Il fait nuit, et dans une vaste clairière sont allongés trois hommes, côte à côte. Les flammes vacillantes du feu de bois qu’ils ont dressé un peu plus tôt les éclairent, donnant parfois à leurs ombres s’étendant inégalement sur le sol herbeux l’aspect de créatures rampantes et menaçantes… Mais rien ne semble pouvoir venir troubler la sérénité de cet instant. Narcisse est au milieu, Dormin et Oréstis de chaque côté, blottis contre le Gold Saint… tous semblent figés dans l’admiration du ciel étoilé, imperturbables…

Soudain, je capte une odeur étrange, intense, dont je n’arrive pas à identifier la source. Qu’est-ce donc ? D’où vient-elle ? J’ai l’impression que son intensité croît à vue d’œil, et bientôt, je suis prisonnier d’un nuage de fumée opaque qui masque mes deux compagnons – et, fort étrangement, je n’arrive même plus à les toucher. Que se passe-t-il ? Je n’y comprends plus rien, je…

Je franchis la frontière ténue entre l’inconscience et la conscience, et émergeai de mon sommeil dans un grognement. Chose étrange, l’odeur non identifiable qui avait gâché la fin de mon rêve était toujours présente. Ténue, presque indécelable, mais je la sentais bel et bien. D’où pouvait venir cette étrange odeur exotique ? Bien décidé à trouver son origine bien qu’à peine sorti de mon sommeil, qui voulait déjà reprendre ses droits sur mon corps, je me tirai de ma paillasse, frissonnant au contact de mes pieds nus sur le sol de pierre froide. Aussi discrètement que possible, je me glissai hors de la chambre pour atteindre le hall de la maison du Capricorne. Ici, l’odeur était plus nettement perceptible. Et je n’eus pas trop de mal à remonter la piste pour découvrir son origine. Dans un coin de la pièce, des rideaux masquaient quelque chose. Et de la fumée s’en échappait.

A pas précipités, je m’approchai de l’endroit suscité et tirai avec un brin de violence les tentures… pour tomber sur un Dormin étendu au sol, inanimé, face à ce qui semblait être de l’encens en train de brûler. Dans sa main, une lettre. Que signifiait cette mascarade ? Un brin agacé, je me penchai prestement sur le corps du jeune homme roux et retirai délicatement le morceau de parchemin d’entre ses doigts, et le parcourus rapidement…

Cher Dormin,
Voilà ce qui devrait te permettre de faire face à tes démons. Lorsque tu jugeras que le moment est venu, brûle cet encens et tu leur seras confronté. Mais assure toi, à ce moment-là, de ne pas être seul…

Andonis.

Mes pensées allaient à cent à l’heure alors que je cherchais à comprendre le sens du tableau auquel je faisais face. Andonis… n’était-il pas ce chevalier de la Vierge qui était tombé face aux titans ? Et pourquoi mettait-il en garde Dormin contre cet encens ? Pourquoi Andromède l’avait-il utilisé seul, malgré les recommandations de celui qui avait écrit la lettre ?

Brutalement, mais trop tard, je me rendis compte que l’odeur pernicieuse avait fait son travail et sensiblement émoussé mes sens. Je vacillai quelques instants, et, sans avoir le temps de trouver une quelconque réponse à mes interrogations, tombai, inconscient, sur le corps de Dormin.

Mais si mon corps était immobile, mon esprit, lui, semblait bien éveillé… comme dans une autre dimension, il me semblait à présent tomber dans un insondable abîme de ténèbres.

Ma chute semble interminable, et chaque seconde me paraît longue de plusieurs heures. Happé par les ténèbres, j’ai perdu toute notion du temps et de l’espace, et il me semble que les ombres voraces qui m’entourent se repaissent de tous mes sentiments joyeux, de tous mes espoirs. Bientôt, je ne suis plus qu’une pauvre créature apathique perdue dans une mer d’obscurité. Puis la porte apparaît.

Devais-je tenter de m’en approcher pour fuir les ténèbres ? Cesser de lutter contre mon destin et continuer ma chute dans ce puits sans fond de ténèbres ? La seconde proposition me parut tentante, mais je réalisai bien vite que le choix ne m’était pas laissé. Si je n’allais pas vers la porte, la porte, elle, se rapprochait de moi, inexorablement. Soudain, elle s’ouvrit, libérant une vive lueur qui m’aveugla totalement : la transition avec le monde de ténèbres dans lequel j’étais plongé l’instant précédent était plutôt rude. Et, alors que mes yeux étaient fermés, je traversai la porte – ou plutôt, je fus happé par la porte.

Nouvelle sensation de perte d’équilibre, puis j’atterris – finalement – sur une surface solide. Ouvrant prudemment les yeux pour ne pas me retrouver aveuglé à nouveau, je peux bientôt découvrir le monde étrange dans lequel je viens d’apparaître. Je suis à Athènes, c’est incontestable. Mais tout est si silencieux, si sombre, si… morne ! Une atmosphère étrange plane sur la ville, que je surplombe, ayant atterri au sommet d’un étrange monument. De quoi s’agit-il ? Me penchant avec prudence, je découvre, interloqué, qu’il semble s’agir d’une épée aux dimensions titanesques, qui vient renforcer l’absurdité de ce monde dans lequel j’ai atterri.

Et puis, au pied de mon perchoir, les événements se précipitent. Un enfant chute, et se fait piétiner par la foule dense et silencieuse qui poursuit son chemin, impassible. Avant que je n’ai pu esquisser le moindre geste, un individu tout de blanc vêtu, et dégageant une puissante aura de pureté apparaît, tentant de se frayer un chemin jusqu’au pauvre marmot, mais il abandonne rapidement. Et, soudain, en moi naît un besoin irrépressible de descendre et rejoindre cet individu à la tenue immaculée. Au fond de moi, quelque chose est persuadé qu’il détient les clés de cet univers si étrange.

Incapable d’attendre plus longtemps, je me laisse glisser le long de la lame de mon étrange perchoir, pour atterrir lestement un peu plus bas. De là, je tente de m’avancer dans la direction de la silhouette encapuchonnée de blanc, mais je me rends bien vite compte que la tâche est plus ardue qu’elle le paraît. La foule, dense, poursuit son implacable avancée dans les rues d’Athènes, tel un flot que rien ne peut stopper. Et malgré moi, je lui fais face. SI je veux atteindre l’individu à la tenue immaculée, je dois remonter le courant. Lentement, centimètre, il me semble que j’y arrive. Et puis soudain, la foule s’écarte autour de moi, me libérant un large couloir. Avec cela, je vais retrouver la silhouette encapuchonnée très rapidement. Le temps de le localiser, et…

Alors que je parcourais l’assemblée dans l’espoir de trouver ma cible, quelque chose d’inattendu se produit. Mon épaule me parut soudain enserrée dans un terrible étau, et c’est dans un gémissement de douleur que je me retournai, pour me trouver face à une étrange créature semblant faite d’ombre. Quel était ce nouveau maléfice ? Instinctivement, je me saisis de ma précieuse lyre et entrepris de jouer un air qui brûlerait la créature sans plus de cérémonie. Mais si les notes claires sonnaient agréablement à mes oreilles, il apparut bientôt qu’elles n’avaient pas l’effet escompté. La créature continuait de me fixer, arborant sur sa bouche d’ombres ce qui ressemblait à un sourire goguenard, et ma technique semblait sans effet. Un léger vent de panique s’empara de moi alors que la créature s’approchait de moi, étendant son aura d’ombre et m’y capturant progressivement sans que je n’y puisse rien.

Car en ce monde, je n’avais aucun pouvoir. Ce cauchemar n’était pas le mien, et pourtant il était bel et bien en train de me dévorer.

Peu à peu, l’être de ténèbres m’aspire et m’engloutit dans son aura d’ombre, et à mesure que l’emprise de l’obscurité se referme sur moi, je peux sentir ma combattivité et ma volonté s’éteindre lentement. L’espoir semble s’échapper de mon corps par chacun des pores de ma peau. Tout est perdu ; d’un instant à l’autre, cet être de cauchemar m’avalera et ç’en sera terminé de moi. Définitivement.

Puis, soudain, l’espoir renaît en mon cœur, brutalement, alors que je le croyais définitivement disparu. Une créature de lumière est venue à mon secours, m’engageant vivement à me défaire de l’étreinte ténébreuse de l’ombre. Et avec son aide, je finis par y parvenir… pour découvrir que l’être qui m’a aidé est en réalité une silhouette toute de blanc vêtue, en tout point similaire à l’individu que je poursuivais avant que l’ombre ne m’attrape.

Sans plus de cérémonie, l’être à la tenue immaculée m’entraîne à sa suite dans une course effrénée à travers les rues de ce sombre Athènes, et nous bousculons sans vergogne nombre de ces citoyens athéniens semblant si déterminés à atteindre un quelconque objectif qu’ils se sont fixés. Que nous fassions preuve d’une telle violence à leur égard me répugne quelque peu, mais je choisis de faire confiance à mon sauveur. De toute évidence, il sait ce qu’il fait.

Bientôt, nous pénétrons dans un taudis vide d’occupants, et je peux enfin tenter de distinguer – à la frêle lueur de la lune qui pénètre faiblement dans la maison – qui est mon sauveur. Comme pour m’y aider, il vient de retirer sa capuche, me permettant de distinguer une longue chevelure tombant en cascade sur ses épaules. Mais la faible lumière de l’endroit n’est pas suffisante pour me permettre de noter avec précision les traits de mon vis-à-vis. En revanche, à présent, son odeur parvient jusqu’à mes narines, et il ne me faut que peu de temps pour retrouver qui elle me rappelle. Dormin…

Il est donc fort possible que ce soit le Saint à la chevelure flamboyante qui se trouve face à moi – après tout, il tout comme moi respiré la fumée de l’encens de la Vierge : il n’est donc pas impossible que, d’une façon ou d’une autre, cela nous ait réunis tous deux dans une quelconque dimension parallèle, ou quelque chose de ce goût.

Néanmoins, lorsque celui que je pense être Dormin prend la parole, je m’aperçois immédiatement que quelque chose ne va pas. Et pour cause : à la voix de mon vis-à-vis, je devine immédiatement qu’il ne s’agit non pas d’un homme, mais d’une femme. Et si ses derniers propos m’assurent que l’individu me connaît, je suis à présent troublé. Dormin est-il… une femme ? Les souvenirs de notre première rencontre, sur une plage, me reviennent soudain en mémoire, et notamment l’obstination qu’il avait mise à garder son étole strictement enroulée autour de sa poitrine. Et si il avait cherché à dissimuler plus de choses que je ne l’avais soupçonné ?

Il me fallait obtenir des solutions. Mais l’heure était aux réprimandes, avant tout…

- Dormin ? Qu’est-ce que cela signifie ? Pourquoi n’as-tu pas suivi les recommandations d’Andonis ?

Mon regard, sévère un instant, se fit plus doux alors que j’enchaînais :

- Peux-tu au moins me dire dans quel étrange endroit nous sommes ? Et pourquoi… pourquoi es-tu une femme, en ces lieux, Dormin ?

Je déplorais l’absence de tout tact dans ma dernière question. Connaissant Dormin, il allait probablement à nouveau piquer un fard en ne sachant pas quoi répondre. Mais je ne savais définitivement pas comment tourner cette question pour qu’elle ne soit pas offensante.

Mais où était donc passé le Dormin habituel, toujours si calme, gentil et généreux ? En laissant même de côté les considérations sur le sexe, il semblait que la personne que se trouve face à moi, bien qu’elle partage de nombreux caractères avec le rouquin qui m’était cher, soit réellement son opposé. Il – ou plutôt, elle – n’avait pas hésité à me répondre du tac au tac, avec presque un soupçon de violence – sûrement issu de la frustration qui était sienne de n’avoir pas pu apprendre à lire – et j’en avais eu le souffle coupé. Et la plupart des mots qu’elle prononça ensuite eurent le même effet sur moi. Etait-ce réellement Dormin qui parlait ? Si c’était réellement le cas, il était en train de me dévoiler ce qui le rongeait depuis quelques temps. Et cela m’inquiétait plutôt.

Je modulai ma voix de façon à la rendre la plus douce possible, afin d’éviter d’énerver à nouveau cette forme féminine et sauvage de Dormin qui se trouvait face à moi, je m’excusai tout d’abord.

- Naturellement… excuse-moi, Dormin. J’aurais dû m’en douter.

Je marquai une courte pause, et soupirai. Je ne pouvais taire mon avis à propos de ce qu’avait dit Dormin, mais cela ne lui serait probablement pas très agréable à entendre.

- Du reste… je crois que tu te trompes. En partie, du moins. Vois-tu, j’ai bien conscience que tout n’est pas comme on pourrait espérer qu’il soit, au Sanctuaire. Je ne le sais que trop bien, d’ailleurs : tu sais tout comme moi quelle douloureuse expérience j’ai pu faire…

L’évocation du souvenir de la trahison des Gémeaux m’arracha une grimace. J’avais réussi à surmonter presque intégralement le choc que cet événement avait provoqué chez moi, mais y repenser me mettait tout de même mal à l’aise.

- Effectivement, il y a au Sanctuaire – et à tous les niveaux, aussi bien chez les Golds que chez les Bronzes, malheureusement – des individus dont les valeurs semblent être très éloignées de celles de notre déesse. Certains d’entre eux corrompent la réputation même d’Athéna, rien n’est moins sûr.

Je marquai une courte pause, reprenant ma respiration, avant de reprendre :

- Mais vois-tu, c’est la Sagesse que nous servons. Et à ce titre, Pallas peut pardonner à ses serviteurs, pour peu qu’ils reconnaissent leurs fautes et qu’ils se repentissent. Mais elle n’agira par elle-même que si cela s’avère absolument nécessaire…

Arpentant la bicoque miteuse et sombre dans laquelle nous nous trouvions, je laissai courir mon regard sur les murs jusqu’à atteindre une fenêtre, que je contemplai quelques instants. Et ce que j’y vis me mis mal à l’aise. C’était peut-être un mirage, mais il me semblait que la bâtisse se faisait lentement encercler par les ombres, qui se resserraient toujours plus autour de cette unique fenêtre. Réprimant un frisson, je continuai :

- Et dans la plupart des cas, ce sera à nous d’agir. Après tout, nous sommes ses représentants sur cette Terre, tâche de ne pas l’oublier !
Si l’un de nous mérite un châtiment, alors qu’il le subisse. Mais que celui qui le lui inflige soit prêt à lui pardonner ses erreurs et à lui donner une seconde chance s’il reconnaît ses erreurs. Et qu’il soit assuré de n’agir qu’au nom de la Justice.

Je détournai soudain le regard de la fenêtre, incapable de supporter plus longtemps l’étrange et troublant spectacle qui se passait sous mes yeux, pour regarder Dormin à nouveau.

- Chacun d’entre nous peut agir comme cela, quel que soit son grade, Dormin. Si tu considères que l’un d’entre nous s’élève contre les valeurs de Pallas, alors défie-le en invoquant le nom de notre déesse !

A dire vrai, c’était bien ce que je comptais faire avec ce Kallas des Gémeaux, lorsque le moment serait venu. Lorsque je serais assuré de n’agir qu’au nom de la Justice, et non pas au titre d’une sombre vengeance personnelle.

- Ainsi, je pense que tu te fourvoies. Il n’y a pas que deux uniques solutions à nos problèmes : prie Athéna, agis en son nom, et tu auras tôt fait de découvrir que la solution ne se trouve ni dans la guerre, ni dans l’indifférence.

Je me tus soudain, rattrapé par l’angoisse qui montait en moi depuis que j’avais regardé par la fenêtre. Et pour cause : toute lueur avait cessé de pénétrer dans la maison en ruine. Nous avions littéralement été happés par les ombres –encore une fois. Que nous réservait à présent ce monde de cauchemars ?

Si la caresse de Dormin m’avait arraché un frisson, n’ayant pu prédire ce contact faute de lumière, mes idées, elles, ne furent en rien altérées par les propos du roux. Je peinais à le reconnaître, mais pourtant, il me semblait que parfois, ses propos manquaient de sens. Comme s’il se contredisait lui-même… Quelques instants auparavant seulement, il m’exposait ouvertement son point de vue : pour lui, une guerre qui changerait radicalement notre monde serait préférable à cette vie de faux-semblants et d’apathie vers laquelle l’humanité semblait se diriger. Et voilà qu’à présent, il assimilait mon désir de faire subir à Kallas le jugement d’Athéna comme une erreur uniquement motivée par la vengeance. Ce que je m’efforçais justement d’éviter.

En fait, son point de vue semblait biaisé, tout comme le mien quelques temps auparavant. Ce raisonnement classique l’amenait à conclure que si le Gold Saint des Gémeaux n’avait pas été puni par quelque acte divin inexplicable, c’était qu’Athéna considérait son comportement comme droit et juste. Ce qui n’était assurément pas le cas. Mais Dormin négligeait un fait important.

- Mais nous sommes la voix d’Athéna, Dormin. Nous sommes ses représentants sur Terre ! Et si une erreur a été faite, alors c’est peut-être à nous de la corriger.

Je m’interrompis quelques secondes puis repris, un air perplexe sur le visage – bien que Dormin ne puisse le discerner, puisque nous baignions toujours dans cette oppressante obscurité :

- Je ne te comprends plus, Dormin. Tu déplorais notre passivité, et voilà qu’à présent tu la prônes ? J’ai du mal à suivre ta pensée…

Etait-ce une troisième présence que je sentais dans la pièce, ou bien mes sens aiguisés et déployés me jouaient-ils des tours ? Quoiqu’il en soit, je repris.

- Mais sois assuré que si je souhaite la chute de Kallas, ce n’est assurément pas par désir de vengeance. Je n’accepte simplement pas qu’un homme aussi indigne que lui utilise les valeurs si chères à notre déesse comme prétexte pour justifier ses exactions. Et si Athéna le veut, la chute de ce traître des Gémeaux marquera le début de l’ère de changements que tu sembles attendre avec tant d’impatience…

Puis ce fut le silence. Il n’y avait plus de doute possible, il y avait une présence, autre que Dormin et moi, dans la pièce. Si j’étais privé de ma vue, mon ouïe, mon odorat et mon sixième sens étaient exacerbés, et me permettaient d’être si certain. Conscient que le danger était probablement imminent, et peu désireux de prendre à nouveau le risque de me faire aspirer par un sombre personnage de ténèbres, je laissai brusquement exploser mon cosmos, libérant une aura lilas tout autour de moi, qui illumina suffisamment les environs.

Pourquoi avais-je réussi à utiliser mon cosmos cette fois-ci, alors que lorsque la créature m’avait happé, j’étais resté totalement impuissant ? Je ne le savais pas. Peut-être était-ce parce que je comprenais un peu plus cet étrange monde de cauchemar duquel nous étions prisonniers ? En tous les cas, le spectacle qui se jouait devant moi ne présageait rien de bon. Car il y avait bien deux Dormin avec moi dans la pièce. L’un était la silhouette féminine vêtue de sa toge blanche qui m’avait secouru précédemment. L’autre était une nouvelle créature d’ombres, mais dont l’apparence rappelait à s’y méprendre celle du Dormin masculin que je connaissais.

Mes yeux firent plusieurs l’aller-retour entre les deux « individus » se trouvant dans la pièce. Quoi que cela annonce, ce n’était rien de bon. Et je n’avais probablement pas de rôle à y jouer. Après tout, Dormin n’était-il pas censé venir seul à bout de ses démons ?