Les plaines Balkaniques... Régions sèches au possible, territoire du groupe qu'il recherchait activement. Connaître approximativement l'endroit où ils se cachaient ne signifieraient rien par ici. Les Plaines du Prévalatane étaient vastes et Arès bien caché. Ephtal lui avait cependant précisé qu'ils étaient aux abords du lac Shkodër, ce qui permettait déjà de mieux cibler la zone. Mais désormais, les cartes n'étaient plus entre les mains du Légat. Et s'il aurait pu envoyer ses armées fouiner un peu partout, il savait que cela prendrait trop de temps. Lui qui était capable de sentir le cosmos, il ne parvenait même pas à percevoir les armées du seigneur de la Guerre. Leur citadelle devait bénéficier de protections redoutables.

Il était donc temps de se poser aux abords de ce lac. Cléo et Sephios l'accompagnaient dans ce périple. Les trois autres généraux l'ayant suivi au Sanctuaire ayant combattus là bas, Orpheus avait prit la décision de faire appel à des troupes fraiches. Cléo était évidemment celle qui devait le suivre. Et le Général du Dragon des Mers était largement capable de le seconder dans cette nouvelle mission particulière. Il l'avait donc rejoins avant de prendre ce chemin étrange. Prenant sa flûte entre les mains, Orpheus s'adressa une nouvelle fois à son élite.

- Inutile d'aller plus en avant. Laissons les venir à nous, guidés par notre cosmos. Reposez-vous un peu en attendant, on risque d'avoir besoin de toutes nos forces face aux armées d'Arès. N'oubliez pas qu'ils sont nos alliés. Mais que certains possèdent de biens étranges dons.

Des conseils plus que des directives. Chacun ici connaissait l’importance de cette alliance. Et si Orpheus souhaitait avoir des réponses sur quelques sujets sensibles, cela ne le regardait que lui et Ephtal. Le Prophète avait montré qu'il était un homme d'action mais qui savait utiliser la diplomatie lorsque cela était nécessaire. L'alliance entre Poseidon et Arès était donc une aubaine pour les deux factions. Surtout pour ce que cette force de frappe pouvait apporter à l'avenir. Amenant le bec de sa flûte à ses lèvres, Orpheus ferma son œil unique et laissa alors parler son esprit. Et plus précisément son cosmos.

Si Arès avait des guetteurs dans les parages, ils ne pourraient passer à côté de cette délégation. Alors que les notes s'élevaient dans les airs, portées par la toute puissance du Légat, ce dernier se laissait complétement absorber par sa tentative. Le joueur de flûte allait attirer ici ceux qu'il voulait voir. Il ne pouvait en être autrement. Et si la mélodie semblait douce, cela s'expliquait surtout par le fait qu'il ne désirait pas qu'ils passent pour des ennemis Après tout et le Légat savait jouer sur les nuances de sa musique et il en profitait allégrement. Il continuait de jouer et ne cesserait qu'une fois ses hôtes présents. Sephios et Cléo le protégerait en attendant.

Le passage entre les souterrains et la surface se refermait aussitôt que le cosmos appartenant aux cuirasses se faisait plus distant. La lumière du jour forçait le Python à plisser les yeux, il fallait dire que son nouveau mode de vie le tenait bien trop longtemps à l'écart de toute cette luminosité, un temps de réadaptation semblait nécessaire pour ne pas s'aveugler bêtement. Sans faire un pas de plus, il aiguisait ses sens de manière à localiser des phénomènes étrangers à cet endroit désert. Frappé par la présence d'un cosmos inconnu, il s'attardait un instant sur la nature de celui-ci comme pour l'enregistrer fidèlement. Bien, les invités du Prophète semblaient en effet se trouver dans les environs. Casshern haussait un sourcil alors qu'il continuait à focaliser son esprit sur l’énergie qui les appelait. Il y avait autre chose. Se tournant vers son frère d'arme avec qui il n'était pas aller plus loin que les simples présentations, il le fixait d'un air interrogateur comme pour obtenir l'appui d'une autre forme de perception.

Hmm, tu entends ça ? Un son... ou plutôt une mélodie. Reprenant soudainement son attitude initiale, il se tournait vers une direction. Elle semble lointaine, mais assez précise. Je sens qu'on va devoir suivre les rives du lac encore un moment avant de pouvoir remonter jusqu'à sa source. Ne perdons pas de temps, profitons de cette musique avant que son créateur ne se lasse de jouer...

L'homme à la chevelure écarlate entraînait le dénommé Lazar à sa suite. La volonté d'Ephtal allait bien évidemment être accomplie, mais quand même, donner la localisation de la Citadelle aux serviteurs d'autres dieux l'inquiétait. Le mystère qui planait autours de la position de celle-ci était en grande partie responsable de l'infaillible sécurité de cette base forte, et si une alliance brisait si facilement ses secrets... Cette histoire l'agaçait. La trahison restait un instrument courant entre les mains des dieux et pourtant, la confiance semblait toujours revenir comme si de rien n'était. Enfin, il se gardait bien de donner son avis à quiconque, l'important étant de ne pas commettre soi même ce que l'on condamne : Le prophète voulait accueillir ses hommes dans l'enceinte de son palais, il en serait donc ainsi. Sans chercher à masquer sa présence, il s'approchait du lac en suivant de près les notes mélodieuses qui traçaient une voie jusqu'à la délégation des marinas.

Après une marche raisonnable sur le flanc Ouest de ce lac géant, le duo de berserkers pouvaient ressentir précisément les trois auras qui se distinguaient. La rencontre était imminente. Puis finalement, le contact visuel s'établissait entre les différents protagonistes alors que la dernière note de cette longue et douce mélodie s'éclipsait pour laisser place au dialogue. Le Flamboyant s'inclinait légèrement en guise de présentation, c'était le minimum correct face au Légat de Poséidon avec qui une alliance devait être entretenue. Toutefois, il se redressait rapidement afin de préserver sa fierté. Celle-ci ne pouvait ployer entièrement que face à un unique Dieu et à son représentant. Il accordait également un salut respectueux à la garde personnelle du Légat.

Nous vous souhaitons la bienvenue, émissaires de Poséidon. Mon nom est Casshern, le Prophète a entendu votre appel et nous a envoyé à votre rencontre afin de vous guider jusqu'à la Citadelle. Le soldat marquait une pause, permettant également à son frère d'arme de se présenter. Il y a encore du chemin à faire avant d'atteindre les Portes alors, si vous le permettez, reprenons la route dès maintenant.

Une présentation brève qui amenait avant tout à suivre la procédure. Le Python ne proposait pas de répondre à d'éventuelles questions sur la route ou d'autres formes de politesses qui pourraient mettre à l'aise ses invités. Évidemment, si ceux-ci se mettaient à poser des questions il ne manquerait pas de leur répondre avec courtoisie, mais son objectif étant d'amener les Marinas jusqu'à Ephtal et ne partageant pas particulièrement cette confiance il préférait s'en tenir à cela. Peut être que Lazar reprendrait la suite en apportant ainsi un peu plus de naturel, à lui de décider. Casshern prêtait tout de même un oreille attentive à la délégation et à son camarade un peu bourru, au cas ou.

Le Prophète l'avait mandé! Et cela dans le but de l'envoyer en première ligne! Telles étaient les pensées qui s'entrechoquaient dans le serveur du Lazar alors qu'il ressortait de son entretien avec ledit maitre. On lui avait adjoint le renfort d'un autre type, à la chevelure de feu et au corps de fille. Bref, entre ça et sa récente rencontre avec Nosgoth de la Tarentule, le colosse commençait à se demander si il n'avait pas affaire à une tribu d'amazones au sein de la Citadelle...

Sortant de la forteresse souterraine, l'homme pris le temps d'inspirer profondément, se payant ainsi un bon bol d'air frais. Adepte des grands espaces, il avait un peu de mal à vivre sous terre, comme un lapin, ou une belette. Et il prenait surtout cela comme une faiblesse, même après que le Cardinal de la Mort lui ait affirmé que cela facilitait leur tranquillité et leur préparation pour la guerre à venir. Dans l'esprit de l'oriental, une armée de combattant telle que celle d'Arès ne devait pas croupir dans un trou à rat, aussi confortable soit-il. La guerre faisant rage à l'extérieur, c'était leur dû qui leur était arraché. Tout cela pour dire au final qu'il était pas mal heureux de se retrouver à la surface. La brise était fraiche, les oiseaux piaillaient, la musique était douce, la...

Euh, y a comme un problème, là...

Son acolyte lui confirma qu'il n'était pas fou - pas pour cette fois-ci. Prenant les choses en main, il se heurta à l'air pincé du géant, qui était passé de statue stoïque à Professeur.

Vois tu l'ami, la réverbération des sons sur l'eau du lac nous donne l'impression que l'son est partout à la fois, et aussi loin qu'on pense. Mais en fait, il peut très bien s'trouver tout prêt! Bref, j'te suis.

Déstabilisant, lorsque l'on est guère habitué à traiter avec cet homme. Mais cette attitude fit place à de la bonhommie, le type partant à la suite de son équipier en balançant les troncs qui lui servaient de bras de façon cadencée, comme à la promenade. Il ne leur fallu pas longtemps pour repérer les cosmos de leurs cibles - mais était ce des cibles? - et de se rendre à leur rencontre. Comme par hasard, le bruit de flûtiau se faisait plus fort dans cette direction. Ressentir l'énergie cosmique des autres était assez perturbant, chose toute récente depuis le combat qui avait opposé l'ancien bandit contre son armure récalcitrante. Fort heureusement, il n'était plus handicapé par ce détail, à présent.

Tue, tue, tue...

Issue le la Cuirasse, la litanie d'émotions s'égrenait sans fin. Pour l'heure, cela irritait plus le géant qu'autre chose.

Et m'faire débiter en tranche par l'Guide? Même pas en rêve, mon p'tit.

Les deux hommes faisaient maintenant face au trio de nouveaux arrivants, duquel provenait la mélodie horripilante. L'instigateur était un borgne, avec une armure ressemblant à une jupe, et des ailes. Un type du Nord, peut être? Leur mœurs étaient étranges. A côté de lui, un autre type à l'air tout aussi efféminé attendait. Ce fut à ce moment que Lazar compris la phrase du seigneur Ephtal sur la décadence et la purification. Si des mecs en jupe décidaient du sort du monde, on était mal barré. Enfin, il irait pas jusqu'à lui dire, il avait déjà eu son compte avec l'autre araignée frêle...Il apparaissait que les dieux aimaient confier du pouvoir à ce genre de types, juste pour dire "ah ah! Moi le dieux Trucmuche, j'ai fait de cet asticot un loup!".

Ses pensées s'interrompirent alors qu'il suivait Cheveux-de-feu dans sa petite révérence. Fallait suivre le protocole, s'en tenir à ça, et ronger son frein. Un poing sur le cœur, il pencha la tête, en un salut martial qui décuplait sa férocité, en y ajoutant son armure hérissée de pointe ainsi que ses deux mètres dix couplés à plus de cent cinquante kilos de muscles. Relevant la tête, laissant le type aux serpents parler, il avisa le troisième membre de cette expédition. Une femme...son armure ne couvrait vraiment que les points stratégiques, et étudier les formes ainsi révélées déclencha une vive excitation de la part de l'Oriental.

Fourre, fourre, fourre...

Ouais, là dessus, j'peux pas t'contredire, mon cochon...cette petite là, je la verrais bien au bout de ma b...

...ref, il l'avait pratiquement mangé du regard. Savoir qu'elle était une combattante attisait le feu intérieur qui lui réchauffait le ventre. Un combattant aime arracher ses trophées, enfoncer les obstacles pour ensuite...ah, c'était à son tour de se présenter.

Lazar du Phacochère, pour vous servir. L'Prophète est impatient d'vous voir, et on fait pas attendre l'Prophète. On va donc vous am'ner à la Citadelle de suite, que vous puissiez faire ce pourquoi vous êtes v'nus.

Cela s'enchainait merveilleusement avec la dernière phrase de son acolyte, qui les adjoignit à se rendre jusqu'à la porte sans plus tarder. Le Berserker du Python garda le silence un moment, aussi le géant se senti obligé de meubler un peu, alors qu'ils arrivaient en vue de la bute cachant l'entrée de leur citée souterraine.

On arrive près d'l'entrée. Vous avez la mer comme foyer, et les types d'l'Empire possèdent la Terre. Comme le Dieu des Morts règne sur les profondeurs, on a bien dû s'trouver un entre-deux, histoire d'y faire not'place. Bon, de l'extérieur, ça a pas l'panache d'une place de guerre, mais vous allez voir , l'intérieur fait son effet. Et puis, ça nous évite l'inconfort d'être découvert trop rapidement...

Reconnaissant le cosmos des deux envoyés du Guide, la Porte d'Obsidienne s'ouvrit, gueule béante donnant sur les profondeurs du sol. Laissant Casshern pénétrer dans ce Sanctuaire de la Bataille, il ouvrit un bras dans une invitation sans ambiguïté.

Si mes Seigneurs des Mers veulent bien se donner la peine...

Cela lui permettrait en outre de pouvoir reluquer sans vergogne l'océanique petit derrière de la petite en rouge. Et ça, ça n'avait pas de prix.