Baldur est content ! Baldur est un chevalier maintenant !

Le gros balourd dansait presque à mesure qu’il descendait vers le village. Sautillant d’un pas sur l’autre, il se dirigea vers l’une des tavernes qu’il appréciait bien. En réalité, l’une des seuls qui trouvait grâce à ses yeux. Le colosse n’était pas un fan des environnements entre quatre murs et de la ville en général. Qu’un endroit remplis de gens où la fumée, la sueur et le bruit était en trop grand nombre puisse l’attirer était particulièrement surprenant. Il avait délaissé Crysta, sa sœur d’adoption pour la soirée. « Il est des affaires qui ne regardes que les hommes » avait-il entendu un jour. Sans en comprendre le sens il aimait bien la ressortir de temps à autres. La dernière fois en mangeant un citron.

Tout à son bonheur, il neigeait, le monde était recouvert de ce beau manteau blanc. Effet qui avait lieu très rarement…à peu près tout les jours dans le coin. Baldur pourtant, avait l’impression qu’on lui faisait un cadeau personnel à chaque fois. Pourquoi en serait-il autrement quant on est le fameux chevalier de Nu, la chèvre des mythes ?

Le grand rouquin se dirigeait donc vers l’auberge, le froid ne l’empêchant pas de porter son habituelle tenue pourpre avec le col en v laissant apercevoir son pelage du même ton. C’est dans ces conditions que, miracle ! Le coup de foudre intervient. Ses yeux se posèrent sur un frère de cœur, de choix et de couleur. Un rouge qui faisait tâche sur le blanc mais qui réchauffait le cœur du géant. Finissant de débarquer en courant cette fois-ci, manquant de tomber à chaque pas, le lourd guerrier divin arriva grand sourire devant le jeune homme. Son bras s’arma pour frapper lourdement le dos de l’inconnu. Une bonne grosse tape amicale dans l’esprit de Baldur. Probablement beaucoup moins dans celui aux cheveux marrons.

-Baldur est content ! Baldur est tout en rouge aussi ! Mais Baldur te connais pas ? Comment tu t’appel ? T’as pas froid comme ça ? Baldur as pas froid. Baldur aaaaaaaaaaaaaaaaime la neige !

Et voila le géant qui reste tout sourie, son haleine se dessinant dans l’air froid des contrées du nord alors qu’il attendait une réponse.

Patapouf ! Baldur s’assit sur le banc de tout son poids à faire craquer le bois. Tel un gros sac, bien lourd, bien gros, bien… rouge. Quelques flocons de neiges commençaient déjà à fondre dans sa barbe comme dans ses cheveux à la chaleur ambiante. La table non-loin du feu mais également pas trop loin de la cuisine était l’emplacement parfait. Assez pour avoir chaud en attendant les plats et assez pour que les plats soit encore chaud lorsqu’ils arrivaient. À la question,… AUX questions que posa Sokaris, le grand benêt éclata tout simplement de rire.

-BWAHAHAHAHA ! Baldur est un grand chevalier ! Baldur est le guerrier divin de Nu !

Les bras levé vers le ciel, le colosse se réjouissait de faire partie du petit club des serviteurs d’Odin. La chèvre divine dont les tétines recelait de l’hydromel. Pour y faire honneur à elle comme au nouveau jouet de près de deux mètre de l’autre côté de la table, Baldur commanda trois nouvelles pintes, deux pour lui, une en réserve pour son invité du jour. Il but quasiment d’une traite la première avant de s’essuyer les lèvres d’une main et d’éclater dans un nouveau rire. Toute sa manche se penchait au dessus de la petite table, le rapprochant de Sokaris.

-Nu, c’est une chèvre. Une petite chevrette, super biquette, super chouette !

L’énorme clin d’œil qui suivi incluait l’étranger dans le très fermé cercle des connaisseurs du Grand Secret. Les nombreux hochements de Baldur comme pour l’en convaincre plus efficacement. La serveuse vint par la suite meurs amener un petit cochon grillé, félicitant nommant Baldur par son prénom et le félicitant pour sa fabuleuse chevelure rubis. Le fard que piqua le grand garçon rendit presque indifférenciable sa peau de ses cheveux ou sa barbe. Ses yeux se fermèrent d’extase avant qu’il ne reprenne enfin la parole. Son visage c’était illuminé d’un coup, comme s’il ne venait de se rappeler de son invité et ses paroles que maintenant.


Ce qui était le cas.


-Baldur l’ai très chanceux. Baldur l’ais très fort aussi. C’est le froid qui rend Baldur très fort car Baldur l’a jamais froid !

Le bras géant s’étira pour attraper la main de son acolyte. Tout sourire, une poigne capable de briser un poignet dans un éclat de colère enserra celui de Sokaris.

-Toi n’es le copain de Baldur maintenant ! Faut rester ici, la neige est joooooolie.

La montagne, ça vous gagne. En tout cas, le colosse en était fier, amoureux presque et si quelqu’un aimait la neige, il fallait qu’il y reste. Repartir était tout simplement hors de question !

-Oui, Baldur il est du coin. Mais Baldur a beaucoup voyagé. Baldur il aime la nature et marché dans les bois. Baldur fait des feux la nuit et est copain avec les oiseaux.

Et s’il en fallait un peu plus pour statuer sur son cas, le grand rouquin se mit à roucouler comme il chantait à ses amis moineaux dans les sombres forêts du nord.

-Balllllllllldur, baldur, b-b-b-baldur ! Baaaaaaaaaaaaaaldur, BalduUUUuuuUUUUuuur !

Tout autour d’eux, les gens riait. Non pas d’un rire moqueur mais plus comme celui d’un parent rigolant de son enfant balançant des insultes pour la première fois. Bizarre image qu’un petit protégé de presque deux mètres et taillé dans une forme d’armoire. Une fois qu’il eut finis de faire son show, bien encouragé par les rires alentours, le guerrier divin repris la parole, encore une fois.

-Tu n’es pas du coin toi mais tu peux le devenir si tu veux. Tu fais « quoi de beau dans la vie » ?

Les derniers mots étaient sortis bizarrement, comme s’il s’essayait à une langue étrangère en reprenant une formule de Sokaris à laquelle il n’étais pas habitué. Quoi qu’il en soit, il avait gardé son immense sourire lui allant d’une oreille à l’autre, ses yeux brillant maintenant plus de l’alcool que de la simple joie de vivre…