Une douce musique, note après note qui se dirige vers les oreilles des habitants du sanctuaire, emplissant l’air comme un léger parfum. La plupart es habitants du lieu sacré la connaisse. Souvent, Mercurio l’a entendu au détour d’un chemin, intrigué, curieux mais sans jamais n’allez au bout de son envie. Emplois du temps pressant, fatigue physique ou simplement plaisir plus urgent. Cette fois-ci pourtant, tout est fait pour qu’il suive les quelques notes qui l’emmèneront au joueur de lyre. Dès qu’il entend l’une des cordes sonné, un souvenir, une parole remonte du flux tumultueux de sa mémoire.

Quelques jours plutôt, alors que Bach martyrisait Mercurio dans ce qu’il appelait un « entrainement », Sokaris les avait interrompus, venant apporter des nouvelles et demandant poliment qu’on réponde à ses questions. L’éclat des spectres au sanctuaire notamment. Le nom du musicien Orestis était apparu. Assez étonnant pour tout regard extérieur, le contraste entre le vieux guerrier et le jeune esthète était saisissant.

Le temps passant, le silver saint du centaure avait enfoui cette information, passant rapidement à quelque chose. Tout lui revint donc à l’esprit, tel une avalanche de question et de curiosité pour une rencontre depuis longtemps dus. Oreille « dressé », main dans les poches et sifflotant l’air qu’il discernait de mieux en mieux, Mercurio se dirigea d’un pas lent vers le grand mystère de, la musique. Étrangement ses pas le guidèrent vers la maison du Capricorne. Pas exactement dans le temple de la biche aux yeux bleus mais quelques marches plus tôt.

Apercevant le musicien de plusieurs mètre d’en bas, le centaure devait reconnaitre à ce dernier une certaine prestance. Son armure d’argent reflétait agréablement les traits du soleil, reproduisant cette même lumière douce. Un moment Mercurio sourit d’un air dépité, repensant à ses propres reflets du soleil. Les siens étaient plus dorés mais en même temps plus…entaché. Ces flammes étaient comme ça, elle ne projetait aucune lumière, elle ravivait les ombres pour mieux créer de chimères. Celle d’Elias, Némésis des plus irritantes était là, un poil chaude, brulant l’âme plus que le corps donc particulièrement efficace sur le vice du centaure.

Mercurio soupira à quelques mètres du créateur de son, il faut de tout pour faire un monde, même les purificateur extrémiste. Trois marches plus haut, il se redonnait une contenance, un sourire éclatant prenant place sur son visage. Le bruit métallique de ses pas sur les marches de pierres allait bien vite attirer l’intention de l’individu selon lui. Pourtant, il prit la parole en premier. Initiative logique venant d’un reste de politesse qu’on avait du lui enseigner quelques part, un jour.

-Enchanté cher musicien. Si votre ramage se rapporte à votre plumage alors vous êtes l’adonis de ce sanctuaire.

Le blondinet fit une légère courbette une fois peu ou prou à la hauteur de son homologue. Se faisant, il étudia plus attentivement ce dernier, ses cheveux surprenamment bleu tombant en quelques mèches devant son front et ses traits fin. Séduit il l’était face à son frère d’arme inconnu. Ses paupières se plissèrent même quelques instants, appréciateur de l’être que le destin lui proposait. Un gouter des plus délicieux, à n’en pas douter.

-Votre symphonie a souvent effleuré ma conscience mais jamais je ne m’étais décidé à en découvrir l’origine. Je ne me trompe pas en déduisant que vous le chevalier de la lyre ?

Son ton s’était fait plus chaleureux, son attitude plus charmeur même si ses mots restaient encore assez neutre. Son regard ne lâchait plus celui de son interlocuteur, voulant prolonger ce contact aussi longtemps que possible.

-Je me présente, Mercurio du Centaure. Peut-être que ma réputation m’a malheureusement précédé ? La votre la fait, indubitablement. Même le vieux Bach parle de vous en terme élogieux, c’est dire…

Bien souvent, le besoin de jouer de mon instrument me saisissait, et je portais alors mes doigts à ses cordes pour libérer des airs des plus délicats, au plus grand plaisir de Narcisse et Dormin. Mais parfois, il m’arrivait de n’avoir envie de ne jouer que pour moi-même, afin de m’évader plus encore que le simple fait de jouer pour les autres m’autorisait. Alors, j’essayais de m’isoler. Ou, tout au moins, je m’éloignais un peu de notre lieu de résidence, la maison du Capricorne. C’était ce que j’avais choisi de faire, aujourd’hui. Un peu en aval de ladite maison, quelques marches plus bas, je jouais avec ferveur, me laissant emporter par mon art. C’était comme si mon âme était détaché de mon corps, flottant tout autour de ce dernier, au gré des délicieux courants musicaux que je créais. Et rien ne semblait capable de briser cet instant de magie.

Rien ? C’était peut-être s’avancer un peu trop. Intensément pris dans mon jeu, je n’avais pas remarqué l’individu aux cheveux blonds et à l’allure désinvolte qui s’était approché de moi. Aussi, lorsque celui-ci se mit soudain à parler, je sursautai et sortis brusquement de mon état de transe. Assurément, en ayant agi de la sorte, il ne s’était pas attiré mes faveurs. Et ses mots, absurdes et surprenants, quoique se voulant vraisemblablement élogieux à mon égard, n’allait pas arranger la situation.

Lentement, je décroisai mes jambes et me relevai, puis j’époussetai ma tenue, ne voulant pas la voir souillée par le moindre grain de poussière. Alors je daignai – enfin – accorder un regard au rustre qui venait de me déranger. Blond, cheveux mi- longs, physique plutôt banal. Portant une armure qui m’était inconnue mais qui, en toute vraisemblance, était d’argent. En somme, un chevalier des plus communs – si ce n’était cette aura malsaine qu’il semblait dégager, et qui me mettait même un brin mal à l’aise. Ma première réplique à son égard fut plutôt acide :

- Je suppose que vous souhaitiez me complimenter. Mais pour tout vous dire, être comparé à un volatile n’est pas quelque chose qui m’enchante particulièrement.

Le ton était donné. Si j’avais pu relever le compliment – maladroit – que l’homme m’avait adressé quant à mon physique, et que je m’en délectais intérieurement, je n’allais pas l’en remercier pour autant.

- Et effectivement, comme vous semblez l’avoir deviné, « moi le chevalier de la Lyre ».

Cette fois-ci, la moquerie n’était même plus dissimulée, même si j’avais pu remarquer que mon interlocuteur semblait s’efforcer de paraître sympathique. Pour ma part, même si j’étais habituellement plutôt avenant, le fait que le Centaure m’ait dérangé en pleine transe faisait que j’étais relativement peu enclin à me montrer sympathique à son égard.

- Eh bien, je remercie le seigneur Bach, si celui-ci ne tarit pas d’éloges à mon égard. J’ignorais que j’avais une « réputation » au Sanctuaire.

Et j’en ignorais la nature. Y avait-il un sous-entendu dans les propos du Centaure ?

- Et non, je ne sais rien de vous, Mercurio du Centaure.

Selon ses dires, c’était sûrement mieux pour lui. Ce « malheureusement » était assez équivoque, et plutôt stupide, car ce-faisant, il me permettait de savoir que ses antécédents étaient très certainement peu brillants. Lui tournant soudain le dos, nouvel preuve mon mépris, de ma colère à son égard, je lui demandai néanmoins :

- Mais vous voulez peut-être me dire ce que vous avez pu faire de si exceptionnel ?

Citation :

N.B. : Dans un souci de cohérence, chronologiquement, ce RP se passe avant mon combat avec Narcisse, vu qu'après ce combat, je n'habite plus dans la maison du Capricorne.

Mercurio eu un petit sourire gêné face aux réactions du musicien. Pour autant, intérieurement, il jubilait. Il ne se sentait jamais plus vivant que lors des conflits bien qu’il ne soit pas venu pour ça à l’origine. Il passa sa main dans ses cheveux d’une manière presque inconsciente tandis qu’il écoutait les dernières paroles du chevalier d’argent. Quant Orestis lui tourna le dos, un sourire cette fois clairement amusé prit place sur son visage. Ses yeux billait presque de joie. Il s’avança d’un pas souple pour venir se poster auprès du jeune homme aux cheveux bleuté, faisant fi de l’éventuelle envie de partir de son acolyte.

-Et bien, et bien… Je suis Mercurio, chevalier du centaure, l’amuseur publique qui rit au dépends de tout les autres. Ne m’en veuillez pas de ma formulation, ma meilleur amie est justement le saint du corbeau, rien de bien déshonorant ici. Le chevalier de la vierge n’est-il pas lui-même l’ancien détenteur de cette armure ?

Le jeune homme continua son chemin, se plaçant quelques marches plus haut que son compatriote. Ainsi agence, il dominait le musicien d’une tête et demie. Il en profita pour s’avancer légèrement vers ce dernier, l’incitant à reculer ou au moins s’arrêter dans sa fuite. Les bras croisés dans son dos, il reprit la parole.

-Quant à votre réputation… et bien, pour l’instant je dois avouer qu’excepter quelques brides de Dormin, il s‘agit surtout de votre combat au côté de Vachette. Bach du taureau pour les intimes.

Son sourire s’était encore agrandis, tenant plus du chat jouant avec une sourie qu’autre chose. De fait, il ne pouvait plus lâcher Orestis du regard, il en salivait presque. On lui avait placé un succulent morceau de chair qui en plus était récalcitrant. Encore un peu et le centaure ne se contrôleraient plus. D’ailleurs, pourquoi attendre ?

-C’est si dommage que vous ne connaissiez pas ma réputation… j’en suis affreusement confus, peut-être devrais-je vous donner un avant gout ?

Mercurio fit encore un pas vers le chevalier de la lyre. Sa main s’envola pour redresser une mèche derrière l’oreille du jeune homme avant de trainer quelques instants sur sa joue. Le tout c’était fait en quelques secondes pour tester la réactivité de son partenaire.

-Je suis le pécheur, celui qui vit par les vices. Je bois, je couche et teste toutes les substances qui me passent sous la main. Une après-midi en ma compagnie chamboulerait votre existence… Encore faut-il en avoir le courage…

À ce point, le centaure ne savait ce qu’il préférait. Que la lyre accepte son invitation à la débauche ou lui résiste encore, faisant augmenter l’envie de l’emmener dans les bas-fonds du sanctuaire. Dans tout les cas, à un moment ou à un autre, il croquerait ce succulent fruit et ses doigts delicats.

L’imbécile semblait vraisemblablement têtu, et pour mon plus grand malheur, il entreprit de me couper la retraite, se plaçant de façon à me couper la retraite, me contraignant à subir son ennuyeuse présence pour au moins quelques minutes encore. Puis, lorsqu’il tenta de s’approcher de moi, je me reculai. Je préférais mettre de la distance entre cet odieux individu et moi : qui savait ce qui pouvait lui passer par la tête ?

Mes sourcils se haussèrent lorsqu’il évoqua le Gold Saint du Taureau d’une façon bien étrange. Qui était-il pour se permettre de parler de lui en ces termes ?

- Voilà une façon bien particulière de nommer Bach du Taureau… êtes-vous donc si proches ?

Ma question était bien entendu rhétorique, uniquement là pour montrer à l’individu qui m’imposait sa présence qu’il serait bien qu’il parle de ses supérieurs avec davantage de déférence.

Puis les choses se précipitèrent. Le rustre tenta soudain de caresser mon visage – ou étaient-ce mes cheveux qu’il visait ? Je n’en savais rien, mais je ne lui laissai pas le temps d’agir. D’un geste rapide, je saisis au vol son poignet, et le repoussai fermement, avant de lui lancer d’un ton sec :

- Bas les pattes. Et ne vous avisez pas de recommencer cela à l’avenir.

Les propos qui vinrent ensuite confirmèrent la première impression que je m’étais faite sur cet individu : ce n’était qu’un rustre stupide, dont l’unique but était vraisemblablement de se vautrer dans la débauche. Et vraisemblablement, il croyait que j’étais fait du même bois que lui… J’étouffai un rire tout en lui répondant :

- Le courage ?

Le balayant ostensiblement du regard de la tête aux pieds, je continuai :

- Oui… j’imagine que d’une certaine façon, il faut avoir du courage pour « passer du temps en votre compagnie ». Et de la folie, aussi. Eh bien vous serez déçu d’apprendre que je ne suis ni courageux, ni fou.

Difficile de faire plus clair : la proposition de cet individu dégoûtant avait purement et simplement été écartée.

- A présent, je vous serais reconnaissant de vous écarter de mon chemin…

L’artiste avait la main ferme et des réflexes saisissants. Les yeux de Mercurio s’emplirent d’un appétit soudain, d’un intérêt plus développé. Les rebuffades qu’il reçut le fit sourire comme si Orestis venait de lui adresser un bon jeux de mot. Comme, si, lui-seul pouvait comprendre le comique de la situation. D’une certaine manière, c’était le cas, lui seul y trouvait son plaisir.

-Que d’énervement dans vos paroles… Vous aurais-je vexé ?

Lui aussi, prononçais sa question de manière rhétorique. Bien que vexé n’était peut-être pas le terme qu’aurait choisit le chevalier de la lyre. Tout cela importait peu, le blondinet se plaisait à pousser encore un peu plus son vis-à-vis. Il fit une révérence ironique tout en s’écartant du chemin de l’autre silver saint. Ne se départissent pas de son sourire sardonique. Son poignet le démangeait encore, preuve de la force qu’avait mise Orestis dans l’arrêt de son geste. Une telle réaction méritait quelques pensées. Si la plupart des gens n’accepte pas qu’on rentre dans leurs intimité et le visage faisait partie d’une des choses les plus intime de chacun, peu le repoussait aussi violemment. Se relevant, le centaure regarda le jeune homme d’un air moqueur.

-Vous me semblez particulièrement agressif. Êtes-vous si précieux à vos yeux qu’on ne peut toucher votre si beau faciès ? Voila quelques choses de bien ennuyant pour un combattant…

Mercurio fit quelques pas, suivant Orestis. Après tout, ce dernier n’avait rien dit quant au fait de marcher à ses côtés. Les mains croisés dans son dos, ses yeux ne lâchait pas le musicien un instant, l’observant attentivement.

-Quel dommage que vous soyez si distant… je suis sûrs que l’on se serait amusé comme des petits fou. Nous pourrions gouter à tout les fruits du péché ensemble et dans un plaisir sans fin mais soit, je suis d’humeur généreuse aujourd’hui.

Le blondinet s’arrêta alors que la lyre continuait de s’enfuir, remontant vers le temple du capricorne. Il gardait toujours son sourire moqueur tandis qu’il adressait une dernière fois la parole au musicien, le laissant s’éloigner.

-La prochaine fois que vous aurez le courage de marcher sur le chemin de la folie, n’hésitez pas à venir me voir hein ?

Le centaure eu un éclat de rire alors qu’il se moquait gentiment d’Orestis, une dernière fois avant de retourner plus bas, vers le temple du scorpion. Il imaginait facilement le silver saint faire ami-ami avec Elias, tout deux si fier et si prompt à juger le pauvre jeune homme qu’il était. Ou pas. C’est sur un nouvel éclat de rire que Mercurio se détournait à son tour.