Tu te réveillas assez soudainement, dans ton lit, suante. Directement, tu te relevas mais tu sentis une vive douleur au niveau de tes flancs : tes plaies encore trop récentes s'étaient rouvertes, aussitôt l'un de tes servants vint à tes côtés pour proposer son aide, évidemment, tu répondis dans un soupir mais il fallait bien que quelqu'un le fasse. Tu le laissas alors éponger tes blessures, après quoi il te conseilla vivement de te reposer.

« Sans façon. J'ai à faire. Comment suis-je arrivé ici ? »

Une nouvelle fois, ton servant répondit rapidement, il savait que tu ne supportais pas attendre, tout le monde le savait et ta colère était encore plus directe depuis que tu étais guerrière divine. Tu renouvelais la fierté de ta famille et évidemment, ton arrogance n'avait jamais été aussi exacerbée. Ainsi l'ange qu'était Volsung n'avait jamais cessé de te couvrir de ses ailes alors même que tu ne lui étais plus d'aucune utilité une fois inconsciente ? C'était désormais impossible pour toi de ne pas te rendre à l'endroit où il vivait. De fait, de tout les êtres peuplant cette terre, c'était le seul à ne pas devoir se méfier de ta sournoiserie

« Bien. J'ai une dette et des remerciements à faire, je suis assez puissante pour mordre assez longuement sur ma douleur. Va préparer mes vêtements, rouges évidemment, je ne voudrais pas que mes blessures soient visibles. »

C'est ainsi que tu fus décorées d'habits rouges garnis de parures dorées. Tu ne comprenais pas l'intérêt de faire croire aux autres que tu avais des origines modestes. C'était faux alors pourquoi leur faire croire que vous étiez égaux alors que c'était tout aussi faux ?

« Prévoyez un couvert et un siège de plus, au cas ou. Il est tout aussi possible que ni lui ni moi ne revenions ici. Si cela venait à être le cas, vous n'aurez qu'à vous régaler des restes ! Évidemment, si je constate que vous avez fait du surplus volontairement, votre prochain diner sera au-delà du Gjöll. »

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Venais-tu en guerrière divine ou en noble infante, tu n'en savais trop rien. Cherchais-tu seulement à le remercier ou à lui plaire, une nouvelle fois, tu n'en savais rien. C'était la première fois de ta vie qu'un être éphémère te semblait digne d'adoration. Pour la première fois de ta vie, tu pouvais regarder face à toi pour trouver quelqu'un, pour une fois personne n'avait à s'élever pour t'atteindre. Cette sensation était à la fois un soulagement et un malaise. Il était tellement aisé de se savoir supérieur que de partager la place te déplaisait néanmoins ... Tu ne pouvais nier le fait que d'avoir quelqu'un pour comprendre tes aspirations était tentant.

Lentement, tu arrivas aux ruines d'Eta, accueillie de la plus pure musique. Jamais ta cour ne t'avait offert pareils accords. Était-ce le son paillard de ces marinas de pacotille qui t'avait alors empêché de l'entendre ou jouait-il autrement pour ses ennemis ou encore avais-tu sciemment cesser d'écouter toutes musicalité afin de ne pas être emporté par ce duo aquatique ?

Tu arrivas et sans mot dire, tu posas doucement ton genou au sol, observant ses doigts glisser sur les fils de son instruments, tu avais alors l'impression que c'était ces mêmes fils qui serraient ainsi ton cœur. Fermant rapidement les yeux et prenant une légère inspiration, tu t'exprimas.

« La musique des anges est nettement plus belle lorsqu'on est seul pour l'écouter, Volsung d'Eta. Je suis venue pour te remercier et au final, j'ai été transportée par tes accords. Alors oui, merci pour tout, Volsung. Je ne comprend pas. Ais-je été la seules à les voir ? »

Dis-tu en parlant de ses ailes. Tu savais que la bataille d'Asgard avait été un échec cuisant pour les Asès mais comment pouvait-on se prétendre musicien et attaquer ainsi Volsung ? Ou bien était-ce le jeune malheureux que tu avais manipulé ? Cela ne serait pas bien étonnant. Comment un être si malléable aurait-il pu être touché par pareille grâce ?

Alwine de Psi, n'est-ce pas ? Je n'ai nul besoin de remerciements. Je n'ai fait que suivre la volonté du seigneur Odin en me portant au secours la seule âme qui n'avait pas succombé à l'hérésie. Si cela t'a sauvé la vie, j'en suis fort aise, mais c'est lui que tu dois remercier. Je n'ai fait qu'exécuter ses ordres. En ce qui le concerne, Máni sera châtié pour avoir osé se rebeller contre son autorité. Mais il y a plus urgent, à commencer par la question que j'aimerais te poser. Comment connais-tu mon nom, alors que je me suis évertué à le taire ?

Tu pus à nouveau contempler ses ailes. Oui, c'était prétentieux de les sortir ici dans l'unique but de se montrer mais c'était efficace : tu étais capable de changer la densité de ton cosmos, allant d'un état inexistant à son explosion mais tu étais incapable de t'en servir pour matérialiser pareille beauté. Cela indiquait clairement que le musicien avait un don, son arrogance était justifiable : son cosmos était accords et ailes angéliques là où d'autre faisait apparaître des masses cosmiques. La vision d'un certain combat ne l'avait pas échappée.

« Flattée que tu te rappelles de mon prénom, je suis bien Alwine de Valaskjálf. Tu n'as fait que ton devoir certes mais c'est toi que je vais bel et bien remercier. Malgré le caractère sacré confié par Odin, certains, à l'instar de Máni, ont prouvés que l'être mortel demeurait libre de ses actes. Ta liberté fut d'accomplir ton devoir et je t'en sais gré. »

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Un jeune enfant se présente à votre noble table. On vous le présente comme Volsung, futur virtuose du royaume. Ton père était un mécène régulier mais il est vrai qu'il ne donnait que peu d'espoirs aux si jeunes, l'enfant devait avoir sept ou huit ans. Par contre, il ne se privait pas de les convier à jouer, réciter ou peindre lorsque l'occasion se présentait : sans les soutenir durablement, il savait se montrer régulièrement généreux à leur égard, nous payons bien.

« Mes filles, je vous présente le jeune Volsung, il accompagnera notre repas de ses accords, alors profitez. »

Toi et Ingrid, vous le remerciez et vous mîtes à table afin de manger. Ta jeune sœur semblait emballer mais rien d'étonnant, un papillon pouvait l'émouvoir des heures durant. Tu étais un public plus difficile, sinon hostile. Ton père fut même embarrasser lorsque tu nettoyas ta bouche et t'en alla. Tu posas ta main sur l'encadrement de la porte et te retourna vers le musicien.

« Tu as du talents, Volsung. Fais perdurer ton art et tu deviendras peut-être le musicien attitré de ma maison. Pour l'heure, père, je souhaite qu'il puisse se nourrir à sa guise une fois son récital terminé. »

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Cette insolite image te revint en tête : à l'époque, il avait ainsi jouer pour toi ? Les choses avaient bien changée. À l'époque, il aurait pu faire partie de ces personnes rampant à tes pieds pour tes faveurs mais aujourd'hui, le rapport de force était différente : il t'avait égalé sinon dépassé. C'était logique qu'il ne s'en rappelle pas, il avait du en voir des nobles maisons. Certes, très peu comme la tienne car la tienne possédait malgré tout le second trône d'Odin et tu n'en seras jamais assez fière mais pour lui, à l'époque, le niveau d'aisance était tel qu'il ne devait pas faire la différence. Par contre, toi, tu n'avais vu que peu de musicien dans ta vie : ta mère détestait ça et ce n'est qu'à sa mort qu'ils ont commencé à venir agrémenter votre repas. Mais ce fut à ton tour d'être loin. Il n'y avait que peu de musiciens dignes de partager tes souvenirs et, visible
ment, Volsung en faisait partie.

Comment avais-tu su qui il était ? Ce souvenir était la réponse flagrante : tu étais douée pour traiter les informations. De tout ceux que tu avais vu, seul Volsung avait une chevelure de cette teinte à son âge, faire le rapprochement était aisé, d'autant qu'à l'époque, tu l'avais repéré, sans qu'il ne devienne une obsession. À l'époque, tu comptais bien faire monter ta Maison au-delà de l'imaginable et avoir un musicien attitré avait du te sembler une bonne idée. Bien sûr, tu souhaitais ardemment qu'il ne joue que pour toi, mais ce n'était plus par gloire à présent.

« Comme tu peux le remarquer, j'attache énormément d'importance à ma Maison alors peut-être que cette révélation ne te surprendra en rien : avant d'être Volsung d'Eta, tu étais Volsung un jeune prodige de la musique, tu as joué à ma table. Et, par devoir, je n'oublie rien. Faire le rapprochement n'a pas été quelque chose de difficile mais tu peux compter sur moi pour que je taise cette information puisque tu tiens à ce qu'elle ne filtre pas. »

Même pour toi, Volsung restait quelqu'un de très énigmatique. Tu t'évertuais à connaître le secret des autres là où lui en faisait autant pour le cacher. Sa chance était d'être un Guerrier Divin, bénéficiant de suffisamment de crédits pour ne pas te voir les traquer afin de tout connaître sur eux mais tu restais à l'affut. À présent, tu étais bien contente d'avoir laisser un peu de mystère en lui : ainsi, si Odin le voulait, il pourrait le partager volontairement avec toi.

Máni n'est qu'une bête à qui les dieux ont accordé un peu de pouvoir. Il sera puni bien assez tôt pour n'avoir pas su connaître ses limites. C'était une erreur de laisser cet animal sauvage poser le pied sur un champ de bataille, et je n'oublierai pas qui en est responsable. Je ne peux l'en blâmer plus que je ne l'ai déjà fait, car la faute en revient à celui qui lui en a donné le droit.

Je t'en sais gré. Cette vie n'est plus la mienne, car je suis désormais au service du seigneur Odin. J'ai renoncé à mon ancienne existence quand j'ai endossé cette armure divine et suis devenu son ange messager. Mais je dois dire que tu m'impressionnes, et c'est un honneur que tu te souviennes de moi après tant d'années. Bien que moi non plus, je ne t'ai pas oubliée...

Tu dis que ta maison te tient à coeur, mais tes titres de noblesse ne sont rien face à celui de Guerrier Divin. Tu ne dois jamais l'oublier, car le seigneur Odin ne le permettrait pas. Toujours est-il que si nous sommes ici, c'est que les cieux en ont décidé ainsi. Désormais, nous sommes égaux. Cela ne peut être dû au hasard. Nous ne devons pas laisser cette chance nous filer entre les doigts. Accepteras-tu de rester à mes côtés ?

Tu souris alors. Volsung était un fervent croyant et il ne blasphèmerait pas si aisément même si sa réflexion portait à confusion. Du coup, il prêtait obligatoirement l'indiscipline de Máni au Seer. C'est vrai qu'à tes yeux, ce dernier n'avait pas su gérer Asgard et par sa faute, vous en étiez là. C'était important de trouver en celui que tu appréciais un soutien affirmé.

« Le Seer n'est-ce pas ? J'en conviens, je ne l'approuve pas non plus. Il pêche et par talent et par légitimité. Je n'ai jamais rien lu au sujet de cette armure et pourtant, mes glorieux ancêtres furent parmi les premiers à voir le privilège d'être nommé Guerrier divins et, à l'époque, l'Alpha menait logiquement ce groupe. »

Alors qu'il parlait de ta Maison, justement, tu allais lui répondre avec une certaine autorité lorsqu'il te saisît le menton, tu en fus décontenancée. Tu perdis l'espace de quelques instants ton éternelle assurance, pourquoi faisait-il ça, c'était empli de sens selon ta noble personne et ... Cela te troublait, non que tu en fusse écœurée, loin de là mais c'était si ... étrange et presque anaturel de la part de l'homme à la blanche et longue chevelure. Du moins de ce que tu en avais vu.

« Euh ... Je ... Oui, oui je resterai à tes côtés, Volsung. Enfin ... Tant que nos missions respectives pour Odin le permette. À cause du Seer, nous allons devoir tout faire pour récupérer la Prêtresse et dès qu'une possibilité se présentera à moi, je tenterai de le faire. »

Néanmoins, tu ne pouvais rester là, saisie par le menton, sans lui apporter un peu plus de clarté sur ton histoire et celle de ta noble famille. Vous n'étiez pas que des sangs bleus parmi tant d'autres, vous aviez un rôle qui méritait d'être connu.

« Mais ... Pour ce qui est de la fierté que je porte à mon nom, tu n'es plus sans savoir que mes aïeuls furent de valeureux guerriers divins. C'était un charmant couple aussi bien humaine que divinement, ils formèrent les premiers Hugin et Munin. L'histoire est assez floue mais pour une raison ou un autre, Odin a jugé bon de confier à ma famille la protection d'Hlidskjálf, le trône au-dessus duquel Odin pouvait voir tout les mondes. Vu le rôle tenu par Hugin et Munin, le rapprochement peut être fait là-bas. Mais tu comprendras à présent que je tire fierté et de ma GodRobe et de mon sang, chargé de protégé son trône. »

Doucement, tu apportas ta main envelopper celle qui te tenait depuis tout ce temps, en souriant légèrement. Réellement, tu ne savais pas comment agir d'une autre manière, c'était si ... édifiant.