Il est des rencontres qui changent une vie. D’autres non. Celle de Mercurio et d’Anitah est définitivement de la seconde catégorie. Quoique des fois on se demande…
Dans tout les cas, voila quelques jours que le blondinet est l’officiel détenteur de l’armure du Centaure. Une belle armure d’argent avec d’horribles piques sur les épaulettes. Le plus beau dans celle-ci…c’est que lui en a une et elle non. Son rire hautement supérieur retentit d’ailleurs fortement dans la petite clairière où son ancien maitre, Bach du Taureau avait l’habitude de l’entrainé. Un bras sur les côtes où son poing de côté le fait souffrir, il tend l’autre bras en direction de son amie. Un doigt jugeur, l’accusant de sa faiblesse.

-MOUHAHAHAHA. La grosse minable que voila !

Mercurio ensuit une larme qui vient pointer au coin de ses yeux tandis que son rire se repend en écho. Assis sur un rocher, il surplombe légèrement la clairière comme sa camarade aveugle. Il est tout à la joie de triompher de cette dernière bien qu’il n’a en rien réellement mérité cette victoire. Cela n’a jamais été une cours entre eux mais cela donne toujours un motif gratuit pour se foutre de sa gueule et ça, ça n’a pas de prix.

-Tu sais que t’es là depuis plus longtemps que moi quand même. C’est la honte franchement. C‘est qui ton maitre déjà ? Donnes-moi juste le numéro du dernier en date, ça suffira. Je m’y perds avec la ribambelle que tu te trimballes…

Le grand sourire du tout nouveau chevalier du Centaure affichait son air supérieur mais surtout moqueur bien que la demoiselle ne pouvait pas le voir. Il avait décidé il y a bien longtemps de ne pas se priver même si elle ne percevait que la moitié de ses émotions. Le menton bien calé dans la paume de sa main droite, le coude sur son genou, il observait son gantelet sur l’autre bras tout en continuant de parler.

-Sérieusement tu crains ma vieille. Qu’est-ce que je vais bien faire de toi ? Peut-être que tu seras mon écuyer histoire de te garder sous la main. Si je t’offre le gite et le couvert ça t’irais non ? Je dois bien pouvoir te faire une place dans mes quartiers chez Maitre Antarès…

Soufflant lourdement comme un parent devant son enfant débile, Mercurio s’étira longuement suivit d’un bâillement ennuyé. Bien entendu tout ceci n’était qu’un acte, si affrontement entre les deux jeunes gens éclatait il ne saurait dire qui s’en sortirait vainqueur alors encore moins statué sur l’absence d’obtention d’armure pour Anitah. Pour autant, cela n’enlevais pas le plaisir à remuer le couteau dans la plaie encore et encore.

-Je suis sûrs qu’un vêtement assez court, très court t’irait bien pour faire le ménage. Tu sais, un petit courant d’air et hop ! Une petite surprise pour papa !

Le jeune partit d’un nouveau rire à l’image de son amie rougissante de timidité dans sa petite tenue en train de nettoyer les sculpture du temple du scorpion. Pour être tout à fait franc, cela non plus ne risquait pas de se produire. Mercurio avait en son amie un adversaire de taille et il en fallait beaucoup pour la voir déstabiliser.

Il l’aurait un jour, il l’aurait !

Spoiler:

Mercurio resta de marbre ou presque. Il était loin le temps où il avait affaire à une petite gamine à la langue trop pendue. Si cette dernière particularité n’avait pas changé, Anitah ne prenait plus des garçons en pleine tête en courant dans les bois. Ou peut-être que si…mais ça ne le regardait pas en tout cas. Un grand sourire sur les lèvres, il posa ses yeux sur la main de son amie quand elle-même la posait sur son torse à lui. L’armure du centaure le réconfortait, lui donnait une douce chaleur et ne pesait presque rien sur ses épaules. Pour les autres, il ne doutait pas que le froid du métal devait être des plus dérangeants. Son sourire confiant disparus pourtant en pour un sourire gêné quand elle se rapprocha bien plus près que d’habitude.

Malgré la dizaine d’années qu’il se côtoyait, malgré leurs jeux comme leurs piques, les contacts physiques avaient été bien plus rares que leurs échanges verbaux. Et encore une fois, la gamine n’en était plus une. Sa main gauche se souleva pour aller se poser sur le sain droit d’Anitah, serrant légèrement tandis que son regard se plongeait dans celui morne de l’aveugle.

-Oups…léger réflexes. On peut mettre de côté le fait de n’avoir « jamais frôlé une femme de leurs vie » maintenant je crois.

Son sourire joueur était revenu. Il fallait être deux pour danser et il était un GRAND danseur quant-il fallait marcher sur les pieds de son entourage. Il se dégagea rapidement, d’un mouvement de désintérêt soudain, être assis, ne l’avantageais pas. Bras derrière sa nuque, il regarda vaguement le ciel alors qu’il reprenait la parole.

-Ce n’est pas parce que tu t’es trouvé un énième maitre que ça va marcher cette fois hein… tes casseroles font un bruit horribles à mes oreilles.

Mimant de se nettoyer l’oreille du petit doigt, Mercurio rabaissa son regard sur son amie. Dans son esprit se formait déjà de nouvelles phrases, de nouvelles piques à son encontre. Son sourire sadique était presque audible dans sa voix.

-Mais je suis sûrs qu’on va finir te trouver une petit armure de bronze dans un coin. Tu sais, le genre Anitah du verre de terre ou du scarabée… Et pour te répondre, ho non ça ne me fait pas peur. Hey je ne suis pas la honte des chevaliers pour rien, hein ?

Ses déclarations furent accueillies par un nouveau rire. Bien vite, il avait compris que la vie plein d’honneur des Saints n’étaient pas fait pour lui. Lui, il préférait se terrer dans l’ombre, le vice comme le péché. Bien souvent le mieux quand on est sous les feux des critiques c’est d’aller encore plus profond pour surprendre son auditoire.

-Par contre je t’accorde sue niveau esthétisme, mon armure n’est pas la plus fameuse. Ces immenses piques sur mes épaulettes surtout… Bwah ! Affreux ! Certains vont penser que je compense pour autre part en plus je suis sûrs. Ça ce n’est pas cool du tout. J’ai une réputation à maintenir quoi…

Le tout nouveau saint, se rapprocha de son amie d’enfance. Arrivé à quelques dizaines de centimètres, sa main droite se leva lentement, recoiffant une mèche de cheveux de la blonde derrière son oreille.

-Ma « tronche » n’est pas si différent de la tienne ma chérie. Faut pas de disgracier comme ça, tu ne te rends pas service…

Un partout, balle au centre ?

Difficile d’apprivoiser un chat sauvage. Même après dix ans d’efforts plus ou moins intensifs, Anitah montrait ses griffes au moindre signe de danger. La regardant de pied en cape, Mercurio laissa sa tête s’abaisser légèrement sur sa gauche, un demi-sourire ennuyé sur le visage. Des bruits s’étendaient dans el lointain, des bruits sourds accompagnés de cris de plusieurs voix simultanés. Les temps enfin révolus des entrainements…

-Mouais… j’ai jamais dit le contraire hein…

Le jeune homme se frotta sa longue chevelure blonde gêné. C’est rare qu’on arrive à le mettre dans cet état. De mémoire, seule Anitah en était d’ailleurs capable. Il avait plus l’habitude de se retrouver de l’autre côté de la barrière.

-Et concernant le fait de foncer tête baissé… c’est sympa aussi. Puis j’ai eu Bach comme prof, difficile de me le reprocher. Vachette n’est pas un maitre des plus fins. Ça fait un moment que je ne l’ai pas vu d’ailleurs. Faudrait que j’aille le faire de nouveau chier un de ces quatre, comme au bon vieux temps.

« Vachette », « le vieux », « meumeuh », le chevalier d’or avait pas mal de surnom entre les deux adolescents. Bien loin des « Maitres » que donnait Mercurio à Antarès, le chevalier des scorpions. Pourtant il l’aimait bien le vieux taureau. Juste des caractères opposés qui rendait leurs relations difficile. Malgré tout, Bach était venu à l’épreuve du jeune Centaure. Ce dernier en avait douté jusqu’au dernier moment. Finalement, passant du coq à l’âne, Mercurio prit une grande inspiration avant de reprendre la parole, parcourant la distance le séparant de son sac de toile en quelques foulées.

-Bon ! Ce n’est pas tout mais pour célébrer la chose, faut boire ! Et beaucoup !

Attrapant une des bouteilles qu’il avait récupérées, il vint la placer directement dans les mains de son amie alors qu’il débouchait la sienne et commençait déjà à boire au goulot. Quelques instants plus tard, enfin rassasié, il affichait un grand sourire joyeux….comme la langue bien plus délié au vu du degré d’alcool des breuvages.

-Rien de mieux qu’un peu de vin pour tout de suite allez mieux ! Et pourquoi tu ne voudrais pas d’armure ? Ça serait trop con d’avoir enduré tout ça pour rien. Allez, ça viendras bien un de ces quatre… Il a bien fallu que je trouve Maitre Antarès pour réussis moi, tu finiras par trouver chaussure à ton pied.

Une bouteille sous le bras, une autre en main et une troisième dans l’autre, posé sur son menton, le jeune homme respirait les doux effluves de fruits qui en émergeaient dans une attitude béate.

-Parles-moi du nouveau là…c’est quoi son nom déjà ? Peut pas être aussi intéressant que moi, tututu, ce n’est pas possible.


Avec force mouvement de tête et de doigt, renversant quelques gouttes par-ci par-là, Mercurio accompagnait ses paroles. Déjà le rouge lui montait aux joues et son regard se faisait plus vitreux.

Mercurio regarda sa compagne boire et avoir des propos de plus en plus pâteux. Un moment il resta ainsi, presque immobile avant de craquer et rire à gorge déployé. Se tenant les côtes, nez pointé vers le ciel c’est s’essuyant les larmes qu’il vint récupérer la bouteille des mains de son amie.

-Ça fait un moment que tu ‘as plus gouté à mes vins favoris toi, ça se voit…

Il la dévisageait elle et son cailloux, son regard gris comme la roche sur laquelle elle était assis. Le jeune homme porta la bouteille particulièrement relevé à ses lèvres tout en réfléchissant aux propos d’Anitah. Même ainsi, un petit sourire restait affiché sur son visage. Malgré tout ses penchants, il n’avait jamais vu son maitre autre qu’avec son armure dorée. Encore moins nus dans un lit. Le tout nouveau centaure s’assit à côté de son amie, l’entourant d’un bras. Il déposa un baiser sur le front de la jeune fille avant de lui décocher une petite taloche derrière le crâne.

-Idiote…

Le mot était sortit avec une chaleur réelle qu’il éprouvait pour peu de personne. Probablement la seule à ce niveau était l’aveugle à ses côtés.

-C’est mon maitre. Bien entendue que j’en parle régulièrement. Après tout, c’est grâce à lui que je suis un chevalier dorénavant. J’aurais plutôt finit en quatre planche avec Meuhmeuh par exemple. Un jour tu connaitras ça toi aussi. Un maitre qui te comprend et la fierté qui découle de porter une armure béni par Athéna. Je te le souhaite de tout mon cœur. Peut-être avec cet Aetios qui sait. Il porte quelle armure d’or ? Je l’ai peut-être vu parler à mon maitre un de ces quatre.

Mercurio connaissait la jalousie de son amie et s’en amusait la plupart du temps. Il connaissait aussi l’insécurité que provoquait la solitude. L’absence de compréhension. Des personnes avec qui il pouvait être totalement franc ? C’était facile, il y en avait trois. Trois en tout et pour tout dans le monde entier. Bach, Antarès et Elle.

-Je me demande si je m’en tirerais avec lui… qui aurais crut penser que quelqu’un d’aussi exubérant que moi finirait par être plus en confiance avec quelqu’un de calme et posé que Maitre Antarès ? Peut-être, il en sera de même avec toi… Dans tout les cas faudra lui trouver un autre surnom et vite ! C’est un sacrilège de ne pas leurs manquer un peu de respects à tout ces grands chevalier d’or !

Le sourire du jeune homme allait d’une oreille à l’autre. Il ignorait comment son amie prendrait sa remarque. Souvent, elle avait pris son partie mais peut-être qu’avec un gold saint comme formateur, elle se retiendra cette fois-ci. Lui-même avait eu beaucoup de mal à se départager de son respect pour son Maitre. Il était beaucoup plus facile de surnommer Bach de Vachette après le nombre de coup que le colosse lui avait distribué sur le coin du visage.

-Et pour te répondre, oui, j’ai parlé avec mon maitre. On peut appeler ça des félicitations, textuellement il y en a eu. Après, il cherche toujours à te faire continuer, à progresser. « Ce n’est pas une fin en soi » et patati, patata,…