrement : son cœur se calmerait lentement, dans la douleur.

- Tu as un potentiel énorme et je serai honorée de pouvoir le développer à tes côtés. Je répondrai encore à tes questions, à tes inquiétudes mais je ne tarderai plus en ce magnifique jardin : ta technique ma éreinté plus que de normal, je le sais. Mais cela est propre à ma chair, n'aie crainte, tu ne pouvais pas savoir. J'ai sans doute réagit à chaud mais ma volonté ne s'est pas exprimée dans la douleur mais dans l'immense tristesse qui noie mon âme.

Ekydena fut surprise par ce geste de douceur de la part de Théodora, elle ne s'attendait pas à ce qu'elle réagisse de cette manière, elle s'était plutôt attendue à un coup dans le visage ou dans le ventre, pour faire cesser ces horribles illusions. Non, au contraire, elle l'avait prise dans ses bras, mais les mots qui avaient accompagnés ce geste étaient difficiles. Elle s'en doutait, elle venait de lui faire revivre les pires moments de sa vie, sans doute. Finalement, la Générale avait très bien agis, elle était rassurée et les mots d'après furent réconfortants, soulageant. L’hippocampe finis par lâcher son étreinte, et s'adossa contre une des marches. Elle saignait et toussait énormément, et cela inquiétait quelque peu la Murène, sa partenaire avait l'air déjà éreintée par le temps, et la maladie, ce n'était d'ailleurs pas la première fois qu'elle la voyait s’affaiblir de la sorte, elle s'en voulait d'avoir utiliser cette technique sur elle;

_ Je suis désolée de vous avoir fait subir une telle attaque, et de vous avoir rendue triste. Ce n'était pas le premier but, mais je suis rassurée de savoir que vous avez compris mes intentions.

Les mots qui suivirent vinrent confirmer ses doutes, la Générale n'était pas au meilleure de sa forme, quelque chose la rendait plus faible, lui ôtait peu à peu la vie. Ekydena aurait voulu en savoir plus, la prendre également dans ses bras pour la rassurer, elle voulait aussi pouvoir lui être bénéfique. Lui faire savoir qu'elle n'était pas seule, et qu'elle ne le serait pas tant que la Murène serait en vie, mais le moment n'était sans doute pas venue de lui poser des questions aussi personnelles. Si Théodora voulait lui en parler, elle viendrait le faire par elle-même, elle ne lui forcerait pas la main. Elle la rejoins alors au niveau un, et s'adossa également;

_ J'ai confiance en vous, je laisserais sans peur ma vie entre vos mains, j'apprécie ce que vous faîte pour moi, et je voulais aussi que vous sachiez que je serais là pour vous aussi, elle posa alors une de ses mains sur celle de Théodora, simple geste affectif pour lui faire comprendre qu'elle la soutiendrais dans tout ce qui allait suivre. Un sourire avait accompagné ce geste. Si vous avez besoin, je peux vous laisser vous reposer. Je dois maintenant grâce à vos conseils aller m'entrainer. Faire en sorte de ne plus vous décevoir.

Elle ne souhaitait pas forcément la quitter de suite, mais elle avait bien vu qu'elle s'était affaiblie, le sang qui avait coulé le long de ses lèvres en témoignait.

Ekydena avait un très bon fond, indéniablement. Dans une période de paix, elle serait une perle des plus pures. Hélas, elle devait se battre et ses forces n'étaient pas assez grande pour répondre avec force. Non elle avait usage de techniques lâches. Était-ce réellement sa faute ? Oui et non, c'était un résultat logique de la guerre. Elle était prête à souiller son honneur pour accomplir son devoir envers Llyr, en cela, c'était remarquable. Mais Théodora ne pouvait créditer cette abomination. Le chemin vers l'enfer est pavé des meilleurs intentions, dit-on.

Ekydena était presque tout l'inverse de Théo : en très bonne santé, chaleureuse, encore faible et peu honorable. Mais une alchimie s'était créée et Théodora allait éliminé cette part de faiblesse car Ekydena pouvait grandir. Elle avait déjà un certain âge mais personne ne semblait avoir pris la peine de développer cet immense potentiel.

- La tristesse altère le bon jugement, hélas, celle-là, je ne parviens pas à m'en défaire. C'est une blessure, au cœur, qui jamais ne se refermera. Aujourd'hui, j'en saigne encore.

La Générale souriait : Ekydena était vraiment adorable en dehors des combats. Mais il fallait bien avouer que Théodora ne savait pas trop quoi faire de sa vie, elle préférait largement que la murène soit libre, disposé de la vie d'autrui n'était pas chose aisé. Et à vrai dire, c'était une erreur que de la confier à un être mourant.

- Tu es déjà là pour moi. En ce qui concerne ma maladie, tu ne me seras hélas pas d'une grande aide. Puisque tu es celle que je destine à, un jour, revêtir mon armure. Il est certainement temps que tu apprennes ce qui me ronge. Très jeune, j'ai souffert d'un mal que ceux de mon village considérait comme incurable. Là, je découvris un émissaire de Llyr, c'est lui qui me soigna et m'inculqua comment me battre, comment contrôler ma maladie.

L'hippocampe marqua un temps d'arrêt, ce n'était pas une chose facile que de se confier. Surtout pas lorsque le passage concernait la mort de Xelar. Ce moment, elle le détestait.

- Cela a marché jusqu'au jour fatidique où mon maître est mort. Mon cœur a alors à nouveau explosé. J'ai sombré avec le septième sens et lorsque je me bats, il s'éveille, trainant avec lui mon mal. À présent je sais que si je ne meurs pas au combat, ce sera ainsi. Et, en toute franchise, je pense que ce temps se rapproche à grand pas.

Elle eut un sourire paisible sur le visage, cela faisait du bien au final. Oui, Théodora se sentait assez bien en dépit de ces quintes s'estompant quelque peu. La douleur s'en allait progressivement.

Un peu surprise, Ekydena comprenait que Théodora se dévoilait à elle. Elle lui racontait des choses personnelles sur elle, des choses qu'elle n'aurait sans doute pas dit à n'importe qui. Le fait qu'elle se dévoile ainsi lui montrait à quel point elle lui faisait entièrement confiance. C'était touchant, et elle ne put s'empêcher de sourire à sa supérieure. Elle lui faisait confiance et pour preuve, elle avait même des projets beaucoup plus grands pour elle. Elle lui avouait qu'elle la voyait certainement revêtir son armure, plus tard lorsque ... Lorsqu'elle n'aurait plus du tout la force de se battre pour leur Dieu. Cette soudaine révélation l'avait atteinte, elle qui s'était liée d'amitié avec l'hippocampe, ou du moins c'est ce qu'elle pensait, venait d'apprendre que la jeune femme était atteinte d'une incurable maladie. Qu'elle serait obligé un jour de lui faire ses adieux. Elle retourna sa tête, elle ne voulait pas que Théodora la voit ainsi et puis après tout, la Murène devait mener des combats, rien n'indiquait qu'elle ne partirait pas la première. Elle ferma alors les yeux et souffla, il fallait qu'elle pense à autre chose, tout cela n'était guère joyeux. Finalement, elle replongea son regard dans celui de sa Générale;

_ Je suis réellement attristée d'apprendre cela, mais les espoirs que vous placez en moi me réchauffent le coeur, et me donnent du courage pour continuer. En cela je vous suis reconnaissante.

Ses yeux bleus azuréen brillaient. Dans sa tête, d'innombrables émotions se battaient, elle était un peu perdu entre bonheur et tristesse. Cette conversation l'avait toute retournée. Elle se leva alors, invitant l'Hippocampe à en faire de même, car elle n'avait toujours pas lâché sa main. Elle savait qu'il était sûrement temps de la laisser tranquillement se reposer. D'ailleurs, il fallait qu'elle aille s'entrainer, elle avait beaucoup de travail à faire. Elle lâcha alors la main de Théodora, reculant de quelques pas, puis finalement, elle ne put s'empêcher de la serrer dans bras. Elle avait beaucoup d'affection pour elle. Oui, elle l'appréciait beaucoup. Elle lui murmura alors;

_ Je serais là, toujours ... à tes côtés.

Elle l'avait finalement tutoyée, elle n'était pas sur qu'elle en avait eu l'autorisation, mais là, elle s'enfichait un peu. Elle avait eu une dernière fois besoin de lui faire savoir ses sentiments. Elle relâcha alors son étreinte, puis se retourna, laissant la Générale seule dans son jardin. Elle allait de ce pas vers le champs d'entrainement. Il n'y avait pas une minute à perdre. Avant de la laisser définitivement, elle retourna une dernière fois sa tête, souriant à Théodora et lui faisant un petit signe de la main;

_ Reposez vous bien.