L’étoile filante tomba au sol.
Désormais, elle était assez loin de l’Égypte pour ne plus craindre la famine laissée derrière elle. Les rives d'Alexandrie, ensanglantées et dévastées par l’affrontement n’étaient plus qu’un souvenir, malgré les traces bien visibles qu’elles laissaient sur la peau blanche. Mais elle avait eu beau rassembler ses forces comme elle le pouvait, il lui était impossible d’atteindre dans cet état, seule et par ses propres moyens, le sanctuaire d’Athena. L’énergie qu’elle avait pu trouver au fond d’elle l’avait amené jusqu’en Grèce, elle avait survolé la mer, mais n’était pas parvenue jusqu’à la capitale, qui en ce moment même lui paraissait encore terriblement lointaine. Par ailleurs, elle n’avait pas oublié… Avant que l’affrontement ne s’engage, avant que les Saints ne tombent et que Beast ne sorte, il y avait quelque chose qui avait attiré toute son attention au point de la détourner de leur mission. Et ce quelque chose, il était toujours là… Alors, bien qu’elle tremblât de tout son corps et que son esprit fut encore marqué par la sortie de Beast, elle n’oubliait pas cette aura familière qu’elle avait ressentie… Cette aura qui avec force attirait tout son être.

La lune était haute dans le ciel, et l’Aigle avait échoué dans une petite clairière d’une forêt touffue, bien loin de toute âme qui vive. Un vent doux soufflait, caressant les têtes timides des brins d’herbes et des bourgeons fermés en l’absence du soleil. Il régnait quelque chose de paisible en ces lieux, de doux et de calme, qui contrastait avec le charnier du port. Tout ne semblait être que repos et beauté. Le ciel, constellé d’étoile, offrait sa douce lumière à la jeune femme meurtrie, et le monde tout entier en ce lieu semblait s’accorder avec elle pour la soigner de son harmonie. En temps normal, elle se serait émerveillée du spectacle tranquille qu’offrait ses lieux : mais en cet instant, elle se trouvait trop amoindrie pour se laisser aller à ses contemplations habituelles… Le Velum recouvrait toujours les épaules de la demoiselle, mais il était redevenu une étoffe évanescente de cosmos nocturne. Désormais, les plumes gorgées de sang, la folie, l’écarlate… Tout cela était loin derrière. Seule restait Blood, blessée et faible, sa longue robe blanche constellée de taches de sang, déchirée au flanc et sur tout son dos meurtri. Encore et toujours, ses plaies se refermaient doucement, et le sang qui perlait parfois n’avait pas le temps de former une véritable goutte qu’il regagnait le corps auquel il appartenait pour lui redonner des forces. Forces maigres, mais bien réelles.
Doucement, la jeune femme leva les yeux aux cieux. Son cœur battait fort, ce soir là. Sa première mission n’avait pas été une réussite, et elle en avait un peu honte… Ce voyage c’était soldé d’un échec pour les rangs d’Athena. Mais plus encore, il représentait un échec à titre personnel : elle avait perdu le contrôle, totalement, et ne se souvenait pas même de ce qu’avait fait Beast avec son corps. Elle savait vaguement que la démone et la Cardinale de la Famine c’étaient bien trouvé, et avaient joui ensemble de la sympathie qu’elles se vouaient l’une à l’autre… Mais rien de précis, et son esprit était brumeux. Seul les tâches maculant ses habits et sa peau témoignaient de ce qui avait pu se passer. De tout son cœur, l’oiseau fragile souhaitât ne plus jamais vivre pareils évènements.

Dans le ciel, l’aigle que lui avait offert Arsiesys volait au loin. Vaguement, elle avait l’impression qu’il l’avait protégé, qu’il avait joué un rôle, et que sans la protection silencieuse du soleil elle ne serait peut être pas la. Désormais, l’oiseau la rejoignait… Mais il lui semblait encore bien lointain. Le corps de la jeune femme était endolori, elle souffrait. Certes, la douleur s’apaisait peu à peu, mais elle était si vive qu’elle n’était pas prête de s’estomper de si tôt. Chaque mouvement représentait un effort intense… Au sol, elle se trainait presque et faisait bien triste figure. Mais non loin d’elle, il demeurait des vestiges de quelque petite construction de pierre, peut être un ancien Autel. La, elle pourrait s’assoir et s’adosser a une colonne. Alors, petit a petit l’Aigle se tirât, pour trouver une position un peu plus digne et confortable. Dans son sillage, elle laissait quelques plumes d’ébène, et du sang.

Blood ferma les yeux. Assise la, elle se sentait désormais un peu mieux, et les lieux lui apportaient une certaine paix intérieure. Les paupières closes, elle se rétablissait petit à petit… Au fond d’elle-même, elle attendait. L’aura était la… Elle faisait frémir ses souvenirs et son corps, et quelque part, laissait grandir une certaine impatience. Le clair de Lune la rendait mélancolique.
Doucement, ses yeux se rouvrirent. Dans le ciel, Nox était proche désormais. Alors, s’appuyant, elle se redressa pour se lever doucement, et tendant la main vers le ciel, y accueillir l´’Aigle noir. Nox… Ce nom, elle l’avait choisit très spontanément, et il n’était pas anodin. Mais étroitement lié a l’un des moments les plus forts de sa vie…

La jeune femme sentant une présence s’approcher a l’autre bout de la clairière tourna la tête, et son cœur manqua un battement. Cette silhouette, malgré les années, tout comme cette présence, elle les reconnaitrait entre milles. Imperceptiblement, ses lèvres s’entre ouvrirent sans trop savoir pourquoi, et un son s’en échappa à peine, un souffle.

- Str…

L’air vibrait doucement, et tout autour la forêt frouillait de milles frissons et de vie. Mais les rocs, les murs et les rues de la vieille cité de Rome étaient bien loin, tout comme ces temps ou silencieuse la jeune femme les arpentait sans relâche, nuit après nuit. Et pourtant, elle sentait ressurgir autour d’elle tous ces vestiges du passé, ces pavés et ces pierres qu’elle connaissait par cœur.

La noble cité vivait en elle, tout comme l’éclat du cosmos améthyste qui avait vu jaillir pour la première fois son feu nocturne.

Elle l’aurai reconnu entre milles, et pourtant une vague d’effroi la saisit et la fit douter. La jeune femme était faible, son corps déchiré, brisé parfois et couvert de cicatrices. Et comme elle sentait tout a coup l’aura de cette apparition lourde de menace, la crainte la gagnait.
Alors, il commençât a s’approcher. La jeune femme imperceptiblement tremblât, en proie a une foule d’émotions intenses et variées. A chaque pas qu’il faisait, elle reconnaissait plus distinctement la personne qu’elle avait connue, tout en la méconnaissant. Son visage, sa silhouette, il était le même… Et pourtant, l’expression qu’il abordait, la rage et la violence qu’il dégageait, elle ne les reconnaissait pas et s’en sentait terrifiée, vulnérable comme elle était en cet instant. Mais il était une chose… Qui vibrait au plus profond de son être : c’était le feu améthyste, ce même feu qui brulait avec intensité et rage autour de l’apparition. Et ce feu, il ne mentait pas…
C’est lui. Dans l’esprit de la demoiselle, ces mots revenaient sans cesse. « C’est lui. ». Pas un autre… Lui.

L’incompréhension la saisit. Elle-même l’avait sentit, comme un appel, avait sentit sa présence. Mais désormais qu’ils se faisaient face, l’homme ne semblait pas reconnaitre la demoiselle, et pire, l’accusait d’avoir manqué de le tuer. Pourtant, aussi changé fut il, jamais Blood n’aurait attenté à ses jours. Déjà parce qu’elle ne chercherait jamais a tuer qui que ce soit, puis parce que pour rien au monde elle ne serait capable de lui nuire. Mais la pareille ne semblait pas vraie. Ses muscles se raidirent, et elle fut prise de légères sueurs froides. Ses innombrables blessures la faisaient souffrir, et elle se trouvait dans l’incapacité de bouger.
L’Aigle noir à son bras avait posé ses yeux sombres sur l’étranger et écarté ses ailes, le bec ouvert, dans un geste de menace. Lui ne sentait reconnaitre que le danger, et spontanément agissait pour protéger sa maitresse. La sainte y vit un peu de la volonté d’Athena cherchant à l’avertir de celui qui la mettait en péril, et même plus, mais cela elle l’ignorait, de celui qui se tenait du coté des rangs d’Arès. Mais il ne fit rien de plus que cela.



C’est lui. – Il l’avait reconnu, et désormais il n’y avait plus de doute possible. En un instant, la violence qui avait ébranlé la pierre et invoqué la lumière de la Lune se tarit. Mais le cœur de Nox battait toujours à la chamade… A vrai dire, elle se sentait perdue, et trop de choses se bousculaient en elle dans un tumulte assourdissant. Straw était bel et bien la face à elle, il l’avait même énoncé haut et fort. Il était là ainsi qu’il l’avait été 5 ans au par avant, près d’elle, a quelques centimètres à peine et il lui aurait a peine suffit d’un geste pour être dans ses bras si elle l’avait voulu. Mais il avait changé : il avait maigri, ses traits c’étaient affermis et fait plus durs. Ce qu’il dégageait était différent également, et elle ne pouvait se défaire de ce qu’elle avait éprouvé quelques instants au par avant encore. Si un chevalier ne devait ressentir la crainte, elle avait failli : lorsque le poing de l’homme avait ébranlé la pierre, elle avait tressaillit, tremblante et terrifiée, se sentant incapable de se défendre face à lui. Et puis… L’œil anthracite n’avait plus qu’un seul œil améthyste ou trouver refuge, désormais. Le second, tout comme le sien, c’était enfui sous une protection de tissu… Face a cette similitude, un nouveau frisson la parcourut. Était ce Beast qui se tenait face a elle ? Eux qui étaient si étroitement liés l’un a l’autre, avait il hérité de sa malédiction, de cette violence ? Cette idée lui parut monstrueuse.
Pourtant, le Straw de désormais et celui de la seconde précédente n’étaient pas si différents. Elle était certaine que contrairement à son opposition radicale avec Beast, elle faisait dès le départ face à lui et personne d’autre. Alors … ?

Cinq années s’étaient écoulées. Durant ce lab de temps, il semblait que des millions de choses étaient arrivées. Elle pourtant n’avait pas l’impression d’en avoir tant vécu : si ce n’est un évènement signifiant, l’armure de l’Aigle. Oui, sa vie avait prit un tournant radical, et elle avait intégré les rangs d’Athena en tant qu’Aigle. Mais qu’en était-il pour sa part … ? Il avait évoqué une arène souterraine, et la jeune femme craintive se refusa à imaginer les pires horreurs dont ces simples termes pouvaient être synonymes. Cependant, elle avait envie de savoir, ce qu’il était advenu.
Elle se souvint la peur qui avait saisit l’esclave cette Nuit là lorsqu’il avait prit conscience de sa force destructrice… Elle songea à sa propre démone, qui quelques heures au par avant à peine c’était libérée pour sévir. Ainsi, avaient-ils tout deux cédés à leurs spectres … ? Il semblait. L'Aigle noir pour sa part n'avait pas attaqué, et les avait même quitté pour se poser, un peu plus loin, comme une preuve que malgré tout, elle ne risquait rien. Il n’y avait pas de mots pour en parler à cet instant. Il y avait juste leurs regards qui s’étaient retrouvés.

- Straw…

Malgré l’émotion, un très léger sourire se glissa sur les lèvres de Nox. Comme si tout à coup, elle se souvenait simplement qui elle était, et que pendant tout ce temps, elle n’avait attendu que lui. Comme si il elle pouvait oublier le reste pour simplement laisser petit à petit la joie de ces retrouvailles s’installer. Mais sa main s’était retenue : il aurait suffit pourtant d’un infime geste, pour qu’elle trouve à nouveau son contact. Mais les restes de la terreur qui l’habitait l’avaient empêché de le faire.

Son teint était pâle, son souffle lourd. Le voile de cosmos nocturne qui l’enveloppait voguait doucement dans les airs, effleurant à intervalle régulier le jeune homme, et continuant sans répits d’apporter des soins au corps meurtri. Mais le sang continuait a couler par endroit, et elle était en sueur et tremblante… Puis ses lèvres à nouveau remuèrent faiblement, pour énoncer des paroles… inutiles.

- La Nuit est tombée...

Elle feignit un tout petit rire timide, que l'on aurait pu attribuer à l'expression de la joie, comme de l'amusement face à l'ironie des paroles qu'elle venait de prononcer, elle, Nox, au vu de son piètre état. La ou sa voix avait été fidèle a ce qu'elle avait toujours été, lointaine, pénétrante, cette réaction infime la fit se sentir profondément humaine. Elle tremblait toujours.

Le sourire doux de ses souvenirs avait laissé place à un sourire carnassier. « La Nuit est tombée » se vit pourvu d’un tout autre sens, bien plus lugubre. La nuit qui était tombée sur la terre était belle, et la Nuit qu’elle représentait, a l’image de cette nuit lointaine, était douce et étoilée, recueil paisible. En entendant ses paroles, la peur qu’elle avait éprouvée laissa place à l’inquiétude, inquiétude pour lui, pour ce qui avait pu advenir. Cette fois ci, les sombres images ressurgissaient avec plus de bravoure que précédemment, et elles ne tarderaient pas à s’imposer cruellement.

La jeune femme sentit son cœur se serrer en le voyant le faire volte face. Malgré tout, elle était heureuse de le voir. Et s’il partait ? S’il partait parce qu’il ne voulait plus la voir, ou de peur de lui faire du mal, de ce qu’il était devenu … ? Se détournait il d’elle poussé par une infime partie de son être, afin de ne pas céder a la rage qu’elle avait vu un instant au par avant ? Malgré ses peurs, elle ne le croyait pourtant pas capable de lui faire du mal. Leur expérience avait forcément laissé des traces profondes… Preuve en était, il l’avait reconnu dès l’instant ou il avait vu son visage, et sa réaction avait été sans appel.
Finalement, il lui fit à nouveau face.


« Tu ne m’as pas oublié. » Ses paroles, certainement résonnèrent elles dans l’esprit du jeune homme. Il avait beau dire, non, il ne l’avait pas oublié. Car ne la reconnaissait il pas en cet instant même ? Il c’était efforcé de l’oublier, certainement oui. Il avait du la refouler avec force, se contraindre a le faire… Mais les évènements le prouvaient bien assez : il n’avait su la chasser parfaitement de son esprit. Elle était demeurée, la, quelque part, telle une étoile très lointaine dans le ciel, qu’on ne voit que ces rares nuits ou l’air est si clair que la voute nocturne est constellée de milliers de points brillants. Et sitôt que l’occasion en avait été présentée, tout avait été mis en œuvre pour finalement les rassembler. Ces retrouvailles, la jeune femme ne les avait à vrai dire pas tant espérées : elle n’y avait pas songé régulièrement, elle ne l’avait pas attendu activement. Était-elle de ce fait en tort ? Non, pas plus que lui ne l’était. Car malgré tout, malgré ses dires, ils s’étaient attendu tout les deux.
Quelque part, le souvenir puissant était resté, avait sommeillé, et n’avait rien perdu de sa valeur. Ils s’en souvenaient désormais, tout simplement. Straw avait agit dans la contrainte et était presque en train de s’en excuser… Il avait ressentit le besoin de « justifier » son oubli, et prouvait ainsi un peu que jamais il ne l’aurait fait dans une autre situation.

Elle buvait chacune de ses paroles, préservant désormais le silence. A chaque instant, elle avait l’impression d’anticiper la cruelle vérité qu’il allait lui annoncer, comme si elle l’avait pressentit. Ses peurs pour lui prirent forme… La forme d’un immense charnier, d’une mare de sang a l’image de celle qu’elle avait vécu quelques heures plus tot. Pourquoi avait il du subir ca ? Elle y songeait avec douleur. Pourquoi avait elle été protégé par Athena, alors que Straw lui n’avait même pas pu échapper a un si cruel destin… L’incompréhension et même une sourde colère l’envahissaient quelque peu. Mais elle n’avait pas le temps de s’attarder en ces eaux là. Trop d’autres aspects du discours du jeune homme éveillaient trop de pensées nouvelles.
Les choses défilaient a toute vitesse en Calyps.

Evidemment, il avait lâché la bribe… Cela en un sens, elle l’avait déjà compris précédemment. Il avait ouvert la porte ou il avait enfermé se pouvoir qui l’effrayait, et c’était laissé envahir. Si elle était d’accord avec un aspect de son discours, un autre la dérangeait quelque peu : « avalé par la Nuit »… Encore cette autre Nuit ? Non. D’ailleurs, ce Straw qu’elle avait connu avait mené le Straw actuel à elle : il était la, il en faisait partie intégrante. Le présent n’était pas sans son passé, Straw n’était pas Straw sans avoir été Straw. C’était un ensemble, un tout évident. D’autant qu’il persistait dans son comportement, dans les évènements, et en la jeune femme. En son cœur et son cosmos, comme une partie intégrante, aussi, de ce qui la constituait elle.
Ce Straw ci était il un monstre ? La jeune femme n’y croyait guère… Elle trouvait au fond de son regard quelque chose qu’elle avait jadis trouvé, et qui n’avait rien de monstrueux. Alors même si un frisson d’épouvante la parcourait en songeant à tout ces morts et aux affrontements qui les avaient précédés, elle…

- Tu es toi. Et je ne te repousserai pas…

En rien elle ne désirait tourner le dos et partir, et loin d’elle la simple idée de le gifler pour ne plus vouloir jamais le revoir. Heureusement qu’elle ne savait pas qu’il allait même jusqu'à croire en de telles bêtises. En cette Nuit, ils se retrouvaient. Et quelque part, quelque chose voulait que s’ils se confrontaient désormais, ce ne serait pas pour se quitter avant le lever du voile nocturne. Mais les pensées de la jeune femme n’allaient pas encore jusque la. Un sourire un peu triste et discret encore, mais un sourire. Simplement, un peu comme la première fois et sans la prendre, elle effleura sa main de la sienne et soutint son regard.
Le souvenir de la douleur avait été occulté par le souvenir du jeune homme, si bien qu’il se voyait presque disparaitre.

Le contact ne s’établis pas. Après tout ce temps, c’était peut être normal… Non, ca l’était plutôt compte tenu de ce qui c’était passé dans leur vies respectives, en 5 ans. Bien sur, elle ne força nullement la chose plus loin. Son geste c’était fait naturellement, voila tout.
La jeune femme observa avec attention son pair, et compris bien vite qu’il avait daigné poser son regard sur ses blessures… Elle les avait presque oubliées. Et pourtant, elle était maculée de sang, et si les plaies externes se refermaient bien il restait les déchirements intérieurs qui la faisaient terriblement souffrir malgré elle. Son cosmos aurait beau se démener, il lui faudrait du temps pour ne pas être au bord du gouffre : elle avait essuyé une rude épreuve. Nox demeura silencieuse, et finalement leur regards se retrouvèrent…
Alors, elle vit à nouveau la haine, une haine nouvelle. Il semblait la retenir, mais elle explosa bien assez vite. Oui, ainsi le Straw d’antan avait bien du mal à se manifester, et le nouveau vivait par la violence… Elle en eu un frisson, mais se refusa a le craindre pour autant.

Mais comme il lui posait cette question, et qu’elle songeait à l’origine de ses blessures, un vague pressentiment la prit. Son regard sonda celui de Straw avec plus d’intensité, comme pour y comprendre quelque chose. Elle était une saint d’Athena… Elle portait sa discrète armure. Et elle connaissait la force du cosmos de celui qui lui faisait face, pour y avoir mêlé le sien. Et alors … ? Jouait-il un rôle dans cette guerre sainte ? La violence qui était née au fond de lui ne présageait rien de bon à la demoiselle…

Alors, elle hésitât dans sa réponse. Dans sa tête, des noms : Frozia, Casshern, Jevren… La Cardinale de la famine, le serpent, le Frelon… Tels avaient étés ses adversaires, et chacun d’entre eux avait contribué a son triste état. Ces blessures les plus lourdes, elle les devait certainement au duel des démones qui avait suivit. Ces noms elle aurait pu les formuler, mais voila. Elle ne voulait pas qu’il arriva quoi que ce soit à Jevren, car malgré la lame qui avait déchiré cruellement son flanc, elle ressentait toujours une sympathie pour le Frelon rencontré jadis. Leur rapport était tout autre que celui qu’elle avait avec celui qui lui faisait face, mais malgré tout. Alors, finalement, elle s’exprima d’une voix basse, un peu tremblante.

- Mes blessures sont l’œuvre d’hommes servant le Dieu Arès.

Cette réponse semblait suffisante. Évoquer sa propre condition … ? Cela ne lui semblait pas absolument nécessaire. Bien sur, elle n’avait pas idée de ce que cette déclaration pouvait signifier pour Straw. Mais elle ne se lassait pas de l’observer, et en prononçant ses paroles, elle avait laissé son regard accroché au sien.
Au sol, le sang coulait… Ses forces étaient faibles, mais elle tenait bon. Comment réagirait il ? Voullait il la venger … ? Allait il prendre soin d’elle malgré le jour sous lequel il c’était présenté a elle ? La jeune femme était un peu inquiète et se posait de nombreuses questions… Mais dans le fond, elle avait confiance en Straw. Confiance, tout simplement.