Un enfant... C'est de cela que nous avions l'air tout du moins. En notre esprit, ce n'était pas tout à fait le cas. Nous avions déjà vécu bien des choses, assez que pour ne plus voir le monde d'un regard infantile. Car malgré notre jeune age, nous avons déjà bien voyagé. Nous avions également connu bien des revers et quelques modestes victoires... Mais cela nous avait permis surtout de nous forger un caractère fort. Sans peur nous étions, et nous avions connaissance déjà de bien assez de combines que pour ne pas craindre les lendemains. Toujours nous parviendrons à nous débrouiller, voilà bien une certitude qui s'était gravée en notre esprit. Cela étant dit, nous étions tout de même loin d'être un adulte fait. Nous n'avions qu'une douzaine d'années, et cela impliquait aussi une farouche candeur qui nous permettait de croire que nous pouvions nous permettre de dépouiller n'importe qui sans que personne ne s'en rende compte. Et à vrai dire cela avait parfaitement fonctionné partout où nous étions allés jusque là. Mais là... Ah, l'on pourrait appeler ça le coup de trop. Est-ce que nous n'avions simplement pas été assez rapide ? Ou bien était-ce juste que notre regard s'était un peu trop égaré sur les courbes de la demoiselle alors que nous commettions notre larcin ? Jeune, nous l'étions, oui, mais cela n'empêchait pas notre instinct d'être déjà parfaitement formé... N'avons-nous pas déjà dit que nous étions adulte avant l'age ? Maintenant que nous étions découvert, il n'y avait pas grand chose à faire... Nous ne pouvions pas nous permettre de nous faire attraper maintenant. Quoi qu'il arrive en tout cas, nous ne pourrions plus opérer dans la région bien longtemps. Elle avait vu notre visage, que notre capuche ne pouvait cacher parfaitement. Avec notre signalement, nous balader sur le marché ne serait plus d'une grande facilité. Mais pour le moment, il fallait s'en sortir, et notre instinct de survie nous indiquait clairement une marche à suivre : arracher cette bourse et courir, courir, courir...

Une folle course poursuite dans laquelle cette furie nous entraînait alors. À vrai dire, nous n'avions réellement pas l'habitude que l'on nous pourchasse si longuement ! Oh, d'accord, parfois il y en avait bien quelques uns pour essayer de nous rattraper, mais rarement aussi longtemps, surtout lorsque nos rapines concernaient de jeunes femmes. La proie semblait parfaite pourtant, mais ce n'était pas cela qui allait nous arrêter n'est-ce pas ? Nous étions plus rapides, du moins nous le pensions clairement. Surtout lorsque nous nous étions rendu compte que subitement, elle ne nous suivait plus. Ah, semée, comme tant d'autres avant elle ! On était trop bons, c'est sûr ! C'est pas comme si on pouvait se faire avoir par une petite friquée à notre propre jeu, hein ? Quoi que, finalement... Chose que nous n'avions pas prévue, l'on lui faisait face désormais alors que nous étions persuadés de ne plus jamais la revoir... La fourbe ! Là, débarquant de nulle part, manquant de souffler ses poumons à chaque expiration... Le temps qu'elle se reprenne, nous aurions pu tenter de filer une nouvelle fois... Même si nous étions en effet fatigués, nous l'étions sans doute moins qu'elle pour l'heure ! C'est ce que nous aurions dû faire. C'est ce que nous aurions fait si seulement c'était Yzak qui avait occupé le trône de nos pensées. Ce n'était donc plus le cas... Quoi de mieux qu'un rusé pour négocier avec une fourbe, après tout ? Finalement, ce changement tombait plutôt bien...

Une bourse ? Quelle bourse ?

Pas sûr que cette seule déclaration parvienne à l'apaiser... En tout cas, nous rendions un sourire radieux, mêlant innocence et provocation à la fois...

En toute honnêteté, si j'avais quelques pièces en ma possession, j'aurais actuellement un bon gâteau en main et le ventre plein ! Fufufufu !

Nous haussions les épaules tout en levant les paumes vers le ciel, comme pour prouver notre innocence. Malgré tout, cela restait bien maigre pour notre défense. Elle nous avait pris la main dans le sac. L'on pouvait s'attendre à beaucoup mieux de la part d'Osvald... Mais ça venait, ça venait. Rien qu'une manière de préparer le terrain.

Et puis de toute manière... Il est évident que cet argent irait mieux dans ma poche que dans la tienne. Pour moi c'est la famine, pauvre crève-la-faim que je suis... Tandis que toi, c'est sûr que tu ne manques de rien avec tes grosses fesses ! Fufufufu !

Mouais... ce n'était pas exactement ce que nous avions en tête en imaginant une bonne défense préparée par le plus sournois de nous tous. Mais au moins l'on pourra dire que nous avions essayé...

Nous savions bien entendu que les tentatives d'excuse que nous étions en train de tenter n'allait rien donner. Il faudrait être encore plus fou que nous pour qu'une telle manoeuvre puisse porter ses fruits. Mais en tout cas nous étions parvenu à une chose : énerver la demoiselle. Ah, forcément, critiquer cette partie de l'anatomie, nous n'ignorions pas malgré notre jeune age que cela était particulièrement efficace. Cela dit, elle n'avait pas tort... Personne ne nous avait jamais appris les bonnes manières. Personne ne nous avait jamais rien appris d'ailleurs ! Tout ce que nous savions, tout ce que nous étions capable de faire, nous l'avions appris de nos propres expériences. De nos propres observations. Jamais personne ne s'était porté en mentor pour nous, et nous n'avions jamais non plus cherché à en trouver un. En tout cas, sur l'instant, nous n'avions pas la possibilité de lui répondre de vive voix. En effet, une pomme coincée dans la bouche comme si nous n'étions rien d'autre qu'un jeune porcelet prêt à passer au four, il nous était devenu bien compliqué d'articuler quoi que ce soit. Pourtant, déjà, nous commencions à bomber le torse et écarter les bras comme pour simuler une carrure dont nous n'étions pas possesseur. Et oui, encore un autre d'entre nous se présentait devant la jeune fille. N'écoutant qu'à moitié ses conseils, nous croquions allégrement la pomme, en arrachant un bon gros morceau. Mâchant rapidement, nous n'attendions pas d'avaler avant de parler, projetant par là même quelques petits morceaux qui sortaient de notre bouche tout comme nos mots.

T'as raison ! L'écoute pas, l'autre, moi je les aime bien tes fesses, yahahahaha !

Une voix plus grave, plus forcée qu'au préalable. Jormund... Nous prîmes alors à la hâte deux-trois autres bouchées rapides sur notre pomme, nous en foutant plein la bouche.

Ce que je veux ? Aller viens alors, on va se trouver une bonne bouteille de picole, et puis des danseuses aussi !

D'un pas décidé et toujours les épaules larges, nous partions déjà en quête d'un bon bar qui pourrait convenir à ce que nous venions de réclamer. A à peine une douzaine d'années... Et bien sûr, dans l'opération, nous ne lui avions toujours pas rendu sa bourse...

D'un geste, nous lui jetions sa bourse qu'elle réclamait tant. Au passage, nous prîmes aussi la peine de lui signaler que nous avions entendu deux-trois pièces tomber durant la course... En vérité, il n'en manquait qu'une seule, et elle reposait dans notre poche, mais ça... Nous nous disions qu'elle serait déjà contente de se rendre compte qu'il n'y en avait qu'une de portée disparue et non pas autant que ce que nous venions de lui dire. De toute façon, celle que nous nous étions gardée, nous n'avions strictement pas la moindre intention de la rendre... Pour l'effort que nous avions fourni, nous la méritions amplement ! Et ça, c'était pas du tout discutable, nous avions après tout encore largement assez d'énergie que pour galoper à nouveau ! Pendant qu'elle s'amusait à recompter, nous nous contentions juste de terminer notre pomme sans lui accorder un regard - totalement désintéressés de sa réaction face à ce qu'il lui restait; personne ne se souvenait exactement de l'argent encore en poche de toute façon, ça ne restait jamais qu'un jugement approximatif chez la plupart des gens... - dont nous balancions négligemment le trognon par dessus notre épaule une fois terminé.

Elle nous emmena alors jusqu'à un étal qui nous fit lui accorder un regard étrange. Le genre de regard qui veut dire "tu comptes vraiment nous payer un de ces trucs pourris ?". Qu'est-ce qu'on pourrait bien foutre avec des bouts de bois, franchement ? À part bouter un feu... Mais la suite nous laissa espérer quelque chose de plus intéressant toutefois. Car elle aussi nous lança un regard qui en disait plus... Son petit manège ensuite ne laissait pas de doute... Elle attendait quelque chose de précis de notre part...

Quelques instants plus tard, elle nous questionnait alors que nous étions à en train de nous éloigner.

Alors quoi ? C'pas un jouet en bois que j'voulais tsé, compte pas sur moi pour prendre un d'ces trucs ! Ah, au fait...

Elle qui avait mis en doute nos talents de chapardeur, nous comptions bien lui prouver qu'elle faisait erreur ! Nous sortions alors de sous notre toge une riche ceinture de cuir sur laquelle étaient fixés une bourse et un glaive notamment.

À ta place tsé, j'me préparerais à courir dans trois... deux... un !

Et tout en explosant d'un éclat de rire aussi sincère que haut perché, nous prenions nos jambes à notre cou pendant qu'à une quinzaine de mètres de là, un gros romain se mettait à hurler... Jamais il ne nous rattraperait, c'était sûr ! Et puis, la seule personne qu'il pourrait réellement accuser était cette jeune fille qui s'en était approché de manière assez louche, juste avant que sa ceinture ne disparaisse. Voilà ce que nous avions décrété qu'elle nous payerait : ce serait elle qui serait recherchée pour ça, et pas nous ! Nous échappant donc, nous grimpions à une façade d'une petite ruelle, nous aidant que les blocs de pierre la composant étaient assez irréguliers que pour s'y faire des prises d'escalade. Si elle était parvenue à nous suivre, nous prendrions tout de même la peine de lui tendre la main pour l'aider à se hisser sur le toit tout comme lui... Mais si elle n'y parvenait pas et bien... tant pis, au moins nous aurions fait notre journée avec ce dernier larcin !

Citation :

Désolé, j'me souvenais plus que t'avais posté, j'me pensais parfaitement à jour... J'en profite en même temps pour clôturer, vu ma longue pause et mon manque de motiv', c'est mieux d'arrêter là finalement

POOOOOOOOOOOOOOOOOY !!!

Pendant que la jeune femme fouillait sa cabane, nous poussions ce cri. Profitant de la hauteur que nous occupions, nous prenions plaisir à entendre notre propre voix résonner et partir dans quelques échos qui nous donnaient l'impression d'avoir de nombreux amis criant en canon avec nous ! Là où nous étions, il n'était que si peu probable que quelqu'un vienne nous y chercher que nous n'avions donc pas à nous en préoccuper. C'est sans souci donc que nous pûmes ainsi relâcher nos cordes vocales dans une manière particulière de nous déstresser après pareille journée. En face de nous s'étendait la mer. Par elle que nous étions arrivés ici. Par elle que nous en repartirions sans doute dès lors que nous serions lassés de l'endroit. Ou bien juste trop recherchés à force de larcins...

C'est ainsi que nous avions toujours vécu. Retirer tout ce que nous pouvions d'un endroit avant de saisir la première bonne occasion pour migrer. Un esprit tel que le nôtre a besoin d'être en perpétuelle activité sans quoi nous nous perdrions sans doute par trop. Découvrir de nouveaux environnements nous permettait ainsi de prendre ce que nous pouvions en ce monde sans jamais pouvoir réellement nous ennuyer. Nos pieds avaient ainsi déjà foulés de nombreuses contrées... Et pendant que nous nous laissions aller à ces pensées, elle se rapprocha de nous et s'installa à nos côtés, avec son attirail. Une balance rudimentaire... À son signe nous haussions un sourcil avant de tout de même nous asseoir non loin.

Nan ! J'viens pas d'ici tsé. J'viens de... pouah, c'est tellement loin que j'saurais même plus comment t'l'indiquer ! Là où les déserts sont d'glace et où le vent brûle autant qu'le soleil tsé... Mais aussi bien là-bas qu'ici, je ne suis autre qu'Yzak le Magnifique ! Ca m'va à merveille nan ?

Dans un sourire, nous frottions notre index sous notre nez, fiers de notre répartie. La bourse volée plus tôt fut déposée sur un plateau de la balance. Mais celle-ci - cela se voyait à l'oeil nu - n'était plus aussi pleine qu'auparavant... Le temps qu'elle avait passé à fouillé, nous avions déjà glissé "notre part" dans notre poche. Qui s'était tapé le plus gros du boulot, hein ? D'ailleurs la ceinture apparaissait déjà autour de notre taille, un nouveau trou ayant été percé dans le cuir afin de pouvoir l'adapter à notre gabarit. Le glaive y était toujours accroché, considéré comme notre prise également. Puis soudainement, nous nous relevâmes d'un bond, les pieds en équilibre entre le rebord et le vide.

Bon bein c'est pas l'tout hein ! Mais c'est qu'j'ai bien la dalle tsé ! L'bon moment pour moi d'changer d'air ! Oh, ne m'remercie pas pour l'exercice, ça m'fait plaisir d'avoir participé à l'entretien d'tes grosses fesses, héhé !

Une boutade d'enfant, rien de plus... Et dans un clin d'oeil appuyé, nous nous mîmes à courir pour rapidement disparaître de son champ de vision...

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Repos 1 (=> full pv)