Guerre avait eu entre les doigts pendant plusieurs jours le mystérieux talisman d’Ephtal. Il n’avait eu de cesse de le faire jouer entre ses doigts pour plonger finalement son regard dans le reflet mystique de la sphère noire, en quête de réponses mystérieuses. Il ressentait le Cosmos de son Maitre, celui qui pouvait masquer le sien, le neutraliser et l’occulter. Ce n’était pas une punition : c’était un sauf-conduit, une clé vers le monde et ses délices. Quel message résidait dans un tel présent : « va et vois le monde » ?, « je ne te veux plus près de moi » ?, « Répands le nom d’Arès » ?, « tu n’es rien face à mon pouvoir » ? Peut être était ce la le mystére que voulait résoudre le Cardinal.

Après avoir longuement hésité entre des choix muets, après avoir touché et vu l’objet sous toutes ses coutures, Guerre se leva et sans un mot, le passa autour de son cou. Sitôt que les mailles du bijou touchèrent la musculature épaisse de son porteur, la sphère noire s’illumina faiblement d’une lueur violette, laquelle semblait oscillait au rythme des pulsations cardiaque du Général des Flammes. L’étau était en place, ou plutôt le subterfuge. Le Cardinal ne ressentait plus rien émaner de lui, il n’était pas plus différenciable pour un initié d’un simple humain, son Cosmos était toujours là mais ne pouvait décemment pas s’ouvrir vers l’extérieur, comme confiné au sein d’une quelconque enveloppe hermétique.

Son Cosmos ne se répandait plus et de fait, ses effets avaient disparu également. Il lui avait suffit de marcher dans quelques couloirs pour se rendre compte que la nature ne s’entredéchirait pas sur son passage, que les rats ne s’entretuaient pas les uns les autres ou bien que de simples fourmis brisent toute notion de colonies dans une frénésie meurtrière. Là où certains auraient pu s’émerveiller d’une telle « normalité », Guerre ne ressentait pourtant rien si ce n’était du dégout : sa notion du monde n’était plus et il avait la sensation que ce dernier ne tournait pas rond. Un sentiment de malaise et une profonde hargne montaient en lui, avec l’idée forte comme quoi ce talisman créait un problème plutôt que de le résoudre.

Ses pas le portèrent rapidement à la lumière du jour, qui bien que déclinante, éclairait jusqu’à l’éblouissement les yeux d’une entité bien trop souvent habitué à la simple lueur des flammes, naturelles ou pas. Il y avait bien longtemps qu’il ne s’était pas mêlé à la civilisation, quoi de mieux qu’une auberge pour avoir sa dose de sociabilité ? Guerre n’eut pas à aller plus loin que le village voisin, miteux et pauvre, peuplé principalement d’agriculteurs et d’éleveurs, se regroupant dans le centre du hameau pour acheter le minimum pour pourvoir à leurs besoins. La main épaisse du Berserker poussa le bois pourri de l’établissement, occultant un temps l’intérieur de celui-ci par sa masse imposante. Les effets de la boisson se ressentaient d’ores et déjà dans l’atmosphère et justfiaient le peu d’attention témoignée à un tel colosse, d’ordinaire suivi du regard où qu’il aille.

Il s’assit à une table au beau milieu des clients, commanda une simple bière. C’est alors que son regard morne et délavé se posa sur ceux qui l’entouraient. Joie. Festoiement. Rires. Cris. Amabilité. Sourires. De tels sous-êtres n’étaient rien de plus que des hérétiques, des traitres à la vraie nature du monde, à l’ordre naturel des choses : ils n’étaient pas sains. Tel un prêtre convertissant des païens, tel un berger rassemblant son troupeau, tel un père corrigeant son fils, il ne pouvait laisser perdurer une pareille aberration, une pareille offense à l’Univers tout entier. Non …

Lentement, Guerre prit les mailles du collier d’Ephtal, et le retira délicatement, observant dans le creux de sa main la lueur s’affaiblir pour disparaitre. Libéré de ses chaines, le Cosmos du Cardinal se répandit, sinistre fumée d’éther dont personne ne pouvait distinguer les voluptes majestueux. Il collait aux peaux, s’engouffrait dans les poumons, s’imprégnait dans le bois. L’atmosphère devint précipitamment lourde alors que le volume baissa, tandis que les tensions devenaient de plus en plus palpables. Les mines se renfrognaient alors que les regards s’avilissaient envers ceux avec qui ils avaient ri il y’a encore quelques minutes.

La … Il la sentait, cette soif, cette frénésie, cette envie irrésistible qui n’avait que croitre que pour devenir une obsession. La montée avait été superbe, comme si tout avait mené vers cet instant précis, là où le temps se fige et où tout ne semble plus tenir qu’à un cheveu, une poussière. Un simple déclencheur, voila ce qu’il manquait et quoi de plus simple que …. Oh ! Quelle maladresse, la chope du Cardinal venait de tomber au sol dans un fracas remarquable. C’est alors que tous se jetèrent à la gorge des uns des autres, dans une simple bagarre de taverne qui pourtant grimpait exponentiellement en intensité, les poings devinrent des objets, les objets devinrent des armes, les armes furent des objets absolument insoupçonnable, comme si tout était prétexte à tuer ou blesser, et ces objets devinrent du sang, du meurtre et de la mort.

Guerre n’avait pas bougé d’un pouce, curieuse constante dans un tel chaos. Tout s’animait autour de lui alors qu’il contrastait pas son immobilisme et surtout par le fait que personne ne s’en prenait à lui. Il était invisible, omniscient, tel un superviseur, tel un père regardant ses enfants jouer, tel un berger observant ses moutons, tel un prêtre veillant sur ses fidèles.

Il avait fait sa bonne action, sa contribution au monde. Fort d’une telle satisfaction, il ne remarqua même pas le silence de mort qui s’était abattu dans le village lui-même, ni les cadavres qui jonchaient les rues. Il pouvait rentrer à présent et s’enfonçait dans les collines, sans même jeter un simple regard de fierté aux colonnes de fumée qui teintaient le crépuscule de feu derrière lui.

Je ressentis son aura avant même de le voir. Une perturbation pareille ne pouvait pas me laisser indifférent, surtout que je ne m'étais pas préparé à cela. Pouvoir se rendre au village le plus proche me permettait d'assouvir mes pulsions sans éveiller de soupçons au sein de l'armée d'Arès. Il faut dire que si trop de soldats disparaissaient, Ephtal risquait de le savoir et l'enquête mènerait directement à moi. Je ne pouvais me le permettre. Pas pour une dépendance qui me dépassait complétement. C'est pour le Gardien du Dédale était sorti de sa tanière...

Quoi qu'il en soit, lorsque sa présence se fit sentir à l'orée de ma conscience, la colère se mit à gronder dans mon cœur. Sans raison. Seulement cette envie insidieuse de faire passer sa haine sur quelque chose. Il ne fallait pas être devin pour comprendre ce qui se passait. Tout comme je savais comment limiter l'impact de cette conscience sur mon esprit pourtant aguerri. Mon maître m'en avait parlé. Ou du moins l'avait mentionné sans doute une fois ou deux lors de nos précédents entraînements.

Car vu la puissance, cela ne pouvait qu'être un des quatre Cardinaux. Et celui qui se prêtait le plus à ce petit jeu, c'était évidemment celui de la Guerre. Qui d'autre ? Je laissais mon cosmos prendre le dessus sur ma volonté, histoire de limiter un peu les effets de cette érosion de l'âme. Ce ne serait peut-être pas suffisant mais ça me laisserait le temps de m'approcher de lui. Qu'est-ce qui pouvait pousser un homme - l'était il vraiment ? - tel que lui à quitter ainsi la Citadelle ? Je n'en avais aucune idée. Mais je ne comptais pas rester terré comme un couard. L'ombre de la Mort n'avait pas à craindre l'un des anciens élèves de son maître après tout.

A mesure que je me rapprochais de lui, je distinguais au loin une colonne de fumée. Peu à peu je comprenais que celle-ci s'échappait du village en contrebas de la colline. Peu à peu je devinais que Guerre n'était pas étranger à cette chose. Qui d'autre sinon ? Enfin, je distinguais les contours d'une silhouette presque brumeuse. Mon esprit devait sans doute me jouer des tours. Un colosse, véritable chef de guerre, s'approchait de moi. Son aura bouillonnait autour de lui mais ce n'était pas visuel. Seulement ma conscience distinguait quelque chose de plus fort encore. Mais malgré sa puissance, il restait un soldat d'Arès. Un Cardinal, certes, mais qui n'était rien d’autre à mes yeux qu'un guerrier comme les autres. Avec plus de pouvoirs certainement. Mais je ne dépendais pas de son autorité. Je ne m'inclinais que devant Arès et son Prophète. Me dévoilant à lui, je portais mon poing fermé au niveau du cœur de ma cuirasse, afin de saluer le Cardinal que je rencontrais en réalité que pour la première fois. Distinguer un homme dans la Citadelle entre deux couloirs ou le voir ici, face à moi, ce n'était évidemment pas la même chose.

- Cardinal ! Je vous présente mes respects les plus sincères. Je suis Nosgoth de la Tarentule, fils de l'armée du Feu et élève du Prophète Ephtal. J'ai ressenti votre aura, je vous prie donc de pardonner mon intrusion. Je comptais me rendre au village le plus proche mais à en croire cette fumée derrière vous, je doute qu'il en reste encore grand chose, n'est-ce pas ?

Je pouvais encore m'y rendre mais savoir que le village pouvait avoir été décimé me donnait un laps de temps supplémentaire. Je pouvais y retourner plus tard et quitter la place de suite risquait d'attirer son attention. Encore qu'il puisse s'en moquer éperdument.

- Si vous me le permettez, j'aimerai vous servir d'escorte jusqu'à la Citadelle. Peut-être ainsi pourrais-je savoir précisément ce qui s'est passé là bas pour qu'un Cardinal se déplace en personne.

Beaucoup de Berserkers aimaient vanter leur force, courage et autre ineptie de ce genre. Pour ma part, je ne croyais qu'en la débrouillardise. Mais passons. Tout ça pour dire qu'ils aimaient de temps à autre perpétrer de véritables massacres afin de s'en vanter plus tard. Guerre était-il lui aussi de cette "élite" ? Peut-être... Je préférais toutefois m'en assurer avant de condamner trop durement un des Cardinaux. Je n'appréciais aucun d'eux bien sûr - Ephtal étant une exception - et je me gardais bien de leur exprimer clairement le fond de ma pensée. Il était encore trop tôt.

Citation :

Et encore une fois désolé, trop de rp à finir pour le 31 xD

Je l’écoutais avec une extrême attention, essayant de ne pas diriger mon regard sur son destrier. Les Cardinaux en possédaient tous un avec d’obscures pouvoirs et je me méfiais comme de la peste de ce genre de montures. Arès était un dieu particulier après tout, ce serait se mentir que de dire le contraire, et j'imaginais sans mal le vice qui habitait chacune de ces créatures. Étaient-elles à l'image de leur maître ? Si cela s’avérait exact, les ennemis du dieu de la Guerre auraient vraiment du soucis à se faire lors des batailles à venir. Mais au delà de ça, ce fut surtout le calme que je ressentis alors que le Cardinal portait quelque chose à son cou. Pendentif, autre objet du même genre ? En tout cas, je sentis l'apaisement presque immédiat de mon esprit, comme si je sortais d'une transe étrange. Ces hommes et ces femmes étaient vraiment de puissants guerriers, à n'en pas douter.

Pour le reste, je comprenais ce qu'il voulait dire. Et me rendre dans la ville maintenant aurait été inutile. Moi-même, en étant pourtant protégé par mon cosmos, j'avais ressenti les effets de cet homme au plus profond de mon être. Inutile de dire que de simples mortels n'avaient pu que s'entre-tuer, sans même se rendre compte de ce qu'ils faisaient. Ou du moins, sans vraiment savoir pourquoi une telle rage les habitait. Cette fumée s'expliquait donc. Tout comme le passage du Cardinal de la Guerre dans les parages.

Mais Guerre avait une bien curieuse façon d'exprimer ce qu'il faisait. Et je préférais ne pas poser plus de questions. Outre le côté sans gêne que je ne possédais pas, cela risquait surtout d'attirer plus de doutes encore à ce sujet. Il avait agi selon ses principes et je n'allais pas le questionner plus en avant. Un Cardinal restait un des quatre Généraux, leurs actions ne devaient donc être jugés que par Arès en personne et son Prophète. Je n'étais ni l'un, ni l'autre. Et c'était pour le mieux. L'ombre m'allait à merveilles et au moins, on ne pouvait juger ce que l'on ne voyait pas.

- Ne sommes-nous pas toujours en mission ?

Je jouais avec le feu en répondant ainsi mais en un sens, c'était la stricte réalité. La guerre était désormais déclenchée et nous n'étions que des soldats d'un dieu puissant. Ainsi, notre mission première était de rapporter la victoire à celui qui nous avait découvert, sans concession aucune. Pour le reste, j'allais tout de même apporter une réponse plus précise à sa question. Il ne serait pas bon d'attirer l'attention sur moi alors que mes "petits travers" ne devaient pas être dévoilés. Guerre avait besoin de rétablir l'ordre de son petit monde par ce genre d'action. Pour ma part, je me devais de calmer cette faim peu naturelle que déclenchait cette cuirasse dans mon esprit.

- Il me semble naturel que l'Ombre de la Mort puisse savoir ce qui se passe autour de la Citadelle. Les esprits s'éveillent et les armées de nos ennemis nous recherchent. J'aime donc parcourir nos terres afin de repérer ces puissances et de voir ce qu'elles font. Intervenir n'est pas dans ma nature et cela ne ferait qu'éveiller les soupçons de nos ennemis si leurs soldats disparaissaient dans les parages, n'est-ce pas ? Ainsi, je les observe jusqu'à ce qu'ils quittent notre territoire. Les villages comme celui dans lequel vous vous êtes rendus sont de bons nids à informations. Et de nos temps, tout est bon à prendre.

Je ne mentais pas réellement. La seule chose que je masquais, c'était le but premier de mes escapades. Un ou deux villageois qui disparaissaient, ça n'effrayait personne. Et j'avais plus que jamais besoin de me nourrir de viandes fraîches.

- Je suis sûr que vous comprenez la nécessité d'une telle mission. Je dérange mon maître seulement lorsqu'une information me semble plus importante que les autres. Mais je dois admettre qu'il peut paraître étrange d'agir comme je le fais. Disons que je n'ai foi qu'en mon propre jugement et que je ne me verrais pas déléguer pareille tâche à un simple soldat. Vous savez désormais tout, Cardinal !

Edit du 11/03/12 : Ce rp est annulé, désolé Guerre mais j'ai trop attendu. Pas envie de patienter un mois entre chaque réponse.