Le visage et la peau noircis par les flammes d'un affrontement redoutable, des cernes aussi rouges que sa chevelure de feu pour témoigner d'une souffrance particulièrement atroces et du sang s'écoulant sur le menton et même jusqu'au cou, Casshern revenait victorieux. Cependant, sa silhouette toujours droite et fière ne soutenait plus très bien sa tête baissée vers le sol. Le regard vide après un trop long trajet jusqu'à l'enceinte de la Citadelle dans de pareilles conditions, le soldat tout en s'appuyant sur les murs pour mieux contrôler ses déplacements se rendait jusqu'à un des dispensaires les plus proches afin de soulager ses pires maux. Heureusement pour lui, il avait disposé de suffisamment de force pour parcourir dans cet état pourtant critique le labyrinthe en partant de l'antichambre des flammes. La dernière blessure subie contre toute attente l'avait particulièrement affecté en transformant une victoire satisfaisante en victoire serrée et douloureuse, mais cela n'avait plus réellement d'importance maintenant.

Ravivant la lueur orangée de son regard maintenant que le Python approchait du but, il parcourait le chemin sans prendre garde des obstacles humains sur sa route. Il avait d'autres choses à faire que de froisser des personnes qui ne l'aidaient pas à atteindre son objectif, les soins avant tout. De plus, personne n'était sensé ignorer le tournoi qui se déroulait actuellement en l'honneur d'Arès, ni ses participants d'ailleurs. Enfin, chacun avec ses propres centres d’intérêts. Passant la porte du dispensaire à la recherche de remontants, les plus terribles séquelles héritées de son combat étaient internes et il allait lui falloir un peu plus que du temps pour s'en remettre. Quant aux nombreuses brûlures, il devrait pouvoir gérer ça rapidement maintenant qu'il en possédait les moyens. Du moins c'est ce que l'amnésique pensait, mais après avoir brusquement lancé sa lourde cape sur une table il se posait immédiatement sur un lit pour apaiser légèrement la douleur avant d'aller plus loin. Absorbé par la fatigue et les efforts fournis pour se rendre jusqu'à cet endroit, ses paupières se fermaient pour le plonger dans un sommeil immédiat.

Ouvrant un œil interrogateur en constatant sa situation, voilà que le Flamboyant n'arrivait plus à se relever maintenant que ses muscles étaient froids et courbaturés. D'un râle agacé, il forçait sur ses abdominaux avant de déclencher de nouveau la nausée qui l'avait saisie suite à son affrontement : Crachant du sang dans un récipient qui se trouvait là, il reposait de nouveau sa nuque sur ce matelas rudimentaire. Le silence l'irritait, c'était désespérant de constater à quel point certaines zones de la citadelle semblait vide par moment. Ce coup ci, le berserker allait avoir besoin d'un peu d'aide... mais bien qu'il scrutait l'issue de sortie ouverte à la recherche d'un passant, il n'apercevait une ombre qu'au bout de plusieurs dizaines de minutes. D'une voix enraillée, il l'interpellait.

Eh, toi ! Viens donc par ici. Casshern soufflait un instant, contractant ses muscles endoloris pour se redresser un minimum. J'ai besoin d'un coup de main... ça sera pas long, humf.

Si son orgueil était relativement bien entretenu jusqu'à maintenant, l'homme à la chevelure écarlate n'était pas borné au point de se débrouiller seul dans une situation si ridicule. Il souffrait et tout le monde pouvait le deviner en posant un regard bref sur son attitude, alors autant tendre la main vers un frère d'arme pour de nouveau être sur pieds. Surtout que la joute n'était pas terminée et risquait de reprendre prochainement, il valait mieux mettre toutes les chances de son côté et ne pas entretenir de vieilles blessures aussi longtemps.

Citation :

Repos : 1/2

Poussant un soupir impatient mais surtout décontenancé devant l'hésitation si prononcée du nouveau venu, le Flamboyant après avoir tiré une moue d'incompréhension voilée par la douleur tentait toujours de se redresser. Comme pour accentuer sa situation et ainsi mieux saisir l'attention du jeune garçon aux cheveux platines. Sans pour autant renoncer à sa fierté, car évidemment, cette nouvelle présence rappelait à ce dernier de mettre en avant son cosmos conséquent, bien qu'en majeure partie utilisé quelque temps plus tôt. Puis, saisissant la fine main finalement tendue de son interlocuteur, il le fixait dans les yeux tout en passant outre une possible salutation en utilisant sa force pour se redresser plus dignement.

Tout d'abord ceci. Merci du coup de main. Une épaule craquait alors que l'homme agitait peu à peu ses bras pour faire circuler le sang. Bon sang... tu es pourchassé ? J'ai jamais vu quelqu'un hésiter aussi longtemps avant de passer l'une des portes de la Citadelle, et à moins d'être un espion je vois pas pour quelle raison le faire...

Lui lançant un regard amusé et esquissant un sourire plus décontracté qu'il ne semblait l'être, l'amnésique indiquait les bandages installés plus loin. Malgré son réveil annonciateur de la conscience de sa propre douleur, une large satisfaction le gagnait alors qu'il repensait au combat qu'il venait de livrer devant le regard omniprésent de son dieu. Car face à un des quatre, Casshern avait vaincu. Non sans peine certes, mais l'épreuve s'était dorénavant soldée par une réussite et il n'avait plus qu'à continuer sur sa lancée. Et puis, son cosmos régénérait déjà les maux les plus graves, il n'avait cas s'occuper des soins rudimentaires pour accélérer le processus. Chose que cette silhouette intimidée allait normalement faciliter.

Mon nom est Casshern, du Python. J'ai mes doses d'adrénaline pour encore un moment alors, détends-toi et attrape les bandages s'il te plaît... Évitant de le fixer avec insistance pour permettre à l'individu de mieux prendre son aise, le berserker craquait ses poignets fragilisés avant de reprendre. Je me trompe peut être, mais tu n'as pas l'air d'être un habitué des lieux, hein ? C'est vrai que le manque de... vie dans les parages à certaines heures de la journée peut rendre nerveux mais je doute qu'une mauvaise surprise te tombe dessus par ici. Sauf si tu l'as cherché d'une manière ou d'une autre bien sur.

Il dévoilait son sourire une nouvelle fois, apparemment la confiance qu'il avait débloqué à travers cet affrontement le rendait lui même moins distant. En revanche, le soldat aux cheveux de flamme ne manquait pas un regard discret sur la posture de son interlocuteur dont la main effleurait toujours de près le manche de son arme. Sans doute un paranoïaque, en y repensant tout le monde ne découvrait pas de la même façon ce nouveau domaine qui était leur. Bien que ne faisant pas parti des plus anciens vétérans au service d'Arès le Python s'était relativement bien acclimaté aux profondeurs et au repérage difficile des lieux. D'une certaine façon, c'était assez amusant pour ce dernier de se retrouver aux côtés d'une nouvelle recrue, si s'en était bien une.

Citation :

Repos : 2/2

Confirmant évidemment son appartenance à la Citadelle en se présentant sous le nom de Valerius Nero seulement après s'être replié quelques mètres plus loin de l'endroit ou il venait de poser les bandages, l'angoissé révélait également la raison de son passage. Alors comme ça, c'était également un des serviteurs les plus dévoués à Arès : Un berserker. Plus exactement celui du Grand Duc. Intéressant, bien que presque désespérant de constater autant de méfiance envers un frère d'arme, blessé qui plus est. Ne cachant pas un haussement de sourcil alors qu'il saisissait le rouleau de bandage suffisamment à portée, Casshern le déroulait en repliant difficilement son genoux. Son visage avait déjà repris des couleurs avec son sommeil réparateur et le reste ne devrait plus tarder à se remettre après les quelques soins que l'homme s'accordait. Mais ce n'était pas pour autant qu'il laisserait son interlocuteur filer.

Valerius Primus hein... Devant le ton attristé de Nero, le Python laissait miroiter une once d'espoir l'espace de quelque seconde, puis enchaînait sur une moue peu convaincue. Non, ça ne me dit rien. Cela dit, je suis loin de connaître tout les habitants de cette citadelle, surtout ceux qui viennent de nous rejoindre.

Les effectifs ne cessaient de croître, et il était fort probable qu'il rencontre l'un ou l'autre lorsque les armées personnelles des cardinaux seraient finalement formées. Quoiqu'il en soit ce dernier n'était pas très bavard, et la discussion n'étant pas non plus le fort du Flamboyant un silence commençait à s'installer. Il se relevait en serrant les dents, forçant sur ses muscles endoloris comme s'il n'avait pas besoin de plus de repos. A vrai dire, la confiance qu'il plaçait en sa cuirasse et son cosmos était réelle et justifiée, la guérison complète approchait. Les combats reprenaient bientôt et la voie prometteuse qu'il empruntait ne devait pas être interrompue. Mais pour l'heure, aucun signe ou appel le poussait à retourner au tournoi pour livrer bataille, il s'attardait donc dans la salle en rattachant fièrement sa lourde cape. Tournant au passage son dos à l'autre protagoniste.

Enfin, bienvenue dans la demeure d'Arès, à toi et à ton frère...

Encore un autre ? C'était toute une famille que le jeune homme cherchait au beau milieu des dédales de la citadelle. Était-il dépendant de celle-ci au point d'être aussi paranoïaque lorsqu'il se retrouvait livré à lui même ? Le Flamboyant souriait, et d'une certaine manière il se surprenait à juger négativement la personne qui venait tout juste de le sortir de son état néfaste. Il est vrai que le comportement de ce dernier contrastait avec ceux des berserkers en général, mais surtout avec la citadelle dans son ensemble. Casshern lui même avait eu du mal à s'adapter à cette solitude constante, et malgré les quelques connaissances qu'il avait pu se faire dans les parages la vie qu'il menait ici bas était monotone. Heureusement que sa motivation se trouvait ailleurs, et que finalement ses préoccupations actuelles le tenaient loin de l'ennui. Quelque part, il se complaisait dorénavant dans sa situation souterraine.

Je ne connais aucun Valerius à part toi même. Chaque personne dans la citadelle trouve sa place avec le temps, et pour l'heure je ne peux t'indiquer autre chose que les dortoirs ou la salle d’approvisionnement. Nos conditions d'humains nous obligent à passer par la bas, tu auras donc sans doute plus de chance de les rencontrer en commençant par ces lieux...

La citadelle était grande, mais les quartiers principaux de l'élite d'Arès étaient plus ou moins regroupés. Peut être que Nero ignorait encore l'existence de ceux-ci ? Depuis combien de temps était-il parmi les serviteurs de la destruction ? Ephtal ne l'avait pas aiguillé à ses débuts ? Le manque de conversation et la peur constante de la jeune recrue déroutait quelque peu le soldat aux cheveux écarlates, mais il savait être compréhensif envers les siens.

Je peux t'y guider si tu le désires, observes bien. Tu verras que les repères viennent bien assez tôt dans cette partie de la citadelle, en revanche, les dédales entourant et menant jusqu'aux antichambres ça, c'est une autre affaire.

Devinant qu'il n'arriverait pas à chasser la peur de son interlocuteur aujourd'hui, le Python décidait de jouer avec en entamant plus sérieusement le sujet. Cependant il ne mentait pas, et bien que certains possédaient leurs méthodes pour arpenter les couloirs souterrains il n'était pas bien difficile de s'y égarer...