Il savait. De tout ceux qu’elle n’avait jamais rencontrés et qui étaient encore de ce monde, lui seul savait véritablement… Un frisson avait parcouru l’échine de Blood lorsque par hasard elle avait cru apercevoir de loin une silhouette qui lui rappelait étrangement quelqu’un, quelqu’un qu’elle avait rencontré il y a très très longtemps de cela… Alors qu’elle n’avait pas encore fait de mal, dans sa toute première maisonnée, peu après son éveil. A une époque ou elle n’avait pas encore subit les hommes, et ou elle ne maitrisait guère Beast. Depuis, beaucoup de temps avait passé… De nombreuses annés. Et il avait du se passer bien des choses dans leur vies respectives. Mais celles-ci avaient un point commun : tout deux, ils étaient devenus Silver Saint. Et désormais, c’était un Gold Saint qui entendant certainement son nom quelque part l’avait convié auprès d’elle.
Le Saint de la vierge… La demoiselle n’aurait guère spontanément assimilé le jeune Romain aisé qui lui avait fait découvrir Rome a une telle armure. Voila que le personnage espiègle, présent aux fêtes les plus viciées, se trouvait représenter la pureté… Avait il a ce point changé ? Elle était très curieuse, bien que la confrontation l’effrayât un peu. Lui connaissait son terrible secret, et de ce fait était différent. Mais il avait promis de ne le révéler à personne. S’en souviendrait-il en ce jour … ? Elle doutait fort que ce ne fut pas le cas.

L’Aigle, vêtue de l’un de ces drapés blancs identique a ceux qu’elle portait a l’époque, foula le sol du temple de la vierge. Celui-ci, tout comme les autres, était très similaire à celui du Sagittaire ou elle séjournait. Mais l’atmosphère y était différente… Un instant, elle ferma les yeux pour humer l’air, avant de les rouvrir pour sonder les lieux.
Corvus se tenait la. Il ne s’appelait plus Octavius, mais le corbeau… Elle avait apprit qu’il n’avait fait que récemment l’acquisition de sa parure d’or, et avait précédemment porté comme elle des habits d’argent, a l’effigie de ceux qui parcourent le ciel. Elle avait d’ailleurs entendu qu’il avait avec lui de nombreux spécimens de ces oiseaux d’ébène, et l’enviait un peu. La jeune femme était tendre avec les animaux, et les chérissait pour la plus part. Mais elle ne s’était pas vu attribuée de compagnon ailé… L’Aigle était demeuré prisonnier du monde spirituel, et ne s’incarnait qu’en elle. Celui qu’elle avait jadis connu si jeune avait murit, et a vrai dire beaucoup changé. Mais malgré tout, elle le reconnaissait… Il avait le même teint, et sa chevelure rappelait par sa teinte un peu le cosmos de la belle. Elle avait par ailleurs énormément poussé, et égalait presque celle de l’Aigle, qui toujours semblait léviter légèrement dans son sillage. Lui, la reconnaissait-elle … ? A dire vrai elle paraissait plus jeune qu’elle n’était censée l’être, et n’avait pas tant changé, pensait elle du moins de son point de vue. Mais entre temps, elle était tout de même devenue une femme.

Son accueil fut si chaleureux que la demoiselle s’approchât un léger sourire aux lèvres, bien qu’un peu timide. La situation lui paraissait après tout si déstabilisante… Elle demeurât un peu hésitante, et se contentât de lui répondre avec une avenance similaire.

- Bonjour Octavius, enfin Corvus. Je n’aurai jamais cru vous revoir ici...

Maitre et esclave, Saint d’Argent et Saint d’Or. Le rapport de force n’avait pas tant changé, et pourtant c’était si différent… Elle ne savait pas trop comment aborder les choses, et les faisait de ce fait peu avancer. Mais bien que le statut fut différent, elle n’avait après tout pas changée, et au cour des années précédentes ne s’était fait que plus servile et effacée en présence de gens, bien qu’elle fut devenue plus autonome…. Elle lui devait d’ailleurs beaucoup, pour lui avoir fait découvrir l’ivresse de la Rome nocturne, qu’elle n’avait par la suite cessé de vivre.

De garde robe, elle n’était pas prête d’en changer. C’était habillée ainsi, toujours, qu’elle était elle. Ces tuniques la rappelaient à sa patrie, irrémédiablement.
La jeune femme se retourna lorsque le Croassement perçât l’espace du vaste temple. Elle vit l’oiseau, noblement a ses yeux, voler vers eux pour se poser sur la main de Corvus, et fut aussitôt frappée par la beauté de cette image. Elle qui chérissait tout ce qui était beau, elle se sentait émue par la coalition entre le jeune homme et l’oiseau. A nouveau, une pointe d’envie la prit, mais elle ne laissât rien paraître. En tout cas, le corbeau semblait lui convenir encore mieux que la vierge, songeât elle distraitement.

La jeune femme eut une petite moue d’excuse lorsqu’il lui dit de ne pas la vouvoyer. Elle n’avait guère oublié ses habitudes, et sans doute aurait elle un peu de mal à s’y faire. Mais si elle n’y arrivait pas pour lui, elle n’était pas prête de jamais y arriver fluidement auprès du Grand Pope. Donc autant essayer de prendre de bonnes habitudes dès à présent.
Le destin les avait bien étrangement réunis. Des années plus tard, il advenait que la jeune femme rencontrât une personne qu’elle avait connu a des centaines de kilomètres de la, une des rares personnes dont au cour de sa vie la rencontre avait été signifiante… Ca n’était pas banal, bien au contraire. Et tout comme Octavius –Corvus- elle ne s’était guère attendue a le revoir un jour, ce jeune homme –un peu plus jeune qu’elle, et pourtant aujourd’hui il le semblait presque moins- qui avait découvert son secret.

- Je n’ai pas tant changé… C’est tout juste si je me suis endurcie un peu. Blood fit une pause, soulevant légèrement la main en direction du corbeau, comme pour entrer en contact avec lui tandis qu’elle parlait… Sans doute faut il prêter ma réussite au hasard, ou au destin, tout comme notre rencontre. C’est l’Aigle qui m’a trouvée alors que je ne connaissais pas même l’existence des Saints ou des Armures. Il m’a protégée, et j’ai choisit d’accepter son port…

Cela, elle ne l’avait guère fait pour la gloire, l’honneur ou le combat. Elle ne désirait guère combattre, et elle donnerait beaucoup pour ne pas avoir à le faire. Mais elle savait, lui, son démon. Alors, plus que quiconque il pouvait comprendre ses raisons. Elle avait ce lourd secret, cette motivation… Son regard se posât sur celui de sa vieille connaissance.

- Pour être libre.

Non seulement se défaire de sa condition d’esclave, car cela elle l’avait déjà plus ou moins fait au par avant, en devenant une protégée, une muse même plus qu’une servante, et ce à plusieures reprises. Mais pour être entièrement libre, libre de Beast, libre comme l’Aigle qui vogue dans le ciel. Et comme Arsiesys le lui avait annoncé lors de sa venue, elle l’était désormais, en grande partie. Certes, elle était enchainée au sanctuaire, à son ordre, aux préceptes d’Athena, mais elle n’avait plus a servir véritablement ou se soumettre. Elle pouvait s’exprimmer, elle pouvait être elle-même. Elle pouvait, avant tout, ne plus avoir peur et aller de l’avant. Et cela, ce n’était pas négligeable.
Et lui … ? Comment Octavius, par ses années, s’était il hissé au rang de Silver Saint puis Gold, en quittant Rome et sa famille aisée, qui lui promettait pourtant une vie tranquille pleine de faste et de luxe ? Qu’était il advenu ? Elle l’interrogeait, de son regard fixe et pénétrant comme celui du roi des cieux.

La demoiselle était loin d’avoir honte de son passé : pour elle, avoir vécu comme esclave n’était pas quelque chose qu’il fallait taire, ou cacher. C’était un vécu comme un autre… D’autant que le Grand Pope lui avait bien fait comprendre a son arrivée que cela n’avait plus guère d’importance : ils étaient égaux devant Athena, que leur origines soient nobles, roturières ou inconnue comme la sienne. Aussi ses habits rappelaient ils sa condition qui avait été la sienne sans qu’elle en rougisse, et si on lui demandait elle se sentait au fond d’elle avant tout Romaine.
Doucement, Blood s’approcha d’un rebord dans la pierre pour prendre légèrement appui : il était vrai que les lieux n’offraient pas beaucoup de confort, ou meme pour ainsi dire aucun. De ce fait, leur échange ne s’éterniserait sans doute pas, ou du moins pas en ces lieux a moins qu’ils ne s’assaillent tout deux par terre. Mais désormais, la situation avait changé, et il avait tout leur temps devant eux, ou presque. Ils avaient le temps de la vie… En sachant que celle-ci, à l’aube de cette Guerre, pouvait se révéler bien courte. Mais la jeune femme avait confiance : ils ne mourraient pas de si tot. Ni elle, ni lui. Ou du moins pouvait-elle l’espérer de tout cœur. Il serait triste de trouver une si vieille connaissance pour n’être finalement que confronté à sa mort… Autant ne pas songer à cette perspective.

- Surprise ou curiosité, hasard ou volonté Divine, l’issue est la même. Nous sommes là désormais et nous combattrons ensemble sous le drapeau de la Déesse Sage. Nous interroger d’avantage ne nous apportera pas grand-chose, réjouissons nous simplement des détours de la vie et de ce qu’ils nous offrent.

Il était vrai que la coïncidence était lourde. « Le Hasard fait bien des choses », pouvait on penser. Mais en levant les yeux vers la pierre sombre du Temple, la jeune Aigle se demandait si en effet, tout cela n’avait été qu’orchestré. Pourtant, tout ce qu’il advenait ne semblait pas forcément en accord avec le désir d’Athena, et elle doutait que les Dieux ne se souciassent tant de ce qu’il advenait des hommes, même leurs chevaliers. Du moment que les armures trouvaient personne a leur mesure… L’Aigle l’avait trouvé, et quelque part le Corbeau avait trouvé Octavius. Peut être leur confrontation avait elle permis a leur cosmos de se renforcer l’un l’autre et les avait rapproché pour faire d’eux deux oiseaux sous l’égide d’Athena, mais il y avait matière à douter de cette théorie, tout de même.

- J’ignore tout des acquisitions d’armure, et quand j’entends ce que tu as du faire pour obtenir la mienne, je comprends que tu sois plus méritant aujourd’hui de porter une parure d’Or. Ca a du être difficile… Mais ainsi, tu as choisis délibérément cette voie ?

Dans cette caserne, il avait du être le seul parmi de nombreux jeunes hommes a atteindre l’objectif. Il avait du se donner beaucoup de mal, pour arriver là ou il était aujourd’hui… Jamais Calyps n’aurait fait ca. Mais aussi, elle était une femme et n’aurait sans doute pas même pu pénétrer ce lieu d’entrainement. Elle ignorait si elle avait vraiment de la chance comme il le disait. Après tout, sa force lui venait de Beast… Et pour cette force, elle avait du souffrir bien des immondices. Enfin. Le résultat final était le même : ils étaient là, tout les deux. Même si leur moyen d’y parvenir avaient été fort différents…

- Mais les armures sont vivantes et toutes différentes, n’est ce pas … ? Cela ne dois pas être facile d’en changer, et a vrai dire je m’étonne de te voir porter l’armure de la Vierge.

Enfin, que pouvait-elle dire pour sa part ? En tout cas, la Vierge lui serait très bien allée, à bien y penser. Mais non, elle était l’Aigle… Le Roi des Oiseaux. Ce titre fort honorifique lui correspondait il pour sa part ? Elle n’aurait su le dire.
Le regard de la jeune femme détailla l’armure d’Or. Qu’il soit son supérieur ou non désormais, les temps avaient changés et ils pourraient se voir sans mal, songeât elle… Mais eux qui ne s’étaient finalement connus que l’espace d’une Nuit, pouvait on les considérer comme des amis ? Sans doute qu’il était idiot de poser la question : l’avenir le dirait, tout simplement.

La meilleure voie… La jeune femme songea alors a tout les chevaliers qui servaient Athena et vivaient sur ce mont : tous avaient acquis leurs armures de manières différentes, vécus de nombreuses choses, choisit ou non cette voie. Mais tous, ils étaient là, et dans un même but. Leur vie ne leur appartenait plus, ils allaient la vouer a la déesse et la consumer dans la guerre… Était ce la une bonne chose ? Fallait-il en être fier ? Parce que l’on était sous le signe de la déesse de la sagesse, aussitôt notre raison d’agir s’en faisait noble… A bien y penser, c’était presque étrange.
En tout cas troublant. La jeune femme pour sa part n’aurai su dire si cette voie avait était la bonne pour elle. Mais comme beaucoup d’autres, avait elle eu le choix ? Elle n’en était pas tout a fait certaine. A compter du jour ou elle avait obtenue son armure, la voie c’était ouvert si grand avec elle, si soit disant généreuse et noble, qu’elle n’avait pu la refuser. On pouvait presque y voir une manipulation divine… Qui poserait de coté l’armure qui lui était assignée pour dire « Non, je ne désire pas vous servir, déesse. ». N’appartenir qu’a soit… Peut être certains avaient eu le cran de le faire. Mais la question demeurait terrible. Pour sa part, l’Aigle n’avait pas envie de se demander si, depuis ses premières découvertes du cosmos en Rome, tout n’avait été qu’orchestré. Si ses rencontres étaient savamment étudiées. Le destin était une chose terrifiante…
Elle-même, elle n’était pas venue pour servir véritablement Athena, mais pour ses propres desseins pour être libre. Finalement, peut être faisait elle partie des rares qui avaient fait véritablement un choix, et un choix qui avait une raison toute personelle…

Lorsqu’Octavius, enfin Corvus, lui demandât ce qu’elle pensait du port de cette armure, elle ne put que lui sourire. Bien sur, les vieux souvenirs de celui qu’il avait été ressurgissait : avec ses étoffes luxueuses, sa manie d’aller voir aux orgies ce qu’il s’y passait, son attitude détendue et désinvolte, ses sourires. Non, elle ne l’aurait décidément jamais imaginé Guerrier de la Vierge, symbole de « pureté parfaite ». C’était presque drôle.
Et son sourire, assez largement fendu, un peu rieur, amusé, se voulait assez explicite. Après tout, il n’avait pas tant non plus matière à s’étonner de cette réaction de sa part, au vu de ce qu’elle connaissait de lui.

- Disons que le jeune Octavius ne me semblait pas prédestiné à devenir le représentant de la pureté, tu t’en doutes.

Finalement, la demoiselle avait décidé de lui répondre. Et ayant par ce détour de conversation trouvé une certaine gaité, elle décida qu’il serait peut être bon de se soustraire à la contrainte de l’inconfort des lieux.

- Et si nous sortions ? Ce n’est pas Rome de Nuit, mais je pense qu’une petite ballade ne nous serait pas désagréable, bien au contraire. Et tu as beaucoup de choses a me raconter, n'est ce pas ?

A ces mots, elle quittât avec légèreté son appui discret, pour faire quelques pas sur le sol dallé. Ses pas ne produisaient aucun son : discrète, elle semblait presque glisser. Elle ne portait pas de parure de plumes et n’était pas un oiseau véritable, mais dans sa démarche, quelque chose transparaissait de l’oiseau qu’elle représentait. Son long habit de tissus blanc tout comme ses cheveux lévitait légèrement dans son sillage. Elle chercha le regard de Corvus du sien, attendant réponse, déjà toute prête a quitter le temple de la vierge.

Il pouvait bien se permettre une pause dans ses méditations, non ? Elle ne risquait pas de le vicier, après tout elle était très certainement la plus virginale et pure des deux.

Malgré la proximité due a leur expérience passée, la jeune femme tressaillit. Si elle avait changé, son rapport au contact masculin n’avait que peu évolué, si ce n’était empiré. Aussi, son sourire se crispa un peu et elle se trouvât plus tendue, du moins jusqu'à ce qu’elle n’échappe au contact du chevalier de la vierge en sortant de sa demeure. Sans doute comprendrait par cette simple attitude qu’elle ne souhaitait pas trop être touchée de la sorte, même si on pouvait dire qu’ils étaient amis. Et s’il ne le comprenait pas… Alors elle n’hésiterait guère a le lui dire. La ou la demoiselle demeurait discrète sur ses choses la, elle se sentait auprès de l’ancienne connaissance au moins capable de dire les choses ouvertement.
L’air frais apporta sa caresse à la jeune femme, et lui fit perdre un peu de la tension qui s’était éveillée en elle. Au contact de l’extérieur, la demoiselle aurait tôt fait d’oublier cette pointe de malaise. Elle se retourna vers la Vierge, et continuât a marcher tranquille en écoutant ses paroles.

Puis il y eut une hésitation brève a sa question. Mais vu qu’il s’agissait de lui, elle pouvait dire la vérité telle qu’elle était, sans enjoliver, sans faire croire qu’elle nourrissait pour Athena une foi infinie et une dévotion sans borne : ca n’était pas le cas. Et puis comme il était la seule personne au courant, il s’en trouvait aussi être la seule personne a qui elle pouvait avouer cette vérité, et la voir comprise. Aussi mit elle assez rapidement fin a son silence.

- Je n’ai pas de réel projets, mais un objectif… Devenir assez forte pour me protéger par moi-même et parvenir a repousser Beast.

Repousser… Et non un autre terme tel que détruire ou tuer. Elle avait dit cela spontanément a vrai dire, sans réfléchir longuement concernant le meilleur terme a employer. Peut etre inconsciemment considérait elle qu’il était impossible de détruire Beast ? Mais bien sur, aussi vrai cela fut il elle n’accepterait jamais assez cette vérité. Ou du moins aurait besoin de beaucoup de courage pour la regarder en face… Alors, elle songeait seulement à la réprimer.
Quand a sa protection, il s’agissait de devenir autonome et de se débrouiller par ses propres moyens, sans avoir à rougir de ceux-ci. Le jour ou elle y parviendrait,, elle serait plus puissante que la démone… Et cela représentait une puissance non négligeable. Parviendrait elle a l’atteindre un jour ? La demoiselle n’était pas une lueur de positivisme, et pourtant elle souhaitait y croire. Et s’en donner les moyens…

Mais évoquer Beast ouvertement ainsi restait malgré tout très étrange pour elle. Ressentait-elle donc le besoin d’en parler a quelqu’un ? Alors même qu’elle l’avait craint peu au par avant, et qu’elle c’était tue pendant des années, une vie entière ? Blood était un peu perdue dans cette réflexion, et n’aurait su expliquer véritablement son comportement… Son regard se fit inquiet. Si lui connaissait la démone, pouvait il la considérer comme digne de servir Athena ? D’autant que celle-ci ne comptait pas tant pour elle. Autant dire que sa quiétude était de bien courte durée… Mais peut être avait elle besoin de savoir tout simplement, de voir, une réaction…
Et en fonction de celle-ci, peut être pourrait elle trouver plus de confiance en elle.

Blood demeura stupéfaite. Penser qu’Athena pouvait faire quoi que ce soit concernant Beast, elle ne l’avait absolument jamais fait. L’idée ne l’avait même jamais effleurée ! Elle demeura immobile quelques instants, soudain pensive… La déesse pourrait la conjurer de la démone ? Bien vite, elle fit par de ses réflexions a voix haute.

- Athena ne conjurera pas Beast…

A vrai dire, cette affirmation à la consonance très pessimiste semblait totalement dénuée de raison d’être. Mais non, pas pour elle. Dans le fond, elle pensait presque que la déesse ne le pouvait pas. Une déesse peut tout ? Oui mais encore, elle ne le ferait pas. Il semblait a la jeune femme que cette entité, supérieure aux hommes, ne risquait pas de s’attarder sur ce problème. Et puis, autant dire que son intuition parlait pour elle, tout simplement.
Beast était la depuis toujours… Corvus le savait, mais depuis le temps Blood elle avait apprit bien des choses supplémentaires sur cette sombre entité. Sa voix, claire, paraissait froide… S’énonçant distinctement, elle regardait droit devant elle, ne regardant pas, ne voyant pas réellement. Plongée dans ses pensées ? Pas réellement, plutôt dans ces paroles.

- Le temps n’y fera rien, on ne vient pas a bout d’elle ainsi.

Presque dur. Et pourtant, elle ne lui faisait pas de reproches, il n’y avait pas de colère. Seulement la froide vérité de celle qui, partageant ce corps, savait.
Quand Octavius avait connu Blood, elle était différente. Elle avait bien du mal, a repousser le sombre esprit qu’elle cachait, et il lui en avait finalement fallu de peu pour la laisser sortir. A ce jour, les choses étaient très différentes. On ne pouvait réellement comparer jadis et maintenant. Et pourtant, le problème demeurait et s’avérait toujours aussi hardi a résoudre. Beast était tenace, très tenace, et puissante. Peut être le saint de la vierge ne s’en rendait il pas assez compte ? Pourtant, désormais quand on en venait a ressentir le cosmos de la démone, un frisson en parcourait votre échine. Il suffisait d’avoir le don de le percevoir… Il n’y avait pas que son regard et son sourire, qui était terrifiant. A ce jour plus encore que jadis, la jeune femme avait conscience de la monstruosité qu’elle abritait… Et d’autres désormais pouvait, plus encore que jadis, la comprendre. Mais cette compréhension, cette maitrise, lui avait aussi apporté une issue.
Elle leva la tête au ciel. C’était vrai, que les lieux ainsi rappelaient un peu Rome… Mais ca n’était pas comparable. Seul le ciel, si beau, si vaste demeurait fidèle a lui-même… Il lui apportait douceur et quiétude, elle se sentait mieux dans sa contemplation. Un jour, elle se l’approprierait.

- Elle est puissante, et ses pouvoirs sont largement supérieurs aux miens. Malgré tout, avec les années, par la force de ma persévérance et de mon esprit, j’ai apprit à la contenir...

Elle marqua une pause… « Contenir ». Oui. La plupart du temps… Mais…

- Mais ca n’est pas suffisant.

A quoi bon seulement la repousser ? Cela ne servait à rien, ca n’était que partie remise, sans cesse. Et pourtant, elle ne pensait pas être pessimiste en reconnaissant pour elle-même qu’elle ne pouvait pas la détruire. Cela ne l’empêchait pas d’être déterminée.

- On ne peux pas la faire disparaitre totalement, mais je caresse l’espoir qu’en surpassant par ma puissance la sienne, il m’est possible de la réprimer éternellement…

Croire en Athena… Sans doute au fond d’elle-même prit elle la décision de le faire, oui. Elle allait croire en Athena. Cela servirait il a quelque chose ? Elle n’en savait rien et demeurait un peu sceptique c’était vrai, mais il ne lui en coutait rien non plus. Alors autant le faire. Car s’il pouvait y avoir ne serait ce qu’une infime chance… Elle ne voulait pas la laisser passer sans au moins tenter de la saisir.

- Hm, on me réclame ~

Un horrible frisson traversa le corps de la jeune femme tandis qu’elle réprimait un tressaillement. Chacune des interventions de Beast mettait Blood dans tous ses états, bien qu’elle se gardât bien de le montrer. Elle devait être habituée depuis le temps, mais … Il n’en était rien. Jamais elle ne se ferait à cette voix terrible, susurrante et pénétrante, parmi toutes si douloureuse… Le timbre de la maudite femme n’était à aucune autre pareille, et la demoiselle ne pouvait s’y soustraire. A chaque fois qu’elle l’entendait elle se voyait déjà perdre la raison, tant ca lui était insupportable. Mais elle avait beau faire, elle ne pouvait la faire taire totalement, malheureusement.
L’expression de l’Aigle fut plus qu’explicite, tandis que ses muscles se bandaient en réaction à l’appel. Pour elle, la réponse était évidente : non. Et pourtant… Par un étrange procédé, elle entendit dans son esprit l’écho des paroles de la vierge, encore, encore. Quelque subterfuge de la démone, certainement… Et Blood y songeant immédiatement n’avait pas envie d’y céder. Et pourtant… Corvus était un Gold. Qui plus est un qui c’était vu attribué des pouvoirs a dimension psychique, dans une certaine mesure. Il était aussi quelqu’un qui la connaissait, et dans le fond… Oui, certainement fiable. Alors ? Cet alors ce teintait de chuchotement de tentation, au quel elle brulait de résister. Mais quelque part aussi elle savait qu´il lui fallait accorder sa confiance, pour avancer… Si Corvus se proposait de l’aider, au fond, elle sentait qu’il lui fallait accepter.
Elle, la solitaire, elle c’était toujours débrouillée seule… En ce monde, elle devait rester discrète pour que jamais son ombre ne soit révélée. Aussi n’avait elle pas créé de liens, ou presque… Et n’avait pu recevoir ni se voir proposé d’aides. Mais lui savait. C’était différent. C’était nouveau.

Calyps hésitât… Plongeant son regard dans celui de Corvus, elle sentit qu’il insistait. Lui, la voyait il, la peur sourde au fond de ses yeux … ? Alors, très profondément, l’Aigle souffla. Douloureusement, non sans retenue, sa décision était prise. Sa main lentement s’éleva vers son œil caché, et, doucement, délicatement, elle en défit l’étoffe.
Corvus connaissait déjà la signification de ce geste. Lui avait déjà vu, cette pupille rouge dissimulée sous le tissu. Et quel était son sens. En son esprit, Blood fit ce qu’elle n’avait absolument jamais fait au par avant : laisser Beast sortir.

- Tu souhaites donc t’entretenir avec moi jeune homme … ?

Un large sourire fendait le visage transformé de la sainte de l’Aigle. Ses pupilles, rougeoyantes, avaient trouvées écho à leur teinte dans la longue chevelure ondulant dans les airs dont les pointes avaient changé de couleur. Son maintien était légèrement différent, son ton désormais susurrant. Tout en elle dégageait une force féline, une certaine violence, un vice.
Et au fond, la pure demoiselle sommeillait, prête encore a lutter de toutes ses forces contre celle qui la hantait.

Non, Calyps ne connaissait en effet rien de la Nature de Beast… Ni même si elle était la véritable maitresse, dans tout ca. Mais une chose ßetait certaine : elle l’entendait, elle la sentait, elle pouvait être confrontée a son reflet en plus du sien dans le miroir. A l’époque, elle la réprimait sans peine… Mais désormais les choses avaient changées, et la fragile jeune femme avait gagné en maitrise de sa force et de son pouvoir. Il ne fallait pas pour autant sous estimer la démone.

Le sourire de Beast s’élargit tandis que sans broncher ni bouger, elle écoutait le saint de la vierge… La sous estimer, il ne manquait guère de le faire. Le cosmos sombre de la femme se mit à bouillonner, et il suffit d’une éruption de quelques instants de sa noirceur pour repousser les effluves saintes de la vierge. Il était trop drôle, a croire qu’il pouvait la retenir ainsi. Sa puissance était pareille a celle de la Famine d’Arès, et dans son armure coulait le sang du Grand Pope… Plus puissante déjà, de loin que Blood, elle avait vu ses pouvoirs enfler encore. Même si la lumière du Sagittaire se refusait un peu à elle, contrairement à Calyps… Mais il lui restait malgré tout bien assez de force pour ne pas se laisser immobiliser pour si peu.

- Si ce n’est pas d’égal à égal, il va te falloir admettre que tu ne m’est pas supérieur ~

Le vent s’était levé autour d’elle, légèrement menaçant. Mais elle n’avait pas dans l’idée de se battre… Un simple avertissement, voila tout. Et puis ses pouvoirs touchaient d’avantage aux plumes de sang qu’aux bourrasques habituelles de son frêle oiseau.

- Tu me sous estime grandement, Octavius. Si tu souhaites me faire face, saches aussi faire preuve des respects. Tes pouvoirs n’écrasent en rien les miens, garde toi de me provoquer.

Elle était devenu froide, son regard presque méprisant. Sa longue chevelure ondulait avec un peu plus d’agressivité, tandis que de son aura sombre elle repoussait la lumière de l’ex corbeau. Par son appellation d’Octavius, elle lui rappelait par la même occasion qu’ils avaient déjà étés confrontés, qu’a l’époque elle aurait pu l’écraser comme un vulgaire insecte, et que depuis cet épisode elle avait toujours été la… Elle savait tout de son petit oiseau fragile, et elle n’était pas une entité que l’on pouvait évincer aussi simplement qu’il semblait le croire.

- Ca Si tu crois pouvoir me détruire… Je te mets au défit de ne serait ce qu’essayer cela.

Irait-il au combat ? Ou se dégonflerait-il … ? Elle serait curieuse de voir cela. Son regard était emplis de provocation. Et tandis qu’elle faisait face a la vierge, elle tentait de veiller au sommeil de l’oisillon. Mais sa jolie petite Blood s’appliquait a être sur le qui vive… Compte tenu de cette pression la, la démone n’aurait pas la même liberté de mouvement que le jour ou elle avait combattu la famine. Cela la contrariait un brin…

Un cri retentit… Le cri de l’Aigle, de Nox. L’œil écarlate discrètement glissa vers l’oiseau… Lui aussi avait reçu le sang du Pope. Au fond, Beast sentait qu’Arisesys aidait grandement Calyps a la réprimer. Elle n’aimait pas cela… C’était par cet oiseau que la demoiselle avait repris le dessus, lorsque la maudite avait déchainé son pouvoir contre Frozia.

Mais elle ne laisserait rien paraitre de cet agacement ou de cette dimension inconfortable de sa situation. Quoi qu’il advienne, elle aurait fière allure face au corbeau.

- Que de grands discours destinés à assoir ton assurance.

D’un léger geste de la main, elle acheva d’éloigner d’elle l’aura lumineuse. Encore savait-elle que même sans l’apport de puissance d’Arsiesys, elle aurait su faire cela… Meme si l’ex saint des Corbeaux ne semblait guère en avoir conscience. Par sa présence, elle maintenait Nox a l’écart et faisait comprendre à l’assemblée en présence qu’elle était bien loin d’être faible.
La démarche féline, la dame de sang se rapprochât sans hésitation et avec aisance de l’ancien Romain…

- Tu Sur quoi t’appuies tu pour juger de ma nature très cher ? Quelle sont tes sources pour affirmer de moi que je suis un parasyte … ?

Elle avait plongé son regard dans le sien, et abollit la distance entre eux. Sa main blanche, aussi délicate que celle de Calyps, se baladait lestement sur le torse de la vierge tandis qu’elle jouait de son souffle. S’il aimait les hommes ou elle voulait le séduire ? Il n’était pas question de toute cela. Elle prenait simplement un malin plaisir à agir tel que Calyps ne le ferait jamais, et ce en lui faisait subir ces sensations, ce contact, cette vision. L’oisillon se plaisait il … ? Ne s’arrêtant pas là, déjà si bien lancée, la sombre femme continuât son discours.

- Et si mon joli petit oiseau ne cherchait pas à me détruire … ? Ne penses tu pas que c’est moi qui lui laisse simplement la place, pour le plaisir de la voir se débattre … ? ~

Autour d’elle, son cosmos formait une nébuleuse indistincte, bien présente mais guère menacante. Elle se contentait de faire ressentir sa force, sans pour autant la faire peser telle une lame de Damocles. Elle invitait simplement à la conscience, sans se laisser aller à la menace… Que ferait Corvus face à cette situation ? Elle était plus que curieuse de l’apprendre, et ne fuirait certainement pas dans la confrontation.

Car que ce soit contre lui ou Fro, elle prenait un malin plaisir… Bien que la vierge lui semblat bien moins amusante que la famine. Tout était dans les titres, après tout : la famine, c’était tellement plus amusant. Alors que la virginité… Cela ne lui correspondait même pas, à ce jeune romain débauché. C’était à se demander tout de même comment il en était arrivé là ! Aimant les hommes sans doute comme tant d’autres dans ses camps d’entrainement remplis d’éphèbes, aurait il charmé le sagittaire de son teint pâle et de ses yeux langoureux … ? Bien sur, Beast ne faisait que s’amuser a rendre ces pensées bien audibles à la douce Aigle, pour se délecter du tressaillement de son cœur. C’est qu’elle s’y était attachée plus qu’elle ne voulait l’admettre, au grand damoiseau à la chevelure azurée… Calyps se le cachait bien assez, mais celle qui sommeillait en elle savait tout, de ces choses là. Alors elle ne manquait pas de jouer la dessus.

Ses songes, ses émois, ces pensées les plus secrètes… Elle en savait tout sans distinction. Et elle savait qu’encore et encore, cela lui servirait fort.

Toujours, elle jouissait de son pouvoir, et elle semait le doute. Blood réussissait elle réellement à la réprimer… ? Haha ! Il était des choses, du passé comme d présent qu’elle ne révélerait jamais. Elle prenait bien trop de plaisir à préserver jalousement ses petits secrets…