Yggdrasil, ou du moins son symbole.
C'est devant l'arbre-monde que Lyuze se tenait dorénavant, après un bien long trajet qui avait débuté au Nord de la Suède. Étrangement, les voyages lui paraissaient plus rapides depuis que Njall l'avait quitté, la solitude lui convenait mieux et même si ses pensées se focalisaient jusqu'alors sur un unique but elle ne se lassait pas d'y repenser. La restitution du Saphir de Zeta, son Saphir.

A peine avait-elle eu l'occasion de saisir à nouveau la Godrobe entre ses mains que la disparition de son joyau lui avait arraché le cœur. Ancienne prétendante au titre de guerrière divine de Zeta, on avait osé l'écarter pour mettre à sa place un dénommé Sylphorn, apparemment plus digne. Enfin, il n'y avait pas que ça. Njall, son ancien maître, avait bien vite relevé à quel point son élève se laissait contrôler par la sauvagerie de cette étoile si particulière. Inapte à rejoindre l'ordre des guerriers divins un jour... pour finalement être appelée à venger l'honneur d'un faible le lendemain. Il fallait croire que ses atouts pouvaient finalement servir une fois que le chouchou se retrouvait hors course.

Agacée en y songeant une fois de plus, les griffes de Zeta se refermaient sur la rude et implacable écorce de l'arbre géant. Pas de quoi l’endommager, le tronc demeurait le même, à toute épreuve dans ce territoire si inhospitalier. Quoiqu'il en soit, elle portait l'une des godrobes les plus prestigieuses de l'ordre et sa disparition ne resterait pas inaperçue, d'autant plus que ce n'était pas un vol. Au contraire, Lyuze considérait ça comme justice de pouvoir récupérer ce qui aurait du lui revenir bien plus tôt. Elle possédait cette affinité avec l'esprit de Zeta, et même si quelqu'un d'autre l'avait eu également pour la devancer, ce n'était plus le cas.

C'est pourquoi elle devait clarifier la situation auprès des serviteurs d'Odin. Certes, une telle entreprise risquait de la couper dans son élan, dans sa quête pour la récupération du Saphir manquant. Combien de temps allait-elle perdre ? Sans doute moins que si elle s'était décidée à partir à la recherche seule, sans la moindre information. Sa motivation se situait donc là. Il lui fallait également profiter de cette pause pour obtenir des détails sur le repère des marinas, et sur celui qui avait vaincu son prédécesseur. Njall l'avait bien informé des nouveautés et des différents mouvements effectués par les troupes du Seer, et elle savait donc que des réponses se trouvaient la ou elle se rendait.

Tout ceci la rassurait. Préparant son campement, la jeune femme alimentait le feu soigneusement préparé en prenant bien soin de ne pas quitter son lourd manteau de fourrure. Si elle était habituée au basse température, celle qui stagnait dans ses steppes glacées n'avaient strictement rien à voir. Il valait mieux préserver sa chaleur corporelle. D'ici demain, elle devrait atteindre le royaume d'Asgard. Et sa patience se verrait récompensée.

Une présence cosmique inconnue se dressait à l’entrée du col d’Yggdrasil. Croyait-elle pouvoir échapper aux sens particulièrement développés du gardien le plus dévoué du Valhalla ? C’était bien mal le connaître.

Dès que j’avais perçu cette présence, je m’étais mis en route, traversant mon habituel dédale de cavernes pour arriver le plus rapidement possible au col de l’Arbre-monde. J’étais étrangement attiré par elle, plus que par n’importe quelle autre signature cosmique étrangère qui se serait présentée impunément à l’entrée du royaume d’Odin. Pourquoi cela ? C’était comme si, d’une certaine façon, je connaissais déjà la personne qui possédait ce cosmos – et en même temps, j’étais sûr de ne l’avoir jamais rencontrée. Hati partageait cette impression troublante.

Voyageant à toute allure, mon frère canin et moi-même eûmes tôt fait d’arriver non loin du Col, et de le rejoindre à grande fouler. De loin, nous pûmes alors voire une frêle silhouette, portant une tenue d’ébène et qui semblait avoir dressé un campement au pied même de l’Arbre-monde. Elle semblait essayer de détruire ce dernier, d’ailleurs, plantant vraisemblablement ses ongles dans l’écorce de l’arbre qui se voulait millénaire. Avait-elle seulement conscience de ce qu’elle était en train de faire ? Tenter de souiller cet arbre était une insulte directe à Odin. Je saurais le lui rappeler.

Ce n’est que lorsque j’arrivai suffisamment près, Hati sur les talons, que je compris pourquoi sa présence cosmique m’était apparue si familière. L’armure d’ébène que portait cette femme était celle de Zeta. Curieuse affaire, en vérité. Ce minable de Sylphorn ne venait-il pas de mourir ? Etait-il possible que l’armure ait déjà désigné un nouveau porteur ? Il était assez difficile d’envisager que l’armure ait pu être volé, au vu de sa conception d’origine divine…

- Tu devrais éviter de tenter de souiller l’arbre Yggdrasil, femme, si tu ne veux pas d’ennuis.

Je marquai une courte pause, puis :

- De toute évidence, tu as été choisie par Odin pour laver le déshonneur dont le nom de Zeta a pu être victime à cause du précédent porteur de cette armure.

En évoquant Sylphorn, j’avais craché avec mépris dans la neige.

- Tâche de t’en montrer digne, femme. Máni de Zeta prime n’aime pas voir le nom de son étoile souillé par l’incapacité d’autres guerriers.

Citation :

Repos 3/3

Bien que parfaitement consciente de l'approche d'un semblable, Lyuze ne bronchait pas, terminant d'entretenir son feu alors que quelqu'un l'observait. Maintenant qu'elle était en possession de cette godrobe, elle n'avait absolument plus rien à craindre de ce que le destin pouvait lui réserver : Son objectif le plus cher venait d'être accompli, et seule la restitution complète de l'honneur de son armure lui importait. Cependant, une étrange sensation s'emparait de son être à mesure que le cosmos de l'étranger s'intensifiait. Une aura bien trop proche de Zeta l'approchait, ce qui constituait un détail qu'elle ne pouvait ignorer plus longtemps.

Les sens en éveil, la jeune suédoise mettait un terme à son activité pour se redresser, mais avant même d'avoir à chercher l'origine de cette énergie cosmique elle fut prise de court par les paroles du concerné. Un homme à la carrure remarquable, accompagné d'un molosse tout aussi imposant se trouvait dans son périmètre. Confiant, et même légèrement provoquant, il semblait de part ses paroles déjà connaître son statut. Quelqu'un qui connaissait l'importance des protections divines et qui ne contestait pas le choix de leur porteur, quelqu'un qui ne doutait pas de l'implication de son Dieu dans ses choix... mais quelqu'un qui ne manquait toutefois pas de la menacer d'entrée de jeu en cas de mauvais écarts. La susceptible n'appréciait pas que l'on lui parle sur ce ton, et le méprit affiché par son interlocuteur n'arrangeait en rien les relations à venir. Cependant, le tempérament de ce dernier ne manquait pas d'être épargné par ce lien inexplicable qui poussait Lyuze à lui accorder une seconde chance de se faire pardonner.

Ne m'appelle pas femme, car c'est avant tout une guerrière que je suis. Lyuze est mon nom, respecte-le en ma présence. C'est un conseil.

Quelque peu remontée, elle ne manquait pas de le foudroyer du regard. Se faire appeler femme à tout bout de champ l'agaçait, d'autant plus que cela s'ajoutait à l'air supérieur qu'adoptait Máni du Zeta Prime. Par ailleurs, elle avait plus ou moins sa réponse à propos du lien qui unissait leur godrobe. Son apprentissage en tant que guerrière divine n'avait pas été terminé, mais le souvenir lointain d'avoir entendu Njall évoquer cette godrobe parallèle lui revenait. En revanche, cela ne lui importait pas grand chose non plus. Ce type là ne l'aiderait sûrement pas à mener à bien sa mission personnelle, après, peut être détenait-il des informations de valeur sur l'ennemi. Ça, par contre, elle ne pouvait l'ignorer. Mais la femme dont la chevelure argentée s'étendait jusqu'au sol enneigé devait tout d'abord se débarrasser des étranges avertissements -des menaces oui...- de son interlocuteur.

Je n'ai pas besoin de me soucier de l'avis d'un parfait inconnu à propos de mon étoile. L'impuissance face à un tel déshonneur pèse sur moi depuis plus longtemps que tu ne puisses l'imaginer, Zeta Prime ou autre, je me contre-fiche de tes inquiétudes.

Se laissant emporter par ses propres paroles, la colère venait colorer ses joues alors que son regard se baladait un instant entre le colosse et l'animal qui risquait également de témoigner son mécontentement si elle continuait à envoyer paître son maître.

Si voir ton étoile souillée te gène tant, tu as cas agir en conséquence et laver ce déshonneur par toi même...

Le ton de sa voix s'était abaissé progressivement. Lyuze semblait un peu plus gênée par sa dernière phrase, car même si c'est belle et bien ce qu'elle pensait, donner ce genre de leçon alors qu'elle n'avait soi même pas débutée sa quête ne lui paraissait pas raisonnable. Enfin, cet homme l'avait agacée et le sujet comme le moment présent n'étaient en rien les meilleurs manières de l'aborder en espérant s'en faire une amie. Cela dit, ça ne voulait rien dire. Elle ne faisait que réagir aux propos tenus par un désagréable inconnu à son encontre. Peut-être celui-ci allait-il montrer une meilleure facette de lui même, auquel cas elle la suédoise ferait sans doute de même. Ou au contraire...

Mes yeux ce plissèrent d’abord lorsque la femme s’adressa à moi avec véhémence. Elle était bien mal avisée d’agir de la sorte : n’avait-elle donc jamais entendu parler de la terrible Bête du Valhalla ? Un instant, l’envie de lui démontrer l’ampleur de son erreur traversa mon esprit, mais elle partir aussi vite qu’elle était venue. L’heure était mal choisie pour me laisser aller à mes instincts meurtriers. Et puis, d’une certaine façon, son audace me plaisait. Cela ne me permettait en rien de juger de ses capacités martiales, mais n’en augurait pas moins une certaine pugnacité – un atout de taille, assurément.

Mon visage se fendit d’un large sourire lorsque je lui répondis :

- Très bien. Alors je t’appellerai guerrière, Lyuze de Zeta. Sois la bienvenue au Valhalla.

Un instant, mes yeux brillèrent de malice. Je n’avais pas manqué de relever la menace à peine voilée qu’elle m’avait adressée, et si cela l’honorait et me permettait présager d’une guerrière compétente, je ne pouvais pas laisser passer cela impunément.

- Tâche cependant d’éviter de me « conseiller » de la sorte, à l’avenir.

Ses dires suivant ne purent que me conforter dans l’idée qu’elle était une guerrière digne – tout au moins plus que ce minable de Sylphorn. Peut-être serait-il possible de redorer le blason de Zeta avec son aide ? Cela me paraissait envisageable. Mais surtout, cela semblait être son désir tout autant que le mien. Je ris brièvement lorsqu’elle me mit au défi de restaurer par moi-même la dignité de Zeta.

- Crois-tu que je n’ai pas agi en conséquence ? Le saphir aurait dû être récupéré il y a de cela plusieurs semaines. Lors d’une attaque sur le cœur de l’empire de Poséidon, durant laquelle nombre de Marinas sont tombés.

Mon visage s’assombrit alors. Repenser à la ridicule chance que le Seer avait voulu donner à Sylphorn, pour qu’il récupère tout à la fois son honneur et le Saphir, ne put que faire monter en moi une vague de colère. Mes poings se fermèrent rageusement, mes jointures blanchirent.

- Mais la faiblesse de ton prédécesseur, et celle de ceux qui avaient cru bon de lui accorder une chance de se racheter, ont fait de cette mission un échec.

Après ce fiasco, comment le Seer pouvait-il encore espérer la confiance et la loyauté de ses troupes ? Haldor se distinguait de plus en plus comme celui qui mènerait les Ases sur le champ de bataille. Un chef droit, inflexible et fier. Loin de Wÿrd qui, obnubilé par sa quête de paix, mettait, peut-être sans même s’en rendre compte, les intérêts des Ases de côté.

- Nombreux sont les faibles et les indignes au Valhalla, guerrière. Tu le découvriras bien assez tôt.

Elle paraissait cependant faite d’un bois différent. Suffisamment pour que j’envisage de lui accorder ma confiance, et de lui prêter ma force. Saurait-elle voir que, tout comme elle, je n’aspirais qu’à reconquérir la fierté perdue de Zeta ?

Bien qu'une certaine méfiance persistait, l'attitude de Zeta Prime la poussait à retrouver son calme plutôt que l'inverse. Peut-être que ce sujet le rendait également nerveux après tout, une telle possibilité ne pouvait être ignorée : Ils étaient tout deux placés sous la même étoile. Une étoile qui par la faute d'un faible se forgeait un passé de moins en moins élogieux. Quoiqu'il en soit, retourner le sujet à l'encontre de Máni avait eu son petit effet en lui offrant une piste à découvrir sur les derniers agissements des Ases ainsi que sur leurs ennemis. Ses ennemis.

Désolée d'avoir douté de ton implication dans cette quête, Zeta Prime. Alors comme ça les forces conjointes des guerriers du Valhalla sont venus à bout de ses... Marinas, sans pour autant réussir à récupérer la raison de leur venue ?

Certes, elle était une guerrière. Certes, elle portait une godrobe. Mais concernant ses connaissances sur le reste du monde ou encore les noms des ennemis appartenant aux autres panthéons, elle en était pratiquement au point mort. Njall lui avait expliqué plusieurs choses pour remettre sa culture en avant, et les seuls mots qu'elle avait réellement retenus étaient : Marinas – Poséidon – Dieu des Océans. Le reste n'avait que très peu de rapport avec son Saphir, c'est pourquoi elle n'en savait pas beaucoup sur la situation du royaume d'Asgard dans son ensemble.

Si je comprends bien, la réussite ou non de votre excursion reposait sur les propres chances de mon... prédécesseur.

La suédoise sentait bien que l'ex-Zeta n'était pas apprécié, elle même lui vouait une haine plus ancienne encore que cette histoire de Saphir. Mais se retrouver en face de quelqu'un éprouvant plus ou moins les mêmes sentiments à l'égard du défunt la dérangeait. L'impression que l'on reporte l’échec de celui-ci sur sa propre personne à chaque instant risquait juste de lui faire péter les plombs avec le temps...

Pourquoi est-ce qu'il n'est pas parti seul dans ce cas ? Laver un affront en utilisant le sang et le propre honneur de ses alliés, je ne comprends pas. L'effet de groupe l'a aveuglé alors qu'au contraire, je pense qu'il aurait eu besoin de la plus grande solitude pour faire le point sur son objectif et ainsi l'accomplir sans le moindre doute.

Naïve, elle l'était sans doute un peu. Atteindre le détenteur de son Saphir au beau milieu du royaume de Poséidon impliquait sans aucun doute du soutien pour y parvenir, mais cette idée ne semblait pas avoir effleurée l'esprit de la jeune femme dont le visage restait parfaitement sérieux. Pourtant, son objectif était le même, ce qui laissait présager que dans son cas, sa mission se déroulerait plus ou moins seule et n'impliquerait pas le soutien du reste des Ases. Sans vraiment le confirmer, elle répondait aux derniers mots de son interlocuteur d'une voix plus faible.

Je ne compte pas m’éterniser de toute manière, alors peut être que le destin m’épargnera de mauvaises rencontres comme tu sembles me l'affirmer. Oui, je ne suis que de passage ici...

- En effet. Les Marinas qui se sont opposés à nous ont tous été balayés…

Je m’interrompis, repensant à cet échec qui était dû en grande partie – mais pas que – à l’incapacité de Sylphorn.

- Tous, sauf celui qui s’est opposé à l’indigne Sylphorn. Au contraire, le succès de celui-ci a été complet puisqu’il a balayé le ridicule guerrier qu’il était, et qu’il lui a pris sa vie, tout en conservant son Saphir… ton Saphir.

Et réduisant notre expédition à un échec cuisant, une humiliation de plus – la seconde dans une série qui n’était vraisemblablement pas prête de s’arrêter, comme je ne le savais pas encore. Nous avions mis en péril des Saphirs aussi puissants et importants que ceux de l’Alpha et de l’Omega, pour arriver à quoi ? Rien. C’était tellement rageant !

En entendant la suite des paroles de la nouvelle guerrière de Zeta, je ne pus m’empêcher de pouffer. Etait-elle folle ? Croyait-elle que nos ennemis n’étaient que des enfants dénués d’armure qui ne se battaient qu’avec des armes en bois ?

- Et comment crois-tu qu’il aurait pu se frayer un chemin, seul au milieu du Sanctuaire sous-marin, au milieu du gros de l’armée des Marinas et de ses Généraux ? C’était précisément pour cela que nous l’accompagnions : pour lui permettre d’atteindre sa cible sans être importuné. Mais cela n’a même pas suffi.

Et voilà qu’elle se mettait à fabuler, se figurant qu’elle pourrait faire cavalier seul sans jamais avoir affaire aux autres Ases.

- Méfie-toi des initiatives que tu prendras. Tenter de récupérer ce Saphir seule serait une pure folie. Au contraire, en cherchant parmi les Ases les alliés les plus susceptibles de t’aider, tu amplifieras largement tes chances de réussir là où Sylphorn a échoué.

L’insolente confiance dont elle avait fait preuve n’avait pas manqué de m’interloquer. Quelles étaient donc ses ressources pour qu’elle paraisse si assurée de son succès prochain ? Je me mis en tête de les découvrir.

- Mais dis-moi, guerrière… toi qui sembles avoir tellement confiance en tes capacités, que dirais-tu de me montrer ce dont tu es capable ?

Cela me permettrait d’évaluer son potentiel réel. La juger sur ses paroles avait beau être un début correct, c’était loin d’être suffisant. Mais la suite viendrait bientôt, assurément.

Devant le rire soudain de son interlocuteur, Lyuze se braquait en un rien de temps. Vexée, elle le dardait d'un regard mauvais alors qu'il lui donnait un peu plus d'indices sur la difficulté d'une telle mission. Certes, il n'avait pas tord. Mais la jeune femme dans son entêtement ne l'écoutait qu'à moitié, s'auto-convainquant de sa réussite si elle agissait avec plus de prudence et un plan bien ficelé en poche. L'homme insistait néanmoins, l'incitant à rallier des personnes de confiance à sa cause. Elle répliquait immédiatement, avec un peu de mauvaise foi.

Et ces alliés, je dois les trouver au Valhalla ? La ou je risque de tomber sur tant de personnes indignes de toute confiance ou encore des faibles comme mon prédécesseur..? Non merci...

D'un simple geste elle renvoyait ses cheveux derrière les épaules. Malgré cette maladroite conviction, Máni ne semblait pas lui en tenir rigueur ou alors si c'était le cas, il trouvait une manière efficace de jauger la force de cette dernière. Après tout, il s'était lui même mesuré aux adversaires qu'elle était vouée à rencontrer par le futur. Parvenir à le vaincre était donc une bonne façon de lui démontrer qu'elle était prête à faire face à l'ennemi, bien que seule, le problème demeurait. L'invitation de Zeta Prime obligeait la suédoise à changer d'attitude. Un petit sourire aux lèvres et le regard pétillant de défis, elle lui rétorquait avec panache :

Je me doutais bien que tu étais plus curieux que tu en avais l'air. Pas la peine de me le demander deux fois, si c'est le nouvel espoir de Zeta que tu veux voir à l’œuvre alors je ne te ferai pas attendre ! Blue Impulse !

D'un bond en arrière, elle affichait un large sourire alors qu'une sphère bleutée et grandissante se formait entre ses gants griffus. L'éclat d'ébène de sa Godrobe était parfois visible malgré le large manteau de fourrure qui le recouvrait en grande partie, et Lyuze semblait parfaitement prête au combat. Surprenant d'ailleurs, de voir à quelle vitesse son cosmos bouillonnant venait de s'échapper de son corps pour ouvrir les hostilités -Façon de parler, car aucune haine ne se lisait dans cette moue enjouée par l'adrénaline-.

En un éclair, l'orbe se dirigeait vers son adversaire afin d'y déverser un choc puissant, libérant des traits de foudre et de glace sur ce dernier. Elle n'y allait pas de mains mortes, mais Njall lui avait dit que les guerriers divins du royaume était des combattants féroces : Si c'était bel et bien la vérité, et que Zeta Prime et les autres avaient également éliminés nombre de marinas lors de leur offensive, la nouvelle guerrière ne devait pas négliger ses assauts. Prête à se déplacer en cas de contre-attaque, elle étudiait la réaction de l'homme avec un regard critique sans pour autant surenchérir avec ses griffes. Sa stratégie devait se mettre en place progressivement, et il était bon de connaître un peu plus sa cible avant de se précipiter.

Un sourire carnassier apparut sur mon visage lorsque mon homologue de Zeta accepta le petit duel que je lui avais proposé. Un combat… je pourrais me laisser entraîner par ma rage guerrière, et atteindre l’exaltation pendant quelques secondes. Rien que d’y penser, j’en frissonnais.

Cela dit, bien que je peine à l’admettre, la promptitude avec laquelle elle passa à l’assaut me prit de court. Avant même que je ne réalise ce qui se passait, la boule d’énergie cosmique était sur moi, libérant par dizaines de petits piques de glaces ainsi que quantité d’éclairs qui imposaient à mes muscles de se contracter de manière erratique, sans que je n’y puisse rien, ce qui pourrait s’avérer handicapant par la suite. Mais je choisis de laisser cela de côté pour l’instant. Elle avait certes su frapper vite et juste, et son efficacité n’était pas à remettre en cause. Cependant…

- Bien joué, mais il en faudra plus que ça si tu veux m’envoyer au tapis ! Je suppose que ce n’est que l’échauffement…

Plutôt que de répliquer immédiatement par un assaut, je choisis de répondre à ses propos. Peut-être l’avais-je induite en erreur en l’invitant à se méfier des fourbes qui gangrénaient le Valhalla.

- Si tu t’en donnes la peine, tu découvriras qu’il existe malgré tout quelques individus dignes et puissants parmi les Ases, qui seraient susceptibles de t’aider dans ta quête. Et tu aurais tout intérêt à accepter leur aide…

Puis, sans crier gare, je fondis sur elle, me mettant à tourbillonner à vive allure, toutes griffes dehors. Je ne pris même pas la peine de juguler ma force. A quoi bon ? Si je me retenais face à elle, je ne connaîtrais jamais ses capacités réelles. Mais un assaut tel que celui-ci l’ébranlerait assurément et la pousserait à être sur ses gardes par la suite, si elle avait eu l’audace de prendre à la légère ma réplique.

Je me demande ce qui me prendra le plus de temps, chercher aléatoirement des alliés de poids ou localiser précisément mon ennemi pour récupérer mon bien au moment opportun. Si je commence à m'entourer d'une personne, mes plans initiaux tombent à l'eau et je devrai chercher encore et toujours plus de monde pour faire une entrée fracassante... Cela n'a pas marché une fois, tu penses vraiment que ça marchera la seconde ?

Lyuze se montrait confiante, mais si sa haine à l'égard de son prédécesseur et son désir de récupérer son Saphir la poussait en avant, endosser les responsabilités de tout un groupe dans le but de satisfaire son propre objectif l'inquiétait. Et si elle échouait ? La faute s'abattrait sur elle, et peut être qu'elle sera détestée à son tour. Le pire scénario, sans aucun doute, la mort étant préférable à l'exclusion. Sylphorn lui, avait reçu les deux. Quel imbécile...

Son adversaire ne laissait cependant pas plus de temps au dialogue, après tout, il venait tout de même de subir une frappe cosmique de plein fouet. Les griffes de son semblable faisaient leur apparition et, alors qu'il tournoyait sur lui même pour l'atteindre avec la force d'un cyclone la suédoise se jetait à sa rencontre pour tenter d'interrompre la brutalité d'une telle attaque. Le choc des griffes produisait de nombreux grésillements et la vitesse qui était un atout précieux pour celle-ci s’avérait particulièrement efficace pour saboter l'assaut ennemi. Un temps seulement, car le colosse en terminant sa valse arrivait à rejeter par la force la frêle silhouette de Zeta. Son manteau de fourrure avait été balayé, et du sang s'écoulait à travers plusieurs écorchures.

Après avoir été projeté à quelques mètres, celle-ci balayait l'air de ses griffes pour projeter de nombreuses vagues foudroyantes semblant pour la plupart traverser le corps de sa cible : Des étincelles d’électricité claquait autours de son corps pendant que son propre cosmos se consumait.

Tesla Waves ! Tu es fort, mais tu ferais mieux de ne pas trop t'épuiser pendant cet «échauffement», regarde, je ne fais encore que me défendre avec mes griffes...

Plaçant ses bras en forme de croix pour se préparer à nouveau à une offensive adverse, Lyuze laissait présager une posture défensive pour les actions à venir. Pourtant, son cosmos précédemment déployé -bien qu'inoffensif physiquement- rongeait et affaiblissait Máni de manière progressive.

C’est avec un brin de surprise que je sentis mon assaut rencontrer de la résistance. Ainsi elle était suffisamment solide pour pouvoir s’opposer à une telle attaque sans broncher ? Si c’était le cas, ça n’augurait que des bonnes choses pour la suite.

Néanmoins, si elle avait eu la force de s’opposer par ses griffes à une bonne partie de mon assaut, elle fut finalement subjuguée par l’implacable force que je déployais, et envoyée valser un peu plus loin. Voilà qui était mieux. Mais elle ne se laissa pas abattre pour autant. Bien vite remise sur pied, elle revint à l’assaut aussi rapidement qu’elle m’avait attaqué la première fois. Et si cette fois-ci j’étais préparé à une riposte aussi rapide, les résidus de sa technique précédente, ces maudites crispations musculaires erratiques, surgirent au moment le plus inopportun. Impuissant, j’encaissai de plein fouet les vagues d’énergie électrique avec un grognement.

La sensation laissée par cette attaque était pour le moins étrange. Si je m’étais attendu à être grillé par les arcs électriques, je fus surpris de ne voir que quelques-uns de mes poils roussis, tandis que je sentais mon cosmos littéralement grillé. C’était donc ça… elle s’était attaquée directement à mes réserves en énergie. Un assaut peu commun mais diablement efficace, qui me troubla : si j’étais particulièrement à l’aise face à des combattants qui utilisaient leur force brute pour blesser leurs adversaires jusqu’à ce que mort s’ensuive, face à des guerriers plus subtils tels que la guerrière de Zeta qui se dressait face à moi, les choses étaient bien différentes. Ses méthodes de combat inhabituelles me déstabilisaient et n’entretenaient pas ma frénésie comme d’autres l’auraient pu. Mais cela ne me rendait pas moins dangereux…

Lui lâchant un sourire franc, je répondis à sa question :

- La dernière fois, le porteur de l’armure de Zeta n’était qu’un incapable. Les choses ont l’air bien différentes aujourd’hui.

Puis j’enchaînai :

- Défends-toi donc si tu le souhaites ! Mais il t’en faudra bien plus pour parvenir à me faire ployer, crois-moi.

Et sans plus de cérémonie, je repartis à l’assaut. Mais cette fois-ci, je n’étais plus seul. Hati, mon fidèle molosse, et qui partageait mon esprit, fonça avec moi sur la guerrière de Zeta. S’il parvenait à capturer dans sa mâchoire puissante l’un des membres de la guerrière, il ne ferait pas long feu avant d’être broyé, ça ne faisait aucun doute. Et c’était sans compter mon assaut parallèle : toutes griffes dehors, je fondais sur la femme aux cheveux d’argent pour la lacérer de toutes parts…

Bien que le compliment ne la laissait pas indifférente, la guerrière de Zeta ne répondait rien. Si elle s'était trouvée à la place de son prédécesseur lors de l'assaut, le Saphir aurait-il été à nouveau enchâssé dans la godrobe d'ébène ? Nul ne pouvait le savoir, et évidemment, seule la récidive d'une pareille scène pouvait peut être confirmer cette pensée. Les paroles qui suivaient la ramener bien vite dans le centre du combat, d'autant plus qu'un mauvais pressentiment venait de se manifester dans son esprit. Détournant un instant son regard, elle apercevait le molosse jusqu'à maintenant en retrait lui foncer dessus, et si elle ne tardait pas à le repousser d'un coup de griffe chargé en cosmos pour briser sa menace... Lyuze ne pouvait en revanche se concentrer avec suffisamment d'attention sur la charge puissante de son véritable adversaire.

Les griffes blanches venaient la taillader bien plus sérieusement que précédemment, la forçant à se replier faiblement. Haletante, son regard se plongeait à nouveau dans celui de Mani qui en avait apparemment terminé pour l'instant. Son cosmos s'intensifiait dangereusement, prématurément.

J'ai sous-estimé l'importance que ton ami pouvait avoir dans le feu de l'action... Mais je ne commettrai pas deux fois la même erreur, prépare-toi car c'est maintenant à mon tour de faire couler de ton sang ! Typhoon Lightning.

Presque instantanément, la suédoise rejoignait au contact son adversaire, balayant de ces griffes tout ce qui était à sa portée. Une de ses mains rayonnait et étincelait de part le cosmos foudroyant qui s'y accumulait alors que l'autre demeurait la même. A une vitesse prodigieuse, celle-ci se mettait à tournoyer autours de son ennemi en frappant à chaque occasion de sa paire de griffes. L'une brisait de manière radicale la concentration cosmique de l'ennemi alors que l'autre se plantait ardemment dans sa chair.

Après en avoir terminé avec cette furie passagère, Lyuze revenait à la normale en se plaçant dans une position plus menaçante. Apparemment, sa stature défensive n'était plus à l'ordre du jour et les choses risquaient fort de se précipiter à partir de maintenant. Le Zeta Prime était suffisamment affaibli pour entreprendre des assauts plus redoutables.

Oui, juste un peu plus et je parviendrai à te faire ployer. Tu peux me croire, le prédateur qui m'accompagne dans chacune de mes chasses ne me souffle que la vérité...

A nouveau, mon assaut avait été couronné de succès, au moins partiellement. Si Hati n’avait pas réussi à refermer sa puissante mâchoire sur la guerrière à l’armure d’ébène, il n’en avait pas moins constitué une diversion de choix qui m’aida probablement à la prendre par surprise, me permettant alors de taillader sauvagement sa peau et la contraignant finalement à battre en retraite – temporairement.

Car elle avait à peine prononcé quelques mots qu’elle revenait à l’assaut, et si la brève mais fulgurante et impressionnante élévation de l’intensité de son cosmos m’avait avertie que quelque chose était en train de se passer, je fus à nouveau pris de vitesse par son assaut et contraint de l’encaisser. Tandis qu’elle se livrait à un sombre ballet, tourbillonnant à très vive allure tout autour de moi, je fus lacéré par ses griffes si semblables aux miennes – mais mes blessures ne furent une fois encore pas que physiques. J’avais eu le temps de voir l’une de ses mains luire, et l’énergie y crépiter ; je compris à présent qu’il s’agissait encore une fois de l’un de ses fourbes assauts sur mon énergie cosmique, et cela me fit grimacer.

Les attaques qui touchaient mon corps, qui faisaient couler mon sang, je pouvais les encaisser sans mal. Mais que dire lorsque c’était à mon âme, ou au moins à une énergie qui se trouvait enfouie au plus profond de moi, intangible, que l’on s’en prenait ? Je le sentais : son assaut m’avait bien plus affaibli que ce que les apparences voulaient bien révéler. Pourtant j’avais encore de la réserve, et je ne pus m’empêcher de rire en l’entendant me promettre une défaite prochaine.

- « Juste un peu plus », ce sera toujours trop peu, Guerrière ! Montre-moi ta vraie force à présent, tes artifices ont asses duré !

D’une certaine façon, c’était ce que j’allais faire. J’avais frappé avec force dès le début, mais cela restait bien en deçà de ce dont j’étais capable. A présent, j’allais passer à la vitesse supérieure…

Fondant à nouveau sur elle toutes griffes dehors, je comptais bien la lacérer une nouvelle fois. Mais cette fois, je l’attaquais avec une force bien supérieure à celle que j’avais pu dévoiler précédemment. La bête en moi ce déchaînait… pour le plus grand malheur de la guerrière de Zeta.

Muette face aux propos tenus par son semblable, Lyuze s'élançait en même temps que celui-ci pour mettre ses menaces en application. Commençant par dévier les griffes claires de son adversaire, elle le devançait un instant pour planter les siennes et creuser de graves sillons dans sa chair. Deux prédateurs placés sous la même étoile s'affrontaient, et alors que les différentes paires de griffes s'entrechoquaient entre plusieurs grésillements et que les blessures se succédaient, aucun des deux partis ne flanchait.

L’œil critique de la suédoise parvenait à trouver une faille suffisamment conséquente dans l’enchaînement de son adversaire pour y placer l'une de ses bottes secrètes. Changeant subitement de tactique, elle tournoyait un instant sur elle même en chargeant ses mains de cosmos puis, les plantait avec vivacité dans le thorax de Zeta Prime. Le cosmos de celui-ci explosait en un rien de temps, se dispersant et alimentant sa rage et sa puissance physique. Contrairement aux techniques de dispersion du cosmos qu'elle avait utilisé précédemment, le Strategy Breaks ne brûlait pas l’énergie astrale, mais la désordonnait sans aucune forme de contrôle. Celle-ci, à défaut de disparaître renforçait la constitution et la carrure de la victime, apportant également une grande montée d'adrénaline.

Cependant, l'action avait brisé tout espoir de se défendre et c'est la force d'un ours qui la faisait immédiatement décoller du sol pour retomber une dizaine de mètres plus loin avec fracas. Roulant encore dans la neige après être retombée, la jeune femme crachait une importante quantité de sang alors qu'elle forçait sur ses muscles maigres et secs pour se relever. Avec peine, celle-ci parvenait à se redresser. Sa respiration rauque et ses jambes tremblantes confirmaient sa position de faiblesse ainsi que la gravité de ses blessures, mais malgré cela, elle persistait en reprenant une posture de combat.

Cette force... est phénoménale. Et tu rivalises même avec ma propre vitesse... Fermant un moment les yeux pour apaiser son esprit désorienté, Lyuze reprenait. Mais rien n'est encore fait, si tu veux toujours savoir de quoi je suis vraiment capable... alors je vais te le démontrer jusqu'au bout.

Respirant calmement, elle se préparait à recevoir une nouvelle fois la charge de Mani de manière à en finir. Les prochains enchaînements risquaient forts d'être les derniers, car si la guerrière ne tiendrait pas bien longtemps dans son état actuel, elle savait néanmoins à quel point son adversaire se trouvait affecté par ses frappes qui pouvaient venir à bout des plus grands combattants sans même leur infliger une seule blessure physique. Tout se jouait dans les prochaines minutes...

Voir la guerrière se jeter sur moi alors même que je courais en sa direction dans le but de lui porter une puissante attaque frontale ne manqua pas de me surprendre. A quoi jouait-elle ? Elle prenait de gros risques en se jetant directement dans mes griffes !

C’était en tout cas ce que je pensais, mais c’était sans compter l’agilité de Lyuze. Esquivant habilement le début de mon assaut, elle sut frapper au moment opportun, réduisant une fois encore à néant mes possibilités de défense. C’est avec douleur et frustration que je sentis ses griffes pénétrer douloureusement mon thorax, perçant ma pourtant solide armure de Zeta en quelques points et faisant couler mon sang – mais pas seulement. A nouveau, je sentis mon énergie cosmique s’envoler, échapper totalement à mon contrôle sans que je n’y puisse rien. S’échapper ? Non… c’était un phénomène différent qui était à l’œuvre cette fois-ci. Je me sentais plus fort, plus solide ! Elle avait peut-être ruiné mon énergie cosmique, mais ce n’était pas terminé pour autant ! Et son assaut l’avait gravement exposée…

Je la repoussai violemment de mes griffes, tandis que le souvenir d’un affrontement passé s’immisçait en ma mémoire.


Les deux Marinas étaient fortes, à n’en pas douter. Fortes, mais fourbes. A grand renfort de leur cosmos, elles n’hésitaient pas à faire pleuvoir sur nous leurs assauts, inlassablement, touchant tout à la fois Haldor, mon frère, et moi. C’était tout à leur honneur – ou plutôt, à leur déshonneur – mais cela ne leur serait pas suffisant pour gagner. Une puissante force psychique n’était rien sans une force physique et une endurance à toute épreuve !

C’est en quelque sorte la leçon qu’Haldor et moi-même leur donnâmes ce jour-là, revenant sans cesse à l’assaut, que ce soit à coups de poings ou de griffes, pour rappeler à ces femmes leur faiblesse physique. Etait-ce un hasard si nous avions arraché la victoire, malgré la sournoise manipulation mentale à laquelle s’était livrée l’une d’entre elles, contraignant mon frère à m’attaquer ? Je ne le pensais pas. Le cosmos était certes un atout de choix… mais la force pure n’avait rien à lui envier, au contraire. Exacerbée comme l’était la mienne, elle était impossible à arrêter, tandis que le cosmos pouvait toujours être neutralisé, comme j’avais pu en faire la douloureuse expérience aujourd’hui…


Lyuze de Zeta était certes puissante, et sa subtile façon de combattre était particulièrement handicapante ; mais ce n’était pas suffisant pour venir à bout du colosse que j’étais. Prenant brièvement la parole avant de repartir à la charge, je déclarai :

- Alors vas-y, surprends-moi ! Car si tes assauts ont été efficaces, il me semble toujours être en pleine forme !

J’exagérais à peine. J’étais bien blessé, mais pourtant et pour une raison que je ne m ‘expliquais pas, mon corps me paraissait encore frais et dispos, prêt à enchaîner les coups avec violence et sauvagerie comme j’en avais l’habitude.

Fondant brusquement sur la guerrière à une vitesse vertigineuse, je me préparais une nouvelle fois à la lacérer de mes terribles griffes…

Si sa détermination ne flanchait pas, il fallait croire que son corps n'était quant à lui plus à la hauteur de la situation. Le Zeta Prime avait su résister à la plupart de ses assauts, et malgré ses talents pour réduire ses forces cosmiques à néant la suédoise n'avait pas réussi à vaincre complètement l'âme de ce combattant. Celui-ci disposait encore de suffisamment de force pour lancer dans une ultime offensive qui, malgré les paroles de Lyuze, serait le dernier que sa frêle constitution pouvait encaisser.

Convaincue de sa défaite, celle-ci se jetait néanmoins avec ses capacités restantes dans le feu de l'action mais contrairement aux précédentes parades, ses griffes ne tardaient pas à être désarmées en un rien de temps et à nouveau, Zeta se retrouvait au tapis. La force colossale de Mani et l'implacabilité de ses frappes la surpassaient de loin, elle en était bien consciente. Pour venir à bout d'un tel adversaire, il lui aurait sans doute fallu revoir sa tactique dès le départ, et encore. Le regard presque vide et la face enfoncée dans la neige, la guerrière ne bougeait plus, honteuse après son échec. Elle réfléchissait, et de toute manière, son corps endoloris avait besoin de repos pour pouvoir la soutenir convenablement comme à son habitude.

Elle parvenait tout de même à se placer sur le dos, observant silencieusement les branches de l'arbre monde qui se tenait juste au dessus. Elle avait cru pouvoir vaincre n'importe qui, mais aujourd'hui elle découvrait à quel point les guerriers divins pouvaient être forts. Forcée de renouveler son avis au sujet des paroles précédentes de son adversaire, la jeune femme tentait de reprendre la parole.

J'ai... j'ai peut-être perdu la main, hein ? Un sourire aux lèvres et les paupières closes, elle parvenait malgré son état à poursuivre d'une voix faible. Et si... si je cherche des alliés... toi ? Tu veux bien...

Non finalement, cela ne voulait plus rien dire. Toujours consciente, il fallait croire que la fatigue l'avait suffisamment atteinte pour la dissuader à parler. Étalée dans son lit de neige avec sa longue chevelure argentée et teintée de sang recouvrant ses plus graves blessures, Lyuze se voyait confrontée à sa première défaite. Un frisson la parcourait. Elle n'était peut-être pas encore prête...

Mon dernier assaut signa la fin de ce combat : c’en était plus que le corps frêle de la guerrière pouvait en supporter. Tant mieux… car je le sentais : mon cosmos, auquel elle s’était attaquée sans vergogne, avait pratiquement été réduit à néant lors de cet affrontement. Si j’avais encore largement assez d’énergie pour enchaîner les assauts, ces derniers auraient été largement moins efficaces que tous ceux que j’avais pu lancer auparavant. Mais fort heureusement, cela ne me serait pas nécessaire.

Alors que le corps de Lyuze gisait à quelques pas de là, non loin du pied de l’arbre Yggrasil, mon visage se para soudain d’un large sourire. Cela faisait bien longtemps que je ne m’étais pas battu pour le simple plaisir de combattre. Certes, j’avais combattu des marinas, abattu une titanide, mais… aujourd’hui, les choses avaient été différentes : ce combat n’avait aucun enjeu – si ce n’était l’entretien de ma fierté. Et j’en avais retiré une exaltation bien différente que celle, largement alimentée par ma soif de sang, qui survenait lorsque j’affrontais les ennemis d’Odin.

- Ne sois pas trop sévère avec toi-même, guerrière. Tu t’es bien battue.

Certes, il lui restait du chemin à faire. La preuve, j’étais encore debout. Mais après tout, n’étais-je pas l’un des plus puissants guerriers du Valhalla ? Je haïssais les faibles ; mais je considérais que perdre dans un combat singulier contre moi et être faible étaient deux choses bien distinctes. Elle avait tout de même réussi à me frapper, à m’affaiblir, et surtout à faire fondre mes réserves cosmiques comme neige au soleil. Ses capacités, bien que vraisemblablement inabouties, restaient très prometteuses. Dans un grand sourire, le lui lâchai :

- Il y a bien peu de guerriers par ici qui peuvent se vanter d’avoir vaincu Máni de Zeta Prime.

Cela pouvait sembler bien peu modeste, mais c’était la vérité. Malheureusement pour moi, cette vermine de Svein faisait partie de ceux qui avaient réussi à me défaire… une erreur que je saurais corriger en temps et en heure.

Peut-être au bord de l’évanouissement, elle semblait fabuler, mais je captai nettement ses paroles. Ainsi, elle me demandait mon soutien dans sa quête ? C’est sur un ton chaleureux que je lui répondis.

- En temps utile, je t’aiderai à reconquérir ce qui t’a été volé, guerrière. Mais si tu veux avoir une chance de récupérer un jour ton bien… entraîne toi. Apprends à ne faire plus qu’une avec ton armure, à devenir la bête. Et alors plus aucun ennemi ne pourra t’arrêter.

Ce-disant, je me laissai tomber dans la neige, assis à ses côté. Je devais le reconnaître : cet affrontement m’avait tout de même fatigue – le contraire aurait été plutôt inquiétant… Hati trotta jusqu’à moi et s’assit à mes côtés, me laissant glisser mes doigts dans son pelage rêche tandis que nous guettions une éventuelle réponse de la porteuse de l’armure d’ébène.

Citation :

Repos 1/3

Inspirant lentement l'air frais dans ses poumons, Lyuze écoutait les paroles réconfortantes de son semblable. Est-ce qu'il pensait vraiment ce qu'il disait ? Elle qui pensait être capable de n'importe quel exploit depuis que sa Godrobe lui avait été restituée, quelle erreur... Odin lui même semblait l'avoir avertie avant qu'elle ne se borne dans cet état d'esprit : En envoyant un guerrier placé sous la même étoile, capable de la remettre à sa place dans l'ombre des branches d'Yggdrasil.

La jeune femme n'était pas encore de la même trempe que son adversaire temporaire. Si ses capacités avaient su venir à bout de nombres d'ennemis de bas étage, elle réalisait à présent que son évolution prochaine se déroulait dans un monde bien diffèrent. Malgré l'avertissement de Máni sur la personnalité des autres guerriers divins, celle-ci se surprenait à vouloir en rencontrer d'autres contrairement à son projet initial. Après tout, la voie qu'elle s'était tracée n'était pas la bonne, il valait donc mieux tout reprendre à zero.

Merci. D'une voix toujours faible, elle reprenait la parole. Il fallait croire que son cosmos s'occupait dores et déjà des premiers soins. Je ne perdrai jamais mon objectif de vue. Jamais. Mais... même si je persiste dans mon entraînement je ne m’éterniserai pas à Asgard...

Elle se tût, assez longtemps pour récupérer de l'effort exigé pour hausser la voix. Les conseils de Zeta Prime, ne faire qu'un avec son armure, incarner le prédateur... elle qui pensait y parvenir juste après avoir retrouvé son étoile. Elle n'était plus la même que par le passé, il lui fallait développer ça sans pour autant se créer de nouvelles faiblesses. S’entraîner ? De qui allait-elle pouvoir apprendre ? Sa confiance n'était pas spécialement donnée à tout le monde même si cet échange en compagnie du colosse avait su la séduire plutôt rapidement. En revanche, la suédoise se refusait à lui demander des conseils, ou encore moins des cours. Non, ça non. Elle lui prouverait son progrès plus tard, mais après cette défaite conséquente, elle le considérait plutôt comme un rival de première importance... d'autant plus qu'il partageait son étoile.

Je partirai dès demain à la recherche des meilleurs.
Je ne sais trop comment mais j'y parviendrai, tu verras...

Les paupières toujours fermées, elle se laissait aller dans ses rêveries passagères. L'affrontement et la brutalité du guerrier divin l'avaient bien secouée, ses paroles n'étaient que bien peu réfléchies à présent. Elle tournait donc autours du pot, plutôt que de demander clairement à son unique contact en territoire Ases de lui indiquer une direction à suivre. D'un côté, elle pouvait se débrouiller seule. D'un autre, elle avait plus à gagner en se laissant guider pour ses débuts...

Citation :

Repos 1/2

Les dires de la guerrière aux cheveux d’argent me firent me crisper. Ma main se referma brutalement sur une poignée de poils de Hati, qui me somma d’arrêter cela d’une légère impulsion mentale. Ainsi elle n’avait pas abandonné son stupide projet de quitter Asgard le plus tôt possible ? Mais à quoi pensait-elle ?

- Ne pas t’éterniser, hein ? Et où donc iras-tu ? N’as-tu donc pas compris que seule, tu ne pourrais pas pénétrer dans la place-forte des serviteurs de Poséidon sans y trouver la mort ?

Une pointe de colère perçait dans ma voix : elle avait finalement réussi à m’irriter. Puis une pensée traversa mon esprit, que je tentai de rejeter mais qui revint bientôt pour mieux s’imposer.

- Sache, Lyuze de Zeta, que si tes plans sont de te précipiter dans la gueule du loup pour y trouver la mort et échapper à la mission qui t’incombe… tu n’y arriveras pas. Je serai là pour t’en empêcher. Ne t’avise même pas d’essayer !

Mes propos étaient durs, mon ton acide, et cela ne plairait probablement pas à la guerrière. Mais je préférais m’assurer de sa bonne foi ; j’étais prêt à lui accorder ma confiance, mais je voulais avant cela être vraiment sûr qu’elle en était digne.

Elle me disait vouloir partir dès le lendemain à la recherche de nos guerriers les plus honorables. C’était tout à son honneur, mais mes conseils ne seraient pas de trop… reprenant un ton plus doux, je déclarai :

- A ta place, je commencerais par m’orienter vers le guerrier qu’on nomme Haldor, le Géant des Glaces. Il est notre Alpha, fier puissant… et sage.

On ne pouvait malheureusement pas en dire autant de moi. La sagesse me manquait quelque peu. Mais quand je combattais aux côtés du guerrier aux cheveux argentés, cela ne se remarquait même pas, à l’inverse de l’amitié à toute épreuve qui nous liait. Puis un autre Ase s’imposa à mon esprit… mais celui-ci était fait d’un tout autre bois.

- Et méfie-toi du guerrier de Delta. S’il y a un indigne au Valhalla, c’est bien cette vermine ! Ne le laisse surtout pas te faire rentrer dans son jeu…

Je crachai alors au sol avec mépris. Le seul fait d’avoir évoqué ce maudit Svein avait éveillé le profond dégoût que je lui vouais.

La colère qui accompagnait les paroles de Máni forçait la guerrière à ouvrir l’œil. Mais elle le refermait au fur et à mesure qu'elle écoutait la suite, un ricanement amusé à l'appui. Non, ce n'était pas la peine de lui dire deux fois : Pénétrer dans le royaume de Poséidon avec sa solitude pour seule alliée n'était plus dans ses intérêts.

Oh non... non, tu n'y es pas. Je pensais plutôt partir en reconnaissance, peut-être attirer l'attention d'un ou deux de ses... marinas d'une façon ou d'une autre. Puis elle réalisait. Poséidon, le dieu des océans ? D’ailleurs... comment êtes vous entrés chez eux ? Leur place forte se trouve sur la terre ferme ? Un peu étrange si j'ai bien suivi le domaine appartenant à cette divinité étrangère...

Avec ce combat imprévu, elle en avait oublié de récolter les informations sur ses ennemis. Enfin, elle disposait d'un peu plus de temps pour cela. Lyuze ne connaissait pas véritablement le reste du monde, et il était certain qu'après avoir rencontré quelques braves soldats du Nord elle se dirigerait vers les terres romaines pour s'adapter un peu plus à l'environnement de ses adversaires prochains.

Alors que le Zeta Prime lui offrait deux nouveaux noms -ou plutôt un nom et deux étoiles- sur sa liste, la suédoise se redressait avec une certaine difficulté. Ses côtes demeuraient effroyablement douloureuses, elle n'était pas prête d'oublier la force qui l'avait écrasée si rapidement. Une seconde fois, le mépris du colosse se manifestait par un crachas peu élégant. La combattante, amusée, reprenait la parole.

Delta hein... C'est étonnant tout de même. La même croyance et les mêmes buts ne vous animent pas ? A t'entendre il n'est pas le seul à semer de mauvaises graines dans vos rangs. D’où vient ce diffèrent ?

Craquant ses poignets, la Zeta se levait pour ramasser son manteau de fourrure un peu plus loin. Puis elle se replaçait à terre, les genoux plaqués au sol soutenant le reste de son corps meurtri.

Citation :

Repos 2/2

La question de Lyuze me fit sourire un instant, puis m’arracha une grimace. Repenser à l’étrange vortex que constituait l’étang d’Omega, et qui nous avait permis de rejoindre très rapidement le Sanctuaire sous-marin, n’éveillait en moi que de sombres et pénibles souvenirs. Cet endroit était tout sauf naturel… mais, il fallait bien le reconnaître, il s’était avéré bien pratique.

Pouvais-je en parler à la guerrière de Zeta ? Elle semblait digne de confiance, mais son empressement laissait penser qu’elle pouvait partir chez les Marinas du jour au lendemain dans l’espoir d’y récupérer son bien volé. En tous cas, je le savais, c’est ce que j’aurais fait si j’avais été à sa place. Ou plutôt, non : je ne serais même pas passé par le Valhalla, conscient que l’on risquait de m’y retenir. Elle était sûrement plus sage que moi, en vérité… mais je me refusais quand même à lui révéler l’existence de cet étrange passage que constituait l’étang sombre.

- C’est une très bonne question ! Leur bastion se trouve effectivement sous les mers, et est protégé du poids des eaux par sept immenses piliers réputés indestructibles…

…mais dont je comptais bien éprouver un jour la solidité. Récupérer le saphir de Zeta ne serait que le préliminaire de la vengeance d’Odin, c’était pour moi une certitude.

- Quant à la façon dont nous nous sommes rendus sur leur territoire… tu le découvriras au moment opportun. Mais sache que nous avons nos propres atouts.

Puis, à ma grande horreur, Svein revint sur le tapis. Pourquoi lui vouais-je cette haine ? Parce qu’il avait mis en doute ma légitimité en tant que Guerrier Divin ; parce qu’il arborait sans cesse ce petit air supérieur particulièrement insupportable ; parce qu’il était persuadé de pouvoir faire danser tout le Valhalla dans la paume de sa main – et, pire de tout, parce qu’il en était peut-être capable. En un mot…

- Ce type n’est qu’une immonde vermine, voilà tout. Une erreur d’Odin !

Qui, je l’espérais, ne tarderait pas à être corrigée. J’étais alors bien loin de m’imaginer qu’il n’était qu’un seul bubon au sein de la peste des Ases, et que d’autres étaient déjà apparus…

Citation :

Repos 2/3

Les paroles de Zeta Prime laissaient la jeune femme sur sa faim. D'une part il confirmait l'existence d'un moyen permettant aux guerriers divins de se rendre au royaume de Poséidon et d'une autre il jouait sur la patience de cette dernière en repoussant la réponse. La concernée plantait son regard -plus vif maintenant qu'elle avait doucement récupéré de son intense défaite- dans celui du colosse.

Pourquoi ne pas me le dire maintenant ? Tu sais, j'étais sincère en disant ne pas passer à l'action trop vite... Plus j'aurai d'informations plus je pourrai préparer des plans sans tenter le diable pour les recueillir !

Elle esquissait un maigre sourire puis détournait son regard. Oui, elle jouait honteusement -mais malicieusement- sur le fait qu'elle n'hésiterait pas à quitter le royaume d'Asgard prématurément pour trouver par ses propres moyens une façon de pénétrer chez ses ennemis. Il lui fallait une réponse, sinon aucun plan ne pouvait être achevé ! Son petit stratagème avait sans doute ses chances pour atteindre l'ombre de Zeta, qui sait...

Enfin, je me débrouillerai.

Sans le moindre avertissement, la Godrobe quittait les courbes féminines de la suédoise pour se figer telle une statue juste devant elle. Se recouvrant du lourd manteau quelque peu abîmé, elle dressait puis retournait son avant bras avant d'approcher la lame propre d'un couteau. Sans crier garde, elle s'entaillait la peau pour déverser de son sang sur les nombreuses éraflures de son armure. Suffisamment pour la réparer comme il se doit.

Une fois la tâche terminée, elle recouvrait la plaie d'un bandage, la mine dure et froide -on sentait qu'elle s'efforçait d'ignorer toute forme de douleur depuis le début de son petit rituel- puis se laissait tomber à nouveau contre le tronc de l'arbre. Un soupire pour accompagner son repos, elle rêvassait un instant sans se soucier de son camarade assis un peu plus loin.

Je ressentis un brin d’irritation lorsque Lyuze eut l’audace de me questionner à nouveau quant à notre moyen d’accès au Sanctuaire sous-marin. Espérait-elle que je cède si facilement ? Que ses petites menaces ridicules m’impressionnaient ? Avait-elle déjà oublié que je venais de la vaincre à plate couture ? Mes poings se serrèrent, faisant blanchir mes jointures tandis qu’à mes côtés, Hati laissait échapper un grognement sourd.

- Tu devras t’en tenir à ce que l’on veut bien te donner, guerrière.

Je lui lançai un nouveau regard mauvais

- Tâche de te débrouiller de la bonne manière.

Puis elle s’attela à la réparation de sa Godrobe, à grand renfort de son sang. Cela me paraissait un peu inconscient, en vérité, car elle était déjà plutôt réduite physiquement après notre affrontement. Espérait-elle s’évanouir, ou agissait-elle seulement sans aucune conscience du danger qu’elle encourait ? Peut-être essayait-elle de m’impressionner ? Si c’était le cas, c’était plutôt raté.

D’un air blasé, toujours assis dans la neige à la regarder, je lui lançai simplement :

- N’en fais pas trop, non plus…

Citation :

Post un peu ridicule, mais c'est la fin...
Repos 3/3

Un peu stone après la quantité de sang versé au court du dernier quart d'heure, Lyuze se reposait cependant avec satisfaction. L'entretien de sa Godrobe passait avant sa propre santé, à n'en déplaise certain, c'était sa manière de se comporter avec ce qu'elle chérissait tant. Puis elle repensait à la réaction de Zeta Prime, ou surtout celle de son molosse qui l'avait frappée. Elle ne pensait pas être capable de le froisser en insistant sur ce point. Elle s'en voulait un peu, après tout, la suédoise n'était pas une ingrate et l'homme lui avait accordé bien plus que son temps.

Aussi, elle s'efforçait de rouvrir les yeux pour ne pas terminer sur ce mauvais souvenir. Sans aucune forme d'hésitation cette fois, elle reprenait.

Merci. Merci pour ton soutien et tes conseils...

La jeune femme lui adressait un simple sourire puis se blottissait plus confortablement dans son manteau de fourrure. Elle avait maintenant besoin de récupérer, demain, elle entrerait au royaume d'Asgard et partirait à la rencontre de celui que l'on nomme Haldor. Si cet homme était bel et bien capable de lui apprendre à lutter tel un véritable guerrier divin, alors elle recevrait son entraînement sans rechigner. Il lui fallait donc toutes ses forces avant de se dresser face à lui, et ainsi être parée à cette éventualité.

Excuse-moi, j'ai besoin de repos...