.: The Beauty and the ... BeastS. ~ xFrozia :.

Pourtant, quand tout avait commencé, il faisait grand jour… Mais le soleil c’était il enfui, les nuages avaient-ils accourut, ou leur affrontement avait il conjuré le temps ? L’air était chargé de volute et de sang, et au dessus d’eux le ciel ne semblait plus qu’être une surface uniforme traversée par une lumière blafarde. Au dessus d’elles, plutôt….
L’odeur de la chair, de la mort, du chaud liquide carmin… Les émanations de cosmos qui saturaient l’air ambiant, ainsi que les volutes restantes de quelques techniques meurtrières rendaient l’atmosphère lourde et le théâtre de l’affrontement austère. Après tout, le sol était jonché de cadavre, baigné de sang, les constructions détruites… Cette partie du port d’Alexandrie n’avait pas été épargnée, et plus personne ne s’en approchait, si ce n’était peut être de multiples poissons carnivores qui sous la surface de l’eau avaient été irrémédiablement attirés par l’odeur du sang.

Beast serrait les dents mais son sourire ne la quittait pas. Les positions étaient inversées ? Soit. La parure blanche de la jeune femme, si pure encore à l’aube de la journée, était désormais maculée de sang, et la démone baignait littéralement dans son cosmos. Elle avait beau sentir une poigne lui presser la gorge et de charmants petits rubis brûlant perler… Elle n’en perdait en rien sa joie de prendre un peu l’air, surtout un air de cette qualité. Et les plumes sombres ne cessaient pas de refermer ses blessures et de lui donner encore des ressources nouvelles. Elle sentait son propre sang comme celui des autres, celui de Frozia, celui d’inconnus, lui bruler la peau et presser sa chaire, mais elle n’en avait presque rien à faire. Plus elle avait mal, plus Blood en elle se tordait et faiblissait. Plus elle était puissante et sure d’avoir de l’emprise encore un peu, encore un temps.
Chaque goutte écarlate qui parvenait a ses lèvres, pour sa part, ne la rendait que plus forte. La famine voulait peut-être être seule a se jouer du sang de ses victimes comme du sien, mais il se trouvait justement que Beast trouvait sa puissance en ce même sang, a tel point qu’il en devenait presque… une gourmandise ! ~

Son contact avec le sol ne fut pas sans douleur, et le corps meurtri de la jeune femme faisait peine a voir. Malgré tout, sa main vint s’appuyer au sol, elle fut vite en partie redressée. Désormais la cape de plume qui n’avait été jusqu’ici que discrète sur les épaules de la demoiselle, évanescente et faite d’un cosmos un peu transparent, entourait véritablement son corps frêle, lourde et chargée de plumes luisantes d’un rouge sombre, presque noir. Sous cette parure, la déchirure du dos de l’Aigle se refermait quelque peu, son sang se mettait à saigner moins. Inlassablement, elle retrouvait ses forces : a chaque seconde ou elle ne se voyait pas meurtrie, une blessure se refermait, sa puissance retrouvait un peu de vigueur.

- Les gamines me sont bien égales, mais l’oiseau délicat que tu as eu en face de toi m’appartient, et il me tient a cœur de prendre soin d’elle, exclusivement.

Elle avait relevé la tête avec fierté, sa pupille écarlate perçant le voile de sa chevelure sombre. Sa voix, comme toujours, était froide et pénétrante, son intonation a la fois calme et susurrante. La rage de la famine comme les os cassés ne semblaient pas l’importuner plus que ca, et elle ne prit pas la peine non plus de répondre aux provocations. Dans son cœur, il y avait un oiseau délicat et sublime, un oiseau fragile auquel elle veillait personnellement avec un soin infini, et donc chaque souffrance était source de jouissance. Si elle réprimait entièrement cet être délicat, que resterait-il pour pimenter sa vie … ?
Après certes Blood tentait de plus en plus de la réprimer et à mesure qu’elle gagnait en force elle y parvenait, même, mais ca c’était autre chose, et cela ne concernait en rien cette femme. Un petit problème personnel entre âmes partageant un même corps, tout simplement.
L’intérêt, dans ce conflit avec la jolie petite Bloody, c’était que le simple fait que Beast sorte la faisait souffrir. Cela rendait bien sur la chose encore plus attrayante, et ce proportionnellement aux efforts qu’elle avait fait pour la réprimer. Donc, désormais qu’elle était sortie, elle allait se faire une joie de ne pas repartir de si tôt, et d’en profiter pour jouer un peu.


En face, il y avait un chat joueur qui ne demandait qu’à s’amuser avec l’oiseau qu’il pensait avoir en son pouvoir avant de le dévorer avec appétit. Mais il ne fallait pas croire non plus que l’oiseau était un simple moineau. Que ce soit Blood ou Beast, la demoiselle était Aigle et le demeurait : et elle allait montrer a cet insolent chaton joueur, qui la prenait déjà pour sa « petite » sœur, qu’il n’était pas toujours bon de faire mumuse avec un oiseau de proie. Au jeu du chat et de la souris, la souris était toujours la petit être plus fragile, mais dans le cas de figure présent, la situation était tout autre.

Le sang abreuva à nouveau la Démone, et dès l’instant ou Frozia revint a la charge l’Aigle se soustrayat au sol, envoyant d’un geste brusque de la main les vents la venger. Elle avait beau jouer l’insensible, elle n’allait pas se laisser faire telle une vulgaire poupée, et il était légitime que la cardinale se voit rendue la monnaie de sa pièce. Avec violence, l’air chargé de sangs et de plumes tranchantes frappa le corps de la famine pour la projeter contre quelques vestiges de pierre d’une construction écroulée. Ce n’était pas parce que la « Sainte » n’utilisait pas ses mains qu’elle n’était pas capable de jouer de ce jeu là…
L’Aigle lévitait…. Le vent sous ses pieds la portait sans mal, et sa lourde cape de plume ruisselait de petites perles écarlates, frémissante. Un rictus mauvais déformait totalement le doux visage de Calyps, laissant clairement transparaitre la nature autre de celle qui contrôlait actuellement son corps. Si elle le voulait, elle avait encore la force suffisante pour précipiter un véritable Cyclone contre celle qui lui tenait tête. Mais toujours, la démoniaque était joueuse, et au risque de frustrer son adversaire préférait jouer a « suis moi je te fuis » plutôt que de projeter toute ses forces contre son adversaire. Et Frozia avait beau être violente, Beast ne pensait pas s’ennuyer pour autant, bien au contraire.
Entre temps, elle parvenait a récupérer assez de vitalité pour jouer à force égale avec la Famine…

- La Danse, c’est toujours plus amusant à deux, gourmand Chaton…

Il lui allait bien, ce surnom. Et elle avait envie de lui faire ravaler son « petite », aussi.

Oh non! C'était injuste! Cela ne se faisait pas d'être aussi appétissante!
Frozia considérait ses "semblables", ces bipèdes imberbes et imbus de leur personne, comme des proies prêtes à être chassées. Aujourd'hui, celle que la Démone avait devant elle ne faisait pas exception à la règle. Elle semblait tendre, innocente, fragile... Tout pour lui plaire, mais rien pour la différencier des autres en somme. Et pourtant... Depuis tout à l'heure, la Famine ressentait chez la gamine ce sentiment fort et puissant qu'elle avait à chaque fois qu'elle se retrouvait parmi ses compagnons Berzerker : celui d'être entouré de ses semblables, d'être prédateur parmi les prédateurs. Elle avait beau être une solitaire, la Cardinale appréciait à sa juste valeur le fait de se sentir bien entourer. Et à présent qu'elle se retrouvait face à quelqu'un alliant à la fois les caractéristiques de la proie et du chasseur, la borgne se sentait toute émoustillée. A tel point que cela en devenait malsain.