Le grand Pope quitta bien vite la réunion d'urgence qu'il avait lui-même sollicité. Un seul absent à celle-ci : le chevalier de la Vierge. Encore fourré dieu sait où à prêcher Athéna sait quoi. Parmi les nouvelles têtes que Narcisse avait pu voir dans la réunion, certaines risquaient de lui rester inconnues pendant encore quelques temps. Tous ou presque s'étaient vus attribués des missions les amenant à quitter dans les plus brefs délais le Sanctuaire pour partir sur les routes.
Honnêtement il aurait pu avoir envie d'en faire de même. Mais dans l'immédiat il devait rester avec d'autres chevaliers pour défendre le Sanctuaire en cas d'attaques. Contre qui risquaient-ils de se battre ? Et bien à première vue, un peu tout le monde en fait. Oracles, Marinas, Bersekers ou même Guerriers Divins ! Que de guerriers - et guerrières - à qui se présenter de toute sa beauté pour leur faire embrasser la foi de son reflet ensanglantée ! Mais aussi excitant que cela puisse être, Narcisse ne s'emballait pas et restait sur ses gardes quand à l'avenir et à un éventuel retournement de situation peu agréable pour lui comme pour Athéna.

Parmi les chevaliers restant sur place se trouvait également le chevalier du Verseau devant la maison duquel il allait passer pour rejoindre son propre havre de paix. Dire qu'ils se connaissaient aurait été surfait. Disons qu'ils s'étaient croisés à l'occasion dans le Sanctuaire. Ne désirant pas rentrer immédiatement dans son domaine, le jeune homme à la chevelure d'émeraude s'arrêta quelques instants dans l'escalier surplombant les maisons. La plupart des Gold Saint étaient rentrés chez eux, ce qui était aussi le cas d'Aétios, aussi Narcisse était-il sûr de le trouver chez lui. Parler de la réunion et de l'avenir permettait parfois d'y voir plus clair avec soi-même.

- Et puis quitte à se préparer à la guerre, autant le faire en sachant aux côtés de qui l'on combat, se murmura-t-il pour lui-même en s'approchant de bâtisse ronde.
Son casque à cornes sous le bras, le chevalier d'or du Capricorne s'engagea sur les quelques marches menant à l'entrée du domaine du Verseau. De part leurs auras respectives, l'un comme l'autre pouvaient se sentir s'approcher. De ce fait Narcisse resta dos à une colonne de la maison, attendant que le Gold Saint le rejoigne.

J'avais réussie !

A quoi donc ? Et bien, cher et agréable lecteur qui me lit, je vais te le dire : J'avais réussi à passer un petit coucou au cercle des Gold Saints, et ouais, à tous leurs membres, même à notre grand *Pop* ! Enfin, heu, presque tout le monde on va plutôt dire ... Vierge était on ne sait où, on ne sait où se référant justement à un endroit hors de ma portée, et puis certains s'étaient éclipsés avant que je puisse les approcher. Alors en fin de compte, je leur ai pas tous parlés ... Mais bref, ça n'avait pas tant d'importance que ça, il y aurait plein d'occasions pour se réunir à nouveau, oui, oui, oui !

Alors, après m'être permise une petite pause, parce que j'avais un peu mal aux pieds d'être debout, je décidais de revenir à ma maison. Prendre un bain sûrement, avec plein de mousse et de savon. Et bon, si jamais il y avait assez de camarades en faction, je pourrais me balader dans les rues d'Athènes, ce serait si biiiiieeeen ... J'avais envie d'avoir une nouvelle garde-robe, même si j'ignorai comment je pourrais me l'offrir. Mais qu'importe ! Commençons déjà par le commencement, à savoir faire le chemin me séparant de ma demeure. Flânant, regard perdu dans l'infinité de l'horizon, j'atteignais en moins de temps que je n'aurais pu l'imaginer la maison du Verseau. Est-ce que j'irai l'embêter un peu ? Après tout, j'suis certaine qu'il n'attend que ça ! Il a beau essayé de se la jouer sombre et retiré, au fond, il cherche juste à ce qu'on lui tende la main. Et moi, je tends toujours la main à ceux qui le demandent (ou pas, mais là n'est pas le sujet).

Curieuse, j'approchais de l'entrée, juste pour remarquer que je n'étais pas la seule à vouloir lui rendre visite. Il y avait là un visage connu, mais pas familier. Chevelure jade, Narcisse était pour ainsi dire très voyant, même dans la cohue. Chevalier du Capricorne de son état, je ne lui avais jamais adressé un mot, je crois. Aperçu de temps en temps, surpris quelques uns de ses échanges. Mais pas plus. Je n'avais jamais sentie le besoin d'aller taper la discute avec lui. Il y avait quelque chose qui me bloquait. Un quelque chose émanant de lui. Un peu comme quand on regard un magnifique bibelot en or. Sauf qu'en fait c'est pas de l'or, mais du laiton coloré d'or. Pour moi, cet homme et compagnon, était artificiel. Faux. Et même ses boucles, j'pourrais pas jurer qu'elles sont naturelles.

Secouant doucement la tête, j'hésitais maintenant. Attendre avec lui que le Verseaux se manifeste, ou rentrer à la maison, prendre le bain, puis revenir plus tard quand il sera seul ? Quoi qu'il en soit, j'avançais toujours. Je devais traverser la maison afin de rejoindre la mienne. Mon regard se posa sur le Capricorne, neutre, alors que la distance nous séparant se réduisait. J'avais pas trop l'intention de m'attarder tout compte fait, alors un simple salut suffirait. A sa hauteur, je lui adressais un petit signe de tête vif, qu'on aurait pu croire solennel. Après tout, vêtue de ma relique, j'avais ce quelque chose de noble.

Mais, lorsque je montais les escaliers, et trébuchais au point de m'étaler sur toute la longueur, l'effet escompté fut réduit à néant.

Je haiiiiiiiiis les escaliers quoi !

Oh, Leona, pas encore rentrée à ce que je vois. Oh mais, attention où tu mets les pieds ! Voilà ce que quelqu'un de plus sympathique et de plus naturel que Narcisse aurait pu lui dire en la voyant arriver. Lui se contenta de sourire sans en faire plus, lui rendant même son mouvement de tête. Le chevalier de la Balance rentrait chez lui, tout simplement, et passait pour cela par la maison du Verseau. Rien de bien surprenant à cela.
Et sans vouloir être sexiste, l'homme à la chevelure verte trouvait étrange la présence d'une femme dans le cercle des saints protecteurs d'Athéna. Bon, il y avait ben lui qui était complètement azimuté et d'autres cas, mais pas de femmes. Où allait le monde si des femmes se retrouvaient dans les maisons protectrices du Sanctuaire enfin ! Quoiqu'il en soit, gardant pour lui ses pensées et ne rendant à sa consœur qu'un sourire courtois, Narcisse la laissa passer.

Du moins était-ce l'idée. Car oui, cette demoiselle se vautra allégrement dans les escaliers sous le regard surpris du jeune homme qui se porta immédiatement à son chevet pour l'aider à se relever.
- Allez-vous bien consœur Leona ? Questionna-t-il, un genou à terre à côté d'elle.
Il ne porta pas les mains sur elle. Il se voyait mal aider un chevalier d'or à se relever d'une chute dans les escaliers. Cela lui semblait tellement... décalé avec leur fonction. Posant son casque à terre, il lui présenta malgré tout sa main, comme tout homme le devait face à une personne à terre d'habitude.

Qui était Leona pour lui ? Pas une personne très importante dans son esprit. Guerrière résidant dans la maison de la Balance - sans masque -, elle suivait une voie exemplaire et enviée par de nombreuses autres femmes qui résidaient dans le Sanctuaire. Mise à part cela, Narcisse ne savait rien d'autre d'elle que des on-dits. Aussi allait-il peut être pouvoir étoffer ce qu'il savait d'elle par cette rencontre, en attendant que le Verseau se montre, s'il se montrait. Mais peut être était-il aussi parti en mission ? L'aura que Narcisse avait alors senti approcher était celle de Leona et non d'Aétios. Bref, elle se relève ou pas celle-la ?

Je méprise, déteste, hais ces maudits escaliers ! Sérieux, pourquoi les gens ils ont décidés un jour de faire des escaliers ? Genre ils avaient pas assez de place ? Ils voulaient dire coucou aux oiseaux ? Prendre l'air en dansant sur de la lyre ?! Parce que voilà, moi je le dis ! Ça sert à rien les escaliers, et aller plus haut qu'on ne l'ait déjà, bah moi je trouve que ça fait complexe pas avoué, nah ! A la limite, si les gens creusaient, j'dirai pas ! Après tout, être plus bas qu'on l'est, moi je trouve que c'est une belle allégorie de la beauté occulte, la beauté profonde qu'il faut creuser afin de découvrir, ah ... Ça me manque ces moments d'errance parmi le Saint Empire ! A ouïr contes et légendes, anecdotes et fables ... Mais cela était révolu, j'étais une nouvelle personne, une arme au service d'un plus grand dessein.

Une pièce maîtresse dans ce plan plus global !

Mais en attendant, j'étais écroulée de tout mon long sur le sol. Et je crois même que la lourde pièce d'armure dont j'étais vêtue m'accablait, m'empêchant de me redresser, trop lourde. En théorie, parce qu'en fait non. Ce poids que je ressentais ne venait pas de l'amas de métal, mais bel et bien de ma lassitude. J'avais la flemme de me relever, j'avais peut-être même envie de me perdre dans la contemplation du ciel tiens ! Puis de piquer un petit somme, ça serait siiii tentant ... Hmm. Oui, un petit rire germa de mes lèvres, exprimant mon engouement face à cette idée. Mais il a fallu que le Capricorne m'interrompe dans mes rêveries, ah ! Je tournais doucement mon visage vers le sien, l'entendant me héler, voyant me tendre sa main. Acquiesçant, toujours avec un petit sourire, c'est de bon grès que j'acceptais son aide, et me redressais, fière d'allure ! Juste à ses cotés, à courte distance, je me permettais d'exprimer à vive voix ma pensée immédiate.

- Nan mais sérieux, ils mettent des escaliers de partout, moi j'te dis, ça sent le complexe pas assumé. Limite ils décideraient d'aller en bas je dirai pas, mais en haut ? C'est louche, crois-moi, parole de Leona.

J'acquiesçais avec conviction, plantant un regard intense sur le sien.
Je n'attendais pas à être contredite, ah ça nan !

La jeune femme mit un certain temps à se relever, à tel point que Narcisse se demanda un instant si sa chute n'avait pas été plus violente que prévue - bien qu'elle ne soit sans aucun doute pas prévue - et s'il devait non seulement la remettre sur le dos lui-même tout en appelant un prêtre. Mais finalement, en voyant le dos de l'armure d'or de sa coéquipière s'agiter, Narcisse en vint à la conclusion logique qu'elle allait bien car il lui semblait bien la sentir rire tout bas d sa propre chute. Un peu bizarre cette fille en fait.
Elle attrapa la main tendue de Narcisse qui pût goûter à un contact froid de par l'armure et chaud de par la peau dénudée de doigts de la jeune femme. Leona se servit de celle-ci comme d'un appui et sauta sur ses jambes, fraîche et dispo. Enfin, d'apparence seulement car...

- Peut être l'envie de rejoindre notre déesse s’exprime-t-elle dans cet escalier montant vers le ciel, Leona, répondit-il en penchant la tête de côté.
Il prit la pause du mec qui-répond-en-espérant-pas-jeter-de-l'huile-sur-le-feu. Car la Gold Saint de la Balance avait les yeux légèrement cernés et semblait fatiguée, tout simplement. Peut être l'urgence de la réunion l'avait-elle éprouvé. C'était aussi le cas de Narcisse dans un sens, car il ne ressentait jamais l'envie de parler aux gens quand il était en pleine forme. Sa propre compagnie lui suffisait. Répondant au regard intense et un peu déplacé de Leona par un regard en biais, il espérait lui faire remarquer que son comportement était, curieux, de son point de vu en tout cas. Certes cela allait sans doute lui faire une belle jambe, mais il y avait fort à parié que ça la pousserait à parler un peu plus au Gold Saint du Capricorne.

- Vous semblez épuisée, s'hasarda-t-il à déclarer, sentant un silence s'installer dans cette conversation imprévue.
Tant qu'à rentabiliser son passage chez le Verseau, autant le faire en parlant un peu avec la Balance. C'était un bon point pour Narcisse d'ailleurs, d'oser transformer une déception en une bonne opportunité. C'était d'ailleurs rare. Le jeune homme faisait quelques progrès pour se socialiser vraiment, un peu plus, et pas seulement faire semblant.

La réponse qu'il m'offrit me fit hausser un sourcil.

J'étais pas experte dans tout ce qui était architecture et autres trucs du même genre, mais voilà, d'accord ! Rejoindre la déesse ? Bah moi je trouve que ceux qui font des escaliers, en plus d'avoir un complexe, ils sont très prétentieux ! Parce que bon, vouloir se mettre au même niveau qu'eux ? Eux qui par essence sont divins aussi bien dans leur pensée que dans leur beauté ? Moi je pense que c'est limite de l'hérésie. Aussi bête qu'on peut dire que je sois, moi, au moins je sais où est ma place. Oui, parce qu'il y en a certains qui viendront s'afficher avec des faux semblants et de jolis minois et vous dire qu'ils sont très pieux et tout ! Mais derrière rien, quedalle, le néant le plus absolu et pur qui soit ! Alors moi, j'peux pas m'empêcher d'esquisser un mouvement de recul. Juste un pas, suffisant pour creuser la distance entre nous deux.

Définitivement, le Capricorne était prétentieux, un peu une honte quand on est si proche serviteur.

Puis, on se regarde dans le blanc des yeux, un moment durant. N'aillant plus rien à dire, un peu comme si nous étions en état de défiance. Un peu absurde, quand les valeurs d'Athéna doivent être répandues par nos mains unies. Je me sentais coupable au fond. Au fond, il était peut-être cool Narcisse ! Juste que j'ai beaucoup d'à priori et tout, après tout j'suis pas toujours futée ... Nan, c'est peut-être un homme bien, oui ! Comme le Lion ou encore le Verseaux, ah ! Juste lui laisser une chance, voilà, oui, oui, oui ! Alors quand il s'inquiète au sujet de ma fatigue, je ne peux esquisser qu'un petit rire, cristallin, agréable à entendre (tout du moins pour moi), avant de répliquer narquoise.

- Fatiguée, moi ? Qu'est-ce qui te fait dire ça ! Nan, nan, je suis parfaitement bien, là, tout de suite ! Hier, j'ai dormi telleeemeeent ! Pas parce que j'étais épuisée, nan ! Juste parce que dix heures de sommeil c'est un minimum vital pour avoir un beau teint !

Comme pour donner plus de poids à mon affirmation, je tournais sur moi-même, afin qu'il puisse m'admirer sous tous les angles. Puis, dos à lui, je tournais le visage vers sa personne, avant de lui demander, toujours moqueuse.

- Et toi alors ? Pas trop dur d'arriver jusque là ? Après tout, on te voit pas souvent sorti de chez toi, pas mal aux pieds ?

Bon, d'accord. Des lèvres d'un autre, on aurait vraiment pu croire que c'était une pique. Mais nan, vu l'innocence de mon ton, naturelle, on y dénotait juste la curiosité. Narcisse n'était pas connu pour ses apparitions publiques, ni pour son éloquence.

Finalement, Leona n'était pas aussi fatiguée que son expression le laissait suggérer. Elle avait d'ailleurs la forme, et son esprit vivace lui piaillait déjà une réponse qui ne prêtait qu'à sourire au jeune homme. Une étrange personne. Mais qui avait décrété qu'il fallait être propre sur soi, digne et distingué, pour accéder au titre de Gold Saint hein ? Personne. Aussi, bien que cela puisse faire étrange d'avoir, et d'une une femme, et de deux une jeune femme à l'esprit éveillé être chevalier d'or, Narcisse ne se permettait pas de la juger totalement indigne d'être là au Sanctuaire. Cette petite puce avait par ailleurs parfaitement raison : un bon sommeil permettait de garder une peau douce et un teint frais bien plus longtemps.

Souriant, Narcisse acquiesça donc à sa déclaration et n'hésita pas à la complimenter après l'avoir vu tournoyer sous ses yeux.
- Cela porte effectivement ses fruits, votre peau à l'air très douce. Cependant, n'hésitez pas à placer une tranche de concombre sur vos cernes pendant la nuit, cela vous laissera moins de marque en cas de longue nuit comme celle-ci.
Comme pour appuyer ses propres conseils, il donna un petit coup de pouce à sa chevelure d'émeraude tout en relevant le menton pour lui laisser le loisir d'admirer son visage et l'absence totale de cernes sur celui-ci.

Par contre sa déclaration suivante le fit tiquer. Était-ce de la moquerie ou bien cet air naïf ne cachait en réalité qu'un simple vide intellectuel ? il était fort possible que la deuxième proposition soit la plus probable. Il était cependant vrai que Narcisse n’apparaissait que peu en public, or entrainement où l'on ne parlait pas tant avec lui, même pour lui proposer de s’entraîner d'ailleurs. Lorsqu'il le faisait et se mêlait aux autres, il mettait un tel acharnement à la tâche qu'il épuisait et blessait même parfois ses adversaires. De ce fait, Narcisse était un chevalier d'or plutôt méconnu au sanctuaire bien qu'il y ait vécu cinq années déjà.

- Je vais bien, merci de t'en inquiéter. Il se trouve que je cherche à composer, dans la maison, mais l'inspiration ne vient qu'avec le calme le plus complet aussi, je n'ai que peu l'envie de me mêler à la vie du sanctuaire hors de mes entraînements avec les autres chevaliers.
Il était aussi vrai, mais cela il préférait le garder pour lui, qu'il trouvait relativement moches et disgracieux bien des personnages des rangs inférieurs. Il n'avait aucune envie de faire ami-ami avec eux.

Un sourire illumina mon visage, alors qu'il complimentait ma peau. Après tout, c'était une de mes fiertés ! J'en prenais grand soin, j'utilisais divers onguents, me lavais chaque jour afin de conserver ce teint si magnifique, mirifique ! Oui, pour être belle il faut souffrir, même si dans mon cas j'ai pas trop souffert. C'est un plaisir pour moi ces activités ! Mais ennuyant au bout d'un moment, donc c'est pour ça que je cherche de la compagnie. Je ne suis pas une solitaire moi ! J'aimerai bien partager mes passions ! Mes activités ! Tout ça à la fois ! Mais bon, c'est dur ... Personne ne semble partager mes affinités. Peut-être que Narcisse, lui, oui ?!

Après tout, il a l'air de prendre autant de temps à s'occuper de sa chevelure que moi de mon teint ! Han ! On est un peu copains d'esthétique ! Même si ça veut rien dire moi je me comprends. Alors quand je me perds dans sa contemplation, je ne peux empêcher un petit sourire d'égayer mes traits. D'ailleurs, il avoue qu'il n'aime pas trop être au contact des gens. Enfin, des autres chevaliers il précise bien. Qu'est-ce que je dois en déduire ? Qu'il est associable ? Enfin, ça changerait pas des trois quarts des gens ici présents, mais bon ... Composer ? Il joue d'un instrument ?! Haan ! J'adore la musique ! Maman elle voulait que je joue de la lyre, mais j'y suis jamais arrivée, trop de cordes !

Donc, le prenant par la main, radieuse, je m'exclame surexcitée.

- Haan ! Tu joues ?! Quel instrument ?! Un beau instrument hein, genre la lyre hein hein hein ?! Pis tu peux me jouer un truc ?! Un truc beau, joyeuse, pas triste ! Tout de suite, steupléééé !

Et me voilà le tirant par la main, avec ou sans accord, vers sa maison, toute enjouée.
Ce genre d'occasions, ça se rate pas !

Tien, mais quand me suis-je fais embarquer de la sorte sans mon autorisation pour la dernière fois ? Sans doute n'était-ce jamais arrivé et c'était pour cette raison que Narcisse ne réagit aucunement et se laissa faire avec de grands yeux, surpris de ce contact avec Leona. Celle-ci voulait l'entendre jouer d'un instrument, instrument qui se trouvait logiquement chez Narcisse. Au moins avait-elle assez d'esprit pour faire des liens aussi logiques. Ils descendirent donc tous les deux les escaliers presque en courant en direction de la maison du Capricorne. Ils y furent en deux minutes, parce qu'ils ne se pressaient pas - faisons remarquer que les Gold Saints se déplacent extrêmement vite -. Durant le chemin, la Gold Saint de la Balance ne lui avait pas lâché la main, comme pour s'assurer de sa prise et l'amener presque de force jusqu'à ses appartements pour l'entendre composer.

- Fais comme chez toi, lui annonça Narcisse en passant avec Leona entre les colonnes de l'entrée. Mais ne touches pas aux miroirs, s'il te plait.
En effet, comme chacun le savait - pour ceux qui étaient passés par sa maison -, Narcisse avait un goût immodéré pour lui-même et sa maison avait été redécorée par ses soins de manière à refléter où qu'il s'y trouve son reflet pour son propre plaisir. Autrement, ces miroirs lui servaient, selon une configuration qu'il état le seul à maîtriser, à voir tous les recoins de son domaine pour ne jamais laisser passer un intrus. Le chevalier put donc admirer son reflet et celui de Leona marchant main dans la main à l'entrée de sa maison.

Comme prit d'une certaine gêne, il lâcha sa consœur et avança entre le dédale de miroirs en faisant signe à sa suivante d'avancer. Ils arrivèrent au pied d'un escalier menant à l'étage où la réincarnation de Narcisse résidait. Comme en bas, des miroirs, mais aussi des fleurs, et même une petite fontaine tombant comme une cascade et dans laquelle il pouvait également se régaler de sa propre image. Non-loin de son lit se trouvait une lyre, instrument dont il avait effectivement apprit à jouer avec sa tante et dont il essayait depuis quelques années de tirer quelque chose de plus beau. Quoi de plus enchanteur que d'apparaître avec une belle musique ? L'effet de scène était important. Le jeune homme prit l'instrument et s'installa sur une chaise, s'attelant à quelques réglages avant de jouer quelque chose à Leona.

- Dis moi, commença-t-il à mi-voix, penché sur son instrument, qu'as-tu pensé de la réunion, et de ce qui y a été dit ?