Et voilà que le Bélier se prenait à quitter le Sanctuaire pour la première fois depuis longtemps. Le Grand Pope lui avait confié une mission somme toute importante, mais il restait qu'Alpharius aurait préféré la tranquillité d'Athènes au stress du long voyage qui allait le mener jusqu'à Alexandrie, patrie de la Dynastie Ptolémaïque, depuis longtemps sous la domination Romaine, comme tout le reste de l'Occident.

Quand il était esclave Alpharius avait vécu longtemps au service d'un vieux consul romain, passionné de philosophie, et grand lecteur des œuvres de Platon. Il avait plusieurs fois entendu parler de l'Atlantide grâce à ce maître érudit, et si à l'époque il ne considérait la citée engloutie que comme un mythe, à présent il se félicitait d'avoir eu la chance d'en entendre le récit.

Quand Zeus, Hadès et Poséidon se partagèrent le monde, le dieu de la mer reçu l'Atlantide dans son territoire et tomba amoureux de la fille du roi de cette île se trouvant au large des colonnes d'Héraclès. De nombreux événements survinrent ensuite et Atlantis, la cité construite par Poséidon sombra et son emplacement se perdit de mémoire d'homme.

Après un éreintant voyage à travers la Mare Nostrum, Alpharius pût s'informer plus en avant sur le destin des Atlantes, et surtout sur la position géographique de la Cité Mythique. Ainsi, même pas 48h après son arrivée à Alexandrie, le Gold Saint du Bélier reparti, cette fois-ci vers la Province Ibérique, au sud de la Gaule Romaine. C'était là qu'il espérait mener à bien sa mission.

Même s'il n'arborait pas son armure ostentatoire, le perse ne passait pas inaperçu au milieu du Marché de Carthagène, puissante cité datant de l'âge d'or de la Grèce. Sa musculature et sa haute taille lui donnait un avantage certain quand il s'agissait de s'imposer pour récolter des informations, pourtant jamais il ne recourait à la force, et quand par hasard ses interlocuteurs se refusait à céder leurs informations alors Alpharius se contentait de passer son chemin sans déranger plus que de raisons ces personnes avares de paroles.

Le bélier n'était pas du genre loquace, et cette volonté de ne pas gêner les autres tenait aussi bien de la politesse que de sa nature profonde. Après plusieurs jours d'enquête il parvint cependant à récolter assez d'informations concernant sa mission pour pouvoir retourner à Athènes et y faire son rapport au Grand Pope. Il y'avait beaucoup d'histoire de jeune gens disparaissant du jour au lendemain, de recrutements secrets par ce qui, de parole de civils, semblaient être des sectes païennes. Ces jeunes gens qui disparaissaient étaient par ailleurs des marginaux ou des reclus, leur disparition n'inquiétant donc personne outre-mesure. Ce schéma ressemblait par trop à ce que s'imaginait Alpharius pour qu'il s'agisse d'une simple coïncidence. Une zone liée à Atlantis, et donc à Poséidon, subissant des recrutements ponctuels, et à n'en point douter se répétant partout autour de la Mare Nostrum. Non ce n'était clairement pas une coïncidence, cela ne pouvait pas l'être.

Alpharius ne pouvait cependant pas se permettre de continuer plus en avant ses recherches, car le voyage jusqu'à Athènes allait lui prendre encore plusieurs semaines et il ne s'était que trop longtemps absenté de sa Garde de la Maison d'Ariès. Il se dirigeait donc dans cette optique vers le port de Carthagène, prêt à embarquer sur le premier navire en partance pour la Grèce…

Après la très courte apparition au conseil de guerre du sanctuaire sous-marin, Lycos s'était remis en route. Son objectif était désormais de scruter le monde et sa surface afin d'en sentir la moindre fluctuation sur le territoire sacré du dieu des mers. Que ce soit l'Atlantide ou la Gaule, qu'importait. Tout cela appartenait à Poséidon aux yeux du chevalier. Athéna et Apollon avait bien assez du reste de l'empire pour pouvoir y étendre leurs influences de déités faibles et insouciantes. C'est ce qui motiva Lycos à entreprendre une garde de la surface aux lieux où le royaume caché sous la mer juxtaposé la surface. Ainsi, il prit le passage le menant tout droit à la plaine Ibérique. Cette partie de la Gaule aux délicieux rayons de soleil le réchauffait doucement.


Bien qu'il était en mission, le général de hippocampe ne manqua pas de d'apprécier ce genre de plaisir fugace. Les hommes ne pouvaient pas connaître la chance qu'ils avaient. Malgré tout l'amour que portait Lycos à la cité enfouie sous l'océan, il lui était impossible de résister à ces plaisirs simples. Oui, la douce brise, le chant des oiseaux ou encore tout simplement la sensation de l'herbe. Tout cela lui manquait. Après tout, depuis combien d'années, déjà, avait-il vécu coupé du mon extérieur ? Ce devait-être la troisième fois qu'il remontait en surface, dont une seconde fois pour répandre la foi et protéger les serviteurs de son dieu. Bien que les marinas se soient éveillés que très récemment, lui, avait rejoint l'Atlantide depuis plus d'une décennie. Contrairement aux autres chevaliers, il avait développé son potentiel pour attendre son rêve de servir Poséidon.

Après tout, pensez-vous qu'il n'y ait vraiment personne pour s'occuper de la cité durant le sommeil du roi ?

Ainsi, c'était la raison pour laquelle il souhaitait tant conquérir le monde de la surface. Cette ambition n'était pas simplement celle de sa majesté Poséidon, mais aussi la sienne. Oui, il rêvait du retour de la cité révérée à la surface et d'un monde uni derrière un seul souverain. Une utopie religieuse éternelle. Ainsi, il n'y aurait plus ni guerres, ni famines, ni épidémies, bien que la mort ne puisse être bannie du monde, il n'en resterait pas moins que la grandeur et le prestige de cet nouvel âge laissait rêveur Lycos. Le général arpentait alors une ville dans son armure. Certes, il ne passait pas inaperçu, mais peu lui importait. Après tout, ce n'était pas un secret que sa majesté Poséidon s'était éveillé. Les océans tout entiers avaient lancé de nombreux chants pour célébrer son glorieux retour. Alors, pourquoi se cacher ? En tant que représentant de l'empereur des mers, il n'y avait aucunes raisons.


Bien au contraire, le chevalier accroissait le prestige de son suzerain là où il allait. Sa voix apaisante et son attitude réconfortaient ceux dans le besoin et il donnait de la nourriture aux pauvres. Tout cela était futile, il faut bien le dire, mais ce genre de petits gestes isolés suffisent parfois à répandre rumeurs et bruits sur la bonté du sanctuaire sous-marins. C'était donc une bonne chose à faire. Donner quelques pièces à un miséreux pour qu'il prie le grand Poséidon pour soit, n'était pas une mauvaise affaire, car bien souvent ils continuaient avec ceux qui leur faisait la charité. Ces petits gestes allaient payer un jour ou l'autre, il en était assuré. Ce n'est pas pour autant qu'il dévoilait des informations sur le lieu où reposait son altesse. Bien au contraire, il répandait de fausses légendes afin d'éventuellement leurrer la vérité dans un amas de mensonges. Pourtant, tout cela il l'avait surtout accompli lors de sa dernière visite.


Aujourd'hui il ne ferait que surveiller et il en serait de même demain et le lendemain suivant jusqu'au retour du légat. Dans sa garde assidue, il eut une sorte de pressentiment. Peut-être était-ce une action du destin qui le dirigeait, ou peut-être n'était qu'une illusion. Quoiqu'il en fut réellement, Lycos se hâta de rejoindre le port de la cité où il se trouvait. Les gens le laissaient passé par crainte ou par étonnement et il put arriver bien vite à destination.
C'est alors qu'il le sentit...
Oui, cette sensation ne pouvait le tromper...
Lentement, très lentement....
Lycos s'approcha d'un homme...
Qui était cet homme ?
Il n'en savait rien. Tout ce qu'il savait lui venait de cette intuition incertaine et de son cosmos. Son sourire sarcastique et moqueur avait laissé place à un visage fermé et concentré, voir inquiet. Cela allait-être son premier combat contre un réel adversaire, s'il ne se leurrait pas évidement. Le général posa une main sur l'épaule de l'homme aussi bien pour le retenir que pour l'interloquer. Ses yeux devinrent alors que de subtiles ombres dans des orbites rougis par l'excitation et la crainte d'un affrontement. Pourtant, ses mains restèrent fermes et sa bouche pâteuse ne l'empêchait guère de combattre. Une nouvelle fois, Lycos le taciturne, éleva la voix afin de se faire entendre. Son ton grave et majestueux laissa tomber des quelques mots durs et courts :

Suis-moi. Ici il y a trop de monde qui pourrait-être blessé, mais je n'hésiterai pas.

Son code de conduite l'avait poussé à parler à cet ennemi, car, il en était certain maintenant. Ce puissant homme d'âge mûr était un chevalier. Qu'il soit d'une quelconque autre faction, c'était un fait, mais le cœur de Lycos le poussait à croire qu'il s'agissait d'un ennemi. Sa raison émettait une opinion semblable, après tout, quelle mission diplomatique consisterait à se cacher dans la foule ? Tout ce que cela voulait dire, c'est qu'en face de lui se trouvait un espion. S'il n'y avait eu personne, peut-être aurait il abattu ce sombre serpent en traître.

Ce genre d'agent ne mérite pas qu'on le traite avec honneur dans le fond, quand bien même, en vérité il ne l'aurait pas fait. Son orgueil était trop fort. Cette même vanité l'obligeait à épargner « les innocents » au conflit divin. La guerre sainte n'est que l'affaire d'êtres transcendant l'homme, les simples humains doivent en être exemptés. Que ce soit en terme de participation ou de pertes. Le général de l'hippocampe partit donc en-dehors de la ville probablement accompagné de ce futur opposant. Après quoi, Lycos protecteur du pilier Pacifique Nord lui fit face et détacha sa cape.

Mon nom est Lycos, battons-nous loyalement.

Alpharius patientait tranquillement au bord de l'eau, sans se préoccuper de la foule hétéroclite qui vaquait à ses occupations sans se soucier du serviteur d'Athéna âgé d'à peine 24 ans malgré son apparence rude due à toute une vie d'esclavage. Il existait cependant quelqu'un qui décida de s'intéresser au Perse. Un homme qui acheva de confirmer à Alpharius que Poséidon regroupait des troupes, car qui d'autre qu'un Marina pouvait porter une armure aussi ostentatoire aussi loin des Sanctuaires d'Apollon ou d'Odin.

Le chevalier d'or ignorait cependant à quel Marina il avait à faire, même s'il sentait un Cosmos bien supérieur à la moyenne s'échapper du corps de l'homme. Ce dernier après avoir saisi Alpharius par l'épaule, ne tarda pas à exprimer son identité et ses buts. Le Bélier ne put que se trouver consterner par un tel désir de violence. Après tout il n'était lui-même pas en armure, il ne faisait rien de mal. Rien n'interdisait aux gens de discuter et il n'avait souillé aucun lieu sacré dans sa quête ni porté aucun tord à personne. Si les serviteurs de Poséidon se trouvaient à devoir faire preuve d'une telle véhémence contre les étrangers, alors nuls doutes que le Seigneur des mers avait quelque chose d'important à cacher.

Alpharius avec un manque flagrant de motivations se retourna pour faire face à son interlocuteur, inspectant négligemment son armure et son apparence. Le dénommé Lycos, désireux de combattre, était jeune, moins de vingt ans sans doute, avec la fougue de cet âge là à n'en point douter.

Je suis Alpharius, enchanté… Si tu crains pour la vie des gens, alors je te rassure, je n'ai pour ma part aucune envie, ni aucune raisons de te combattre. Alors pourquoi ne pas en rester là, cela arrangerait tout le monde non ?

Le Bélier, avec un flegme extraordinaire compte tenu de sa situation précaire, semblait parler à un simple badaud. Il n'exprimait aucune agressivité, et pour cause il n'en ressentait aucune envers ce jeune garçon. A quoi bon démarrer un cycle de haine maintenant, alors que les dieux se chargeraient bien assez tôt de les confronter. Il omit par ailleurs volontairement de se désigner comme un Saint d'Athéna, préférant garder secrète cette information dans la mesure du possible.

Cependant si tu as un grief contre moi, je serais heureux de l'entendre et de racheter ma faute de manière pacifique. Alors en quoi ai-je pu offenser un homme de votre apparat ?

Le Bélier espérait vraiment que la raison l'emporterait chez son adversaire et qu'il ne commenterait pas la folie de mettre sa menace à exécution en risquant la vie des pauvres hères qui observait sans comprendre la discussion du Marina et d'un homme qui a leurs yeux ne revêtait somme toute rien d'extraordinaire.

Comme pour tenter de désamorcer toute agressivité de la part de Lycos, Alpharius laissait par ailleurs sa garde grande ouverte, un signe supplémentaire attestant de son manque d'intérêt concernant un combat avec le guerrier de Poséidon en face de lui. S'il avait été plus cordial de nature il aurait même tenté de sourire pour la forme, mais cela dépassait ses compétences sociales limitées.

A présent il n'avait plus qu'à attendre la réaction de ce Lycos, en priant la Déesse de le bénir d'une fin sans violence inutile.

Ces deux hommes aussi âgés l'un que l'autre semblaient s'opposer en tout point. Alors que ce perse étranger avait l'air relativement âgé, Lycos avait l'air relativement plus jeune. Alors que cet antagoniste pouvait paraître imposant avec sa puissante musculature, Lycos paraissait chétif avec sa musculature sèche et sa silhouette svelte. Malgré tout, deux choses liés ces chevaliers. Oui, ils avaient tous deux un même attachement à l'honneur. Bien qu'ils la voyaient différemment, l'un sous forme de justice et de bonté, l'autre sous forme de noblesse et de grandeur, on pouvait dire que ces deux hommes possédaient une âme bonne, presque pure par instant. La différence de culte serait donc à l'origine de leurs différences respectives? Cela paraissait probable, voir même certain, mais dans le fond... Qui s'en préoccupe?


La haine va bientôt poindre au crépuscule d'une ère révolue, donc, qui s'intéressait à savoir si ces deux hommes auraient pu devenir amis sous d'autres auspices? Seulement, cet opposant potentiel n'avait ni son amour, ni le désir de combattre. Par ailleurs, alors que Lycos s'était éloigné et l'avait invité à le suivre, cet homme n'avait pas bougé. Lycos était bloqué. Son désir brûlait dans son être comme un brasier et le consumait lentement. Sa mission... Non, son devoir... Non, sa raison d'être en ce moment précis... Était de protéger le territoire de sa majesté Poséidon. C'est pourquoi, même si sa raison l'en empêchait, il voulait démarrer un duel. Son allégeance et sa dévotion le vouait à haïr tous ceux qui osaient s'approcher du sanctuaire sous-marin ou d'une zone limitrophe, alors qu'ils étaient sous la coupe d'autres déités. D'autant plus, que cet homme était un espion, c'était certain.


Comment un perse vagabond pouvait bien se trouver ici? S'il avait été marchand phénicien ou tout autre personnage associable au voyage, il ne l'aurait pas remarqué. Quand bien même, qu'est-ce qu'un homme doué d'un cosmos aussi puissant pouvait bien faire ici? Ces conjectures s'accumulaient et pesaient lourds dans la balance de la suspicion. Ce qui justifiait un sentiment qui n'était pas dû à de la paranoïa. Ce n'était qu'un vil et misérable agent adverse. Sinon, il porterait fièrement son armure, comme un chevaliers le ferait et il aurait tenté de prendre contact avec les marinas depuis longtemps. Quant au fait qu'il ait diminué son pouvoir au minimum pour être plus discret... Désormais, les intuitions n'en étaient plus. Après avoir réfléchit quelques secondes, il n'y avait que des certitudes.

Tu es un espion, cela se voit de loin. Dès lors que tu en es un, je n'ai pas de pitié. Ma tâche est de superviser cette zone de la surface et d'y répandre le culte de sa majesté. Rien de plus, rien de moins. Tous les autres agents qui se cachent et possèdent un tel cosmos sont là uniquement pour récolter des informations et tenter de voir s'ils peuvent y étendre l'influence de leur divinité.

C'est pour cela qu'il mentait éhontément de toute sa superbe. Son assurance et sa fougue naturelle renforçait encore plus le mensonge. En vérité, il ne faisait que garder un accès à la ville de son maître l'empereur des mers. Pourtant, il omit volontairement ce détail, afin de s'assurer de en laisser aucun indice pour ce serpent. Il était en faute et il croyait sincèrement pouvoir éviter une effusion de sang? Ce lâche utilisait la foule comme bouclier. Cela ne faisait que mettre de l'huile sur le feu de la rage de Lycos. Pourtant, les flammes semblaient se refroidir, mais aussi se glacer. L'intention de se battre loyalement s'était mue en haine devant la traîtrise de cet homme. Lycos n'était après tout qu'un jeune homme n'ayant que peu vécut et encore, ce n'était qu'à l'écart des hommes. Par ailleurs, à la place de cet adversaire, il aurait agit et parlé de la même façon...


Ce n'est pas pour autant qu'il pouvait pardonner tant de bassesse. Aux yeux de son antagoniste, cela pouvait simplement être une tentative de trouver un compromis ou une solution afin d'entamer un combat qui détruirait tout aux alentours. A ses yeux, il n'y avait rien d'autre que des manipulations et des manœuvres visant à le déstabiliser. Sa fierté et son sens déformé des valeurs l'aveuglait très certainement, mais cet homme était aussi en tort. Ainsi, il jeta un regard froid et méprisant sur ce misérable. Toute sa haine froide se concentrait dans un regard perçant et un visage impassible. Sa détermination et sa dureté se retranscrivaient sur son visage d'éphèbe. Après tout, un cœur aussi innocent et sincère que celui de Lycos est semblable à celui d'un enfant. Bien qu'il ait évidement une très grande maturité, il traîne, paradoxalement, ses sentiments comme un boulet.


Son esprit habituellement calme et froid ne pouvait faire abstraction de ce flot ininterrompu de sentiments. Ses mains en tremblaient presque. Ces vagues impérieuses qu'envoyait sa passion, se brisaient sans cesses sur les falaises de sa raison qui s'érodaient et s'effondraient peu à peu. Pourtant, il tenait bon. Son honneur qui était à la source de ce conflit interne, lui permettait, malgré tout, de continuer à résister à la tentation. Lycos ne pouvait entacher ce qu'il considérait comme sacré, car un représentant de sa majesté Poséidon doit toujours faire preuve de fierté et de noblesse. Tuer d'innocents passants était donc une chose qui le révulsait au plus profond de lui.

Aurait-il le choix?

Cet étranger devait partir, il n'y avait rien d'autres à dire, rien d'autres à faire. L'entré du sanctuaire sous-marin se situait à bonne distance de la cité et était terriblement caché. Alors sa seule option était de le faire partir, il n'y avait pas d'autres possibilités. Ses mains tremblaient de plus en plus, alors que son stoïcisme marquait tout l'égarement de son âme. Il serra ses poings jusqu'à saigner et les tremblements prirent fin. Lycos avait déjà beaucoup parlé aujourd'hui, que ce soit à l'assemblé ou à cet homme... Malgré ses habitudes taciturnes, il n'en avait pas fini aujourd'hui:

Soit, tu as deux solutions. Tu as le choix entre partir sur le champ et me révéler ton identité de chevalier en échange de mon identité. Ou bien me suivre et m'affronter plus loin, car ce combat nous concerne nous seuls.

Alpharius sentait bien que sont adversaire bouillonnait de rage. Peut-être était-ce à cause de son attitude détachée, peut-être y'avait-il d'autre facteur qu'il ignorait et qui poussait Lycos à se montrer hostile, ou encore le Marina avait-il simplement le sang chaud de nature. Quoi qu'il en fût, ce dernier parvint à contrôler ses nerfs non sans avoir du clairement faire un travail sur soi. Et le Bélier en fût tout aussi clairement soulagé. Le sang ne coulerait sans doute pas sans raisons aujourd'hui, et c'était une chose appréciable en ces temps troublés. Il n'empêchait que Lycos avait percé à jour le Saint et qu'Alpharius allait devoir réfléchir à une solution pour pouvoir s'en tirer dans les meilleures conditions possibles. En effet le Marina connaissait son nom mais pas son grade, ni sa faction.

Un espion ? Certes j'ai fait montre d'indiscrétion, mais je ne savais pas que nous étions déjà en guerre. Poséidon prépare t-il des choses si néfastes qu'il ne souhaite pas qu'elles soient connues de ses rivaux ?

Par ailleurs, je ne suis pas dans le Domaine de l'Empereur des Océans, la Terre n'est-elle pas le domaine de Zeus ou alors mes pieds baigneraient-ils dans la Mare Nostrum à mon insu ?

Alpharius restait neutre dans sa façon de parler, malgré le fait que sa manière d'exprimer la logique puisse se révéler particulièrement agaçante aux oreilles d'une personne aussi fougueuse que Lycos. Il tentait cependant de ne pas paraître trop présomptueux, laissant planer quelques doutes et n'affirmant en aucun cas ses dires. En bref il jouait les ignorants pour désamorcer la situation. Cependant une chose était vraie dans son discours, malgré les tensions divines prédites par les augures, la guerre sainte n'était pas déclarée, et si les serviteurs de Poséidon se démenait tant que ca à isoler leurs affaires, allant même jusqu'à agir dans le Domaine du Dieu des Dieu, c'est que la Guerre Sainte semblait inévitable et probablement prévu pour dans peu de temps.

Lycos acheva sa harangue en imposant alors un ultimatum à Alpharius, lui proposant somme toute un marché honorable et équitable. Echanger leurs identités et se séparer à bon compte sur le champ. La dernière condition convenait parfaitement à Alpharius qui désirait rejoindre le Sanctuaire au plus vite. La première en revanche signifiait fournir un élément qui ne manquerait pas d'envenimer les choses concernant les rapports entre Poséidon et la Déesse de la Justice. Cependant le Bélier estima qu'il s'agissait d'un moindre mal comparé aux dégâts diplomatiques et matériels que provoquerait un combat entre deux chevaliers de factions rivales.

Dans tout les cas, j'accepte ta proposition, après tout nous n'avons rien à cacher, et notre Sanctuaire est livré aux vues et aux sus de tous. Je suis Alpharius, comme je l'ai déjà dit, Chevalier d'or du Bélier et fidèle Serviteur d'Athéna.

Et comme tu le vois je m'apprêtais à partir, tu n'as donc plus à t'inquiéter de ma présence, si celle-ci te parait si dérangeante aux vues de ta mission.

Lycos se calma définitivement. Que ce soit le fait d'entendre l'identité de son ennemi ou bien le fait qu'il s'en aille, cela le soulageait d'un lourd fardeau. Son tempérament, il le connaissait trop bien pour savoir qu'il était à l'image même de ses croyances. Son cœur était aussi impétueux et imprévisible que les eaux qui bordaient le monde, pourtant, il savait faire preuve de bonté et de générosité envers ceux dont la force et la foi les portaient aux nues. C'était sa façon d'être et sa façon d'agir. Ainsi, la haine qui dévorait sa raison s'évapora aussi vite qu'elle était apparue. L'océan de son âme s'apaisait au fur et à mesure, lentement, mais sûrement. Son attitude orgueilleuse resta la même et il ne faisait nuls doutes, que même dans la tempête, il resterait aussi suffisant. Ainsi, son sourire narquois se redessina sur ses lèvres et son visage redevint normal. Un terrible incident avait ainsi pu être évité.


Tout cela grâce au flegme et à la subtilité du chevalier du bélier. Dans le fond, Lycos n'était qu'un homme simple, c'est ce qui lui donnait sa force, mais aussi certaines limites. Ces élans sentimentaux risqueront très certainement un jour de lui porter préjudice, tandis que son intelligence l'aura prévenu depuis longtemps de sa folie éveillée. Ainsi, il ne put que sourire faiblement de joie, durant un court instant. Lycos effaça bien vite cette expression de contentement pour reprendre son habituel air narquois. Avant toutes choses, il demanda d'un signe de main ,à un jeune garçon, de lui rapporter sa cape, ce que ce dernier fit avec un entrain qui le gratifia de quelques pièces. D'un geste souple et élégant, il la raccrocha et regarda une dernière fois son ennemi. Alpharius gold saint du bélier, ce nom, il s'en rappellerait toujours.
Ce ne serait peut-être pas d'une façon élogieuse au premier abord, mais qu'il ait enfin dévoilé son identité faisait qu'il remontait un tant soit peu dans l'estime du général de l'hippocampe. Il ne dit rien sur le coup, mais, en vérité, il aurait apprécié de l'affronter. Que ce soit au nom de son dieu, ou tout simplement, au nom de sa fierté personnelle. Pourtant, Lycos avait renoncé à ce projet dès que cet homme avait refusé son invitation. Avant de le laisser partir et afin d'honorer sa parole, il dit finalement son identité :

Moi, Lycos général de Poséidon, marina aux écailles de l'hippocampe, je te souhaite bon retour en Grèce et j'espère que nous affronterons loyalement à notre prochaine rencontre.

C'est ainsi qu'il vit le perse monter dans le bateau et partir au loin. Dès lors que le fier navire se confondit avec l'horizon lointaine, le général repartit lui aussi dans un mouvement de cape. Il attendrait son prélat afin de lui faire son rapport. Pour le moment, il comptait retourner dans sa cité garder les piliers, car de sombres présages s'annonçaient pour la suite.