Ce cosmos... Pour sûr il le connaissait ! Il ne pouvait s'agir que de lui. Et il était accompagné qui plus est. Le nombre de la troupe était faible, aussi ne devait-il pas s'agir d'une visite belliqueuse. Peut-être que le Légat souhaitait juste lui rendre la politesse d'une visite de courtoisie ? Non, il ne se serait sans doute pas déplacé juste pour cela. Quoi qu'il en soit, ça tombait bien, leur alliance méritait d'être mieux rentabilisée et une rencontre ainsi qu'une bonne discussion ne pourrait qu'y aider. Cependant, sans un peu d'aide, il leur serait bien difficile de trouver l'entrée, et tout bonnement impossible d'y pénétrer. La citadelle des flammes infernales était sans doute le Sanctuaire divin le mieux gardé. Enfin, en seconde position plutôt, juste après les Enfers qui figuraient le Royaume d'Hadès. Soit. Quoi qu'il en soit, c'était à lui d'agir à présent. Installé alors dans son trône d'obsidienne au sein du Temple d'Arès, il envoya des gardes faire appeler deux de ses hommes. Casshern avait déjà exprimé sa volonté de se rendre plus utile pour son Maître et fut donc un choix évident à l'esprit du Prophète. Il aurait pu envoyer son fidèle Nosgoth également, mais pour le coup il préférait le garder en renfort si besoin se faisait sentir. Après tout, l'on ne savait jamais réellement comment une telle rencontre pouvait évoluer, et il était toujours possible que ça dégénère par la suite.

Son second choix se porta sur une recrue récente. Lazar du Phacochère... Cet homme colossal lui avait montré que même s'il avait un certain côté bourru, il n'était pas non plus un idiot et qu'il saurait faire la part des choses dans cette "mission". Mieux valait-il qu'il en soit ainsi du moins, car des propos peu diplomatiques pouvaient tout ruiner... Il les fit donc tous deux venir à lui, et leur expliqua la situation. Trois marinas à aller chercher à l'extérieur pour les ramener en la forteresse. Mais pas jusqu'au Temple cela dit... Il serait malavisé et bien peu prudent que de leur faire découvrir le chemin passant par les antichambres et menant au Temple. Ce serait par trop leur faciliter la tâche si un jour l'alliance venait à se rompre. Le Prophète les accompagna alors jusqu'à l'endroit où il désirait recevoir les envoyés de Poséidon. Une grande salle du bastion dédalique ferait l'affaire... Bien moins impressionnante que le Temple, elle était tout de même spacieuse et disposant d'un trône de pierre qui donnerait aussi bien l'impression que c'était là qu'il siégeait habituellement. Derrière le siège, une grande tapisserie à l'honneur du Dieu de la Guerre, représentant Arès vainqueur en des ruines en flammes... Voilà qui annonçait parfaitement la couleur. Ne restait plus qu'à y attendre que ses hommes ramènent leurs invités...

La traversées des chemins du Dédale n'était pas chose aisée. Chaque couloir semblait être la même facette d'un kaléidoscope infernal, et chaque tournant donnait sur l'exacte portion précédente. Que l'ensemble soit bercé par la lumière vacillante des torches, plongeant certaines portions dans la pénombre, ne permettait pas une bonne prise de repères. A cette heure, les Marinas auraient bien eu besoin d'un Gardien du Dédale! Le colosse fermant la marche, il eut tout le loisir de sourire à cette évocation, tout en profitant de certains éclats de lumière pour s'extasier devant la superbe petite lune du seul membre féminin de la délégation, située parmi ses pairs.

Les consignes avaient été claires, emmener les ambassadeurs auprès du Prophète dans une salle prévue à cet effet, sans passer aucunement par les Antichambres ni accéder au Temple d'Arès. Bien qu'il était question de maintenir cette alliance avec les hommes de la mer, il n'y avait aucune raison de leur ouvrir les portes en grand et de leur faire un tour du propriétaire.

Par contre, j'lui mettrais bien un tour, à la p'tite en rouge, là.

Arrivant au terme d'une traversée chaotique visant simplement à déboussoler une bonne fois pour toute leurs invités, le groupe arriva en vue de la salle qui les accueillerait. Ne valant pas le temple même du Dieu de la Guerre mais néanmoins de proportion plus que respectable, cet endroit glorifiait lui aussi le Maitre des lieux, et de façon écrasante, donnant au visiteur se tenant face au trône érigé en bout de salle l'impression qu'il n'était que fourmi face au conquérant des royaumes humains. Et sous cette image prodigieuse, incrusté dans l'obsidienne de sa chaire, le Guide dardait de ses yeux électriques les arrivants. Se plaçant sur le côté opposé à Cashern, de façon à encadrer la délégation, le géant mis un genou en terre, le point encore une fois plaqué sur son cœur. Ne baissant pas la tête, il fixait au contraire son seigneur, le visage face à lui en une marque de respect guerrier. Il n'était bien qu'une seule personne devant laquelle il ployait le genou, et il n'en aurait nulle autre pareille.

Comme prévu, mon Maitre, voici v'nu la délégation des envoyés d'Poséidon. La r'montée à la surface s'est faite sans problème. Not'position n'est pas compromise, quand bien même du cosmos a été émis par nos...alliés...pour qu'on les localise.

Il fallait quand même le mentionner. Car une telle manœuvre, même si elle se révélait innocente en surface, pouvait avoir des conséquences catastrophiques si d'aventure le hasard voulait qu'une personne réceptive aux énergies cosmiques passe par là. C'était comme signaler sa position par un feu de camp: les alliés pouvaient vous trouver, mais les ennemis aussi. Tout dévoué à son Guide, Lazar n'avait pu omettre ce détail, même si cela devait froisser la fierté des Marinas. Et quand bien même, il se fichait que ces fillettes en prenne ombrage. Cela ne ferait que mettre en évidence l'excellence martiale et stratégique des Berserkers, en comparaison de leurs homologues poissons.

C'est pas qu'veux leur dévisser la tête, juste qu'ils m'indiffèrent. Mais bon, faut bien faire honneur au Prophète.

Notant qu'ils étaient seuls dans cette pièce, le colosse d'Orient vint à se demander ce que le Cardinal avait en tête. Il aurait du se trouver avec au moins l'un de ses généraux, hors il n'était accompagné que de deux Lieutenants. Était-ce délibéré? Et cette saloperie de crâneur de Nosgoth de la petite bébête à huit pattes, est ce qu'il trainait aux alentours, dans l'ombre, comme à son habitude, ou n'était-il simplement pas convié à traiter avec les ambassadeurs. Pensant que lui était là alors que ce pauvre type était ailleurs, l'homme eut un sourire contenté. Il avait une place, et elle se définissait petit à petit.

Orpheus ne s'était pas attendu à cela, c'était une évidence. Alors qu'ils arrivaient enfin dans la salle du trône, alors qu'il apercevait enfin Ephtal, Prophète d'Arès, il sut que son voyage touchait à sa fin. Depuis l'arrivée des deux berserkers qui l'avaient prit en charge, le Légat n'avait pas une seule fois ouvert la bouche pour s'adresser à ces deux hommes. Ils n'étaient rien et en sa qualité de Général, Orpheus ne comptait pas discuter avec de vulgaires soldats. Or, c'est précisément ce qu'ils étaient. De simples soldats à la solde d'un dieu qui aimait combattre plus que tout au monde. Et son élite avait le même visage.

Sephios et Cléo dans son sillage, Orpheus sentait une certaine appréhension dans les cœurs de ceux qu'ils voyaient. L'arrivée d'étrangers dans ce sanctuaire souterrain devait être quelque chose de suffisamment rare pour être souligné, à n'en pas douter. Elle était belle l'armée du seigneur Arès. Excepté Ephtal et Guerre, ceux qu'il avait déjà croisé ne valait pas la peine qu'on s'y attarde. Alors que le dénommé Lazar prenait la parole, Orpheus ne put que sourire en entendant ses propos. S'il ne s'attardait pas sur l'hésitation qu'il avait eu à l'énoncé du mot "allié', le Légat était surtout intrigué par ce qu'il avait dit concernant le fait que leur position n'était toujours pas compromise. Des couards ? Non... Vu la carrure d'Ephtal, ils ne pouvaient pas tous être ainsi pétri de peur.

Cette fois, et sans ménagement pour ceux qui les avaient emmenés ici, Orpheus s'avança de quelques pas. D'un signe de la tête, il saluait celui qui avait la même importance que lui-même dans cette armée. Cléo et Sephios, sur ce coup, n'avaient pas grand chose à faire. Car en ce jour, le Légat devait parler de choses sérieuses avec le Prophète. Et les autres n'avaient aucune place dans la tractation future.

- Quel plaisir de vous revoir, Prophète Ephtal. Je vois que vous n'aviez pas exagéré en parlant de votre citadelle. Aussi bien caché, nul doute que vous ne pouvez craindre aucune attaque de quiconque. Une aubaine lorsque l'on doit former ses armées, je suppose.

L'oeil unique du Légat balayait déjà la vaste place dans laquelle il se trouvait. Il s'arrêta un instant sur la tapisserie et se mit à sourire derechef.

- Jolie tapisserie, bien qu'il y manque un peu d'eau... Ephtal, vous vous souvenez très certainement de Cléo, Marina de la Sirène ? Et bien voici également Sephios, Général du Dragon des Mers. Mon escorte pour ce voyage.

Des présentations nécessaires. Mais il ne s'agissait là que de choses futiles. Le coeur du débat concernait le précédent voyage de Orpheus. Celui qui l'avait conduit sur les traces du Sanctuaires d'Athéna. Là où il avait obtenu des informations d'importances. Il était temps de parler franchement. Car ici, c'était une véritable alliance qui se jouait. Pas de celle qu'on jetait une fois inutile. Car les forces d'Arès et de Poseidon devaient être unies pour mettre à bas les autres puissances.

- Je reviens tout juste d'un voyage qui m'a mené au Sanctuaire d'Athéna, sur ordre de mon Maître, Poseidon. Et il me parait aujourd'hui nécessaire de m'entretenir avec vous de notre alliance... Si vous me le permettez, évidemment.

Citation :

Bon, vu que nos partenaires n'ont pas l'air pressés, Orpheus et moi allons poster sans vous attendre. Vous êtes tout de même toujours libres de participer au RP.

Lazar et Casshern revinrent alors finalement, accompagnant leurs invités. Il connaissait déjà bien entendu le Légat, borgne facilement reconnaissable ne fusse que par son aura. Sa suivante n'était pas une inconnue également, mais Ephtal en avait une bien piteuse opinion. Là où Orpheus s'était montré homme respectable, elle n'avait quant à elle qu'affiché une attitude que le Cardinal de la Mort qualifierait de "pleureuse", point de caractère qui selon lui était tout sauf adapté à la guerre qui exploserait bel et bien tôt ou tard. Il assimilait ça à un terrible défaut qui ne lui inspirait aucune confiance. Le dernier était par contre un parfait inconnu. Le bras droit de Poséidon le présentait comme le général du Dragon des mers, non sans s'être au préalable aventuré dans une remarque concernant la tapisserie. Au moins ne revenait-il pas sur les commentaires du Phacochère qui avait placé un reproche à demi mot. Soit, ils allaient à présent pouvoir parler.

Légat. J'avoue que je ne m'attendais pas à votre visite mais que le plaisir n'en est pas moins partagé.

Difficile pourtant de trouver une once de plaisir dans cette voix sombre et rocailleuse qui n'exprimait aucun sentiment... Soit.

En effet, pouvoir nous entretenir de notre alliance faisait partie de mes désirs, ainsi pourrons-nous nous y adonner...
Néanmoins... n'avez-vous pas eu trop de mal à trouver ? Comme vous le dites, la sûreté de notre citadelle n'est pas à prouver. Sous la croûte terrestre ou au fond des océans, tout est bon pour grandir dérobés aux yeux d'Athéna. S'ils savaient à quel point ils ont à nous craindre, tout cela perdrait beaucoup de sa saveur n'est-ce pas ?

La raison même pour laquelle il n'avait porté qu'un si faible groupe de ses forces contre le Sanctuaire lorsqu'ils avaient profité du réveil des Titans pour les agresser. Orpheus était également passé par là, d'après ce qu'il venait d'avouer. Enfin, rien n'était certain, mais il restait peu probable que les Marinas rendent visite à Athènes sans que cela ne cause quelques désagréments. Il n'imaginait pas qu'une rencontre amicale puisse se produire avec les Saints, tout simplement... Mais peut-être était-il loin de la vérité ? C'est ce qu'il n'allait sans doute pas traîner à apprendre...

Parlez Orphéus ! J'ai grand hâte d'entendre en quoi votre visite à Athènes vous a mené jusqu'ici...

Il avait déjà une petite idée, mais c'était autant s'en assurer avant d'en dire quoi que ce soit...

- Du mal à trouver ? Non, pas grâce aux indications qui étaient les vôtres. Néanmoins, j'aurai eu plus de mal à trouver l'entrée de la Citadelle sans le concours de vos hommes. Et fouiller ce territoire m'aurait prit bien trop de temps. Or, nous en manquons cruellement.

Car Orpheus gardait en tête les événements récents. Et l'attaque de ce titan était bien trop préoccupante pour laisser pourrir l'affaire. Et puisque Ephtal lui donnait la possibilité de s'exprimer sans tarder, il allait en profiter. Il avait tellement de choses à voir avec lui qu'il devait agir avec méthode, par étape. Les deux autres risquaient d'avoir à faire avec les guerriers d'Arès, laissant alors le Légat et le Prophète libre de s'exprimer sans détours. De toute façon, les deux chefs de faction semblaient être de la même trempe, à ne pas s'embarrasser de paroles inutiles afin d'aller droit au but. Ils n'avaient de toute évidence pas le choix étant donné les dieux qu'ils servaient l'un et l'autre.

- Vous connaissez l'aversion que porte Poseidon à sa nièce, Athéna. C'est pour lever tout doute à ce sujet que je me suis rendu avec trois de mes généraux au Sanctuaire de la fille de Zeus. Quel meilleur messager que le Légat ? Quelle image plus impressionnante qu'un détachement de quatre Généraux et d'un lieutenant du Seigneur des Mers ? J'y suis allé pour obtenir des réponses à certaines questions. Malheureusement, j'en suis reparti plus intrigué encore.

Et c'était peu de le dire. Car ce que le Grand Pope lui avait dit l'avait quelque peu surprit. Savoir qu'ils avaient aussi été attaqués par des titans, savoir que les Berserkers eux-même avaient aussi chargés le Sanctuaire, tout cela le laissait perplexe. Car on ne pouvait espérer lui faire croire que les titans et les soldats d'Arès n'avaient pas oeuvrés de concert. Une attaque de grande envergure qui avait complétement submergé les Saints. De cela, il se fichait évidemment royalement. Ce qu'il appréciait cependant un peu moins, c'est d'avoir aussi été prit pour cible par ces titans, des êtres apparemment alliés à Arès.

- Car leur Sanctuaire avait été ravagé. Mais je ne vous apprends rien, n'est-ce pas Prophète ! Vous êtes parfaitement au courant de ce qui c'est passé là bas puisque selon les dires du Grand Pope, vos hommes ont attaqués leur place forte avec les titans.

Le regard du Légat s'était fait plus dur. Lors de leur première entrevue, lui et le Prophète avaient décidés d'une alliance entre eux. Une alliance proposée par Ephtal, qui avait fait le déplacement spécialement pour ça. Des alliés n'étaient-ils pas censé s'aider ? Bien que laisser entendre que Ephtal ait été au courant de l'attaque du sanctuaire sous-marin puisse être une stratégie risquée, Orpheus ne se démontait pas. Poseidon ne saurait tolérer qu'on puisse essayer de le tromper. Et si Arès tentait cela, alors il le paierait au même titre que les autres.

- A moins que la notion d'alliance ne m'échappe, je croyais qu'il était bon de partager ses informations entre pactisans. Pourtant, vous ne m'avez pas prévenu de cet assaut ! Mais pire encore... Ceux qui semblent également être vos alliés n'ont pas épargné notre territoire, ils se sont retournés contre nous. Nous avons évidemment repoussés ces deux titans, non sans mal. Je suis venu à vous ce jour afin d'obtenir la vérité... Sans détours ! Avez-vous orchestré cette attaque contre le domaine de Poseidon ? Etiez-vous informé qu'ils nous prendraient pour cible ?

Orpheus n'était pas naïf au point de croire tout ce qu'on lui conterait. Néanmoins, Arès avait tout à perdre à se mettre à dos Poseidon, c'était aussi une évidence. Les titans, aussi forts soient-ils, n'étaient pas de bons alliés. Ils détestaient les dieux et n'attendraient qu'un faux pas pour se venger de ceux qui avaient prit leurs places. Et plutôt que de partir en guerre sans avoir de certitudes, Orpheus préférait entendre le maître des lieux.

Il écouta alors le Légat parler. Sans broncher tout d'abord lorsqu'il évoquait à nouveau sa visite au Sanctuaire d'Athéna. Il lui fit un détail sur les hommes qui l'accompagnaient, Ephtal notant mentalement qu'ils avaient été presque autant que ce que le Prophète y avait lui-même amené lors de l'agression. Par contre, il ne parla pas réellement de la manière dont cela s'était déroulé exactement, ce qui eut pour conséquence d'intriguer le Cardinal de la Mort. Pas de mention précise en dehors du fait qu'il avait pu discuter avec le Grand Pope en personne. Puis le ton d'Orpheus se fit soudainement plus sec, ses traits tirés par une contrariété certaine. Le sujet abordé n'était pas étonnant : il était en effet fort probable qu'après cela il s'interroge sur la raison d'être de cette offensive ainsi que du fait qu'il n'ait pas été prévenu. Ephtal s'y attendait... Par contre, il apprit une chose dont il n'avait pas été au courant. Ainsi donc, le sanctuaire sous-marin avait été attaqué également... De quoi le faire réagir vivement !

Comment ?!!

Pour une fois, un sentiment encombre sa voix. De la pure et simple colère. Il fait alors claquer le bout du manche de sa faux contre le sol avec force.

Casshern, Lazar... Nos amis ont fait un long voyage, ils doivent avoir faim et soif. Faites en sorte qu'ils n'en souffrent pas plus longtemps. J'aimerais m'entretenir seul à seul avec le Légat...

La dernière précision n'était pas réellement nécessaire. Il était évident que c'était là son intention, et qu'il ne se tracassait pas réellement de la satiété des Marinas. En ces mots, il avait repris le contrôle complet de ses émotions, même si la tension de ses muscles et de son regard indiquaient qu'il ne faudrait pas grand chose pour que sa contrariété ressorte derechef. Il attendit enfin que tout ce beau monde quitte la pièce, qu'Orpheus et lui soient seuls. Ainsi, ils pourraient réellement parler sans détour...

J'ignorais que vous seriez pris pour cible également... J'aurais aimé aussi que vos forces s'adjoignent aux nôtres lors de notre invasion du Sanctuaire... Si vous aviez été avec nous, peut-être que les forces d'Athéna ne seraient plus qu'un mauvais souvenir à l'heure actuelle, je ne l'ignore pas. Vous comprendrez donc que si je ne vous y ai pas convié, c'est bel et bien car je n'en ai pas eu le choix.
En vérité, avant que l'offensive soit déclarée, j'ignorais même que nous aurions des Titans pour alliés. Qui pourrait s'attendre à quelque chose de la sorte ? Sa majesté Arès lui-même ne m'a donné qu'un ordre on ne peut plus simple. Il m'a prévenu la veille, me disant de prendre mes hommes et de partir sur-le-champ pour Athènes. Que je n'avais pas à m'en faire car j'aurai un support de poids sur place. Je ne suis qu'un pion, qu'un serviteur, je n'ai donc pas à contester ses ordres mais juste à les exécuter. Vu l'urgence de la situation, je n'avais réellement pas le loisir de vous faire parvenir quelconque information...
Peut-être estimerez-vous que je me devais de vous en faire part au moins par la suite, que je vous mette au courant de ce que je savais... Mais ignorant que vous aviez été une cible également, je ne voyais aucune nécessité à vous en informer. Une attaque du Sanctuaire ne vous impliquant pas n'est pas de vos affaires, même si nous sommes alliés...

Un échange en toute franchise... Le Prophète s'amusait pas à prendre trop de détours pour lui faire savoir qu'il considérait que ce qui ne l'impliquait pas directement n'avait pas à être communiqué. Après tout, c'était normal qu'ils aient tous leurs secrets... En guise de bonne fois cependant, il poursuivit par un léger compte-rendu.

Toujours est-il que... je m'y suis rendu avec cinq de mes hommes. De nombreux Saints étaient déjà fort occupés avec les deux Titans qui avaient déjà déclarés l'attaque lorsque nous nous sommes infiltrés. Nous sommes parvenus jusqu'à la Maison du Capricorne seulement, ce qui est déjà une petite déception en soi mais au moins nous en sommes tous revenus. Pourtant, quelques cosmos se sont éteint à jamais, et pour ce que j'en sais, deux au moins étaient des protecteurs dorés... Nos ennemis n'ont pu qu'en ressortir affaiblis !
Quant à vous ? Votre visite ? Je vous avoue que j'ai le plus grand mal à croire que cela se soit passé pacifiquement, à moins qu'ils n'aient par trop tremblés devant seulement cinq des vôtres.

S'il donnait, c'était pour mieux recevoir... Désirant recevoir une information, il se mettait en de meilleures dispositions en en révélant tout d'abord. Il faudrait qu'il aborde l'Égypte également... Par l'action de ses hommes, les Saints n'avaient pas pu atteindre le terrible cosmos divin qui s'était éveillé. Quelqu'un d'autre s'était donc occupé de cela, et il était fort peu probable que les Ases se soient rendus si loin de chez eux... Cela ne l'étonnerait pas du tout qu'Orpheus y soit mêlé d'une manière ou d'une autre... Mais cette carte était gardée pour plus tard, mieux valait déjà voir comment le Légat prendrait ses réponses.

S'il feintait la surprise, alors il était très fort. Mais quelque chose disait à Orpheus que le Prophète ne mentait pas. Et tandis que les Marinas et les Berserkers sortaient de la salle pour laisser les responsables seul, le Légat réfléchissait à ce qui s'était passé. Vinrent alors les explications de ce dernier. Et à mesure qu'il racontait les évènements tel qu'il les avait vécu, Orpheus comprenait ce qui s'était réellement passé. Il lui paraissait évident qu'on ne puisse tout partager. Qu'il attaque Athéna ne le regardait en rien tant qu'il ne demandait pas de soutien aux Marinas. En cela, ils avaient la même façon de penser. Une alliance ne voulait pas dire qu'il fallait renier ses propres ambitions et encore moins les ordres de son dieu. Lui-même n'avait évidemment pas parlé à l'avance de son propre projet de frapper Athéna aussi durement que possible après tout.

Le plus important dans tout ça, c'était d'apprendre que ces titans avaient été réveillés par une autre entité. Si Arès n'y était pour rien, Orpheus ne voyait qu'une dernière déité pour parvenir à utiliser tant d'énergie. Déployer pareils moyens n'était pas à la portée de tous. Bien que l'idée lui ait traversé l'esprit à plusieurs reprises, Orpheus commençait à se dire que son intuition était la bonne. Hadès, roi des Enfers. Qui d'autre à part lui ? Si tel était le cas, ça risquait de changer beaucoup de choses. Et si Arès et Hadès se liaient de nouveau, comment évoluerait donc la relation avec Poseidon ? Il allait devoir en référer à son dieu en personne, dès qu'il le pourrait. S'il n'était pas informé, alors c'était son devoir d'y remédier.

- Je comprends mieux... Il reste quelques parts d'ombres mais je suppose qu'il me faudra attendre pour obtenir plus de réponses. Je vous remercie de votre franchise, Ephtal !

C'est à moitié perdu dans ses pensées que le jeune homme parcourait cette salle. Peu à peu, les pièces du puzzle se mettaient en place, apportant une lumière nouvelle aux évènements passés. Quoi qu'il en soit, cette attaque arrangeait aussi les affaires de Poseidon. Car contrairement aux Saints, les Marinas étaient au moins parvenus à repousser ces titans. Avec brio. Et contrairement aux chevaliers d'Athéna, ils n'avaient eu presque aucune perte importante. Deux Gold emportés dans cette bataille, voilà qui équilibrait d'emblée les débats futurs. A moins qu'ils aient déjà été remplacé. Mais même si c'était le cas, cela ne changeait pas la donne.

Donner pour recevoir. Orpheus n'était pas dupe mais de toute façon, il aurait tout de même partagé cette information avec le Prophète. Un rapide compte rendu de son entretien avec les Saints ne pouvait qu'être utile pour les plans futurs. Ne serait-ce qu'en terme d'organisation. C'est pourquoi il cessa de marcher pour se tourner complétement vers son homologue en cette terre sacrée.

- Oh, il n'y a rien eu de très amical dans la rencontre entre Arsiesys et moi-même. Comme je vous l'ai dit, nous sommes arrivé à cinq guerriers. L'arrogance des Saints a de suite envenimé les choses... Nous avons eut droit à un blocus à l'entrée du Sanctuaire, blocus que nous n'avons pas cherché à briser. Sans doute n'ont-ils pas accepté que nous arrivions sur leur terre en conquérants. Le ton est vite monté et une bataille a éclaté. Afin d'éviter de voir chacun des mes hommes mit à mort par l'ensemble du Sanctuaire dans une lutte inégale, nous avons convenu d'un combat loyal entre trois de mes Généraux et trois des chevaliers d'Athéna. Combat que nous avons remporté, mettant à terre deux Gold Saint et un troisième qui ne risque pas de se relever de si tôt.

Orpheus n'était pas peu fier du résultat de ce conflit qui avait de toute façon obligé Arsiesys à les laisser partir, sous peine de renier les grands principes de la déesse qu'il servait. Et le Légat se souvenait avec une certaine émotion de l'arrivée de Sylphorn, guerrier divin au service d'Odin, lorsque ce dernier avait délibérément manqué de respect à Poseidon, déclenchant l'ire du Légat. ce qui avait conduit cet homme à sa perte. Mais le Grand Pope s'était montré faible sur ce point. Nul doute que Ephtal face à lui n'aurait pas agi de la même manière. On ne défiait ni Arès, ni Poseidon sans encourir une mort presque immédiate.

- Inutile de préciser que nous sommes donc en guerre ouverte contre eux, tout comme vous. Ce qui renforce plus encore l'intérêt de notre alliance, Prophète.

Au moins le ton s'était apaisé. Son explication - qui n'était autre que la vérité, même s'il en savait plus que ce qu'il avait raconté - était parvenue à faire comprendre à Orpheus qu'il n'avait jamais été dans son intention de se mettre en opposition aux forces de Poséidon. Ce point résolu, ils pourraient tous deux passer à la suite. Il n'était en effet pas à s'attarder et se demander si le Légat pouvait lui en vouloir de quoi que ce soit. Non pas qu'il ait une pleine et parfaite confiance, toujours il s'attendrait au pire, mais pour le moment il préférait considérer qu'il n'y avait pas de souci à se faire. Les deux clans auraient encore des profits à tirer de leur alliance, et tant que ce serait le cas il n'y aurait rien à craindre. Aussi, si Orpheus disait qu'il le croyait, c'était autant en rester là pour le moment. La suite fut plus intéressante. Comme il s'en était douté, la rencontre entre les Marinas et les Saints n'avait pas été pacifique. À la manière dont le Légat présentait cela, les guerriers d'Athéna n'avaient pas été capables de se montrer disciplinés à l'exception de leur Grand Pope Arsiesys. Après tout, Orpheus n'était pas parfaitement placé pour en parler objectivement, et il était toujours possible que ses propres hommes ne s'étaient eux non plus pas montré tout à fait amicaux. Toujours était-il que ce compte-rendu collait plutôt bien avec ce qu'il en avait vu lui-même. Si cet homme à qui il avait tranché un doigt pouvait porter une armure d'argent, alors il n'était tout à fait pas à exclure que d'autres de ces chevaliers ne soient que des insultes à la chevalerie et au code d'honneur des véritables combattants.

La conclusion était particulièrement intéressante également, la Sirène Maléfique faisait un rapprochement entre leurs forces, se trouvant effectivement toutes deux dans le même cas. Même s'ils n'avaient pas encore été alliés, ils auraient tout à gagner en s'entendant maintenant qu'ils avaient à tour de rôle défiés Athéna sur son propre terrain.

Nos deux entreprises contre la déesse se sont vues baignées de succès j'ai l'impression... Peu d'hommes pour de bons résultats. Les Saints apparaissent peu disciplinés. De plus, Arsiesys semble être un faible meneur. Il n'a pas profité que vos soldats se soient battus pour vous achever, comme il n'a rien tenté pour essayer de me retrouver malgré le coup que je leur ai porté. Le seul bénéfice qu'ils ont est leur nombre... Ce qui n'est plus le cas si nous frappons ensemble ! Unissons nos troupes Orpheus ! Unissons nos armées et attaquons le Sanctuaire ! Réduisons-le à néant... C'est en notre pouvoir !

Enfin, Ephtal descendit de son trône et fit deux pas en direction d'Orpheus.

Cependant... Avant que nous puissions pleinement nous faire confiance, il y a une dernière chose que j'aimerais que nous partagions... Si je vous parle de l'Égypte, cela doit sans doute vous parler... Mes hommes se sont mis sur la piste d'une puissance colossale qui ne peut être affectée qu'au divin. Mais il y a eu un contre-temps... Alors qu'ils allaient sans doute bientôt toucher au but, une bataille s'est déclarée contre certains Saints suivant la même piste... Lorsque ce combat s'en fut terminé, il n'y avait plus rien sur quoi enquêter... Je sais donc que les Saints n'y sont pour rien ! Avez-vous une suggestion, Légat, une information qui pourrait éclairer ma lanterne ?

Un petit sourire en coin, Orpheus notait que cette alliance avait enfin de quoi déboucher sur quelque chose de concret. Assez de belles paroles, place à l'action. Si la précipitation n'était pas une chose qu'appréciait le Légat, il n'en oubliait pas pour autant la mission qui était la sienne. Poseidon ne lui avait laissé que peu de marge de manœuvre et s'il pouvait laisser à Arès le gros du travail, il ne pourrait qu'en sortir vainqueur. Mais penser à cela aujourd'hui, c'était prendre un peu d'avance. Au jour le jour, c'est ainsi que devait être vécu ce pacte. Pas d'excès de confiance inutile qui ne pouvait que précipiter la chute de l'un ou de l'autre. Et les deux hommes en étaient conscient.

Et s'il est vrai que les Saints avaient pour eux le nombre, les Berserkers et les Marinas possédaient la compétence martiale. Unis, nul doute qu'ils n'auraient à craindre personne ou presque. La Guerre et l'Océan ensemble, un ménage qui promettait destruction à cette terre viciée. Et pour construire, Poseidon avait été clair : il fallait déjà raser.

- J'accepte votre proposition ! Unissons nos forces et rasons une bonne fois pour toute ce territoire de malheur. Que la mort de ces maudits chevaliers soit la cause de la disparition d'Athéna. Et qu'elle cesse enfin de se mêler des affaires qui ne la concernent en rien.

Ils étaient en passe de sceller quelque chose de grand. Et s'ils devaient attaquer le sanctuaire de cette déesse, alors les préparatifs ne devraient plus tarder. Une expédition de ce type demandait de précieuses ressources humaines. Et lorsqu'ils frapperaient, ce ne serait pas pour s'arrêter qu'à la Maison du Capricorne. Le temple d'Athéna devait être détruit pour réellement porter un coup au moral de ses troupes.

Mais la chose la plus intéressante de toute, ce fut cette histoire en rapport à l’Égypte que la voix d'Arès mentionna. Bien sur que cela parlait au Légat, puisque cette mission avait une nouvelle fois été couronné de succès. Un succès plus important encore que les autres puisqu'il avait tout simplement permit de faire revenir la réincarnation de Poseidon au Sanctuaire sous marin. Ephtal avait raison de dire que le cosmos ressentit se rapprochait de celui des dieux. L'information qui lui avait manquée, cependant, c'est que les Saints avaient failli toucher au but. Et savoir que les Berserkers étaient parvenus à les retarder confirmait encore que ce pacte entre eux était plus utile que jamais.

Quoi que le doute persistait : qu'auraient-ils fait s'ils étaient arrivés avant ses propres Marinas ? Poseidon aurait-il eu des problèmes alors qu'il ne maitrisait pas tout à fait ses pouvoirs dans cette enveloppe charnelle ? Ce n'était qu'anecdotique mais Orpheus était un homme prévoyant. Et méfiant de nature, ce qui n'arrangeait rien. Malgré leur aide involontaire, Orpheus hésitait encore à dévoiler cette information. Il existait parfois des données qui méritaient d'être tût. Pour la sécurité de tous.

- Peut-être en effet que j'ai des informations à ce propos. Néanmoins, vous comprendrez que je ne puisse partager un secret qui ne m'appartient pas. Montrez-vous en digne, Prophète, et peut-être alors que je saurai revoir mon jugement. Après tout, je ne connais rien du Cardinal de la Mort... Affrontez moi ! Et selon ce que je verrais, je prendrais ma décision quant à ce que vous demandez. De plus, il est sans doute important pour nous de connaître un tant soit peu les compétences de l'autre. Surtout avec cette attaque au Sanctuaire que nous devons désormais planifier.

Ou comment noyer le poisson dans l'eau.

Exactement ce qu'il était désireux d'entendre ! Orpheus acquiesçait à l'idée d'envahir ensemble le Sanctuaire d'Athéna. Il ne leur resterait ainsi plus qu'à définir le jour et la manière de se coordonner. Ce serait un grand jour, à n'en pas douter. Et cela ravirait sans aucun doute Arès que les plans de son Prophète passent à la vitesse supérieure. De plus, il y aurait peut-être possibilité pour que son maître fasse appel à son allié une fois de plus... Si Hadès lui aussi s'en mêlait, ils n'auraient alors aucune chance de leur résister ! Ce serait le plan, l'offensive parfaite. Les submerger sous les flots d'ennemis dont certains ne pouvaient connaître la mort... plus encore que lui-même qui la représentait ! Il y avait là quelque chose à creuser, très certainement, mais pourtant l'heure ne s'avéra pas être entièrement dédiée à en deviser. Orpheus venait de refuser de lui livrer ce qu'il savait, ce qui au final lui en disait déjà beaucoup. Cette puissance ressentie, quelle qu'elle soit, était sans doute en les mains des Marinas pour l'heure. À partir de là, il ne fallait pas être d'une intuition surhumaine pour faire quelques extrapolations. Poséidon... Aurait-il refait surface et prit un corps de chair tout comme l'avait fait Arès ?

Tout cela, il ne pourrait en avoir la certitude qu'en accédant à la requête du Légat. Un combat, c'est ce qu'il demandait, ni plus ni moins. Qu'y avait-il à répondre à ça ? Rien... Pour l'instant les mots ne servaient plus à rien... Ephtal cligna lentement des yeux, mais lorsqu'il les rouvrit ils s'étaient éclairés, preuve qu'il révélait pleinement son cosmos. Il l'étendit d'ailleurs jusqu'à englober totalement la salle dans laquelle ils se trouvaient. Ainsi, de l'extérieur, personne ne pourrait percevoir les effusions cosmiques émanant de leur affrontement. Certes, il risquait d'y avoir "un peu" de bruit, mais au moins ils s'évitaient au minimum d'avoir des invités imprévus. Il serait dommage en effet de gâcher ce moment en voyant intervenir un de ses hommes de manière impromptue. Mais cet effet de sa cosmo-énergie ne laissait pas non plus les êtres vivants à l'abri, du moins pas celui qui se trouvait là avec lui... Ce cosmos apportait la mort aussi sûrement que celui à qui il appartenait... D'entrée il brutaliserait donc l'âme même du Légat en la lui arrachant !

Si c'est ce que vous souhaitez... Tâchons de ne pas détruire ce temple qui me plaît assez. J'essayerai pour ma part de ne pas vous rendre un cadavre à votre escorte...

Ephtal donna alors un grand coup à l'horizontale de sa faux dans le vide, créant une onde tranchante filant vers le borgne... Une entame plutôt modérée pour un combat qui allait sans doute s'annoncer d'un très haut niveau.

L'onde n'était pas un problème, comme le prouvait la parade du Légat. Ce dernier venait de sortir son arme, la flûte de son armure, et d'un simple revers du bras il avait renvoyé cette attaque sur le côté, se préservant de cette mise en bouche. Là où malheureusement il ne put rien faire, ce fut contre cette sensation de malaise qui le prit alors que la cosmos- énergie d'Ephtal prenait possession des lieux. On ne pouvait rien faire contre ce phénomène, Orpheus le perçut de suite. Mais on pouvait au moins en atténuer l'emprise. Portant sa flute à la bouche, il se mit alors à jouer... Si la Mort était capable de toucher son âme avec son énergie, il lui prouverait que lui-même était capable d'un tel exploit. Mais avec d'autres moyens.

Son requiem était sans doute son arme la plus aboutie. Et ce n'était certes pas par sa puissance qu'il se distinguait mais bien par sa façon de se fournir des ouverture dans un combat. A mesure qu'il enchaînait les notes, dirigeant celles-ci vers son vis-à-vis, la tension semblait monter d'un cran. Aujourd'hui, deux terribles adversaires s'affronteraient. Deux styles extrêmement différents mais certainement tout aussi efficaces l'un que l'autre. Première phase : le priver de son odorat. Si la gêne n'en serait que minime, elle restait une étape obligatoire pour celui qui allait au fur et à mesure brider les capacités de son adversaire.

Mais ce n'était évidemment pas tout. Car à ses côtés, son cosmos venait de matérialiser une sirène. Créature enchanteresse, tirée des légendes les plus folles, cette dernière se mit alors à chanter. Un chant étrange qui semblait comme vouloir contrer le cosmos du Prophète. Protéger l'âme d'Orpheus semblait sa seule priorité pendant que celui-ci poursuivait son offensive. S'il n'avait presque pas bougé de sa position, ce n'était pas pour autant qu'il était inoffensif.

- Vous constaterez que la destruction n'est pas mon fort. Rassurez-vous donc, votre temple ne craint rien. Thelxinoé ?

Son regard s'était tourné vers la sirène qui continuait son chant. Et presque sans un regard, celle-ci dévoila une autre facette de son pouvoir. "Celle qui enchante", telle était son nom. Et ses enchantements pouvaient prendre bien des formes. Car autour d'elle, son chant formait une sorte de sphère de cosmos... Une sphère qui fut immédiatement propulsé pour tenter de percuter celui qu'ils affrontaient. Une attaque frontale grossière, c'était une évidence. Mais qui ne serait qu'une première étape. Orpheus prenait son temps.

Comme Ephtal pouvait s'y attendre, Orpheus sortit sa flûte. Il avait déjà pu le voir en jouer lorsqu'il s'était rendu au Sanctuaire sous-marin, et s'était dès lors douté que cet instrument était pour lui une arme. La mélodie parvint en effet directement jusqu'à son centre nerveux, et l'instant d'après les odeurs ne signifiaient plus rien pour le Prophète. Sous son masque il sourit. Il connaissait ce genre de techniques. Son propre élève, Straw, avait développé une capacité du même genre, se situant quant à lui plutôt sur les coups portés sur les points d'énergie reliés à ces sens. Et comme il avait pu lui dire alors, cela ne l'handicapait pas, du moins pas dans ses capacités à poursuivre le combat. Malheureusement, il n'était pas dans son antichambre... Sur son propre terrain, il était capable de placer son adversaire dans un niveau de négation des sens sans même avoir besoin de l'en priver. Cette mélodie pourrait donc fournir au Légat un certain avantage, mais tout du moins Ephtal ne se laisserait pas démonter, ne craignant absolument pas ces notes... En tout cas, son nom de sirène maléfique allait parfaitement à cette technique ! Créature démoniaque tentant de perdre les marins par leurs chants afin de pouvoir les dévorer... Mais lui ne se laisserait pas croquer aussi facilement !

Aussi, lorsqu'Orpheus parla à la sirène qu'il avait fait apparaître, le Cardinal de la Mort prit les devants ! Une bonne partie du cosmos qu'il avait rejeté et qui était ambiant se resserra alors autour de son adversaire, grignotant, consumant en partie l'attaque du borgne. Cela arracha un léger éclat de rire d'Ephtal, comme bien souvent lorsqu'il avait recours à cette stratégie. Bien souvent, ses opposants ne remarquaient la diminution de leur offensive que trop tard. La bombe aqueuse envoyée vers lui fut tranchée d'un mouvement de sa faux. Cela n'allait pas l'empêcher d'être touché mais diminuerait la force de l'impact. Mais à ce moment, sa cosmo-énergie était déjà à l'oeuvre pour lancer la contre-attaque. Il n'avait besoin d'aucun geste pour lancer cette illusion... Le sol se mit à gronder, se craqueler. Des membres décharnés s'immiscèrent dans les interstices créées, juste le temps que le reste des corps ne s'en extirpent. L'armée des morts du Cardinal du même nom... Au détail près que ce serait le subconscient même d'Orpheus qui donnerait à ces corps une véritable identité. Les visages de ces morts-vivants ne seraient en effet pas inconnus de la Sirène maléfique. Que des gens de son passé. S'il avait eu de rares amis, ils seraient là, s'il avait connu sa famille, elle serait là également. Rivaux et êtres qu'il avait envoyé à trépas seraient de la partie également. Mais cette illusion ne jouerait pas que sur le mental de son adversaire. Ces corps pourraient en effet frapper tout de même le Légat, le blesser et le fatiguer. Le créneau idéal pour que le Prophète lève sa faux au dessus de sa tête, la tenant des deux mains, et ne l'abaisse violemment pour envoyer une nouvelle vague d'énergie tranchante, plus forte encore que la précédente.

La faux allait s'abattre sur le Légat. Le Prophète jouait crânement ses chances et sa précédente technique avait une fois encore fait mouche. Déstabilisant plus encore la Sirène Maléfique. Mais celle qu'il avait invoqué précédemment se rua entre la lame et Orpheus, encaissant la totalité de l'attaque et épargnant ainsi celui qui continuait de jouer cet air maléfique sans broncher. Le représentant de la Mort était fort. Mais celui qui était la voix de Poseidon n'avait pas encore dit son dernier mot. Étant donné la proximité des deux hommes, il devait en profiter. Même si sa première sirène avait été détruite par cette attaque, il n'était pas disposé à se retirer.

Délaissant momentanément le son qu'il produisait, il tenta de s'infiltrer au travers de la garde de son adversaire afin de lui porter un coup en plein plexus. Son poing n’était pas aussi fort que celui d'un autre guerrier, mais accompagné de cosmos, il était tout autant capable de briser une défense. Savoir si cela fonctionnerait, l'avenir le lui dirait. En tout cas, à peine avait-il frappé, que déjà il se retirait, reprenant cet air envoûtant qui était le sien. Seconde étape de son requiem : privation de son ouïe. Même si cela ne semblait pas réellement dérangé cet homme, nul doute qu'à terme il ressentirait les effets plus durement encore. Il pouvait paraître paradoxal de priver un homme de son ouïe alors qu'on était musicien. Mais l'art d'Orpheus ne connaissait aucune limite et le corps humain ne pouvait résister à pareille attaque.

Si même un titan, ancien dieu de cette terre, ne parvenait pas à contrer son chant, comment un simple mortel le pourrait ? Le Cardinal était une force de la nature, c'était évident. Et il semblait rompu aux arts du combat. Arès n'avait pas choisi comme Prophète n'importe lequel de ses hommes. Mais Poseidon avait également placé sa foi en son Légat et le borgne ne pouvait se permettre de ne pas faire honneur au dieu des mers. S'il perdait, ce n'était rien. Tant qu'il donnait tout ce qu'il avait.

La musique semblait maintenant accélérer. Une seconde sirène guerrière apparut dans le dos du Légat. Cette fois, le chant de la jeune femme n'aurait pas pour but de régénérer son maître. Pas complétement du moins. Car le chant qui s'élevait maintenant était comme un poison dans l'air. Un poison qui drainerait la force vitale de la Mort pour la redonner à celui qui jouait sans relâche. Un combat dantesque avait lieu en ces murs. Et si rien de spectaculaire ne se produisait, c'est bien parce que ces deux hommes étaient parvenus à pousser leur art à leur paroxysme.

Si sa technique avait affecté le Légat, il n'en montrait rien en tout cas. Les cadavres sur sa route ne le perturbait pas en apparence, mais il fallait s'y attendre avec quelqu'un de ce niveau. Ce n'était en effet pas avec un adversaire tel que lui qu'il fallait espérer le voir tomber à genoux en se tenant la tête entre les mains. Soit, son corps en ressentirait tout de même la fatigue même si son esprit tenait bon. Ce n'était pas comme s'il misait tout sur cette illusion, qui n'était qu'une part de son plan dans l'épuisement continuel de sa proie. Au fur et à mesure, il brisait les os, endolorissait les membres, faisait courber l'échine, tel le temps amenant tout être vers sa fin. Ainsi était le style de la Mort... Mais il devait également montrer à quel point il était implacable. Et Orpheus allait lui fournir une excellente occasion d'en faire la preuve. Car lorsque la sirène maléfique se rua vers lui poing en avant, Ephtal ne fit qu'écarter les bras, attendant le coup. Au moment même de l'impact, son corps s'étant entouré d'une aura rougeâtre, une partie du cosmos même d'Arès. La bénédiction de son maître qui lui permettait d'encaisser tel un roc, et même de récupérer un peu d'énergie au passage. Pas de contre-attaque à placer pour le moment, comme le Légat s'en retournait à sa position d'origine pour se remettre à jouer de son instrument. Les sons de cette flûte parurent même changer, mais il comprit rapidement que ce n'était pas exactement le cas. C'était juste qu'à présent, il ne le percevait plus que par son cerveau même... Ses oreilles ne lui étaient plus d'aucune utilité ! Ses sens allaient tous se dégrader ainsi jusqu'à ce que cet affrontement s'achève. À lui de s'arranger pour être toujours debout lorsque ce serait le cas !

Alors, il fit quelques pas lents vers le borgne lorsqu'une nouvelle sirène fit son apparition et dont le chant lui pesa sur les épaules comme si une immense main le compressait... Mais puisant dans sa puissance physique et sa vigueur, il ne se stoppa pas. Au contraire, pour l'empêcher de jouer et d'être trop atteint, il lui fallait plutôt se lancer avec vélocité sur lui pour le contrer. C'est ce qu'il fit alors, comblant les quelques mètres qui les séparaient en un battement de cils, sa faux tenue à deux mains et l'élan prit dans son dos, comme s'il s'apprêtait à faucher de vulgaires céréales.

Frozen... Scythe !

Sa voix rauque déclama ainsi cette attaque puissante dont il aimait l'usage au corps-à-corps. Car lorsqu'il frappa de son arme, il n'y eut pas que l'acier de sa lame à craindre. En effet, de même il projeta un arc de glace dont l'intensité n'avait pas grand chose à envier aux spécialistes de cet élément. Un tel froid que cela ne pourrait que limiter ses mouvements s'il n'était pas capable de l'éviter - et cela n'était encore jamais totalement arrivé... Pas de quoi l'empêcher définitivement de jouer, mais au moins bénéficier d'une légère accalmie...

Orpheus n'avait à ce jour jamais affronté un adversaire aussi fort, il aurait pu en jurer. Titan excepté mais on ne comparait pas la puissance d'un dieu à celui d'un simple mortel. La dextérité du Prophète était telle qu'il parvenait toujours à contrer une partie des techniques du Légat. Mais on ne devenait pas la voix du seigneur des Océans sans raison et il n'était certainement pas disposé à subir sans broncher. Alors même que la lame l'atteignait, Orpheus cessa momentanément de jouer pour stopper le mouvement à l'aide de sa flute d'Orichalque. Il pouvait paraître étonnant de stopper une arme comme celle du Prophète avec un simple instrument de musique mais il ne fallait surtout pas oublier que cet instrument faisait partie de l'armure du Légat. Il était donc aussi résistant que cette dernière.

Cependant, si cette parade fut efficace, il ne put strictement rien faire contre l'arc de glace qui le percutait de plein fouet. Alors même qu'il reculait sous l'impact, posant genou à terre, Orpheus sentit ses forces l'abandonner, comme si cet assaut n'avait pas touché que le physique mais surtout ses capacités à lutter efficacement. La seconde d'après, il se relevait. Mais une partie de ses forces l'avait abandonné, c'était une évidence.

Si les deux premières privations avaient été inutiles, alors il poursuivrait. Inlassablement. La persévérance était la qualité première du Légat. C'est ainsi que de nouveau, il posa le bec de sa flute à ses lèvres pour reprendre son requiem. Désormais, ce serait la vue qui lui serait ôté. Mais pas seulement. Car si cet homme était capable de toucher l'âme de son adversaire avec cette faux, Orpheus n'était pas en reste avec son propre art. Angel Symphony... La sirène précédemment invoquée poursuivait son travail de sape. Mais sa mélodie changea légèrement. Non seulement absorberait son énergie vitale mais elle allait aussi restreindre sa capacité à donner des coups.

A mesure que le combat se poursuivait, Orpheus se rendait compte que l'alliance du Prophète et du Légat serait réellement profitable à tous. Car les deux guerriers étaient redoutables et leur façon de combattre plutôt complémentaire. Il avait tout de même hâte de savoir qui sortirait vainqueur de ce conflit. Le maître de la Guerre, rompu aux arts du combat sous toutes ses formes ou l'art plus particulier du borgne, habitué à manipuler l'adversaire pour qu'il reste sous l'emprise de ses sirènes.

Plus qu'un match amical dans lequel ils montraient à l'autre de quoi ils étaient capables, il s'agissait réellement d'un véritable combat. Aucun de ces deux hommes ne voulait perdre la face contre son allié, bien évidemment. Ils n'étaient pas le genre d'êtres à accepter facilement la défaite, à ne pas tout donner... Comme il aimait à le penser : bien sûr qu'il était mauvais perdant ! Les bons perdants étaient ceux qui avaient l'habitude que ça leur arrive... Pas question donc de capituler même si les chants des sirènes d'Orpheus l'affectaient de plus en plus. Redoutables qu'elles étaient... Car à cet instant, ses yeux ne lui furent plus d'aucune utilité. Il n'était pas visible cependant qu'ils se soient "vidés", toujours luminescents qu'ils étaient. Toutefois, il voyait toujours. Plus à la manière des hommes simples, certes. Mais au cosmos de la sirène maléfique, il le discernait toujours clairement, lui et ses offensives. C'était moins précis en effet, et même s'il se faisait orgueil à dire que les sens humains ne servaient à rien et que seule sa détection du cosmos était utile, le fait de s'en faire priver l'handicapait néanmoins. Pas autant qu'un autre bien sûr, car le Cardinal de la Mort savait toujours dans quelle direction frapper. Pas assez vite du moins. En effet, l'offensive d'Orpheus n'était pas terminée et n'allait pas lui permettre d'enchaîner rapidement. Ah, le chant de ces satanées sirènes... Ses mouvements n'étaient plus si vifs, comme s'il s'agissait d'une réelle entrave alors qu'il ne s'agissait que de l'effet de sonorités en son esprit. À ce rythme, ça risquait de se corser...

Ephtal tendit alors sa main gauche devant lui en direction du Légat. Le cosmos que ces deux hommes avaient éparpillé dans la pièce fut en partie aspiré vers sa paume. Une partie servirait à le soigner. Le reste par contre serait expédié vers son opposant, prenant la forme de multiples faucilles. Largement amoindrie par l'entrave du flûtiste, cette technique n'était cette fois pas d'une redoutable létalité mais lui offrirait au moins un peu de temps afin de réfléchir à la bonne manière de poursuivre ce combat, mais surtout de contrer au mieux le borgne et de l'achever au plus vite...

Le Légat souriait alors qu'il voyait le Prophète rassembler ces particules spirituelles autour de lui. Il ne fallait pas êtyre sorcier pour comprendre où il voulait en venir. Et dans ce cas très précis, il lui réservait une surprise de taille. Bien sûr, il ne fit rien contre l'attaque de son adversaire. Si ces faucilles semblaient puissantes, il préférait se concentrer sur les actions à venir. Les impacts multiples firent grimacer le borgne qui, malgré sa résistance, commençait à sérieusement souffrir des attaques de son opposant. Mais tant qu'il tiendrait debout, il entraverait les mouvements de cet homme. La Mort n'était pas insensible, à en croire ce qu'il venait de subir. Car même s'il venait d'être blessé, la différence avec les assauts précédents était notable.

Les notes se succédaient à nouveau. Désormais, ce serait le goût qui serait enlevé à son adversaire. Ainsi, il espérait bien voir Ephtal abandonner l'idée de se nourrir de ces particules. Bien que fatigué physiquement par ce combat, Orpheus ne lâchait pas le morceau. Le chant réparateur de sa sirène continuait de jouer le rôle qui était le sien. Et après l'entrave spirituelle, voici venir l'entrave physique. A mesure que le chant de la sirène s'élevait dans les airs, le cosmos du Légat formait des chaînes spirituelles qui sortaient du sol autour du Cardinal. Le but avoué tant de restreindre ses capacités offensives, au même titre que l'attaque précédente.

Les paroles dans ce combat étaient inutiles. Déjà parce que le Prophète n'entendait plus rien excepté la mélodie de la flûte et de la sirène, mais aussi parce que les deux hommes étaient entièrement tourné vers le combat. Et Ephtal marquait de précieux points : parvenir à gêner le Légat comme il le faisait, alors même que la plupart de ses sens étaient déjà bloqués, ça soulevait le respect. Et Poseidon seul savait à quel point il était difficile pour son Légat de respecter une autre personne que lui.

Inlassablement ils poursuivaient, et de toute évidence le combat n'était pas encore près de toucher à sa fin. À tour de rôle ils montraient avec détermination et vigueur qu'ils n'étaient pas disposés à se laisser battre et les coups s'enchaînaient sans que pourtant ils aient à en venir régulièrement aux mains. C'était bien plus subtil que ça... Là où beaucoup d'autres combattants ne connaissaient que la force brute comme le ferait un simple humain, eux avaient appris à doser leurs offensives pour qu'elles pénalisent et blessent leur adversaire sans pour autant qu'il n'y ait lieu à une grande débauche de mouvements et d'efforts physiques. Pas besoin de se vanter de faire exploser des galaxies entières pour se montrer efficace dans un combat de la sorte. Et ils se le prouvaient mutuellement de bien belle manière. Tous deux avaient un style si différent, mais pourtant visant les mêmes buts... Affaiblir au mieux son adversaire pour pouvoir finalement l'achever ! Il resterait à voir lequel des deux aurait ce petit truc en plus qui ferait en fin de compte la différence.

Et pendant qu'il réfléchissait à la meilleure manière de contrer cette mélodie - alors qu'il ignorait si la finalité ne cacherait pas une surprise autre que de se voir privé de son toucher - le chant suivant fit sortir tout autour de lui des chaînes d'énergie cosmique. Une nouvelle fois il s'agissait d'une arcane stratégique et vicieuse... Mais le Prophète n'allait pas se laisser avoir aussi facilement ! Son bras gauche se leva comme pour se protéger, ce qui pourrait faire sourire. Comment un bras seul pourrait faire grand chose pour lui ? C'est là qu'il se para d'un énorme bouclier de flammes aux formes scabreuses, dont l'énergie irait annihiler les chaînes l'attaquant sur le flanc gauche. Son bras droit qui tenait sa faux était pris et immobilisé, certes, mais il n'en avait pas un besoin impérieux pour l'instant... Au pire, pour plus tard, il savait comment il pourrait contourner son problème. Le bouclier disparut, et sa main se tendit comme précédemment vers le Légat. Mais cette fois-ci il n'y eut pas de faucilles... Rien de visible en fait ! Le lien qui aspirait l'âme d'Orpheus s'amenuisait, et il était préférable de le renforcer tout de suite ! Le Soul Possession se remettait à l'oeuvre...

Quelle ne fut pas sa surprise de constater que le Prophète possédait pareille défense. Quelle ne fut pas sa déception de voir que celui-ci tenait encore debout alors qu'il s'évertuait à lui aspirer les forces qu'il possédait encore. Mais surtout, quel plaisir de voir qu'il sortait une défense de ce niveau face lui. Preuve qu'il fallait bien un affrontement face à l'un des plus puissants berserkers. Un Cardinal était à l'image des Généraux des mers, de puissants soldats voués à suivre les ordres de leur dieu. Mais Ephtal était encore plus redoutable que ne l'aurait imaginé Orpheus.

Car de nouveau, il sentit son âme aspiré par l'appel de ce guerrier. Et une fois encore, il ne put rien faire pour contenir ce don. Néanmoins, il ne cherchait pas non plus à brider ce pouvoir. Car Orpheus en était arrivé au point de non retour. Celui qui lui permettrait de libérer l'énergie vitale de sa scale afin de porter un coup redoutable à son adversaire. Alors qu'il subissait les affres de cette technique, la conscience d'Orpheus le projeta des années en arrière, lors de son entraînement avec son mentor. L'ancienne Général de la Sirène Maléfique, Cassandre.

* * * * * *

Jamais l'échange n'avait été si rude avec elle. Et rarement il avait décelé dans le regard de Cassandre une telle rage. Elle venait de repousser ses assauts comme s'il n'avait été qu'un enfant. Balayé d'un revers de la main, elle l'avait tout simplement projeté au sol, manquant de lui arracher un bras lors de sa dernière technique. Si Orpheus comprenait la nécessité de se mettre en condition réelle, il ne parvenait pas à comprendre pourquoi son mentor s'évertuait à essayer de le tuer. N'avait-il pas prouvé sa valeur en portant cette scale, celle que portait par le passé son mentor désormais à la retraite ?

La seule chose qui lui restait à faire, c'était de pousser le jeune garçon dans ses derniers retranchements afin, elle l'espérait, qu'il devienne un Général à la hauteur. Alors que l'opportunité lui avait été donné de se retirer pour bons et loyaux services, elle avait opté pour un choix simple : reprendre un entraînement intensif avec celui qui portait désormais cette scale. Et inutile de dire que le son de cette flute n'avait que peu d'emprise sur celle qui l'avait manipulé tant d'années. Trouver une solution, voilà la seule chose qui comptait. Et si son arme fétiche ne fonctionnait pas, alors il lui restait à trouver autre chose. Et vite, s'il ne voulait pas mourir.

Car déjà une nouvelle vague d'énergie lui arrivait dessus, l'obligeant à esquiver l'attaque pour ne pas se faire écraser au mur. Des brèches, il en avait à foison. Mais comment être sûr de l'atteindre alors qu'elle était si véloce. Et lui si faible dans ses coups. A force de ne compter que sur son art, il avait évidemment négligé d'autres phases d'un combat. Et c'était ça, la douloureuse leçon du jour. Mais tandis qu'un nouveau coup arrivait sur lui, il comprit ce qu'il devait faire. Levant le bras devant lui, il libérait déjà tout le potentiel de son armure. Et ce afin de lancer une seule attaque, redoutable, à la hauteur enfin de ce que l'on attendait de lui...

* * * * * *

- Night Siren !

Et là, alimentée par la propre énergie vitale du Légat, une puissante vague de cosmos partit en direction du Prophète. Envolé la prudence, place désormais à la puissance destructrice à l'état pure. Emportant sur son passage rochers et autres débris, la vague n'avait que pour but de broyer celui qui se dresserait devant lui. Quoi qu'il arrive, il était sûr de surprendre en partie son adversaire. Quoi qu'il arrive, il le blesserait, pouvant peut-être lui offrir une opportunité de s'offrir la victoire avec un coup final à la hauteur de ce combat d'ores et déjà épique. Le Prophète d'Arès contre le Légat de Poseidon. Guerre contre Océan. Un spectacle digne d'être narré !

Citation :

Physique cumulée à la cosmique

Spoiler:

Le Cardinal de la Mort était parvenu à se saisir à nouveau de l'âme du Légat. Mais malgré lui, après avoir porté son coup, il dût relâcher sa prise... Non pas que ça change grand chose car à présent que le lien était rétabli, Orpheus en subirait les affres. Le plus inquiétant était qu'il n'avait pas eu le choix. De même, sa faux lui avait échappé également pour se fracasser au sol, sans même qu'il puisse s'en rendre compte. En effet, elle ne produisit aucun son pour lui dont l'ouïe avait déjà été prélevée. C'était le tour du toucher, comme prévu... Bras ballants, tête baissée, les jambes qui fléchissaient jusqu'à ce que ses genoux se touchent presque. Le colosse était sérieusement mis à mal. Et comment opérer toute riposte dans cet état, là était la question. Il pouvait toujours percevoir la cosmo-énergie d'Orpheus, fébrile mais toujours belle et bien présente. Lui non plus n'était pas dans son assiette apparemment, d'après ce qu'il pouvait en ressentir. Mais Ephtal n'était pas du genre à penser énormément aux autres... Ce qui l'inquiétait à présent était lui-même. Heureusement, la Sirène Maléfique n'en profita pas pour lui porter un nouveau coup qu'il n'aurait pu que subir en cet instant. La solution pourtant, il pensait bien l'avoir trouvée. Il suffisait juste qu'il trouve la force d'en user encore... Toute sa concentration partait donc vers le voeu d'exécuter cette arcane, cette carte dans sa manche qui pourrait ici lui sauver la mise. Et mieux valait de se dépêcher maintenant que le cosmos du borgne avec une vivacité nouvelle se ruait vers lui.

Là ! L'urgence du moment lui donna un coup de fouet. Son cosmos lui aussi se réveilla subitement. Exactement le créneau dont il avait besoin ! Son corps s'entoura d'une aura glaciale de cosmo-énergie. La lumière en ses yeux lorsqu'il les rouvrit avait retrouvé de sa vigueur également, même s'il n'y voyait toujours rien. Se redressant comme il reprenait le contrôle de ses muscles, il tendit ses deux bras devant lui, mains collées l'une derrière l'autre, son énergie s'y massant particulièrement. Il s'agissait d'une attaque formidable qu'il avait à subir, mais son pouvoir allait parvenir à l'aider ! Cette puissance fut contenue ainsi, non sans être toutefois parvenue à lui infliger quelques blessures supplémentaires. Ses bras et son torse étaient fumants, alors que ses gants déchiquetés laissaient voir ses paumes saignantes à souhait. La tête toujours inclinée vers l'avant, entourée de sa longue chevelure d'ébène, il releva ses yeux d'azur vers son adversaire, comme pour le fixer même s'il n'en avait plus le pouvoir. Et il allait lui parler aussi... Non pas par ses cordes vocales qui n'étaient plus en usage de le faire, mais tout simplement d'esprit à esprit...

Légat... Est-ce ainsi que vous pensiez en finir de moi ? Vous êtes un redoutable combattant. Le fier représentant de Poséidon, à n'en pas douter. Malheureusement pour vous, il est évident que la Mort ne saurait ployer le genou... Finissons-en ! Je vais vous prouver à quel point je suis digne, comme vous me l'avez mandé !
Votre âme... est à moi !

Sa paume droite s'ouvrit vers le sol et sa faux y fut attirée, y reprenant la place qui était sienne. Cette arme n'était ni plus ni moins que sa Cuirasse, aussi en avait-il bien entendu un plein contrôle. Sa main gauche, elle, sembla tourner dans le vide, comme pour saisir très fermement une corde sur laquelle il s’apprêtait à tirer. "Comme si" ? Non... C'était très clairement ce qu'il était en train de faire ! Saisir le lien d'âme du Légat, ni plus ni moins. Et tirer d'un coup sec ! Cela n'attirerait pas Orpheus à lui comme s'il s'agissait d'un simple câble. Mais causerait immanquablement d'atroces douleurs. Comme si cela ne suffisait pas, il leva son arme d'une main... et l'abattit lourdement sur le fil de vie pour le trancher. Cela ne le tuerait pas - enfin, normalement - et les blessures de l'âme se réparaient aussi bien que celles du corps même si cela prenait plus de temps. Mais au niveau de la souffrance, c'était un seuil tout autre...

Plus un mot... Plus un son. Alors qu'il était celui qui contrôlait les sens des autres, il pouvait paraître étonnant de voir le Légat presque amorphe. La scène se passa presque au ralenti. Laissant le temps à Orpheus de saisir le mouvement de son adversaire. Le Prophète parvint une nouvelle fois à faire l'usage de son don. Point faible du Légat, il ne cessait de le surprendre grâce à cette technique. Mais cette fois, ce fut plus grave encore que les attaques précédentes. Car Ephtal parvint à littéralement attraper son âme.

Alors même qu'il sentait ses forces le quitter suite à cet assaut, Orpheus comprit que la douleur qu'il aurait à subir serait sans commune mesure avec ce qu'il avait déjà encaissé dans ce combat. Pour ne pas dire de sa vie. Car son âme se débattait sans espoir de recouvrer son véritable habitat. La douleur arriva enfin. Et quelle atrocité en vérité... Paralysé par la fulgurance de cette sensation, il ne put strictement rien faire alors qu'il savait la fin du combat approcher. Seule l'ombre de la faux traversa son champ de vision. Mais rien de plus. Car la douleur était si insupportable que le Légat n'eut d'autre choix que de fermer son oeil unique.

L'instant d'après, il s'effondrait au sol. La faux venait de sectionner le lien qui unissait le corps à l'esprit. Il sentit cependant son âme réintégrer son corps mais c'était trop tard : le mal était déjà fait. Il lui paraissait impossible en l'état de se relever tant il souffrait de ses blessures. Il savait bien sûr que la dernière attaque avait frappé son esprit et non son corps mais cela n'enlevait en rien la puissance de cet assaut et les effets étaient bien réels eux. Ils avaient communiqués d'esprit à esprit. Mais aujourd'hui, le plus fort des deux avait gagné. Aucun doute là dessus.

Peu à peu, regagnant les forces qui l'avaient quittés un instant, le Légat se relevait. Prenant son temps - on ne guérissait pas si facilement de ce genre d'attaque - il souhaitait rendre hommage au conquérant qu'il avait affronté. Et donc répondre aux questions qui étaient les siennes, comme le pacte entre eux l'avait mentionné. Le sort était rompu et les sens du Prophète était revenu, il le savait.

- Digne, vous l'êtes sans le moindre doute. Arès n'a pas à rougir de la performance de son Prophète, et je suis d'autant plus fier d'avoir éprouvé vos talents.

Une toux coupa le Légat dans ses propos. Plus lourdement touché qu'il ne l'aurait cru initialement, il subissait encore les effets de la Soul Possession, il le savait.

- Vous avez gagné le droit d'obtenir la réponse à votre question. Il s'agit bel et bien de Poseidon, de sa réincarnation mortelle. Mes Généraux l'ont retrouvés et rapatriés sur notre territoire et depuis, il reprend des forces. Mais sa réapparition ne peut que nous être profitable. Et nos alliés pourront compter sur son armée avec plus de vigueur encore qu'auparavant.

Terminé. Cet enchaînement avait été le dernier, comme il l'avait espéré. C'était son coup final, sa manière d'achever un adversaire sans l'abattre... Si ce n'avait été le Légat, un allié qu'il préférait garder, sa faux n'aurait pas tranché que son âme mais également sa tête. Il aurait ainsi rejoint sa collection en son antichambre, qui ne demandait qu'à s'étoffer plus encore. Un cadavre pourrissant et un pauvre doigt bien malheureux d'avoir perdu ses confrères... c'était toujours très maigre malgré tout ! Enfin, là n'était pas la question... Orpheus le félicita pour sa victoire, et trouva même la force de se relever, déjà. Rares seraient ceux capables d'en faire autant, et Ephtal estimait déjà que c'était une prouesse de n'être pas tombé dans l'inconscience. Il s'en retournait pour sa part vers son trône, utilisant sa faux comme s'il s'agissait d'une canne. Ce geste, il le réalisait bien souvent, mais il était plus nécessaire à présent qu'à l'habituel. S'il avait vaincu, cela n'avait pas été sans effort, que du contraire. Un rude adversaire comme on pouvait s'y attendre... S'asseyant lors de la quinte de toux du borgne, il remarqua que ses sens lui revenaient peu à peu, comme il avait faiblement discerné le trône, et comme à présent il pouvait voir le Légat bien que flou. De même, il n'avait qu'à peine perçu la voix qui lui avait parlé - assez pour comprendre le contenu cependant - mais la phrase suivante se fit bien plus claire.

Comme il n'avait pu que le supposer, Poséidon était donc bel et bien revenu en ce monde en une réincarnation humaine. C'était donc à sa connaissance le second après Arès. Si une autre puissance de la sorte était apparue, il l'aurait ressenti, tout comme le Cardinal de la Mort s'était aperçu de la disparition d'Apollon. Ce n'avait pas été une sensation trop franche, plutôt comme si... un bruit de fond désagréable auquel on s'est habitué à force d'avoir toujours vécu avec lui s'était brusquement abrégé. Et inversement pour les cas d'Arès et de Poséidon, bien entendu... Orpheus n'avait pas menti. Il avait posé une condition et une fois celle-ci remplie, il avait avoué ce qu'Ephtal voulait entendre. À son tour, il se devait bien de livrer une révélation similaire...

Poséidon est bel et bien de retour, donc. Je garderai bien entendu toute discrétion sur ce point... Je vous demanderai donc d'en faire de même avec ce que je vais vous avouer : Arès avant lui a fait de même. Les Dieux prennent des enveloppes humaines, les Titans refont surface... Cela arrive à grands pas, le sentez-vous ? Ce ne peut être de simples hasards. La Guerre Sainte... Il pourrait être probable qu'Athéna en ait fait de même en toute discrétion, je n'en ai en tout cas rien ressenti. Mais à titre personnel je n'y crois pas. Pourtant ça ne saurait sans doute longtemps tarder, compte-tenu des circonstances... Comment imaginer qu'elle laisserait ce monde sur lequel elle à la garde sans même tenter d'y intervenir ?
Il serait donc largement préférable d'agir avant que cela n'arrive... Les miens sont prêts et n'attendent que ça...

Orpheus avait déjà donné son accord sur ce plan. C'était donc radoter que de remettre ceci à nouveau sur le tapis, mais il souhaitait que cela soit très clair : il voulait frapper au plus vite à présent que la résistance de cette alliance venait d'être renforcée...

Citation :

Merci coupaing, tu t'es bien battu, chouette combat !
Repos 2

Arès aussi...

La douleur passait doucement mais Orpheus savait qu'il lui faudrait encore un peu de temps. Mais plus que cette souffrance, c'était surtout la nouvelle qu'il venait d'apprendre qui lui coupait le souffle. Le dieu de la Guerre était un brillant stratège, contrairement à ce qu'il pouvait laisser croire. Loin de l'idée d'un gros bourrin prêt à se jeter sur le monde pour obtenir sa part du gâteau, il prouvait ici qu'il pouvait jouer subtilement. La citadelle sous terre. Sa résurrection passée inaperçue. Son alliance avec ces titans. Un adversaire plus dangereux qu'il n'y paraissait et Poseidon devait en être informé. A moins qu'il ne le sache déjà et qu'il n'en ait pas soufflé un mot.

En tout cas, cette mission s'avérait encore plus importante qu'elle ne l'était initialement. Et de nouveau, le Prophète mettait en avant le projet d'attaquer les Saints. Avant qu'ils ne possèdent eux aussi le secours de leur déesse. Orpheus avait déjà eu l'aval de Poseidon à ce sujet. Il ne restait plus qu'à concrétiser cela. Agir vite était primordial pour garder cet effet de surprise. Les berserkers comme les Marinas semblaient suffisamment puissants pour percer les murailles du Sanctuaire. Aucun Gold Saint ne saurait ralentir la progression qui s'annonçait. Aussi sûr qu'il se tenait devant Ephtal en ce jour, il savait que le Grand Pope tomberait.

- Je doute aussi de la présence d'Athéna à leur côté. Poseidon m'a donné son accord pour une attaque contre sa nièce. Son ordre est très clair : nous devons raser ce sanctuaire pour faire place nette. Et à partir de là, lorsque ils seront tous tombés, les océans se déchaineront sur le reste du monde. Sachez une chose, Prophète... Sous peu, vous risquez d'entendre parler de terribles tsunamis. Certains points stratégiques militairement pour mon maître vont être engloutis. Îles, villes côtières et j'en passe. La colère du Dieu des Océans ne connait pas de limites et nous submergerons très bientôt cette terre souillée. Aucune place pour les faibles, mortels comme divins.

Le message était très clair et fournir cette information était aussi une preuve de confiance. Orpheus n'était pas naïf et ne croyait pas en une vraie collaboration. Pas dans le sens où le commun des mortels l'entendait évidemment. Ce monde ne saurait être partagé. Poseidon n'en éprouvait ni l'envie, ni le besoin. Mais les défenseurs de ces pauvres et pathétiques humains étaient nombreux et puissants. Affaiblir son armée pour lutter contre ses pairs était une aberration pour Poseidon. Pas seul en tout cas. Arès était une aubaine qu'il s'empressait d'utiliser. Et nul doute qu'Arès faisait de même de son côté. Un pacte militaire en sommes qui ne pourrait déboucher, à terme, que sur une guerre totale. Sans concession. Quels qu'aient pu être les accords passés. Arès, Hadès, Poseidon, Athéna, Apollon, Odin et dieu seul qui d'autres. Au final, un seul pourrait prétendre à la gérance de la terre.

- Lorsque je retournerais sur mon territoire, je préparerais mon armée pour marcher sur le Sanctuaire. Attendre encore serait une perte de temps que je ne saurais accepter. Puisque nous sommes d'accord sur notre cible, je ne peux que vous inviter à mobiliser également vos troupes. Marchons comme des frères, Prophète Ephtal. Et anéantissons ces faibles qui ne voient pas que la terre a besoin d'être purifiée.

Orpheus s'était rapproché du seigneur des lieux. Assis sur son trône, il écoutait, presque paisiblement. Mais comment lire sur un visage ainsi caché ? Tout comme le Prophète ne pouvait discerner ce qui se tramait derrière l’œil unique du Légat tant ce dernier savait lui aussi masquer ses sentiments.

Citation :

Premier repos

Les propos d'Orpheus le firent sourire sans que cela ne puisse se voir pourtant. Était-ce parce qu'il prenait du plaisir à l'idée de cette attaque qu'ils étaient en train de planifier ? Parce qu'il ressentait de la satisfaction à l'idée qu'ils se trouvaient sur la même longueur d'onde ? Simplement le fait de se dire que ses armées à lui étaient fin prêtes pour le passage à l'acte ? Ou bien était-ce une toute autre raison, bien plus fourbe ou tout simplement n'ayant aucun rapport avec la discussion dans laquelle ils étaient ? Cela resterait un mystère, et puisque rien n'en était montré de toute manière cela n'avait aucune espèce d'importance sur le moment. L'entente était faite et c'était bien là le principal. Orpheus avait été rassuré sur le fait que l'attaque des Titans contre son Sanctuaire n'était pas le fait du Prophète - ce dernier devrait d'ailleurs s'en enquérir auprès d'Arès - et n'avait donc plus de raison de lui en vouloir, même si rien ne disait qu'effectivement il avait abandonné toute méfiance. Lui ne l'aurait pas fait en tout cas... Outre cela, il avait réussi à combler l'échec de ses hommes en apprenant à leur place de quelle nature était l'apparition divine qu'ils avaient raté en Égypte. Face à ces points positifs, il devait aussi en noter un négatif : ce combat. Car même s'il avait vaincu, il avait dû se dévoiler par trop à son goût. Certes, il n'avait pas fait le tour de toutes ses capacités, mais il en avait déjà trop montré au Légat, ce qui pourrait lui nuire si un jour leur relation devait se faire plus tendue...

Pas la peine de trop y penser pour le moment de toute manière. Puisqu'ils avaient dit tout ce qu'ils avaient à se dire, mieux valait en finir de cette entrevue...

Mes hommes sont prêts, Légat. Ils n'attendent même que ça... Tout leur être, toutes leurs pensées sont dirigées vers la guerre, comme il se doit pour quiconque sert le Maître qui est le mien ! Il me semble qu'il n'y a rien de plus à en dire. Et si vous n'avez donc rien à ajouter... Il est temps de nous quitter. Préparez vos troupes, et lorsque vous aurez accompli vos préparatifs, nous n'attendrons plus qu'un signe de votre part pour passer à l'action. Rentrez et prenez le temps de récupérer, Légat. Vous aurez besoin d'être à votre maximum lorsque le jour sera venu...

Une légère provocation à peine dissimulée. Mais le plus important était qu'il le congédiait, ni plus ni moins. Car lui aussi avait grand besoin de repos désormais...