C'était fortement ennuyé que le Frelon s'apprêtait à aller trouver l'un de ses frères d'armes.

Une réflexion lui venait de plus en plus souvent, ces derniers temps. Il se maintenait en forme par le biais d'exercices réguliers destinés à entretenir sa condition physique, la puissance de son Cosmos, ou encore son habileté à la lame d'estoc; ces points-là le satisfaisaient amplement, et il prenait petit à petit une certaine assurance, se considérant enfin comme digne de porter la Cuirasse offerte par le Dieu de la Guerre. Les récentes escarmouches impliquant notamment les Saints lui avaient ouvert les yeux: même lui, le porteur d'une armure classée parmi les plus faibles de son ordre, pouvait posséder son utilité au front. Cependant, en repensant aux affrontements livrés depuis qu'il portait celle-ci, il avait été amené à réfléchir sur ses faiblesses les plus évidentes. Les corriger s'avérait crucial; aucune erreur ne pouvait être tolérée contre des hommes de la trempe de Japheth, par exemple - ce Chevalier redoutable qu'il avait dû affronter deux fois, et qui possédait le don de le placer en mauvaise posture.

Ce qu'il avait besoin d'améliorer à tout prix, c'était sa capacité à chercher le point faible adverse, à frapper entre les défenses. Bien sûr, il palliait à ce lourd désavantage en tirant profit de ses connaissances du Cosmos, s'en servant pour prendre sa proie de vitesse, l'immobiliser temporairement ou percer les armures; néanmoins, dans les duels de force pure, il se faisait systématiquement évincer, butant sur des défenses bien préparées ou rencontrant le vide lors d'une frappe un peu trop prévisible.

Dans l'univers des porteurs d'armure, il ne suffisait pas d'être le premier à dégainer pour être le premier à tuer.

Concentré à l'extrême pour localiser plus aisément celui qu'il venait chercher, il s'aventura dans le Dédale de la Forteresse, cette fois-ci parfaitement conscient de ce qu'il faisait. Il était bien loin, le temps où il devait être sauvé au détour d'un carrefour! Progressant d'un pas sûr en direction de sa cible, il entra bientôt en contact visuel avec elle, au beau milieu du labyrinthe; Nosgoth de la Tarentule, aisément l'homme le plus secret de la Citadelle, se tenait tapi dans l'angle opposé au couloir qu'il venait d'emprunter. Bon nombre de bruits couraient à son sujet; on le croisait apparemment très peu en dehors de son terrain de jeu de prédilection, et certains se demandaient s'il ne prenait pas son rôle un peu trop à coeur. Un demi-sourire éclaira son visage, sous sa pâle chevelure. Quel drôle de bonhomme...



Comment aborder le sujet? Jevren n'était pas vraiment proche de cet homme; leurs rapports avaient été cordiaux, mais jamais ils ne s'étaient revus par la suite, malgré la bonne impression que Nosgoth avait laissé au Frelon. Seuls certains bruits de couloir avaient motivé sa visite - ça, et l'espoir que le souvenir restant de leur unique rencontre soit toujours présent dans leur esprit à tous deux.

De but en blanc, il se lança.



Puis, posant un genou en terre :

Jevren du Frelon. Ainsi c'était lui que j'avais senti à l'orée de ma conscience et qui cherchait à me voir. Je préférais ne pas anticiper sur les raisons de sa venue en ce lieu. Car je n'avais réellement aucune idée de ses motivations. Le dédale n'était pas un endroit très recherché et généralement, les berserkers tentaient de le traverser au plus vite afin d'éviter d'y rester trop longtemps. Et d'éviter de me rencontrer. Voir quelqu'un venir ici de son plein gré sans pour autant chercher à entrer dans la Citadelle, c'était une première.

C'est pourquoi je ne prononçais aucun mot alors qu'il s'arrêtait face à moi. Je préférais entendre ses raisons sans les lui demander. Car je ne m'étais évidemment pas trompé sur ses intentions premières : il me cherchait. Les premiers mots arrivèrent. Et je l'écoutais avec attention. Je comprenais ses raisons. Mais je ne pouvais m'empêcher que je ne saurai l'aider. Après tout, si je restais dans ce labyrinthe, c'était surtout parce que je ne désirais pas voir les autres membres de l'armée d'Arès. Soldat j'étais. Mais ce que je représentais était tout autre. Et il le mentionnait déjà. J'étais avant tout l'ombre du Prophète. Son assassin. Mais ce n'était pas la seule raison qui me poussait à me cacher des autres. Cette faim. Encore et toujours. Je fermais les yeux un court instant avant de les rouvrir et de contempler un spectacle qui me déplaisait fortement.

- Un frère d'armes ne pose pas le genou devant un semblable, Jevren. Cette marque de respect, tu ne dois la porter qu'à Arès et son Prophète. Relève toi !

J'ignorais volontairement les trois autres Cardinaux qui, à mes yeux, ne représentaient rien. Ils avaient de l'autorité seulement sur les hommes de leur armée, pas sur moi. Ni sur aucun autre soldat du Feu. Et s'ils avaient été choisi pour leurs qualités martiales, je n'en éprouvais tout de même aucune crainte. De quoi l'ombre aurait-elle peur ? On ne pouvait tuer que ce que l'on voyait après tout.

Restait le cas épineux de cette demande. Ma première réaction aurait été de refuser d'office. Mais mine de rien, j'appréciais cet homme. La fois où je l'avais rencontré, je ne l'avais pas tué. Cela expliquait en peu de mots qu'il m'avait marqué. Était-ce suffisant comme raison pour l'aider à évoluer ? Je ne saurai le dire. Pourtant, je cédais. Une proie ne devait jamais se dérober et si je l'aidais, ce ne serait que pour avoir un allié de poids à l'avenir. Je n'aimais pas combattre de concert avec un autre que Ephtal mais cela arriverait, c'était une certitude. De ce fait, autant qu'il ne devienne jamais une gêne.

- Ce que tu demandes est particulier. Car rare est le guerrier à se rendre compte que la force brute et la technique ne suffisent pas dans un combat. Je suis prêt à t’aider, Jevren du Frelon. Si tu m'aides en retour...

Depuis ma victoire au tournoi d'Arès, depuis que j'étais devenu le champion de mon dieu, j'avais tenté par tout les moyens d'exploiter au mieux les capacités qui étaient les miennes, afin d'améliorer ma technique. Mais seul, ce n'était jamais évident. Si je l'aidais à mieux analyser ses adversaires en combat, alors il m'aiderait à développer ma nouvelle technique. Avant même de reprendre la parole, je levais mes mains et libérais mon cosmos. Une multitude de filins s'élevèrent tout autour de lui, l'agrippant afin de le scotcher littéralement sur place. Je ne désirais qu'une chose : qu'il reste immobile. Alors il comprendrait.

- Apprendre à observer n'est pas difficile en soi. Les mouches qui dansent dans mes toiles parviennent bien à le faire. Le problème est tout autre. Trouve la faille dans ce piège. Trouve là et prise ces liens. Si tu n'y parviens pas, alors aucune chance que tu puisses espérer analyser les mouvements ennemis en plein combat. Nous allons même pimenter un peu le jeu... Cette tarentule est intégralement compensé de mon cosmos. Elle empoisonnera tes sens si elle te touche. Détruits là... Mais attention. Il te sera plus dur de l'abattre que de sortir de sa toile. Arachna !

J'ouvrais alors la paume de ma main droite. Le cosmos se concentrait déjà pour former l'avatar de ma cuirasse. Une tarentule grosse comme mon poing qui allait remonter ces fils pour le mordre au cou. Si elle y parvenait, alors le jeu se terminerait.

Le sourire de Jevren s'élargit lorsque Nosgoth lui formula sa réponse, lui demandant au passage de se redresser. Le Frelon ne s'était visiblement pas trompé sur le compte de son camarade; l'Ombre du Prophète semblait n'avoir d'yeux que pour celui-ci, au vu de la façon dont il en parlait. Sur le principe, il n'avait pas tort - l'Autorité suprême en ces lieux, outre celle d'Arès, était celle d'Ephtal qui transmettait directement la volonté divine; mais l'état d'esprit du Frelon, lui, était entièrement différent. Lorsqu'on avait vécu dans une communauté de guerriers, on adoptait rapidement, naturellement, un respect presque aussi grand envers ses frères d'armes qu'envers ses supérieurs.

La soudaine entrave de Nosgoth le surprit. Celui qui en était à l'origine lui expliqua brièvement en quoi consistaient ses actions; puis Jevren posa son regard sur la tarentule de Cosmos invoquée par son pair. La bestiole, loin de se presser, entama tranquillement son ascension le long de l'un des souples filins blancs. Presque hypnotisé par le mouvement régulier de la créature, il oublia - un instant seulement - que c'était désormais à lui de s'extirper de cette situation. Il ne se sentait que vaguement menacé; après tout, il ne s'agissait là que d'un simple exercice mis en place par Nosgoth. L'arachnide remontant de long de la toile ne lui ferait certainement pas grand-mal si elle l'atteignait.

... N'est-ce pas?

Pimenter le jeu. Le terme revint brusquement à Jevren. Quelle était exactement la notion de "jeu", du point de vue de la Tarentule? Le plaisir de dévorer sa proie en faisait-il partie?

Nettement plus ébranlé, Jevren tenta quelques mouvements, dans l'espoir de briser certains des liens le maintenant sur place - ou, du moins, d'en éprouver l'élasticité et les propriétés collantes. Sans grande surprise, il se rendit compte que ses gestes étaient extrêmement restreints; le piège était d'une qualité à laquelle on pouvait s'attendre de la part d'un homme comme Nosgoth. Restait à vérifier si cette toile résistait aux chocs les plus soudains; déployant ses ailes de Cosmos, il effectua son unique battement, brisant les appendices lumineux l'un contre l'autre afin de se projeter en avant à une vitesse formidable. Il crut un instant pouvoir s'en sortir ainsi; puis la soie qui l'immobilisait le ramena violemment en arrière, l'étreignant plus puissamment encore. Quant à la Tarentule de cosmos, elle stoppa un instant son ascension, comme pour savourer les vains efforts de sa proie, puis se remit en marche en agitant ses pattes avec une régularité d'horloge.

Jevren se rendit alors compte qu'en cet instant précis, il ne valait guère mieux que ces grosses mouches tout juste bonnes à se débattre dans les toiles de leurs prédateurs, s'y emmêlant davantage à chaque mouvement. Pourtant... lui, il était apte à réfléchir; en faisant un peu marcher son cerveau, une idée lui viendrait forcément !

L'araignée était toute proche lorsqu'il trouva enfin un moyen de sauver sa peau. Un déferlement massif et incontrôlé d'énergie était stupide et à proscrire - beaucoup d'énergie pour pas grand-chose -, mais des décharges plus petites et plus dirigées pourraient faire l'affaire; il n'avait désormais plus que cette alternative, car l'animal était prêt à frapper. A l'instant où la tarentule cosmique dressait ses pattes de devant, crochets dehors, une étincelle de Cosmos dégagée par le corps de Jevren et remontant le long du fil sur lequel elle se trouvait vint la frapper de face, à sa grande surprise. Elle recula vivement, ébranlée par cette soudaine contre-attaque; on lui rendait l'accès à son propre fil difficile! Elle sembla se résoudre à passer sur une route adjacente, mais subit aussitôt le même sort: la foudre du Frelon remontait vers elle en arcs lumineux, la forçant à reculer davantage.

Durant le temps gagné, Jevren saisit, de son unique main libre, l'un des fils de Nosgoth et entreprit méthodiquement de l'arracher, usant de cette méthode propre à chaque utilisateur de Cosmos qui consistait à visualiser les atomes pour les détruire tout à fait. Il eut bien plus de succès que lorsqu'il avait tenté de s'extirper de la toile en gesticulant bêtement: sa force n'était plus répartie sur l'ensemble du réseau de filins, le retenant donc plus aisément, mais concentrée sur un seul! Finissant par se débarrasser du premier de ses liens, élargissant quelque peu l'espace laissé à ses mouvements, il s'attaque au deuxième, puis au troisième, dans un ordre bien précis; plus ses gestes pouvaient être larges, plus le travail avançait vite. Enfin, il libéra tout le haut de son corps, profita de ce fait pour expédier un revers de main bien senti à la tarentule qui déjà revenait à l'assaut le long d'un autre fil; un nouveau battement d'ailes vint achever son labeur et lui permit enfin de s'arracher à ce qui restait de cette toile, maintenant que sa structure était rompue, que sa résistance était amoindrie.

Le Frelon s'occupa d'enlever de son armure les restes de soie déchirés qui y étaient restés collés, attendant une réflexion de Nosgoth. Il n'avait pas l'impression d'avoir procédé d'une manière extraordinaire; mais, sans le savoir, il venait de comprendre une chose primordiale.

Pendant tout ce temps, pendant toute l'opération, j'avais observé cet homme. Ses mouvements, sa réflexion qui était visible sur son visage, ses tentatives... Rien ne m'avait échappé. Du moins je l'espérais. Mon petit test s'était cependant avéré payant puisqu'il était parvenu à repousser la tarentule. Heureusement pour lui d'ailleurs, car la piqure l'aurait très certainement paralysé un bon bout de temps. Il m'avait demandé de l'aide mais je restais celui qui décidait comment la dispenser. Mes méthodes pouvaient paraître étranges, peut-être même brutales, mais elles étaient efficaces visiblement.

Ce n'était pourtant pas suffisant. Pas encore. Car s'il ne s'agissait que d'une première étape, ce n'était pas encore ce qu'il m'avait demandé. Pouvoir analyser un adversaire en plein combat pour déceler son point faible et frapper. Voilà ce qu'il demandait. Ce n'était pas forcément à la portée de tous. Mais j'avais confiance en son intelligence. Il se disait lui-même spécialiste du combat mais admettait avoir de grosses lacunes. Y remédier faisait donc parti de mon travail pour l'heure. Ce que j'avais vu, c'est qu'il était plus précis qu'il ne l'avait laissé croire.

- Première leçon. La force n'est pas forcément la clé dans un combat. Ceci, tu devais l'avoir comprit bien avant mais se le remettre en tête avant de poursuivre me paraissait indispensable. Gagner du temps dans un combat peut permettre de déceler les problèmes dans une défense ennemie. L'araignée n’était qu'une ruse. Tu as trouvé le moyen de gagner du temps pour te défaire des liens qui t'emprisonnaient. C'est ce que j'attendais.

Mais contre un adversaire qui se débattait et qui cherchait à te tuer, ce n'était pas aussi facile de gagner du temps. Maintenant qu'il était libre de toute entrave, il comprendrait pourquoi le premier test avait été si facile. Il allait devoir se servir de cette mise en bouche pour percer la défense d'un vrai adversaire. Je n'aimais pas jouer ce petit jeu. Mais cela ne pouvait que l'aider. Et par extension, m'aider également. Cette fois, je reculais d'un bond afin de laisser plus d'espace entre nous. J'étais un assassin de base et savoir percer une défense faisait parti de mes spécialités. Mais même moi, je devais m'améliorer.

- Nous allons passer à la vitesse supérieure. En te servant de ce que tu viens de faire, je vais te demander de me porter un coup. Évitons pour le moment les grandes attaques cosmiques, ce ne serait pas efficace pour apprendre à t’infiltrer pour atteindre ton adversaire. Je te demande juste de toucher au but une fois. Si tu y parviens, c'est gagné. Par contre, ça risque de ne pas être aussi facile que cela. Car je vais ériger dès à présent une défense qui sera difficile à contourner. Death Shadow !

Voilà le domaine où moi aussi je devais évoluer. La maîtrise des ombres. Peu à peu, je laissais mon cosmos prendre le contrôle de ma propre ombre, libérant celle-ci des entraves qui maintenaient cet être au sol. Plus d'effet de lumière, plus de logique : la silhouette se dressait dès à présent face à moi, comme un garde du corps précieux. Un garde du corps sombre, avec les mêmes dons que moi. Une sorte de double que j'étais parvenu à créer à force d'entraînement. Moi-même, j'en profitais pour littéralement disparaître dans les ombres. Il devait m'atteindre. Et pour ça, il allait devoir passer outre cet être qui se dressait devant lui. Et outre ce camouflage dans lequel je venais de me laisser aspirer. Arriver de n'importe où. Un don pour la profession qui était la mienne.

Je laissais pour le moment cette ombre prendre le relais. Elle chargeait déjà le Frelon, essayant de lui porter une succession de coups basiques, afin d'éprouver dès à présent sa réactivité. Mais ce ne serait pas tout et lorsqu'il déclencherait lui aussi ses attaques, je prendrais la suite. Dans l'ombre du dédale, je laissais mes fils envahir la place. L'attirer dans un nouveau piège. S'il se laissait prendre, c'était fini. S'il détruisait l'ombre, il aurait alors des chances de parvenir jusqu'à moi.

Citation :

Voici la proposition : ton but est de détruire cette ombre qui est une vraie copie de moi. Pendant ce temps, j'observe mais je peux réapparaitre partout où l'ombre se trouve. Essaye de m'atteindre si tu le désires d'ici la fin du post, j'enchainerai sur ce thème ^^

Apparemment, Nosgoth se montrait relativement satisfait de la façon dont Jevren s'était extirpé du piège qu'il lui avait tendu. Tout comme le Frelon l'avait presque instinctivement deviné, l'arachnide envoyée sur la toile pour l'attaquer n'avait pour but que de le distraire de sa véritable entreprise d'observation; il s'était cependant débrouillé de manière correcte face à elle, et se tenait prêt à s'acquitter de la prochaine tâche que lui confierait Nosgoth.

Et lorsque ce dernier lui apprit que le prochain exercice consisterait en un combat pur et simple, Jevren sourit à nouveau. Il n'était pas sûr d'avoir saisi le rapport entre cette toile d'araignée et l'acquisition d'une méthode destinée à percer astucieusement les défenses de l'ennemi; en revanche, le placer, arme à la main, devant un adversaire réel - ça, c'était une démarche qu'il appréciait. Il marchait à l'instinct, au feeling, au talent et à l'expérience; intégrer de nouvelles astuces à son répertoire serait certainement bien plus aisé s'il pouvait aussitôt s'en servir sur quelqu'un, pour les tester, s'y habituer et les assimiler tout à fait. A peine cette annonce faite, Jevren aperçut une forme indistincte fondre sur lui; il ne put se soustraire aux frappes successives qu'à grand-peine, usant de sa rapidité afin d'éviter les dégâts que son assaillant voulait lui infliger et s'éloignant finalement de quelques pas.

D'un oeil critique, il considéra la forme d'ombre dressée devant lui. Les contours de celle-ci, nettement définis dans l'espace, paraissaient pourtant appartenir à une toute autre réalité que celle de la Tarentule. Avaient-ils échangé leurs places respectives, comme les deux faces opposées d'une même pièce? Cette ombre passée de l'autre côté du miroir paraissait bien moins loquace que Nosgoth, mais sa position ne laissait aucune place au doute: elle était prête à suivre scrupuleusement les directives de son maître. Passant sa main droite dans son dos, Jevren en tira une sorte de bâton d'acier noirâtre, épais et stylisé, dont l'une des extrémités trouva refuge au creux de sa paume libre; aussitôt, la lame télescopique se détendit d'un coup, révélant environ deux mètres du redoutable dard métallique du Frelon...



Observe, disait Nosgoth. Pourtant, en l'occurrence, c'était inutile: l'Ostrogoth ne bougeait pas d'un pouce, mais son noir adversaire n'avait pas l'air décidé à montrer quoi que ce soit. Etait-ce une façon de lui dire de faire le prochain pas, lui qui tentait justement de modérer ses ardeurs, en grand amateur d'assauts préventifs? A la réflexion, c'était quelque peu logique; aucun vrai ennemi ne resterait planté là à attendre de voir tous ses points faibles analysés. Non, l'action était fatalement de mise.

Déployant lentement ses ailes derrière lui, comme il l'avait fait un instant plus tôt, Jevren effectua son unique battement coutumier et se projeta en avant à une vitesse folle. Le vrombissement produit par son déplacement résonna le long des couloirs; un instant plus tard, il se trouvait derrière l'ombre, prêt à l'empaler proprement. A sa grande surprise, sa lame mordit le vide, là où la forme se trouvait peu de temps auparavant. Suivant immédiatement cette erreur de jugement, un fort impact venant de derrière lui le projeta au sol. Le Frelon se releva en grimaçant; un peu plus loin, sa cible semblait le regarder, son visage uniformément noir tourné dans sa direction.



Un peu vexé par l'issue de ce premier contact, Jevren tenta plusieurs nouveaux assauts, tentant de faire ployer l'ombre de Nosgoth sous la déferlante de coups abattue sur lui. Un ou deux d'entre eux touchèrent leur cible; ce ne fut toutefois pas suffisant pour la faire disparaître. Se rendant compte qu'il gâchait ses forces pour peu de résultats, l'Ostrogoth reprit un peu de distance avec son adversaire. Non... Le véritable ennemi, finalement, n'était pas là, face à lui. Il jeta un coup d'oeil circulaire, avisant toute cette ombre qui emplissait le Dédale. Est-ce que la Tarentule l'observait de l'une de ces cachettes obscures, dictant à son ombre, fidèle réplique de ses propres capacités, ce qu'elle devait faire?

Il y avait autre chose. Jevren réalisa soudain que le combat les avait tous deux déplacés sur toute la longueur du couloir, les approchant d'un cul-de-sac très mal éclairé. En d'autres termes, un terrain de jeu potentiel pour Nosgoth. Peut-être toute cette histoire d'observation tournait-elle à la paranoïa, mais il fallait garder à l'esprit que la Tarentule était experte des pièges; la prudence était primordiale.

Levant brièvement la main gauche au-dessus de lui, pointée vers le plafond, le Frelon en fit jaillir une sphère foudroyante qui éclata d'un seul coup, dispersant une lumière aveuglante sur toute la zone. Rabattant sa paume en visière au-dessus de ses yeux, Jevren pivota plusieurs fois sur lui-même en scrutant les environs, partout où l'ombre avait temporairement laissé place à la clarté la plus totale. C'était sa chance de repérer Nosgoth; s'il ne pouvait pas éliminer aisément le double de celui-ci, il ne se faisait pas d'illusion sur l'issue de cet entraînement, mais connaître sa position actuelle et ses déplacements lui serait déjà immensément précieux...

Inlassablement, je prenais des notes importantes sur le comportement de cet homme. Jevren était particulièrement doué pour le combat, c'était désormais une chose acquise. Et s'il ne se dépensait pas sans compter - du moins au départ - ce n'était que pour mieux appréhender ce qui se trouvait face à lui. Il ne semblait néanmoins pas abandonner l'idée de me trouver mais il est vrai que la manipulation que j'exerçais sur cette ombre lui compliquait grandement la tâche. Comment abattre une ombre après tout ? Il tentait l'expérience mais tant qu'il ne saurait pas où je me trouvais, il ne pourrait repousser efficacement mes assauts.

Sans doute l'avait-il deviné en tout cas. Car il parvint à stopper sa course avant de tomber dans le piège que j'avais tissé avec précaution. Indétectable encore pour le moment, je comptais bien le faire tomber dedans. Mais alors que j'allais mettre en place ma stratégie, une lueur vive m'aveugla momentanément. Absorbé par mon observation, j'avais fait une erreur incroyable. Cet homme manipulait la foudre, au même titre que moi, et il parvenait à s'en servir pour apporter une clarté nouvelle sur le terrain et donc sur ce combat. Surprenante révélation, j'admettais de bon gré ne pas avoir pensé à cela.

Ce qui me gênait le plus, c'est que cette perte de concentration et cette visibilité soudaine venait de me faire réapparaître aux yeux du Frelon. Même si cela ne serait que du temporaire - une fois la lumière disparue, je pourrais de nouveau me fondre dans les ténèbres - il venait de contrer mon pouvoir. Preuve que cet exercice fonctionnait plutôt bien. Mais pis que tout, c'était mon piège qui venait d'être découvert, à coup sûr. Car là, à peine à deux mètres de lui, s'étendait une toile magistrale, prête à accueillir le frelon comme le vulgaire insecte qu'il représentait. Mon instinct de Tarentule reprenait le dessus à mesure que je poursuivais cet entraînement et je devais vite me reprendre sans quoi, l'envie de l'exécuter reviendrait dans mon esprit corrompu.

- Je dois dire que tu as été brillant sur ce coup. Dans tout les sens du termes... C'est exactement pour ça que tu es venu me voir et tu sembles saisir peu à peu les particularités de ce pouvoir. Tes essais n'ont certes pas été concluants mais tu as réussi à me localiser. Pas pour très longtemps néanmoins. Mais tu y es parvenu quand même. Détecter les faiblesses pour te créer des ouvertures. Nous y sommes presque, Jevren. Profite-en !

Je l'encourageais. Car il était vraiment à deux doigts de parvenir à m'atteindre. Et c'était précisément ce que j'attendais. Mais alors que l'obscurité reprenait ses droits, je tirais d'un coup sec sur mes fils afin de décrocher la toile de son support. Il n'était pas tombé dedans, parvenant à anticiper mon piège, mais j'attendais de voir comment il ferait pour esquiver un tel assaut presque à bout portant. Déconcentré, mon ombre avait disparue. Mais je pouvais toujours me fondre dans celle qui m'enveloppait.

Et je comptais également profiter du fait que nous maitrisions le même élément. Ainsi, il lui serait plus difficile de compter dessus s'il savait que j'étais apte à le contrer. De ma position, je le pointais de l'index, libérant un flux d'énergie statique dans le but avoué de le couler sur place, laissant alors à ma toile le rôle qui était initialement le sien : le coller au sol. Deux attaques presque simultanées, deux attaques pour me permettre d'arriver près de lui et de parachever cette stratégie. Cette fois, je lui montrais clairement qu'il allait devoir tenter une attaque. Sans quoi, il serait complétement débordé par mes propres assauts. Et si à chaque attaque, je dévoilais ma position, ce n'était que pour mieux le tromper par la suite : maintenant qu'il avait découvert mon talon d’Achille, j'avais hâte de découvrir la stratégie qu'il mettrait en place pour me percer à jour.

Gagné! Dans une certaine mesure, l'astuce déployée par le Frelon avait payé: tapie dans un coin, la silhouette d'un Nosgoth passablement stupéfait lui apparaissait clairement. Il ne s'agissait désormais que de parvenir à l'atteindre avant qu'il ne réussisse à s'esquiver de nouveau, par le biais de sa singulière capacité de camouflage.

Malheureusement, il y avait un souci de taille: l'énorme toile de la Tarentule, tissée au beau milieu du chemin, révélée en même temps que son propriétaire. Le geste esquissé par Jevren, qui avait déjà entamé un pas en direction de son entraîneur, s'arrêta net. Un instant plus tard, la lumière disparaissait; l'Ombre, reprenant ses droits, revint draper de son manteau noir l'homme qui la commandait, et le Frelon se trouva à nouveau seul au milieu du couloir. Point positif: l'obscure créature façonnée dans le but de le retenir n'avait pas supporté cette soudaine radiance et s'était proprement volatilisée, laissant les deux Berserkers seul à seul.

La voix de Nosgoth s'éleva dans les couloirs, son origine camouflée par les échos qui l'amplifiaient démesurément. Ses encouragements estompèrent la sensation de déception éprouvée par Jevren en le voyant lui échapper faute de temps; ce dernier se replaça en garde, prêt à parer à toute éventualité.



Aussitôt, il distingua un faible mouvement émergeant de l'ombre comme pour répondre à cette question. Il tourna vivement la tête, pour voir, en gros plan... la toile évitée plus tôt, et qui, décrochée de ses points d'ancrage, lui tombait dessus! Il tenta de se projeter en arrière, d'un bond surpuissant; toutefois, quelque chose vint percuter la jambe sur laquelle il s'appuyait, et il s'effondra avec un cri de surprise. Collé au sol par le piège mobile de Nosgoth, il suivit du regard ce qui s'attaquait à sa cuisse, pour s'apercevoir qu'il s'agissait tout bonnement d'une gerbe d'étincelles lancée depuis l'ombre... Ainsi, Nosgoth usait lui aussi de la foudre? Cela compliquait les choses: sachant désormais quel était l'élément de sa "proie", il serait très probablement apte à contrer de nouveaux stratagèmes reposant sur son usage.

Mais pour l'heure, ce flux électrique, bien que désagréable, avait trahi la position de la Tarentule. Attrapant sa lame à deux mains, à la verticale devant lui, il laissa circuler son Cosmos en son sein; celle-ci, répondant à son maître, se mit alors à vibrer au stade atomique, émettant une lueur blanchâtre caractéristique. Jevren espérait que cette aura serait suffisante pour éviter d'être pris par surprise depuis les ténèbres; toutefois, ce n'était pas là le seul usage auquel il destinait cette petite technique. Se projetant en avant autant que ses jambes le lui permettaient, prenant cette fois appui sur le pied opposé, il laissa son arme crever la toile sur son chemin, déchirer la soie, lui ouvrir une échappatoire; emporté par son élan, il s'arracha au piège collant et fonça droit vers la source de l'éclair qui l'avait atteint l'instant précédent. Un nouveau piège venu des ombres? Aucun moyen de le vérifier: par mesure de précaution, il frappa pourtant de taille - d'un large geste horizontal, contrairement à toutes ses habitudes -, bien qu'à l'aveugle. Son armure n'apprécierait probablement pas ce manquement au style qui lui était propre, mais les entorses faites à son héritage étaient d'une exceptionnelle rareté et toujours justifiées. Si une nouvelle toile l'attendait, il limiterait les dégâts en la sectionnant; si, en revanche, Nosgoth s'y terrait... ce petit jeu se terminerait.

Je n'étais pas peu fier de mon petit enchaînement particulier. Il faut dire qu'il était sur mon territoire et que ça aidait beaucoup à le faire tomber dans des pièges. Chaque mètre carré de ce dédale m'appartenait. Mon maître lui-même m'en avait fait le gardien et j'appréciais particulièrement cette tâche. Loin de moi l'idée de me dire Cardinal, je n'étais pas si présomptueux. Mais en ma qualité de Gardien, j'étais le premier défenseur. Celui qu'on affrontait avant d'arriver dans les antichambres des généraux d'Arès. Et si le Prophète faisait ainsi, c'est qu'il avait foi en moi.

Jevren n'appartenait pas à l'armée de mon maître et n'était donc pas un partenaire direct. Néanmoins, je restais épaté par ses compétences. Et peu à peu, je regrettais qu'il ne soit pas un des nôtres. Sa faculté d'adaptation et sa détermination à me trouver, voilà des qualités que nous recherchions. De simples brutes, ce n'était plus suffisant. Savoir utiliser sa tête dans un combat - et je le prouvais ici et maintenant - était encore plus déterminant dans un vrai combat. Et le Frelon semblait l'avoir comprit. Car enfin, il se lançait directement à l'assaut, combinant ses compétences nouvelles et ses anciennes capacités.

Cette fois, même moi, je ne pus rien faire pour parer cet assaut foudroyant. J’eus tout juste le temps de projeter mon cosmos devant moi pour faire office de bouclier spirituel que déjà le choc me faisait reculer, brisant alors ma technique première. Les ombres m'enveloppant disparurent complétement et même ma protection explosa, éparpillant mon énergie au quatre coins de la pièce. Faisant écho à cet assaut, ma voix s'élevait sans que je m'en rende compte réellement.

- Ça suffit !

Je le sentis avant que l'état ne s'empare de moi. La frénésie d'un berserker. Cette colère sourde, violente, qui poussait pousser les soldats du dieu de la Guerre à se surpasser. Il ne s'agissait ici que d'un test, une sorte d'entraînement, et je ne devais pas me laisser aller. Pourtant, alors que son attaque m'avait repoussé, la haine avait pesé avec intensité sur mes épaules et sur mon cœur. Et avec elle, l'envie de tuer le Frelon pour me repaître de ses organes. Ce serait si facile... Mais je me reprenais. Et j'affichais même un sourire de circonstance alors même que mon aura restait agressive. J'espérais qu'il n'y prête pas attention. Ou au pire, qu'il ne prenne cela que comme un défi futur.

- Je crois que tu as saisi le principe. Pour le moment, je n'ai pas grand chose d'autre à t'apprendre, Jevren. Il te faudrait tout de même t'entraîner encore un peu, avec d'autres. Savoir traverser la défense d'un adversaire sans être repoussé, c'est un art trop complexe pour n'être appris qu'en une seule journée.

J'abaissais les bras, en signe de paix. Et je me recentrais sur la priorité. L'aura agressive disparue, je me rapprochais de Jevren. J'avais rarement vu un autre que moi utiliser l'élément de la Foudre. Ce qui avait soulevé une foule de questions. Car maitriser cet élément, c'était à mes yeux apporter une touche de subtilité et de tactique dans un combat. Savoir concilier ce pouvoir avec la technique guerrière, une aptitude particulièrement difficile à contrôler.

- Le Frelon qui est capable de manipuler la foudre. Surprenante découverte que voilà. Tu devrais appuyer tes attaques sur ta vitesse d'exécution. C'est cela qui m'a repoussé. La surprise... Facteur déterminant pour abattre un adversaire puissant.

Le "Ca suffit !" de Nosgoth résonna brusquement, répercuté à l'infini par les murs de pierre froide de la Citadelle. Surpris, Jevren stoppa net, retenant son bras alors qu'il allait continuer l'assaut par quelques coups bien sentis. En effet, il avait rencontré une résistance; sa réaction première aurait été de la briser, sans donner à Nosgoth le temps de s'éclipser. La Tarentule était-elle en colère? Son aura s'était faite plus menaçante, comme réagissant à une sourde colère; ainsi le Frelon craignait-il de n'avoir pas respecté la volonté première de son maître d'armes temporaire. Afin de ne pas briser cette atmosphère de labeur et de lutte fraternelle, qu'il n'aurait souhaité corrompre pour rien au monde, il abaissa son arme.

Pourtant, Nosgoth semblait satisfait. Il émit un avis assez élogieux sur la performance de Jevren. Celui-ci, loin de se sentir flatté, restait dans une certaine incompréhension. Il n'avait pas vraiment eu l'impression de faire quelque chose de nouveau lors de ces quelques passes d'armes, et, à chaud, ne comprenait pas totalement en quoi il s'était amélioré. Peut-être était-ce en rapport avec toutes ces fois où il avait dû avoir recours à la ruse afin de s'échapper des pièges du maître en la matière? Il saisirait plus tard le sens des paroles de son camarade.

Pour l'heure, il enfouit sa main droite dans sa tignasse.



Pourtant, c'était vrai: la Foudre pourrait certainement pallier à ce souci. Nosgoth avait marqué un point en lui parlant de son élément. Jusqu'alors, Jevren n'avait prêté que peu d'attention à la façon dont il usait des attributs naturels de son Cosmos, et il s'agissait là d'une erreur fatale. Quel élément frappait plus vite que l'éclair, à la fois surprenant, vif et destructeur?

Ce qui lui inspirait quelques idées.



Et il lui adressa un grand sourire.



Pourtant, derrière son sourire, Jevren se sentait quelque peu inquiet. Cette impression désagréable - celle laissée par l'énergie de Nosgoth - lui laissait un arrière-goût légèrement amer.

Le Frelon avait son addiction à son propre sang. Frozia possédait ses instincts dévorants. Okra devenait plus nocive et malsaine avec chaque coup encaissé. Sous son calme de façade, Nosgoth avait-il lui aussi cette part d'ombre, cachée au plus profond de l'âme, qui engendrait secrètement la folie commune aux servants d'Arès?

Il avait vu juste et il prouvait que j'avais eu raison d'arrêter ici cet entraînement. On ne pouvait poursuivre alors même que nos intégrités physiques allaient être mit à rude épreuve. Il avait demandé conseil et je lui avais donné ce pour quoi il était venu à moi. Si la pratique nécessitait ce genre d'échanges, il ne fallait pas pour autant poursuivre au risque de se blesser. En cela, j'espérais qu'il comprenne mon arrêt soudain. Et seul le temps lui permettrait d'assimiler mon enseignement. Le temps et l'expérience, car on ne pouvait sortir d'un seul entraînement grandit. La persévérance, tel était le seul secret d'un guerrier accompli.

Je réfléchissais alors aux propos concernant les chevaliers d'Or. Il est vrai qu'ils étaient rapides. Et cette simple légende permettait avant un combat d'avoir un impact psychologique contre leurs adversaires. Ce n'était pas pour autant suffisant pour vaincre, ça aussi j'en étais sûr. Si la vitesse permettait de passer une défense sommaire, elle n'était plus aussi efficace face à un adversaire puissant. Jevren allait devoir apprendre une chose importante : esquiver une attaque demandait beaucoup d'énergie et un homme, quel qu'il soit, ne pouvait se permettre d'agir ainsi tout le combat durant. C'est précisément là où mon enseignement prenait tout son sens. Savoir choisir le moment idéal pour frapper. Et là, même un Gold Saint ne saurait se prémunir d'un tel assaut.

- La foudre te permettra d'améliorer tes attaques et ta vitesse. Cet élément est capable de surprendre n'importe qui lorsque l'on sait l'utiliser à bon escient. Quant aux Gold d'Athéna, ne sois pas inquiet. Ce Japheth dont tu me parles a certainement pu éviter une attaque dans un angle impossible mais combien de chance pour qu'il y parvienne à nouveau dans le même combat ?

Je savais très bien qu'en attaque comme en défense, on ne dévoilait pas facilement ses capacités. Si ce Cancer avait sorti une telle parade, c'est que forcément il avait été dépassé à un moment donné. Ce qui prouvait que la stratégie employée était la bonne. La patience était une arme dans ce genre d'affrontement. Une arme parfois plus aiguisée qu'une simple épée.

Quoi qu'il en soit, je le sentais quelque peu perplexe. Sans doute la violence de l'aura qui s'était dégagée de moi... Je préférais ne pas en dire d'avantage la dessus, pour la simple et bonne raison que cela ne concernait que moi et nul autre. Ephtal lui-même n'était pas informé de l'addiction qui était la mienne. Et j'étais prêt à parier que s'il l'apprenait, je ne vivrais jamais assez longtemps pour avoir l'opportunité de m'expliquer à ce sujet. Le Frelon s'était remarquablement bien débrouillé. Ce n'était cependant pas un gage d'amitié de ma part et je n'étais pas prêt à m’expliquer. Passer à autre chose. Voilà la seule mission que je m'imposais à l'heure actuelle.

- Notre élément me permet de piéger plus efficacement encore les proies qui me sont désignées. Cloué au sol, qui pourrait donc bien retenir mes coups ? Quoi qu'il en soit, ne me remercie pas, Jevren. J'agis ainsi pour le bien d'Arès. Comme tu le dis, la guerre est déjà à nos portes et tu auras l'occasion bien assez tôt de me montrer tes progrès. Je t'invite à regagner ton domaine, Frelon. Il n'est plus l'heure pour nous de discuter.

Sans doute que pour beaucoup, ma façon de le congédier pourrait paraître impolie. Mais je n'étais pas ici pour donner des cours de politesses. Il avait demandé mon aide et j'y avais répondu favorablement. Ce n'était pas pour autant que je perdrais mon temps à discuter des heures une fois l'entraînement terminé. La solitude. Telle était mon mode de fonctionnement et je n'étais pas disposé à changer.

Citation :

Mentor terminé