Comme toute guerre à son lot de morts et de blessés, il y a dans toute bataille des événements bouleversants. Dans le feu de l'action, les soldats tombent, le sang suit la même direction, et parfois, l'émotion submerge l'homme. Ce sentiment d’impuissance qui gagne le cœur de certains, dont la tristesse de voir ses camarades apparaît comme une douleur psychologique qui frappe la conscience tel un corbeau s'acharnant sur un cadavre. Voir Japheth tomber au combat eut presque le même effet pour Noxius. Il avait encaissé l'attaque de trop, et le voilà qu'il laissa seul le Cerbère face à deux guerriers bien déterminés. Celui qui maniait les âmes de morts semblait rejoindre peu à peu ses sujets. Une triste sortie de scène pour un Chevalier d'Or qui était d'un point logique sensé déclarer forfait après le Silver Saint bien plus faible que lui.
A présent exposé aux menaces du tandem prêchant la volonté d'Arès, le milanais fit le choix d'utiliser tout les moyens dont il disposait pour parvenir à son but; en l’occurrence: repousser l'envahisseur. Il devait jouer toutes les cartes qu'il avait en main, sans hésitation. L'avenir du Sanctuaire ne se jouait pas simplement sur sa simple victoire. Néanmoins, s'il parvenait à vaincre, son geste aiderait à la réussite de l'ensemble des protecteurs du territoire sous le joug direct d'Athéna. Ce fut une éventualité évidente, que Noxius ne pouvait se permettre de ne pas envisager. Depuis sa rencontre avec Cyrus, il avait fait tant d'efforts pour contribuer à son propre avenir, désormais lié au destin du Sanctuaire. Il avait du braver les tourments de la solitude, en attendant que l'espoir de changer de vie, matérialisé en un seul homme, se manifeste et vienne le libérer. Quittant le bagne familial, il s'était convaincu d'utiliser le Cosmos qui jusqu'à présent lui était étranger pour la justice que prônait la déesse de la Sagesse.
Et aujourd'hui, ses convictions n'avaient jamais autant été fortes qu'en cet instant brusqué par la guerre.
— Hells Gates !
Ce fut en deux mots plein d'énergie condensée dans un parler léger que Noxius exprima toute la volonté dont il disposait pour vaincre. Une phrase, qui étouffée par le bruit des assauts hostiles, matérialisa autour du Cerbère une véritable défense quasi-imparable. Le cosmos indigo de Noxius s'échappa de chaque pore de sa peau, prit une première forme gazeuse. La cosmo-énergie de l'enfant quitta son corps de la même sorte que les vapeurs ardentes d'un volcan: plein d'animosité au moment de l'éruption, c'était ici des fleuves sanglants qui coulaient le long de l'édifice. De ces mêmes rivières teintées par l'hémoglobine, des voluptés d'énergie s'en dégageaient, et prirent peu à peu une forme liquide autour du bambin. Un cercle de mauve se dessina, entourant le guerrier à la solde de la Déesse athénienne, et soudainement, se solidifia.
Un rempart tout droit sorti des Enfers, ersatz de l'entrée du monde souterrain qui afficha une décoration sombre se créa ainsi autour du juvénile guerrier. Chaque coup parut plus léger, plus faible, mais le sang qui suppura de la peau tendre de l'adolescent était là pour rappeler que la protection n'était pas parfaite. Les assauts s'enchainèrent, la véhémence s'additionna au fil du temps ébranlé par le drame. Et lorsque les Portes de l'Enfer de Noxius s'effondrèrent, l'enfant courba l'échine dans le mouvement. Le bruit d'une démolition couvrit l'essoufflement enfantin du Saint. Il était à bout. Bien que sa détermination était à son apogée, la fatigue le tiraillait. Il sentait ses forces se réduire à travers chaque muscle de son corps. Le sang était une force qui fuyait le corps de l'enfant. Une exode dont Noxius tenta d'effacer dans son esprit. Même si ses forces l'abandonnaient, il ne devait en aucun cas abandonner. Tant de vies reposaient sur ses frêles épaules.
Dans un ultime sacrifice, il libéra le pouvoir enfoui en lui. Un torrent d'énergie envahit progressivement la pièce. Le Cosmos originel de Démosthène s'éveilla dans la maison du Cancer. Teintées de nuances de violets, l'énergie cosmique de l'enfant exprima toute la puissance de ce dernier. Dans un dernier soupir, il sortit sa carte maîtresse, s'éveillant au septième sens. L'attaque dont il allait faire usage était inédite: aussi bien dans ce combat, que pour l'adolescent. Bien qu'il était parvenu à approcher et à apprivoiser son énergie la plus pure, il n'avait jamais été capable de la maîtriser au point de manifester cette pluie torrentielle d'énergie sous la forme d'une attaque. L'occasion se présentant aujourd'hui à lui, il observa la salle désormais obscurcie par sa toute nouvelle technique. Si auparavant, les Portes des Enfers qu'il avait invoqué pour lui venir en aide contre les vagues d'assauts étaient une pâle copie minuscule de l'imposante entrée du royaume d'Hadès, l'attaque qui se forma dans le temple grec était d'une toute autre nature. Fille de la Nuit et des oneiroi, le voile qui se dressa était d'un Cosmos marquant le contrôle du septième sens. Dans des abysses oniriques, le Cosmos calme de Noxius s'en prit à Okra. Les teintes colorées de la technique s’effacèrent, sombrant vers des radiations plus obscures, tel un astre sombrant dans le chaos de la nuit. Une chute d'une étoile maléfique, qui à présent allait être confronté à tout autre fléau. Il n'était plus question de chiot, de crocs, de griffes. Ce n'était plus l’œuvre d'un chétif animal tentant de se débattre contre la Pestilence.
C'était le Rêve en personne, qui allait hanter et détruire la vile donzelle dans une abyssale force venue des temps anciens.
Les minutes s'écoulèrent, dans un silence hurlant. Le cauchemar vivant s'éteignit, et dans sa disparition, le souffle haletant de l'enfant guerrier marqua la fin d'un assaut inespéré. Adossé le bras ensanglanté, l'armure en éclats sur quelques parties de sa Cloth, il respirait avec difficulté contre un des piliers restant. Il avait espéré que la pression onirique produite par son cosmos originel ait emportée la diva. Son pessimisme de combat cependant le poussait à supposer qu'il se pourrait qu'assistée de son camarade Jevren, elle est pue résister. Mais il était inutile que sa résistance ait été parfaite, tout comme l'eut été la défense infernale de Noxius quelques minutes avant. A demi-fier de son exploit, l'enfant au Rêve, dans un léger soupir, leva la tête. Hallucination due à la fatigue ou résonance avec sa Constellation protectrice, qu'importe; il aperçut le Cerbère qui veillait sur lui. Le massif animal à la couronne reptilienne croisa un triple regard avec l'enfant. Bien qu'ils pouvaient en être capable, aucun mot ne sortit. Seul la pupille de jade du garçon exprima la pensée de Noxius. Et en retour, le gardien des Enfers acquiesça.
L'heure de rejoindre dans un sommeil éternel approchait pour Démosthène. Bien que le sort des perdants au cours d'une guerre sainte opposant par exemple comme ici Athéna à Arès se traduisait par le jugement dernier, Noxius espérait mourir autrement. Il ne voulait pas mourir, mais accepter une toute autre forme de châtiment. Pour un adorateur et un penseur du Rêve, il voulait mourir au sein de l'entité abstraite qu'il chérissait dans les bras de la Nuit. Après ses péripéties familiales, où il se réfugia dans les textes mythologiques, il s'était fait une raison. Au lieu d'accepter la sentence d'un voyage chez Hadès, subissant par la suite le cycle de la réincarnation, il désirait étrangement pire. Quitte à ne pas retrouver la vie dans une autre existence, il souhaitait plus que tout abandonner son enveloppe charnelle et voyager spirituellement au royaume du Rêve. Un monde où les âmes sont prisonnières pour l'éternité. Baignées dans un rêve infini, les bagnards de cette dimension habitée par les oneiroi étaient condamnés indirectement. Leur punition était un cauchemar qu'il ne pouvait voir à travers leur rêve. Mais seul les grands héros, et les rois prestigieux avaient le droit à cet honneur paradoxal. Reniant sa faiblesse, Noxius espérait que les dieux puissent être indulgents avec lui. Au-delà de la mort et de la geôle spirituelle, il ne voulait que faire plus qu'un avec le Rêve. Quitte à perdre sa conscience, il voulait fusionner, se désintégrer en le Rêve.
Pourtant, il ne le savait pas encore, de sa naïveté et son optimisme enfantin, mais le destin l'avait poussé à rejoindre le sillage de son Cerbère gardien. La rosée sanglante entourant le corps fragile du Silver Saint était à l'image de la mort: froide, humide, omniprésente. Le Cerbère stellaire saurait-il faire retarder cette mort attendue pour lui permettre de se diriger vers des cieux plus rêveurs ? - Citation :
- Le combat s'arrête là. Je déclare forfait, puisqu'au passage je vais devoir avec regret quitter le forum. Je laisse le soin à Jevren et à Okra de conclure ce combat comme arrangé. Désolé à tous ceux avec qui j'étais censé poursuivre ou débuter un RP, mais forcé de prendre des décisions, je n'ai d'autre choix que d'abandonner la communauté SSU.
Et un grand merci à tout les RPGistes avec qui j'ai eu le plaisir de RP, je garderais un bon souvenir de ce forum ! =)