Aussitôt que Mort avait prononcé ses directives, le départ de la Citadelle n'avait pas tardé. Tel un nouveau né découvrant le monde, Guerre avait eu du mal à accepter la lumière du jour tant ses yeux avaient pu connaitre les ténèbres. Il était entré dans le repaire d'Arès comme un "simple" humain malgré la découverte de son Cosmos, et malgré une brève sortie dont le temps manque de narrer, on pouvait considérer qu'il ressortait enfin de la Cité comme Cardinal de la Guerre. Son "lui" d'autrefois était mort et enterré, pour toujours.
Le voyage en compagnie du prophète n'avait pas brillé par ses rebondissements, les hommes avaient peu échangé mais de par leur condition avaient pu maintenir une bonne allure qui avait écourté la durée du périple. La foi de Guerre envers Arès se retrouvait dans son Prophète qu'il suivait aveuglément, malgré la difficulté des passages qu'il pouvait décider d'emprunter. Ce dernier semblait être guidé par quelqu'un ou quelque chose dont la vision ou la connaissance échappait visiblement à son compagnon.
Ils avaient affronté tous types de temps et marché de jour comme de nuit. et jamais Mort n'avait semblé douté, son pas était toujours aussi décidé. Le hasard a fait qu'ils se distinguent l'un de l'autre par la couleur de leur tenue, si le Prophète arborait une toge blanche, Guerre en revanche était vêtu, au-delà de son traditionnel pantalon de tissu noir de la même couleur que ses bottes en curir, d'une lourde échappe sombre laquelle striait son torse, rongé par les cicatrices, de par ses entrelacements autour de lui. Sa cuirasse, matérialisé sous la forme d'une gigantesque épée à deux mains, trônait dans son dos alors que sa longue et lisse crinière platine virevoltait aux quatre vents.
Ainsi, lorsque Ephtal désigna le gouffre, il ne douta pas un seul instant de lui et se laissa couler comme une pierre alors que l'obscurité devenait peu à peu maître des lieux. La pression exercée sur sa cage thoracique devenait de plus en plus forte, écrasant ainsi un air de plus en plus précieux. Même lorsque son souffle vint à lui manquer, même tout n'était plus que ténèbres autour de lui, même lorsqu'il sentit sa conscience divaguer, à aucun instant il ne perdit confiance en Arès et son Prophète.
Il revint à lui sur un sol étrangement sec, alors que tout autour de lui défiait les lois de la nature, les propos de Mort le sortirent de sa quête visuelle des nouveaux lieux qui l'entouraient. Son attention se porta alors sur l'instant présent et tout son corps ainsi que son Cosmos se placèrent sur une sorte de qui-vive. Mais l'effort sur lequel il devait se concentrer à présent était sa propre énergie, il ne connaissait que trop bien ses effets et ils n'étaient pas des plus désirables pour quiconque désirait la paix ...