La voix résonnait encore dans son esprit alors qu'elle avait disparue il y a quelques heures déjà. Poseidon s'était adressé directement à son Légat afin de lui délivrer une mission d'importance. Une quête qu'il fallait mener à bien. Et lorsque l'Empereur des mers demandait quelque chose, il fallait l'exaucer. C'était aussi simple que cela. En pleine réflexion, Orpheus avait tout de même dû agir rapidement suite à son message. Partir au plus tôt et aller vite, voilà qui demandait la constitution d'une petite troupe. Deux ou trois personnes maximum afin de ne pas perdre trop de temps. C'est ainsi qu'il avait fait convoquer deux personnes. D'abord Ajay, Général du Chrysaor qu'il avait été chercher dans sa caverne. Non seulement il aurait besoin de son expérience, mais il souhaitait aussi avoir le support d'un des Sept Généraux avec lui afin de montrer l'importance de cette missive. Venait ensuite Darius, nouveau porteur du Léviathan. Et qui avait surtout l'avantage d'avoir été aux ordres de Apollon et qui pourrait certainement servir de guide si besoin.

L'heure était si grave que le Légat en personne devait intervenir. Lui qui préférait rester au Sanctuaire sous-marin pour préserver la sécurité des différents piliers et faire la jonction entre les paroles de Poseidon et ses généraux, il ne pouvait que participer à la mission qu'il venait de recevoir. Œil fermé, son âme semblait parcourir l'étendue du territoire marin appartenant aux Marinas, comme si cela l'apaisait et l'aidait à réfléchir. Aucune présence ne pouvait échapper à l’œil du Légat lorsqu'il se trouvait dans ce Sanctuaire. N'était-ce d’ailleurs pas pour cela que Poseidon en avait fait son digne représentant ? Bien que captivé, il sentit à l’orée de son esprit la présence des deux Marinas convoqués. Sondant une dernière fois la zone qu'il visualisait mentalement, il abandonna finalement l'endroit pour revenir à lui.

Le visage fermé du Légat prouvait qu'une chose grave se produisait. Cela ne pouvait en être autrement. Se tournant complétement vers eux, il les détailla un instant. Les deux hommes portaient leur scale, chose obligatoire lorsque l'on se rendait au Temple de Poseidon. Et la conscience de Orpheus entendait le chant qui était propre à chaque armure. Comme l'écho de la présence du dieu des océans.

- Ne perdons pas plus de temps que cela. Notre Seigneur et Maître est venu à moi. La disparition de son neveu semble avoir laissé l'Empire Romain sans la moindre protection. Bien sûr, cela ne nous concerne en rien. Pourtant un mal étrange semble ravager leur empire. Les armées humaines ne sont pas en mesure de stopper ce mal qui progresse, détruisant tout sur son passage. Poseidon m'a parlé d'un géant. Et que ce fléau pourrait avoir un rapport avec l'apparition des titans. Comme si les forces d'antan se réveillaient pour saccager les terres. Il nous demande d'enquêter sur cette apparition. Et de détruire jusqu'à l'essence de cet être pour qu'il ne soit jamais un danger pour notre territoire.

Le contexte était posé et il n'était pas question d'entendre une quelconque protestation. Les deux guerriers devaient s'en douter. Lorsque le Légat parlait, on se taisait et on attendait qu'il en finisse. Car pour le moment, bien qu’ils puissent se douter maintenant de la raison de leur présence en ce lieu de culte, ils n'avaient encore aucun ordre ni aucune consigne. Orpheus fit quelque pas et leva la tête vers la statue de son Seigneur, près de laquelle reposait l'urne de Poseidon. Une relique d'exception et à laquelle il portait une fascination hors norme.

- Il nous faut aller vite. Nous n'avons pas le temps de lever une armée pour combattre un géant. Surtout que nous ne savons pas où il se trouve pour le moment. Je pars dans l'heure mais il me faut une escorte. Darius du Léviathan, ancien Oracle de Apollon, ton aide peut s'avérer utile dans ce combat qui sera notre. Ajay du Chrysaor, qui d'autre que toi, Général de Poseidon, pour m'accompagner et combattre à mes côtés.

Ils partiraient sous peu maintenant. Ne restait aux deux hommes qu'à montrer qu'ils étaient prêt et enfin ils pourraient parcourir les terres de ce monde pour combattre contre cette créature d'exception. Aucun refus ne serait tolérer. Orpheus était un meneur d'homme et il disposait du pouvoir conférer par son dieu lui-même. Celui qui osait s'opposer à lui serait donc châtié. Quel que soit son grade ou son rang.

Le général pénétra le pas calme dans le temple de Poséidon. Comme la première fois qu’il y avait posée le pied porteur de sa scale de Chrysaor, il sentit le cosmo loin d’être bien veillant de son Maitre. S’il se sentait chez lui dans les quartiers de l’Océan Indien, il se sentait pénétrer dans la maison de quelqu’un d’autre ici et le serait probablement pour le restant de sa vie. Le poids qui s’exerçait sur ses épaules en orichalque lui évoquait le regard scrutateur du patriarche de la famille sur le petit nouveau qui vient d’avoir l’âge de raison. Un patriarche dure, fier, puissant. Un patriarche pour qui l’obéissance n’est pas une affaire de second choix.

En l’occurrence, ce n’était pas ce patriarche qui l’avait convoqué, enfin pas directement. Par la voix du légat s’exprimait la volonté de Neptune et tout comme avec le Dieu marin, l’obéissance des membres de son armée étaient primordiale pour le borgne général. Si jusqu’à maintenant, ce dernier avait été assez poli, sans réellement appliqué son statut supérieur, car il l’avait, Ajay n’en doutait pas, maintenant que le marina était revenu dans le service actif, il était tout autre. Il s’en réjouissait au demeurant. Tout comme le dieu des mers, il estimait que le légat devait savoir être aussi pourvoyeur de ferveur tel un vent doux au large des côtes mais aussi autoritaire qu’une mer sans pitié pour des marins d’eau douce pris de folie des grandeurs.

Un jeune homme était arrivé avant lui, futur compagnon de voyage. Des hommes plus jeunes que lui, Ajay en connaissait beaucoup mais en l’occurrence, le porteur du Léviathan n’était pas n’importe qui. Barindra avait apprécié sa ferveur comme sa piété. Les paroles d’Orpheus par contre…

Un peu plus et le général en serait resté bouche bée. Des titans ? Des géants ? Mais qu’avait-il raté pendant sa longue retraite ? Si les propos étaient vrais, le légat avait eu raison de l’appeler. Ils auraient besoin de toute l’aide possible. On était loin des traditionnelles guerres saintes.

-Je suis très désagréablement surpris de ces nouvelles et comprend l’empressement que cela impose. Il est des mythes qui doivent rester à l’état de mythe. La question que je pose maintenant c’est avec tout le respect que je vous dois Légat comme à notre Dieu tout puissant, est-ce réellement bien un géant ? Durant la Gigantomachie, les Dieux les ont soient tués soit emprisonnés et je n’imagine pas qu’il soit facile de s’échapper d’une prison créé par les dieux. Quant aux géants disons « suivant », tout comme ma chrysaor, ils sont loin d’être favorable à la destruction. J’espère de tout mon cœur qu’il ne s’agisse donc pas d’un géant, toutes autres conséquences seraient terribles.

Le général porta son poing au niveau de son cœur, s’abaissant légèrement en guise de soumission comme d’acquiescement. Il restait encore choqué de la nouvelle. Même avec son grand âge et ses connaissances, il n’avait vu ou même entendu la vision de géant, encore moins de titan. De mémoire d’homme comme de papyrus, jamais ces monstruosités n’avaient côtoyé l’être humain depuis les temps héroïques. Le plus durs étant qu’il n’arrivait tout simplement pas à le concevoir voir même à s’imaginer ces êtres mythologique. Il serra les dents quelques instants pour se forcer à passer outre ce sentiment lorsqu’il releva son buste.

-Dans tout les cas, je suis à vos ordres et prêt au départ légat.