La rencontre avec les Titans s'était soldée sur des bilans lourds, plus ou moins graves selon les résultats de chaque groupe qui avait dû affronter l'un des envoyés de cette menace encore inconnue. Le Sanctuaire avait été défiguré par l'intrusion des anciens Dieux mais Corvus ne l'avait découvert qu'à son retour à Athènes ; il avait laissé Rome et le corps sans vie de Magnus, qui avait été son compagnon de bataille pendant un temps trop court. Même ici, les morts étaient nombreux, et pas uniquement parmi les plus faibles des combattants. Des places de Gold Saints s'étaient libérées dans le sang et la douleur et personne ne pouvait s'en réjouir. Surtout pas le Corbeau.

Face au deuil et la crainte d'une nouvelle hécatombe, il n'y a que deux réactions possibles : la fuite ou l'affront. Abandonner ou combattre. Un choix simple, qui ne tolèrerait aucune demi mesure. Il y aurait ceux qui sauveraient leur peau les jambes à leur cou, et ceux qui la défendraient l'épée au poing. Et aujourd'hui étaient rassemblés ceux qui feraient face à cette menace et se prépareraient à lui offrir une résistance bien au delà de ce que les Titans avaient connu.
Corvus avait été l'un des premiers sur place : à quelques kilomètres de l'Entrée du Sanctuaire, dans une zone en peu en retrait du chemin principal, tout ce qui s'offrait à ses yeux était de la roche, glacée et éternelle : un désert de brun parsemé de quelques touches de vert, une végétation sèche qui peinait à pousser en ces lieux. L'endroit aurait pu paraître sinistre, ainsi isolé, mais le soleil chaud méditerranéen et les senteurs iodées étouffées de la mer lointaine rappelaient à celui qui s'était nommé Octavius sa Rome natale. C'était comme une bouffée de nostalgie, un apaisement, qui rendait l'épreuve qui l'attendait d'autant plus difficile. Souiller l'endroit du sang de ses camarades et du sien...
Il se tourna vers les premiers arrivants avec un sourire chaleureux. Que des hommes. La curiosité le piqua.

« Ah ! Vous voilà. Je ne vous connais pas encore, aussi je me présente : Corvus, du Corbeau d'Argent. J'espère que cet entraînement nous sera profitable à tous. Nous devions nous répartir en deux groupes, vous avez des préférences ? »

Oréstis se trouvait au beau milieu d’un terrain d’entraînement du Sanctuaire, dans l’incapacité de bouger pour une raison qui lui échappait, et autour de lui se trouvaient de nombreuses silhouettes floues. Qui étaient tous ces gens ? Peu à peu, ils gagnèrent en tangibilité, et un frisson d’effroi traversa l’échine du musicien lorsqu’il reconnut les deux d’entre eux qui ressortaient du lot. Kallas des Gémeaux et la titanide Thétys. Ses habituels bourreaux… mais derrière eux semblaient se tenir de nombreux autres individus. Et soudain, intimant le silence et l’obtenant presque instantanément, le porteur de l’armure aux deux visages prit la parole.

- Saints ! Vous avez aujourd’hui devant vous un de vos anciens confrère, qui s’est rendu coupable de haute trahison envers le Sanctuaire et rouant de coups un Gold Saint affaibli. Un tel acte doit être puni par la mort, et chacun d’entre vous est ici afin d’assister à sa fin.

Le Saint de la Lyre n’y comprenait plus rien, à présent. Ce Gold Saint, qui s’était lui-même rendu coupable de l’agression perpétrée sur Oréstis, inversait les rôles, et pas un Saint ne semblait tiquer alors que Kallas marchait aux côtés d’une ennemie du Sanctuaire. Mais ce qui effrayait surtout le Silver Saint, c’était cette mort qui venait de lui être promise. Il ne pouvait pas bouger, et ne put que constater, impuissant, que le Saint des Gémeaux se rapprochait de lui. Et soudain, son poing s’éleva, venant percuter violemment le visage d’Oréstis. Avant que la dernière étincelle de vie ne le quitte, il put ressentir un terrible sentiment d’échec. Pour un homme qui avait tout au long de sa vie traqué la beauté, qu’y avait-il de pire que de mourir défiguré et à la vue de tous ?

A présent, il tombait, dans un abîme sans fond. Etait-ce une descente aux Enfers ? Non, il y avait quelque chose… quelque chose d’apaisant. Une odeur. Une présence. Puis vinrent quelques mots murmurés.

Tiré de mon cauchemar en douceur par Dormin, j’ouvris les yeux avec difficulté, et mis un moment à réaliser que je me trouvais en sécurité entre les murs de la maison du Capricorne. J’étouffai un bâillement alors que la Saint d’Andromède quittait la pièce en me laissant, presque autoritairement, ses recommandations, et faillis sourire devant ce comportement si peu commun pour lui. Mais mon sourire mourut sur mes lèvres. Je n’étais pas d’humeur à sourire. J’avais été brisé, trahi par un supérieur, et étais à présent hanté de cauchemars. Je n’avais plus d’inspiration, et tous mes airs étaient mornes et mélancoliques. Et j’avais laissé de côté toutes ces tenues extravagantes dont j’étais si friand. Non, je n’avais plus le cœur à rien…

Alors pourquoi m’étais-je engagé dans cette étrange entreprise, participer à un entraînement entre Saints ? De tous les points de vue, c’était pour moi la dernière des choses à faire. D’un point de vue extérieur, déjà : j’étais toujours convalescent, et nombreux étaient les bandages qui recouvraient toujours mon corps. Et puis je n’étais habituellement pas du genre à m’entraîner dur. Alors pourquoi avais-je choisi d’accompagner Dormin ? En réalité, je connaissais la réponse. Je voulais mettre à l’épreuve mes capacités. Vérifier que j’étais digne d’être un serviteur d’Athéna. Car les derniers événements m’avaient amené à penser le contraire, et cela me déplaisait profondément.

Hors de ma couche, j’entrepris de revêtir mon armure, en prenant bien soin de la recouvrir par des vêtements de mon choix, dissimulant ainsi les nombreux bandages qui parsemaient encore mes membres. Un haut bouffant aux longues manches accompagné d’un pantalon, tous deux couleur ivoire, et faits de la soie la plus fine. Rien d’extraordinaire, si ce n’était l’étoffe… mais c’était le genre de tenue que je portais depuis « l’accident ». J’étais bien loin des hanfus colorés que j’avais portés après mon retour de l’Orient…

Finalement, je pus sortir de la Maison du Capricorne à la façade malheureusement détruite pour rallier le lieu où devrait se dérouler l’entraînement. Dormin s’y trouverait très probablement, en train de m’y attendre.

Je l’y trouvai en compagnie d’un autre homme, portant exclusivement des atours de couleur noire, et aux traits particulièrement fins. Un bien bel homme, en vérité, et je ne pus m’empêcher qu’en d’autres circonstances, j’aurais sûrement tenté de le séduire. Mais pas aujourd’hui. Immédiatement, alors que je le déshabillais littéralement du regard l’je me présentai. C’était très probablement ce que l’on attendait de moi. Et puis, me rapprochant de Dormin et laissant pensivement glisser mes doigts sur ses cheveux en quête de réconfort, j’enchaînai dans un murmure suffisamment puissant pour que les deux hommes puissent l’entendre :

- Dormin et moi… combattrons côte à côte.

Le Chevalier de l'Hydre attendait immobile, assis sur le bord de sa couchette, la tète entre ses mains. Il attendait tout simplement l'heure, tout en repensant aux évènements passés.
* Pourquoi nous a t il trahis? Pourquoi?

Il n'arrivait toujours pas à avaler la trahison de Kallas.
* Nous étions si prés du but, j'en suis convaincu!

Il se leva et alla se passer de l'eau sur le visage. Il pensa dans la foulé ses blessures. Les marques des brulures causées par laGalaxian Explosion de Kallas étaient encore visible sur l'étendu de son corps. Il enfila ensuite son armure qui paraissait comme neuve.
* Mon Maître m'avait bien expliqué que les armures se régénéraient toute seule comme peut le faire un etre vivant mais le constat était surprenant. Si je ne l'avais pas enlevé, elle serait peut etre bien morte à ce jour.
Allez c'est l'heure...

Araganorf partit au pas de course et quelques minutes plus tard, il arriva au lieu convenu. Là deux Chevaliers d'Argent et un de Bronze attendaient. Il reconnu immédiatement le Chevalier de la Lyre dont il ne connaissait pas même le nom et lui fit un signe de la tète.

- Salutation à vous Chevaliers. Je vois que le Chevalier de la Lyre combattra au coté du Chevalier de Bronze se tenant à ses cotés. Je combattrai donc à tes cotés Chevalier d'Argent. Je me présente, Araganorf, Chevalier de Bronze de l'Hydre.


Le combat allait donc commencé d'une seconde à l'autre. Il y a quelques jours, les Chevaliers avaient put voir l'étendu des pouvoirs de leurs adversaires, un peu d'entrainement serait donc le bienvenu.

« Cela me va. » commenta Corvus avec un sourire lorsque les groupes furent formés.

Lui-même n'avait aucune affinité particulière et ne connaissait aucun d'entre eux. Ce combat aurait tôt fait de changer la donne, espérait-il. Il nota le regard soutenu qu'eut pour lui celui qui portait une Armure du même rang que la sienne. L'heure était aux poings et au déchaînement de cosmos. Sans préambule, il commença.
Sa cible était celui qui, à première vue, était le moins puissant des deux. Il valait mieux éliminer en premier les menaces mineures, pour éviter à la fois les mauvaises surprises et l'intervention de ceux qui étaient prêts à se sacrifier pour assurer la victoire à leur supérieur ; après tout, c'était également tout à fait le genre de Corvus que de jouer les boucliers humains. Dormin de l'Andromède, voilà qui serait la victime sa première attaque.

La légèreté et les propriétés de son Armure lui permirent de se retrouver sur le jeune homme à l'allure androgyne en un instant, approchant de peu de choses la vitesse des Chevaliers d'Or. Son poing se ferma et fonça vers la mâchoire du Bronze, bientôt suivit par une autre volée de coups, dont la puissance laissait à désirer mais dont la vitesse, elle, était tout bonnement prodigieuse. Corvus connaissait ses atouts et les utiliserait.
Il n'était plus qu'une ombre difficilement reconnaissable et il espérait que son coéquipier, Araganorf, serait suffisamment rapide pour s'occuper de l'allié de Dormin si celui-ci voulait intervenir. Dans la frénésie de l'affrontement, il l'ignorait encore et n'attendit pas de le savoir : c'était l'effet de surprise qui pourrait renverser la vapeur, dès ce premier tour. L'Andromède avait-il remarqué les plumes noires qui s'étaient envolées de son Armure à chaque coup porté et qui tournoyaient comme un tourbillon de rage matérialisée autour de lui ? Corvus asséna un dernier coup de pied, visant les côtes de son adversaire, puis opta pour une retraite stratégique. Seulement, il ne comptait pas pour autant laisser une ouverture au duo qu'il affrontait.
Les plumes, comme animées d'une vie propre, fondirent sur Dormin pour compléter cette attaque en deux temps. La masse noire virevolta autour de lui, cherchant une faille dans son Armure, menace sombre d'un avenir assorti. Puis, soudainement, elles fusèrent vers le Chevalier de Bronze, visant les parties les plus exposées du corps du malheureux combattants. Une fois enfoncées dans son corps, elles absorberaient son énergie vitale pour la rétribuer à Corvus.

Le contact de la main du jeune androgyne me rasséréna tout en éveillant en moi un léger sentiment d’humiliation. Lors de notre dernière rencontre, c’était moi qui avais mené la danse, et qui étais maître de la situation. Mais à présent, c’était lui qui m’offrait son soutien, et cela ne signifiait qu’une seule chose : je devais assurément faire peur à voir. Ma mélancolie de ces derniers temps ne me réussissait pas.

Peu de temps après que je sois arrivé, le dernier chevalier devant participer à cet entraînement fit son apparition, et à sa vue, des noirs souvenirs que je m’efforçais, sans grand succès, de garder enfermés, refirent brutalement surface. La titanide, les Saints des Gémeaux et des Poissons… sans même m’en rendre compte, j’esquissai un mouvement de recul alors qu’Araganorf me saluait, brutalement submergé par des visions du combat passé contre la titanide. Venir ici a été une mauvaise idée, finalement, mais il n’est pas trop tard pour que je m’en aille et-

Si, il est trop tard. Déjà, le porteur de l’armure du Corbeau passe à l’assaut, attaquant Dormin, qui se soustrait élégamment à la plupart de l’attaque. A présent, le combat a commencé... je ne peux plus faire machine arrière. Plus vite nos adversaires auront été neutralisés, plus vite tout cela sera terminé.



Sans perdre plus de temps, je laissai courir mes doigts sur mon instrument, pinçant habilement, comme à mon habitude, les cordes, commençant à jouer un air à la fois triste et apaisant. Et c’est sûrement de la tristesse qu’Araganorf put lire dans mes yeux lorsque je les posai sur lui alors que les dernières notes de la première déclinaison de mon air étaient jouées. Soudain, une image de Terpsichore, la muse de la danse, apparut sur son flanc, et lança un rapide coup de pied fauché avant de s’évanouir dans l’atmosphère, comme une éphémère création de cosmos qu’elle était. Je n’avais aucune envie de blesser le Saint de l’Hydre plus qu’il ne l’avait été lorsqu’il avait affronté la titanide, mais avais-je vraiment le choix ? Dans un souffle, je lui lançai :

- Ce n'est pas de bon coeur que j'ai fait cela...

Naturellement, j’avais continué à jouer lors de l’assaut éclair de Terpsichore, et la seconde déclinaison de mon air arrivait à présent à son terme. Cela eut pour effet de faire apparaître à mes côtés ma muse favorite, Euterpe, qui, elle-même munie d’une Lyre, se mit aussitôt à jouer un air qui s’associait au mien à la perfection. Mais toutes les notes qui s’échappaient de son instrument avaient une cible : le Silver Saint adverse. Chargées en cosmos, elles feraient réagir celui de Corvus, limitant ses ressources sans qu’il n’y puisse rien faire.

Et mon air n’était toujours pas terminé. Alors qu’il touchait à sa fin, une dernière muse apparut, à proximité de Corvus : Calliope. De par sa maîtrise de la rhétorique, associée à un usage subtil de mon cosmos, elle n’aurait aucun mal à trouver les mots qui pourraient convaincre le Saint du Corbeau de se retourner contre son allié – au moins temporairement, avant qu'elle ne disparaisse comme Terpsichore avant elle. Cette manœuvre lâche instaurerait sûrement des tensions dans l’équipe adverse, mais j’avais rechigné à la déployer : imposer une fois encore à Araganorf la trahison d’un supérieur me paraissait particulièrement vicieux…

En avançant un peu plus pres Araganorf reconnu Dormin, le Chevalier d'Andromde, qu'il avait rencontré lors de son arrivé au Sanctuaire.

- Tient Dormin, ça me fait plaisir de te revoir depuis le temps. Nous parlerons un peu plus après cet entrainement.


Le premier à dégainer fut le Chevalier d'Argent qui serait mon allié lors de cet affrontement. Il semblait être le plus rapide. Quoi de plus normal pour un Chevalier d'Argent comparé à un de Bronze comme Araganorf.
Il fonça directement sur Dormin. La réputation de cette armure n'était donc pas usurpée, il réussi à éviter une bonne partie des assauts d'un chevalier d'argent.
* Je vais devoir aussi être attentif à lui.

Orestis se mit alors à jouer de son instrument.
* Je reconnais cette mélodie.

Une de ses muses apparut comme par magie et s'élança vers Araganorf en tentant de le faucher. Le Saint de l'Hydre effectua rapidement un salto arrière pour esquiver cette attaque et la muse disparut instantanément.
* Ouf j'ai eu chaud

Il se redressa dans la foulée et d'adressa au Saint de la Lyre.

- Tes attaques sont toujours imprévisibles à ce que je vois. Je n'ai nullement envi de me battre contre toi après ce que nous avons subit ensemble. Néanmoins, il est nécessaire pour tout les deux de nous améliorer. Je t'attaquerai donc en second, une fois que Dormin ne sera plus en état de combattre.


Une nouvelle muse chargea ce coup là mon coéquipier puis une troisième apparut pres de celui-ci.
* Je vais devenir fou si ça continue... je dois me ressaisir.

Araganorf se refusa à attaquer Orestis pour le moment. Il semblait encore marquer par leur rencontre avec Téthys, encore plus qu'Ara. Sa première cible serait donc Dormin et pas question de retenir ses coups.

- Je vais donc te montrer de quoi je suis capable Dormin! Mellow Poison!!!!

Ara tout en faisant sortir des griffes des poings de son armure se jeta sur Dormin pour les planter directement dans son torse. Tout en ayant les poings bloqué sur son torse, Araganorf en profita pour donner un coup de tète au Chevalier d'Andromede. Ses griffes se détachèrent et restèrent alors enfoncés dans celui-ci. Quelques secondes plus tard, l'armure se régénérera et de nouvelles griffes prendraient la place des précédentes.
Il laissa alors paraître un sourire.

- Alors comment te sens tu Dormin?

Attaquer le premier ne garantissait pas toujours la victoire. Qu'en serait-il ici ? A première vue, Corvus aurait pu croire que son assaut avait été entièrement annihilé. Mais il savait d'expérience que ce n'était pas comme ça que Dormin et Oréstis obtiendraient la victoire. D'autant qu'il avait ses propres atouts...
Le Chevalier d'Andromède repoussa son attaque et, surprise, la renvoya vers lui. Corvus vit avec une certaine stupéfaction les plumes sombres changer de cible pour se diriger vers lui. Il essaya de reprendre le contrôle de celles-ci, pour les empêcher de le cribler, mais il se rendit compte un peu trop tard que cela ne serait pas possible. Il sentit douloureusement les plumes pénétrer sa chair... et absorber sa propre énergie. Ironie.

Un tour pour rien, ou presque. D'autant qu'il ne devait pas s'endormir sur ses lauriers. Il aurait été trop imprudent que d'oublier que Dormin n'était pas son seul adversaire. Jouant de son curieux instrument, qui aurait d'ordinaire porté Corvus par sa mélodie, il invoqua une créature venue d'un rêve qui, s'associant à son air, joua une sonorité qui mettait étrangement mal à l'aise le Corbeau. Sentant un danger, il réagit. Invoquant une volée de Corbeaux, ceux-ci absorbèrent les ondes chargées du Cosmos d'Oréstis, becs grands ouverts, et les renvoyèrent en un croassement furieux sur le Chevalier à la Lyre. Corvus avait subi une partie de l'attaque, qui avait traversé la défense qu'il avait invoqué, mais il ignorait que l'attaque n'était pas encore terminée.
Une nouvelle créature fit son apparition, se glissant derrière lui, intangible. Elle ne ressemblait en rien à sa consœur et malgré ses préférences, le Corbeau pouvait dire qu'elle était d'une extrême beauté.

« Ton compagnon... Lequel est-ce déjà ? La brute épaisse, celle du genre que tu détestes, celui qui semble complètement tacher le tableau que vous formez, Dormin, Oréstis et toi ? Je crois que c'est lui. Araganorf. Quel nom. Un de ces barbares du Nord, sans doute. Venu des contrées où le mot "culture" est une notion complètement abstraite. Tu n'as pas choisi ton allié alors pourquoi le garder à tes côtés ? Tu aurais bien mieux parti de changer de camp. »

La voix de l'apparition résonna dans son esprit, loin de ressembler à toute voix humaine elle paraissait être un mirage, un enchantement. Il se rappela de la façon qu'avait eu la Titanide Thémis d'envoûter l'Augure d'Apollon. Il sentait... il sentait qu'il lui arrivait la même chose. Mais après tout... pourquoi pas ? En quoi était-il lié à ce Chevalier de Bronze ? Il avait bien noté le regard d'Oréstis. Dormin n'était pas plus discret. Araganorf était l'intrus. Le Corbeau s'élança et frappa.
Lorsque son poing s'abattit sur lui, il sentit que la puissance qu'il mettait d'habitude dans ses coups était minimisée. Par quoi ? Il l'ignorait. Pourquoi frappait-il si doucement ? Un doute l'envahit.

Les mots d’Araganorf me déplurent. Il semblait s’agir d’une pitié mal placée, et je ne pouvais accepter cela, d’autant que le Saint de l’Hydre semblait excessivement confiant. Il ne m’en fallut pas plus pour arrêter de l’apprécier : de « jeune homme courageux », il était devenu pour moi « jeune prétentieux ». Il fallait dire qu’il appartenait à une catégorie d’individus que je ne portais pas vraiment dans mon cœur : il était assurément de ceux qui passaient des heures à suer au soleil pour sculpter leurs muscles.

Mais malgré tout cela, je ne pouvais me résoudre à l’attaquer encore. C’était peut-être une sorte de compassion que je n’arrivais pas à percevoir correctement ; mais en tout cas, j’avais été rasséréné lorsque je l’avais vu esquiver l’assaut de Terpsichore. Néanmoins, je n’avais pas le choix : il fallait que je continue à me battre, et les croassements furieux des corbeaux du Silver Saint adverse vinrent me le rappeler douloureusement, vrillant violemment mes tympans.

Reprenant mon jeu à la Lyre, comme pour purger la dissonance qui venait de m’agresser, je m’adressai à Araganorf. Il y avait dans ses paroles quelque chose qui m’avait déplu plus encore que sa condescendance mal placée. Alors que je parlais, une aura fuchsia commença à m’envelopper, alors que je me relaxais peu à peu. La mélopée que je jouais était pour moi un véritable air de jouvence…

- Une fois que Dormin ne sera plus en état de combattre ? Crois-tu vraiment que nous devions en arriver à une pareille extrémité ?

A dire vrai, c’était ce que je recherchais précisément : mettre mes adversaires hors d’état de combattre. Mais sans passer par les blessures physiques : il était inutile d’abîmer encore plus des corps déjà sévèrement meurtris. Alors qu’à mes côtés, Euterpe jouait toujours sans discontinuer, je jouai quelques accords particuliers, et soudain, Erato apparut à côté de Corvus. La plus candide de mes Muses allait déposer un baiser sur les lèvres du Silver Saint… aspirant par la même une bonne partie de son énergie cosmique, avant de s’envoler comme si elle n’avait jamais existé. Mais ce n’était pas tout. Une légère variation dans mon air et Terpsichore apparaissait sur le flanc gauche de Corvus, et lui lançait, en virevoltant gracieusement, un audacieux coup de pied fauché. Puis, comme sa sœur, elle s’évanouirait à nouveau…

Après un tel enchainement aucun combattant ne pouvait en sortir indemne. Enfin tout du moins, c'est ce que pensait Araganorf. Dormin réussi grâce à sa chaine à éviter une bonne partie des attaques du Chevalier de l'Hydre. Même ses griffes dont il était si fière ne firent qu'égratigner son adversaire du jour.
* La légende est donc vrai, l'armure d'Andromède possède une défense quasi-impossible à franchir de part ses chaines.

Araganorf était tellement concentré sur Dormin qu'il ne vit qu'au dernier moment l'attaque sournoise de Corvus qui lui donna un bon coup de poing dans la mâchoire. Pas de quoi le faire trembler tout de même.

- Mais t'es fou ou quoi?


Le Chevalier de Bronze ne savait plus ou donner de la tête. Il semblerait que ce soit une coutume locale d'attaquer ses camarades.
* Apres Kallas, Corvus...

Il regarda Dormin et Orestis qui assistaient à la scène sans rien dire. Le Chevalier d'Andromède passa alors à l'offensive en attaquant simultanément Corvus et Ara. Le Chevalier de l'Hydre se servit de ses nouvelle griffes pour bloquer en parti l'attaque.
* Il nous attaque tout les deux. Corvus n'est donc pas de leurs coté. Je ne comprends plus rien.

Orestis lui adressa alors la parole, les deux Chevaliers ne devaient pas avoir la même vision des choses quand à l'utilité d'un entrainement. Malgré ça, Araganorf l'apprécié tout de même. Le Chevalier d'Argent envoya alors ses muses à l'attaque de Corvus.

- Nous avons tout les deux mordus la poussière récemment. Pour progresser nous devons être poussé dans nos derniers retranchements même s'il doit y avoir des blessés.


Araganorf repartit de plus belle sur sa cible du jour, Dormin.

- Tu te défends vraiment très bien Dormin alors arrêtes cette attaque si tu le peux!Forced regeneration!!!


Araganorf concentra son cosmos pour faire appel au pouvoir mythique de l'Hydre de Lerne. Un tourbillon d'eau géant apparut et engloutit Dormin. Le Chevalier de l'Hydre comme à son habitude n'en resta pas là et au moment où le tourbillon alla toucher sa cible il lui plaça une balayette pour le déséquilibrer.

L'apparition se volatilisa, en même temps que l'enchantement que subissait Corvus. Il ouvrit des yeux éberlués, comprenant qu'il avait été berné, qu'on s'était joué de ses sens. Il avait involontairement attaqué Araganorf, laissant un répit à ses adversaires, un repos qui serait peut-être critique dans la suite de ce combat.

« Je... Désolé, Chevalier de l'Hydre... J'ai été... »

Pas le temps de s'étendre en explications : Dormin, sans doute lassé d'être la cible de leurs attaques, passa à l'assaut. Encore perturbé par le revirement dont il avait été à la fois la victime et l'acteur, Corvus ne parvint pas à esquiver son attaque et les chaines de l'Andromède le meurtrirent... Le Corbeau battit en retraite.
Il devait reprendre ses esprits, cesser d'être déboussolé. Cette attaque n'avait pas été aussi critique qu'elle aurait pu l'être – par Athéna seule savait quel moyen, il avait su modérer la puissance de ses coups – et rien n'était encore joué. Il s'accrocha à la phrase d'Oréstis comme à une bouée, pour reprendre pied, pour regagner cette confiance qui lui faisait que trop défaut.

« Tu t'imagines que les adversaires du Sanctuaire et d'Athéna retiendront leurs coups ? Dis-moi, le but de ce combat n'est-il pas de nous améliorer, pour faire face à ces menaces et y résister ? En effet, Oréstis, nous devons nous battre jusqu'à ce que nous soyons hors d'état de poursuivre cet affrontement, comme cela se passerait lors un réel combat ! Et ce n'est pas en faisant dans la demi-mesure que nous y parviendrons. »

Comme il répondait au Chevalier de Lyre, une nouvelle créature lui apparut ; il fallait croire qu'il était spécialisé dans la manipulation des sens. Beauté vêtue de blanc, elle s'approcha et ses lèvres frôlèrent celles de Corvus... si seulement il avait été plus sensible aux charmes féminins, peut-être y aurait-il succombé mais il eut un brusque mouvement de recul et même s'il sentit son cosmos être aspiré, au moins aurait-il limité ce drain d'énergie... seulement, il ne pouvait pas être à tous les fronts et une autre de ces apparitions – étaient-elles réelles ou non ? – le faucha dans le dos.
A croire qu'il y avait un univers entre les propos et les actes d'Oréstis. Ce genre d'enchaînement avait pour but de le mettre hors combat, c'était évident. Essayait-il alors de les attendrir, de les manipuler pour les pousser à retenir leurs coups ? Si tel était le cas, il serait déçu.
Profitant de l'attaque d'Araganorf, Corvus y ajouta sa propre puissance. Concentra son cosmos dans son poing, celui-ci se gaina de plumes noires aux reflets d'acier : plus résistantes, plus tranchantes, elles allaient sérieusement atteindre son adversaire. Se propulsant comme une flèche, il visa sa cible fétiche : Dormin. Choc ou non, les plumes, une fois à proximité de sa cible, iraient se déposer sur l'Armure d'Andromède pour l'alourdir et gêner son porteur.

Il semblait que je sois le seul, ici, à ne pas considérer ce combat d’entraînement comme quelque chose de réellement sérieux, où ma vie pourrait être en jeu. Mais comment le pourrais-je ? Vérifier l’efficacité de ses techniques et savoir repérer les situations adéquates afin de les lancer au moment opportun, d’accord. Mais s’acharner sur un de ses alliés sans lui laisser une seconde de répit comme ils étaient en train de le faire à ce pauvre Dormin… c’était autre chose.

Leur répondant alors que je recommençais à pincer les cordes de mon instrument, je déclarai :

- Je comprends. Mais je ne suis pas venu ici pour voir Dormin se faire mettre à terre.

A vrai dire, Dormin s’en sortait merveilleusement bien, faisant preuve d’une endurance peu commune. Peut-être qu’être la cible principale de nos adversaires était le meilleur entraînement pour lui… mais je ne pouvais pas les laisser l’assaillir éternellement. Et jusqu’ici, je m’étais essentiellement attaqué à Corvus, réduisant probablement efficacement ses ressources. Alors autant ne pas m’arrêter là !

A nouveau, après qu’une partie de mon air se soit terminée, Erato apparut à côté de Corvus, prête à l’embrasser comme elle l’avait fait auparavant, lui subtilisant au passage une bonne partie de son énergie cosmique avant de disparaître, comme elle l’avait déjà fait précédemment. Et puis ce fut au tour de Terpsichore. Apparaissant d’une manière toujours aussi imprévue, sur le flanc de Corvus, elle tourbillonna gracieusement dans sa direction, prête à le faucher à nouveau.

Mais ce n’était pas terminé… Corvus n’était pas ma seule cible. Mon air changea, se chargeant d’une pointe de mystère presque effrayante, et une illusion de Melpomène ne tarda pas à apparaître à mon côté, avant de se diriger lentement vers Araganorf. Une fois à son niveau, elle effleurerait simplement son nez, et ce qu’il ressentirait alors lui ferait comprendre à quel point ma maîtrise des illusions sensitives est élevée. Car dès que la mus l’aurait touché, et pour quelques temps, le Bronze Saint de l’Hydre perdrait l’usage de son odorat.

- C’est pourquoi je ferai tout mon possible pour lui éviter cela.

Me tournant vers Dormin, je voulus lui adresser un sourire pour lui manifester mon soutien, mais il mourut sur mes lèvres, comme tant d’autres avant lui. Je n’étais pas encore prêt pour cela…

Corvus tout en étant la cible de leurs adversaires se battait comme un beau diable. Il parut bouleversé d'avoir attaqué Araganorf.

- Oublions ça et finissons ce combat!


On put des lors voir toute la puissance de la chaine d'Andromède. Dormin semblait comme protégé par cette dernière et les coups des deux compères n'arrivaient que tres rarement à destination.

- Je suis vraiment impressionné Dormin... il est vrai que je n'ai pas eu l'occasion de rencontrer beaucoup de Chevalier mais tes techniques défensives sont incroyables.


Dormin attaqua de nouveau Corvus. Le Chevalier du Corbeau était la cible de tout les assauts depuis le début du combat, il ne pourrait pas tenir encore très longtemps à ce rythme là.
* Je ne peux pas le laisser seul...

Simultanément à l'attaque de Dormin, Araganorf se plaça devant Corvus. Là où le Chevalier d'Andromède pensait lacérer le corps du Chevalier d'Argent il n'en fut rien. Ara encaissa l'attaque sans même essayer de se défendre.

- Héhé... tes chaines te procurent une incroyable défense néanmoins tes attaques ne sont pas si efficaces que cela!


Une des muses d'Orestis apparut dans la foulée face à Araganorf. Elle ne chercha meme pas à l'attaquer.

- Ridicule!


Le Chevalier de l'hydre se rendit compte rapidement de son erreur. Un sentiment très désagréable s'empara de lui. Il ne pouvait plus rien sentir. Son odorat avait disparu.

- Orestis! Lâches un peu ta lyre et vient te battre!


Araganorf était remonté. Encaisser des coups ne lui faisait pas peur mais cet attaque était bien plus sournoise qu'une attaque traditionnelle.

Encore ces maudites chaînes, qui parvenaient si aisément à se défaire des assauts des Chevaliers de l'Hydre et du Corbeau. Cela commençait à irriter Corvus qui, bien qu'impressionné de la résistance que leur offrait Dormin, trouvait que l'affrontement ne menait à rien. Ils étaient ici pour se battre, pour s'améliorer et, d'une certaine façon, pour extérioriser le malaise causé par l'attaque des Titans et des soldats d'Arès. A quoi bon si l'un d'entre eux se contente d'être passif ? Oréstis faisait preuve de plus de bonne volonté.
Comme lisant dans ses pensées, Dormin passa à l'attaque. C'est si inhabituel que Corvus n'y est pas préparé, tout concentré qu'il est sur la prochaine attaque d'Oréstis. Ce n'est que lorsque l'ombre de l'Andromède tombe sur lui qu'il lève les yeux, essayant de suivre cet adversaire ô combien surprenant. Il se préparait à éviter l'assaut lorsque son allié, Araganorf, apparut devant lui et encaissa l'attaque à sa place. Il eut un sourire. Un vrai camarade.

« Merci, Hydre. Montrons-leur donc. »

A nouveau, une mélodie à ses oreilles. Il connaissait déjà le refrain, songea-t-il avec une pointe d'humour et lorsque la créature féminine réapparut, il ne s'en laissa pas conter. Corvus l'évita, épargna son cosmos mais pas ses côtes qui reçurent l'attaque portée par une nouvelle fée venue de nulle part. Le Corbeau se rappela les entraînements qu'il avait connu à Rome, où il avait grandi... Là-bas, nul artifice. Les choses étaient plus simples. On se cogna, certes de façon barbare, mais au moins on utilisait ses propres mains pour faire saigner l'adversaire. Était-ce la fatigue générale qui s'emparait de lui qui le rendait amer ? En tout cas, il commençait à trouver ce combat des plus ridicules...

« Ton possible risque de ne pas suffire, Oréstis. J'ai l'impression que vous ne combattez pas sérieusement... J'étais à Rome. J'ai vu les Titans. Je les ai vu combattre et je les ai vu tuer. Et moi, je peux vous le dire... Je peux vous dire que si vous ne vous entraînez pas sérieusement, je peux vous l'assurer, vous mourrez ! Comme nombre d'Oracles sont morts, sous mes yeux ! Ce n'est pas avec des invocations mystiques et des techniques de défense que vous protégerez le Sanctuaire, croyez-moi ! Alors donnez-vous à fond bon sang ! Combattez ! »

Sa technique la plus puissante, qu'il mettait rarement à l'œuvre et uniquement contre des groupes d'adversaires. La raison en était simple : elle était si coûteuse en cosmos que l'utiliser contre une personne unique serait tout simplement du gaspillage. Cette technique, c'était tout simplement abattre un véritable fléau sur ses adversaires. Dormin avait aimé le coup des plumes ? Il ne serait pas déçu.
Derrière lui, peu à peu, s'ouvrit une brèche. Une brèche dans l'espace, une ouverture vers une obscure dimension dont il n'était même pas le maître : personne ne pouvait régir un tel endroit, où le chaos était l'unique loi existant. Et de la déchirure qui grandissait... jaillit une armée de corbeaux. Des centaines, des milliers de volatiles, furieux, hurlant, fendant les airs à la recherche de leur cible. Corvus poussa un hurlement et ouvrit plus grand encore la brèche, appelant plus encore de corneilles. Il était temps de faire une démonstration de ce qui allait réellement se passer sur le champ de bataille.

« Reste près de moi, Araganorf. Ils ne chercheront pas à savoir si tu es un allié ou un ennemi. »

D'un ordre mental, ou plutôt en rompant l'interdiction d'attaquer, il les envoya sur les deux Chevaliers qui prenaient un peu trop à la légère, selon Corvus, le combat en cours. Les corbeaux s'abattirent sur eux, becs ouverts, croassa toute la rage qu'ils avaient en eux. Quelques secondes avant de les percuter, ils se changèrent en carreaux, une véritable nuée de flèches tombant de toute part.

Les propos de Corvus me firent l’effet d’une douche froide, mais il ne me laissa pas le temps de rétorquer : déjà, une étrange faille s’ouvrit dans les airs, libérant une nuée de corbeaux. Des milliers d’oiseaux de mauvais augure semblaient à présent se trouver au-dessus de notre terrain d’entraînement improvisé, et cela ne présageait assurément rien de bon. Et effectivement…

Il ne fallut pas plus d’une poignée de secondes pour que la nuée fonde sur Dormin et moi. De toute évidence, Corvus voulait frapper fort. Et il n’y avait vraisemblablement aucun moyen d’échapper au nuage d’oiseaux de malheur : de toutes les directions, ils fondaient sur nous, ne nous laissant absolument aucune échappatoire. Résolu, je croisai mes bras sur mon visage, afin d’éviter de me voir défiguré lors du choc qui allait arriver d’une seconde à l’autre maintenant. Ainsi protégé, je ne pus pas voir les oiseaux se changer en flèches, mais je les sentis lacérer douloureusement ma peau. Un vague flash ma rappela la pluie d’épines que la titanide avait libérée sur moi, et je frissonnai à l’évocation de ce souvenir. Mais tout comme Dormin, je ne pouvais tolérer l’affront que Corvus venait de me faire, aussi fis-je un effort afin de me reprendre prestement.

Une nouvelle mélodie s’éleva bientôt, alors que mes doigts, dans une danse effrénée, pinçaient les cordes de mon instrument. Bientôt, les sens des protagonistes de ce combat seraient à nouveau soumis à mes dons si particuliers. A commencer par Corvus. Dans son dis apparaît une image de moi-même, qui lui murmure :

- Crois-tu être le seul avoir fait face aux titans, Corvus ?

En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, l’image s’estompe et un nouveau moi apparaît sur le flanc droit de Corvus.

- Pourquoi vos méthodes de combat possèderaient-elles plus de valeur que les nôtres ?

Une nouvelle disparition, et voilà que mon image réapparaît face au Saint du Corbeau.

- Tu comprendras bien assez tôt que malgré les apparences, nous combattons plus que sérieusement.

En réalité, c’était déjà fait. Dormin avait sorti le grand jeu en libérant une puissance tempête nébulaire. Rien d’aussi théâtral de mon côté ; néanmoins, mon assaut n’allait pas pour autant manquer d’efficacité. L’image d'Euterpe invoquée précédemment et toujours présente à mes côtés intensifie son jeu, commençant une nouvelle mélodie, dont le but avoué est d’altérer encore plus les sens de Corvus. Et comme si cela n’était pas suffisant… terminant un accord, j’invoque des images de Terpsichore et Melpomène, qui apparues sur chacun des flancs du Saint du Corbeau, l’assaillent, l’une prête à le frapper dans un tourbillon, l’autre sur le point de lui enfoncer un froid poignard dans l’âme.

Mais je n’en avais pas tout à fait terminé. L’incorrection d’Araganorf restait à corriger…

Une nouvelle image de moi-même apparut devant le Saint de l’Hydre, et lui déclara :

- Lâcher ma lyre ? Et pourquoi ? Si je le fais, tu devras t’amputer bras et jambes pour me combattre.

En vérité, mon instrument était mon unique moyen d’affronter mes adversaires, mais il ne manquait pas d’efficacité, manipulant leurs sens à ma guise. D’ailleurs…

Mon image, toujours située face au Saint de l’Hydre, lui souffa, avant d’effleurer son oreille et de s’évaporer :

- Ne crois pas que tu échapperas à mes mélodies pour autant...

Car c’était son ouïe qui avait à présent été subtilisée à Araganorf. Mais naturellement, mes airs transcendaient la simple barrière des sens, touchant l’âme même des gens : il continuerait donc à les entendre tant qu’il serait encore conscient.

Corvus paraissait de plus en plus irrité des techniques défensives adverses. Le Chevalier d'argent décida de montrer de quel bois il se chauffait. Araganorf ne fut pas déçu du voyage. Le Chevalier du Corbeau déclencha une attaque d'une puissance dévastatrice.
* Quelle force... Heureusement qu'il m'a prévenu et demandé de rester à ses cotés!

Le Chevalier d'Andromède s'adressa alors poliment à lui.

- Merci Dormin. Néanmoins trêve de plaisanterie, il va falloir en finir maintenant avec cet affrontement.


C'est alors à ce moment précis que leurs deux adversaires passèrent une nouvelle fois à l'attaque contre Corvus.
* Il est de plu sen plus affaiblit...

La Musique de la Lyre ainsi que les danses des Muses d'Orestis ne cessèrent pas pour autant. Une nouvelle muse effleura Araganorf et lui chuchota quelque chose à l'oreille. Immédiatement les bruits environnants disparurent. Les chants des oiseaux, le bruit du vent, le son de ses pas et les paroles des Chevaliers autour de lui, plus rien, c'était le néant.

- Orestis tu es un monstre!!!


Il regarda ses deux adversaires. Il avait une envie folle d'envoyer le Chevalier de la Lyre au tapis mais la sagesse le poussa à continuer à attaquer Dormin.
* Il ne faut pas s'éparpiller... l'un apres l'autre....

Il attaqua de nouveaux Dormin avec un enchainement qu'il avait déjà utilisé.

- Forced regeneration!!!!!


Le tourbillon se créa et comme auparavant, Araganorf tenta de le déséquilibrer par une balayette. Il fallait multiplier les attaques sur Dormin pour le déstabiliser. Malheureusement le Chevalier de l'Hydre paraissait affaiblit de par sa surdité et sa la perte de son odorat. Ses attaques étaient bien moins puissantes qu'au début de l'entrainement.

« Trois morts dans nos rangs... Trois morts, et tu oses me faire la leçon ? »

Les corbeaux s'étaient abattus en une pluie dense sur ses adversaires.

« Comment oses-tu me parler avec tant de naïveté, d'impertinence ? J'ai l'impression de m'adresser à un enfant. Tu parles d'une frustration... Ma seule frustration a été ce combat stérile. Vous avez protégé le Sanctuaire, mais à un prix bien trop lourd. Andonis. Hellios. Noxius. Et aucun mort chez les serviteurs d'Arès. Tu as protégé le Sanctuaire, mais ca n'a pas suffit, contrairement à ce que tu sembles croire. Je te l'ai dit... Ce n'est pas comme ça que tu gagneras des batailles. Arrête de dresser des défenses et bats-toi ! Bats-toi réellement, de toute ton âme de Chevalier ! »

Comme pour répondre à son appel, Dormin frappe enfin sérieusement. Un déchaînement de puissance cosmique certes, mais Corvus n'a à répondre à cela qu'un grognement de dédain : une fois encore, l'Andromède ne risquerait pas de se fouler le poignet. Devant le tonnerre qui s'abat sur lui, il sait qu'il ne pourra pas résister. Et il ne le veut pas. Le Corbeau ouvre grand les bras. Il n'a plus une once de respect pour Dormin. Alors autant mettre fin à ce simulacre d'affrontement.
Au tour d'Oréstis de focaliser ses attaques sur lui. Entre les deux, c'était sans nul doute lui qui avait le plus impressionné Corvus. Dormin pouvait faire la statue inébranlable si cela lui chantait. Le Chevalier de la Lyre, malgré son style de combat précisément trop lyrique, avait eu au moins le mérite de s'être investi pleinement dans la bataille. A nouveau ses illusions. Voilà qui devenait particulièrement pénible. Encore des effets de manche.

« Je suis là, face à toi ! Alors inutile d'user de tes fantômes. Ai-je dit que mes méthodes sont meilleures ? Toutes se valent, pour peu qu'il y ait victoire. Mais l'investissement personnel... Là, vous faites défaut. Savourez ces jours. Vous tomberez de haut. »

Ses attaques suffirent à le mettre hors jeu. Mais de toute façon, l'issue du combat était déjà décidée pour le Corbeau. Plutôt partir que d'écouter de telles absurdités. Le corps à bout, il s'éloigna, avec un regard pour son allié qui aurait fort à faire face à eux.
Ils ne comprenaient décidément pas que la situation était bien pire que ce qu'elle semblait être. Peut-être Corvus était-il tout simplement trop différent d'eux. Trop ancré dans la réalité, dans le concret. Lui qui s'était cru distingué... face à eux, il passait pour un rustre. Mais mieux valait cela que se bercer d'illusions.

« Non, Araganorf, ce ne sont pas des monstres. Juste des poètes perdus sur un champ de bataille. »