La nuit tombée, bien des personnes rentraient chez eux, et ce même au Sanctuaire qui suivait la même course du soleil qu'Athènes. Marchands, artisans, gardes et autres passants, tous retournaient à leurs demeures pour profiter de la nuit pour reprendre des forces pour le lendemain. Cette vie n'était pas facile tous les jours, mais telle était la leur. Pour les saints résidant au Sanctuaire, les choses pouvaient être vues sous le même angle, à ceci prêt qu'ils n'avaient pas que le poids de leurs propres existences à porter. Eux, devaient vivre en sachant que de la protection d'Athéna dépendait la paix, même relative, des Hommes.

Mais tous les chevaliers d'Athéna ne se sentaient pas forcément touchés par le sort de l'humanité. C'était le cas de Narcisse, qui - comme souvent - se promenait dans le Sanctuaire. Celui-ci était bien calme pour l'heure, avec les deux tiers de ses effectifs de partis. C'était d'ailleurs pour cette raison que le chevalier du Capricorne se permettait de se promener ainsi, car la plupart des maisons étaient vides et il ne risquait pas de croiser quelqu'un, préférant comme toujours sa propre compagnie à celle des autres devant lesquels il devait toujours porter un masque de société.

C'est ainsi qu'il vit une étrange silhouette à la lumière des astres, à quelques marches du plateau sur lequel se trouvait sa maison. Habillé de vêtements amples, blancs et simples, le Gold Saint ressemblait plus à un homme normal qu'à un chevalier - mais c'était sans compter sur sa chevelure d'émeraude qui renseignait immédiatement n'importe qui au sanctuaire sur son identité -. Ce qui n'était pas le cas de la personne qu'il voyait assise là-bas. Celle-ci était en armure, possédait une étrange chevelure rouge orangée à la lumière de la lune et n'avait en apparence pas l'intention de bouger de là où elle se trouvait. L'observant de dos, Narcisse voyait là le port altier d'une femme fatiguée, surtout à cause de sa chevelure et des reflets roses de son armure. L'armure d'Andromède à n'en point douter. Ainsi ils avaient un nouveau Bronze Saint. Et s'il se trouvait là, c'était qu'il se dirigeait vers le temple d'Athéna se présenter au grand Pope. Sauf, qu'il était absent : personne ne l'avait prévenu ?

N'utilisant pas son aura pour s'annoncer, il parla simplement, après s'être approché à pas de loups du saint.
- Vous avez des chambres aux baraquements, Bronze Saint. Les marches ne sont pas faites pour dormir.

D'un regard un peu sévère, le Gold Saint du Capricorne toisa cette jeune personne qui avait simplement voulu reprendre son souffle. Puis son regard et son visage se radoucirent pour laisser place à un simple sourire. Une main sur la hanche, il regarda donc l'inconnu s'incliner face à lui et se répandre en excuses et lui annoncer qu'il allait continuer sa route. Narcisse et lui auraient pu en rester là, si le dit inconnu n'avait pas fait mine de recommencer à monter les marches, plutôt que de les descendre. D'un clignement de ses paupières, ses sourcils se froncèrent et le chevalier vint se placer sur la route du Bronze Saint.

- Nous nous sommes mal compris on dirait. Pourquoi montez-vous ces marches ?
Le regard bleuté de Narcisse croisa celui du chevalier d'Andromède. Une éclaircie révéla dans le ciel étoilé la lune qui jusque là se cachait. Sa lumière leur permit à tous les deux de se distinguer aussi clairement qu'en plein jour, pour quelques secondes seulement. L'inconnu avait la peau blanche et apparemment bien belle et douce. Ses yeux d'un vert qu'il n'avait jamais vu jusque là fixaient les siens. Quand à sa chevelure, quelle découverte ! Narcisse n'avait jamais vu une chevelure enflammée de cet acabit. Il s'agissait donc d'une personne ayant des accointances avec le sang des peuplades du nord de la Gaule.

Mais plus important fût l'association de chaque élément de son visage, comme de sa voix, de son regard, de son armure... Ce nez fin, ce timbre léger, presque trop peu masculin... Il y avait des hommes comme cela. Car la logique rattrapa vite l'homme à la chevelure d'émeraude : il ne pouvait pas s'agir d'une femme car elle ne portait pas de masque. Donc logiquement il s'agissait d'un homme. Mais d'un bien bel homme qui ne laissait pas le Gold Saint du Capricorne en robe de chambre indifférent.

- Comment vous appelez-vous, Bronze Saint ?
Le ton de Narcisse était bien moins péremptoire qu'auparavant. La lune disparue à nouveau derrière les nuages, le ramenant sur terre.
- Qui allez-vous voir à cette heure tardive ?

Narcisse haussa un sourcil et pencha la tête de côté en observant son interlocuteur lui déclamer des excuses d'un air un peu paniqué. Le Gold Saint se demanda alors s'il était si intimidant que ça, dans ses atours blancs, pour ainsi faire balbutier un chevalier d'Athéna, même de Bronze. Mais derrière les brides de mots, le Capricorne comprit que Dormin d'Andromède, puisqu'il se nommait ainsi, voulait aller voir le Grand Pope pour lui faire un rapport. Quelque chose fît tiquer Narcisse : depuis combien d'années était parti le Bronze Saint d'Andromède déjà ? Il ignorait quelle mission lui avait été confiée mais dans un sens, il préférait rester au Sanctuaire que de courir les routes, lui. Il n'empêche, ce personnage était des plus ambiguës dans ses faits et gestes. N'importe qui pouvait le voir dès le premier coup d'œil. Mais il existait des hommes très efféminés - et l'on disait parfois de Narcisse qu'il l'était -, aussi n'était-il pas plus étonné que ça.

On aurait d'ailleurs pu croire que cela rendrait Narcisse nerveux, voir jaloux, de découvrir sur les marches du Sanctuaire un homme presque aussi beau que lui. Mais le Gold Saint se contentait de sourire sans ressentir la moindre gêne à ce sujet : il avait pu apercevoir son beau reflet dans les yeux verts de ce Bronze Saint et il l'avait trouvé très beau, ce qui suffisait à son bonheur. Car il y avait des yeux dans lesquels son reflet n'était pas beau, ce qui avait tendance à l'énerver au plus haut point. Coup de bol pour Dormin hein ? Ahahah... Dormin d'ailleurs, ça vient d'où comme nom ? Les deux hommes n'avaient pas bougé d'un pouce, lorsque Narcisse reprit la parole.

- Le Grand Pope n'est actuellement pas au Sanctuaire. Il vous faudra attendre pour votre rapport, Dormin d'Andromède.
Le regard de Narcisse s'éleva au-dessus du Bronze Saint pour observer les lumières du Sanctuaire au contrebas. Il avait l'air épuisé, et puis, Narcisse se découvrait une certaine curiosité pour les évènements à venir : et il avait envi d'entendre le récit de ce chevalier. Il était juste un peu étonné qu'il n'ait croisé aucun chevalier d'or en montant pur lui dire que, non, le Grand Pope n'était pas là. Réfléchissons... Leona devait être à Athènes et la Vierge n'était pas encore revenue de ce qu'il en savait. Il ne restait donc que lui-même et Aquillas après lui, et mieux valait d'ailleurs qu'il ait intercepté Dormin avant qu'il n'atteigne la maison des Poissons.
- Il se fait tard, et le chemin jusqu'aux baraquements est long. Venez donc vous reposer dans ma maison pour la nuit.

Narcisse se retourna et monta les trois marches qui le séparait du plateau où trônait la maison du Capricorne. N'entendant pas de bruits de pas derrière lui, il jeta un regard en biais à Dormin et lui annonça en riant.
- On ne traîne pas lorsque Narcisse du Capricorne le demande, chevalier. Allez, venez, je ne vais pas vous manger.
Pour l'instant...

Le Gold Saint se laissa aller à rire à nouveau devant la naïveté de cet étrange chevalier d'Athéna que le destin avait aujourd'hui mit sur sa route. Dormin n'était pas une figure masculine et sa féminité laissait présager autant de douceur que de beauté. Attaché à l'apparence extérieure des choses, Narcisse n'aurait aucunement laissé Andromède entrer dans sa maison si celui-ci avait été disgracieux. Le dit Bronze Saint nota sa plaisanterie en y répondant de même, prétextant qu'il n'aurait sans doute pas bon goût s'il venait à être mangé. Le jeune homme secoua la tête en souriant, montant une à une les marches menant à sa maison.

C'est après avoir dépassé les colonnes qu'il perdit son invité. Il était tard, Narcisse avait un peu la tête dans les nuages, il aurait dû être plus vigilant : le Capricorne n'avait pas attendu Dormin pour s'engager dans le dédale des miroirs. Et lorsqu'il se retourna, au pied de l'escalier menant à ses appartements, ce fût pour constater que le Bronze Saint n'était plus là. Ben tiens, sans doute s'était-il perdu entre les miroirs. Ceux-ci pouvaient avoir un effet très hypnotisant sur les gens d'ailleurs, vu leur rareté. Alors le fait d'en voir autant au même endroit pouvait impressionner. Soupirant, le jeune homme monta de quelques marches pour repérer son invité. Mais celui-ci n'était pas visible de là où il se tenait. Narcisse s'ébouriffa les cheveux et tendit ses sens à la recherche du cosmos de Dormin, qu'il finit par repérer non-loin de l'entrée. En effet, hypnotisé il avait dû être pour rester comme ça à l'entrée de la maison. Le Gold Saint replongea dans le dédale et bientôt il pu voir les multiples reflets du Bronze Saint lui être renvoyés par les multiples agencements des miroirs. D'ailleurs, Narcisse devait à présent apparaître aux yeux du chevalier, pour peu que celui-ci tourne la tête dans la bonne direction. Ce qu'il ne fit pas, à en juger par sa cosmo-énergie que Narcisse sentait croître de secondes en secondes.

Pour se retrouver, Andromède rechercha son cosmos et s'avança entre les miroirs jusqu'à tomber sur un Narcisse amusé. Un petit sourire en coin, il ne pipa mot sur ce qu'il venait de se passer et fît juste signe au chevalier de Bronze de le suivre.
- Ne touchez pas aux miroirs, surtout. Le prévint son hôte.
Il finit par revenir aux escaliers qu'il monta de quelques marches avant de se retourner et d'attendre Andromède.
- Ils sont beaux n'est-de pas ? Questionna-t-il, tout sourire, en désignant les miroirs qui se dressaient tout le long de sa maison. Je les ai fais venir de très loin, leur fabrication est longue mais le résultat en vaut la peine. Seule l'eau peut offrir un tel rendu du reflet... et celle-ci est plus dangereuse que de simples miroirs.

Souriant, il monta jusqu'à son appartement, décoré de miroirs mais pas en dédales, des plantes, d'une petite fontaine... Il y avait également un grand lit double au fond de celui-ci, et plusieurs mannequins pour vêtements. De belles étoffes y trônaient, mais la plus intéressante se trouvait plus loin encore. Sur un petit piédestal, l'armure du Capricorne trônait, immobile. Elle attendait d'être utilisée, simplement.
- Je ne peux vous proposer que de l'eau et des fruits Dormin. Mettez-vous donc à l'aise et racontez-moi votre histoire pendant que je vous installe une couche.
Ce n'était pas une question mais bien un ordre. Et le regard appuyé du Gold Saint le fit sans doute comprendre au Bronze Saint. Alors qu'il s'en allait chercher de quoi installer son invité, il tendit l'oreille, attendant qu'il lui raconte un peu ce qui se tramait de part le monde...

- Des esprits malins ? S'exclama-t-il en clignant des yeux, indécis. Mais devant l'air totalement sincère du chevalier de Bronze, Narcisse se reteint de rire pour ne pas le vexer.
Le nez dans ses affaires, il en tira de quoi faire dormir Dormin. Pas ceci, ni cela, et ça ce n'était pas assez chaud enfin ! Ah voilà ! Une couverture ni trop chaude ni trop froide qui pourrait à merveille lui servir de couche. Restait à trouver un drap qui irait bien à ses cheveux et à ses yeux tout en ne tranchant pas trop avec le décor de ses appartements. Il finit par choisir une couverture blanche qui, sans se marier spécialement avec la personne irait admirablement bien à sa chevelure.

S'en retournant dans la pièce pour installer son invité non-loin de lui, Narcisse tendit l'oreille pour l'écouter et surtout, vivre son récit - aussi court soit-il - avec lui. Un récit qui l'emmenait vers des terres inexplorées et inconnues, où la brutalité supplémentait le raffinement et l'horreur l'honneur. Cependant la beauté du geste du précédent chevalier d'Andromède ne manqua pas de faire sourire le Gold Saint du Capricorne, car cela lui renvoyait un peu l'image de Zénon, même si les deux histoires n'avaient absolument rien à voir entre elles. Assit sur sa Cloth Box, le jeune chevalier de Bronze poussa même le récit jusqu'à la mort de son maître, mais lorsqu'il eut finit, Narcisse maquait tellement de détails sur cette histoire qu'il ne manqua pas de lui en demander.
- Est-ce tout ? Ne put-il se retenir d'exprimer à voix haute.

Mais le Gold Saint détourna immédiatement les yeux, gêné d'avoir laissa sa curiosité prendre le dessus.
- Pardonnez-moi, je ne devrais pas vous poser de questions sur un sujet aussi sensible, mais je ne peux m'empêcher de vouloir plus de détail sur les évènements qui secouèrent Britannia ces dernières années. Pour Rome, il s'agit depuis longtemps d'une cause perdue...

- Mais pas pour Athéna. Finit-il par dire à mi-voix. La réponse lui apparaissait évidement limpide avec un peu de recul. Il tourna à nouveau son visage vers Dormin et lui fit son plus chaleureux sourire avant de se relever et de lui présenter sa couchette pour la nuit.
- Voici pour la nuit, cela te sera suffisant pour la passer d'une manière je l'espère agréable... Cela devrait te changer de ce que tu as vécu par le passé n'est-ce pas ? Lâcha-t-il en riant. Tu peux éventuellement te laver dans une pièce d'eau là-bas, dit-il en lui désignant le fond opposé de la pièce. Cela ne pourra que te faire du bien après cette montée.

"Athéna porte son regard non pas uniquement sur la Grèce, mais aussi sur le reste du monde. J'ai foi en la déesse que nous protégeons et je sais que c'est la terre qu'elle protège, pas uniquement sa patrie. J'ai donc espoir qu'un jour, Britannia profite d'une paix retrouvée. Je n'ai pas eu la chance de connaitre mon pays autrement qu'à travers la guerre... C'est un peu triste, mais je ne m'estime pas malheureux pour autant. Ce qu'on ne connait pas ne peut pas nous manquer... j'imagine."


Voilà ce qu'il lui répondit... tout simplement. Il avait dit ça sur un ton si doux et sérieux à la fois. Le regard perdu dans le vide comme s'il contemplait son propre reflet dans l'eau de la fontaine. Dormin semblait bien loin à présent, comme transporté dans les vastes étendues d'herbe bordant les côtes de chez lui. Marquant, une pose, il se redresse finalement pour sourire au chevalier d'or d'un air doucereux et reconnaissant.


"Je vous remercie encore de me prendre sous votre aile pour la nuit. Si je ne vous avais pas croisé, j'aurais eu l'air bien désœuvré en arrivant là haut et bien frustré il faut l'admettre. Cette paillasse sera parfaite pour moi. Nul doute que je dormirai d'un sommeil réparateur cette nuit."


Il porta ensuite son regard là où le gold saint lui indiquait la présence d'une salle... d'eau? Dormin leva un sourcil, interrogeant son supérieur du regard, les joues rouges. Qu'est-ce qu'une salle d'eau? Le jeune britannique n'avait connu jusque là des conditions de vie précaires. seuls les lacs, les rivières et la mer lui avaient servi à entretenir son hygiène.


"Je... huh... très bien, je vais m'y rendre sur le champs. Merci."


Gêné et peu assuré, Dormin se leva, abandonnant le chevalier du Capricorne pour entrer dans l'autre pièce, plus humide. Laissant le rideaux se refermer sur lui, il se fige. Au sol, taillé dans le marbre, un bassin rempli d'une eau cristalline. Un sourire émerveillé se dessina sur les lèvres du jeune hermaphrodite. Il adorait l'eau et la voir ainsi apprivoisée le transportait. Il se penche, plonge sa main dans l'eau fraîche et propre, appréciant sa température et sa qualité... remarquable!

Quel luxe! Etait-il vraiment digne de temps d’égard? Mais il ne voulait ni gêner ni vexer son hôte. Aussi commença-t-il à se dévêtir. Il retire sa cape de voyage, fait glisser sa chemise le long de ses bras, dévoilant un torse entouré d'une épaisse étole pourpre. Fermement serré autour de lui, elle couvrait son buste pour ne rien laisser paraître. Il retire tunique et bas et finalement pénètre dans l'eau en soupirant de contentement.

Quel étrange destin avait-il cet homme au visage si beau ? Dormin aurait presque pu rivaliser avec le Capricorne, mais sa beauté ne s'exprimait réellement que lorsqu'il parlait avec une émotion contenue de son pays natal. D'ailleurs, il en allait de même pour le Capricorne que l'on trouvait fort charmant lorsqu'il comptait ses péripéties ou son enfance à Constantinople. Mais cela faisait aussi bien longtemps qu'il ne s'était adonné à pareil badinage. Tout ceci le laissait de marbre et n’intéressait ni son reflet, ni ses miroirs et encore moins ses humeurs. La paix de sa demeure le protégeait depuis des années déjà de l'extérieur, lui offrant ce qu'il avait toujours désiré au fond de lui-même : lui-même.
Peut-être cet endroit pouvait-il être un refuge pour un être aussi doux que le chevalier d'Andromède ?

Ce dernier, rougissant de trouble, accepta le quasi ordre du Gold Saint de se rendre à la salle d'eau pour profiter d'un bain tiède et réparateur pour les muscles. La montée jusqu'au Temple d'Athéna pouvait être très éprouvante à qui n'y était pas habitué et il n'était pas rare de voir des nouveaux faire un malaise avant d'avoir atteint la sixième maison. Dormin lui, semblait être arrivé avec un bon souffle jusqu'en bas de chez lui, et il ne semblait pas avoir fait de malaises. Une bonne endurance avait-il donc à priori.
Narcisse le regarda pénétrer dans la salle d'eau et retourna s'assoir sur une chaise près de sa fenêtre de chambre. De là il pouvait voir le reste du Sanctuaire et ne se privait pas de l'admirer - et de rire de la laideur de ses occupants - à ses temps perdus. Mais pour une fois, ce n'était pas pour se moquer de la futilité de l'existence des autres chevaliers de ces lieux qu'il s'asseyait pour réfléchir mais pour faire un petit bilan de sa situation.

Quelques jours auparavant, le jeune homme à la chevelure d'émeraude avait tenu d'étranges propos avec Sokaris, le Silver Saint de Céphée. et alors, le Capricorne avait ressenti un petit plaisir étrange à faire comprendre à l'impétueux guerrier que sa cause à défendre n'était pas son honneur mais bien la paix d'Athéna, le don le plus précieux qu'elle ait faite aux Hommes. ce soir, il avait accepté de recueillir pour la nuit un Bronze Saint pour discuter avec lui et apprendre des nouvelles du monde. Deux semaines avant ça, Narcisse avait rencontré Oréstis, le Silver Saint de la Lyre à qui il avait proposé une nouvelle rencontre, lorsqu'il serait installé et qui avait attisé sa curiosité qui depuis des années semblait s'être éteinte.
Il devait se rendre à l'évidence, le temps des changements était venu. Et la première chose à changer, c'était bien sa façon d'être qui à présent avait de nouveau besoin de réels rapports humains. Tout ce qu'il avait vécu au Sanctuaire depuis son arrivée était superficiel comparé aux rencontres du mois passé. En fait depuis la réunion avec les Gold Saint et le Grand Pope, Narcisse avait senti les prémisses de ces changements en lui, sans comprendre de quoi il en retournait. Et voilà que ce soir, certaines choses lui paraissaient bien plus claires...

Cela le fit repenser à Zénon son maître et ancien chevalier du Capricorne. Était-il toujours en vie aujourd'hui ? Qu'avait-il ressenti en formant un garçon comme Narcisse ? Et lui, que devait-il ressentir à aider ses frères chevaliers ? Surement de la joie oui, comme avec Sokaris. Oui, cela lui était plaisant, de les aider. Cela l'aidait lui aussi, d'une certaine façon.
Le temps passé ainsi fila si vite que Dormin finit par ressortir de la salle d'eau, propre, mais d'apparence épuisé. Narcisse lui lança un sourire et désigna les draps posés au pied du lot.
- Je te conseil de t'installer là. Le reste de la pièce est relativement refroidi durant la nuit, seule cette partie reste chaude.